La bataille.


Carte de la bataille de Raab. Collection R. Ouvrard

Carte de la bataille (la flèche indique la direction du nord !)

Ordre de bataille français - Ordre de bataille autrichien

Le 14 juin, le vice-roi résolut de célébrer, par une victoire, les anniversaires de marengo et de Friedland. Cette pensée du jeune général en chef semblait être celle de toute l'armée; l'ardeur des troupes était extrême; aussi le prince, pour profiter de cet enthousiasme, se décida à marcher sur les Autrichiens, sans attendre le corps de macdonald. Toutefois, dans la nuit, des officiers furent expédiés à Macdonald pour lui dire de marcher sur Raab (...) Après avoir examiné la position de l'ennemi de Czanack, où il s'était rendu le 14, à quatre heures du matin, le prince Eugène régla la marche des colonnes, et assigna à chaque général sa position dans l'ordre de bataille. (Mémoires du prince Eugène)

Au centre, ce sont les divisions Seras et Durutte qui, en deux colonnes venant de Csanák, se dirigent sur Táplánypuzta, en passant par Kisbarát. Le 23e léger (Valentin) sur la gauche, est en avant. Une troisième colonne suit sur la grand'route, sous les ordres de Baraguey d'Hilliers, en réserve. A gauche, Lauriston et Sahuc, soutenus par les chasseurs badois, à droite, la cavalerie de Montbrun, Colbert, Grouchy, avec une batterie attelée. Dans le même instant, 114 canons sont mis en batterie. Les voltigeurs sont en avant des colonnes et repoussent les avant-postes. Deux escadrons de la cavalerie légère de Sahuc engagent également le combat.

Mais les marécages empêchent la progression de la cavalerie et rendent ainsi la défense de l'Insurrection plus aisée. Un escadron de la cavalerie Szala est repoussé, depuis le Pándza jusqu'aux murs de la métairie et se retrouve sous le feu venant de celle-ci. Il est contraint de retourner sur sa position.

Vue prise de la métairie de Kismegyer., vers le sud-est Au centre, derrière les arbres, on distingue les hauteurs de Czarna.Photo : Ouvrard

Hertelendy :

Peu après 9 h, les français attaquèrent par leur aile gauche par un feu de carabines sur notre avant-garde, nous répondîmes avec nos fusils, puis le général Becsan donna l'ordre à une partie de la cavalerie Szala d'attaquer les français, ceux-ci reculèrent jusqu'aux vignes. Là, ils tirèrent sur la cavalerie avec des grenades, la cavalerie Szala fit aussitôt demi-tour et se retira entre les blessés et les tués (16)

Dès lors, la mitraille fait rage des deux cotés.

Kismegyer, vue du coté des français (en direction de l'ouest). Photo : OuvrardVers 1 heure, les français s'avancent lentement, accompagnés du tir intensif de 12 pièces. Une courte avancée du major J. Fashing, avec quatre canons, depuis Kismegyer, est sans effet. De toutes leurs forces les colonnes d'infanterie se ruent à l'attaque du centre. Les défenseurs, rangés en deux lignes, ont bien du mal à résister. La métairie et l'église de Kismegyer sont violemment attaquées, ainsi que les hauteurs de Szabadhegy.

Soutenu par un fort feu d'artillerie, le régiment frontalier Bonal (colonel Boxich – il sera mortellement blessé) réussi, par deux fois, à repousser l'attaque. Le régiment Alvinczy ainsi que les bataillons de l'Insurrection n° 8 (Szala), 9 (Weszprém) et 6 (Eisenburg), en tout 5.000 hommes, résistent à chaque attaque et réussissent à répondre à chaque attaque par une contre-attaque.

L'aile gauche doit combattre, de son coté, à la force de la cavalerie française, qui s'est mise en marche vers 11 h. Ici, l'Insurrection est essentiellement composée de troupes mal entraînées, mis à part 200 hussards Tott et 150 hussards archiduc Joseph. Le 9e régiment de hussards (Colbert) repousse, vers 11 h 30, l'avant-garde hongroise (hussards Novgrad, Weszprém et Ott) au-delà du Pándza. 40 hommes du 9e hussards traverse le pont, vers 12 h, suivis peu après de 7e chasseurs à cheval. Mais, du fait du feu intensif provenant de la métairie, cette première attaque reste sans effet. Les pertes françaises sont très importantes. 36 officiers et 649 soldats sont tués ou blessés.

A onze heures et demie, Montbrun eut l'ordre de se porter en avant, de repousser les avant-postes ennemis, de se déployer en face de leurs lignes et de couvrir les mouvements qu'allait faire derrière lui l'armée du vice-roi. Le roi se porta de sa personne avec la division Montbrun, pour mieux reconnaître l'ordre de bataille de l'archiduc. (Mémoires du prince Eugène)

Sur l'ordre d'Eugène, la cavalerie légère de Montbrun passe également à l'attaque, vers 1 h. Le général Jacquinot est en tête, avec le 1e chasseurs à cheval. En même temps, le général Guérin attaque avec le 30e dragons. Une colonne, venant des hauteurs de Nyúl, se dirige vers Töltestava. Une deuxième, sous les ordres de Colbert, un peu au nord de la première, arrive de Nagybarát, suivant celle-ci. Cette attaque est couverte par l'artillerie.

Il n'y a maintenant plus de doute quant au but des français : couper la route de Komorn, par un mouvement par l'est, de manière à empêcher toute retraite sur le Danube, puis battre les autrichiens au centre.

Mecséry :

Suite aux dispositions prises le 14 juin 1809, la cavalerie fut, le jour de la bataille, répartie en deux lignes, sur l'aile gauche de l'armée, à Szabadhegy. L'ennemi déboucha, avec sa cavalerie, de Csanák et Menfó et se rangea de telle manière, vers 2 heures de l'après-midi le 14 juin, vers Nagy et Kys Banatai, que l'on put aisément deviner son intention, qui était de tourner notre aile gauche (11)

A Kismegyer, devant la métairie, l'infanterie française doit faire face à la défense désespérée des 900 hommes du 2e bataillon de frontaliers Graz et des régiments d'infanterie Strassoldo et Saint-Julien.

Hertelendy :

Une troupe de frontaliers abattis de nombreux soldats des carrés de l'infanterie française. Les officiers français criaient : Serrez ! Serrez ! Les officiers regroupaient la troupe avec des coups de plat de leurs sabres (16)

Ayant essuyé de lourdes pertes, l'infanterie française se replie au-delà du Pandzsa.

L'aile gauche était entièrement composée de cavalerie et en grand nombre en position; la droite, au contraire en retrait, appuyée à la Raab, depuis la rive gauche, soutenue par de l'artillerie. C'est dans cette position que l'ennemi attaqua vers 1h de l'après-midi le centre ; des colonnes d'infanterie se ruèrent à l'attaque et furent repoussées. (10)

Après que la cavalerie de Montbrun se soit avancée vers Tóltéstava, afin de tourner l'aile gauche, Mecséry essaye, par de brèves attaques (au cours desquelles le lieutenant-colonel Geramb, avec les hussards archiduc Joseph, se fait remarquer) de perturber les attaquants, évitant toutefois un véritable combat, ce que l'archiduc Jean critiquera plus tard, écrivant, le 16, à l'archiduc Charles :

C'est alors qu'il aurait été bon de les attaquer et de les rejeter, mais on ne put faire avancer l'Insurrection, le feu de l'ennemi, qui se montait à deux canons, lui fit faire demi tour et elle recula une troisième fois devant une faible cavalerie, certaines compagnies disparaissant complètement. Si l'ennemi avait eu plus de courage, il aurait pu pourchasser ces troupes aussi loin qu'il aurait voulu. C'est ainsi que mon aile gauche a été totalement découverte (10)

Le général Grenier confirmera plus tard qu'il fit attaquer trente fois, pour enfin forcer la cavalerie au recul. Les espaces grandissant entre Kismegyer et la cavalerie de Mecsery sont remplis par les cavaliers Weszprém. Par mesure de sûreté, des compagnies des régiments Eisenburg et Pest, ainsi qu'une batterie de six canons, sont détachés.

Le Pándza, en direction de Szabadhegy (vers le nord). Photo : Ouvrard Le Pandza, en direction de Szentiván (vers le sud). Photo : Ouvrard.

Vers 13 h 30, Colbert essaye une nouvelle attaque. Les ponts sur le Pándza sont défendus par le régiment de cavalerie Nógrád (major Janos Gubcsy). On ne peut passer qu'à un seul homme sur cet étroit pont de planches, de sorte que la première attaque est victorieusement repoussée.

L'infanterie commença alors son attaque; le général Seras aborda vigoureusement les troupes légères encore en avant de la ferme de Kismegyer, et les obligea à se jeter précipitamment sur la gauche de leur ligne, que Montbrun menaçait (...) Avant d'arriver à la ferme de Kismegyer, le général seras se trouve arrêté par un feu très vif partant des fossés et de tout le terrain coupé et accidenté en avant de cette ferme. (Mémoires du prince Eugène)

Sur la droite du centre, les bataillons de la 1e division d'infanterie (Seras) passent à l'attaque. A 13 h 30, le 106e de ligne (général Roussel) s'avance, soutenu par les 42e, 35e et 53e de ligne (général Moreau). Une masse de près de 8.000 hommes, avec 18 canons, se met en marche sur la métairie de Kismegyer et l'église. La cavalerie Weszprém, soutenue par 12 canons de l'Insurrection, postée à la métairie, ainsi qu'une batterie (4 pièces de 3), en position 250 pas devant la métairie, constituent la défense. Derrière la métairie, l'infanterie de Colloredo attend l'ordre d'intervenir. Durant la sévère canonnade venant des deux cotés, les roues de deux canons sont atteintes. Le capitaine de cavalerie Ihasz réussi, avec les cavaliers Weszprém, à mettre les canons en sécurité.

Pendant ce temps, le général de brigade Valentin attaquait, avec le 23e léger (division Durutte), le village de Kismegyer, et le général Durutte se portait avec trois  bataillons (2 du 60e et 1 du 62e) entre ce village et celui de Szabadhegy, sur lequel marchait la division Severoli). En débuchant  sur ce dernier village, le général Baraguey d'Hilliers fit former ses troupes en colonnes d'attaque et marcha droit à l'ennemi. Les Autrichiens, embusqués en arrière des retranchements naturels qui couvrent Szabadhegy, et soutenus par leur artillerie, arrêtent alors par leur feu la marche de la 1e brigade de la division Severoli. (Mémoires du prince Eugène)

A 14 heures, les français franchissent le Pándza. C'est pour recevoir, aussitôt, le feu de l'infanterie qui se trouve dans la métairie. Pendant que l'on tire sur celle-ci, la division Durutte (2 bataillons du 60e et un bataillon du 62e de ligne) parvient également à franchir le ruisseau, et assaille le cimetière et l'église de Kismegyer. Au même moment, le 23e de ligne (général Valentin) attaque l'espace situé entre le village lui-même et Szabadhegy.

Plus de 8.000 hommes sont engagés. La 2e ligne est formée de la division Severoli, ainsi que de 2 bataillons du 62e de ligne. Derrière, les régiments de ligne italiens 1, 2 et 7, ainsi que le régiment d'infanterie dalmate (8.265 hommes). Ils poussent en direction de Szabadhegy, mais restent à l'abri derrière un fossé au niveau du ruisseau.

A 14 h 30 se déroulent des combats désespérés entre les français et les troupes de Colloredo et Jellachich, qui parviennent, vers 15 heures, à stopper l'avance des attaquants. Sur le Pándza, les français se rassemblent pour une nouvelle attaque. Entre-temps, l'infanterie du général Valentin est arrivée jusqu'au cimetière. Le rapport des français :

L'après-midi, vers 2 h, la canonnade commença. A 3 h, les lignes 1, 2 et 3 en sont venues aux mains avec les attaquants. La mitraille devint plus vive. Nous mîmes en fuite la première ligne de l'ennemi, la 2e stoppa l'élan de notre première ligne quelques minutes (3).

Cette interruption ne dure qu'un court instant. Le rapport continue :

L'attaque reprit avec une forte canonnade (3)

Les bâtiments de la métairie de Kismegyer aujourd'hui. Photo : Ouvrard.24 (d'autres sources donnent 27) canons tirent sur la métairie et la brigade Roussel tente d'entrer dans la cour. En même temps, elle essaye de s'enfoncer dans l'espace entre la métairie et la division Meczery. Ici aussi, la cavalerie Weszprém et les hussards archiduc Joseph s'y opposent.

A 3 h 45 l'après-midi, les troupes des deux brigades de Seras pénètrent dans la métairie. Ils en sont de nouveau rejetés, après de sanglants combats, vers 4 heures. Un fort feu d'artillerie empêche cependant de briser la ligne française. Certes, le lieutenant Ignaz Reinisch, avec quelques escadrons, réussit une courte avancée. Mais lorsque le capitaine de cavalerie Barkoczy est blessé au pied (il a le pied enlevé) et reste mort sur le terrain, et que le sous-lieutenant Gergely est blessé, le régiment recule. Il laisse 13 morts et 16 blessés, 43 disparus.

A ce moment, la brigade Valentin s'empare du cimetière et repousse le régiment d'infanterie Strassoldo. Une action commune des cavaliers Szala (colonel János Ghillanyi) permet pour l'instant d'éviter la percée des français.


En dehors de ces évènements, le régiment de cavalerie Oressburg (Rittmeister Olgyay) qui, le 14 juin, se trouvait à Ikreny (environ 8 km à l'ouest de Raab), en avant-poste, s'était retrouvé coupé du reste de l'armée austro-hongroise. Il était encerclé par des troupes françaises. Le 15 juin, dans la nuit, Olgyay se dirige, par Raab, sur Rabapatona. Il réussi, sans être aperçu, à arriver jusqu'à Takacsi. Là, il se heurte à une troupe de 400 français. Olgyay passe aussitôt à l'attaque, à la surprise des français et parvient à les repousser, après un bref combat. Les français ont 60 soldats blessés et 30 prisonniers. Ils perdent 40 chevaux, 7 voitures remplies d'armes et de bagages. Olgyay réussit ensuite à rejoindre, sans être aperçu, l'armée de l'Insurrection, par les bois de Pápa.


A 4 h de l'après-midi, les combats deviennent, sous la protection d'un violent tir d'artillerie, de plus en plus violents, en particulier au point clé du centre, à savoir la métairie à Kismegyer. Les défenseurs ont pu, jusque là, repousser toutes les attaques. Une contre-attaque, menée par 2.500 hommes de l'infanterie d'Alvinczy, 740 de celle de Jellachich et les dragons Hohenlohe (colonel Beczan) est couronnée de succès. La division Durutte recule, entraînant une partie de la division Severoli avec elle. Les troupes hongroises parviennent à les repousser du village de Szabadhegy, et au-delà du Pándza.

Seule la 2e ligne de Severoli (11e de ligne et 1e de ligne italien) parvient à arrêter cette poussée et, avec de nouvelles troupes de la division Pacthod, les troupes de Colloredo, qui n'ont reçu aucun appui, sont de nouveau repoussées. Les pertes sont importantes.

Les brigades de cavalerie Pajol et Jacquinot, et 14 escadrons de la garde royale italienne (sous les ordres de Grouchy) attaquent alors en deux colonnes parallèles la métairie, avec, entre les deux, les dragons de Guérin. Sous le feu des défenseurs, une voiture de munitions française explose. La métairie prend feu en plusieurs endroits. Lorsque tous les bâtiments sont en flammes, Hummel rassemble ses troupes dans le grenier, pour au moins défendre encore celui-ci. Le porte-drapeau l'enlève de sa hampe, et se le passe autour du corps, pour le mettre à l'abri. Au cours du combat à la baïonnette qui suit, il est fait prisonnier, et le drapeau est perdu. Les munitions deviennent rares et l'on doit prendre celles des tués et des blessés. La voiture de munitions réclamée n'atteint pas la métairie et est capturée, car la métairie est entourée de tous les cotés par les français.

Vers 16 h, l'infanterie Saint-Julien doit également, avec son commandant, le capitaine Szokolics, abandonner ses défenses derrière le mur de brique et reculer jusqu'à la bergerie. Immédiatement, 3 bataillons du 106e de ligne pénètrent dans la ferme. Les 4e, 5e et 6e compagnies de la Landwehr de Graz (Berthold, Moson, Schmutz), et une partie de l'infanterie de Saint-Julien et Strassoldo mènent une contre-attaque et repoussent une nouvelle fois les français hors de la métairie.

Pendant que ces terribles affrontements se déroulent dans la métairie, la division Durutte (qui a combattu jusque là à l'église) essaye de l'attaquer par le nord. La 2e brigade (Testet – IIe corps du général Baraguey d'Hilliers) attaque également par le nord.

L'infanterie Saint-Julien, qui pourtant combat déjà dans et autour de la métairie, se met en travers. Les attaquants sont mitraillés lorsqu'ils ne sont qu'à 30 pas. Le nombre des morts et blessés, des deux cotés, est important. L'infanterie de Saint-Julien perdra ce jour là 494 hommes.

De durs combats se déroulent également sur les hauteurs à l'est du cimetière. Là, Strassoldo doit mener un combat inégal contre l'infanterie du VIe corps (Grenier). Les pertes sont là aussi importantes : 3 officiers, 158 soldats tués, 5 officiers et 271 soldats blessés, 6 officiers et 185 soldats prisonniers, 131 soldats portés disparus.

16 h 15. Les français prennent possession de l'église et du cimetière, et mettent leurs batteries en position, l'artillerie autrichienne, à court de munitions, s'étant retirée de Szabadhegy, de l'église et du cimetière. Une partie de la landwehr est prise de panique, jette ses armes et s'enfuit. En reculant, la brigade Lutz (infanterie Strassoldo et Saint-Julien, un bataillon de volontaires de Haute-Autriche) entraîne avec elle la brigade Eckhardt (infanterie Esterhazy, bataillon de l'Insurrection Weszprém, Pest et Eisenburg) qui se trouve pressée par la division Severoli. Le régiment Esterhazy doit souffrir de fortes pertes. Le commandant Karl Zielmsky, 4 sous-officiers et 38 soldats blessés, 7 sous-officiers et 80 soldats manquants, officier et 103 soldats faits prisonniers. Parmi les cavaliers Weszprém : 22 tués et 37 blessés.

Colloredo forme une nouvelle ligne de défense : 3 bataillons d'infanterie Alvinczy (2.500 hommes) et 2 bataillons de celle de Jellachich (740 hommes) se préparent à la contre-attaque. Ils réussissent, un court instant, à repousser la brigade Bonfani jusqu'au ruisseau et, en même temps, à stopper le recul des brigades Lutz et Eckhardt. Alvinczy enregistre de lourdes pertes. Le colonel Sándor Illyés, le sous-lieutenant Jozsef Renn et 76 soldats sont tués, 4 officiers et 214 soldats blessés, 168 soldats sont faits prisonniers, 216 sont portés manquants.

Les troupes de Severoli (brigade Bonfain) atteignent ensuite, petit à petit, le long de la route d'Öthaz, au nord, un petit bois, menaçant de là les troupes de la division Frimont, qui s'enfuient du village de Szabadhegy, vers le nord-est.

Entre 16 h 30 et 16 h 45, la brigade Abbé repousse de nouveau dans le village en flamme de Szabadhegy trois brigades de la division Jellachich. Le régiment de cavalerie Zemplin doit venir en aide à l'infanterie et reçoit l'ordre d'attaquer l'infanterie franco-italienne par le flanc, en direction de la route de l'église (Templóm utca), à Szabadhegy. Un fossé de trois mètres de large rend difficile ce mouvement. La cavalerie Szala, qui se trouve entre Szabadhegy et Raab, doit également attaquer Szabadhegy.

Après s'être formés, 8 escadrons de Sahuc (1.290 cavaliers) attaquent les dragons de Frimont, qui reculent aussitôt. Les français s'emparent de 4 canons sans résistance. Dans la métairie, les combats continuent. Un ordre de repli, donné par l'archiduc Jean, est sans effet : il ne parvient pas à ses destinataires.

(…) les troupes qui se trouvaient à la métairie, auxquelles j'avais donné l'ordre de se retirer, furent en grande partie tuées, blessées ou faites prisonnières (…) (18)

Le lieutenant Knobloch réussit encore une fois à faire prisonnier 1 officier et 10 soldats. Le capitaine Fichter entreprend avec sa compagnie d'attaquer les français qui attaquent, et parvient à les repousser. Trois fois déjà les voltigeurs sont parvenus à franchir le mur intérieur, qui est maintenant défendu par le capitaine Szokolics, avec les fantassins de Saint-Julien. Avec l'aide des forces du major Hummel, des capitaines Bethold, Moscon et Schmuck, et de leurs compagnies, ils ont pu être repoussés. Les pertes sont de plus en plus importantes. Schmuck est blessé et fait prisonnier, Berthold est tué d'une balle en pleine tête, Moscon est blessé au bras droit.


La population de Raab observe, depuis les fortifications sud, le retrait, vers 17 h 00, des divisions Frimont, Jellachich et Colloredo. L'infanterie laissée à elle même dans la métairie combat jusqu'à 18 h 00. Entre-temps, 12 canons dirigent maintenant leurs tirs sur la métairie. Les toits couverts de chaume des bâtiments voisins prennent feu. Les fantassins des brigades Moreau et Roussel pénètrent dans les ruines et par les murs. Le mur de brique qui entoure la métairie est pratiquement totalement abattu. Les troupes des 1e et 2e compagnies d'infanterie Strassoldo mettent bas les armes. Le major Hummel tente, avec les restes des défenseurs, encore une action.

Hohenegger :

Nous allâmes, avec quelques bons camarades, sur la tour de l'église. De là, nous observâmes le triste spectacle avec nos lunettes. L'aile gauche de nos troupes s'avançait, puis reculait de nouveau lentement, mais sûrement. C'est au centre que les combats étaient les plus durs, cette zone était en partie éclairée par les flammes des incendies du village de Szabadhegy. Notre aile droite recula d'abord, où même en même temps que l'aile gauche. Cela brisa notre centre et notre armée dû se retirer. Elle le fit en bon ordre, lentement, en direction de Gönyü et Szentjános. Tard le soir, il y eu là un combat sanglant  (7)

Le général, ralliant alors sur la droite les troupes du général Roussel, rassembla toutes les troupes disponibles de sa division et les lança comme un torrent sur la ferme. Les portes sont enfoncées à coup de hache et on y pénètre enfin, en passant au fil de l'épée tout ce qui ose encore résister; puis les grenadiers du 106e y mettent le feu, et tout ce qui n'est pas tué devint la proie des flammes. (Mémoires du prince Eugène)

Finalement le grenier est miné par les sapeurs et conquis par les troupes de Seras, les derniers défenseurs sont faits prisonniers à la porte d'entrée. Des 435 hommes de la « garnison » (au début, la métairie fut défendue par 872 hommes) ne restent que 103 soldats et 9 officiers, la plupart des officiers ayant été tués ou blessés. Les prisonniers sont emmenés dans les maisons de vignerons, désertées, de Nyúl, et mis sous surveillance. Les français s'émerveillent des défenseurs de la métairie. Les hommes de la landwehr ne sont pas considérés, par Eugène, comme faisant partie de l'armée régulière, et doivent donc être fusillés le lendemain. Peu avant que cette exécution ne survienne, un capitaine français de la Garde reçoit l'ordre de surseoir.

Une jeune paysanne, qui s'était, depuis le début des combats, réfugiée dans la métairie, et s'était dévouée au soin des blessés, réussit à s'enfuir. Grâce à sa connaissance des lieux elle réussit à passer au travers des différents postes. Aux avant-postes autrichiens elle est emmenée auprès de l'archiduc Jean. A l'aube, un officier est envoyé à Eugène, qui explique que la landwehr est bien une partie intégrante de l'armée. Pour chaque exécution, deux français seront également fusillés. Eugène retire son ordre. Les prisonniers, 74 officiers (dont 2 officiers supérieurs), six majors, 19 capitaines, 35 lieutenants et sous-lieutenants, 12 enseignes, seront incarcérés à Chalons-sur-Marne (près de Reims). Un deuxième groupe, qui doit être dirigé sur Vienne, comprenant le major Hummel, les lieutenants Schwarz et Knobloch, un enseigne ainsi que le médecin chef Wisler, plus 212 soldats de ligne, ainsi que les hommes de la landwehr, seront libérés le 16 par des soldats hongrois de la division Meskó, à Sávár, l'escorte française étant faite prisonnière. (voir aussi)

Dès le 19 juin, un rapport sur les évènements de la métairie est dressé.

D'après les dires du capitaine Moscon et des autres officiers, de nombreux blessés, qui n'étaient pas en mesure de se mettre debout, furent, tant à l'hôpital que dans les fermes, soit exécutés d'une balle dans la tête, soit étouffés. (18)

Les français ont eux aussi subi de lourdes pertes : 36 officiers, 650 soldats sont tués ou blessés.

Honegger, à propos des défenseurs de la métairie :

C'est ici que les soldats du pays de Staj avaient transformé le grenier des Bénédictins en une forte bastille. Leurs corps, pareil à un grand barrage, retint la fureur de l'ennemi et la brisa, semblable à un second Thermopyles, mais dans un pays étranger. Ils sacrifièrent leurs vies  pour un pays étranger, par une une mort immortelle. Leurs corps reposent en paix au cimetière. Ils furent les défenseurs de notre pays. (7)


Vers 15 h 30, la cavalerie de Montbrun avait également réussi son avance sur le flanc droit, soutenue par l'artillerie attelée du capitaine Forgeot. La cavalerie de l'Insurrection s'était repliée vers le sud, prenant les positions suivantes :

A droite : 8 escadrons de hussards archiduc Joseph, 11 escadrons de cavalerie Ödenburg, Weszprém et Eisenburg. Au total, 2.300 cavaliers.

A gauche : 6 escadrons de hussards Ott et 13 escadrons de cavalerie Pest, Bars et Nógrad. Au total, 2.470 cavaliers.

Ils avancent jusqu'au fossé Vicsay, qui s'oppose à leur mouvement. Dans la tentative d'éviter l'enveloppement de l'aile gauche par les français, la manœuvre est mal conduite. Les troupes se mêlent les unes aux autres et seuls quelques groupes parviennent à franchie le fossé (notamment Gosztonyi avec trois compagnies Nógrad). Un nouvel ordre donné par le général Mecsérys ne parvient pas à rétablir la situation. Au dessus du Vicsay, qui rejoint perpendiculairement le Pandzsa, et qui n'a pu être franchi qu'en très peu d'endroits, le colonel Geramb et 400 hommes des hussards Joseph et Ott. Ils reçoivent le soutien de six escadrons de cavalerie (Heves et Zemplin) conduit par le comte András Hadik. A peine sont-ils au-delà du fossé que Montbrun attaque et rejette la cavalerie. Des grenades jetées dans le fossé sèment la panique. La cavalerie placée en avant est bousculée par celle arrivant derrière et poussée dans le fossé. L'aile gauche se brise en petits groupes. 36 canons tirent sur l'Insurrection, 12 directement depuis Nagybarát, 24 depuis la Pandzsa, rendant une attaque ordonnée impossible.

Le régiment de cavalerie de Pest réussit à se tourner contre les français, en contournant le fossé, ce qui les amène dans les lignes de la cavalerie Heves, qui fait justement retraite. Cette attaque ne réussit pas :

Le fossé de Vicsay était rempli d'hommes et de chevaux lorsque lorsque le commandant de la cavalerie Pest arrêta les troupes en fuite et leur fit faire face. (16)

Rittmeister Támas Dessewffy (cavalerie Heves)

Une grenade, explosant dans le voisinage, rendit les chevaux fous, les bête entraînèrent la panique dans la ligne de front. Deux hussards Ott renversèrent mon cheval et nous tombâmes tous les trois. Les deux hussards tombèrent sur moi, le régiment fut désorganisé par les fuyards, mon cheval galopa en direction des fuyards. Ils étaient éloignés de moi d'à peine 200 pas (16)

Journal de la cavalerie Pest :

L'artillerie française tirait avec des canons et des obusiers de telle façon qu'elle ne faisait que de la poussière (16)

La demande des officiers hongrois d'attaquer à nouveau la cavalerie française n'est acceptée par Mecséry que lorsque les troupes sont de nouveau en bon ordre de combat. Les hussards Pest et Weszprem offrent une forte résistance ; ils perdent chacun 7 et 11 officiers. Le colonel Janòs Gosztonyi sera particulièrement loué par l'archiduc Joseph..

Les cavaliers Pest, Bars, Nogràd, Odenburg, Weszprém et Eisenburg sont impuissants contre les 7.000 cavaliers français.

Le journal du régiment de cavalerie Pest :

Nos petits chevaux ne purent repousser les grands chevaux de leur position, de plus nos chevaux n'étaient pas bien entraînés. Bien que notre peuple ait montré un grand courage, la majorité de nos soldats étaient mal entraînés, ils n'avaient vu auparavant ni ennemis, ni combats. Il arriva encore que la force supérieure, les meilleures armes, le savoir et l'expérience de l'ennemi provoquèrent la victoire. Notre peuple se cependant et fut rejeté par l'ennemi dans le Vicsay (16)

La cavalerie hongroise s'enfuit en repassant le fossé. Les restes débandés de la division Mecsery tentent de se rassembler au nord de Táplánypuszta, vers Sashegy.

Rittmeister Antal Hunkár, dans son Journal :

Certains furent rassemblés avec de bonnes paroles, d'autres avec le plat du sabre (16)

120 cavaliers sont ainsi rassemblés. Il est à peu près 16 heures, les attaques au centre deviennent de plus en plus intensives. Le 20 juin, Mecsery décrira ainsi la situation :

Cette cavalerie fut employée essentiellement contre notre aile gauche, qui essuya un long moment la canonnade la plus intense, sans pour le moins fléchir (et l'on ne put aligner contre l'ennemi qu'une seule batterie attelée) qui infligea aussi de lourdes pertes dans les rangs de l'Insurrection, comme le^rapport du FML Vogelhuber le montre (11)

Le flanc gauche est maintenant ouvert. Pendant qu'une partie de l'infanterie française s'occupe de poursuivre les hongrois, le reste se tourne vers le centre. 4.360 cavaliers de la cavalerie légère de Colbert et Jacquinot dirigent leur attaque contre le RI Jellachich (747 hommes), le bataillon de l'Insurrection n° 7 (Komorn – 986 hommes), n° 8 (Szala – 1.094 hommes), le 4e bataillon de landwehr (Inn – 297 hommes), ainsi que les bataillons du Traunviertel (236 hommes) et Muhlviertel (288 hommes) de la Landwehr.

La ligne de front se trouve environ 1700 pas derrière la métairie et en partie sur la colline de l'église. Derrière, se trouve l'artillerie, 2 pièces de 6, et 4 de 3, ainsi que deux obusiers de 7.

Entre temps, la division Montbrun a déjà attaqué en direction de Táplánypuszta. La ligne de front est brisée en plusieurs endroits.

Rittmesiter Hunkár

Les français atteignirent l'artillerie et sabrèrent quelques soldats (16)

Pour aider l'artillerie, la cavalerie légère recule. La cavalerie française attaque alors de façon inattendue, seuls quelques cavaliers Weszprem se présentent au combat. Les français interpellent Hunkár « Rendez-vous ! » (16) mais Hunkár continue de se battre avec son sabre et blesse plusieurs français. Son cheval est abattu, lui-même fait prisonnier. Un officier français le renvoie avec un adjudant à l'infirmerie pour se faire panser. Un groupe de cavaliers Weszprem (Rittmeister Dénes Kernény) est poursuivi jusqu'à Táplánypuszta par 12 cavaliers français. A hauteur de l'auberge de Táplány, ils sont rangés pour le combat. Un soldat de Karakó est tué, un de Jenö est grièvement blessé. Il tombe de cheval et s'enfuit à pied, sa monture reste aux mains des français. Le reste prend également la fuite. On pourra établir, plus tard, que des 680 soldats qui formaient le régiment de cavalerie Weszprem, 117 s'enfuir à la maison. Quelques-uns auront à en répondre devant une commission militaire, pour avoir abandonné leurs commandants.

Les caporaux Bereczky, Göndocs, Kiss, Bekes, Bátory et Kovács justifieront leur fuite :

Notre Rittmeister Hunkár s'était enfoncé profondément dans les ennemis, un moment il disparu de nos yeux. Nous ne nous hasardâmes pas, en raison de notre infériorité, à entrer dans les lignes ennemies. (16)

Une infime partie des cavaliers Pest, Weszprém, des hussards Ott et archiduc Joseph (à l'origine 1.341 hommes) peut être ramenée par Mecsery.

A 4 h 45, l'archiduc Joseph, qui se tient près de l'église, envoie en renfort, depuis Sashegy, une partie de la division Hadik (colonel Gabor Kandó) pour soutenir le centre. Ces troupes non entraînées voient là leur premier combat. Eux aussi ne peuvent résister aux attaquants.

Sur le flanc gauche, la cavalerie de Sahuc renforce sa pression sur Frimont, qui a pu jusqu'ici se défendre avec bravoure. Le 8e de hussard (Pages) se fait remarquer.

Un cavalier français raconte :

Notre attaque fut accueillie par une faible mitraille. Leur étonnement était important mais nous laissâmes passer notre chance, car au lieu de n'attaquer qu'un coté du carré, nous voulûmes l'attaquer, trop vite, de tous les cotés. Nos chasseurs se débandèrent au contact de la masse de fantassins et nous ne réussîmes point à briser le carré (1)

Les dragons Hohenlohe (365 hommes), Savoie (72 hommes) et une partie du régiment de cavalerie Somogy, en avant du front, essayent de maintenir les cavaliers de Gérard et Pagés.

Journal du régiment de cavalerie Somogy :

Ils atteignaient déjà notre cavalerie en marche avec leurs sabres

Le Pándza est franchi et une brusque attaque sur les dragons est remplie de succès. Plusieurs compagnies fuient vers Szentiván, Gönyü et Komorn. Ce sont surtout les dragons Savoy qui enregistrent les pertes les plus sévères : 76 tués, soit pratiquement tout le régiment. Le commandant de la cavalerie Somogy (Rittmeister János Festetits) et 8 cavalier sont tués. Les dragons Hohenlohe perdent 6 cavaliers, 16 sont blessés.

La division Sahuc poursuit les troupes de Frimont jusqu'au nord de Raab, où elles s'arrêtent, car la masse de l'armée en retraite de l'archiduc Jean ne permet plus d'autre attaque.


Le prince Eugène ordonne aussitôt à la cavalerie placée à sa gauche et en réserve de poursuivre vivement les Autrichiens, dont la déroute devient complète. Une partie de la cavalerie ennemie, placée sur le flanc droit, entre Szabadhegy et Raab, se jette dans cette place, et l'autre partie se retire, avec le reste de l'armée de l'archiduc, dans la direction de Cormon. Montbrun tient constamment cette cavalerie éloignée de son infanterie; Grouchy se rapproche de la gauche, pour couper la retraite de l'infanterie qui se retire sur la route de Gonyo. Cette infanterie se rejette alors sur la route de Comorn, et, protégée par le terrain difficile et marécageux dans lequel elle se trouve, elle parvient à opérer sa retraite avec moins de pertes qu'elle n'avait lieu de le penser. Toutefois, malgré les obstacles qu'opposait la nature du sol, les carrés qu'elle est obligée de formée sont plusieurs fois chargés et rompus; le 8e de chasseurs exécute seul une charge audacieuse, qui aurait eu de grands résultats s'il eut été soutenu par les autres régiments de la division Sahuc. La nuit mit fin à la poursuite. (Mémoires du prince Eugène)

Vers 5 h de l'après-midi, la retraite de l'armée de l'archiduc Jean en direction d'Acs et Komorn est totalement engagée. Elle est menacée sur ses deux ailes. Une courte contre-attaque contre 7 régiments de cavalerie de Montbrun est d'abord couronnée de succès. Une première ligne composée des fantassins Alvinczy, Szala et Saint-Julien, ainsi que des grenadiers Simony, fait face à la cavalerie de Pajol et Jacquinot. Saint-Julien et Simony attendent puis déclenchent leur tir lorsque les attaquants sont à une distance de dix pas. Puis les colonels Albeck (Alvinczy) et Ghillány (Szala) sont en seconde ligneLes hussards Ott (major Gavenda) et la division Jazyg (major Gubcsy) attaquent par les flancs. Les français reculent et se reforment. Ce combat, qui se déroule environ 1.5 km à l'ouest de Szentiván, entraîne de grosses pertes chez les français. D'après les rapports autrichiens, ils perdirent ici 500 hommes.

Hertelendy :

Il me faudrait beaucoup de temps, si je voulais décrire les résultats de cette mêlée. Les morts français et hongrois sont visibles, les cris et lamentations des blessés, ici et là jurant, sont perceptibles, J'ai vu des corps démembrés, mutilés d'hommes et de chevaux, des hommes qui, sans bouche et sans nez s'enfuyaient, et des soldats avec toutes sortes de blessures. (16)

Colloredo et Jellachich peuvent retraiter, à peu près en ordre, en direction de Szentiván. Trois lignes couvrent les troupes. Trois bataillons d'infanterie (Alvinczy), 2 bataillons d'infanterie (Saint-Julien) ainsi que le reste des hussards archiduc Joseph et Ott. La deuxième ligne est formée de la landwehr de Graz, du bataillon n° 8 de l'Insurrection (Szala) et des régiments de cavalerie (Pest et Szala). La troisième ligne est constituée des bataillons de grenadiers Salomon, Simony, Janush et Mühlen.

L'archiduc Joseph réussit encore à rassembler des débris de la cavalerie, à Szentiván, et à les placer sous les ordres du général adjudant comte Becker qui, avec l'adjudant Rittmeister Csohány, les reforment. De la même manière, des éléments de cavalerie (Pest, Weszprém, Eisenburg) ainsi que le régiment de cavalerie Jazyg essayent de se réorganiser, mais aucune contre-attaque n'est possible. La route de Szentiván à Gönyü et Ács est complètement encombrée, car le centre se replie par Nagy-Szentjános et croise l'aile gauche.

Mecsery et Frimont reforment plusieurs fois leurs troupes, pour la retraite de l'armée face à l'infanterie et à la cavalerie françaises qui agissent sans trop de pression. Dans le choc des régiments en fuite, seuls les hussards archiduc Joseph, les dragons Hohenlohe, l'infanterie Strassoldo, Esterhazy, Alvinczy et Ogulin, ainsi qu'un bataillon de la landwehr et les grenadiers retraitent de façon ordonnée.

La cavalerie de Montbrun est tellement épuisée que le trompette doit renouveler sept fois le signal de l'attaque, avant qu'enfin celle-ci soit lancée. Les français commencent alors la poursuite au niveau du ruisseau Bakony, dans les environs de Gönyü.

Le nombre des troupes en fuite jusqu'à Buda est important : 2 escadrons de cavalerie Odenburg (Sopron), la cavalerie Bihar, Nógrád et Hont, la cavalerie Heves (756 cavaliers), la cavalerie Zemplin (247 cavaliers), le bataillon d'infanterie 12 et 16 (Abaúj – 185 hommes) et les bataillons d'infanterie 12 et 16 (Borsod – 1.072 et 662 hommes).

Hertelendy :

Nous pouvions voir comment l'infanterie du centre s'enfuyait depuis les hauteurs de Megyer-Szabadhegy. Ils abandonnaient sac, vêtements et armes. Nous nous retirâmes, par Gönyü en direction d'Acs, le cœur meurtri, sans avoir mangé ni bu depuis des jours (16)


Autour de Táplánypuszta se déroulent des combats d'arrière garde.

La division Macdonald (6,318 hommes, 12 canons) atteint Raab vers 16 h, après la fin de la bataille. Malgré une imposante marche de 153 km en quatre jours, elle ne peut que participer à la poursuite des troupes en retraite de l'archiduc Jean. Tout n'est pas clair au sujet de cette arrivée tardive. Dans le Moniteur, ce retard fut commenté par le général comte Tascher et par Ségur. Sur ordre d'Eugène, l'officier d'ordonnance Méjan avait été envoyé à Papa, avec l'ordre pour Macdonald de se mettre en route immédiatement pour Raab. Mais Macdonald demeura un long moment introuvable, de sorte qu'un temps précieux s'écoula jusqu'à ce que l'ordre lui soit remis. Un temps qui aurait suffit pour arriver à temps et renforcer les troupes d'Eugène.

Le gros de la division Mecsery s'enfuit, éperdue, au travers du village, la cavalerie Weszprém essaye de la couvrir et reste une demi-heure sous un terrible feu de cartouches d'une batterie attelée. Trois pièces renouvellent leur tir. Par la force, le commandant de la cavalerie Weszprem, le colonel Ferenc Zichy, doit mettre de l'ordre dans les rangs des autres régiments. Renforcé par 36 cavaliers de Raab et 70 de Vas, ainsi que par les hussards archiduc Joseph, il essaye de lancer une contre-attaque. Dans cet engagement, 2 soldats sont tués, 12 blessés. Mélangées, l'infanterie Szala et l'infanterie Esterhazy, Alvinczy et Saint-Julien sauvent plusieurs canons et des voitures de munitions qui avaient été abandonnés à Szentiván.

Vers 9 h le soir, les troupes atteignent une zone marécageuses à l'est d'Acs, où elles tiennent près d'une heure. Elles arrivent à Acs entre 1 h et 2 h dans la nuit. L'arrière-garde composée de grenadiers (Salomon, Janusch, Simony et Mühlen) reste sur la rive orientale du Bakony. La cavalerie de Montbrun les suit jusque là.

Vers 9 h 30 du soir, l'arrière-garde franchit le Bakony et suit le gros de l'armée, qu'elle rejoint après environ 14 km. Là, l'infanterie (Jellachich, Lusignan) et un bataillon du 4e frontalier croate (Szluin) sont chargés de la protection de l'armée.

Journal de l'archiduc Joseph :

Grosses masses de fuyards. Il est impossible de les arrêter. Nous choisîmes Komorn comme point de ralliement. A minuit, l'archiduc Jean arrive avec un régiment de grenadiers ; là règne l'ordre. Ils font une pause, épuisés, devant le village d'Acs. J'envoie le colonel Petrich à Komorn, au général en chef Dadidovich, avec les instructions suivantes : ils doivent arrêter les fuyards, occuper la tête de pont de Komorn, puis envoyer à Buda la nouvelle de la défaite, de manière qu'ils puissent là aussi arrêter les fuyards et, avec Alvinczy, s'occuper des transports et de la défense des deux villes (Buda et Pest) (6)

Dans les notes de l'archiduc Joseph il est fait état de 4.973 fuyards rassemblés à Pest, mais 68 seulement  auraient participé à la bataille de Raab. Ils sont transférés à Komorn en deux colonnes sous le commandement du colonel Ignaz von Festetits et du colonel Simony

Le 15 juin, à 3 h du matin, l'archiduc Joseph et sa suite quittent le village d'Acs et se dirigent sur la tête de pont de Komorn (Szony). Les 8 km de route sont remplis de soldats épuisés, de blessés, de canons et de voitures, qui sont dans les fossés. Le chaos est indescriptible.

Antal Czinege apprendra, par un officier français, qu'Eugène se trouvait dans une auberge à Gyirmót et qu'il aurait pu être aisément capturé !

La coordination entre les différentes troupes françaises est insuffisante, de sorte que les austro-hongrois réussissent à se retirer, en formation, jusqu'à Komorn, où, le 15 juin, les archiducs Joseph et Jean réunissent leurs armées. Le passage du Danube est terminé vers 5 h de l'après-midi. L'archiduc Jean propose de repasser à l'attaque, à partir de Komorn, utilisant pour cela la cavalerie de l'Insurrection. Son plan prévoit de maintenir les français à Raab et, avec une deuxième colonne, d'attaquer par le sud, par Veszprém et Pápa. Il veut se transporter, en utilisant des bateaux, jusqu'à Kleine Schütt. Mais cela n'est possible qu'après 2 ou 3 jours de repos.

J'ai proposé aujourd'hui au prince Palatin de faire une percée avec 2.000 chevaux de l'Insurrection, et de pousser jusqu'à Raab, de manière à chercher l'adversaire et à l'alarmer ; une deuxième colonne devrait passer par Moor et Veszprém, pour menacer la route vers Pápa et Tüskevar ; dans l'île Schütt ont déjà été reconstitués des partis ennemis (10)

Le 16 juin, le général Wimpffen arrive à Komorn et apporte une lettre de l'empereur François à l'archiduc Joseph, dans laquelle il lui dit :

… que le prince Palatin ne doit en rien se laisser distraire de se mettre à la disposition de Sa Majesté à Wolkersdorf, conformément à un ordre ultérieur de Sa Majesté, de transmettre le commandement de l'Insurrection à l'archiduc Jean (9)

L'archiduc Joseph répond :

Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de continuer cette discussion, car Votre Majesté comprendra très bien dans quelle position je me trouverais si, maintenant, je m'éloignais de cette partie active de l'Insurrection, pour réunir de nouvelles forces et les quitter de nouveau, alors qu'elles entrent en action. Mon honneur me commande de prier Votre Majesté de m'autoriser généreusement à continuer de remplir ma tâche, conformément aux règlements existants (9)

L'archiduc Charles a connaissance des évènements de la bataille de Raab le 16 juin dans la nuit, à son quartier général de Deutsch-Wagram.

Le 16 juin à midi, Eugène fait une reconnaissance de la tête de pont de l'armée française dans l'espace Acs-Komorn. Il fait installer deux canons sur les hauteurs de Ùj-Szöny. Les boulets de ces pièces de 8 atteignent les vieilles fortifications de Komorn.

A cet instant, 2.000 cavaliers de l'Insurrection et 200 cavaliers de l'archiduc Jean sortent de Komorn. Ils sont emmenés par l'archiduc Jean, FML Frimont et le colonel Beczam. A la tombée de la nuit, ils attaquent les cavaliers de Montbrun et de Grouchy et débandent quatre régiments. Plusieurs morts et blessés restent sur le terrain. Dans cette action, le colonel Szápáry, avec les hussards Eisenburg (817 hommes au début de l'action) se font remarquer. Les hussards Melleck et Mlinarics réussissent également à blesser un général français.

A la nuit, le calme revient.

Le 17 juin, l'archiduc Jean reçoit de Presbourg une lettre du général Wimpffen, dans laquelle l'archiduc Charles lui demande d'envoyer au général Bianchi 7 à 8.000 hommes d'infanterie, 500 chevaux et 28 canons. Le reste des troupes doit, avec l'Insurrection, occuper Kleine Schütt.

Les positions des français s'étendent, par Acs, de Gönyü jusqu'à Nagyigmánd et Kócs. L'archiduc Jean envoie le colonel Pasztony, avec le régiment Banal, en reconnaissance le long du Danube, jusqu'à Sommerein. Lui-même se met en route vers Kleine Schütt, déjà occupé par quelques milliers de français.

Sur l'île Großen Schütt (sur la rive gauche du Danube) se produit un engagement, le 18 vers midi, entre 1800 cavaliers français et les hussards Somogy. Les français, à l'issue de cet engagement, se retire vers Acs.

A Komorn sont restés trois bataillons de l'infanterie Jellachich, dix compagnies d'infanterie Lusignan et un bataillon de frontaliers Szluin, ainsi que les landwehr Bruck, Salzburg, Judenburg et Gilly. Du coté de l'Insurrection se trouvent l'infanterie Pest, Komorn, Szala et Weszprém, ainsi que les cavaliers Nógrád, Bars, Zemplin, Heves et Ödenburg. Une partie est déjà en route de Pest à Komorn. Après quelques canonnades avec les français, ils atteignent Böös le 20, où un nouvel ordre de l'archiduc Charles les rejoint : lorsque Raab sera repris et les français repoussés de Kleine Schütt, l'archiduc Joseph doit occuper l'espace entre Komorn et Kleine Schütt, lui-même, l'archiduc Jean, doit rester entre Große Schütt et Presbourg.

Le 21 juin au soir, cet ordre de l'archiduc Charles est annulé et la ville laissée à son destin. L'archiduc Jean doit, d'ici le 24, se séparer de Bianchi.

L'empereur François modifie son opinion par rapport à l'archiduc Joseph :

J'ai reçu vos honorées missives. Le général Wimpffen a également confirmé, oralement, les raisons qui Vous empêchent de venir ici personnellement (9)

Le 22 juin, l'archiduc Jean recule jusqu'à Sommerein, le 23 jusqu'à Presbourg, l'archiduc Joseph reste à Böös, Dadidovich à Komorn.


Le général Meskó avait été complètement oublié (voir ci-dessus). Sans instructions du commandement supérieur, il essaye d'arriver sur les arrières des français, et pour cela réunit environ un millier d'hommes. Son but est de se réunir, après, avec l'armée. Il avait encore environ 3.600 hommes d'infanterie et 1.300 cavaliers. Il envoie, dans la nuit du 14 au 15, le lieutenant-colonel Graf Széchényi (de son état-major) à l'archiduc Joseph, porteur des nouvelles suivantes :

Comme je n'ai pu, durant la bataille, faire passer toute la cavalerie, savoir une division de Pressbourg, une de Nograd et un demi escadron Jazyg, avec les bataillons Neograd, Neutre/Eisenbourg, Pressbourg de l'infanterie de l'Insurrection, ainsi que la division Stuhlweissenburg, au travers des lignes de l'ennemi, qui avait déjà positionné son aile droite contre le Danube, le long de la route principale de Komorn et de Szentivan et tenait fortement cette région, j'ai décidé, avec le GM comte Keglevich, les officiers d'état-major et plusieurs autres officier, de ne pas nous rendre prisonniers, mais d'atteindre, de quelque manière que ce soit, les arrières de l'ennemi.(13)

Meskó prend  donc la route par Kapovár et Körmend. Le 20 juin, la jonction avec les troupes du FML Chasteler se fait, à Kis-Komáron /Klein Komorn), qui arrive du sud, pour renforcer l'aile gauche. Chasteler et Meskó occupent Sümeg et Türje.

Tandis que Meskó marche, le long du Plattensee (lac Balaton), par Stuhlweissenburg (Széskesjehervár)) en direction de Komorn, Chasteler prend la direction de Raab. Il n'y a encore eu aucun accrochage avec les français.

L'archiduc Charles :

J'ai donc décidé de lancer une autre opération, qui mettra en jeu Raab, si celle-ci tient jusque là (9)

De quelle opération s'agit-il, l'archiduc Jean ne le saura jamais.


Les pertes de l'armée de l'archiduc Jean sont importantes. 6.211 tués ou blessés (118 officiers), 577 chevaux tués. L'Insurrection a perdu 791 hommes (7 officiers tués, 19 blessés). Ces pertes minimes tiennent sans doute au retrait rapide et à la fuite massive. Des batteries attelées, 3 pièces de 6 et un obusier de 7 ont tiré 2144 boulets et 2500 grenades.

Le général Vogelhuber, de l'artillerie de l'Insurrection, annonce 2 hommes tués, 2 prisonniers et 8 blessés, 2 pièces détruites. S. Kisfaludy donne 6.235 tués et disparus, et 590 chevaux tués, pour les deux armées, dont 791 de l'armée de l'Insurrection.

La Relation :

Nos pertes en tués, blessés et prisonniers s'élèvent à 7.000 hommes (...) Celles de l'ennemi sont, d'après nos renseignements, de 9.000 hommes (10)

Dans un rapport du 16 mars 1810 à l'archiduc Jean, le FML Frimont relatera la violence des combats :

L'ennemi s'est plaint partout du feu mortel de cette bataille. Alors qu'ils accompagnaient nos prisonniers et 2 canons, traversant Dömölk, le colonel Huguet, du 1e léger et le capitaine Labarre ont admis eux-mêmes que leur régiment était entré dans la bataille forts de 900 hommes, et qu'il n'en était revenu qu'à peine 700. Des 140 grenadiers, 18 étaient rescapés. Rien qu'à Dömölk sont passés plus de 5.000 blessés français ; beaucoup d'entre eux sont restés à Pápa. Au moment d'enterrer les morts à Raab, on a trouvé deux fois plus de français que des nôtres (9)

Le capitaine de cavalerie Hunkár, qui fut amené à l'infirmerie par un officier français, écrit :

… il nous a fallu marcher entre les victimes, la prairie était bleue du corps des français, je ne voyais d'uniformes blancs qu'ici et là, mais à la métairie de Kismegyer, on ne voyait que des manteaux blancs. (16)

Cette bataille coûta à l'ennemi près de 4,000 hommes tués ou blessés, plus de 2,500 prisonniers, 2 drapeaux et 2 pièces de canon, etc. On comptait parmi les prisonniers le général Marziany et un grand nombre d'officiers de marque.

La perte de l'armée d'Italie s'élava à 600 morts et 2,300 blessés; les colonels du 23e d'infanterie légère, et Bohn, du 7e de chasseurs à cheval, furent du nombre des premiers. Parmi les blessés, se trouvèrent le général Severoli, le général d'Anthouard, l'adjudant-commandant Forestier, les colonels Expert, du 102e; Triaire et Delacroix, et beaucoup d'autres officiers supérieurs et d'état-major. (Mémoires du prince Eugène)

Les français annoncent 2500 hommes perdus et rapportent la conquête de six canons et 4 drapeaux, ainsi que la capture du général autrichien Marziani. Les autrichiens indiquent la perte de deux canons et 2 drapeaux, ce que confirme d'ailleurs Eugène dans une lettre à Napoléon, datée du 14 juin , dans laquelle il ajoute :

Les pertes de Votre Majesté sont d'environ 1.500 hommes tués ou blessés (3)

Le 15 juin, Eugène écrivait :

… les pertes d'hier sont plus importantes que je ne l'avais pensé, environ 2.500 hommes. De telle sorte que nos régiments sont très affaiblis. Durant les 10 jours que nous sommes en Hongrie, nous avons fait 3.500 prisonniers (3)

Le même jour, il mande à sa femme :

Nos pertes sont certes très significatives, mais pas si importantes que celles de l'ennemi. Dans mon entourage, d'Anthouart, Triare et Delacroix sont blessés. Un boulet a effleuré Debrème au ventre. Beaucoup de chevaux de mes soldats et de mes gardes ont été abattus. (3)

Plus loin :

Cette bataille est la plus terrible que j'ai vue dans ma vie. Ils nous ont repoussé six fois, ce n'est qu'à la septième attaque que nous sommes parvenus sur les hauteurs et à prendre possession des positions de l'ennemi (3)

Le VIe corps d'armée rapporte (16 juin) :

Nos pertes sont de 600 tués et blessés. Parmi les morts se trouvent le colonel Thierry, du 23e régiment d'infanterie ; parmi les blessés, le général de brigade Valentin et le colonel Espert (3)

Thiers donne 600 tués et 2.300 blessés. Le général Grenier est atteint à la main, le général Severoli également légèrement blessé.

Napoléon, dès le soir du 14 juin, est informé par Eugène :

Sire ! Je m'empresse d'informer Votre Majesté que j'ai livré bataille aujourd'hui au prince Jean et que j'ai eu le bonheur de la gagner.  C'était l'anniversaire d'un trop beau jour, pour qu'il put nous arriver malheur. Les positions de l'ennemi ont été enlevées après avoir été perdues et reprises sept fois. L’armée autrichienne a eu 2,000 tués ou blessés, et 1,500 prisonniers.

Nous avons, en outre, 2 canons et 2 drapeaux. J’adresse ces derniers à Votre Majesté par le général Caffarelli, qui est arrivé, il est vrai, dans la soirée; mais j’envoie avec lui le colonel Rambourgh, qui a été témoin de toute l’action.

Voici, depuis quatre jours, trois combats et une bataille, et toutes ces affaires ont été extrêmement glorieuses pour les armes de Votre Majesté.

J’aurai,l’honneur de lui adresser demain le rapport détaillé de celte journée. 

Notre perte peut s’évaluer à 4,500 tués ou blessés.

L’ennemi se retire sur Comorn. Je le fais pousser demain par la cavalerie, et pendant que nous rétablissons nos munitions, relevons les blesses, etc., je ferai tâter les faubourgs de Raab et sommer la ville. Elle m’a cependant paru à l’abri d’un coup de main. 

Après-demain je poursuivrai l’ennemi. Je dois dire à Votre Majesté que des renforts en cavalerie et infanterie sont certainement arrivés au prince Jean, car nous avons en tête, aujourd’hui, près de 40,000 hommes, dont au moins 6,000 chevaux, et il y a des régiments que nous ne connaissions pas. (Mémoires du prince Eugène)

 

Eugène est plein d'éloge pour les généraux Grenier, Montbrun, Seras et d'Anthouart, ainsi que le général d'artillerie Sorbier pour leur sang-froid durant les combats.

J. Tranié donne, pour les pertes autrichiennes, 7.000 hommes, dont 3.000 prisonniers. Du coté français les pertes seraient de 2.000.


Le monument de Kismegyer. Photo : OuvrardLe monument érigé en 1897 sur le champ de bataille indique ce qui suit :

Les 13 et 14 juin 1809 combattirent ici et dans les environs immédiats, sous le commandement de leurs Altesses Impériales et Royales les Archiducs Jean et Joseph, puis les maréchaux impériaux et royaux Frimont, Jellachich, Colloredo, Alvinczy, Mecsery et le général de l'Insurrection hongroise Meskó, ainsi que le commandant des bataillons de la Landwehr, qui succomba héroïquement, le colonel Hummel, environ 39.600 combattants de l'armée austro-hongroise et de l'armée impériale napoléonienne. sous le commandement du vice–roi Eugène. Les pertes des deux cotés se montèrent à 3.031 tués (Remarque : Hummel est en fait mort le 18 septembre 1832 à Graz !)

Les soldats français furent ensevelis au cimetière de Kismegyer. Longtemps après, des victimes autrichiennes et hongroises gisaient encore sur le champ de bataille. Ils ne purent être enterrés que plus tard, sur l'ordre de l'archiduc Joseph, certains dans les jardins entourant l'église de Kismegyer (Magtár Utca, Örhely utca). La majorité des blessés furent, dans les jours suivant la bataille, transportés à Pápa, certains à Sárvár. 1.581 soldats de l'armée austro-hongroise et 680 français furent soignés dans les hôpitaux, par les médecins français et hongrois. Beaucoup de fuyards se cachèrent dans les champs de céréales, dans les environs autour de Pannonhalma, Románd et Kisbér, pour ne pas être capturés. Ils enlevèrent leurs uniformes et cherchèrent à rejoindre à pied leur village natal.