1 - 15 Décembre 1803


Paris, 1er décembre 1803

Au citoyen Lacuée, président de la section de la guerre au Conseil d'État

Je vous envoie un projet pour compléter la Garde avec un appel de conscrits. Il paraît, par ce que dit le général Bessières, qu'il faudrait, au lieu d'appeler 500 hommes de l'an IX et X, en appeler 600, et au lieu de 1,000 hommes de l'an XI et XII, en appeler 1,200.

L'armée ne peut suffire au recrutement de la Garde; elle ne peut la mettre même au pied de paix, sans s'affaiblir d'un petit nombre d'hommes extrêmement précieux, ce qui m'a donné l'idée d'appeler des conscrits. J'exige qu'ils aient dix sous de haute paye, afin de n'être pas ruineux pour le trésor public.


Paris, 2 décembre 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DE LA JUSTICE

Faire connaître aux préfets de Maine-et-Loire, de la Vendée et des Deux-Sèvres, que mon intention n'est pas d'user d'indulgence pour les 60 conscrits qui ont paru en armes dans le canton de Beaupreau. Les nommés Forestier et Morin, ou tout autre instigateur, doivent être sur-le-champ traduits devant des commissions militaires extraordinaires, de cinq officiers, et condamnés à mort. Les autres conscrits, qui n'auraient été qu'égarés, seront arrêtés et conduits sous sûre et bonne escorte dans la citadelle de Briançon, où ils seront retenus en prison jusqu'à nouvel ordre.


Paris, 2 décembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

L'organisation de la légion piémontaises n'avance pas, Citoyen Ministre; je désire cependant qu'elle soit promptement complète, mon intention étant de la faire participer à l'expédition. Le ler bataillon doit être actuellement à peu près formé à Montpellier. Donnez des ordres pour la formation du 2e, qui se réunira à Auxonne. Je désire que le général Caffarelli prenne connaissance de l'état dans lequel est son organisation et se rende à Turin pour y rester jusqu'à nouvel ordre, et s'y occupe, sans délai, de son entière formation. Veillez à la bonne composition des officiers et sous-officiers, et enfin à tout ce qui peut intéresser le service pour cet objet.


Paris, 3 décembre 1803

DÉCISION

Rapport du ministre de la guerre sur une lettre du général Mortier, portant avis qu'il va payer 159,119 francs à M. le duc d'Oldenburg, pour les dégâts commis sur son territoire par le passage des troupes françaises.

Rien n'oblige le général Mortier à payer à ce duc ce qu'il ne 
lui doit pas. Il n'y a qu'à ne plus en parler; on s'en occupera à Paris.


Paris, 3 décembre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je crois qu'il n'y a pas d'inconvénient à laisser partir Cretet avec ses ingénieurs; il y restera moins. C'est un homme qui a l'habitude de ces travaux, qui verra par lui-même et nous dira sur quoi nous pouvons compter; et, d'ailleurs, il est possible qu'il y ait des mesures économiques à prendre.

En tout, ce voyage ne peut être que très-utile; mais ne le laissez pas manquer d'argent. Je vous avoue que je vois avec peine les grands travaux qu'on fait pour les écuries et casernes. Je ne prétends pas passer à Boulogne dix ans, et les bois et ouvriers employés à ces travaux sont des moyens perdus pour la flottille. Vous verrez qu'on ne manque pas de forgerons à Boulogne.


Paris, 3 décembre 1803

Au contre-amiral Decrès

Les individus, Citoyen Ministre, atteints par le sénatus-consulte, seront traités comme déportés, les autres comme exilés.

En général, faites-les bien traiter, pourvu qu'on soit sûr qu'ils ne s'échappent pas. J'approuve que vous fassiez partir la frégate la Cybèle et la frégate la Gloire avec les déportés et huit milliers de poudre pour Cayenne. Faites-y passer un officier pour commander les troupes, l'adjudant commandant Degonges étant mort. Du reste, les deux frégates se chargeront de 1,000 fusils, 250 hommes, et de la plus grande quantité de farine et de vivres qu'elles pourront porter pour la Martinique.

Quant à l'argent, le ministre du trésor public vous remettra des traites sur la Havane pour la somme de 700,000 francs. Après avoir été à la Martinique, les frégates se porteront à la Guadeloupe, pour y remettre l'argent destiné pour cette colonie, et se rendront de là aux États-Unis d'Amérique, où elles embarqueront le citoyen Jérôme Bonaparte, lieutenant de vaisseau. Elles continueront leurs croisières et rentreront en France en prenant toutes les précautions convenables.

Il faut s'@arranger de manière que les lettres de change sur la Havane ne courent pas le danger d'être prises par les Anglais, ce qui est facile, si le commandant les jette à l'eau, ainsi que les dépêches.


Paris, 3 décembre 1803

Au contre-amiral Decrès

Le contre-amiral hollandais Ver Huell, Citoyen Ministre, propose d'acheter en Hollande une centaine de bateaux baleiniers qu'il dit être extrêmement légers et pouvoir servir comme péniches. Comme nous ne saurions trop avoir de ces bâtiments, je lui écris qu'après s'en être assuré lui-même, s'il les trouve propres à faire la traversée, il en achète pour 900,000 francs.

Écrivez au citoyen Semonville de tenir ces 200,000 francs à la disposition du contre-amiral Ver Huell, sur les 800,000 francs qu'il a reçus.


Paris, 3 décembre 1803

Au contre-amiral Ver Huell

Monsieur le Contre-Amiral Ver Huell, je vous ai expédié, le 7 frimaire, un courrier pour vous faire connaître mes décisions sur les différentes demandes que vous m'avez faites. Je reçois aujourd'hui par la poste votre lettre du 6, et je vous expédie un courrier pour vous faire connaître plus rapidement mes intentions.

Vous trouverez ci-joint le procès-verbal de l'épreuve faite sur le bateau que vous avez vu à Boulogne; tout le monde en a été très-satisfait.

Donnez des ordres et veillez à ce que les quarante bâtiments achetés en Hollande soient expédiés sur-le-champ pour Boulogne. Il faudra que les équipages bataves les conduisent jusque-là. Je ne pense pas que les bâtiments puissent arriver jusqu'à Ostende par les canaux.

Vous me faites connaître que vous pourrez trouver un grand nombre de chaloupes baleinières, qui sont des bateaux fort légers. Je n'ai point l'idée de ce que peuvent être ces canots, mais je m'en rapporte entièrement à vous. Vous pouvez donc, si vous pensez qu'ils puissent servir en forme de péniches, et qu'ils soient propres au passage de Calais en Angleterre, en faire acheter jusqu'à la valeur de 200,000 francs. Je désire que vous soyez chargé de faire les marchés, et de les faire passer sur-le-champ à Ostende. J'imagine que vous les visiterez vous-même avant de les acheter, car, dans des expéditions de cette nature, il ne faut s'en rapporter qu'à soi. L'ambassadeur doit avoir plus de 200,000 francs sur les 800,000 francs du trésor public. Le ministre de la marine lui écrira de tenir 200,000 francs à votre disposition pour cet objet. Mais, comme ses dépêches n'arriveront que par la poste, vous pouvez lui en parler, si vous le croyez nécessaire. Par le retour de mon courrier, faites-moi une description de ces canots baleiniers.

Comme j'attache la plus grande importance à ce que la flottille batave soit bientôt prête à Flessingue, j'ai fait passer une note à Schimmelpenninck. Devant bientôt me rendre dans ce pays, je serai fâché d'être obligé de dire que je ne suis pas content.

Tâchez donc de bien vous porter, car j'ai besoin de votre zèle et de vos talents.


Paris, 3 décembre 1803

Au contre-amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, je reçois votre lettre du 10. J'ai vu ave plaisir l'arrivée des flottilles du Havre et de Saint-Valery. Je pense que vous ne devez pas tarder à en recevoir un plus grand nombre Je ne puis trop vous recommander d'organiser l'entrée du port, et de faire placer deux ou trois corps-morts.

Les bateaux de Terre-Neuve, à ce que je vois, ne sont pas encore arrivés. On me propose, en Hollande, l'achat de cent bateaux baleiniers que l'on dit pouvoir servir de demi-péniches. Je l'ai ordonné parce que je pense que nous ne saurions avoir trop de petits bâtiments.

Envoyez un de vos officiers à Flessingue pour faire diriger sur Boulogne, dans le plus court délai, les quarante-sept bateaux acheté en Hollande, qui tous doivent servir d'écuries. Une grande part doit être arrivée à Flessingue. Si tous n'y sont pas, vous lui ordonnerez de se rendre à la Haye près de notre ambassadeur, qui lui dira où l'on en est et qui pressera le départ.

Je vous prie de faire mettre à la disposition de la Garde quatre paquebots tout équipés et meublés pour mon usage particulier. Je crois vous avoir dit que je désirais qu'on plaçât sur chacun un obusier de 8 pouces. Je désirerais qu'on les installât de manière à pouvoir porter chacun six chevaux, ce qui ferait vingt-quatre chevaux pour mon service.


Paris, 5 décembre 1803

Au citoyen Monge, en mission à Liège

Les 150,000 francs d'obligations doivent être arrivés. Faites-moi connaître l'époque à laquelle on pourra avoir les neuf chaloupes canonnières.

J'ai communiqué vos observations sur les avirons au ministre de la marine, qui doit vous écrire.

Je vois avec peine que le mois de brumaire est passé et que nous n'avons pas encore de canons de Perrier.


Paris, 5 décembre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Je vous renvoie, Citoyen Ministre, votre correspondance de l'Ouest. J'ai remarqué dans la lettre du préfet de Maine-et-Loire qu'il pense qu'à la désignation des conscrits doivent s'arrêter ses fonctions. Écrivez-lui que, loin d'être terminées, elles commencent; que ces fonctions sont permanentes, non-seulement pour faire désigner les conscrits, mais pour les faire partir, pour faire rejoindre même les déserteurs, ,et n'en tolérer aucun dans son département.

Je désire que vous fassiez une circulaire aux préfets pour leur faire sentir l'importance de l'opération de la conscription, et que leur devoir est non-seulement de faire tirer les conscrits, mais de les faire partir et de ne pas tolérer les déserteurs.

Envoyez par un courrier extraordinaire la lettre du préfet de la Loire-Inférieure au général Gouvion, et enjoignez-lui de vérifier les faits contenus dans cette lettre, et de ne rien négliger pour en faire arrêter et punir sévèrement les auteurs.


Paris, 5 décembre 1803

Au citoyen Portalis, chargé de toutes les affaires concernant les cultes

J'ai reçu l'aperçu des dépenses des cultes pour l'an XII. Vous portez tous les traitements en entier; mais ne doit-il pas y avoir une réduction produite par les pensions dont jouissent presque tous les ecclésiastiques ?


Paris, 6 décembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de tenir à la disposition du général Moncey une somme de 50,000 francs pour payer aux gendarmes les12 francs par chaque déserteur qu'ils arrêteront. Une centaine de déserteurs du camp de Saint-Omer sont déjà arrêtés; faites payer sur le-champ aux gendarmes les gratifications qui leur reviennent.


Paris, 6 décembre 1803

Au citoyen Talleyrand

NOTE POUR UNE LETTRE A S. M. L'EMPEREUR DE TOUTES LES RUSSIES

J'ai reçu la lettre par laquelle Votre Majesté Impériale m'apprend qu'elle a jugé à propos de rappeler auprès d'elle le comte de Markof son ministre plénipotentiaire auprès de la République française. Il m'a fidèlement renouvelé, ainsi qu'il en avait reçu l'ordre ee Votre Majesté Impériale, les assurances de l'intention où elle est de rester constamment attachée au système d'amitié et d'union qui a, depuis quelques années, été rétabli entre les deux États. Je ne doute pas qu'à son retour auprès de Votre Majesté Impériale il ne soit empressé de vous transmettre tout ce que je lui ai fait connaître de mes sentiments personnels et de ma disposition bien sincère à saisir toutes les occasions qui pourront se présenter pour resserrer davantage encore les liens de la bonne amitié qui existe si heureusement entre les deux pays. Je prie Votre Majesté Impériale d'être bien persuadée des vœux que je forme pour la gloire et la prospérité de son règne.


Paris, 6 décembre 1803

Au général Berthier

Je vois, Citoyen Ministre, dans le Journal de Paris, que le général Belliard a nommé chef de bataillon le Citoyen Wautier, ci-devant capitaine dans le 6e régiment de Wallons Archiduc-Joseph; je vous prie de me faire connaître ce que cela veut dire.


Paris, 7 décembre 1803

Au général Rapp, aide de camp du Premier Consul

Citoyen Général Rapp, j'ai reçu votre lettre. Suivez les instructions que vous avez de m'écrire tous les jours. Vous devez aller aux îles d'Hyères et à Marseille. Faites-moi connaître en détail ce que vous aurez fait et vu.

Rendez-moi un compte détaillé de tous les objets qui ont rapport à l'administration. Faites-moi connaître la conduite que tient le commissaire général de police, sans consulter le général Ganteaume, avec qui il est en désunion. Voyez-le par forme de conversation, pour apprendre sa justification, et parlez-moi en grand détail de la situation du port, des bâtisses qu'on y fait, des différents approvisionnements, etc.


Paris, 7 décembre 1803), 11 heures du soir.  

Au contre-amiral Ganteaume, préfet maritime à Toulon

Citoyen Général Ganteaume, vous avez entrevu dans votre lettre ce que je compte faire. Je vais donc m'en expliquer avec vous. Je n'ai pas besoin de vous dire que le secret est tout.

L'Aigle doit se rendre de Cadix à Toulon. Vous ferez de nouveaux efforts, dussiez-vous démolir . . . . . . , pour achever le Neptune ou tout autre, et avoir au moins une escadre de neuf vaisseaux et cinq frégates.

J'aurai bientôt à Rochefort sept vaisseaux et trois frégates en état; j'en aurai à Brest vingt, dont plusieurs à trois ponts. Ce sont ces différentes escadres qu'il faut faire mouvoir pour arriver à la brillante expédition.

Voici trois idées, faites-moi connaître votre opinion :

Première idée. L'escadre de Toulon partira le 20 nivôse, arrivera devant Cadix (ou devant Lisbonne), y trouvera l'escadre de Rochefort, continuera sa route, passera, sans connaître terre, entre Brest et les Sorlingues, viendra reconnaître le cap la Hague, et passera quarante-huit heures devant Boulogne; de là continuera sa route, se rendra aux bouches de l'Escaut (il y a là mâts, cordages et tout ce qui lui est nécessaire), ou bien à Cherbourg.

Deuxième idée. L'escadre de Toulon partira le 20 nivôse, se rendra à l'île d'Aix, se joindra avec notre escadre, reprendra la mer et finira sa mission.

Troisième idée. L'escadre de Rochefort partira le 20 nivôse, arrivera le 20 pluviôse à Toulon; les escadres réunies partiront en ventôse et arriveront dans germinal devant Boulogne (c'est un peu tard)

Dans tous les cas, l'expédition d'Égypte couvrira le départ de l'escadre de Toulon; tout sera mené de manière que Nelson ira tout d'abord à Alexandrie.

L'escadre de Brest aura son monde embarqué, prête à partir pour l'Irlande, de manière que Cornwallis sera obligé de serrer la côte et de rester là forcément pour la bloquer.

Première question. Laquelle de ces trois idées est la meilleure ?

Deuxième question. En supposant que ce soit la première, vaut-il mieux se réunir à Cadix ou à Lisbonne ?

Troisième question. Avec quatorze à seize vaisseaux et six frégate passera-t-on entre Brest et les Sorlingues sans reconnaître la terre ?

A la fin de pluviôse, je serai à Boulogne avec 130,000 homme 2,000 péniches, chaloupes canonnières, bateaux canonniers, ayant en batterie 2,000 pièces de 24 et plus de 1,000 obusiers . . frégates, cutters, chalands, . . . . . . . et, si notre escadre devait se battre (ce que Dieu préserve) devant Boulogne, nous lui donnerions un très-bon et puissant secours.

Étaples, Boulogne, Wimereux, Ambleteuse sont nos quatre seuls ports, tous soumis au même vent, tous près l'un de l'autre; avec des vents favorables, nous ne demandons la présence de l'escadre que pendant douze heures.

Enfin je désire connaître l'opinion de l'amiral Ganteaume sur une autre question :

Vingt vaisseaux peuvent-ils sortir facilement de Brest ? Croit-il qu'ils puissent sortir pour se rendre devant Boulogne, gagnant trois jours sur Cornwallis, ou le trompant, et celui-ci allant chercher l'armée française en Irlande ?

L'amiral Ganteaume sentira que ce courrier doit avoir l'air de lui porter des ordres pour l'armernent de f Égypte, et qu'il ne le doit garder que vingt-quatre heures, car il faut que je prenne un parti.


Paris, 8 décembre 1803

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, le courrier qui vous portera cette lettre va jusqu'à la La Haye. Il a ordre de revenir à Ostende pour prendre vos lettres. Faites-moi connaître, par le retour de ce courrier, le nombre de bâtiments hollandais qui se trouveront à Flessingue au 20 frimaire, l'espèce de canons dont ils sont armés, et si l'on travaille à leur nouvelle installation.

Le général Dragon a reçu ordre du ministre de la marine de faire venir à Ostende tous les bâtiments qui étaient dans les canaux. Prêtez-lui tous les secours dont il aura besoin pour cet objet, et faites-moi connaître où cela en est. Envoyez-moi,  par le même courrier, l'état de situation de vos garnisons sur la flottille de guerre, et l'état de situation de votre armée, corps par corps.


Paris, 8 décembre 1803

Au général Marmont

Citoyen Général Marmont, Premier Inspecteur général de l'artillerie, je reçois votre état du personnel de l'artillerie. Je désire que vous y ajoutiez les renseignements suivants :

La compagnie n° 2 du ler régiment est sur la côte : quelle côte ? 

Même observation pour les compagnies n° 10, 11 et 12 du même régiment, et pour les compagnies n° 14, 15, 17, 18 et 19 du 5e régiment. Faites-moi connaître l'endroit positif où sont ces compagnies, et les batteries qu'elles servent.

Je vois en note que les compagnies du ler régiment sont portées à 70 hommes : est-ce présents sous les armes ou effectifs ?

Pourquoi y a-t-il encore 28 officiers détachés hors de l'armée ? Qu'entend-on par tailleurs, cordonniers, enfants, non disponibles ? Tout doit être disponible.

Qu'entend-on par la colonne en détachement, par la colonne au dépôt et aux colonies ? Il ne doit plus y avoir de canonniers des compagnies dans les colonies.

Pourquoi y a-t-il des canonniers sur les derrières ?

Faites-moi connaître les mesures à prendre pour que chaque compagnie soit portée, officiers compris et présents sous les armes, à 80 hommes. Faites-moi, à cet effet, connaître la situation des dix compagnies de ces trois régiments qui restent au corps.

Je vois que le total du personnel de l'artillerie ne se monterait, sans comprendre les ouvriers ni les pontonniers, qu'à 2,400 hommes.

Il faut que vous me présentiez les moyens pour que l'artillerie à pied seule présente un total de. . . . . . . . 3,000 hommes L'artillerie à cheval . . . . . . . . . . . . . 800
Les pontonniers . . . . . . . . . . . . . . 600
Et les ouvriers . . . . . . . . . . . . . . . 400
--------------
Total.......................................... 4,800

Je suppose que toute l'artillerie à pied, pontonniers. et ouvriers sont armés de fusils.

Dans les bataillons du train, je vois que le 8e bataillon est oublié; il est vrai que ce bataillon est à Rennes; mais le 7e qui est à Toulouse, devrait pouvoir faire le service des camps de Brest et de Rochefort. Alors le 8e deviendrait disponible.

Il faut que vous preniez des mesures pour avoir au moins 3,500 charretiers et 2,400 chevaux en très-bon état; ainsi le personnel total de l'artillerie serait de 10,000 hommes.

Il y a une autre observation : les quatre régiments d'artillerie à cheval n'embarqueront chacun que 30 chevaux; présentez des mesures pour équiper en conséquence les canonniers à cheval et savoir où seront tenus les chevaux en attendant, et par qui ils seront soignés.

Il est temps aussi de connaître combien de bâtiments du tonnelage de 80 tonneaux vous seront nécessaires pour embarquer le gros parc; faites-moi aussi connaître l'état de tous les objets que vous aurez à embarquer, leur poids, leur distribution, soit sur les chaloupes et bateaux canonniers, soit sur les gros bâtiments de transport.

Je désire que vous m'apportiez samedi un rapport sur tous ces objets.


Paris, 8 décembre 1803

Au général Moncey, inspecteur général de la gendarmerie

Citoyen Général Moncey, j'ai reçu la Gazelle de Namur, que vous m'avez envoyée. Recommandez à vos officiers de gendarmerie de vous envoyer les gazettes qui paraissent dans les départements où ils trouvent, lorsqu'elles contiendraient quelques articles contraires à tranquillité publique. Faites spécialement cette recommandation à Nantes et à Angers.


Paris, 8 décembre 1803

A l'amiral Bruix, commandant la flotte de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, j'ai lu avec attention vos observations sur la formation de la division par la réunion de deux sections. Je ne sais s'il y aurait des inconvénients à adopter deux sections par division de chaloupes canonnières, et à former la division de quatre sections pour les bateaux canonniers.

Les Anglais parlent beaucoup; nos côtes leur inspirent partout de la frayeur aujourd'hui, et je ne pense pas qu'ils aient aucun espoir dans un bombardement. Ils tenteront d'attaquer votre flottille en rade, mais la grande quantité de batteries, soit sur terre, soit sur mer, que nous avons à leur opposer, les en feront sans doute repentir.

Il me parait enfin temps de penser à Étaples. Notre expédition est trop considérable, et nous ne pourrons jamais nous passer de ce port. Le capitaine du port pense que 300 bâtiments peuvent y tenir et en sortir aisément. Faites-moi connaître s'il y a quelques bâtiments à faire, quelques précautions à prendre. Assurez-vous si, des états sûrs du degré d'avancement de construction des prames, il serait peut-être convenable de prendre des mesures pour en avoir à l'eau, au 15 pluviôse, une vingtaine; cela aurait non-seulement l'avantage de nous porter mille chevaux, mais encore de pouvoir nous servir comme des espèces de batteries flottantes. Dans les points où mouilleront ces bâtiments, ils y seront, en sûreté contre les attaques de l'ennemi.


Paris, 8 décembre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Il y a quatorze prames au Havre, Fécamp et Rouen; trois sont portées comme ne pouvant être mises à l'eau qu'au 15 ventôse; c'est évidemment trop tard. On pourrait augmenter les moyens d'ouvriers, pour qu'elles soient toutes à l'eau avant le 20 pluviôse, ou bien les suspendre et reverser les ouvriers pour accélérer les onze autres.

Je vous renvoie votre correspondance. On offre un bâtiment capable de porter trente chevaux à Saint-Malo, qui sera fort utile.

Dans les états du 3e arrondissement, je n'ai point vu qu'il fût question des bateaux de Terre-Neuve.

Actuellement que Forfait est à Paris et que nous avon7364. -A L'A.NIIRAL BRUIX,
                


Paris, 8 décembre 1803

Au contre-amiral Ver Huell

Monsieur le Contre-Amiral Ver Huell, je reçois votre lettre du 12 (4 décembre). L'armement des chaloupes canonnières dont vous m'envoyez la note ne convient pas. N'oubliez pas que ce sont des pièces de 24 que je veux sur ces bateaux, mais même sur les bateaux plats. C'est là le principal de tout : d'abord parce que je veux avoir un grand nombre de canons d'un calibre supérieur aux frégates, ensuite parce qu'il sera possible  que nous nous servions de boulets creux, et que tous ceux que nous avons sont du calibre de 24.

Faites donc, sans délai, changer cette artillerie. Je retarderai exprès mon voyage de dix jours, afin de voir quelque chose à Flessingue.

Je vous prie de me faire connaître l'état de situation de ce qu'il y aura à Flessingue le 25 frimaire.

Les observations sur les chaloupes canonnières que je sacrifie sont très-vraies, mais je vous ai laissé le maître; ainsi, si la République peut fournir trois divisions au lieu de deux, ne faites point usage de l'autorisation que je vous ai donnée.

Apprenez-moi si l'on a commencé à installer des bateaux comme ils doivent l'être; il m'a été ici communiqué par le cabinet des observations sur l'installation des bateaux de la flottille, qui ne m'ont point paru fondées.

Apprenez-moi donc aussi que vous avez chassé votre fièvre.


Paris, 8 décembre 1803

Au citoyen Portalis, conseiller d'État, chargé de toutes les affaires concernant les cultes

Citoyen Portalis, Conseiller d'État, il y a des mouvements dans la Vendée. Je suis étonné de n'avoir pas de nouvelles de l'évêque d'Orléans. Il paraît cependant qu'à la tête de ce mouvement sont Forestier et plusieurs autres individus qui avaient confiance en lui.


Paris, 8 décembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Il est indispensable, Citoyen Ministre, que vous fassiez connaître au général Mortier qu'il fasse former un compte de tout ce qu'a fourni le pays de Hanovre, soit en argent, soit en denrées, ainsi que de l'emploi qui en a été fait. Par le compte qui est rendu par le ministre du trésor public, il paraîtrait qu'il n'a été versé que trois millions en argent dans la caisse du payeur. On assure que la solde est arriérée.


Paris, 8 décembre 1803

Au général Berthier

La nouvelle donnée, Citoyen Ministre, par le général Dumuy ne s'est pas confirmée; il n'est pas vrai qu'un maréchal de logis de gendarmerie ait été tué à la Mothe-Achard.

Recommandez au général Dumuy de ne pas trop disséminer ses troupes, et de réunir, sous le commandement d'un général de brigade qui prendra pour ses mouvements des ordres du général de division Gouvion, deux colonnes composées chacune de 25 gendarmes, de 25 hommes de cavalerie et de 100 hommes d'infanterie.

Il en placera une à Saint-Jean et à Saint-Étienne sur la route des Sables, et l'autre à l'Ardrère sur la route de Montaigu.

Donnez ordre au général Paulet de former dans l'intérieur trois petites colonnes, chacune de 100 hommes, partie gendarmerie, partie cavalerie et partie infanterie; d'en donner le commandement à des officiers supérieurs très-actifs, et intelligents, et de prendre des ordres, pour tous les mouvements combinés, du général Gouvion.

Prévenez le général Gouvion de ces nouvelles dispositions, et faites-lui connaître que je suis surpris de n'avoir pas encore de ses nouvelles, et de ne pas apprendre que les brigands sont balayés et que quelques sévères punitions ont rétabli la tranquillité.

Envoyez ces dépêches par un des officiers attachés à votre ministère, qui parcourra lui-même les départements de la Vendée, de la Mayenne, de Maine-et-Loire et de la Charente, vous rapportera des états de situation de toutes les troupes, et verra par ses yeux ce dont il est question.


Paris, 9 décembre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Donnez des ordres à Besançon pour que Bourmont soit mis au secret. Qu'on interroge la femme de Bourmont sur l'étranger qui est venu la voir il y a un mois. Lui faire connaître que le résultat de son interrogatoire peut avoir des conséquences, et qu'elle doit dire la vérité d'une manière claire.  


Paris, 11 décembre 1803

DÉCISION

Rapport sur un discours contre l'institution des lycées, prononcé par le citoyen Dubois, professeur de législation, lors de la rentrée de l'école centrale de Maine-et-Loire.

Renvoyé au ministre de l'intérieur, pour savoir quelles sont
  les écoles centrales encore existantes. Il serait peut-être convenable de les supprimer le plus tôt possible, pour finir cette lutte.


Paris, 11 décembre 1803

Au général Davout

Citoyen Général Davout, vous m'annoncez dans votre dernière lettre qu'il est arrivé de Flessingue des boots qui ont relâché à Ostende. Ces boots sont destinés pour Boulogne, où il est nécessaire de les faire passer le plus tôt possible. Rendez-moi compte si les bâtiments de la flottille qui étaient à Gand et sur les canaux sont arrivés à Ostende; il est urgent qu'on ne perde pas de temps, car les gelées pourraient venir.


Paris, 11 décembre 1803

A l'amiral Bruix

Citoyen Amiral Bruix, je reçois votre lettre du 18. J'ai jugé à propos de charger des détails de la flottille de transport un homme actif, qui puisse à chaque instant rendre compte de la situation de cette flottille, veiller à son chargement et à sa distribution entre les différents services. (Il s'agit du général Combis)

Les instructions du ministre de la guerre vous auront fait voir que ce dont j'ai surtout besoin sont des écuries. Vous devez avoir une trentaine de bâtiments de transport à Boulogne. Mettez à la disposition de l'artillerie ceux qui ne sont pas aménagés, et veillez à ce qu'elle y établisse les ateliers pour réparer elle-même lesdites écuries.

Il serait temps de pousser les travaux de Calais et des entrepreneurs de Boulogne avec un peu plus d'activité. Je désirerais que les choses fussent arrangées de manière qu'on pût avoir la certitude que tous ces bâtiments fussent armés dans le courant de nivôse.

L'amiral Ver Huell me mande de la Haye que, sur les 46 boots que j'ai fait acheter, 26 ont été expédiés pour Boulogne. Ils relâcheront sans doute à Ostende. Donnez ordre dans ce port qu'on les fasse filer sans retard.

J'ai ordonné à cet amiral de nous acheter une centaine de chaloupes baleinières. Ce sont des chaloupes de 30 pieds de long sur 7 de large, très-pointues et extrêmement légères. Elles arment 24 avirons et vont très-vite. L'amiral Ver Huell pense que les chaloupes canonnières pourraient même les tirer à bord dans un gros temps, tant elles sont légères.

Il en a, je crois, déjà acheté une vingtaine qu'il va expédier. Je vous prie de me faire connaître ce que vous pensez de ces bateaux. Si l'on pouvait en affecter un à chaque chaloupe canonnière, les péniches seraient alors disponibles, et on s'en servirait comme bâtiments de guerre.

Je vois qu'il ne vous est pas encore arrivé de bateaux de Terre- Neuve; il y en a cependant, je crois, plus de 200 en route. 

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Je désire que vous fassiez remplir les états ci-joints, et que vous m'en envoyiez tous les samedis. Mettez-y les noms des commandants de chaque division et section jusqu'au grade d'enseigne de vaisseau.


Paris, 11 décembre 1803

Au contre-amiral Ver Huell

Citoyen Amiral Ver Huell, je reçois votre lettre du 15 frimaire (7 décembre) D'après la description que vous me faites de ces chaloupes baleinières, je pense qu'elles nous seront fort utiles. Faites-moi connaître la quantité que vous pourriez vous procurer d'ici au 10 nivôse, et le prix dont elles sont, l'une portant l'autre.

Je vous prie aussi de m'envoyer un plan de ces bateaux. Mais vous pouvez toujours procéder à l'achat d'une centaine.

Pressez votre armement et la nouvelle installation de vos bateaux, afin qu'au ler nivôse je trouve la division de 27 chaloupes canonnières, les quatre divisions de bateaux canonniers, formant 108, la division d'écuries, la division de transports, dans le meilleur état, ainsi que je l'ai demandé.

Le citoyen Forfait, inspecteur général de la flottille, que je viens de voir, m'a parlé des chaloupes baleinières. Il pense qu'elles nous seront fort utiles, et que nous ne saurions en avoir trop, surtout si le prix est raisonnable. Dans tous les cas, je ne vois pas d'inconvénient à en faire acheter sur-le-champ une centaine.


Paris, 12 décembre 1803

Au citoyen Chaptal, ministre de l'intérieur

Je désire, Citoyen Ministre, que vous regardiez comme une des fonctions les plus importantes de votre ministère de recueillir, sur les candidats présentés pour le Sénat et le Corps législatif, des renseignements sur leur probité, leur fortune , talents et opinion politique, et que vous me remettiez ces notes en même temps que la liste des présentations, afin que je puisse intervenir toutes les fois qu'il serait présenté des personnes ayant de mauvais principes et peu considérées.


Paris, 12 décembre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je désire, Citoyen Ministre, que vous écriviez à M. de Bunau et au citoyen La Rochefoucauld de demander que M. d'Entraigues soit renvoyé de Dresde; qu'il est Français, qu'il a été membre de l'Assemblée constituante, et que, depuis, il a trempé dans toutes les intrigues qui ont troublé la tranquillité de la France; qu'aucune puissance n'a le droit de l'accréditer à l'étranger sans manquer au Gouvernement français, et qu'aucune cour ne peut le recevoir sans manquer aux égards et manifester qu'elle prend intérêt aux troubles et aux divisions qu'il pourrait exciter dans le sein de la France. Il est impossible qu'il soit dans l'intention &aucun prince d'accorder l'impunité, au milieu de l'Allemagne, à un homme connu dans toute l'Europe et chassé de Vienne et de Naples pour son immoralité, son esprit d'intrigue et sa vénalité; que j'ai le droit d'attendre que l'électeur de Saxe éloignera cet individu de Dresde.


Paris, 12 décembre 1803

Au citoyen Talleyrand

M. de Coucy, Citoyen Ministre, ancien évêque de la Rochelle, est en Espagne. Il se comporte on ne peut pas plus mal. Ses mandements incendiaires contribuent à la guerre civile dans la Vendée. Envoyez un courrier extraordinaire à Madrid, avec les instructions les plus efficaces pour qu'il soit arrêté et remis à Bayonne entre les mains de la gendarmerie. Écrivez au général Beurnonville qu'il ne s'agit plus ici d'une vaine formalité; que les mandements de ce misérable influent sur la tranquillité publique; qu'il est évidemment stipendié par les Anglais, et que je ne saurais croire que Sa Majesté Catholique, pour un objet de cette importance, voulût se refuser à le faire mettre entre mes mains. Recommandez au général Beurnonville de mettre tous ses soins à faire réussir cette affaire, et à ce que cet évêque soit effectivement arrêté et transféré à Bayonne.


Paris , 12 décembre 1803

ORGANISATION DE LA GRANDE EXPÉDITION

Il y aura un état-major général composé du ministre de la guerre faisant les fonctions de major général;
De deux généraux de brigade;
De quatre adjudants commandants;
De seize adjoints à l'état-major, de différents grades;
Du premier inspecteur général de l'artillerie;
Du premier inspecteur général du génie;
Du commissaire général Petiet, pour l'administration;
L'un directeur général pour chaque administration;
Du nombre de commissaires des guerres et adjoints qui sera jugé nécessaire.
Il n'y aura point de commandant général de la cavalerie.
Il est donc bien nécessaire que tous les individus qui doivent composer l'état-major général soient désignés avec le titre qu'ils doivent porter et le nombre de chevaux et domestiques qu'ils doivent embarquer.
Un général de division embarquera quatre chevaux;
Un général de brigade en embarquera deux;
Un adjudant commandant, un;
Un aide de camp et un adjoint à l'état-major en embarqueront chacun un;
Un colonel de corps en embarquera un;
Un major, un.
Le général de division embarquera quatre palefreniers sur le même bâtiment qui portera ses chevaux, et deux domestiques sur le bâtiment qui le portera.
Un général de brigade embarquera quatre domestiques;
Un adjudant commandant, deux;
Un aide de camp et un adjoint, un;
Un colonel, deux;
Un major, un;
Un capitaine, un.
Les lieutenants et sous-lieutenants en embarqueront un pour quatre. Ceux qui voudront embarquer un plus grand nombre de domestiques et de chevaux devront en faire la demande, afin qu'on puisse leur indiquer les lieux où ils doivent les tenir, pour passer après carnée.

L'armée se divise en quatre grands corps :
Le camp de Saint-Omer;
Le camp de Bruges;
Le camp de Montreuil;
La réserve.

Le camp de Saint-Omer doit, avoir un état-major et des adjoints; 
Un général d'artillerie;
Un officier supérieur du génie;
Un commissaire ordonnateur;
Un chef pour chaque administration;
Un inspecteur du service de santé.
Il est nécessaire de connaître et de spécifier les noms et les titres de tous ces individus.

Le camp de Saint-Omer sera composé de quatre divisions, d'une division de cavalerie et d'un parc de réserve d'artillerie.

Chaque division aura un payeur, un commissaire des guerres et un adjoint en chef pour chaque administration;

Les brigades de boulangers qui seront nécessaires pour faire le pain pour la nourriture de la division ;

Des escouades d'ouvriers maçons, propres à construire des fours en peu de temps. Il est également nécessaire de déterminer le nombre de tous ces individus.

Un adjudant commandant sera chef de l'état-major, indépendamment des adjoints et aides de camp qui y seront attachés.

Chaque division aura un colonel ou un lieutenant-colonel d'artillerie;

Un capitaine cri second en résidence;
Un conducteur d'artillerie;
Un capitaine du génie;
Un lieutenant;
50 sapeurs.
Il y aura pour chaque division huit pièces d'artillerie.
La division de cavalerie aura quatre pièces d'artillerie légère.
Il y aura à la réserve huit pièces d'artillerie avec les approvisionnements d'infanterie, etc.
Ce qui fera pour ce corps d'armée quarante-quatre pièces d'artillerie.

Les camps de Bruges et de Montreuil seront composés chacun de trois divisions. Ils seront organisés comme le camp de Saint-Omer.

Leur train d'artillerie ne sera que de trente-six pièces de canon pour chaque camp.

La réserve sera composée de deux divisions de dragons, d'une division italienne, d'une division de cavalerie de la réserve et d'une division d'élite.

Chacune de ces divisions aura huit pièces de canon, ce qui fera quarante pièces de canon; il y en aura huit pour le parc; total, quarante-huit pièces de canon.

La réserve aura un état-major en tout pareil à celui des autre camps.
Le parc général de l'armée sera toujours avec la réserve.

Il est donc nécessaire que tous les ordres convenables soient don nés, pour qu'au ler nivôse on puisse avoir l'état de l'armée ainsi organisée, partagée en divisions, avec le nombre de domestiques et il chevaux que chacune doit embarquer, la force des corps, les nom des Officiers d'état-major et des administrateurs attachés à chaque division, le lieu où ils se trouvent, le temps où l'on suppose qu'ils joindront, les lieux où se trouvent les 3e bataillons et les dépôts, enfin les lieux où chaque corps se recrute.

Le ministre de la guerre me présentera en même temps un autre état de situation du matériel, soit des vivres, soit des charrois, soi de l'artillerie, de ce qui a été demandé, du lieu où chaque objet se trouve, enfin de ce qui manque pour arriver au complet des demandes faites par le résumé de la flottille qui a été remis au ministre de la guerre il y a trois mois.


Paris, 12 décembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre, par un courrier extraordinaire, au général Lagrange, à Alençon, de faire partir sui le-champ le détachement de la légion d'élite à pied, qui fait partie de la colonne d'éclaireurs de Mayenne et qui est fort de 130 hommes, pour Montaigu, où il recevra des ordres du général Gouvion.

Donnez ordre également à la colonne d'éclaireurs qui est sous les ordres du général de brigade Devaux, à Laval, de se rendre Machecoul, département de la Loire-Inférieure, où elle prendra des ordres du général Gouvion.

Votre courrier extraordinaire continuera sa route d'Alençon à Châtillon, département des Deux-Sèvres, et portera au général Gouvion l'ordre de s'appuyer sur la côte, de se rendre avec sa colonne et celle du chef de brigade Devaux, du côté de Challans, Aizenay et Sain Lue. Le général Gouvion donnera ordre au général Girardon de se porter avec sa colonne de Beaupreau à Montaigu, et de veiller sur toute cette partie. Vous lui direz du reste, que je désire, par le retour du courrier, connaître parfaitement la situation de cette contrée, qu'il doit connaître mon impatience sur un objet de cette importance. Vous lui enverrez la lettre ci-jointe des Sâbles. Vous lui direz que, si les événements étaient aussi pressants que cette lettre les présente, il pourrait donner ordre à l'adjudant commandant Brouard de faire partir quatre compagnies du bataillon qui est à l'île d'Yeu, complétées à 80 hommes, et d'avoir soin de n'y mettre que de bons sujets et des hommes éprouvés. Il pourra en demander un pareil nombre aux commandants de l'île de Ré et de Rochefort. Enfin il pourrait également demander 200 hommes du régiment suisse qui est à la Rochelle, ce qui lui ferait une augmentation de forces de 1,500 hommes.

Faites connaître au général commandant la 12e division militaire qu'il ait à faire parvenir des ordres en conséquence aux différents commandants, et à lui-même de tenir toutes les forces et tous les moyens dont il pourrait disposer à Nantes.

Je désirerais être assuré, par le retour du courrier qui vous porte cette lettre, que le courrier partira avant minuit.


 Paris, 12 décembre 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, d'expédier dans la nuit un courrier extraordinaire au général Fénerolz, commandant le camp de dragons de Redon, pour lui donner l'ordre de partir avec les régiments qu'il commande, six heures après la réception du courrier, et de se diriger sur Nantes. Là il fera prendre à chaque homme cinquante cartouches, des pierres à fusil, et formera trois colonnes, chacune composée d'un régiment de dragons fort de 260 hommes à cheval et de 140 hommes à pied. Le générai Dumuy joindra à chacune de ces colonnes deux compagnies du 12e d'infanterie légère, fortes chacune de 70 hommes; ce qui portera chacune des trois colonnes à plus de 550 hommes. La gendarmerie y joindra 10 ou 12 hommes de son arme.

La première colonne s'arrêtera à Nantes, de là se rendra à Palluau, d'où, avant son arrivée, elle enverra demander des ordres au général Paulet, qui se tient ordinairement aux Sables. Le général Paulet se mettra à la tête de cette colonne, y joindra les troupes qui sont sous ses ordres et des officiers des détachements de gendarmerie, et se mettra à la poursuite des brigands, en obéissant cependant aux ordres qu'il recevrait du général Gouvion.

La seconde colonne se rendra à Montaigu. Elle sera commandée par le général Fénerolz. Avant son arrivée, elle enverra demander des ordres au général Gouvion, et, si elle n'en reçoit pas au moment de son arrivée, elle prendra des renseignements des officiers de gendarmerie qui se trouvent à Montaigu et du sous-préfet de Montaigu, et se mettra à la poursuite des rassemblements armés.

La troisième colonne se rendra à Machecout. Elle sera commandée par un des généraux de brigade qui se trouvera à portée, ou par le général de brigade Valory, s'il est encore à Nantes. Si tout est tranquille dans cet arrondissement, cette troisième colonne continuera sa marche jusqu'à Challans, et préviendra de son mouvement le général Paulet, qui se trouvera aux Sables ou à Palluau; elle prendra les ordres de ce général de brigade, mais sera toujours sous les ordres supérieurs du général Gouvion.

Vous préviendrez le général commandant la division et l'ordonnateur de cette division de prendre toutes les mesures pour que les vivres ne manquent point aux troupes. Il leur sera accordé les vivres de campagne, et, en attendant, pour se procurer de la viande, une indemnité.

Vous préviendrez le général de la division de donner l'instruction aux commandants de ces trois colonnes de se diviser par escadron, moitié à cheval et moitié à pied, afin de pouvoir faire vivre facile- ment les chevaux, et d'avoir soin de joindre à chaque détachement des officiers ou sous-officiers de gendarmerie connaissant bien le pays.

Vous recommanderez la plus sévère discipline.

Vous préviendrez le général Gouvion des mouvements. Les dragons ont l'avantage de servir à pied et à cheval. Ils sont tous armés de bons fusils. Comme il est inutile de s'embarrasser de caissons, il faut faire prendre, à chaque dragon des cartouches de réserve à Nantes.

Les 3e* et 4es escadrons des ler, 14e et 20e régiments de dragons resteront jusqu'à nouvel ordre dans leurs cantonnements actuels.

Faites partir de Paris un des adjudants commandants attachés à voire ministère, pour faire les fonctions de chef d'état-major auprès du général Gouvion. Il emmènera avec lui quatre adjoints à l'état- major.

Faites connaître au général Dumuy que, sa présence étant nécessaire à Nantes, l'état de situation de toutes les troupes de sa division doit être envoyé au général Gouvion, et que l'ordonnateur de la division doit se rendre près de ce général pour assurer le service.

Prévenez le général Gouvion que j'espère que ce renfort de 1,500 hommes lui sera suffisant, et qu'il fera une bonne chasse à ces brigand; qu'il doit tenir note des chefs surtout, pour ne faire grâce à aucun; qu'enfin il y a sous ses ordres le général Dufresse, qui tiendra en respect le département des Deux-Sèvres, le général Girardon, commandant le département de Maine-et-Loire et environs, le général Paulet, le général Fénerolz, le chef de brigade Reynaud, et, si même il se trouve en avoir besoin, le général Lacoste, qui est sur la côte; que les généraux Paulet et Lacoste ont un certain nombre de pièces attelées; que d'ailleurs, si cela devient nécessaire, il peut faire appeler le directeur d'artillerie qui est à Nantes; qu'il doit tâcher cependant, autant que possible, de ne pas dégarnir la côte et y laisser les batteries mobiles et les détachements que j'y ai établis pour protéger le passage de la flottille.

Mettez à la disposition du général Gouvion, pour assurer le service, 50,000 francs en or; 30,000 francs seront destinés à pourvoir à la gratification de la troupe, et 20,000 pour frais de transport, de courriers et d'espionnage. Sur cette somme, il donnera 1,000 francs à chaque commandant de colonne d'éclaireurs.

Mon opinion est qu'il ne faut laisser nulle part de garnison, mais faire de toutes les forces quatre corps sous les ordres, chaque corps, d'un général de brigade, indépendamment des corps des généraux Girardon et Dufresse; que chacun de ces corps doit être partagé en trois autres, chacun de 150 à 200 hommes, infanterie, cavalerie et gendarmerie comprises. Soutenus par l'espionnage et continuellement en mouvement, ces corps doivent parvenir à étouffer la révolte dès sa naissance.

Je désire que le courrier porteur des ordres pour les mouvements des dragons, et l'instruction pour le général et l'ordonnateur de la division à Nantes, partent cette nuit. L'argent et l'instruction pour le général Gouvion pourront ne partir que demain à quatre heures après midi. Vous me ferez demander, avant leur départ, il n'y a point de nouveaux ordres.

Je vous prie de demander par le retour du courrier la situation de la division du général Dumuy et le lieu où se trouve chaque corps.


Paris, 13 décembre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre la justice

Je vous prie, Citoyen Ministre, d'écrire au préfet de Maine-et-Loire que j'ai vu les rapports qui ont été faits; que j'ai la plus grande confiance dans le chef de légion Noireau; que j'ai la plus grande confiance dans le général Girardoli, et dans lui , préfet; qu'on voit tout ici de sang-froid; que tous ces agents lui rendent justice, et qu'il doit à son tour leur rendre la justice qui leur est due, et vivre bien avec eux.


 Paris, 13 décembre 1803

Au citoyen Régnier

Je vous renvoie les diffèrentes pièces de votre correspondance. Faites connaître au général Gouvion que le ministre de la guerre a dû lui envoyer de l'argent pour le seconder; que deux compagnies d'élite ont eu ordre de partir du Mans pour se rendre à Montaigu, ainsi que les colonnes d'éclaireurs du général Devaux, qui est parti de Laval, et les trois régiments de dragons qui se trouvent à Redon, sous les ordres du général Fénerolz; que ces trois corps lui présentent un total de 1,900 hommes, dont 400 à pied et 800 à cheval, tous armés de bons fusils, qui, moyennant 500 hommes d'infanterie légère qui y seront joints, seront partagés eu trois colonnes d'éclaireurs; qu'il est donc nécessaire qu'il se rende dans la Vendée et la Loire-Inférieure, afin de donner à tout cela le mouvement et l'organisation convenables; que j'attends d'apprendre que la commission militaire a fait justice de quelques chefs; que ma confiance repose en lui pour être bientôt instruit que la tranquillité est rétablie.

Il paraît que les communes de Saint-Hilaire et Sallertaine ont des correspondances avec les ennemis, puisqu'elles ont fait des signaux auxquels les Anglais ont répondu. Envoyez-y des hommes adroits, pour savoir quels sont ces correspondants.


Paris, 13 décembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

D'après l'état de situation de la force actuelle de l'artillerie,  Citoyen Ministre, je reste convaincu que le ler régiment ne peut fournir que huit compagnies à la grande armée; que le 5e ne peut en fournir que dix, et le 7e huit. Il sera donc nécessaire de prendre quatre compagnies du 3e et quatre du 6e, ce qui fera trente-quatre compagnies. Mon intention est que chaque compagnie soit portée au grand complet de guerre, c'est-à-dire à 100 hommes; et, à cet effet, on prendra tous les hommes disponibles dans le reste des régiments.

Je me suis convaincu également que le 2e régiment d'artillerie à cheval ne peut fournir que deux compagnies, et les 5e et 6e, deux. Pour compléter les huit compagnies, vous en ferez fournir deux par le 4e régiment. Ces huit compagnies seront également portées à 100 hommes, ce qui fera 800 hommes; ainsi le total de l'artillerie sera donc de 4,200 hommes.

Le 5e régiment fournira également deux compagnies au camp de Saintes, et le 6e régiment en fournira aussi quatre au camp de Brest.

Les compagnies qui resteront en France, de ces régiments, se trouveront par là extrêmement affaiblies; mais mon intention étant de faire, en ventôse, un appel de 20,000 hommes de la réserve, sur ces 20,000 hommes, 4,000 seront destinés au complément des régiments d'artillerie.

Je désire également avoir 3,500 hommes du train d'artillerie à la grande expédition. A cet effet, il serait convenable d'envoyer à Douai le s trois compagnies du 8e bis du train, qui est à Rennes.

Les deux compagnies du 4e régiment à cheval qui partiront de Turin pourront partir à pied et sans chevaux, et les chevaux serviront à monter le reste du régiment.

Il est également nécessaire de donner à l'artillerie à cheval une paire de guêtres et une capote, devant faire longtemps le service à pied.


Paris, 13 décembre l803

Au général Soult

Citoyen Général Soult, le service se fait mal sur la côte de Calais.

Un navire anglais, qui s'est perdu à deux lieues de cette place, a fait côte sans être aperçu; l'équipage s'est jeté à terre et est arrivé à Calais sans qu'on en sût rien. Prenez des mesures pour que le service se fasse avec plus d'activité et de vigilance.


Paris, 13 décembre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Ordonnez, Citoyen Ministre, au contre-amiral Villeneuve de faire éprouver les mortiers à plaque, de fer et de bronze, qui sont à l'île d'Aix et à la batterie des Saumonards, ainsi que les mortiers à la Gomer; mais, à cet effet, d'assister lui-même à ces épreuves, et de s'assurer lui-même que les mortiers sont placés sur 43 degrés, et que la poudre est pressée avec la main à mesure qu'elle y est placée et que la chambre est tellement pleine quelle doit un peu déborder; alors les mortiers à la Gomer doivent aller bien près du Boyard, puis qu'il n'y a que 1,530 toises. Les mortiers à plaque devraient dépasser le Boyard d'au moins 300 toises, et les mortiers à plaque des Saumonards devraient dépasser beaucoup le banc du Boyard.

Je ne vois pas pourquoi vous avez défendu, par votre lettre du 17 frimaire (9 décembre), qu'on armât les péniches des différents ports. Ce sont les caïques que les grosses pièces de 24 écrasent, et rendent peu propres à cette longue traversée il n'en est pas de même pour les péniches.

Relativement à la dépêche du 15 frimaire(7 décembre) du général Ganteaume, il faut attendre, avant de lui répondre, le retour du courrier que je lui ai expédié il y a plusieurs jours.


Paris , 14 décembre 1803

A l'amiral Bruix

Citoyen Amiral Bruix, je reçois vos lettres du 21 (13 décembre). Je vois avec grand plaisir que plusieurs divisions vous arrivent. Le naufrage du bateau le 106 me fait d'autant plus de peine que nous perdons bien des braves gens. C'est sans doute le même vent qui nous a livré une frégate anglaise près Réville, au-dessus de la Hougue; elle a amené son pavillon, et 80 bateaux de Terre-Neuve se trouvaient là mouillés dans la baie de Saint-Waast, pour amener leur conquête à la Hougue

Presque tous les bâtiments qui étaient en construction à Paris et à Compiègne sont à l'eau et partent pour le Havre, ce qui nous mettra à même de diriger tous les ouvriers qui y travaillaient sur Boulogne et Calais. Une compagnie de 100 ouvriers doit déjà même être partie.


16 - 31 décembre 1803