Consulat
Premier Empire

Campagnes

2 décembre 1805

La bataille d'Austerlitz


Cap sur Vienne

Si la coalition a perdu 65 000 hommes, il lui en reste encore 300 000, sans compter les réserves, et Napoléon ne peut plus espérer bénéficier de l'effet de surprise.

Il ne le sait pas encore, mais le 16 octobre, c’est la défaite de Trafalgar.

Par contre il sait qu'afin d'éviter le regroupement des forces coalisées, auxquels la Prusse, abandonnant sa neutralité, se dispose à apporter son secours, il lui faut aller vite, très vite.

L'Empereur, avec les corps d'armée de Davout, de Soult et de Lannes, la cavalerie et la Garde, descend le Danube. Ses flancs sont protégés par Ney, envoyé dans le Tyrol, Bernadotte et Marmont sur l'Inn. Les divisions Gazan et Dupont progressent sur la rive gauche sous les ordres du maréchal Mortier.

Vienne n'est défendue que par les troupes austro-russes du général Koutousov. Les Autrichiens sont conscients qu'ils ne pourront empêcher les Français de prendre la capitale ; ils envoient à Napoléon le général Giulay avec mission de conclure un armistice. Mais l'Empereur ne veut pas de suspension d'armes qui ne soit pas suivie de négociation de paix.

Le 3 novembre, Murat annonce à Napoléon que le désordre et la confusion augmentent dans la capitale. Là, paraît un appel à la formation d'un corps municipal de cavalerie. Doivent s'y enrôler "les hommes et les jeunes gens de la noblesse, les bourgeois et leurs fils, les fonctionnaires, les commerçants en gros, les manufacturiers et les rentiers"

Les  objets précieux de la Cour - tableaux, monnaies, archives, caisses de l'État - sont évacués de Vienne. Le 5 novembre, les archives de la capitale sont évacuées vers la Hongrie. On échange, autant que faire se peut, le papier monnaie contre des pièces sonnantes et trébuchantes ou contre des marchandises. Le marché noir se développe. Le commissaire à la cour, Wrbna, doit intervenir.

Le 7 Murat est à Melk, et il informe de nouveau:

"Sire, le domestique du comte de Giulay, qui a été retenu ici, a raconté ce soir, en soupant avec les miens, et en buvant un peu largement, que l'Empereur d'Allemagne avait voulu quitter Vienne, mais que la garde bourgeoise de cette ville s'y était opposée et le retenait comme prisonnier dans son palais, afin de le forcer à faire la paix. Selon lui, la consternation est à son comble et la pluspart (sic) des riches seigneurs se seraient éloignés de la capitale, si on le les avait empêchés de partir."

Le lendemain, du château de Mitterau, près de Saint-Pölten, il réitère:

"Il est très positif que l'Empereur d'Allemagne voulait quitter Vienne et qu'il a été retenu malgré lui par les habitants de cette capitale, mais l'Impératrice est partie avec sa famille depuis quatre jours"

Le 9, Murat annonce son intention de continuer la marche en avant "avec d'autant plus de sécurité que les avant-postes ont déjà reçu un parlementaire qui a déclaré, au nom des Autrichiens, avoir l'ordre positif de ne plus se battre."

Les Austro-Russes décrochent, les Russes passant sur la rive gauche à Krems, les Autrichiens gagnant les Alpes en vue de faire leur jonction avec les archiducs Jean et Charles. Vienne est désormais une proie facile.

Le 11, Murat campe en vue de la ville, vers Hütteldorf.

"Par ma position, je suis dans Vienne, puisque c'est la garde nationale qui fait le service aux portes, et que je n'ensuis qu'à une lieue; et cependant je n'y suis pas par le fait et l'Empereur (François II) n'en pourra pas tirer prétexte pour ne pas faire la paix"

Il reçoit une députation de Vienne. De nombreux badauds se pressent aux défenses de Mariahilf, on apporte même pain, vin et viande aux soldats français.

Dumas: "A 9 heures du matin (note: le 12 novembre) un convoy considérable composé de toutes les voitures de place de Vienne, chargé de provisions de toute espèce, vint au camp français et l'on distribua aux soldats pain, vin, viande et eau-de-vie"

Pourtant, Napoléon n'est pas vraiment satisfait de l'avancée si rapide de Murat

"Mon Cousin, je n'applaudit pas à votre façon d'avancer. Vous allez comme un étourdi....Vous ne souhaitez que la gloire d'entrer à Vienne.(...) Il n'y a de gloire que là où il y a du danger !"

Murat: "La lettre de Monsieur le Maréchal Ministre m'avait affligé; celle de Votre Majesté m'anéantit et cependant je ne mérite pas ce cruel traitement.... Ma marche sur Vienne avait pour but d'y gagner de vitesse les Russes, qu'on m'assurait descendre sur cette capitale, d'y empêcher la jonction du corps de Merfeldt qui fuyait devant le maréchal Davoust, enfin de forcer l'Empereur d'Allemagne à signer toutes les conditions qu'il plairait à Votre Majesté de lui dicter. Voilà, Sire, ce qui m'a conduit à Vienne et non la gloire d'y rentrer le premier."

Les Russes, justement, venaient de franchir le Danube, le 11 novembre, et étaient tombés à Durnstein sur les divisions du maréchal Mortier. Le Russes étaient forts d'environ 40 000 hommes commandés par le général autrichien Schmidt. La division Gazan, composant l'avant-garde, comptait seulement 5 000 hommes. Elle du supporter les premiers combats qui vont durer deux jours et une nuit, et perdait la moitié de son effectif. Elle resta cependant maîtresse de Durnstein grâce à l'arrivée de la division Dupont. Les alliés ont 2 500 tués et 1 500 prisonniers. Le général Schmidt était parmi les morts.

Entrée des troupes de Napoléon à Vienne le 14 novembre 1805. Coll. R. OuvrardLe 13 novembre, Murat entre dans Vienne, par la Burgtor, à la tête de l'avant-garde  française, drapeaux déployés et clairons sonnant. Il traverse la ville, par le Kohlmarkt, le Graben, Stephanplatz, Rotemturm, finalement Leopolstadt pour atteindre, vite, vite, le pont de Tabor, qui donne accès à l'autre rive.

Dumas: "A dix heures et demi du matin, les divisions d'infanterie formées en colonne par pelotons, et précédées de dragons, sont entrées dans Vienne. Le peuple s'est porté en foule sir notre passage, toutes les rues et toutes les fenêtres étoient garnies de curieux. La garde nationale de Vienne bordoit la haie; le plus grand ordre a régné, nous n'avons fait que traverser la ville dans sa longueur ainsi que le faubourg de Leopolstadt. Nous nous sommes dirigés de suite vers le pont du Tabor sur le Danube."

De fait, les viennois accueillent les français avec, pour le moins, curiosité. Le général en retraite Funk accompagne même, en uniforme,  les troupes ennemies, leur désignant le chemin le plus court pour atteindre Tabor.

Prise des ponts de Tabor par les français.Les Autrichiens ont choisi de ne pas défendre la ville, et les ponts de Tabor doivent seulement être brûlés lorsque les français s'en approcheront. Grâce à la ruse de Murat et de Lannes, qui font croire au prince Auersperg, chargé de la défense des ponts sur le fleuve, qu'une armistice a été conclue, et qu'elle prévoit, entre autres choses, que ces ponts doivent être remis aux français, l'affaire est rapidement menée (pour en savoir plus).

Passage du pont de TaborMarbot: "Le stratagème dont ils (les français) s'étaient servis était-il admissible ? je ne le pense pas. Je sais que dans les guerres d'État à État on élargit sa conscience, sous prétexte que tout ce qui assure la victoire peut-être employé afin de diminuer les pertes d'hommes, tout en donnant de grands avantages à son pays. Cependant, malgré ces graves considérations, je ne pense pas que l'on doive approuver le moyen employé pour s'emparer du pont de Spitz; quant à moi, je ne voudrais pas le faire en pareille circonstances."

Tolstoï (Guerre et Paix): "Je ne plaisante pas - continua Bilibine - il n'y a rien de plus vrai et de plus tristes. Ces messieurs (Murat, Lannes et Béliard) arrivent seuls sur le pont et affirment que c'est l'armistice et qu'eux, les maréchaux, viennent pour parler avec le prince Auersperg. L'officier d service les laisse passer en tête du pont. Ils lui racontent des milliers de gasconnades, ils disent que la guerre est terminée, que l'empereur Franz a donné une entrevue à Bonaparte, qu'ils désirent voir le prince Auersperg, etc...

Murat est donc dans Vienne. Installé dans le palais du prince Albert de Saxe-Teschen, il mande : "Les habitants de Vienne n'ont paru aucunement alarmés de notre visite (!); ils se portaient en foule sur notre passage. On attend Votre Majesté avec la plus vive impatience."

Entrée des français à VienneNapoléon et son état-major devant Schönbrunn - Aquarelle anonyme d'un contermporain.Bigarré: "On vit les Viennois et les Viennoises border la haie pour voir passer cette magnifique armée dont la réputation était colossale. Les femmes les plus élégantes offrirent à nos officiers des lauriers et des rafraîchissements; pas un habitant ne fut vexé par un soldat français dans cette marche triomphante"

d'Hauptoul: "Notre armée faisait son entrée triomphale dans Vienne, au bruit de la musique et des fanfares de chaque régiment; tous les habitants étaient aux fenêtres pour nous voir passer (..)"

Le 14, les clés de la ville sont remises à Napoléon et le 15, les armées françaises entrent à Vienne. Napoléon prend ses quartiers à Schönbrunn. La milice assure la garde des postes avec les français. Les habitants de la ville sont aux fenêtres.

"Il était onze heures et demi lorsqu'ils sont arrivés par la Burgplatz. La foule se déplaçait, se pressait à la porte et sur les places et pourtant pas le moindre incident n'arriva. Les régiments arrivèrent l'un après l'autre jusque tard dans la nuit. Les ennemis saluaient les gardes placés aux portes avec leur drapeaux et se dirigeaient avec hâte, et en musique, vers les ponts de Tabor...."

Thiébault: "Ce sera toujours une volupté que de battre un ennemi, mais après avoir battu un ennemi acharné formant la première puissance militaire de l'Europe, c'est un enivrement que d'entrer après cent lieues de victoires dans sa capitale, surtout quand cette capitale est celle des modernes Césars. On juge de notre exaltation quand nous prîmes possession de Vienne, que nous vîmes ses casernes devenir celles de nos soldats; son arsenal avec ses deux mille canons et ses cent mille fusils, notre parc de réserve; ses palais et ses maisons que nous occupions en maîtres; et Schönbrunn (un équivalent de de Fontainebleau) la résidence de notre souverain. Pour le moment, ces jouissances, que de plus glorieux souvenirs allaient suivre, furent d'autant plus vives qu'elles devaient avoir moins de durée"

Caroline Pichler: "Le 14 novembre, l'ennemi est entré dans la ville et s'est hâté de la traverser pour rejoindre le fleuve"

Coignet: "Sur la gauche, il y avait des collines boisées. Là, il y avait un corps d'armée, qui bivouaquait. Finalement, nous arrivâmes á Schönbrunn, la résidence impériale. Le palais est magnifique avec les forêts qui l'entourent, et plein de cochons sauvages.. Les carrosses arrivaient de Vienne, et l'on faisait la cour à Napoléon, pour qu'il protège la ville. Les corps d'armée arrivaient de partout. Celui du maréchal Mortier avait particulièrement souffert. Il resta en réserve, pour se refaire."

Caroline Pichler: "Ce fut le soir du 15 novembre, une nuit claire et froide d'hiver, que s'annonça, alors que nous étions réuni avec un petit groupe d'amis, le premier français que nous devions loger. Tout était prêt pour son arrivée. Ma mère m'envoya à la porte, pour l'accueillir. Je reçu comme une douche froide - ce n'était pas de la peur, car que pouvais-je craindre dans une maison remplie de temps d'hommes - c'était de devoir montrer notre douloureuse situation, le découragement de mon patriotisme, un sentiment de haine envers ces arrogants qui maintenant nous piétinaient. Ainsi, nous avions vécu le pire: notre ville, la résidence de l'Empereur, qui avait par deux fois résisté à l'assaut des turcs, était tombée aux mains d'un peuple ennemi, et ces <bleus> (note: les républicains, par opposition aux "blancs" monarchistes), enfants d'une Nation pour lesquels, depuis mon enfance, j'avais éprouvé un penchant presque naturel, étaient maintenant les nos vainqueurs et nos maîtres"

Le butin de l'armée française est important: l'argent des caisses impériales et de la ville, la presse à billet et la presque totalité de l'armement de l'arsenal. Dans la nuit, vers deux heures du matin, Napoléon visite la ville, puis passe le restant de la nuit à inspecter les postes des rives du fleuve.

Il écrit à Berthier: "Donnez l'ordre que tous les blessés graves russes (note: des combats de Dürnstein) soient évacués vers Vienne. Mon intention est de montrer à cette grande ville, que les russes ont subis des pertes importantes. Avertissez immédiatement les autorités sanitaires. Aucun français ou autrichien ne doit être hébergé dans les hôpitaux."

Il ordonne également de placer une garde devant le logis de Joseph Haydn !

Cadet de Gassicourt: "Peureusement, il ouvrit la porte et nous demanda ce que nous voulions. <Nous cherchons > dit le lieutenant qui commandait le détachement <la maison du compositeur Haydn> <Messieurs, qu'ai-je donc fait, que me voulez vous ?> <Nous voulons lui offrir une garde d'honneur. La maison de cet homme célèbre doit être respectée, les lois de la guerre doivent protéger un tel génie, le soldat français.......> Après ce cour échange, la garde d'honneur pris position devant la porte. Chaque jour, au moment de la relève, les musiciens français jouaient les mélodies les plus célèbres de ce grand compositeur."

Le général Clarke (il loge à la Hofburg) va être nommé gouverneur d'Autriche, le général Hulin (lui s'installe au palais Lobkowitz) commandant la place de Vienne, Daru intendant général de l'Autriche. Le général Macon est désigné gouverneur de Schönbrunn. La division d'Hauptoul s'établit dans la ville avec une brigade de la division Suchet.

La première proclamation est affichée sur les murs de la ville:

"L'Empereur ordonne que l'on porte le plus grand respect aux propriétés et que l'on ait les plus grands égards pour le peuple de cette capitale qui a vu avec peine la guerre injuste qu'on nous a faite, et qui nous témoigne, par sa conduite, autant d'amitié qu'il montre de haine contre les Russes, peuple qui, par ses habitudes et ses mœurs barbares, doit inspirer le même sentiment à toutes les nations policées."

Le 15, Napoléon écrit à Joseph:

"Vous avez vu par le bulletin tout ce que j'ai trouvé à Vienne. Je manœuvre aujourd'hui contre l'armée russe, et, dans cette circonstance, j'ai été peu content de Bernadotte; peut-être sa santé est-elle la cause (...) Il m'a fait perdre un jour, et d'un jour dépend le destin du monde; pas un homme ne m'aurait échappé (...) Je désire beaucoup voir Junot; car je me convaincs tous les jours davantage que les hommes que j'ai formés sont, sans comparaison, les meilleurs. Je continue à être fort content de Murat, de Lannes, de Davout, de Soult, de Ney et de Marmont...."

Lorsque, quelques jours plus tard, Caroline Pichler revient dans sa ville: "Quel spectacle désolant ! Bien sûr, il n'y avait aucun français aux portes de la ville, les postes de gardes, comme partout ailleurs, y étaient tenus par notre milice et nos gardes nationaux; mais ces "bleus" (encore !) fourmillaient partout. On m'a dit plus tard qu'il avaient été très étonnés et imposés de voir, le jour de leur arrivée, qu'aucun magasin n'avait été fermé, que les gardes étaient partout á leurs postes, et que la population avait regardé le passage de l'armée ennemie en silence et dans le calme, avec tout au plus de la curiosité."

Sans tarder, on s'affaire à l'amélioration des fortifications de la ville. On réquisitionne 150 000 paires de chaussures et 6000 selles ! La garde de la ville est confiée aux troupes hollandaises, les français continuant vers la Moravie

Car les français poursuivent Koutousov, qui ne cherche plus maintenant qu'à faire sa jonction avec l'armée russe de Pologne. De son côté, Buxhoewden, ayant renoncé à attaquer le Hanovre, se dirige également vers la Moravie.

C'est donc là que le sort de la 3ème coalition va être scellé.

Murat, Soult et la Garde ont pour mission de couper la retraite de Koutouzov et d'empêcher le regroupement des forces russes. Mais Murat, ayant rejoint ceux-ci à Hollabrunn le 16 novembre, accepte de signer une suspension d'armes. Quand, prévenu, Napoléon, furieux, ordonne de rompre les pourparlers, il est trop tard, et Murat ne peut battre que l'arrière-garde de Bagration. Le gros des forces de Koutousov profitant de la trêve a fait sa jonction avec l'armée de Pologne.

"Il m'est impossible de trouver les termes pour vous exprimer mon mécontentement. Vous ne commandez que mon avant-garde et vous n'avez pas le droit de faire armistice sans mon ordre; vous me faîtes perdre le fruit d'une campagne. Rompez l'armistice sur le champ et marchez à l'ennemi.(..) L'aide camp de l'Empereur de Russie est un polisson; les officiers ne sont rien quand ils n'ont pas de pouvoir; celui-ci n'en avait point. Les Autrichiens se sont laissés joués pour le passage du pont de Vienne, vous vous laissez jouer par un aide de camp de l'Empereur, je ne conçois pas comment vous avez pu vous laisser jouer à ce point."

Allons ! Il faut continuer !

Le 19 novembre, les Français entrent à Brno, y trouvant un butin considérable, mais l'espoir de vaincre séparément les deux armées s'est envolé. Le quartier général s'y transporte le lendemain 20 novembre.

Au maréchal Soult, le 20 novembre:

Il est ordonné au maréchal Soult de se rendre à Austerlitz.

Ce même jour, la presse locale se fait l'écho des combats d'Hollabrunn.

Le 20, c'est aussi, à Vienne, au Theater an der Wien, la Première de Léonore (qui deviendra Fidelio) de Ludwig van Beethoven. C'est un four.

Napoléon, lui, on s'en doute, a d'autres soucis, car il est alors dans une situation inconfortable: l'armée est à plus de mille kilomètres de ses bases ; la situation intérieure du pays est fort sombre ; le Trésor Public en est réduit à demander une avance de 100 millions à la Banque de France ; les royalistes, opposants au régime, relèvent la tête. Il faut donc une décision militaire rapide.

Mais comment l'obtenir, quand on se trouve au centre même du dispositif ennemi: l'archiduc Ferdinand en Bohème, l'empereur François en Moravie, les archiducs Charles et Jean en Italie ? Position certes solide en cas d'attaque séparée des Austro-Russes, mais périlleuse si l'assaut est simultané. Il est donc de la plus haute importance de faire accélérer le pas et de rassembler le plus de troupes possible.

Lieutenant Putigny: "Nous reprenions nos forces (à Laxenburg), mais nous dûmes dès l'aube du 30 novembre repartir. cette marche fut une des plus dures que l'Empereur exigea de ses soldats, bien que l'on disait de lui qu'il gagnait les batailles plus avec les jambes de ses soldats qu'avec leurs fusils. Nous parcourâmes 36 lieues en 36 heures, pour pouvoir combattre à Austerlitz. Nous marchions sans halte, nous traînant  toujours plus loin, oubliant notre fatigue. Je portais le drapeau - sa hampe penchait toujours plus en arrière, me causant une douleur à l'épaule, tandis que la colonne s'allongeait. J'allais comme un automate, sans penser. Je fixais machinalement devant moi les traces du cheval de mon capitaine. Sa croupe montait et descendait. Je me laissais porter par ce rythme."

FIN