Consulat - Premier Empire
Les armées

La bataille d'Austerlitz

La Grande Armée (2)

La conscription (*)


Napoléon ira dans le sens voulu par ses prédécesseurs: par sénatus-consulte suffira pour mettre en place la conscription, l'appel en activité étant décidé par décret impérial.

Sans la conscription il ne peut y avoir ni puissance, ni indépendance nationale.(..).nos succès et la force de notre position tiennent à ce que nous avons une armée nationale: il faut s'attacher avec soin à en conserver l'avantage.

Cette conscription fut, jusqu'à l'époque du Consulat, affreusement impopulaire, de nombreux témoignages en témoignent:

Le soldat François Joskin:

"Je m'ennuie si fort, que je ne fais que pleure tous les jours. Ma mère, le grand malheur que j'ai eu de tomber dans la conscription. La malheureuse vie que c'est d'être soldat."

Le soldat Joseph Floskin:

Je pleure, mais j'ai beau appeler, cela ne sert à rien. Je ne vis plus dans ce moment, car je n'ai aucun divertissement dans ce monde."

Le grenadier Miche Piquet:

"Je fais bien des compliments à ma bonne amie Marie Josèphe, que je voudrais voir près de moi, pour me blanchie mes chemises.(..) Si elle veut venir, la route n'est pas grande. Il n'y a que 500 lieues à faire pour venir me trouver."

Un amoureux transi:

"Je commence beaucoup à m'ennuyer.(..) Daignez penser à moi, comme je pense à vous. Mon amie, ne vous désolez pas, quoique je sois soldat"

Un autre:

"Si jamais voyage m'a causé de déplaisir, Chère Madame, c'est sans doute celui qui m'éloigne de vous. Je regarde comme tout à fait perdus les jours que je ne passe point auprès d'une personne aussi accomplie que vous, Mademoiselle".

Et le soldat Joseph Leclerc résume ce que pense sans doute ses camarades:

"Si j'avais 36 frères, je conseillerais à aucun de servir, car en vérité c'est un pauvre état".

Car la vie n'est pas bien folichonne et semble bien rude aux jeunes recrues, dans les casernes vétustes issues de l'Ancien Régime, sur des couches faîtes de paille, que l'on occupe à deux:

"Mon camarade de lit est un excellent homme, très propre pour un paysan"

se rappellera plus tard le colonel Gourneville, comme il se souvient

"de ce Robin, (...) un véritable brigand,...., qui avait pillé, violé, assassiné, et ce à la connaissance de tout le régiment. La compagnie était du reste riche en gens de cette trempe, et les horreurs qu'ils racontaient les uns des autres faisaient dresser les cheveux sur la tête".

Mais dans la période qui a suivi la paix d'Amiens, la conscription avait presque finie par être tolérée, sans doute parce qu'appliquée avec le minimum d'exigences, parce qu'en quelque sorte adoucie: on avait appelé qu'un nombre relativement modique de jeunes gens pour renforcer des armées au repos.

Pour cette campagne, comme pour les années qui ont précédées, la levée a relativement été faible: en tout, 360 000 hommes entre 1801 et 1805 (dont 200 000 vont constituer l'armée du camp de Boulogne). La reprise de la guerre n'a donc pas provoqué la résistance à laquelle on pourrait s'attendre. Apparemment séduits par les avantages proposés, de nombreux jeunes gens se présentent pour entrer dans les vélites.

Le Préfet de Paris:

"Le tirage au sort a eu lieu avec un meilleur esprit que l'année dernière. le même esprit a régné dans les arrondissements de Sceaux et de Saint-Denis."

Et la majorité des Préfets signalent que la consription s'est faite avec ordre. Il est vrai que Napoléon avait écrit au Ministre de l'Intérieur:

"Dites leur que c'est mal servir l'État que d'apporter la moindre négligence à un objet aussi important."


(*) Voir l'excellent article : La conscription sous le premier Empire - Alain Pigeard Revue du Souvenir Napoléonien - 420 - 1998 (retour)

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