1 - 15 Mars 1801


Paris, 1er mars 1801

NOTE POUR LE MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES.

Donner au citoyen Bacher des instructions pour qu'il provoque, sans trop s'avancer, des ouvertures de la part de l'électeur de Bavière. Il peut dire à des personnes qui lui seraient attachées que, pendant mon séjour à Rastadt, j'ai été fort content de la manière dont cet électeur s'est conduit, étant alors duc de Deux-Ponts.

Faire mettre dans le Moniteur et le Rédacteur un article propre à frapper les cabinets étrangers, et qui fera connaître la différence de la marche diplomatique des Consuls et de celle de l'ancien Directoire, en appuyant sur l'exécution donnée au traité fait avec le grand maître de Malte; sur la stricte exécution du cartel fait avec les Anglais, en conséquence duquel les Consuls ont fait mettre en liberté sir Robert Barclay; sur la levée de l'embargo sur les vaisseaux danois et les deux consuls danois reçus.

Dire aussi, quoique plus légèrement, que le caractère des envoyés nouveaux nommés pour les pays étrangers, tels que Bourgoing, Beurnonville, Alquier, etc., est une garantie des instructions qu'ils doivent avoir de suivre toutes les formes reçues dans ces pays, en observant tout ce qui peut dépendre d'eux pour maintenir l'harmonie et la paix.


Paris, 1er mars 1801

DÉCISION

Le citoyen Rabasse, négociant à Rouen, membre du Corps législatif, présente un mémoire tendant à prouver  qu'il est nécessaire de continuer la prohibition des étoffes anglaises en France, et de rejeter toute proposition de traité de commerce avec cette nation, si elle faisait des conditions d'un traité de paix avec nous.

Renvoyé au citoyen Lebrun. Je prie de me faire connaître  opinion sur ce mémoire, et s'il y a de l'inconvénient à le mettre dans le Moniteur.


Paris, 1er mars 1801

Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies

La division de Brest étant sortie, il est indispensable de donner l'ordre au vice-amiral Bruix de partir le plus tôt possible, et de redoubler d'activité à Rochefort pour que ses vaisseaux soient approvisionnés le plus tôt possible.

J'espère que le préfet de Lorient aura profité du mouvement que le départ de l'escadre a fait faire à l'escadre anglaise, pour faire sortir l'Argonaute et l'Union et faire filer ses approvisionnements.


Paris, 1er mars 1801

Au citoyen Fouché, ministre de la police générale

Je vous prie, Citoyen Ministre, de prévenir par une petite circulaire les rédacteurs des quatorze journaux de n'y rien mette qui puisse instruire l'ennemi des différents mouvements qui s'opèrent dans nos escadres, à moins que cela ne soit tiré du journal officiel.


Paris, 2 mars 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Expédiez, Citoyen Ministre, un courrier à l'ambassadeur de la République à Madrid; vous lui récapitulerez le grand intérêt que j'attache

1° À voir les Espagnols reprendre de l'activité dans leurs armements de Cadix, de manière à avoir dans un mois dix vaisseaux de guerre, soit pour intercepter le détroit aux escadres anglaises, soit pour se combiner avec les escadres françaises et russes de la Méditerranée;

2° A me faire fournir promptement à Cadix les six vaisseaux que les Espagnols nous doivent.

3° Vous l'autoriserez à offrir pour le due de Parme, indépendamment de la Toscane, l'État die Lucques, mais à condition que les Espagnols nous donneraient trois frégates de celles qui sont à Barcelone ou à Carthagène et six vaisseaux de guerre de ceux qui sont à la Havane, parfaitement armés. J'enverrai les matelots et les soldats les prendre. Les vaisseaux devront avoir trois mois de vivres, et l'Espagne nous fournirait un crédit de 600,000 francs sur la Havane.

4° Vous lui ferez connaître que, si le roi d'Espagne veut se relâcher à ne pas occuper une des provinces du Portugal, il pourra consentir, à condition que le roi de Portugal nous remettra les trois vaisseaux qui m'ont bloqué à Alexandrie, et cela indépendamment des autres conditions. 

A ces conditions, il peut conclure avec cette puissance. Envoyez lui le pouvoir pour cette négociation, et annoncez-lui que le traité relatif au plan maritime a été ratifié; je vous le renvoie; vous lui ferez connaître que l'on ne peut le mettre sur parchemin, parce, qu'il faudrait le faire copier, et cela trahirait le secret.


Paris, 2 mars 1801

Au citoyen Savary, aide de camp du Premier Consul

Le chef de brigade Savary partira en toute diligence pour se rendre à Lorient  Il remettra la lettre du ministre de la marine au préfet maritime. Il restera dans cette ville jusqu'à ce que l'Argonaute, l'Union et une des trois frégates soient partis pour Rochefort; il. verra tous les jours le préfet maritime et le contre-amiral Bedout, pour en presser le départ. Après quoi, il se rendra à Rochefort,, où il restera jusqu'après le départ de l'escadre.

Dans l'un et l'autre port, il m'écrira tous les soirs pour me faire connaître l'état des approvisionnements et de l'armement, quel sera. le vent, et l'état des croisières.

Lorsque l'état des croisières sera douteux, il se mettra lui-même en mer, on ira sur des caps, pour connaître lui-même la force et le nombre des vaisseaux.

Toutes les fois qu'il y aura un événement extraordinaire, il pourra, m'expédier un courrier.

A la seconde dépêche qu'il m'écrira de Lorient, il me fera connaître l'état de situation de tous les vaisseaux en construction et ce qu'il faudrait pour activer les travaux.

 En arrivant au port, il aura toujours soin de faire une visite au préfet maritime, au commandant de la place, au sous-préfet et au maire.

Dans tous les lieux où il séjournera, il prendra des notes sur les principaux fonctionnaires publics et sur l'état de l'esprit public.

Avant de partir, il verra le ministre de la marine.


Paris, 2 mars 1801

ARRÊTÉ

ARTICLE ler. - Une division de quatre vaisseaux de 74 ou au plus de 80, ayant 1'eau et les vivres pour six mois de navigation sera prête à partir de la rade de Brest dans la première décade de germinal.
ART. 2. - Les magasins de Brest ne lui fourniront des vivres que pour un mois; le reste des vivres sera prêt à Rochefort.
ART. 3. - Le contre-amiral Latouche-Tréville aura le commandement de cette division.
ART. 4. - Le ministre de la marine est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Paris, 2 mars 1801

ARRÊTÉ

ARTICLE ler. - À son arrivée à Rochefort, l'amiral Bruix arborera, sur un des pavillons de l'escadre, le pavillon d'amiral.
ART. 2. - Les préfets maritimes, les officiers de terre et de mer des ports et des colonies françaises où cet amiral abordera, seront immédiatement sous ses ordres.
ART. 3. -Il jouira d'un traitement extraordinaire de 50,000 francs par an, à dater du jour où il entrera en rade jusqu'à celui de son débarquement.


Paris, 2 mars 1801

Au contre-amiral Ganteaume

Je reçois à l'instant même une lettre de Constantinople, du 1er pluviôse. L'amiral Keith était arrivé avec six vaisseaux de guerre et 50 transports dans la baie de Macri, près de Rhodes, où il avait débarqué.

Quatre vaisseaux et quatre frégates étaient devant Alexandrie attendant six frégates françaises qu'on lui avait annoncées être en armement à Toulon. Le second convoi de l'amiral Keith, escorté à deux vaisseaux de guerre, était parti de Malte et avait été dispersé dans l'archipel par une tempête.

Si vous aviez continué votre chemin, votre mission était sûre: vous couvriez de gloire la marine française, et vous conquériez la paix maritime, puisqu'elle devenait son objet et que la balance est actuellement tout entière dans l'expédition anglaise en Égypte.

Vous n'avez vu devant Mahon que l'amiral Warren avec quatre vaisseaux de guerre et des frégates, et, s'il s'est détaché quelques vaisseaux de l'escadre de Brest pour vous suivre, cela n'a été que dix-huit jours après votre départ. Si, dans ce moment, vous êtes bloqué par une force supérieure à la vôtre, ce serait un signe que les vaisseaux de l'Océan auraient eu le temps de joindre l'amiral Warren.

Si vous n'êtes pas bloqué par des forces supérieures, levez l'ancre, tous les ports de la Sicile vous sont aujourd'hui ouverts; il est cependant inutile de s'y engager sans raison. Vous pourrez atterrir à Damiette ou sur Alexandrie, suivant les nouvelles que vous recevrez.

Si, au contraire, vous êtes bloqué par des forces supérieures, tenez toujours votre escadre en haleine, ne laissez point débarquer votre monde, profitez du coup de vent de l'équinoxe.


Paris, 3 mars 1801

ARRÊTÉ

Les Consuls de la République, après s'être fait rendre compte du projet de code civil rédigé, en conséquence de leur arrêté 24 thermidor, par les citoyens Tronchet, Portalis, Bigot de Préameneu et Maleville, arrêtent ce qui suit :

ARTICLE ler. - Le ministre de la justice fera connaître aux citoyens Tronchet, Portalis, Bigot de Préameneu et Maleville la satisfaction du Gouvernement.
ART. 2. - Le tribunal de cassation sera invité par le même ministre à nommer une commission de cinq membres, qui discuteront  ce projet de code et feront leurs observations sur chacun des articles qu'il renferme.

Dans la première décade de prairial, le travail de cette commission sera remis au ministre pour être présenté au Gouvernement.

Le ministre de la justice est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Paris, 3 mars 1801

Au citoyen Fouché, ministre de la police générale

Les nommés Bourmont, d'Andigné, Suzannet, Ingant de Saint- Maur seront envoyés, deux dans les prisons de la citadelle de Besançon, et les deux autres dans les prisons de la citadelle de Dijon.

Prenez des mesures pour qu'ils soient tenus de manière qu'ils ne puissent se sauver.


Paris, 3 mars 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Le marquis de Gallo doit aller vous voir. Faites-lui connaître que le négociateur est parti pour le quartier général de l'armée du Midi; que vous m'avez mis sous les yeux ses pleins pouvoirs; que, dès l'instant que j'en ai eu connaissance, j'ai ordonné que toute négociation cessât avec lui, et que vous allez lui remettre une note en réponse à la communication de ses pleins pouvoirs, dans laquelle vous lui direz que, n'étant point question dans ses pleins pouvoirs des plénipotentiaires de l'empereur de Russie, mais seulement de ceux de l'Angleterre et de l'Autriche, ces pleins pouvoirs étaient regardés comme nuls, parce qu'ils méconnaissaient l'influence du seul prince qui avait intercédé pour eux auprès du Gouvernement français; qu'il devait donc considérer sa mission auprès du Gouvernement français comme finie.


Paris, 3 mars 1801

Au citoyen Talleyrand

Tout ce qui me revient sur la conduite du marquis de Lucchesini me confirme dans l'opinion que j'avais déjà qu'il faut le faire rappeler. Il me paraîtrait donc convenable que Beurnonville fût chargé d'une lettre de vous à M. de Haugwitz, dans laquelle vous lui ferez connaître que, la conduite que M. de Lucchesini tient dans ce pays n'étant pas celle qu'on a le droit d'attendre d'un ministre d'une puissance amie, je désire qu'il soit rappelé et remplacé par un autre ministre.


Paris, 3 mars 1801

DÉCISION

Le ministre de la guerre demande si le recours en cassation contre les jugements des commissions militaires extraordinaires, créées pour la répression du brigandage, est permis pour cause d'incompétence.

Il n'y a pas lieu au recours  contre les jugements des commissions militaires.


Paris, 3 mars 1801

Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies

Le télégraphe m'apprend aujourd'hui, Citoyen Ministre, que le contre-amiral Dordelin n'est pas parti. Je désire que vous fassiez connaître, par un courrier extraordinaire, au préfet maritime que, sans retarder d'un seul instant le départ de ce contre-amiral, il renforce de deux ou trois vaisseaux de guerre l'escadre du contre-amiral Dordelin, mais, encore une fois, sans le retarder d'une heure et sans l'empêcher de profiter des occasions favorables qui peuvent se présenter.

Le Gouvernement attache la plus grande importance à ce que ce le contre-amiral arrive sans délai à sa destination.


Paris, 4 mars 1801

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Il y aura chaque année à Paris une exposition publique des produits de l'industrie française, pendant les cinq jours complémentaires; cette exposition fera partie de la fête destinée à célébrer l'anniversaire de la fondation de la République.
ART. 2. - Tous les manufacturiers et artistes français qui voudront concourir à cette exposition seront tenus de se faire inscrire avant le 15 messidor au secrétariat général de la préfecture de leur département, et d'y remettre des échantillons ou modèles des objets d'art qu'ils désireront exposer.
ART. 3. - Les produits des découvertes nouvelles et les objets d'une exécution achevée, si la fabrication en est connue, pourront seuls faire partie de l'exposition; ces produits et ces objets ne seront admis qu'après un examen préalable, et sur le certificat d'un jury particulier de cinq, membres, nommé à cet effet par le préfet de chaque département.
ART. 4. - Les Opérations de ce jury seront terminées au 1er thermidor, et les préfets feront publier et afficher les noms des manufacturiers et artistes de leurs arrondissements respectifs, dont les productions auront été jugées dignes d'être présentées au concours général qui aura lieu à Paris. Ils indiqueront l'espèce et la qualité de ces produits.
ART. 5. - Les objets dont les jurys de département auront prononcé l'admission seront examinés par un nouveau jury, composé de quinze membres nommés par le ministre de l'intérieur. Ce jury désignera les douze manufacturiers ou artistes dont les productions lui auront paru devoir être préférées à celles de leurs concurrents. Il indiquera, en outre, les vingt autres manufacturiers ou artistes qui auront mérité, par leurs travaux et leurs efforts, d'être mentionnés honorablement.
ART. 6. - Les citoyens désignés par le jury seront présentés au Gouvernement par le ministre de l'intérieur.
ART. 7. - Un échantillon de chacune des productions désignées par le jury sera déposé au Conservatoire des arts et métiers, avec une inscription particulière qui rappellera le nom de l'artiste qui en sera l'auteur.
ART. 8. - Le procès-verbal contenant le choix motivé du jury sera transmis à tous les préfets, qui en donneront connaissance à leurs administrés.
ART.'9. - Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré au Bulletin des lois


Paris, 4 mars 1801

Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies

Je vous prie, Citoyen Ministre, de me faire connaître combien de temps il vous faudrait pour réunir à Boulogne 100 bateaux on chaloupes canonnières.

1° Dans quel port se trouvent, dans ce moment-ci, ces chaloupes canonnières, et dans quel état sont-elles ?
2° Combien il a été reconnu, dans le temps, que la côte, depuis le Havre jusqu'à Ostende, pouvait fournir de chasse-marée? Combien ces 100 bateaux ou chaloupes canonnières et ces chasse-marée pouvaient porter d'hommes?
3° Combien de bateaux pouvaient sortir, dans une marée, de Boulogne ? Combien a-t-il été reconnu que ce port pouvait en contenir?

J'avais, dans le temps, ordonné des travaux; qu'a-t-on fait et que faudrait-il faire?

Je désirerais que vous pussiez me remettre demain à deux heures ces différents états.


Paris, 4 mars 1801

Au citoyen Toussaint Louverture, capitaine général de la partie française de Saint-Domingue

A peine la paix du continent est-elle signée, les limites de la République fixées au Rhin et considérablement accrues en Italie, que je me suis fait rendre compte de la situation actuelle de Saint-Domingue.

On a mis sous mes yeux les différentes lettres que vous m'avez écrites, les différentes proclamations que vous avez faites.

Je charge le ministre de la marine de vous envoyer le brevet de capitaine général de la partie française de Saint-Domingue. Le Gouvernement ne pouvait pas vous donner une plus grande marque de confiance. Employez tout entière votre influence à maintenir la paix, à encourager l'agriculture. Disciplinez et organisez les gardes nationales et le corps de troupes soldées, afin que le Gouvernement puisse trouver dans leur courage et leurs efforts un moyen de plus de triompher de nos ennemis.

Le temps, j'espère, ne tardera pas où une division de l'armée de Saint-Domingue pourra contribuer à agrandir, dans vos climats, la gloire et les possessions de la République.

Je vous salue affectueusement.


Paris, 4 mars 1801

INSTRUCTIONS POUR LE PRÉFET COLONIAL

Acquérir de l'influence sur Toussaint Louverture, ne lui donner aucun ombrage, le guider et diriger ses efforts et son esprit pour le maintien de l'ordre, de la tranquillité et de l'agriculture, voilà toutes les instructions à donner au préfet maritime. Par le système adopté par le Gouvernement, Toussaint devient le premier agent de la République à Saint-Domingue. Rallier autour de lui tous les habitants de l'île. Retracer de toutes les manières au peuple la gloire de la République, et quelquefois lui faire connaître que le temps n'est pas éloigné où les légions noires vont paraître avec gloire et coopérer à la gloire de la République, et leur faire désirer ce moment. Aller à la messe, et ne rien oublier pour leur conserver toutes leurs idées religieuses.


Paris, 5 mars1801

Au général Berthier, ministre de la guerre

1° Laisser les cadres actuellement existant dans la République, savoir : 110 demi-brigades de ligne dont 31 à deux bataillons, 30 demi-brigades d'infanterie légère dont 10 à deux bataillons, 8 régiments d',artillerie de ligne.
2° Réduire la compagnie d'infanterie de ligne à 79 hommes, compris les officiers, ce qui formerait le complet de paix, sauf, au moment de la guerre, à compléter les compagnies telles qu'elles sont aujourd'hui.
Au lieu de 3,000 hommes, le complet de la demi-brigade de ligne serait de 9,000 hommes, et celles à deux bataillons à 1,300 hommes. L'armée française serait donc, en temps de paix, de 200,000 hommes d'infanterie de ligne.
3° Les demi-brigades d'infanterie légère auraient également leurs compagnies de 72 hommes. Les bataillons n'auraient que cinq compagnies. Il n'y aurait donc que quinze compagnies par demi-brigade.

Ainsi, les demi-brigades composées de deux bataillons ayant dix-huit compagnies seraient mises au niveau des autres.

La demi-brigade d'infanterie légère serait de 1, 100'hommes. La République aurait donc près de 32,000 hommes d'infanterie légère. 
4° Les cadres des régiments d'artillerie resteraient comme ils sont; mais les compagnies seraient également réduites à un état de paix, comme elles étaient avant la guerre; on croit que chaque régiment ne doit pas former plus de 12 à 1300 hommes.

On n'aurait donc pas plus de 16 à 18,000 hommes d'artillerie, compris les ouvriers et les mineurs.

Il n'y aurait que deux compagnies de pontonniers : on les désignerait par le nom de pontonniers pour l'Allemagne et pontonniers pour l'Italie.

5° Ainsi, toute l'infanterie se monterait à 250,000 hommes.

6° La gendarmerie, les vétérans font ensemble 30,000 hommes.

7° Il faudrait que les 84 régiments de cavalerie fissent 40,000 chevaux en conservant les cadres pour 40,000.

8° Les forces de la République seraient donc:

En infanterie, artillerie, etc. . . . . . . 250,000
Cavalerie . . . . . . . . . . . . . . . 40,000
Gendarmerie, vétérans. . 30,000
Total: 320,000

L'armée d'Orient, qui a 14 demi-brigades, 5 régiments de cavalerie et un régiment d'artillerie, se trouve portée dans cet état pour 28,000 hommes.

On pourrait laisser dans les différentes parties de l'Italie:

15 demi-brigades de ligne;
5 demi-brigades légères;
10 régiments de cavalerie;

 ce qui serait compté sur le tableau ci-dessus pour près de 50,000 hommes.

Il resterait pour la fin de l'au IX, et probablement pour l'an X, 250,000 hommes à peu près à payer.

Je désire connaître positivement si ces 250,000 hommes, l'entretien des places, les travaux à faire pour l'an X, les travaux pour l'artillerie, la fabrication des fusils pour l'an X, tout cela, cependant, sur le pied de paix, coûtera plus de 170 millions, argent comptant.

Quant à l'état-major général, on suivra le règlement du (16 vendémiaire an IX, 8 octobre 1800) en mettant moitié en activité de service, moitié hors d'activité.


Paris, 6 mars 1801

Au général Sahuguet

Le général Ganteaume, Citoyen Général, va remettre à la voile. La paix maritime sera décidée par le succès de l'expédition que vous commandez.

Parvenez, en débarquant soit à Derne, ou à Damiette, ou à Alexandrie, à porter des secours à l'armée d'Égypte : les Anglais perdront tout espoir de pouvoir nous l'arracher, et dès lors s'empresseront de souscrire à des conditions plus honorables.

Vous trouverez ci-joint une petite instruction que je vous ai faite pour vous guider, si jamais vous débarquiez dans un endroit d'où vous ayez des déserts à traverser.

Tâchez d'embarquer le plus d'officiers possible qui aient été en Égypte et qui se trouveraient aujourd'hui à Toulon. Embarquez aussi des hommes qui sachent l'arabe.


Paris, 6 mars 1801

INSTRUCTIONS POUR LE GÉNÉRAL SAHUGUET

L'ordre de bataille à prendre, lorsqu'on est attaqué par les Arabes ou par les Turcs, est celui-ci :

1° Si l'on a de 2,400 à 3,000 hommes d'infanterie, l'on formera trois carrés chacun de 7 à 800 hommes, sur trois de hauteur, et chacun éloigné de l'autre de 150 toises.

On aura à chaque carré le tiers de son artillerie.

2° 1,600 ou 1,200 Arabes à cheval ne peuvent rien contre 400 hommes d'infanterie, formant toujours le bataillon carré.

3°, Il n'y a pas de sûreté pour les généraux, officiers et autres, de s'éloigner à plus de 100 toises des carrés : car un petit monticule de sable suffit pour cacher trois ou quatre Arabes, qui tuent l'homme isolé avant qu'il puisse rejoindre son carré.

Sous quelque prétexte que ce soit, serait-ce même pour parcourir 50 toises, un homme seul ne doit pas être envoyé en ordonnance; mais toujours une escouade de 10 hommes, marchant en bon ordre et pouvant faire feu de tous côtés.

Lorsque l'on a des carrés, on ne doit jamais envoyer des éclaireurs en avant du corps de bataille, mais bien des escouades de 10 hommes, toujours en bataille et ensemble.

4° Un grand respect pour la religion, beaucoup de cajoleries aux cheiks.

5° Un chameau porte facilement de l'eau pour 100 hommes par jour.

6° Il y a peu de déserts où l'on ne trouve de l'eau au moins tous les deux jours.

7° Arrivé à un puits, y mettre des gardes pour empêcher les soldats de gâter l'eau.

8° Il faut que chaque soldat ait un bidon ou une gourde; et, si l'on ne trouvait pas à Toulon la quantité de bidons ou gourdes nécessaires, il faudrait donner à chaque soldat une bouteille, qu'il porterait attachée avec une ficelle.

9° Il faut qu'il y ait par compagnie deux pelles et deux pioches, car quelquefois les Arabes comblent les puits, et il faut les nettoyer.

10° Avec un peu d'argent et d'adresse, on trouvera des chevaux pour les pièces de campagne; mais il faut avoir ses harnais, un chef ou conducteur de charretiers, une trentaine de charretiers et un bourrelier.

11° Voici la conduite que l'on pourrait tenir si les circonstances forçaient à débarquer à Derne:

Mouiller avec l'escadre devant la ville et débarquer dans les vingt-quatre heures; 

S'emparer de la ville, convoquer les cheiks, exiger que les mosquées fussent ouvertes comme à l'ordinaire, respecter leurs harems;

Faire connaître aux chefs du pays que l'on ne veut que passer pour se rendre à Alexandrie.

Il y a à Derne des individus qui ont des correspondances avec le Caire et qui pourront donner des nouvelles; il y a même des anciens consuls français auxquels on pourra se fier.

On croit que l'on peut se procurer sur-le-champ à Derne 200 chameaux, une centaine de chevaux, que l'on emploierait pour faire partir 400 hommes pour Alexandrie, avant qu'il y eût en du mouvement parmi les habitants éloignés du désert. Il faut envoyer, avec ces 400 hommes, un ou deux officiers qui aient déjà été en Égypte et traversé le désert. Les Arabes conducteurs de chameaux indiqueront la route.

On emploiera de préférence des mulets, et, dans le cas où il n'y en aurait pas, les douze premiers chevaux, à atteler deux pièces de 4 qui serviront à éloigner les Arabes.

Dix chameaux porteront les approvisionnements de ces deux pièces, et dix autres chameaux porteront les cartouches nécessaires à ces 400 hommes.

On expédiera plusieurs dromadaires du pays, pour annoncer au général commandant à Alexandrie l'arrivée des troupes. On promettra de grandes récompenses à ces courriers s'ils rapportent la réponse. D'autres courriers seront adressés directement, an Caire, au général Menou.

On demandera à ces deux généraux, 

1° qu'ils envoient, au-devant du détachement qui a débarqué, des hommes du régiment des dromadaires, de bons guides du pays, quelques Mameluks, et enfin quelques hommes de cavalerie;
2° qu'ils envoient quelques sapeurs, avec deux pièces d'artillerie et un détachement suffisant d'infanterie, à six journées de l'Égypte, à El-Baratoun, qui est porté sur les cartes de la Méditerranée comme pointe Ramedan, pour y établir une redoute, un magasin , et pouvoir y envoyer du biscuit, de l'eau-de-vie et de la viande , afin que les détachements puissent trouver des rafraîchissements.

Pendant que l'on fera ces expéditions, on sondera le mouillage de Bombah. Les frégates mouilleront et on s'emparera des puits.

Dès l'instant qu'il sera prouvé qu'il y a de l'eau en assez grande quantité pour boire, et que l'on peut protéger une escadre, elle s'y portera, y mouillera et débarquera sur les deux frégates, les corvettes et les bricks, tous les fusils et autres objets qui sont destinés à l'armée d'Égypte, et la grosse artillerie nécessaire pour établir des batteries.

On aura eu soin de se munir de quatre grils à boulets rouges et des ustensiles nécessaires.

On mettra les pièces de 36 et de 24 du côté de la mer, et les petites pièces du coté de la terre.

S'il y a des palmiers, une palissade de ces arbres suffira; on les coupe, on les enfonce en terre, en laissant vingt pieds dehors; on fait derrière une espèce de terre-plein avec du sable, sur le saillant duquel on place le canon.

Avec les palmiers, on fait, en les croisant, des hangars pour y mettre des approvisionnements.

Lorsque l'escadre aura débarqué sur les frégates tous les vivres et objets nécessaires à l'établissement, une corvette et deux des avisos se rendront le long de la côte, à El-Baratoun, où il y a une petite anse. Ils verront s'il y a sûreté pour le mouillage des petits bâtiments, s'empareront des puits qui s'y trouvent, et y débarqueront 300 hommes, deux pièces de 4 de campagne et quatre pièces de 8 de marine, avec du biscuit, du vin et de l'eau-de-vie.

Les bâtiments qui pourront être en sûreté contre les mauvais temps mouilleront dans cette petite anse, et, s'il y a possibilité d'établir sur terre une batterie, on l'établira.

D'El-Baratoun à Alexandrie il n'y a que six grandes journées; on trouve de l'eau deux fois par jour.

S'il y a des palmiers, on entourera sur-le-champ les puits d'une redoute en palissade, et on construira des magasins pour y mettre les vivres et autres objets; on attendra les caravanes qui arriveront de Derne ou de Bombah, pour se rendre à Alexandrie.

Dès l'instant que l'on aura bien reconnu ce mouillage, la moitié des approvisionnements de guerre destinés à l'armée d'Égypte et embarqués sur les frégates, corvettes ou avisos, se rendra à El-Baratoun. On débarquera au moins 3 ou 400 hommes de renfort, et la moitié des approvisionnements destinés à l'armée, et surtout les biscuits et autres vivres nécessaires au passage de la division qui aurait débarqué à Derne, de manière que l'établissement de Bombah n'aurait à fournir de vivres que jusqu'à El-Baratoun.

Le point d'El-Baratoun se trouverait donc approvisionné de Bombah par mer et d'Alexandrie par terre. On calcule que de Bombah à El-Baratoun il y a huit grandes journées de marche; l'eau y est beaucoup plus rare que d'El-Baratoun à Alexandrie.

Dans tous les cas, la position de Bombah et celle d'El-Baratoun seront fortifiées et toujours occupées par l'armée française parce que tous les avisos et les secours qui seraient dirigés de France en Égypte seraient dirigés sur Bombah, sur El-Baratoun, sur Alexandrie, sur Damiette, et dès lors il serait impossible aux Anglais de les empêcher de parvenir.


Paris, 6 mars 1801

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire partir dans la journée de demain un officier qui ait fait la campagne de Syrie. Il se rendra en poste à Toulon, et portera au général Sahuguet 200,000 francs en or, qui doivent être employés aux dépenses extraordinaires de la division, dans le cas où l'on ne débarquerait pas à Alexandrie ou à Damiette. Dans le cas où il débarquerait en Egypte, cette somme servirait à payer la solde de la division. Ainsi, elle sera portée à la trésorerie sur les états de la solde. J'écris en conséquence au ministre des finances.


Paris, 6 mars 1801

Au contre-amiral Ganteaume

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Général, copie d'une lettre que je reçois de Gênes. Les lettres de Vienne me donnent les mêmes nouvelles. Puisque vous n'êtes pas bloqué, il n'y a aucune espèce de doute que vous n'avez eu devant vous que l'escadre de l'amiral Warren.

Vous avez manqué un beau coup. Vous étiez à l'heure qu'il est à Alexandrie, et l'Égypte était sauvée. Il vous reste actuellement à réparer promptement le temps perdu.

L'amiral Keith ne tardera pas à apprendre votre entrée dans la Méditerranée, ce qui ne laissera pas de l'inquiéter beaucoup. Il n'est pas probable qu'il laisse son convoi et qu'il reste avec moins de huit on neuf vaisseaux.

D'un autre côté, ce qui est certain, c'est que les Anglais, compris les quatre vaisseaux de Warren et celui qui est à Porto-Ferrajo, les quatre qui sont à Alexandrie, n'ont en tout que dix-huit vaisseaux de ligne dans la Méditerranée.

L'amiral Warren et les officiers de marine anglais savent trop bien leur métier pour ne pas bloquer Toulon, s'ils avaient sept vaisseaux à leur disposition. Ils ne peuvent donc pas être à la fois devant Alexandrie, devant Damiette, à Jaffa et à Rhodes. Avec de la promptitude, de la hardiesse et de bonnes manœuvres, vous pouvez jeter votre corps de troupes en Égypte, enlever tous les bâtiments qui se trouvent dans la rade de Jaffa et retourner triomphant en France ; c'est l'opinion de tous les marins et l'attente de tout le monde. Le grand soin que vous devez avoir, c'est de ne mouiller jamais et de rester très-peu de temps sur le même degré.


Paris, 6 mars 1801

Au contre-amiral Ganteaume

Je reçois, Citoyen Général, votre lettre du 10 (1er mars). Partez; tout moyen que vous prendrez pour faire passer des secours en Égypte sera bon. Vous trouverez ci-joint une -petite instruction dans le cas où les ci constances vous porteraient à débarquer sur les côtes de Derne; vous sentez que ce parti ne doit être pris que lorsque vous aurez la certitude de l’existence d'une escadre supérieure devant Alexandrie.


Jérôme est-il mort ou vivant? Nous n'en entendons pas parler.


 Paris, 6 mars 1801

INSTRUCTIONS POUR LE CONTRE-AMIRAL GANTEAUME

I

1° De Bombah en Égypte, par terre, il y a quinze jours de marche dans le désert.
2° Le point de milieu est El-Baratoun, à huit on dix journées de Bombah et à six on sept marches d'Alexandrie.
3° D'Alexandrie à El-Baratoun, en trouve de l’eau quelquefois deux fois par jour.
4° D'El-Baratoun à Bombah, on trouve de l’eau tous les deux jours.
5° El-Baratoun est le point vis-à-vis duquel les deux frégates la Carrère et la Muiron se trouvaient le 13 fructidor (31 août 1800): il est marqué sur la carte, la pointe Ramedan; on n'a point d'autres détails.
6° Si à El-Baratoun il y avait un mouillage à l’abri des mauvais temps et tel que des bricks, des avisos, des bâtiments de 150 tonneaux pussent être mis à l'abri des forces ennemies, et qu'à portée il y eût de l’eau pour boire, nul doute que débarquer des troupes dans cet endroit produirait presque le même résultat que les débarquer à Alexandrie.
7° A Bombah il doit y avoir de l’eau douce en grande quantité et un mouillage, à ce que l’on croit, meilleur. D'ailleurs Bombah n'est qu'à dix lieues de Derne, qui offre toute espèce de ressources.

II

8° Si donc on a le projet de débarquer sur la côte du désert, depuis Berne à Alexandrie, il faut

1° embarquer 5 on 6,000 bouteilles pour pouvoir en distribuer aux soldats en débarquant et servir de bidons;
2° des harnais de trait pour 40 ou 50 chevaux, avec deux ou trois conducteurs d'attelage intelligents, un maître bourrelier et une vingtaine de charretiers; 15 ou 90 soldats, officiers et autres individus qui se trouveraient à Toulon et qui auraient déjà été en Égypte; emporter la quantité de briques nécessaire pour construire promptement des fours pouvant fournir 500 rations chacun; emmener les maçons nécessaires pour les construire; emporter deux moulins à bras pour moudre le blé.

9° On doit s'assurer que l'on a embarqué, comme faisant partie de l’expédition, 3 ou 4 officiers du génie et autant d'artillerie, indépendamment de ceux des compagnies.
10° L'escadre du contre-amiral Ganteaume devrait être augmentée de trois frégates ou corvettes, de cinq ou six gros bricks, avisos on chebecs très-bons voiliers; il faudrait quatre grils à boulets rouges et les ustensiles nécessaires, deux mortiers à la Gomer de 12 pouces, et 900 bombes par mortier, avec tout ce qui est nécessaire pour leur service.
11° S'assurer que l'on a au moins 200 cartouches par homme d'infanterie et 200 coups à tirer par pièce de campagne, à balles ou à boulets;, au moins 1,000 outils à pionniers, emmanchés et prêts à servir; 20,000 sacs à terre et 200 haches.

Avoir une escouade de mineurs, et, si l’on ne peut s'en procurer, des artilleurs connaissant le service des mines.

III

 L’escadre du contre-amiral Ganteaume étant composée de

       7 vaisseaux de guerre………………. 3,500 hommes.
       2 frégates………………………………. 400
       3 nouvelles frégates ou corvettes . ….. . 600
       5 nouveaux bricks………………………400
                              Total . . . . . ……………4,900

si ces 4,900 hommes n'existent pas dans l’expédition, on doit se procurer à Toulon le supplément; et, indépendamment des fusils que l'on a embarqués pour l’armée, on doit avoir un fusil pour chaque individu qui ne serait pas armé.  Tout cela supposé, voici comme on conçoit que l'opération pourrait se faire :

Avoir tous les pilotes pratiques que l’on pourra se procurer, connaissant la côte de Derne; si ces pilotes, qui ont fréquenté El-Baratoun, indiquent qu'il y a une anse telle que huit ou dix bâtiments de 150 tonneaux pourraient être à l’abri de toute espèce de tempête, on pourrait aller droit là vérifier qu'il y a la quantité d’eau nécessaire pour alimenter les 3 au 4,000 hommes.
Cette première vérification faite, on y opérerait son débarquement; on ferait entrer dans l’anse tous les avisos qui pourraient y entrer; on y laisserait même sept ou huit chaloupes appartenant à l'escadre; on débarquerait des vaisseaux tout ce qui serait nécessaire pour mettre cette anse à l'abri des Anglais, et, après avoir débarqué le plus de vivres de toute espèce, l’escadre s'éloignerait. Elle ferait faire une croisière à une on deux corvettes pour prendre des bâtiments de n'importe quelle nation, les amener dans la petite anse, afin d’employer le matériel du bâtiment et ses denrées à cet établissement, et en rapporter des nouvelles.

Avec de l’eau, il faut du bois et des vivres.

L’escadre, en laissant des vivres pour un mois ou quarante jours pour 4,000 hommes, il y en aurait pour deux ou trois mois pour les 600 hommes de rétablissement; Alexandrie y pourvoirait par la suite.

Les frégates, d'ailleurs, qu'on laisserait en croisière, seraient probablement assez heureuses pour s'emparer de quelques bâtiments chargés de blé ou de farine qui alimenteraient cette garnison.

Quant au bois, ou dans cet endroit il y a des forêts de palmiers ou des buissons, ou non; s'il n’y en a pas, il faudrait alors jeter à la côte les deux plus mauvaises des corvettes, quelques avisos, et les dépecer. Les grands mâts pourraient servir de points de reconnaissance pour les navigateurs.

Mais si cette anse n'existe pas, et que l’on croie devoir débarquer à Bombah, il faudrait alors s'emparer de Derne. Voici alors, comment en conçoit l’opération :

Mouiller et débarquer devant Derne ; envoyer chercher les principaux du pays et notamment les consuls français; faire dire que l’on veut se rendre en Égypte, et non faire du mal à Derne : qu'ils aient donc à rester tranquilles; mettre une garde à chaque porte de la ville; camper auprès des sources d'eau et demander sur-le-champ 200 chevaux et 600 chameaux; faire sentir que, si l'on fournit promptement ces moyens de transport, on ne foulera pas le pays, puisque l’on ne veut que passer.

Pendant ce temps-là, envoyer des frégates reconnaître d'une manière précise Bombah; y débarquer 400 hommes; s'assurer que le mouillage est bon, que les frégates peuvent y ère défendues contre des forces supérieures, et qu'il y a de l’eau douce pour abreuver l’établissement.

Dès l'instant que ces différents points auront été reconnus, faire embarqué sur les frégates, corvettes ou avisos, tout le matériel destiné à l'armée d'Égypte, faire entrer ces bâtiments dans le port de Bombah, et tenir ces objets sur les frégates.

Débarquer quatorze pièces de 24 ou de 36 des vaisseaux, les approvisionner à 300 coups; débarquer les deux mortiers, les grils à boulets rouges, une partie du biscuit et des farines, les briques ; construire les fours, tracer les fortifications et établir des magasins pour l'établissement; envoyer une corvette et deux ou trois dés meilleurs avisos à El-Baratoun; quel que soit le lieu du débarquement, y débarquer 2 ou 300 hommes, s'emparer des puits, construire une redoute en palissades, débarquer du biscuit, de l'eau-de-vie et du vin, de manière que ce point central se troupe approvisionné et puisse fournir des approvisionnements aux troupes qui se rendront de Derne à Alexandrie.

Expédier promptement une première caravane pour l’Égypte, se procurer des chameaux, des chevaux, approvisionner le plus possible, avant le départ de l'escadre, le poste de Bombah, y laisser une garnison, c'est l'affaire du général commandant le débarquement.

Dès l'instant que le contre-amiral Ganteaume verra que l’on est maître de Derne, que l’établissement de Bombah est formé, et qu'il aura débarqué tous les objets de l'armée d’Égypte, il laissera les frégates et les avisos dans le port de Bombah, sous les ordres d'un capitaine de vaisseau ayant la confiance du général Sahuguet, et il reprendra le large avec son escadre.

Le contre-amiral Ganteaume laissera au capitaine commandant les frégates et corvettes l’instruction de fortifier du côté de la mer le port de Bombah, de prendre les ordres du général commandant les troupes de terre, d'expédier à El-Baratoun pour l’approvisionnement des corvettes et avisos, de faire reconnaître toutes les petites anses depuis Bombah jusqu'à El-Baratoun.

Quarante-huit heures après que l'escadre aura mis à la voile et sera hors de vue, expédier à Alexandrie des bricks ou avisos pour instruire du débarquement le général commandant cette place, afin qu'il envoie à El-Baratoun des vivres, des chameaux et tous les secours qu'il pourra envoyer.

Avant de partir de Derne, le contre-amiral Ganteaume écrira une lettre aux beys de Derne et de Benghazy, pour les instruire que son but n'est que de passer, qu'il a formé un établissement à Bombah, et qu'il espère qu'ils le protégeront.

Si les vents portent le contre-amiral Ganteaume à Tripoli, il s’approchera assez près de la côte pour se faire voir; il parlementera avec le consul français, et écrira au bey de donner des ordres pour que l’on favorise l'établissement de Bombah.

Le contre-amiral Ganteaume se guidera selon les renseignements qu'il aura. En faisant abstraction des vents, on pense que huit on dix jours doivent suffire au contre-amiral Ganteaume pour son opération de Derne et de Bombah. Cette expédition attirera l'attention des Anglais, rien donc ne serait plus naturel et mieux imaginé qu'en levant l’ancre de Derne le général Ganteaume établît une croisière dans la haute mer, se rendît à Jaffa pour ramasser tout ce qu'il trouverait dans ce port; il y trouvera cinquante ou soixante bâtiments de transport et cinq ou six corvettes turques ou anglaises, vu que c'est par ce port que se nourrit l'armée du grand vizir.

Selon les nouvelles qu'il aurait, il pourrait, ou faire la même opération à Acre, on opérer son retour.

Enfin, on pense que, soit que le contre-amiral Ganteaume débarque à Derne, soit qu'il débarque à Alexandrie ou à Damiette, il doit toujours, avant d'opérer son retour, tenter une croisière sur un point où les ennemis ne seraient pas. Cette marche paraît plus sûre que de revenir directement en France, parce qu'elle n'aura pas été prévue et déconcertera les mesures de l’ennemi.


 Paris, 6 mars 1801

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. – L’escadre du contre-amiral Ganteaume sera augmentée, à Toulon, de trois frégates ou corvettes et de trois bricks ou avisos.
ART. 2. - Le préfet maritime à Toulon lui fournira de 1,000 à 1,200 quintaux de biscuit, et 1,000 quintaux de grains ou farine, comme approvisionnement extraordinaire.
ART. 3. Le général commandant à Toulon fournira au contre-amiral Ganteaume le supplément de troupes dont il pourrait avoir besoin pour compléter le nombre de celles nécessaires à son expédition, et les armes et autres munitions de guerre.
ART. 4. - Les ministres de la guerre et de la marine sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté.


Paris, 7 mars 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je vous renvoie, Citoyen Ministre, vos mémoires sur l'Helvétie.

Les arrangements proposés de part et d'autre me paraissent très-convenables; mais il est un principe auquel le Gouvernement ne peut pas déroger : c'est de ne céder à une autre puissance un pouce de terrain qui serait constitutionnellement réuni; à plus forte raison ne céderai-je pas la terre de Sésigné, qui est de l’ancienne France. C'est là véritablement le cas d'appliquer les principes qui dérivent des droits de l’homme et du citoyen.

Je préfère donc que tout reste in statu quo sur les frontières de la Suisse et de la France; je leur demande le Valais jusqu'à une limite connue au delà de Brigg, de manière que de Genève on puisse aller, par le lac ou par la rive méridionale, à Villeneuve et de là au Simplon, en restant toujours sur le territoire français.

En compensation, nous donnerons à la Suisse le Frickthal, nous reconnaîtrons sa neutralité, et, à dater dune époque, telle, par exemple, que six mois après rétablissement du gouvernement définitif, nous renoncerons au bénéfice du passage par le territoire suisse.

Comme je désirerais faire décréter, dans la session actuelle, la réunion du Valais à la République, je vous prie de conclure ce traité dans la décade.


Paris, 7 mars 1801

Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies

J'ai lu avec la plus grande attention, Citoyen Ministre, le rapport du citoyen Lescallier (Daniel Lescallier, 1743-1832, commissaire générale de la marine.). Faites-lui connaître combien j'ai été satisfait de tous les détails qu'il vous donne.

Ecrivez au préfet maritime, à Toulon, qu'il se rende a bord de l'amiral, qu'il assemble les capitaines de vaisseau de l’escadre, et qu'il leur fasse connaître que le Gouvernement a vu avec peine que les prisonniers anglais à bord des vaisseaux n'avaient pas été séquestrés des équipages, et qu'on leur avait laissé une entière liberté; qu'au lieu de ramener tous ces prisonniers en France, on avait renvoyé sur un bâtiment neutre le capitaine anglais commandant l'Incendiaire, pour être conduit à Gibraltar;

Qu'on ait débarqué sur un suédois allant à Barcelone plusieurs passagers de l'escadre;

Que le capitaine Meyne, commandant le Jean-Bart, a manqué au service en ne s’emparant pas du bâtiment qu'il a rencontré venant de Malte, et en se permettant d’y débarquer les 50 ou 60 prisonniers anglais qu’il avait à son bord.


Paris, 7 mars 1801

Au citoyen Forfait

J'ai lu avec attention, Citoyen Ministre, votre lettre du 30 pluviôse. Je vous autorise à faire fréter à Bordeaux cinq grosses flûtes pouvant porter ensemble 1,000 à 1,200 hommes.

Il faudra deux frégates pour escorter ces cinq flûtes, et le général Collot pourrait partir avec le général Lacrosse.

On nommerait, pour commander ces 1,900 hommes, un général de brigade intelligent qui, à tout événement, pourrait suppléer le général Collot.

Ce général aurait ordre de gagner la Havane, quel que soit l’endroit où il débarquât en Amérique.

Je ne verrais pas d’inconvénient à accepter le préfet colonial que vous me proposez; mais je ne pense pas qu'il faille le mettre encore dans le secret.


 Paris, 7 mars 1801

Au citoyen Forfait

Puisque vous croyez le citoyen La Touche, Citoyen Ministre, capable de commander la flottille, je ne vois pas d'inconvénient à le choisir. Communiquez-lui l'arrêté sur la flottille et envoyez-moi votre rapport.

Paris, 9 mars 1801

Au citoyen Maleville, membre du tribunal de cassation.

Le Premier Consul a reçu, Citoyen, le mémoire que vous lui avez adressé, le 7 de ce mois, sur la conservation du bail à rente foncière. Il a reconnu, dans l'analyse parfaite des motifs qui soutiennent ou qui combattent ce mode de transmission de propriété, l'excellent esprit que vous avez porté dans la rédaction du code civil. Il a ordonné que votre mémoire fût conservé avec soin pour lui être représenté lorsque la discussion du code civil amènera l'examen de la matière importante que vous avez traitée.


Paris, 9 mars 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je désire, Citoyen Ministre, que vous fassiez venir les juifs Busnach et Bakry pour qu'ils expédient un courrier extraordinaire à Alger, afin de faire connaître les événements survenus en Angleterre (il s’agit de la démission du ministère Pitt), ceux du continent, l’arrivée de l'ambassadeur russe et l’entrée de l'escadre française dans la Méditerranée; ils ajouteront que j'ai été extrêmement mécontent d'apprendre le renvoi du citoyen Dubois-Thainville, mais que je l'ai été encore davantage de ce que le nouvel amiral avait fait mettre sur la frégate américaine le pavillon français comme ennemi; que je demande au dey la destitution de cet amiral, et que je désire qu'il se décide promptement à tenir une conduite qui l'honore à mes yeux et puisse me convaincre qu'il est mon ami.


Paris, 9 mars 1801

Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies

Le Premier Consul envoie au ministre de la marine un projet de lettre au général Magallon ; il désire que le ministre envoie à ce général deux ou trois exemplaires des ouvrages imprimés sur l’Égypte, qui ont paru chez Didot, au Louvre.

« Le ministre de la marine et des colonies au citoyen Magallon, Commandant à l'île de France.

                                                Paris, 18 ventôse an IX.

Votre aide de camp Blancy m'a apporté votre lettre; il a été présenté au Premier Consul. Il partira sous quinze jours pour opérer son retour dans la colonie, et vous portera les ordres du Gouvernement.

Le peuple français ne doute pas de l'attachement de la colonie à la gloire et à la prospérité nationale. Le Gouvernement sait qu'il peut compter, sur l’obéissance et la fidélité des citoyens français qui sont aux îles de France et de la Réunion.

L’article 91 de la Constitution, qui a ordonné que les colonies fussent régies par des lois particulières, a par cela seul abrogé toutes les autres lois. Et certes, lorsque le Gouvernement emploie tous les moyens pour cicatriser les plaies qu'ont faites dix ans de révolutions et de troubles, il ne négligera pas les dispositions législatives qui doivent consolider la tranquillité et le bon ordre, et assurer la prospérité de cet établissement si important.

Dites souvent aux habitants de l'île de France que le Premier Consul compte sur leur constance à défendre les seules possessions qui restent au peuple français dans la mer des Indes; qu'ils peuvent à leur tour compter que, dans tous les temps, ce premier magistrat de la République accordera aux habitants de l’île de France et de la Réunion une attention et une protection spéciales.

Quant à vous, Citoyen Général , le Gouvernement vous a confirmé dans votre place. Premier agent de la République française aux îles de France et de la Réunion, faites respecter votre autorité, et pénétrez-vous bien des importantes fonctions que vous avez à remplir. Soyez en garde contre la surprise des ennemis.

S'il vous est possible d'expédier quelques bâtiments à Qoseyr et à Suez, mettez-vous en correspondance avec le général Menou qui commande en Égypte. »


Paris, 10 mars 1801

Au citoyen Forfait

Il est nécessaire, Citoyen Ministre, que vous adressiez la circulaire ci-jointe dans les différents ports de la Méditerranée :

« Le ministre de la marine au préfet maritime de.....

La défense qui a été faite aux armateurs français de courir sus aux bâtiments d'Alger, de Tunis et de Tripoli, doit toujours être observée. D'un autre côté, les bâtiments français doivent être rassurés contre les barbaresques. »


Paris, 10 mars 1801

Au citoyen Gaudin, ministre des finances

Le Premier Consul a remarqué, Citoyen Ministre, dans l'état que vous venez de lui remettre sur la dette publique :

1° Que la dette perpétuelle pour le 2e semestre de l’an VII a été de 18,900,000 francs, ce qui supposerait qu'au mois de germinal an VII le tiers consolidé s'élevait à 37,800,000 francs;

2° Que la dette viagère pour le même semestre a été de 10,687,000 francs, ce qui supposerait qu'au mois de germinal an VII la dette viagère s'élevait à 21,374,000 francs.

Le Premier Consul désire, Citoyen Ministre, que vous lui donniez les renseignements propres à faire apprécier les résultats de ces données et à prouver qu'ils ne sont pas au-dessus du montant véritable de la dette consolidée et viagère.


Paris, 10 mars 1801

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

La maison Chapeaurouge de Hambourg, Citoyen Ministre, nous doit quatre millions.

Ces quatre millions ont été volés par cette maison à la République avec une infâme impudence; le rapport ci-joint du ministre des Finances, l’arrêté de la comptabilité intermédiaire, la lettre même de M. Chapeaurouge, vous mettront au fait de cette affaire.

Je désire que vous expédiiez un courrier à Hambourg, en envoyant les pièces, avec une lettre aux magistrats de Hambourg , à peu près conçue en ces termes :

 « La maison Chapeaurouge a volé à la République française quatre millions. Le Premier Consul me charge de vous expédier toutes les pièces de cette affaire. Il ne la regarde pas comme susceptible d'être décidée par les lenteurs ordinaires de la justice. C'est un faux matériel d'où il résulte quatre millions de perte pour la République. Il espère que les magistrats de Hambourg lui feront promptement rendre justice; il remet les pièces et la créance entre leurs mains, mais il veut deux millions dans le courant de germinal, et des obligations pour les deux autres dans le courant de fructidor.

Le courrier remettra directement ces dépêches aux magistrats de Hambourg, à quelque heure qu'il arrive de la nuit; il déclarera qu'il a ordre de séjourner soixante et douze heures à Hambourg, au bout duquel temps il reviendra.

Le citoyen Lavallette sera sans doute rendu à Hambourg. Vous lui enverrez une notice de cette affaire, pour qu'il la suive; mais vous lui déclarerez que je ne veux pas perdre un sou.


Paris, 12 mars 1801

Au citoyen Talleyrand

Voici comme je crois que vous pourriez répondre à M. de Kalitchef :

« Que, la note qu'il vous a remise relativement à Naples, ne contenant qu'une simple interrogation, il n'y avait pas nécessité qu'elle me fût mise sous les yeux; que même vous ne pensiez pas qu'il fût convenable de me la remettre; que vous pensiez qu'il la devait reprendre pour faire au protocole les mêmes questions, et dans les termes convenables, et qu'alors vous lui diriez :

Qu’un armistice entre l’armée française et l’armée napolitaine avait réglé que la paix avec Naples se traiterait en Italie;

Que l’impatience du roi de Naples de voir son sort promptement fixé avait rendu cette mesure indispensable, vu que le peuple de la ville de Naples commençait déjà à se mettre en fermentation;

Que, de notre côté, nous étions pressés de conclure quelque chose avec Naples, afin de pouvoir porter des secours à notre armée d’Orient, ce qui est aujourd'hui le principal mobile de notre conduite;

Que M. de Gallo s'était présenté à Paris avec des pouvoirs où il était question des plénipotentiaires anglais; que, cependant, s'il avait eu les instructions et pouvoirs nécessaires pour accorder ce que nous désirions, nous aurions traité avec lui; mais que, ce plénipotentiaire ayant des pouvoirs très-anciens et n'ayant aucune instruction pour les circonstances actuelles, nous avons dû regarder ses pouvoirs comme non avenus;

Que, du reste, notre traité avec Naples fût-il fait en Italie ou à Paris, il consiste toujours en fort peu d'articles, puisque la seule clause qu'on y ajoutait, c'était de donner passage à un corps de troupes françaises pour se rendre à Otrante, pour pouvoir s'y embarquer, et, en cas d’empêchement, y rester jusqu'à ce que l'expédition de sir Abercromby eût échoué, et sans cependant que ce séjour pût excéder une année;

Que S.M. le roi des Deux-Siciles s'était aperçue qu'elle n’avait dû la modération du Gouvernement français qu’à intervention de M. Levachef, ministre de Sa Majesté Impériale à Naples;

Que, du reste, la saison et les autres obstacles qui avaient retardé son arrivée de vingt jours avaient été une chose funeste, car je m’étais toujours flatté que le traité de Lunéville même serait conclu de concert avec lui;

Qu'aujourd'hui j'avais témoigné mon mécontentement de ce que trois jours avaient été perdus, parce que les événements se succèdent avec rapidité et qu'il est nécessaire qu'on travaille jour et nuit pour bien déterminer la part que veut prendre dans toutes ces affaires Sa Majesté Impériale et la marche quelle veut suivre;

Qu'il ne faut pas perdre une heure, et commencer et finir tout le travail en peu de jours.


Paris, 13 mars 1801

Au citoyen Forfait, ministre de la marine et des colonies

Ordre au général de brigade Houdetot de partir sur-le-champ pour Rochefort.

Même ordre à deux ou trois officiers qui puissent fixer l’attention du public sur un projet d'expédition dans l'Inde.


Paris, 15 mars 1801

Au citoyen Gaudin, ministre des finances

Je vous prie, Citoyen Ministre, de me faire remettre quatre états conformes aux quatre modèles ci-joints, et de m'envoyer, reliées ensemble, les lois relatives à la dette publique.

Je vous prie également de me faire connaître de quelle manière s’opère le remboursement des deux tiers mobilisés; combien il en a été mis en circulation jusqu'à ce jour; combien il y en a de retirés ; combien il en est dû pour la portion de la dette à rembourser.

Je désire que vous me fassiez remettre aussi quatre états qui me fassent connaître la portion à liquider de la dette exigible.

Le premier état, relatif aux 4 à 500 millions que le liquidateur général porte par approximation comme dette des émigrés; cet état aura autant de pages qu'il y a de départements ;

Le deuxième état, relatif à la dette intermédiaire; cet état sera divisé par année;

Le troisième état, relatif aux neuf départements de la Belgique; il sera divisé par nature de dettes ;

Le quatrième état comprendra les sommes présumées dues pour objets divers, en spécifiant ces objets.


16 mars -31 mars 1801