Avril 1803


Paris, 1er avril 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Le Premier Consul désire, Citoyen Ministre, que vous fassiez connaître sur-le-champ au général Bernadotte qu'un séjour plus prolongé à Paris serait très-nuisible à l'objet de la mission qui lui est confiée, et qu'il convient, en conséquence, que ce ministre soit demain. La nécessité de sa présence en Amérique n'admet plus une heure de retard.


Paris, 2 avril 1803

Au citoyen Marescalchi, ministre des relations extérieures de la république italienne

Vous pouvez écrire, Citoyen Ministre, au citoyen Melzi que la 16e de ligne se rend à Alexandrie, et que la 42e se rend en Italie, en place d'une demi-brigade que le général en chef enverra également à Alexandrie; cette réunion est nécessitée par les travaux extraordinaires qu'on fait aux fortifications de cette place; que, quant à la désignation Milan, c'est une manière de s'exprimer du ministre Berthier, qui a désigné Milan comme point central de l'armée française; il a voulu dire par là en Italie. Des ordres ont été donnés pour que cette demi-brigade soit employée dans les différents points de la République.

Comme la quantité d'occupations que j'ai dans ce moment ne me permet pas d'écrire à Milan, et qu'au milieu des grandes affaires que j'ai, toutes ces petites discussions d'étiquette et de querelles me fatiguent plus que l'on ne peut penser, je vous prie de lui dire confidentiellement que je suis toujours le même pour la République et pour lui, et que, s'il y avait eu un changement aussi notable que celui de mettre deux régiments en garnison dans la capitale, cela ne se serait fait que de concert avec les autorités. Mais, par Dieu ! recommandez-leur de bien vivre avec les agents français et avec Murat, qui vivra bien avec Melzi. L'union est nécessaire à tous; et, s'ils ont le moindre attachement pour moi, chacun fera la moitié du chemin.


Paris, 2 avril 1803

Au citoyen Melzi, vice-président de la république italienne

Les nombreuses occupations que j'ai ici ne me permettent pas de répondre en détail à vos différentes lettres. Je m'en réfère à ce que vous écrira Marescalchi. Il vous dira que vous avez tort de penser que j'ai jamais varié d'opinion sur vous ; que j'espère, si vous avez un peu d'amitié pour moi, que toutes ces tracasseries finiront; que vous tirerez un peu les rênes, et que vous vivrez en bonne intelligence avec les agents français, et spécialement avec le général en chef.

J'ai reçu la lettre de la Consulte relative aux affaires d'Angleterre; faites-lui connaître que j'y suis sensible. Mais je vous dirai, pour vous seul, que je ne pense pas que ce commencement de querelle ait de suite, et que je présume que tout s'arrangera suivant la teneur du traité d'Amiens.

Je vous prie de me faire faire par Trivulzi un projet de formation d'un bataillon de gardes italiennes, qui ferait le service près de moi à Paris, et qui serait composé de 500 hommes; il serait traité comme la garde. Ce serait un moyen de vous former un noyau d'hommes disciplinés et tout à fait pliés à l'esprit militaire.

Je ne puis trop vous recommandé la conscription. Je vois avec peine que les corps sont très-incornplets.


Paris, 2 avril 1808

Au général Murat, commandant en chef les troupes françaises en Italie

Je reçois vos différentes lettres, Citoyen Général. Je suis fâché que vous ayez de la peine, mais tout ce qui se passe aujourd'hui à Milan m'en fait beaucoup. J'ai dans ce moment assez de sujets d'occupation et j'exige que vous fassiez tout ce qui est convenable pour bien vivre avec Melzi et la Consulte.

Mon intention n'a jamais été que la 16e passât à Milan, ni la 42e. Le ministre Berthier a désigné Milan pour dire en Italie.

Vous avez dû recevoir des ordres pour former un camp à Bologne. Faites passer la 42e dans cette place.

Je ne pourrai écrire à Milan que la semaine prochaine. Je vous écris ce peu de mots par un courrier que vous garderez, et par lequel vous me répondrez que vous êtes bien avec Melzi, que toutes les querelles sont finies et que tout va bien dans la République italienne.


Paris, 6 avril 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Mon intention, Citoyen Ministre, est que les conscrits soient sur-le-champ fournis dune veste et d'une culotte blanches, à moins que les corps n'aient déjà pu leur fournir des habits. Écrivez aux généraux des différentes divisions d'en faire passer une revue, et de s'assurer que les conscrits ne sont plus habillés en paysans, mais ont tous costume militaire.

Écrivez à Strasbourg que je vois avec peine que les soldats n'ont pas leurs cinq nuits, et qu'aucun prétexte ne doit empêcher de diminuer leur service.

Il est convenable d'écrire à tous les commissaires ordonnateurs des guerres, afin qu'on donne aux conscrits des corps qui change de garnison une nouvelle direction, sans les obliger à passer par l'endroit où étaient les corps.

Il convient également de faire partir sur-le-champ les inspecteurs et de les autoriser à renvoyer des corps tous les individus qui seraient dans le cas, par leurs infirmités, d'obtenir leur retraite.


Paris, 7 avril 1803

DÉCISION

Citoyen Premier Consul, les censeurs de la banque de France, par un réquisitoire en date du 16 de ce mois, out demandé que la régence convoquât une assemblée extraordinaire des actionnaires, en vertu de l'article 14 des statuts.
Ce réquisitoire est motivé sur ce que la responsabilité de la régence et des censeurs exige que les deux cents actionnaires représentant la banque soient consultés sur les conditions auxquelles le projet de loi présenté au Tribunat soumet la banque sur l'exercice d'un privilège exclusif.
Les règlements sanctionnés par les actionnaires, en interprétation de l'article 14 des statuts, donnent à la régence cinq jours pour faire droit à la demande des censeurs.
La régence a cru devoir user de ce délai, parce qu'elle a senti que cette assemblée des deux cents représentants des actionnaires pourrait avoir des inconvénients.
Le respect que la banque porte au Gouvernement et à la personne du premier magistrat de la République lui fait désirer que vous consentiez à accorder une audience à une députation de la régence.
Une grande quantité d'actionnaires, alarmés des résultats de la loi à intervenir, a présenté à la régence une réclamation pour obtenir une assemblée des deux cents actionnaires.
La régence a cru devoir se renfermer dans les termes exprès de ses statuts; elle a refusé d'admettre les conclusions des réclamants.
Mais aujourd'hui, les censeurs ayant rempli les conditions imposées par l'article 14, la régence ne peut, sous aucun prétexte, refuser la convocation de l'assemblée des deux cents actionnaires.
Vous fûtes le pacificateur et le restaurateur de la patrie affligée; ne refusez pas à la régence de la banque la demande quelle vous fait d'une audience, pour vous mettre sous les yeux des développements qui pourront jeter un jour nouveau sur les inconvénients que présente en masse le projet de loi.
Nous vous supplions, Citoyen Premier Consul, de ne pas rejeter la prière que nous vous adressons. L'assemblée des
deux cents actionnaires doit avoir lieu avant le 21 de ce mois; il est urgent que nous puissions leur dire que votre bienveillante sollicitude a pris en considération nos observations nouvelles.

LES RÉGENTS DE LA BANQUE DE FRANCE.

Le Premier Consul renvoie cette demande au Citoyen Barbé-Marbois, pour s'assurer de ce que veulent les régents, et savoir si, dans l'audience qu'ils demandent, il doit y avoir des discours écrits; qui doit porter la parole; de qui sera composée la députation. Il s'arrangera avec eux pour faire sentir aux actionnaires qu'il ne paraîtrait pas convenable qu'il y est eu aucune assemblée d'actionnaires avant que la loi fût rendue. Il fera remarquer qu'ayant conféré, par l'intermédiaire des ministres, et personnellement, plusieurs fois avec les régents, ils doivent renoncer à tout espoir de le faire revenir sur la loi présentée; que ce serait vouloir exposer la place de Paris à une secousse.
Le désir du Premier Consul est aujourd'hui de ne les admettre qu'après que la loi sera rendue. Cependant il n'a encore aucune idée formée à cet égard, et il attendra le rapport que le citoyen Barbé-Marbois lui fera ce soir, à dix heures, ou demain à midi, pour prendre une détermination définitive.
 


Paris, 7 avril 1803

A M. Paesiello

Le Premier Consul, protecteur des beaux-arts autant que juste appréciateur du mérite, m'ordonne de vous exprimer la satisfaction particulière qu'il a éprouvée en admirant, dans la Proserpine, vosrares talents, que l'Italie entière connaît déjà, et que la France, se réjouit de les posséder, s'empressera de célébrer.

En m'acquittant d'une commission aussi agréable, je dois vous assurer de toute la part que je prends à cet événement si glorieux pour vous.


Paris, 8 avril 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Plusieurs journaux ont publié, Citoyen Ministre, une convention séparée entre la République batave et la République française, qui paraît extraite ou de la Gazette de Leyde ou d'une feuille officielle de la Haye. Je désire que vous me fassiez savoir si cette convention existe en effet, ne me rappelant pas que vous ayez pris mes ordres pour la signature d'un acte séparé avec la République batave.


Paris, 9 avril 1803

DÉCISION

On appelle l'attention du Premier Consul sur un prospectus allemand dans lequel sont expliquées les conditions requises pour être admis en qualité de colon dans la Pologne prussienne.

Renvoyé au ministre de l'intérieur, pour faire faire, pendant cinq fois consécutives, des brochures qui tournent en ridicule ce projet et présentent les malheurs qui résulteraient pour les habitants s'ils donnaient dans des piéges aussi lourds. Ces pamphlets
seront distribués avec profusion dans les départements du Rhin.


Paris, 9 avril 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, la nomination du cardinal de Lyon, à l'ambassade de Rome. Mon intention est qu'il soit parti le 1er floréal, et arrivé à Rome avant le 20. 

Vous écrirez au citoyen Cacault de rester à Rome jusqu'à l'arrivée du nouvel ambassadeur; il continuera à jouir de son traitement.

Vous lui ferez connaître que j'ai toujours eu lieu d'être satisfait de lui, et que, s'il quitte Rome, c'est que les circonstances m'obligent d'y avoir un cardinal. Vous lui demanderez laquelle des missions de Florence ou de Naples il préfère, où s'il désire une place au Sénat.


Paris, 9 avril 1803

Au général Berthier

Mon intention., Citoyen Ministre, est que l'on ne fasse aucun préparatif à Angers pour la 65e demi-brigade. Elle s'y reposera simplement deux jours; elle y recevra ordre de se rendre à Vannes, dans le département du Morbihan, dont elle fournira un bataillon à Belle-Île; moyennant quoi la 16e légère en sera retirée. Elle recevra ordre de se rendre à Brest pour y tenir garnison.

Je vous prie de me faire connaître quand la demi-brigade qui de la 26e division militaire se rend à Lyon y arrivera.

Vous donnerez ordre au bataillon suisse qui arrive à Orléans de se rendre à la Rochelle pour y tenir garnison.

Il est convenable que ces différents ordres restent secrets, et que les corps ne les trouvent qu'à leur arrivée. En écrivant au chef de brigade de la 65e, dites-lui que le Gouvernement, en confiant à son corps la place de Belle-Ile, et en l'envoyant dans le Morbihan, compte sur son zèle et sur sa vigilance. 


Paris, 9 avril 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner des ordres pour armer la côte depuis l'embouchure de la Somme jusqu'à l'embouchure de l'Escaut. Mon intention est que cet armement se fasse sans précipitation, et sans exciter d'alarmes. La batterie qui devra être armée tout d'abord est celle du cap Grisnez, entre Calais et Boulogne.


Paris, 9 avril 1803

Au général Menou, administrateur de la 27e division militaire

J'ai reçu votre lettre du 8 germinal. J'ai vu avec peine que l'on n'avait pas encore commencé à travailler aux chemins du Piémont.

Je vous recommande d'accélérer de tous vos moyens les fortifications d'Alexandrie, car c'est dans cette place que je fonde toute l'espérance de l'Italie. J'ai donné des ordres pour qu'on y fit des travaux considérables. Le ministre de la guerre a dû ordonner au général qui y commande d'y réunir 7 à 8,000 hommes, pour avoir des bras.

La conscription est trop en retard dans vos six départements; ils doivent fournir 4,000 hommes; je ne sache pas qu'il y en ait 500 partis. Ce pays ne sera cependant français que par la conscription. D'ailleurs, le Piémontais est bon soldat, et c'est un des principaux avantages que j'attends de la réunion de ces départements.

La route du mont Genèvre doit être carrossable; elle peut supplée pendant longtemps à celle du mont Cenis.

J'avais accordé un grand nombre de places aux prytanées de Paris et de Saint-Cyr pour des Piémontais; le nombre n'en est pas encore complet; faites-en sur-le-champ la proposition au ministre de l'intérieur.

Il y a en Piémont des moulins à poudre; sont-ils tous dans la plus grande activité ? Il y avait des manufactures de drap pour l'habillement des troupes; sont-elles rétablies ? Il devient bien urgent de le faire, soit pour redonner de la prospérité au pays, soit pour l'habillement des troupes qui sont en Italie.

J'ai ordonné qu'on remît en activité le port de Villefranche, et qu'on y mît une frégate en construction. Faites la recherche des ouvriers qui y travaillaient du temps du roi de Sardaigne, pour les envoyer dans ce port.

Je désire aussi que l'ancien commerce de Nice avec Turin reprenne son activité. Assurez-vous que la route du col de Tende est en bon état, et prenez des mesures pour que la gendarmerie la rende sûre.

Le secrétaire général, pendant son administration par intérim, s'est conduit avec un peu de précipitation. Il a fait beaucoup de choses qui ne paraissent pas dans la nature de sa mission.

Je vous recommande, en général, de ne vous laisser aller à aucun préjugé, et de traiter avec quelques égards ceux qui, dans des temps orageux, ont été pour la France. Ce n'est pas que je ne conçoive que l'opinion n'est pas pour eux. Ceux qui ont quelques talents et que vous supposeriez du parti de l'union avec l'Italie, il faudrait les désigner pour les employer en France. Faites envoyer, par la gendarmerie, au dépôt de Marseille tous les gens sans aveu ou que vous soupçonneriez avoir été dans les Barbets, et qui seraient cependant capables de servir; et, si le nombre en devenait considérable, je ne verrais pas d'inconvénient à former un nouveau dépôt à Nice.


Paris, 9 viril 1803

Au général Morand, commandant la 23e division militaire (Bastia)

Je suis instruit de toutes parts de la famine qui désole votre division. Il y a plus de quatre mois que le ministre de l'intérieur a envoyé du Havre un convoi de 90,000 quintaux de blé; il y a plus d'un mois qu'il est arrivé à Bastia. Cependant je n'entends pas que cela ait soulagé le pays. Faites-moi connaître directement ce qui est arrivé, depuis le 1er vendémiaire an XI, des ports de l'Océan ou de la Méditerranée, sans comprendre ce qui est au compte du munitionnaire général.

La 23e légère restera encore sous vos ordres; ce qui, joint aux deux bataillons de la 20e, à la demi-brigade helvétique et à la gendarmerie, doit vous former une force suffisante pour maintenir l'ordre.

Je vois avec peine que votre division n'a encore fourni aucun conscrit. Faites-les partir sur-le-champ, et employez pour cela toutes les mesures de rigueur convenables. Employez aussi tous les moyen pour vous procurer des recrues, pour former le bataillon qui s'organise à Antibes, et même pour d'autres corps. Les habitants sont bons soldats et fournissaient même des troupes à différentes provinces d'Italie : vous ne devez donc pas être en peine de trouver un millier d'hommes en les envoyant à la disposition du général de la 8e division militaire qui les fera d'abord habiller, et, une fois Antibes complet, les fera passer dans les différents corps de la division.

Le ministre de la marine a ordonné la levée de 2 à 300 matelots; faites- les rejoindre, car vous savez combien il est important de les habituer à servir sur nos escadres.

Les ministres ne reçoivent pas assez de nouvelles de votre division de manière que nous ne sommes au courant de rien. Cependant on avait ordonné à l'administration des postes d'entretenir le nombre de bateaux nécessaire pour la correspondance : cela ne se fait cependant pas. Assurez-vous que ces bateaux, au lieu de porter des lettres, ne font pas le commerce.

J'ai nommé le chef de brigade Constantini au commandement d'armes de Grenoble, parce que j'ai pensé lui être extrêmement avantageuse.

Deux à trois cents Maltais doivent être rendus en Corse. Faite moi un projet dont le but serait de leur distribuer des terres qu 'ils cultiveraient, et d'améliorer leur position. S'il y avait là quelque chose d'exécutable, j'y enverrais les trois cents Grecs que j'ai ramené d'Égypte et qui composent le bataillon qui est en Provence; et, s'il était nécessaire de leur donner quelques noirs pour défricher les terre cela formerait un bel établissement, qui serait fort bien placé dans quelque petite anse.

Vos ingénieurs ont dû avoir des fonds pour achever la grande route qui traverse l'île. Sous le point de vue des communications de la position militaire, il est instant qu'elle se finisse. Je désire que vous ayez de bonne eau et en quantité nécessaire.

Le Corse est revêche, mais au fond juste. Parlez avec eux et ayez la patience d'écouter ce qu'ils vous diront; mais soyez un peu sévère dans les fonctions qui vous sont attribuées.

J'apprendrai avec plaisir votre position de vous directement, et ce dont vous auriez besoin. Vous avez dû recevoir des ordres des différents ministres pour le prompt approvisionnement de Porto-Ferrajo. Je n'ai pas besoin de vous faire sentir l'importance de ce poste.

Dans le rapport que me remet chaque semaine le ministre de la guerre sur tous les événements militaires et de police qui se passent dans les divisions, il n'est presque jamais question de la vôtre.


Paris, 10 avril 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Mon intention, Citoyen Ministre, est que le ler et le 2ee bataillon de ligne des troupes helvétiques ne forment qu'un seul bataillon. On choisira à cet effet les officiers et sous-officiers les plus dignes de le composer. Il se mettra immédiatement après son organisation, en marche pour Marseille, d'où il se rendra en Corse, pour y former le 3e bataillon de la 3e demi-brigade helvétique. Tous les officiers qui ne feront pas partie de ce bataillon recevront un ordre de route pour retourner chez eux. L'on pourra assurer ce bataillon qu'il ne s'embarquera point.

Le bataillon d'infanterie légère qui se rend en Italie sera incorporé dans la 2e demi-brigade helvétique, qui est en Italie. Les meilleurs officiers seront gardés pour les places vacantes, et vous chargerez à cet effet le général Murat de réformer ceux qui n'auraient pas les qualités requises, et de les remplacer par ceux de ce bataillon qui seraient préférables. Ce bataillon, réuni à cette demi-brigade, qui n'est forte que de 600 hommes, ne la portera qu'à 1,100 hommes. Il faut écrire au landammann et au chef de brigade qu'il est nécessaire qu'elle se complète.

Il sera formé une compagnie de chasseurs suisses, de 130 hommes, commandée par un capitaine, un capitaine en second, et autant de lieutenants et sous-lieutenants que comporte une compagnie ordinaire de chasseurs. Elle se dirigera sur Marseille et fera le service de la division.

Il sera formé une compagnie d'artillerie de 100 hommes, du détachement d'artillerie qui est à Auxonne. Cette compagnie sera envoyée à Cherbourg et chargée de la défense des batteries de cette côte.

Vous donnerez ordre au citoyen Rapp, mon aide de camp, de se rendre à Auxonne pour choisir les officiers et faire partir ces corps.

Quant au général von der Wied, ses aides de camp, le commandant du génie et le chef de brigade commandant de la place de Berne, vous demanderez leurs états de service, et prendrez des renseignements qui fassent connaître le degré de confiance qu'on peut leur accorder.

Faites connaître à l'inspecteur aux revues, chef de brigade, et l'inspecteur, chef de bataillon, au commissaire ordonnateur et au payeur, que, n'ayant pas besoin de ces fonctions en France, ils jouiront, pendant l'année, de leur traitement, et présenteront des demandes d'après lesquelles on verra à les employer dans le grade qu'ils avaient.

L'aumônier suivra la demi-brigade helvétique, pour y être attaché en sa qualité.

Vous ferez connaître également aux officiers de l'état-major que lorsqu'ils auront mis en mouvement ces corps, il leur sera accordé un congé; ils jouiront de leur traitement le reste de l'année, et l'on s'occupera de statuer définitivement sur leur sort.

Quant à la 1e demi-brigade helvétique, vous lui donnerez l'ordre de rejoindre son 3e bataillon à la Rochelle; vous lui ferez connaît que ce n'est point pour s'embarquer, mais pour y tenir garnison qu'on a cru devoir l'éloigner de son pays, afin qu'elle puisse prendre une organisation définitive et stable; qu'elle doit prendre tous les moyens de se recruter, car il est impossible que nous puissions longtemps tenir tant d'officiers avec si peu de soldats.


Saint-Cloud, 12 avril 1803

Au citoyen Joseph Bonaparte

Je vous envoie, Citoyen Joseph, le travail relatif aux tribune de la Corse, tel qu'il a été arrêté. Il n'était pas encore expédié, lorsqu'on a observé qu'il y avait de mauvais choix. Comme cela est fort important, je vous prie de réunir le cardinal de Lyon et d'autres personnes qui auraient des connaissances sur cet objet, et de rédiger un nouveau travail prêt à signer, avec les changements qui vous paraîtront nécessaires.


Saint-Cloud, 12 avril 1803

Au citoyen Rapp, aide de camp du premier consul

Vous vous rendrez auprès du ministre de la guerre pour y recevoir des instructions relativement aux troupes helvétiques qui sont à Auxonne.

Vous y visiterez l'arsenal et les magasins d'artillerie. En passant à Dijon, vous y verrez la 18e de ligne. Vous vous assurerez de sa situation, et me rendrez compte de son armement, équipement, discipline, et du nombre d'hommes qu'elle pourrait mettre en campagne.

Après avoir vu mettre en mouvement les corps helvétiques et fini votre travail, conformément aux instructions du ministre de la guerre, vous vous rendrez à Fribourg, et remettrez la lettre suivante au landammann. Vous verrez comment vont les choses à Lausanne, Berne, etc. Vous pourrez même faire une tournée dans les petits cantons, si le landammann n'y trouve pas d'inconvénient. Vous m'écrirez de chaque chef-lieu de canton ce que vous aurez vu de la situation des troupes et de leur habillement.

Vous vous en reviendrez en toute diligence à Paris, où vous serez, de retour avant le 15 floréal.


Saint-Cloud, 12 avril 1803

Au citoyen Louis d'Affry, landammann de la suisse

Je réponds à votre lettre du 12 mars. Je vous fais mon compliment sur la bonne issue que prennent les affaires de la Suisse. Il n'arrivera jamais à votre peuple autant de bien que je lui en augure.

Dès l'instant que vous m'avez fait connaître que vous croyiez utile que des troupes helvétiques entrassent au service de la France, je l'ai fait; mais les trois demi-brigades helvétiques ne sont point complètes; il sera donc convenable de les compléter, et que vous méditiez un projet de capitulation qui organise ce service.

Dites souvent aux Suisses qu'ils doivent oublier toutes leurs haines, calmer toutes leurs passions, et ne pas douter un instant des sentiments du peuple français; il sera toujours pour eux ce qu'il a été pendant quatre cents ans. De leur côté les Suisses, en suivant les conseils d'hommes de votre caractère, seront toujours pour la France ce qu'ils ont été : union si réciproquement avantageuse.

Dans toutes les circonstances, comptez sur le désir constant que j'ai de vous être agréable.


Saint-Cloud, 13 avril 1803

Au citoyen Chaptal, ministre de l'intérieur

Les conclusions du conseil des mines sur l'objet du minerai de l'île d'Elbe, si elles ne remplissent pas entièrement le but que l'on s'était proposé, en approchent cependant le plus possible. Mais comme il est des compagnies qui acceptent les mêmes conditions et offrent 500,000 francs au lieu de 450,000 francs qu'offre le citoyen Boury, on pourrait donner la préférence à ce dernier, en cas qu'il voulût accepter cette condition. Je vous prie de rédiger, pour le prochain travail, un projet de traité conforme aux conclusions du conseil des mines; mais le payement, au lieu de s'effectuer chaque trimestre aura lieu le ler de chaque mois, et sera versé dans la caisse du receveur de l'île d'Elbe.


 Saint-Cloud, 13 avril 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Vous voudrez bien donner au général Rusca (Jean-Baptiste Dominique, baron Ruscat, 1759-1814. Fait pratiquement toute sa carrière en Italie. Est tué durant la défense de Soissons, en 1814) l'ordre cacheté, pour le cas où la guerre serait déclarée, de prendre le commandement Porto-Ferrajo et de donner au général Campredon (Jacques David Martin, baron Campredon, 1761-1837. Fait lui aussi carrière en Italie. Sera ministre de la guerre du royaume de Naples en 1809) celui de Porto-Longone.

Vous ferez connaître au Premier Consul le nom des officiers qui dans le cas de guerre, seraient employés à la défense de ces deux places. Il doit y avoir au moins deux capitaines en résidence.

Vous ferez porter au complet de guerre la 1e et la 9e compagnie du 40 régiment d'artillerie à pied, qui sont dans la 23e division militaire; vous y enverrez du même régiment deux nouvelles compagnies également au complet de guerre; deux de ces compagnies tiendront garnison en Corse, et les deux autres dans l'île d'Elbe. En cas guerre, le général Morand ferait passer dans cette île une des deux compagnies de Corse, de manière qu'il y en eût deux à Porto-Ferrajo et une à Porto-Longone.

Vous écrirez au général Morand de composer, en cas de guerre, la garnison de l'îile d'Elbe de la manière suivante :

Un bataillon de la 20e de ligne à Porto-Ferrajo;
Un bataillon de la 20e de ligne à Porto-Longone;
Un bataillon suisse, qu'il fera compléter au moins à 400 hommes, à Porto-Ferrajo.

Il serait autorisé à lever deux compagnies franches de Corses, de 100 hommes chacune, pour être envoyées, l'une à Porto-Ferrajo, l'autre à Porto-Longone.

Il compléterait jusqu'à trois compagnies l'artillerie à pied.

Vous écrirez au commissaire du Gouvernement dans l'île d'Elbe et au général Rusca que, s'ils venaient à apprendre que les Anglais eussent commis des hostilités dans la Méditerranée, ils aient sur-le-champ à organiser deux bataillons de gens du pays. Ces bataillons seraient commandés par des chefs de bataillon français, et composés chacun de quatre compagnies de 100 hommes. L'adjudant-major et deux sous-officiers de chaque compagnie seraient aussi français.

Vous ordonnerez que 1,000 hommes des bataillons suisses se rendent en Corse pour compléter la demi-brigade helvétique. Vous recommanderez au général Morand de tenir, complète, en Corse, toute la 23e pour le service de l'île, de la réunir cet été et de la faire manœuvrer.

Vous donnerez des ordres précis pour qu'on envoie dans l'île d'Elbe tout ce qu'il faut pour établir quatre grils à rougir les boulets.


Saint-Cloud, 13 avril 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de réunir chez vous les membres du Tribunat et du Corps législatif qui sont de Bordeaux, pour leur faire sentir combien vous êtes peiné que cette ville soit la plus en arrière pour la levée de la conscription; vous leur direz que, si elle ne se terminait pas promptement, vous serez forcé de proposer au Gouvernement des mesures de rigueur, et vous les engagerez à écrire chez eux sur cet objet.

Écrivez pareillement aux maires de Bordeaux pour leur faire connaître qu'ils, doivent, toute affaire cessante, s'occuper de la conscription, et que vous seriez affligé qu'un plus long retard vous réduisît à proposer des mesures contre cette ville si intéressante et si bien famée.


Saint-Cloud, 14 avril 1803

Au citoyen Regnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Suzannet, Citoyen Ministre, a fait la faute capitale, après s'être soumis, de reprendre des engagements avec les ennemis de la France ;  il n'est donc pas probable que le Gouvernement souffre jamais qu'il retourne dans l'Ouest. Ce qui paraîtrait le plus convenable serait de vendre ses biens dans l'Ouest, de s'attacher au Gouvernement et de s'établir soit dans le Piémont, soit dans les quatre nouveaux départements du Rhin, où il pourrait acheter des biens.


Saint-Cloud, 14 avril 1803

Au citoyen Girod de l'Ain, président du corps législatif

J'ai reçu votre lettre et celle des membres du Corps législatif relative à la demande d'une pension pour la veuve du citoyen Devinck-Thierry, mort dans l'exercice de ses fonctions. L'on m'en fera prompt rapport, et vous pouvez l'assurer que l'intérêt qu'y prend bureau du Corps législatif peut l'autoriser à compter sur le prompt succès de sa demande.


Saint-Cloud, 14 avril 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DE LA GUERRE

Le ministre donnera des ordres pour la mise en bon état des casernes des carabiniers.

Donner aux officiers des cuirassiers une gratification de 150 francs pour l'achat de leurs cuirasses.

Faire faire, pour les grenadiers à cheval de la garde, un modèle de fusil distingué, le plus joli possible, de la longueur d'un fusil dragon, avec une baïonnette qui permette de manœuvrer sur trois rangs. 

Envoyer au Premier Consul des modèles de toutes les armes à feu avec les baïonnettes, et de trois espèces de sabres.

Faire une circulaire pour ordonner que, quand un homme obtient son congé absolu, on lui donne un habit de l'année. Si c'est un sous-officier ou un grenadier, on lui donnera de plus son sabre.


Saint-Cloud 14 avril 1803

Le Premier Consul prie le Ministre des Relations Extérieures de faire partir la lettre ci-jointe par le courrier qu'il doit expédier à Rome. Si ce courrier était parti, le Premier Consul désire que le Ministre lui renvoie la lettre.

Lettres à Talleyrand


Saint-Cloud, 15 avril 1803

Au citoyen Chaptal, ministre de l'intérieur

Le Premier Consul me charge, Citoyen Ministre, de vous inviter à écrire une circulaire aux préfets, pour leur faire connaître que le culte public doit avoir lieu dans toutes les communes, à l'exception seulement de celles où il y a une église protestante consistoriale reconnue par le conseiller d'État chargé des affaires des cultes.

Vous voudrez bien faire remarquer en même temps aux préfets qu'ils ne doivent point refuser dans les églises l'encens et les autres honneurs qui seraient rendus aux fonctions qu'ils exercent.


Saint-Cloud, 16 avril 1803

Au citoyen Lacuée, président de la section de la guerre au Conseil d'État

Je vous prie, Citoyen Président, de lire avec attention le rapport ci-joint, que me fait le ministre de la guerre de la République italienne, sur les dépenses de l'armée italienne, et de me faire un rapport sur les observations économiques que cette lecture vous suggérera. Ce compte devant servir au budget de la République italienne, je vous prie de travailler sur ces errements pour le rendre conforme à notre budget. Si vous n'entendez pas l'italien, il vous sera facile de faire traduire ces états et de me faire le travail en français.


Saint-Cloud, 16 avril 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner l'ordre au général Murat de réunir à Faenza une division, qui devra être toujours prête à se porter, au premier ordre, partout où les circonstances l'exigeront. Ce corps sera commandé par un général de division et sera composé :

Des deux premiers bataillons de la 42e complétés au grand pied de paix ; des deux premiers bataillons de la 6e de ligne portés au grand complet de paix ; des deux premiers bataillons de la le légère également portés au grand complet de paix ; de trois escadrons du 7e régiment de dragons et de trois escadrons du 9e régiment de chasseurs portés au grand complet de paix ;

Du premier bataillon de la 4e demi-brigade de ligne italiens complété à 700 hommes ; du premier de la 2e helvétique complété à 700 hommes; du premier bataillon de la 1e légère italienne complété à 700 hommes, et de deux escadrons du ler régiment de hussards italiens complétés à 300 hommes; des deux premiers bataillons de la demi-brigade polonaise complétés au pied de guerre, et de deux escadrons du régiment de cavalerie polonais à 300 hommes;

De trois divisions d'artillerie française avec un approvisionnement et demi (chacune de six pièces) ;

Et d'une division de six pièces d'artillerie de la République italienne avec un double approvisionnement.

Les troupes italiennes seront sous les ordres du général Lechi, lequel aura sous ses ordres deux généraux de brigade, qui seront désignés par le ministre de la guerre de la République italienne.

Pour les troupes françaises, indépendamment du général commandant, il y aura un général pour commander la cavalerie et deux généraux de brigade; et, comme il est inutile de faire des camps, qui d'ailleurs sont toujours coûteux, toutes ces troupes seront cantonnées à Faenza et dans les environs.

Ce qui restera des corps de troupes françaises et italiennes cantonnées à Faenza sera mis en garnison dans les différentes places de la Romagne.


Saint-Cloud, 16 avril 1803

Au général Berthier

Je vois, Citoyen Ministre, par votre rapport d'hier, que vous avez laissé la direction du parc d'artillerie de Breda à la nomination du général de l'artillerie. Mon intention est que cette place soit toujours assignée par le ministre et ne soit changée que par son ordre.

Donnez des ordres pour réunir le plus promptement possible à Bologne le pare d'artillerie. Il faudrait le composer de pièces de 6 lieu de pièces de 8. Mon intention est que le 4e bataillon, qui est à Turin, reste intact, et que les 400 chevaux du 6e bataillon, qui sont à Plaisance, soient complétés par une levée de chevaux.

Je vois avec peine qu'on laisse aux chefs de brigade la liberté de choisir des capitaines en résidence : les officiers en résidence doivent toujours être désignés par le ministre.


Saint-Cloud, l6 avril 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître au général commandant la 8e division militaire, qu'il doit toujours laisser au fort Lamalgue un bataillon de Français en garnison, et ne pas confier ce poste important seulement à la garde des déserteurs étrangers.


Saint-Cloud, 16 avril 1803

Je désire, Citoyen Ministre, que vous placiez le citoyen Dalton au nombre des adjudants commandants attachés à votre ministère, et que vous le chargiez de lier connaissance avec les chefs irlandais et écossais qui se trouvent à Paris, d'accueillir leurs différents projets, et de prendre directement vos ordres sur cet objet important. Recommandez-lui de ne rien écrire, mais de les écouter seulement et de prendre des renseignements verbaux sur leur nombre, leurs moyens et sur ce qu'ils pourraient faire en cas de guerre, et de les voir fréquemment afin de les connaître.


Saint-Cloud, 17 avril 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner des ordres pour l'armement de toutes les côtes de la France. Faites porter une activité particulière à l'armement de Cherbourg, des îles de Ré et d'Oléron, et de l'île d'Aix.


Saint-Cloud, 18 avril 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Donnez ordre, Citoyen Ministre, au général Montrichard de réunir à Nimègue, sous le commandement du général de brigade Frère, les deux bataillons de la 48e, les deux bataillons de la 100e, les deux bataillons de la 27e légère, et les six escadrons de cavalerie qui sont sous ses ordres, avec une division de huit pièces d'artillerie attelée,  avec les cartouches et approvisionnements de guerre nécessaires pour cette colonne. Vous me ferez connaître le jour où ces troupes seront réunies à Nimègue et seront prêtes à partir au premier ordre.

Il est indispensable que cette réunion se fasse sans bruit et sans ostentation.

Je vous prie de m'envoyer l'état de situation des troupes au 15 germinal ; le dernier que j'ai est du 15 ventôse.


Paris, 18 avril 1803

DÉCISION

Mémoire du citoyen Innez, administrateur du collège des Écossais à Paris, sur la réunion des collèges écossais et
irlandais en France.

Je prie le citoyen Talleyrand de me faire un rapport sur cet objet, que je regarde comme politique


 Saint-Cloud, 18 avril 1803

Au général Berthier

Il y a à Brest, Citoyen Ministre, 600 noirs : le ministre de la marine a ordre de les mettre à votre disposition. Comme ils devaient aller aux Indes, ils sont peut-être déjà formés en compagnies, sous les ordres de blancs; s'ils ne l'étaient pas, vous les distribueriez en compagnies, par 100 hommes, et les dirigeriez dans le plus court délai sur Mantoue. Vous aurez soin qu'ils soient accompagnés par la gendarmerie et par des détachements de cavalerie, surtout à leur passage dans les départements de l'ouest. Lorsqu'ils seront à Mantoue vous en ferez former un bataillon de pionniers armés de fusils, fournissant des travailleurs pour les fortifications de la place, en les réunissant aux 400 noirs qui s'y trouvent. Tous les officiers de bataillon seront blancs. S'ils ne sont pas armés en partant de Brest vous leur ferez distribuer des armes d'une qualité très-inférieure.


Saint-Cloud, 18 avril 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Mon intention, Citoyen Ministre, est que les noirs qui sont à Brest hormis le petit nombre d'ouvriers qui, par leur habileté, sont nécessaires aux constructions, sans excéder le nombre de 100 hommes, soient mis à la disposition du ministre de la guerre pour le service de terre.

Je donne ordre au ministre de la guerre de les former en compagnies et de les diriger dans l'intérieur de la République, car je porte un grand intérêt à ce que Brest et les environs soient purgés de ces individus.


Saint-Cloud, 18 avril 1803

Au contre-amiral Decrès

Donnez ordre, Citoyen Ministre, au préfet maritime à Rochefort de s'assurer de l'existence de la croisière qui doit avoir été aperçue à l'île d'Yeu. En général, il serait nécessaire que, dans les grands ports, pendant ces circonstances, on tînt en mer deux bricks, avisos ou frégates, pour éclairer à huit ou dix lieues, et être à même de vous instruire promptement de ce qui paraîtrait.

Je suis surpris de n'avoir point de rapports sur Cherbourg. Ces détails, indépendamment de leur utilité militaire, ont un grand but d'utilité politique.


Saint-Cloud, 19 avril 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Vous voudrez bien, Citoyen Ministre, faire partir sur-le-champ un courrier pour le citoyen Semonville, pour lui faire connaître qu'il est nécessaire de requérir du Gouvernement batave l'armement du fort de l'île de Coerce, de l'île de Woorn et du fort de Brielle, ainsi que de toutes les batteries de la côte qui peuvent influer sur la sûreté de notre expédition qui est embarquée dans la rade d'Helvoet-sluys.

Votre courrier, avant de partir, prendra les dépêches du ministre de la guerre, qui doit écrire au général Victor.


Saint-Cloud, 19 avril 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Mon intention, Citoyen Ministre, est que l'île d'Yeu (département de la Vendée) soit armée dans le plus court délai, et d'y maintenir comme commandant d'armes un chef de bataillon, qui aura la haute police sur toute la population.

Faites partir sur-le-champ de Nantes pour cette île six pièces de 36, six pièces de 18 en fer, avec un approvisionnement de 200 coups par pièce, deux grils à boulets rouges et trois mortiers à la Gomer.

Vous y enverrez trois compagnies de 100 hommes chacune, avec des vivres pour trois mois. On enrôlera tous les habitants en état de porter les armes ; et, s'il est nécessaire, vous y nommerez les officiers nécessaires, sous le titre d'adjudants, pour commander cette population.

Cette île doit avoir 400 hommes en état de porter les armes.

Si l'artillerie n'existait pas à l'arsenal de Nantes, il faudrait prendre dans les batteries les plus près de cette île.

Il est convenable que tout cela parte le plus promptement et le plus secrètement possible.

Si vous n'avez pas les approvisionnements nécessaires à 400 hommes pour trois mois, vous les demanderez au ministre de la marine qui les ferait partir de Rochefort.

S'il n'y a pas, à portée, de l'artillerie de terre, vous en demanderez au ministre de la marine, qui vous fera passer 50 hommes d'artillerie de la marine, jusqu'à ce que vous puissiez les remplacer.

Mon intention n'est pas qu'on mette de Suisses dans cette île. Le général commandant la 12e division militaire formera trois compagnes de la 63e demi-brigade.

Il est nécessaire que les hommes, l'artillerie et les approvisionnements arrivent à la fois. Le général commandant la division en passera la revue et classera les habitants en compagnies.

Donnez ordre au général du génie Bertrand de s'y rendre sur-le-champ, pour disposer de la manière la plus convenable les moyens de défense, faire construire les ouvrages de campagne et former un projet de défense permanente, mon intention étant de s'assurer cette île par un bon ouvrage.

Le général commandant la division établira sur la côte une bonne batterie pour organiser et assurer les communications.

Vous mettrez la somme de 25,000 francs à la disposition général Bertrand.

Mon intention est que vous donniez ordre au général commandant la 13e division militaire d'envoyer à l'île de Groix un officier du génie, un officier d'état-major et le nombre de troupes et d'artillerie nécessaire pour assurer la possession de cette île.

Donnez ordre également au général commandant la 13e division militaire de s'assurer de la situation de l'approvisionnement, armement et travaux qu'on fait au fort Penthièvre, de la situation de l'armement et approvisionnement de l'île et du fort Cicogne, et de faire les réparations qui pourraient être nécessaires à ce fort, de l'augmenter de quelques pièces d'artillerie, afin que des convois de vaisseaux ou frégates puissent être protégés dans ce mouillage.

Vous donnerez ordre de faire occuper l'île de Méaban, à l'entrée du Morbihan, en y faisant établir une redoute et des détachements, et y nommant un bon capitaine pour y commander.

Faites également occuper l'île de Batz et les îles de Perros. Apportez-moi demain toutes les cartes et renseignements, soit topographiques, soit géographiques, des côtes depuis l'île d'Yeu jusqu'à l'île d'Ouessant, et les plans des fortifications qui y étaient avant la dernière guerre.

Il est convenable que le général de division se transporte sur tous les points avec un officier du génie, en donnant les ordres les plus pressants et en vous envoyant un rapport détaillé de tout ce qu'il y aurait à y faire.


Saint-Cloud, 19 avril 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je vous prie, Citoyen Ministre, de me faire un rapport sur les projets d'établissements qu'a présentés le vice-amiral Rosily sur différentes petites îles de la côte de l'Océan, tels que la construction d'un fort à l'île de Méaban, la construction d'une batterie à la pointe de Quiberon, à l'entrée de Port-Haliguen, le rétablissement des forts Haedok et Houat, l'établissement d'un fort sur les Errants, à l'entrée du port de Lorient, l'établissement d'une redoute revêtue à Penfret, l'une des Glénans, etc.


 Saint-Cloud, 20 avril 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le ministre des relations extérieures écrit à la Haye pour que le gouvernement batave ait à faire établir sur-le-champ des batteries qui défendent le fort de l'île de Goerce, l'île de Voorn et le fort de Brielle.

La mise en sûreté de ces points est tout à fait nécessaire pour mettre à l'abri nos frégates et même les vaisseaux hollandais qui sont dans la rade d'Helvoet-sluys.

Comme il est probable que les Hollandais délibéreront avant d'agir et agiront à leur manière, vous donnerez l'ordre au général Victor d'armer le fort de l'île de Goerce, celui de Brielle, l'île de Voorn, et d'occuper tous les postes les plus importants, qui peuvent mettre à l'abri de toute attaque nos frégates et notre convoi.

Il peut, à cet effet, faire débarquer la moitié de l'expédition.

Vous lui recommanderez d'ordonner la plus grande surveillance car la mauvaise foi et la perfidie des Anglais est capable de tout.


Saint-Cloud, 21 avril 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le Premier Consul désire, Citoyen Ministre, que vous écriviez au préfet de la Vendée pour lui demander des détails sur l'île d'Yeu. Ces renseignements doivent faire connaître à quelle sous-préfecture cette île appartient; à quel diocèse; quel est son curé; quels soi les individus du continent qui sont propriétaires dans l'île; s'il existe des propriétés nationales; quelle est la population; si les moyens de l'île pourraient en entretenir une plus considérable; quel est la fortune des vingt maisons les plus riches de l'île. Ces familles ont-elles des enfants qu'on puisse admettre au Prytanée ? Les habitants sont-ils classés dans la marine ? Combien fournissent-ils de matelots ? Ont-ils donné des hommes à la conscription actuelle ?  Quelle espèce de faveur pourrait-on faire aux habitants pour les attacher davantage au Gouvernement ? Quelle est la nature et la qualité de l'eau qui se trouve dans l'île ? Vous êtes prié, Citoyen Ministre d'ajouter toutes les questions qui vous paraîtront convenables pour compléter les renseignements propres à faire connaître cette île presque aussi ignorée jusqu'à ce jour que si elle n'avait jamais fait partie de la République. 


Paris, 22 avril 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DU TRÉSOR PUBLIC

Le ministre du trésor public enverra à Saint-Domingue un inspecteur de la trésorerie, avec ordre d'arrêter les registres du payeur général, d'annuler les traites et de revenir sur-le-champ en France.

Le même ministre fera connaître aux payeurs de Saint-Domingue et des autres colonies, ainsi qu'aux commissaires des relations extérieures, notamment à ceux qui sont le plus en usage de faire des traites, que toute lettre de change ou traite sur le trésor public, qui ne serait pas motivée sur une lettre d'un ministre autorisant la dépense dont ils feront ainsi les fonds, ne sera pas acquittée, et que le protêt tombera à leur charge, ainsi que toutes les indemnités que les tribunaux pourraient accorder aux porteurs pour raison des dommages résultant du défaut de payement.

Les payeurs généraux de toutes les colonies seront également avertis que toutes les dispositions qu'ils feront sur le trésor public, sans y être spécialement autorisés, ne seront pas allouées dans leurs comptes.

Le ministre de la marine enverra désormais au ministre du trésor public les crédits qu'il ouvrira, tant aux capitaines généraux et préfets coloniaux qu'aux commissaires des relations commerciales, afin que le ministre du trésor public prévienne par ses instructions les payeurs de la somme jusqu'à concurrence de laquelle ces divers agents pourront tirer sur le trésor public.

Le ministre de la marine pourra prévoir les cas de relâche extra-ordinaire qui obligeraient à des emplois de fonds supérieurs aux crédits ouverts aux commissaires des relations commerciales ou à la portion libre de ces crédits, et autoriser ces commissaires à tirer des lettres de change sur la réquisition du capitaine commandant du bâtiment, après s'être assurés toutefois que les besoins sont véritables. Ces lettres de change seraient en conséquence visées par le capitaine commandant le bâtiment, lequel tiendrait note dans son journal du montant des lettres de change qu'il aurait visées, et des besoins auxquels les fonds auraient pourvu.

Le ministre de la marine fera connaître au citoyen d'Aure qu'il a mis sous les yeux du Premier Consul ses lettres et les états de son administration; que le Gouvernement a voulu suspendre toute détermination sur une conduite qui, jusqu'à présent, doit paraître aussi étrange que désordonnée. Il lui ordonnera de quitter la colonie sous dix jours pour revenir en France; d'apporter ses registres et les pièce de son administration. Les pièces qui ne seront pas de nature à être déplacées seront apportées par copies certifiées. Le citoyen d'Aure joindra aux registres et pièces tous les documents nécessaires pour établir et justifier les lettres de change qu'il a tirées et l'emploi de fonds dont il a disposé; il y joindra la déclaration signée de tout ce qu'il avait reçu à son départ de Saint-Domingue, et en conséquence, des opérations d'un bureau de décompte et autres vérifications. Lorsque le citoyen d'Aure sera arrivé avec les pièces, il sera formé une commission pour l'examen de sa gestion.

Le ministre de la marine réitérera aux capitaines généraux et au préfets coloniaux l'ordre de se conformer aux règlements, à l'organisation des colonies et aux instructions qui ont été données.

Il fera connaître que les opérations pour les lettres de change qui seront autorisées à l'avenir, doivent être le moins possible onéreuses à la République.


Paris, 23 avril 1803

DÉCISION

Le ministre de l'intérieur propose l'exportation de 200,000 quintaux de mais pour l'Espagne.

Accordé; mais écrire, sans  faire une condition, pour réclamer à cette occasion, l'introduction en Espagne de nos cotonnades.


Paris, 23 avril 1803

PROJET D'UNE CONVENTION SECRÈTE AVEC LES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE

Le Premier Consul de la République française, au nom du Peuple français, et le Président des États-Unis d'Amérique, désirant prévenir tout sujet de mésintelligence relativement aux objets de discussion mentionnés dans les articles 2 et 5 de la convention du 8 vendémiaire an IX, et voulant fortifier de plus en plus les rapports d'union et d'amitié qui, à l'époque de ladite convention, ont été heureusement rétablis entre les deux États, ont respectivement nommés pour ministres plénipotentiaires le citoyen Barbé-Marbois, ministre du trésor public, et . . . . .

Lesquels, après avoir fait l'échange de leurs pleins pouvoirs, sont convenus des articles suivants :

ARTICLE 1er. - La République française cède et transmet aux États-Unis d'Amérique tous les droits qu'elle a acquis sur la Louisiane en vertu du traité fait avec S. M. C. le roi d'Espagne, le 9 vendémiaire an IX de la République française (ler octobre 1802) ; et, en conséquence de ladite cession, la Louisiane, son territoire et ses dépendances propres deviendront partie de l'Union américaine et formeront successivement un ou plusieurs États, aux termes de la constitution fédérale des États-Unis.
ART. 2. - Les États-Unis s'engagent à favoriser, d'une manière spéciale, le commerce et la navigation des citoyens français et des sujets de Sa Majesté Catholique dans les v4illes, ports, rades, mers, fleuves, etc. de la Louisiane, et nommément de leur assurer, par un privilège qui ne pourra par la suite être accordé à aucune autre nation, le droit perpétuel d'entrepôt et de navigation qui fut concédé aux Américains par le traité du 27 octobre 1795, entre l'Espagne et les États-unis.
 De plus, il est convenu que, dans les ports et villes de la Louisiane, le commerce français et espagnol jouira, pour les importations, d'une franchise entière. Les bâtiments et marchandises françaises et Espagnoles ne pourront, à perpétuité, être assujettis à aucun des droits ou charges qui pourraient être imposés au commerce des autres nations; ils seront, dans tous les ports de la Louisiane, assimilés en tous les points aux bâtiments et marchandises américains venant d'un autre port d'Amérique.
ART. 3. - Il sera accordé à la France et à l'Espagne trois autres lieux d'entrepôt commercial sur la rive droite du Mississipi, vers l'embouchure de la rivière Rouge, de celle des Arkansas et du Missouri, et deux entrepôts sur la gauche de la rivière de l'Illinois et vers l'embouchure de l'Ohio. Les négociants français jouiront, dans ces lieux, de tous les avantages qui avaient été accordés aux Américains par le roi d'Espagne le 27 octobre 1795; et il est convenu, de plus, que la France pourra y nommer, comme à la Nouvelle-Orléans, des agents commerciaux qui, conformément à l'article 10 de la convention du 8 vendémiaire an IX, jouiront de tous les droits et prérogatives qui sont attachés à ces sortes d'agences.
ART. 4. - Il est convenu que les engagements pris par le Gouvernement de la République française relativement aux dettes des sujets américains, en vertu de l'article 5 de la convention du 8 vendémiaire an IX, seront tenus pour acquittés de sa part, et que la charge en est transmise par le présent traité au Gouvernement des États-Unis, lequel s'engage à faire droit à cet égard à toute réclamation qui pourrait avoir été ou devoir être adressée sur cet objet au Gouvernement de la République. Bien entendu que les obligations contractées envers les citoyens français par le Gouvernement des États-Unis, en vertu dudit article 5, restent entières, ainsi que les droits des citoyens français pour l'acquit de leurs créances.
ART. 5. - Indépendamment de l'acquit des créances spécifiées dans l'article précédent, le Gouvernement des États-Unis s'engage à payer à la France la somme de 100 millions, en douze payements égaux, le terme de chacun desdits payements étant de douze mois, et le payement du premier terme devant être fait un mois après.
La présente convention sera ratifiée en bonne et due forme, et les ratifications seront échangées dans l'espace de six mois, après la date de la signature des ministres plénipotentiaires, ou plus tôt, s'il est possible.


Paris, 3 avril 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Le Premier Consul désire, Citoyen Ministre, que vous fassiez dresser les projets des travaux indiqués ci-après :

l° Pour construire à Brest quatre autres bassins dans l'anse du moulin à poudre, et établir six autres cales couvertes dans les points qui seront jugés les plus commodes;
2° Pour établir une forme à Lorient;
3° Pour établir un arsenal de construction et un bassin à l'embouchure de la Loire et de la Vilaine;
4° Pour établir une forme sur l'Escaut, soit à Flessingue, soit à Terneuse : dans le premier cas, en arrangeant ce bassin de manière que nos vaisseaux puissent y entrer; dans le second, en faisant un bassin et un arsenal à Terneuse.


Paris, 23 avril 1803

Au contre-amiral Decrès

Le Premier Consul est informé, Citoyen Ministre, que des Anglais qui habitent aux îles d'Hyères vont fréquemment à Toulon et y visitent librement le port et l'arsenal. Il désire que vous fassiez de nouveau connaître à tous les préfets maritimes qu'ils ne doivent, sous aucun prétexte, permettre l'entrée des ports et des arsenaux aux étrangers qui ne seraient pas porteurs dune autorisation expresse, accordée par vous et signée de votre main.


Paris, 23 avril 1803

Au citoyen Cretet, conseiller d'État, chargé des ponts et chaussées

Le Premier Consul désire, Citoyen, savoir où en sont les travaux du fort que l'on construit à Port-Haliguen, presqu'île de Quiberon. Il est instant de prendre des mesures de manière qu'un bâtiment tirant douze pieds d'eau puisse trouver refuge dans ce port.


Saint-Cloud, 24 avril 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire écrire au citoyen Cacault, à Rome, qu'un nommé Valeri, Corse, très-mauvais sujet, et un curé de San-Pietro-in-Calibano à Pesaro, sont très-suspects d'ourdir des menées contre la France et correspondent avec des agents d'insurrection anglais. Il est convenable de faire arrêter le nommé Valeri, et le curé, si l'on partage à Rome ces soupçons sur ce dernier; sinon, le faire employer sur les confins de Naples.


Saint-Cloud, 24 avril 1803

Au citoyen Melzi, vice-président de la République Italienne)

Votre lettre du 13 avril m'a fait plaisir. L'arrêté de la Consulte  m'a paru convenable, et tout ce qui me revient, par les Italiens que j'ai lieu de voir ici, me persuade que vous avez bien fait de débarrasser les conseils de la République d'une tête aussi folle que Cicognara. Je ne laisse pas d'en être un peu peiné, parce que c'est un des premiers hommes que j'ai employés en Italie. Si l'assiette de sa tête se rétablit, il peut compter que j'oublierai tout, par le même principe que je n'oublierai jamais qu'il a été utile au système dans des temps critiques.

J'ai lu et relu le budget, et j'ai dicté plusieurs observations à Felici et Lambertenghi. J'attends le rapport qu'ils doivent m'en faire pour voir s'ils ont bien saisi ce que j'entendais.

Donnez de la confiance à l'opinion , et faites sentir que, tant que j'existerai, la République ne peut essuyer aucun tort; que tout ce qui a été fait à Lyon sera maintenu, et que des craintes chimériques et des bruits insensés, enfants de la malveillance, ne doivent trouver aucune espèce de croyance. Dans les événements qui pourront survenir, il est des chances qui peuvent augmenter le territoire de la République; mais je n'en vois aucune où elle puisse diminuer.

J'espère encore que Villa se rétablira; il n'est pas vieux. J'attendrai au reste votre prochaine lettre.


Saint-Cloud, 24 avril 1803

Au général Murat, commandant en chef les troupes françaises en Italie

J'ai reçu votre lettre, Citoyen Général. Je vois avec plaisir la bonne intelligence rétablie entre vous et le vice-président. De votre côté, attachez-vous à investir de considération les principaux fonctionnaires de la République. Ne souffrez jamais que, directement ou indirectement par des instigations, on vous mette en opposition avec eux : ce n'est pas là votre rôle. Vous êtes par votre position au-dessus de ces petites intrigues. Portez une grande attention à faire le bien-être de vos troupes. Dès que le cantonnement de Faenza sera organisé, rendez-vous-y, et assurez-vous qu'il ne lui manque rien pour pouvoir marcher au premier ordre.

Faites-moi connaître la quantité de recrues arrivées à chaque corps ; combien chacun peut mettre d'hommes en campagne. Je pense que tous les invalides et vétérans sont partis. Envoyez des officiers d'état-major jusqu'à Udine, Gratz, Laybach, lnspruck et Klagenfurt, pour savoir s'il y a des mouvements de troupes et observer la situation du pays. Envoyez aussi des officiers du génie dans le Tyrol. Ayez soin de choisir des hommes prudents et qui ne se compromettent pas. Que votre présence soit utile au pays et avantageuse à l'administration. Faites-moi connaître la marche de l'esprit public, non par des rapports obscurs qui ne méritent, vous le savez, aucune confiance, mais par des rapports généraux auxquels je puisse ajouter foi.


Saint-Cloud, 25 avril 1803

Au citoyen Lauriston, aide de camp du Premier Consul

Vous vous rendrez au Havre. Vous y resterez trois jours. Vous verrez la situation du dépôt colonial, celle de son habillement, de son armement; les bâtiments préparés pour l'embarquer; si les préparatifs se font pour l'armement des côtes; les chaloupes canonnières et bateaux canonniers qui sont dans le bassin, les bâtiments en construction, les bâtiments désarmés; si les travaux ordonnés au bassin et au port sont commencés; et tout ce qui peut m'intéresser sous le point de vue militaire et d'administration.

De là vous vous rendrez à Caen, aux îles Marcouf, à la Hougue et à Cherbourg. Vous y prendrez des renseignements sur les mêmes objets. Vous vous assurerez que la Hougue est à l'abri de toute attaque de l'ennemi; si les fortifications permanentes sont commencées à Cherbourg. Vous verrez si la 39e est bien casernée; si elle a perdu des hommes en route; si l'on travaille à rétablir la digue et la rade; ce qu'on y a fait cette année, ce que l'on compte y faire la campagne prochaine; si les préparatifs sont faits pour travailler au bassin; la quantité de bois et chanvre existant dans les magasins de la République; si la boulangerie est en bon état; le nombre de fours qu'il y a.

Vous vous arrêterez dans les ports de commerce un peu importants. Vous verrez à Saint-Malo la situation des constructions, et irez dans les forts qui défendent cette rade. Vous verrez à Saint-Malo et Granville le nombre de bâtiments destinés pour la pêche, leur grandeur, combien d'hommes et de vivres ils peuvent contenir.

Vous continuerez la côte par Saint-Brieuc, Morlaix, Brest. Vous vous arrêterez dans tous les ports, y verrez le nombre de bâtiments de pêcheurs capables d'une traversée et plus forts que 500 tonneaux. Vous observerez tout sans inquisition et sans exciter d'alarme. Partout vous observerez l'état du port, ce qu'on y a fait cette année, ce qu'on compte y faire l'année prochaine; le nombre de matelots au service de la marine ou du commerce qui sont absents du port, ceux qui sont dans le port, ceux qui ne sont point employés. Partout où il y a des troupes, assurez-vous de l'esprit des corps, du nombre de recrues qu'ils ont reçues, de leur habillement, en habits neufs, vieux ou de paysan.

Parcourez toutes les îles qui sont sur les côtes, spécialement le îles de Bréhat, d'Er, les Sept-Îles, le rocher de Saintes, l'île de Batz, d'Ouessant, les îles Glénans.

Vous resterez au moins six jours à Brest. Vous verrez si on se dispose à commencer les travaux du bassin dont j'ai ordonné la construction pour cette année. Vous verrez le nombre de vaisseaux en rade, si l'on travaille à l'armement, aux chantiers, et si les magasins sont fournis de tout ce qui peut être nécessaire.

Vous tiendrez note de toutes les fortifications, surtout dans les petites îles, et vous vous assurerez si l'on a pris des mesures pour les armer et les approvisionner.

Vous verrez les batteries de Brest, spécialement celle de Camaret et si elles sont disposées de manière à protéger tous nos petits bâtiments.

Vous reviendrez par Quimper, Pontivy, Rennes et Paris, où vous serez de retour le 30. Vous observerez dans les petites îles l'esprit des habitants, s'ils sont formés en compagnies pour leur défense. Vous ferez connaître à Ouessant que je sais que les habitants se sont toujours bien comportés; s'ils ont des demandes, ou des plaintes faire, vous me les apporterez. Vous verrez, à Pontivy, si l'on travaille à la navigation du Blavet; à Rennes, où en sont les travaux de caserne commandés et ceux de l'école d'artillerie.

Avant de partir de chaque port, vous m'enverrez votre rapport sur tous les objets compris dans la présente instruction.


Saint-Cloud, 26 avril 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les différents projets qui ont été présentés pour l'organisation de l'artillerie de la marine. Il devient urgent de prendre un parti sur cet objet. Les sacrifices que je vais faire pour le service maritime, et l'extension que je veux lui donner, me portent à adopter la création de quatre régiments de canonniers de la marine; le ler et le 2e à quatre bataillons, et les 3e et 4e à deux bataillons chacun. Le ler et le 2e feront le service des grands ports, et les deux autres, celui des deux petits ports.

Je désire que les bataillons, au lieu d'être de dix compagnies, ne soient que de six, et que la compagnie, au lieu d'être composée de 80 hommes, le soit de 150 hommes en temps de paix, et de 200 au grand complet. Les compagnies seront composées d'un capitaine, d'un lieutenant en premier, d'un lieutenant en second, d'un sergent- major, de 5 sergents, d'un caporal-fourrier, de 10 caporaux, de 25 canonniers de première classe, de 25 de seconde classe, de 80 canonniers aspirants et de 2 tambours; total : 150 hommes.

Quand on voudra les porter au grand complet de guerre, on ajoutera 50 canonniers aspirants.

Les lieutenants en second seront détachés pour l'armement, la défense et la surveillance des principales batteries de l'arrondissement; ils seront aussi employés à l'arsenal du port.

Au lieu de trois compagnies d'ouvriers, il me paraîtrait plus convenable d'en avoir quatre, et de les porter de 99 à 150 hommes.

Je vous prie de retoucher au projet d'arrêté que je vous ai envoyé, en suivant ces bases, et de me le remettre dans la semaine, car il est urgent d'organiser ce corps. Cette organisation ne portera aucun préjudice à l'organisation des équipages.

Faites joindre à votre projet un tableau des dépenses que nécessitera l'entretien de ce corps, et de ce que coûtaient les sept demi- brigades d'artillerie.


Saint-Cloud, 27 avril 1803

Au général Lagrange, inspecteur de gendarmerie

Vous passerez, Citoyen Général, l'inspection des 15e, 25e, 18e, 17e et 16e légions de gendarmerie. Vous correspondrez directement avec le général Moncey pour tous les détails relatifs à votre arme. Vous enverrez, à moi seul, votre rapport sur la mission particulière et toute de confiance dont je vous charge.

Vous verrez les départements de la Somme, du Pas-de-Calais, du Nord, de l'Aisne, formant la 1e légion. Vous m'enverrez les notes que vous recueillerez sur les préfets, sous-préfets et maires des principales communes, sur les évêques et autres ecclésiastiques; sur l'état des chemins, le prix des subsistances, la manière dont s'annonce la récolte; sur la contrebande, le service des douanes, l'esprit de chaque corps, de chaque demi-brigade, sur les chefs, sur le nombre des conscrits reçus dans chaque corps, sur leur habillement en habits neufs, vieux ou en vestes; enfin un aperçu général qui puisse me mettre au fait de ces objets importants, et de tout ce qui peut m'intéresser sous le point de vue militaire et d'administration.

Après avoir parcouru la 15e légion, vous ferez la même chose dans les départements des Ardennes, de la Meuse, de la Moselle, des Forêts, du Mont-Tonnerre, de la Sarre, de Rhin-et-Moselle, de la Roër, de l'Ourthe, Sambre-et-Meuse, Meuse-Inférieure, Deux Nèthes, Dyle, Jemmapes et la Lys.

Vous resterez dans chaque ville de garnison le nombre de jour nécessaire pour vous mettre au fait des renseignements demandés. Vous m'adresserez, avant d'en partir, au Premier Consul seul, toute vos observations.

Votre mission patente est l'inspection de la gendarmerie. Ne laisse donc pénétrer, directement ni indirectement, la mission particulière dont vous êtes chargé. Puisez vos renseignements dans les conversations particulières, et en consultant les personnes qui peuvent vous les donner, sans inquisition ni question indiscrète.

Ne manquez pas de m'instruire de l'état des fortifications et de l'artillerie des places fortes que vous rencontrerez.


Saint-Cloud, 27 avril 1803

Au Ministre des Relations Extérieures

Je n'aime point, Citoyen Ministre, à m'occuper de l'intérieur des Gouvernements des Pays alliés; mais la marche incroyable que prend aujourd'hui l'opinion en Hollande a attire toute ma sollicitude et je ne peux plus rester indifférent à tout ce qui se passe. L'armée hollandaise est mécontente; la plus grande partie du peuple l'est également.

Voici les faits qui ont été mis sous mes yeux. Je vous prie de m'en faire un rapport.

1° Le tiers de la population en Hollande est catholique et sans contredit la partie la plus attachée à la France, et que cependant elle n'a aucun membre dans le gouvernement, aucun représentant dans le Corps Législatif, ni dans aucune autorité départementale ou municipale.

2° Que le Conseil .... est entièrement composé d'amis de l'Angleterre; qu'il y a deux mois on a retiré arbitrairement de ce Conseil six membres, les seuls ennemis de l'Angleterre et partisans avoués de la France et de la Hollande, qui ont été remplacés par six hommes connus pour leur attachement à la cause anglaise, ayant toute leur fortune dans les fonds anglais. On cite parmi ces derniers un nommé Van Stratten qui lors de son débarquement en 1799 a levé des contributions en son nom, et était chef de la police du duc d'York. Cet homme est appelé à  présider à son tour ce Conseil; sa seule signature peut mettre les colonies à la disposition de l'Angleterre.

3° Que le Conseil d'Amsterdam par un règlement du 6 mars vient d'ôter les places marquées dans les Églises aux autorités civiles, militaires et politiques, qui les avaient obtenues depuis l'entrée des français, de sorte que l'on voit dans le même jour les amnisties et les hommes qui ont embrassé la cause de l'Angleterre reprendre les honneurs, et ceux qui ont toujours soutenu la cause de la France, déshonorés et châtiés.

4° Qu'il se fait depuis trois mois dans les administrations départementales et municipales des changements tous en faveur des Anglais, tous réunis dans ce parti de créer contre l'alliance de la France.

Si dans un pareil état de choses la paix survient, et que les troupes françaises évacuent la Hollande, nous aurions sur nos frontières un Gouvernement tout ennemi, quoique cependant il soit de fait que la plus grande partie de la Nation, que tout ce qui a énergie , crédit et force est favorable au système français.

Mon intention est donc d'intervenir dans les affaires de ce pays. Je désire d'abord être certain de la vérité des faits ci-dessus, et que vous me fassiez connaître ce qu'il y a à faire pour assurer en Hollande aux amis de la France de l'influence et de la considération.

Les deux questions qui se présentent sont 1° si la Hollande ne peut pas vivre avec la Constitution qu'elle a, quel amendement ou quel changement y-a-t-il à faire ?

2° Quels sont les hommes qui pourraient accepter les principales places ? Et à cet effet je désire connaître qu'elle était la Constitution de la Hollande avant l'entrée des français et quelle est sa Constitution actuelle.

Bien se garder de laisser pénétrer que je me suis occupé de ces objets; cela porterait l'alarme dans le Gouvernement. Parlez-en confidentiellement de vous au Citoyen Schimmelpenninck comme des choses tellement évidentes qu'elles finiront par éveiller l'attention du Premier Consul.

Lettres à Talleyrand


Saint-Cloud, 28 avril 1803

Au citoyen Lebrun, aide de camp du Premier Consul

Vous voudrez bien, citoyen, partir dans la journée pour vous rendre à Lorient, en passant par Alençon et Rennes.

Vous vous arrêterez deux jours à Alençon. Vous y prendrez des informations sur la manière dont s'est tenu le collège électoral du département, sur les raisons qui ont empêché un grand nombre citoyens de s'y rendre.

Vous prendrez des préfets, de la gendarmerie et des commandai militaires tous les renseignements qu'ils pourraient vous procurer sur les cantons qui étaient le plus chouanisés, sur les chefs de chouans qui demeurent dans le département, sur les propos et la conduite qu'ils y tiennent.

Vous prendrez des renseignements sur la situation de l'esprit clergé, et m'enverrez un rapport détaillé de tout ce qui peut m'intéresser sous le point de vue de la tranquillité publique. Il ne devra pas être seulement le résultat de ce que vous recueillerez des préfets et autres autorités; vous consulterez encore différentes autres personnes.

Vous vous rendrez dans les chefs-lieux de cantons qui passent pour les plus mauvais et qui vous seraient indiqués comme tels. Vous y resterez le temps convenable pour vous procurer les renseignements les plus détaillés sur tous les individus suspects et qui pourraient troubler la tranquillité publique. Vous joindrez aux renseignements personnels que vous recueillerez des notes sur les châteaux où, pendant la dernière guerre, les chouans avaient coutume de se réunir.

Vous vous rendrez de là à Rennes. Vous y resterez deux jours. Vous y prendrez les mêmes renseignements. Vous vous procurerez également des renseignements des chefs de brigade et de bataillon, des officiers qui sont en garnison dans cette place, sur la situation de l'habillement et armement des corps, sur l'esprit des conscrits; vous m'enverrez un état du nombre d'hommes que les demi-brigades pourraient mettre en campagne, et les plaintes qu'ils auraient à faire sur cet objet.

Vous êtes autorisé à vous rendre dans les chefs-lieux des cantons qui ont été le centre de la guerre civile, et qui sont considérés encore comme les plus suspects, afin que, plus près des lieux, vous puissiez rendre plus sûrs les renseignements que vous devez me donner.

De là, vous irez à Lorient; vous m'enverrez un état détaillé de tout ce que vous y verrez, des vaisseaux qui sont dans les chantiers, de ceux en armement ou dans le port, du nombre de marins, de la situation des vivres et approvisionnements de la marine. Vous recueillerez tout ce qu'on vous dira, et tous les renseignements directs ou indirects qui viendraient à votre connaissance.

Vous visiterez toutes les batteries des côtes, depuis Lorient jusqu'à l'embouchure de la rivière de Quimper, et depuis Lorient jusqu'à Rochefort. Vous aurez soin de voir avec quelle activité l'on arme; de me faire connaître, dans votre rapport sur chaque batterie, ce qu'on y a fait depuis l'ordre d'armement, et le moment où elle sera armée; d'observer l'esprit et la population des villages à portée des batteries, le nombre de matelots, ceux qui sont à la mer; enfin tout ce qui peut, sur cette côte, m'intéresser sous le point de vue de l'armement et de l'administration.

Informez-vous exactement, dès votre arrivée à Lorient, si les approvisionnements pour Belle-Île et l'île de Groix sont partis; et, à votre retour à Lorient de la portion de votre course à l'embouchure de la rivière de Quimper, faites-moi connaître la situation de Belle-Île et de l'île de Groix, leur armement, approvisionnement, l'esprit des habitants, le nombre de compagnies qu'on a formées parmi eux pour la défense du pays, les talents et l'esprit public des commandants.

Partout où vous irez, ayez soin d'inviter à dîner les commandants, les officiers, les administrateurs et habitants que vous penserez pouvoir vous donner des renseignements, sans cependant inviter les préfets et généraux de division, à moins qu'ils ne vous le demandent. De là vous irez à Vannes, où vous prendrez les mêmes renseignements que dans les départements de l'Orne et d'Ille-et-Vilaine. Vous vous informerez des cantons supposés les plus mauvais. Vous verrez la gendarmerie, les maires, pour tous les renseignements, et vous contribuerez, par votre conduite et par l'accueil que vous leur ferez à leur laisser une bonne opinion de la sollicitude du Gouvernement pour eux.

En descendant de Lorient à l'embouchure de la Vilaine, vous remonterez jusqu'à la Roche-Bernard sur l'une et l'autre rive. Vous vous ferez montrer les lieux où une escadre poursuivie par les Anglais monta dans la dernière guerre, et recueillerez l'opinion des marins sur l'endroit où un vaisseau de guerre peut arriver.

Vous ferez la même chose sur l'une et l'autre rive de la Loire jusqu'à Nantes. Vous ferez, pour la marine de Nantes et pour département d'Ille-et-Vilaine, ce qui vous est prescrit pour les autres départements.

Vous parcourrez l'île de Noirmoutiers. Vous vous informerez avec soin si l'on a mémoire que des frégates ou des vaisseaux aient mouillé dans l'anse de Noirmoutiers, et jusqu'à quel endroit.

Vous verrez les îles de Ré et d'Oléron, l'île d'Yeu et Rochefort, vous vous en reviendrez à Paris par Poitiers, Tours, Orléans; vous vous arrêterez dans chaque chef-lieu, où vous prendrez les mêmes mais d'une manière moins détaillée, surtout pour les troupes et les conscrits.

Vous aurez soin de m'envoyer votre rapport de tous les lieux où vous coucherez et avant d'en partir, vous, m'en ferez une description géographique, topographique et militaire, et vous aurez soin d'y relater le nombre de villages et la population des îles de Groix, Belle-Île, de l'île d'Yeu et Noirmoutiers, et de vous assurer si dans ces îles il y a des biens nationaux.

Partout vous rendrez visite aux évêques, et quand vous coucherez dans des villages, vous vous mettrez en relation avec les curés.

Vous distinguerez dans les îles les habitants les plus attachés au Gouvernement, et recueillerez les grâces qu'ils auraient à demander pour eux ou leurs enfants.

Faites connaître à Noirmoutiers que je suis satisfait de la conduite que les habitants ont tenue à la fin de l'an VIII.

Vous mettrez le temps convenable à cette mission, qui ne doit pas être faite légèrement, et je dois trouver dans vos rapports les mêmes renseignements que je pourrais trouver si j'allais moi-même sur les lieux. Je désire cependant que votre mission ne dure pas plus d'un mois.

Faites-moi connaître ceux des renseignements que vous prendrez qui pourraient être hasardés, et, le plus possible, la source d'où ils viennent. Vous pouvez être certain que vos rapports ne seront lus que par moi.

Tous ces renseignements doivent être pris sans donner aucune inquiétude et sans paraître avoir été envoyés pour cet objet.


Paris, 29 avril 1803

NOTE

Au prochain travail, le Premier Consul présentera la proposition de douze lycées pour l'année prochaine.

Le ministre présentera un projet pour placer la statue de Charlemagne sur la place de la Concorde, ou sur la place dite Vendôme.


Saint-Cloud, 29 avril 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le Premier Consul vous prie, Citoyen Ministre, d'apporter au prochain travail l'ordre suivant, qui a été donné pour les écoles d'artillerie pendant la campagne de l'an XI.

Mon intention est qu'on se serve, dans chaque école, de boulets rouges; qu'on s'exerce aux obusiers, et qu'on se familiarise avec l'usage des boulets creux, en ayant soin de tenir un procès-verbal des exercices qui auront été faits avec ces boulets. 


Saint-Cloud, 30 avril 1803

Au landammann et au conseil général du canton d'Uri

Citoyens Landammann et Membres du conseil général du canton d'Uri, tout ce que vous me dites dans votre lettre du 28 mars m'a vivement touché. J'ai voulu, par l'acte de médiation, vous éviter de grands maux et vous procurer de grands biens. Je n'ai vu que vos intérêts. Oubliez toutes vos divisions. Ne formez qu'un seul peuple.

Je regarderai comme une de mes occupations les plus importantes de maintenir dans toute son intégrité la vieille amitié qui, depuis tant de siècles, vous unit à la nation française.

Dites au peuple de votre canton que je serai toujours prêt à l'aider dans tous les maux qu'il pourrait éprouver, et qu'en retour je compte sur la continuation des sentiments que vous m'exprimez.