16 - 30 Novembre 1803


Boulogne, 16 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

J'ai lu, Citoyen Ministre, la note du ministre de Suède. Dans le compte qu'il a rendu à sa cour, il dit que vous lui avez appris que cette affaire était passée par le canal du ministre de la guerre. Ce ministre a probablement mal entendu, et il est convenable que vous le redressiez sur ce point. Du reste, vous pouvez lui laisser pressentir que sa note m'a été envoyée, et qu'il est probable qu'il n'y sera fait aucune réponse, vu que le Premier Consul ne s'est jamais permis de rien demander au roi de Suède sur ses affaires; encore faudrait-il dire cela le plus légèrement et avec le plus de ménagement possible, car je crois qu'il y a de la gaucherie dans la note du ministre.

J'ai toujours soupçonné que le cabinet de Berlin désirait nous faire croire qu'il était très-bien avec la Russie, quoiqu'il n'y ait cependant rien d'extraordinaire entre les deux États; mais, puisque M. de Lucchesini n'a point de pouvoirs, il est tout simple que cela n'est encore que du partage.

On pourrait faire pour le Moniteur quelques extraits de la nouvelle de Raguse et des autres nouvelles de la Grèce.


Boulogne, 16 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand

Répondez, Citoyen Ministre, au général Brune, en lui envoyant les instructions qu'il demande.

Les lettres du ministre de la République à Lucques ne me convainquent par,; elles me prouvent, au contraire, qu'il avait demandé un logement et plusieurs choses à la République de Lucques. De quel droit demandait-il un logement ?

L'imbécillité qu'il a eue de demander un certificat montre que c'est un homme incapable et au-dessous de sa place. Quelle opinion veut-il que la République de Lucques ait d'un ministre étranger qui lui demande un certificat, chose qu'un homme d'honneur ne demande jamais ?

Les dépêches du général Beurnonville ne méritent aucune réponse. Faites connaître au commissaire général Pichon qu'il a eu tort de donner au citoyen Jérôme le conseil de venir sur un bâtiment américain; que ce jeune officier a pris le parti qu'il devait prendre d'attendre là mes ordres et que c'était celui qu'il devait lui conseiller, si tant est qu'il voulût lui donner un conseil; car cette manière circonspecte est toujours dans l'ordre et le caractère diplomatique.

Je vous prie d'inclure dans votre dépêche une petite lettre pour le citoyen Jérôme, en cas qu'il s'y trouve, où vous lui direz que mon intention est qu'il profite du premier bâtiment qui sortira du port, pour s'y embarquer et venir en France sous pavillon français.

Demandez à Cagliari des renseignements sur les fortifications, sur les troupes, sur ce qu'il nous faudrait pour s'emparer du pays, et sur ce qu'il faudrait aux Anglais pour s'en emparer. Demandez les meilleures cartes des fortifications des villes, soit de l'île, soit des mouillages; bien entendu que tout cela doit être en chiffre.


Boulogne, 16 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Il serait convenable, Citoyen Ministre, que l'emprunt que lève le général Mortier en Hanovre fût fait par les États de Hanovre et qu'il ne fût pas hypothéqué sur les bailliages de la souveraineté du pays, mais seuleument sur les biens patrimoniaux du roi d'Angleterre.


Boulogne, 16 novembre 1803

Au citoyen Chaptal, ministre de l'intérieur

Les fonds n'ont pas été faits assez abondamment pour les routes de communication de Boulogne. Je vous envoie le rapport de l'ingénieur en chef. Mettez les sommes nécessaires à sa disposition. Les charrois sont ici immenses, et nous ferions les pertes les plus grandes par le retardement, si les routes n'étaient pas réparées. Je suis satisfait de l'esprit de l'armée de terre et de mer.


Boulogne, 16 novembre 1803

Au citoyen Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre

Je vous envoie, Citoyen Ministre, une demande du 36e régiment. Ce régiment doit fournir 1,800 hommes. Accordez-lui 200 capotes de plus. Les hommes naufragés sur les bateaux canonniers ont besoin d'être rhabillés à neuf; accordez-le-leur.

Il n'y a encore ici d'arrivé que 5,000 petits bidons. Il est nécessaire que vous en fassiez passer un grand nombre car il en faut un pour chaque soldat.

Il n'est encore arrivé que 10,000 couvertures.

J'ai lieu d'être content des souliers que j'ai vus en magasin, des couvertures et des marmites. Je ne le suis pas également des outils de campement, qui ne sont d'aucun service. Il est vrai qu'ils sont des restes de magasins et ne valent pas le transport.

Je suis assez content du biscuits, pas mal du service du pain et de celui de la viande. Je le suis assez du fourrage, par les mesures extraordinaires qui ont été prises. Enfin je me suis aperçu d'une grande amélioration dans la qualité des fournitures. Je dois donc, comme de raison, l'attribuer au zèle que vous y avez porté.


Boulogne, 16 novembre 1803

Au citoyen Fleurieu

Citoyen Fleurieu, Conseiller d'État, chargé par intérim du porte-feuille de la marine, par votre lettre du 19 brumaire vous me faites connaître que je n'ai pas fixé le nombre d'affûts tournants de 4 et d'obusiers pour les péniches. Envoyez-en à Boulogne cent de 4 et cinquante d'obusiers.

J'ai passé toute la journée d'hier à présider à l'installation d'une chaloupe canonnière et d'un bateau canonnier; car ici l'arrimage est une des plus importantes manœuvres du plan de campagne, pour que rien ne soit oublié et que tout soit également réparti.

Tout commence à prendre ici une tournure satisfaisante. On est bien lent à Saint-Malo pour faire partir les convois.

Le ministre de la marine est arrivé avant-hier ici.

Écrivez au général Villeneuve qu'il fasse mesurer bien exactement la distance qu'il y a de l'île d'Aix au banc du Boyard, et du banc du Boyard à la batterie des Saumonards, et qu'il voie le nombre et l'espèce de mortiers qui se trouvent à chacune de ces batteries.


Boulogne, 17 novembre 1803

Au citoyen Barbé-Marbois, ministre du trésor public

Je vous remercie des nouvelles que vous m'avez envoyées de Londres. Le payeur du trésor m'a ici paru parfaitement rassuré, puisqu'il y a quatre millions en caisse.

Il fait ici des temps affreux; mais l'armée est tellement baraquée qu'elle ne s'aperçoit point du mauvais temps. Il y a beaucoup de choses à faire dans le port; mais on commence à se mettre en train, et les services m'ont paru tous parfaitement assurés


Boulogne, 17 novembre 1803

Au consul Cambacérès

Je vois par votre lettre, Citoyen Consul, que les eaux baissent. Il pleut ici par torrents depuis huit jours.

Il nous est arrivé hier l'avant-garde d'une division de la flottille partie du Havre. Il paraît que le reste de la division est entré à Saint-Valery-sur-Somme


Boulogne, 17 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand

Je vous renvoie, Citoyen Ministre, le portefeuille que j'ai reçu par le courrier de cette nuit.

L'affaire du général Ney ne mérite pas une grande attention. Il y a si longtemps que l'on s'occupe des moyens de nager des bâtiments sans hommes et que la solution de ce problème offre de très-grands avantages, qu'il ne paraîtrait pas probable que rien de raisonnable sur ce point fût imaginé par un montagnard suisse.

La dépêche de Prusse est d'une tout autre nature. Vous savez combien elle mérite de considération. Je ne vous dirai pas ici sous combien de points de vue différents j'envisage cette affaire. Je veux y penser encore quelques jours avant de m'engager définitivement; toutefois il faudrait savoir, en attendant, ce qu'ils entendent; et, après avoir beaucoup causé avec M. de Lucchesini pour savoir ce qu'il sait, arrivez à la grande question des pouvoirs. Est-ce le Hanovre qu'on veut nous faire évacuer ? Est-ce l'Elbe que l'on veut rouvrir ? On bien est-ce un engagement sérieux pour s'assurer une grande prépondérance en Allemagne ?


Boulogne, 17 novembre 1803

ORDRE DU JOUR

Le Premier Consul est satisfait de l'armée de terre du camp de Saint-Omer, et des divisions de la flottille réunies à Boulogne. Je charge l'amiral et le général en chef de faire connaître aux soldats et matelots que leur conduite justifie l'opinion que le Premier Consul a d'eux.


Boulogne, 17 novembre 1803

Au citoyen Petiet, commissaire ordonnateur

Je reçois votre lettre du 2,3 brumaire, par laquelle vous m'annoncez la bonne situation du service des camps de Bruges. Je n'ai lieu que d'être très-satisfait des services de celui de Saint-Omer. Les fournitures m'ont paru bonnes, hormis celle des outils et effets de campement, que l'on m'assure être des restes de magasins. Faites user ces restes dans les camps actuels, mais procurez-vous pour l'embarquement la quantité de pelles, pioches et haches de très-bonne qualité.

Vous devez fournir à l'embarquement 4 pelles, 4 pioches et 4 haches par compagnie.

Je vous prie de porter aussi une attention particulière aux hôpitaux de Boulogne, car je voudrais le moins d'évacuations possible.

Enfin il est un objet sur lequel je ne vois pas qu'il ait été pris aucune mesure, c'est sur l'eau-de-vie qu'on doit embarquer. Il doit y avoir 300,000 pintes. Faites-en passer la moitié à Boulogne. Faites-moi une récapitulation de tout ce que j'ai demandé, l'endroit où cela existe, et ce qu'il y a dans ce moment-ci.

Adressez-moi ce rapport à Paris. Je compte le mois prochain visiter le camp d'Ostende.


 Boulogne, 17 novembre 1803

Au général Berthier

Je vous renvoie, Citoyen Ministre, votre correspondance. Je suis fâché d'apprendre que l'embaucheur hanovrien ait été condamné aux fers; il devait être fusillé comme recrutant pour l'ennemi.


Saint-Cloud, 18 novembre 1803

Au citoyen Chabrol, auditeur au conseil d'État

Citoyen Chabrol, je désire que vous vous rendiez à Nieuport, Ostende, Dunkerque, Calais, Terneuse et Anvers, pour vérifier les travaux ordonnés lors de mon premier voyage, cet été, sont en pleine activité, tels que les réparations des digues et ports. Les ingénieurs vous mettront au fait des travaux qui ont été ordonnés. Je désire que, sans y mettre rien d'ostensible, vous vous assuriez qu'il n'y a aucune espèce de plainte des civils contre les militaires, et que les travaux qui leur sont requis leur sont exactement payés.


Saint-Cloud, 18 novembre 1803

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, je suis de retour à Paris. Je ne compte voir votre armée que lorsque la flottille hollandaise sera prête à Flessingue. Le ministre de la marine, qui se rend à Ostende, prendra connaissance de ce qui s'y fait et donnera les ordres nécessaires. En attendant. envoyez-moi l'état de situation de votre armée.


Saint-Cloud, 19 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand

Je vous renvoie votre correspondance, Citoyen Ministre. Je vous prie de faire mettre dans le Moniteur quelques détails sur la guerre que soutiennent actuellement aux Indes les Anglais contre les Mahrattes.

Je vous envoie une lettre qui vous mettra au fait des affaires de Russie. Il paraît que nous voilà débarrassés de ce Markof.


Saint-Cloud, 19 novembre 1803

Au général Berthier

Je reçois, Citoyen Ministre, votre rapport 24 du brumaire, sur les hommes, partis et arrivés aux corps, de la conscription de l'an IX et de l'an X. J'y vois que 63,000 hommes sont partis, et que 49,000 hommes seulement sont arrivés aux corps. Voilà donc une différence de 14,000 hommes entre les hommes partis et arrivés; cela mériterait attention. Qu'entend-on par partis dans les états ?


Paris, 21 novembre 1803

Au général Berthier

Il est temps, Citoyen Ministre, que vous me proposiez la formation des bataillons irlandais. Je désire que vous me remettiez l'état des Irlandais qui sont ici et qui comptent s'embarquer pour l'expédition, et que vous régliez leur grade et leur manière d'être dans cette expédition.


Saint-Cloud, 19 novembre 1803

Au général Berthier

Il serait convenable, Citoyen Ministre, d'écrire au général Mortier qu'on est prévenu que des agents anglais travaillent quelques parties du Hanovre, et surtout le duché de Lauenburg, et même les troupes qui s'y trouvent. Recommandez-lui de porter une surveillance particulière sur cet objet; et, s'il y a dans son armée des hommes qui ne méritent pas sa confiance et qui, sous prétexte de se rallier à tel ou tel général, tentent de fomenter du trouble, qu'il les renvoie en France.


Paris, 21 novembre 1803

Au citoyen Monge, à Liège

Je n'ai jamais eu le projet de laisser tomber la fonderie de Liège; mais aussi j'ai toujours pensé qu'à la fin de brumaire Perrier coulerait des pièces de 24; nous en manquons, et il ne nous en fournit pas. Il dit qu'il coulera le 20 frimaire; mais voilà déjà trois mois qu'il me promet et ne tient pas, et vous sentez que pour moi les excuses ne sont rien, parce que j'avais toujours pensé avoir au 30 brumaire 300 pièces de canon. Tout ce qu'il fournira en nivôse, même en pluviôse, pourra être fait par un service urgent; après, il finira sa commande, mais avec le temps. Qu'il nous fasse donc enfin des canons.


Paris, 21 novembre 1803

Au citoyen Fleurieu

Citoyen Fleurieu, Conseiller d'État, chargé par intérim du porte- feuille de la marine, il me paraît convenable de donner des ordres pour que toutes les caïques qui se rendent à Boulogne s'y rendent sans canons, mais avec leurs affûts; elles seront armées dans cette ville.

Donnez également des ordres dans les différents ports pour que chaque bateau canonnier, et surtout, chaque péniche et chaque caïque, ait une tente capable de mettre à l'abri de la pluie les soldats embarqués.


Paris, 21 novembre 1803

Au Ministre des relations extérieures

Je vous prie, Citoyen Ministre, de me présenter dans le travail de demain un rapport sur les affaires de Suisse.

Lettres à Talleyrand


Paris, 22 novembre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Je vous prie de pousser toujours la correspondance avec Drake comme vous le jugerez convenable. Il m'est impossible de donner à cette affaire une attention suivie. Faites-moi bientôt connaître les mesures à prendre pour arrêter tous les individus qui se trouvent compromis déjà dans ces affaires.


Paris, 22 novembre 1803

A l'amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, toutes les flottilles de Saint-Malo ont passé Cherbourg; la flottille de Cherbourg elle-même est partie. Je désire que vous ôtiez des quatre premières divisions de bateaux canonniers tous ceux qui seraient de nouvelle construction, et que vous les remplaciez par des bateaux d'ancienne construction, qui vous viennent de Granville; il y en a vingt-deux.

Votre 4e division n'est encore composée que de vingt-deux bateaux; vous la compléterez avec ceux venant de Granville.

La 5e division actuelle, toute composée de bateaux de nouvelle construction, formera la 6e division; et vous formerez la 5e avec le surplus des bateaux que vous aurez d'ancienne construction. Il y en a d'ailleurs encore quelques-uns à Dunkerque et à Anvers, et je pense que vous en aurez assez pour compléter les cinq premières divisions, c'est-à-dire cent trente-cinq bateaux.

Par tous les renseignements qui me reviennent ici, il s'ensuit qu'au ler nivôse vous aurez, rendus à Boulogne ou en partance dans les différents ports depuis Saint-Malo jusqu'à Flessingue, 8 prames, 150 chaloupes canonnières, 350 bateaux canonniers, 354 bateaux de Terre-Neuve, 300 péniches, 40 caïques.

Les constructions des chantiers de Paris sont très-avancées. On fera partir ces bâtiments armés et équipés pour le Havre, afin qu'ils vous arrivent sur-le-champ.

Un très-beau canot, qui m'est destiné, est parti de Saint-Malo. Vous le ferez remettre aux matelots de la Garde. Vous ferez remettre également aux matelots de la Garde les péniches et caïques destinées pour mon service particulier, qui arriveront des différents ports.

Vous ferez remettre également à la Garde quatre paquebots de Calais.

Je désire que sur chacune de mes caïques (il doit vous eu arriver sept) vous fassiez mettre un canon de 24 de bronze, léger; sur chacun des quatre paquebots, un obusier de 8 pouces; et sur chacune de mes péniches, un bon obusier.

Dès qu'il vous sera arrivé des bateaux de Terre-Neuve, je vous prie de me faire connaître si vous pensez que ces bâtiments puissent porter des hommes pendant la traversée.

Les divisions de la flottille avaient été divisées en trois sections parce que nos régiments sont eux-mêmes divisés en trois bataillons mais, comme nous n'embarquons que deux bataillons, et pour vous ménager d'ailleurs des capitaines de vaisseau dont vous pourriez avoir besoin, je vous prie de me faire connaître si vous pensez qu'il y ait des inconvénients notables à former les divisions de quatre sections. Comme un régiment de deux bataillons s'embarquerait à bord de deux sections, deux régiments s'embarqueraient à bord d'une division; ce qui fait une brigade d'infanterie par division.


Paris, 22 novembre 1803

Au général Pino

Citoyen Général Pino, il ne faut s'occuper dans ce moment que des affaires d'Angleterre; l'Italie n'a rien à craindre. Les trouble intérieurs que quelques malveillants pourraient y exciter ne tourneraient qu'à leur confusion et à leur perte.

Le poste de campement de votre division est déjà marqué, et j'apprendrai avec plaisir son arrivée à Genève, d'où vous aurez soi de m'envoyer l'état de situation de chaque corps.


Paris, 23 novembre 1803

DÉCISION

Le ministre fera faire l'état de tous les déserteurs et conscrit n'ayant pas rejoint, par arrondissement et sous-préfecture, avec le nom des père et mère, et l'indication de la commune où ils demeurent.

Cet état sera remis au Premier Consul le 15 frimaire.

Le ministre enverra en même temps à chaque sous-préfet l'état de ces hommes, et leur fera connaître qu'ils seront personnellement responsables. Il l'enverra également au premier inspecteur, qui l'adressera aux capitaines pour faire arrêter ces hommes; il annoncera qu'il y aura 12 francs de gratification pour chaque déserteur ou conscrit livré au corps.


Paris, 23 novembre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Les Anglais prisonniers de guerre seront renfermés dans la ville de Verdun, dans le château de Bitche et dans les citadelles de Charlemont et de Valenciennes.
ART. 2. - Un général de brigade de gendarmerie sera chargé du commandement de la ville de Verdun , et de la police et de la surveillance spéciales des prisonniers anglais.
Un chef d'escadron de gendarmerie sera chargé de la surveillance des dépôts des prisonniers anglais au château de Bitche et dans les citadelles de Charlemont et de Valenciennes.
ART. 3. - Il sera pris, dans les réserves des légions de gendarrnerie, des brigades, à raison d'une brigade pour cinquante prisonniers, lesquelles seront placées dans la ville de Verdun, le château de Bitche et les citadelles de Charlemont et de Valenciennes, et aux environs de ces places, qui seront néanmoins pourvues des garnisons nécessaires.
ART. 4. - Seront réunis :
Dans la ville de Verdun, les prisonniers anglais d'un âge avancé ou ayant avec eux des femmes et des enfants, et ceux qui sont revêtus de grades;
Dans le château de Bitche, ceux qui ont donné lieu à des plaintes sur leur conduite relative à leur détention;
Dans les citadelles de Charlemont et de Valenciennes, tous ceux qui sont matelots ou soldats.
ART. 5. - Aucun Anglais ne pourra résider à Paris on à une distance moindre de trente lieues de cette ville.
Ceux qui, sous quelque prétexte que ce soit, se trouveront à une distance moindre de dix lieues des côtes, seront arrêtés et traités comme prévenus d'espionnage. Ceux qui seront trouvés à une distance moindre de dix lieues des frontières de terre seront considérés comme ayant voulu s'échapper, et traités en conséquence.
ART. 6. - Le ministre de la guerre est seul chargé de l'exécution du présent arrêté.


Paris, 23 novembre 1803

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

Citoyen Général Soult, j'ai reçu vos dernières lettres. J'ordonne au ministre Dejean de vous autoriser à vous procurer une paire de sabots pour chaque soldat. L'ordonnateur de votre division est chargé de s'en procurer.


Paris, 23 novembre 1803

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre

Je désire, Citoyen Ministre, que vous fassiez donner une paire de sabots, en forme de gratification, à chaque soldat des camps de Saint-Omer, Compiègne et Montreuil. Faites toucher aux corps la somme nécessaire pour cela, ou bien chargez-en l'ordonnateur de l'armée.


Paris, 23 novembre 1803

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, je reçois votre lettre du 27 brumaire, par laquelle vous me rendez compte de l'arrestation du nommé Bulow. Au lieu de le retenir dans une maison particulière, il faut le mettre au secret, en prison; nommer une commission de cinq officiers pour le juger dans les vingt-quatre heures comme espion, et le faire fusiller. Cet exemple est nécessaire; nos côtes sont inondées de ces misérables.

Je donne l'ordre au ministre de la guerre de tenir 50,000 francs votre disposition.

Faites-moi connaître si les cinquante boots achetés en Hollande sont arrivés à Flessingue.


Paris, 23 novembre 1803

Au général Rapp, aide de camp du Premier Consul

Vous voudrez bien vous rendre à Toulon. Vous remettrez la lettre ci-jointe au général Ganteaume; vous y prendrez connaissance de la situation de la marine, de l'organisation des équipages et du nombre des vaisseaux en rade ou qui seraient prêts à s'y rendre. Vous resterez jusqu'à nouvel ordre à Toulon. Quarante-huit heures après votre arrivée, vous m'enverrez un courrier extraordinaire avec la réponse du général Ganteaume à ma lettre. Ce courrier extraordinaire parti, vous m'écrirez chaque jour ce que vous aurez fait et vu. Vous entrerez dans le plus grand détail sur toutes les parties de l'administration. Vous irez tous les jours une on deux heures à l'arsenal. Vous vous informerez du jour où passera le 3e bataillon de la 8e légère, qui part dAntibes, et qui a ordre de se rendre à Saint-Omer pour l'expédition; vous vous rendrez au lieu le plus près de Toulon où il passera, pour l'inspecter, et vous me ferez connaître sa situation.

Vous irez visiter les îles d'Hyères pour voir de quelle manière elles sont gardées et armées. Vous me ferez un rapport détaillé sur tous les objets que vous verrez.


Paris, 23 novembre 1803

Au général Ganteaume, préfet maritime à Toulon

Citoyen j'expédie auprès de vous le général Rapp, un de mes aides de camp; il séjournera quelques jours dans votre port et s'instruira en détail de tout ce qui concerne votre département.

Je vous ai mandé, il y a deux mois, que je désirais avoir dans le courant de frimaire 10 vaisseaux, 4 frégates et 4 corvettes, prêts à mettre à la voile à Toulon; que cette escadre fût approvisionnée de quatre mois de vivres pour 2,500 hommes de bonnes troupes d'infanterie qui s'embarqueraient à son bord. Je désire que, quarante- huit heures après la réception de cette lettre, vous me fassiez connaître, par le courrier extraordinaire que m'enverra le général Rapp, le jour précis où cette escadre pourra mettre à la voile de Toulon, ce que vous avez en rade et prêt à partir au moment de la réception de ma lettre, ce que vous aurez au 15 frimaire, ce que vous aurez au ler nivôse. Mon vœu serait que cette expédition pût mettre à la voile au plus tard dans les premiers jours de nivôse.

Je viens de Boulogne, où il règne aujourd'hui une grande activité et où j'espère avoir, vers le milieu de nivôse, 300 chaloupes canonnières, 500 bateaux canonniers et 500 péniches réunis; chaque péniche portant un obusier de 36, chaque bateau canonnier un canon de 24, et chaque chaloupe canonnière trois pièces de 24. Faites-moi connaître vos idées sur cette flottille. Croyez-vous qu'elle nous mènera sur les bords d'Albion ? Elle peut porter 100,000 hommes. Huit heures de nuit qui nous seraient favorables décideraient du sort de l'univers.

Le ministre de la marine a continué sa tournée vers Flessingue; il visitera la flottille batave, qui est composée de 100 chaloupes canonnières et de 300 bateaux canonniers, capables de porter 30,000 hommes, et la flotte du Texel, qui doit porter aussi 30,000 hommes.

Je n'ai pas besoin d'exciter votre zèle; je sais que vous ferez tout ce qui sera possible; comptez sur mon estime.


Paris, 24 novembre 1803

Au citoyen Perregaux(Jean Frédéric Perregaux, 1744-1808)

Citoyen Perregaux, Président des régents de la Banque de France, j'ai compris, par la note que vous m'avez fait remettre,

l° Que la Banque avait en suspens des affaires avec le trésor public : j'ai ordonné qu'elles fussent terminées, mon intention n'étant pas, dans aucun cas, d'emprunter de l'argent de la Banque;
2° Que la Banque ne jouissait pas du capital dont elle devrait jouir: j'ai chargé le consul Lebrun de vous proposer divers moyens pour aider la Banque et la mettre à même de marcher avec plus de hardiesse et d'assurance, mon intention étant, telle que je vous l'ai communiquée il y a un an, d'aider la Banque dans toutes les circonstances.
Mais je ne saurais penser que les régents méconnussent le principe qu'ils doivent escompter les obligations lorsqu'elles sont à moins de deux mois d'échéance, et ne fussent pas pénétrés de l'obligation où ils sont de donner à leur privilège toute l'extension dont il est susceptible; l'intérêt de l'État, du commerce, des actionnaires, tout en fait une loi.

Je fonde un grand espoir dans la Banque; je l'aiderai dans toutes les circonstances; mais il faut qu'elle se pénètre de sa puissance et de son utilité.


Paris, 24 novembre 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES

Il paraît que le dernier courrier d'Espagne à Azara ne dit rien et n'a pour but que de gagner du temps. Cependant je suis pressé pour avoir de l'argent; 16 millions sont échus au ler vendémiaire. Je voudrais que le ministre du trésor public tirât pour 16 millions de lettres de change sur la trésorerie espagnole; on les confierait à un banquier qui se rendrait en poste à Madrid, où ces lettres seraient acceptées ou ne le seraient pas : si elles ne l'étaient pas, ce serait un sujet naturel de querelle avec l'Espagne; le banquier aurait soin de dire que, si les lettres de change ne sont pas acceptées dans vingt- quatre heures, il s'en va. Si, au contraire, elles le sont, elles seraient soldées dans huit jours, c'est-à-dire avant le 10 frimaire, et dès ce moment on aurait de l'argent arrivé à Paris avant la fin de frimaire. On pourrait, pour les payements réguliers de mois en mois, convenir d'un arrangement.


 Paris, 24 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand

Je désire, Citoyen Ministre, que vous écriviez une lettre en chiffre au citoyen Lesseps, commissaire des relations extérieures au Caire, et que vous preniez la précaution de la lui envoyer par un homme qui ira s'embarquer à Trieste, sur le premier bâtiment qui partira pour Alexandrie, de manière que vous ayez double garantie pour l'arrivée de cette lettre.

Vous direz au citoyen Lesseps de faire connaître à Ibrahim-Bey et à Ostnan-Bey que j'ai reçu leur lettre, et que j'en approuve le contenu; que j'ai fait parler à la Porte pour ce qui les regarde, mais qu'il est difficile d'espérer quelque chose de ce côté; que je leur veux du bien, et que je désire leur en donner des preuves; qu'en attendant qu'il soit pris un parti définitif, je serais porté à leur donner du secours, mais de manière à ne pas nous brouiller encore avec la Porte; qu'ils me fassent donc de suite connaître la nature du secours dont ils peuvent avoir besoin.

Recommandez au citoyen Lesseps de rendre ses communications plus fréquentes, en envoyant des exprès avec des lettres chiffrées, et avec les plus grandes précautions, soit par Raguse, soit par Trieste.


Paris, 24 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je vous prie, Citoyen Ministre, d'envoyer copie de cette dépêche au général Brune, pour qu'il porte des plaintes sur la manière dont on se comporte avec notre agent à Latakieh.

Écrivez en chiffre au citoyen Lesseps qu'il doit se rendre au Caire; qu'il a eu tort de montrer la lettre des Mameluks au pacha du Caire; qu'il doit envoyer en France, par la voie la plus sûre, tout ce qu'il aura des beys, sans en rien communiquer aux Turcs.

Il doit faire dire principalement à Osman-Bey que j'ai reçu sa lettre; que j'en ai compris le contenu; que j'aime les Mameluks, parce qu'ils sont braves, et surtout les Mameluks de Mourad-Bey, parce qu'ils ont été avec nous et ont fait partie de l'armée française; que mon intention était , dans toutes les circonstances , de les favoriser et de les protéger; qu'ils peuvent donc compter là-dessus. Qu'il fasse dire à la veuve de Mourad-Bey que j'ai reçu sa lettre; que j'ai donné l'ordre spécial aux agents français qui sont en Égypte de la protéger; que je veux qu'elle n'ait rien à craindre, et qu'elle n'ait besoin de rien, parce que Mourad-Bey a fini par être ami de la France, qu'il est mort dans ces sentiments, et qu'ainsi je serai toujours ami de sa famille.


Paris, 24 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand

Je vous prie, Citoyen Ministre, d'écrire au citoyen Semonville, à la Haye, que j'ai donné ma confiance au contre-amiral hollandais Ver Huell, que j'ai nommé commandant en chef de la flottille batave; qu'il est donc convenable qu'il le soutienne auprès de son Gouvernement, et lui prête toute l'assistance dont il pourrait avoir besoin.(Charles Henri, comte de Verhuell de Sevenaer, 1764-1845. Il a été rappelé à l'activité par Bonaparte, pour prendre le commandement de la flottille de Flessingue. Il jouera un rôle décisif à Walcheren).


Paris, 24 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Vous donnerez l'ordre au général de division Gouvion, inspecteur général de gendarmerie, de se rendre sur-le-champ à Angers, et de porter de là son quartier général à Châtillon.

Il aura immédiatement sous ses ordres une colonne d'éclaireurs, composée de trois compagnies de grenadiers du 12e régiment d'infanterie légère, qui est à Nantes, complétées chacune à 65 hommes au moins, commandée par un chef de bataillon; de quatre compagnies de grenadiers du 93e régiment, complétées également à 65 hommes et commandées par un chef de bataillon. Ces deux petits bataillons, joints à 25 gendarmes et à un escadron du 22e de chasseurs à cheval, fort au moins de 130 hommes, formeront cette colonne sous les ordres du général Gouvion.

Il aura aussi sous ses ordres trois autres colonnes qui se réuniront à Beaupreau, à Thouars et aux Herbiers.

La première, qui se réunira à Beaupreau, sera composée de 25 gendarmes, de deux compagnies du 12e régiment d'infanterie légère, complétées au moins à 65 hommes, et d'une compagnie à cheval du 28e de dragons, forte au moins de 70 hommes. Le général de brigade Girardon, commandant le département de la Mayenne, se mettra à la tête de cette colonne.

La deuxième colonne sera composée de deux compagnies, complétées à 65 hommes, du bataillon du 63e régiment qui est à Poitiers, de 25 gendarmes et d'une compagnie, complétée à 70 hommes et à cheval, du 22e régiment de chasseurs, qui est à Niort. Le général de brigade Dufresse se mettra à la tête de cette colonne, qui se réunira à Thouars.

La troisième colonne se réunira aux Herbiers, et sera composée de deux compagnies complétées à 65 hommes, d'une demi-brigade suisse, qui est à la Rochelle, de 25 gendarmes, de deux compagnies également à 65 hommes du bataillon de la 82e demi-brigade, qui est aux Sables, et d'une compagnie à cheval du 4e régiment de chasseurs, qui est à Fontenay-le-Peuple (Fontenay-le-Comte). Cette troisième colonne sera commandée par le chef de brigade Reynaud, adjudant du palais, auquel vous donnerez l'ordre de se rendre en poste aux Herbiers.

Ces trois colonnes d'éclaireurs seront sous les ordres du général de division Gouvion, qui dirigera toutes leurs marches et leurs opérations de manière à faire fouiller la forêt de Vezins et arrêter sans miséricorde les hommes qui faisaient partie du rassemblement qui a eu lieu dans la commune d'Yzernay, les poursuivre partout et sur quelque département qu'ils se soient réfugiés, et enfin se porter partout où le prétexte de la conscription ou toute autre raison feraient naître des troubles.

Le général Gouvion est à cet effet muni de tous les pouvoirs nécessaires;  il pourra promettre telle récompense qu'il jugera convenable pour l'arrestation des brigands.

Il sera accordé à toutes les troupes faisant partie de ces quatre colonnes d'éclaireurs une indemnité pour tenir lieu de vivres de campagne.

Ces colonnes d'éclaireurs existeront  jusqu'à nouvel ordre; et vous mettrez à la disposition du général Gouvion une somme pour qu'il puisse suffire, soit aux dépenses d'espionnage, soit au payement des récompenses promises, soit pour l'indemnité des vivres de campagne jusqu'à ce que ce service soit organisé.

Recommandez au général Gouvion de se concerter avec les préfets; il est d'ailleurs autorisé, d'après son grade d'inspecteur général de gendarmerie, à faire faire à la gendarmerie tous les mouvements et déplacements qu'il jugera convenables pour arrêter les troubles à leur naissance.


Paris, 24 novembre 1803

Au général Savary, aide de camp du Premier Consul

Vous voudrez bien partir pour Mayenne et secrètement. Vous verrez Chappedelaine, qui vous a écrit la lettre que vous m'avez remise. Vous prendrez les renseignements les plus circonstanciés. Vous irez sur les lieux mêmes où il a été rencontré par le commencement du rassemblement. De là, vous consulterez les officiers de gendarmerie, le général et le préfet, et vous acquerrez sur tout ce qui se passe toutes les informations convenables, ainsi que sur les mouvements que des malveillants voudraient faire sous le prétexte de la conscription.


Paris, 24 novembre 1803

DÉCISION

Le ministre de la guerre rend compte d'un marché passé à Liége pour une fourniture d'armes au Gouvernement batave. Il a défendu toute exportation d'armes, de peur qu'on ne les fît passer en Angleterre.

On ne saurait prendre trop de mesures pour empêcher que les Anglais ne recrutent des armes, dont ils ont le plus grand besoin.

DÉCISION

Rapport du ministre de la guerre sur les dispositions faites par le général Lacombe Saint-Michel pour assurer la défense des côtes de la Ligurie. Le ministre propose de faire passer 500,000 kilogrammes de poudre à Gênes, qui en manque. 

Renvoyé au ministre de la guerre pour faire filer à Gênes, 
pour rester en dépôt jusqu'à nouvel ordre, et entreposer, s'il est  nécessaire, dans les magasins de la République italienne, trois cents milliers de poudre. Par ce moyen, les poudres seront toujours à nous, et, si nous en avons besoin, nous les trouverons.

DÉCISION

Rapport du général Soult sur la demande formée par le citoyen Gravatte, chirurgien de 3e classe, d'être réintégré dans le grade de chirurgien de 2e classe. 

Renvoyé au ministre de l'administration de la guerre. Mon intention est qu'il ne soit pas fait de tort aux vieux chirurgiens qui ont fait la guerre.


Paris, 24 novembre 1803

Au citoyen Fleurieu

Citoyen Fleurieu, Conseiller d'État, chargé par intérim du porte-feuille de la marine, je reçois un imprimé de Boulogne, ou est décrit l'arrimage d'une chaloupe canonnière, d'un bateau canonnier et d'une péniche; mais je ne trouve pas que tout soit décrit avec assez d'ordre et de précision.

1° On ne dit pas le nombre d'hommes que la chaloupe canonnière doit porter. Le mot passagers y est seulement, mais le nombre est laissé en blanc; il faudrait mettre : passagers, 90; et garnison, 30; ce qui fait 120 hommes.
2° On ne distingue pas l'endroit où doivent être placées les 12,000 cartouches et les 1,200 pierres à feu.
3° On ne dit pas comment les passagers doivent être répartis sur les calissons, sur le pont, dans les hamacs.
4° On ne dit pas combien la péniche doit porter d'hommes. Elle doit en porter 66, dont 10 de garnison et 56 de passagers.
5° Les caissons ne sont pas désignés, ni ce qu'ils doivent porter; il doit y avoir 12,000 cartouches.

Je vous prie de faire rédiger de nouveau cette instruction, et de faire ajouter, à la fin de l'installation de chaque bâtiment, une table de tout ce qu'il doit porter, en indiquant par qui les objets doivent être fournis, pour l'usage des garde-magasins, etc.

Faites connaître au ministre de la guerre qu'il doit faire fournir un tonneau de lest en boulets à chaque bâtiment, et indiquez-lui les ports où vous avez de ces bâtiments en armement. Prévenez les commissaires de marine que, toutes les fois que la terre ne sera pas en mesure, ils fournissent des boulets de la marine.


 Paris, 24 novembre 1803

Au contre-amiral Ver Huell, commandant en chef la flottille batave

Je reçois votre lettre du 28 brumaire. Je vois avec peine qu'il n'y a encore qu'un petit nombre de bâtiments à Flessingue, et j'attends votre deuxième dépêche pour connaître ce qu'il y a à Rotterdam et dans les autres chantiers. J'ai causé avec Schimmelpeninck, qui va écrire par un courrier à son Gouvernement pour lui faire sentir l'importance de vous seconder de tous ses moyens. Je vous prie de continuer à prendre des renseignements sur les boots qu'on a achetés pour nous. Donnez des ordres pour qu'ils partent le plus tôt possible. On m'assure qu'il y en a en quarante-trois d'achetés. Il faudrait d'abord qu'ils partent tous pour Flessingue. J'attends donc votre second courrier.


Paris, 25 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, le mémoire d'un négociant de Dunkerque qui a perdu, par la violation qu'ont faite les Anglais du territoire du Danemark, un bâtiment chargé d'une riche cargaison. Faites des démarches telles que le Danemark restitue la valeur de ce bâtiment.        


Paris, 25 novembre 1803

Au citoyen Melzi

Citoyen Melzi, Vice-Président de la République italienne, je ne puis que blâmer la conduite d'Aldini, et je ne conçois pas en effet comment un membre du Conseil législatif peut s'absenter de Milan sans votre permission; je crains que ce ne soit là un peu la faute de la Constitution. Le Conseil législatif devrait, comme à Paris, être tout entier dans la main du Gouvernement. Faites venir Aldini à Paris; dites-lui que j'approuve tout ce que vous avez fait dans une circonstance aussi urgente.

Parme et Plaisance conviennent bien à la République italienne; mais ils sont l'objet d'une négociation qui fixe déjà l'attention de toute l'Europe. C'est un moyen de paix, et je ne pourrais me décider à commettre la précipitation de réunir aujourd'hui ce pays que par une compensation qui m'aidât véritablement à soutenir la guerre. Cette compensation ne pourrait se trouver que dans une somme d'argent assez considérable, et je connais assez la situation de la République italienne pour croire qu'elle pût trouver difficilement cette somme. Cependant, voyez. Vous savez qu'un gouvernement se forme de l'opinion publique, et marche avec ce qu'impose l'opinion publique, qui raisonne et calcule tout.

Quant au concordat il diffère peut-être un peu de celui de la République; mais il faut avouer aussi que les circonstances sont un peu différentes. Mettez tous vos soins à vous procurer cette paix religieuse qui, une fois perdue, ne peut se recouvrer qu'avec tant de peine.


Paris, 25 novembre 1803

A LA CONSULTE D'ÉTAT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE

Citoyens Consultateurs, j'ai reçu votre lettre du 27 septembre. Le concordat fait avec le Saint-Siége est fondé sur des bases raisonnables. Il est discuté depuis deux ans. Je désire qu'il soit pour la République un objet de tranquillité intérieure. Il est plus facile de prévenir des discussions religieuses que de les apaiser quand le mal est fait.


Paris, 25 novembre 1803

AU CORPS LÉGISLATIF DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE

Citoyens Législateurs, j'ai reçu votre message du 20 octobre. J'ai été sensible aux sentiments que vous m'exprimez.

Les lois rendues dans votre dernière session ont puissamment contribué à consolider l'état de prospérité ou est la République. J'attends les mêmes résultats de cette session; et il n'est aucun moment, dans quelque circonstance que je puisse me trouver, où le bonheur et la prospérité de la République italienne ne soient l'objet de ma pensée et de ma sollicitude.


Paris, 25 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous envoie, Citoyen Ministre, un projet d'arrêté sur lequel je vous prie de me faire connaître votre opinion. Vous me le présenterez définitivement avec la répartition des conscrits par départements. Faites faire un travail, en même temps, pour organiser la Garde en conséquence de cela.

Un chevron distinguerait les anciens soldats.

Chaque compagnie serait composée de 120 hommes, dont 60 seraient recrutés par l'armée et 60 par la conscription.

On établirait indépendamment deux compagnies da dépôt, l'une pour les chasseurs, l'autre pour les grenadiers. On pourrait porter à 150 hommes chaque compagnie de dépôt; ce qui porterait la force de la Garde à 5,000 hommes.

Quant à l'administration, la Garde sortant des régiments serait payée comme elle l'est aujourd'hui : les conscrits n'auraient que 10 sous par jour, à peu près comme l'infanterie qui est en garnison à Paris; mais ils se trouveraient également payés, moyennant la haute paye qu'ils auraient de chez eux.

Après cinq ans de service dans la Garde, un conscrit pourrait être admis à faire partie des premières escouades, mais seulement jusqu'à concurrence de moitié des places vacantes, l'autre moitié devant toujours être remplacée par les corps de l'armée.

Ce dernier règlement est moins pressé; on peut se donner le temps de le faire. L'important est de s'occuper du premier, afin de faire sur-le-champ l'appel, et d'être à même d'en faire marcher dans deux mois une partie avec la Garde.

PROJET D'ARRÊTÉ

I. Il sera fait un appel de 1,200 conscrits sur l'armée de réserve de l'an IX et de l'an X, et de 1,200 sur celle des années XI et XII, pour faire partie de la Garde du Gouvernement.
II. Ces conscrits seront choisis parmi ceux jouissant par eux-mêmes ou par leur famille d'une haute paye de 10 sous par jour.
III. La répartition de ces conscrits entre les départements sera faite conformément an tableau ci-joint.
IV. Ils seront placés dans les compagnies de chasseurs et de grenadiers, à raison de 50 hommes par compagnie.
V. La moitié des hommes que devra fournir chaque département devra avoir au moins la taille de 5 pieds 5 pouces, et l'autre moitié au moins celle de 5 pieds 2 pouces.
VI. Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Paris, 25 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je désire, Citoyen Ministre, que vous donniez l'ordre au commandant de l'école de Fontainebleau de faire dresser un état de quarante jeunes gens, âgés de plus de dix-huit ans, les plus instruits, sachant parfaitement le maniement des armes, et capables d'occuper une "place de sous-lieutenant dans un corps.

Vous me proposeriez de les nommer sous-lieutenants dans chacun des quarante bataillons faisant partie des camps de Saint-Omer, Montreuil et Bruges.

Je désirerais également que vous fissiez dresser dans le prytanée de Saint-Cyr un état de soixante jeunes gens âgés au plus de seize ans, ayant plus de 5 pieds, et qui seraient propres à être attachés à chacun de ces quarante bataillons, en qualité de caporaux-fourriers.

Je désire accélérer le temps où cette jeunesse devra entrer dans l'armée, afin qu'elle puisse acquérir de l'expérience dans l'expédition actuelle.


Paris, 25 novembre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Il sera formé, des ouvriers des chantiers de constructions navales établis sur les bords de la Seine à Paris, quatre compagnies d'ouvriers, de 100 hommes chacune. On réunira dans chacune de ces compagnies les charpentiers de la marine et les ouvriers levés des environs de Paris.
ART. 2. - Le ministre de la marine fera une instruction pour le détail de leur organisation.
ART. 3. - Ces compagnies seront dirigées sur Boulogne et partiront de Paris : la 1e, le lundi 6 de ce mois; la 2e, le lundi 13; la 3e, le lundi 20; la 4e, le lundi 27.
Elles recevront l'assurance qu'elles ne passeront point au delà de Boulogne et ne seront point employées ailleurs.
Chaque compagnie sera accompagnée d'un chariot chargé de ses outils.
ART. 4. - Chacune de ces compagnies sera commandée par un sous-ingénieur constructeur de marine ou par un enseigne de vaisseau. Il y sera de plus attaché un élève de l'école polytechnique, ayant le traitement et faisant les fonctions d'aide-ingénieur constructeur de la marine.
ART. 5. - Le ministre de la marine est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Paris, 26 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre qu'il soit formé quatre corps d'éclaireurs : un à Alencon, un à Nogent-le-Rotrou, un au Mans et l'autre à Mayence.

Ces quatre corps seront sous les ordres du général Lagrange , inspecteur général de gendarmerie, qui se rendra à cet effet à Alençon.

Le corps d'éclaireurs de Nogent-le-Rotrou sera commandé par le colonel Lhuillier, de la Garde.

Celui du Mans sera commandé par le général Larue, et celui de Mayenne par le général Devaux.

Celui de Nogent-le-Rotrou sera composé de gendarmes, d'une compagnie de 60 hommes à cheval du 9e régiment de dragons, et de deux compagnies du 4e régiment d'infanterie légère, fortes de 65 hommes chacune au moins; total, 215 hommes.

Celui d'Alençon sera composé de 25 gendarmes, d'une compagnie de 60 hommes à cheval du 3e régiment de dragons , qui est à Versailles, de deux compagnies, de 65 hommes au moins chacune, du 2e régiment d'infanterie légère, et d'une compagnie de 60 hommes au moins du 16e régiment de chasseurs.

Celui du Mans sera composé de 25 gendarmes, d'une compagnie de 60 hommes à cheval du 16e de dragons, et de deux compagnies de la légion d'élite de gendarmerie à pied, fortes chacune au moins de 65 hommes.

Celui de Mayenne sera composé de 25 gendarmes, d'une compagnie de 60 hommes à cheval du 2e régiment de chasseurs, qui est à Rennes, et de deux compagnies, chacune de 60 hommes, du 4e régiment d'infanterie , qui est à Rennes.

Les détachements de dragons seront pris dans les escadrons de dépôt qui sont à Versailles.

Les troupes faisant partie de ces quatre corps d'éclaireurs jouiront d'une indemnité de vivres de campagne.

Le général Lagrange sera autorisé, en sa qualité de général de gendarmerie, à faire toutes les dispositions qu'il jugera convenables; il appellera, des légions de gendarmerie, quelques piquets pour aider à ses opérations, lorsque cela sera nécessaire.

Il doit tenir ces quatre corps perpétuellement en marche, cerner les bois, villages et tous les lieux où la compagnie de brigands qui a arrêté deux diligences et a paru, il y a un mois, près de Mayenne, pourrait se retrouver, et les exterminer.

Je ne doute pas que les malveillants ne profitent du prétexte de la conscription pour agiter ces départements. Le général Lagrange se portera partout où il y aurait du trouble; il se concertera avec les préfets, les maires, les évêques, les curés, les présidents des assemblées cantonales, et enfin tous les hommes marquants et attachés au Gouvernement, afin de parvenir à faire une justice exemplaire des auteurs de ce commencement de brigandage.

Vous lui ordonnerez de correspondre tous les jours avec vous; il sera traité comme le général Gouvion.

En sa qualité de général de gendarmerie, il se portera partout, ne respectera aucune limite de division, ni de département, et suivra lui-même, avec ses colonnes d'éclaireurs, les brigands partout où ils pourraient se réfugier.


Paris, 28 novembre 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de me présenter un rapport sur la dissolution du camp de Bayonne et sur la formation de trois cantonnements.

L'un à Toulon, composé de deux bataillons du 12e d'infanterie légère, formant 1,600 hommes; de deux bataillons du 23e de ligne, formant également 1,600 hommes; du bataillon des chasseurs d'Orient, fort de 300 hommes, et d'une compagnie du 4e régiment d'artillerie, de 80 hommes; total, 3,600 hommes, commandés par un général, un adjudant commandant, un chef de bataillon d'artillerie, un capitaine et deux lieutenants du génie et un commissaire des guerres.

L'artillerie de ce cantonnement sera composée de trois pièces de 4 et de trois pièces de 8 de campagne, avec armement, harnais et approvisionnement de 200 coups par pièce.

Chaque homme aura 100 cartouches : 30 dans la giberne et 70 dans le sac.

Le second cantonnement se réunira à Saintes, et sera compose des 3e et 12e régiments d'infanterie légère, des 26e, 7e, et 79e de ligne (chacun de ces régiments fournira deux bataillons de 800 hommes chaque), de deux compagnies d'artillerie de 80 hommes chacune, de trois escadrons du 24e de chasseurs et de trois escadrons du 4e, commandés par un général de brigade de cavalerie.

Ce cantonnement sera commandé par un général de division, deux généraux de brigade, un adjudant commandant, un ordonnateur, deux commissaires des guerres, un chef de bataillon d'artillerie, un capitaine et deux lieutenants du génie.

L'artillerie sera composée de huit pièces de 4, de quatre pièces de 8, de quatre pièces de 12 et de quatre obusiers, d'un approvisionnement de 200 coups par pièce, et les chevaux nécessaires pour leur attelage.

Le troisième cantonnement se réunira à Brest. Il sera composé des 7e et 16e régiments d'infanterie légère, des 3e, 24e, 37e et 65e de ligne, des 7e et 28e régiments de chasseurs, et du 1er de hussards.

L'artillerie sera composée de huit pièces de 4, de six pièces de 8, de six pièces de 12 et de six obusiers, avec un approvisionnement de 300 coups à tirer par pièce, 200 cartouches par homme, et un approvisionnement d'infanterie proportionné.

Ce cantonnement sera commandé par un général en chef, deux généraux de division, deux généraux de brigade et un général de cavalerie.

Faites-moi un projet sur ces bases avant de rien exécuter. 


Paris, 28 novembre 1803

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

J'ai reçu vos dernières lettres. Je vous prie de me faire exactement connaître les travailleurs employés aux travaux du port et du bassin à Ambleteuse et à l'arsenal de l'artillerie de la marine.

Les temps, qui sont encore contraires, s'opposent sans doute à la réunion des flottilles qui sont dans tous les ports de la Normandie. C'est une raison de plus pour travailler avec la plus grande activité à mettre le port de Boulogne à même de pouvoir les contenir sans embarras.

Faites-moi connaître tout ce qui aura été fait depuis mon départ de Boulogne jusqu'au 10 frimaire (2 décembre), ce qui fera quatorze jours; si les magasins de la marine sont réunis à la caserne, et quel est le nombre des forgerons et ouvriers de toute espèce arrivés depuis le 20 brumaire jusqu'au 10 frimaire.

Le général Dejean m'assure qu'il y a plus de 60,000 bidons à Saint-Omer. Écrivez pour qu'on vous envoie à Boulogne la quantité nécessaire, et faites-les distribuer à la troupe, et vous chargerez la masse de linge et chaussure de leur entretien.

Les Anglais annoncent un nouveau bombardement à Boulogne, dont ils veulent s'approcher davantage. Nous ne pouvons rien désirer de plus heureux.

Faites-moi connaître le nombre de mortiers que vous avez mis en batterie depuis mon départ. On m'avait promis qu'il y aurait de plus quatre mortiers à la Gomer et quatre à plaque.

Faites-moi connaître où en sont les travaux du musoir au 10 frimaire.


Paris, 29 novembre 1803

Au citoyen Chaptal, ministre de l'intérieur

Je désire, Citoyen Ministre, que vous fassiez faire, sur l'air du Chant du départ, un chant pour la descente en Angleterre.

Faites faire également plusieurs chants sur le même sujet, sur différents airs.

Je sais qu'il a été présenté plusieurs comédies de circonstance; il faudrait en faire un choix, pour les faire jouer sur différents théâtres de Paris, et surtout aux camps de Boulogne, Bruges, et autres lieux où est l'armée.


Paris, 29 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je vous prie, Citoyen Ministre, de demander un rapport au citoyen Reinhard sur l'emprunt qu'a fait le général Mortier. Je désire être instruit, dans le plus grand détail, s'il se trouve dans ce traité quelques clauses secrètes pour détourner, au profit de particuliers, une portion des fonds demandés en emprunt.

Faites connaître au ministre de la République près l'Électeur ainsi qu'à nos différents ministres en Allemagne, que cet emprunt été fait pour le compte du Hanovre; qu'il n'en revient rien à la France; qu'il n'a jamais été entendu qu'il fût hypothéqué sur autre chose que sur les biens patrimoniaux du roi d'Angleterre; que, quant à des propositions indiscrètes faites à des bailliages, aucun agent français n'a jamais été autorisé à des démarches de cette nature; que le Gouvernement français n'approuvé point la part qu'y ont prise des officiers français, ayant, il est vrai, autorisé cet emprunt, mais pour compte du Hanovre.
Je vous prie de m'apporter ce soir toutes les pièces que vous auriez, qui regarderaient directement on indirectement cet emprunt.


Paris, 29 novembre 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES.

Le Citoyen Talleyrand est chargé d'adresser au ministre de la République batave à Paris la note ci-après.

"Le soussigné est chargé de demander à M. Schimmelpenninck des renseignements sur les deux expéditions que, par le traité conclu entre les deux républiques, le Gouvernement batave s'est chargé d'organiser à Flessingue et au Texel, l'une par l'article 3 dudit traité, devant consister en cinq vaisseaux, cinq frégates et bâtiments de transport, capables de porter 25,000 hommes et 2,500 chevaux; l'autre, en 100 chaloupes canonnières et 250 bateaux canonniers, de manière que cette seconde expédition pût porter 36,000 hommes, des équipages d'artillerie, des munitions et 1,500 chevaux.

Le Premier Consul a chargé le contre-amiral Ver Huell de commander cette seconde expédition, et de lui donner des renseignements sur la situation des choses.

Il désire avoir des renseignements positifs sur ce qu'il peut espérer, le terme approche, et le Premier Consul a calculé, dans ses projets, sur l'exécution de ladite convention."


Paris, 29 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le Général Mortier, Citoyen Ministre, a fait un emprunt dans les îles hanséatiques : cet emprunt s'est mal fait. Il n'était pas de la dignité française d'envoyer un général faire cet emprunt; c'est avilir le caractère d'un général. Si on voulait le faire ouvertement, il fallait envoyer un officier d'un grade inférieur, accompagné d'un agent de la trésorerie; mais, ce qui valait beaucoup mieux, cet emprunt devait se faire par les États, et en leur nom, et le général Mortier n'y intervenir ostensiblement que pour le garantir.

On a eu bien plus grand tort encore de faire un emprunt auprès de l'Électeur et de proposer des bailliages en garantie. On n'a jamais pu être autorisé à faire une pareille démarche, qui a alarmé toute l'Europe et que le Gouvernement a été obligé de désavouer.

Je ne sais à quel point les rapports qui m'ont été faits sont vrais; mais on m'a dit qu'il y a un banquier de Paris mêlé dans cet emprunt; ce qui serait inconcevable. Le trésor public et ses agents peuvent seuls intervenir dans les affaires d'argent. Vous demanderez, par le retour du courrier, au général Berthier (Louis César Gabriel de Berlux, comte Berthier, 1765-1819. Il s'agit du frère du maréchal. Il sera chef d'état-major de Joseph à Vienne) des renseignements sur cet emprunt, sur la manière dont les fonds sont versés, et les pièces originales; pour qu'il soit . .(manque dans l'original) . . . au ministère des relations extérieures. Ordonnez aussi que, s'il y avait des fonds réservés, ils soient versés dans la caisse du payeur.

Envoyez-moi sur-le-champ les pièces qui tendraient à donner des lumières directes ou indirectes sur cet emprunt, et que vous auriez reçues.


Paris, 29 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre qu'une pièce de 4, une pièce de 8 et un obusier soient envoyés à Compiègne, avec une demi-compagnie du ler régiment d'artillerie. Elles seront destinées à apprendre l'exercice du canon à des détachements de dragons de la division du général Baraguey d'Hilliers.


Paris, 29 novembre 1803

Au contre-amiral Ver Huell

Monsieur le Contre-Amiral Ver Huell, je reçois votre courrier du 4 frimaire, et je vous expédie sur-le-champ mes réponses. Je vous prie d'observer au gouvernement batave que ce qui est relatif aux écuries n'est pas exact, parce que la convention dit qu'on doit fournir 1,500 chevaux, et vous exprimez que je n'en demande que 1,000.

Quant aux bâtiments de transport, il n'est pas davantage exact de dire qu'il n'en soit pas question dans la convention; car il est dit au deuxième paragraphe de l'article 3 : "de sorte que cette seconde expédition pourra porter 36,000 hommes, avec les équipages, l'artillerie nécessaire et 1,500 chevaux " . Or je n'ai demandé pour l'artillerie que deux divisions, chacune de 27 bâtiments. Vous voyez donc que je suis resté dans les termes du traité. Il ne s'agit point ici d'arguer, mais de faire.

Je vous autorise à diminuer la flottille de bateaux canonniers, et, au lieu de dix divisions, à les porter à huit; ce qui fera donc, au lieu de 270 bateaux, 216; vous savez que, par le traité, on en devait fournir 250.

Si la République batave n'a pas de canons de 24, je vous autorise à armer vos bâtiments de canons de 18.

Quant aux vivres et matelots, je vous autorise également à promettre en mon nom que je ferai solder, tous les trois mois, toutes les avances qui seront faites pour les équipages. Si même vous pensez qu'il y ait trop de difficultés à avoir trois divisions de chaloupes canonnières, je me réduis à deux, c'est-à-dire 54. Vous savez que par le traité on devait en fournir 100.

Ce que je demande donc à la République batave se réduit à :

54 chaloupes canonnières,
216 bateaux canonniers,
54 bâtiments de transport, 
54 bâtiments-écuries.
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Total, 378 bâtiments

qui, l'un portant l'autre, ne peuvent exiger plus de 5 matelots; ce qui ferait un nombre de 1,800 matelots à peu près pour six mois, et une dépense de près de 4 on 500,000 francs.

Après cette concession faite, nous avons le droit d'espérer que le Gouvernement batave agira avec la plus grande activité, pour que la première portion demandée soit prête au 20 frimaire, et le restant à l'époque de nivôse. Je vous prie donc d'avoir une nouvelle conférence et de m'assurer que je puis véritablement compter sur ce résultat.

J'ai compté sur l'exécution du traité de la part du Gouvernement batave, et, si de grands et vastes plans se trouvaient déconcertés par des non-exécutions, j'aurais droit de me plaindre du Gouvernement hollandais.


Paris, 20 novembre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Donnez ordre qu'une péniche de Paris se rende à Compiègne; elle sera destinée à apprendre à nager aux dragons de la division Baraguey d'Hilliers, qui sont à Compiègne.

Ordre qu'une péniche dé Saint-Valery-sur-Somme se rende à Abbeville, pour y apprendre à nager à des détachements de la division de dragons du général Klein.


Paris, 30 novembre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Je vous envoie, Citoyen Ministre, le rapport qui m'a été fait par le ministre de la guerre, avec la convention qui a été passée par ordre du général Mortier, relatifs à l'emprunt. Je vous envoie en original la lettre que j'écris au ministre de la guerre, où vous verrez mes intentions. Vous la ferez passer à ce ministre, après en avoir pris connaissance, et vous vous concerterez avec lui pour qu'il écrive, par le même courrier que vous expédierez par Hambourg, au général Mortier, auquel il notifiera mes intentions.

Faites connaître au citoyen Reinhard que je ne puis ratifier la convention; qu'il faut que l'emprunt soit fait par les États du Hanovre, puisqu'il n'est fait que pour les soulager; que le Hanovre choisisse, ou d'en promettre le remboursement dans dix ans, ou de l'hypothéquer sur les biens patrimoniaux du roi d'Angleterre; et que je garantirai que ces stipulations seront fidèlement exécutées. Envoyez-lui les pouvoirs et instructions nécessaires.

Faites également connaître au citoyen Reinhard qu'il n'aurait dû rien faire sans vos ordres; qu'il devait vous envoyer un courrier pour demander des instructions, et, jusque-là, répondre au général Mortier qu'il devait attendre. Recommandez-lui de procéder avec la plus grande circonspection, et de vous tenir instruit de la marche de cette affaire; et, en général, je désire que vous écriviez à tous les ministres de la République, quelle que soit leur qualité, qu'ils ne doivent jamais se permettre de faire aucune démarche que par les ordres du Gouvernement, transmis par le Premier Consul ou par le ministre des relations extérieures.


Paris, 30 novembre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Il m'est impossible, Citoyen Ministre, de ratifier la convention faite avec le sénat de Hambourg. Ce n'est pas par l'armée française que cet emprunt devait être fait, mais par les États de Hanovre. D'ailleurs, on devait affecter pour son remboursement les biens patrimoniaux du roi d'Angleterre. Une convention avec un gouvernement étranger devait être faite par un ministre de la République, muni de pouvoirs et d'instructions en règle. Il est donc convenable qu'elle soit transformée en une autre où les États du Hanovre soient partie contractante et la France simplement garante. Si les Hambourgeois ne voulaient pas des biens du roi d'Angleterre pour hypothèque, les États de Hanovre promettraient remboursement pour dans dix ans, et la France se portera garante de cette stipulation. Je ne ferai point de difficulté alors de ratifier ladite garantie. Si les États de Hanovre se refusent à cette démarches la convention avec Hambourg sera nulle; car le Premier Consul ne se résoudra jamais à la ratifier, et, dès lors, il faudra avoir recours à des impositions de guerre sur l'Électorat, proportionnées aux besoins de l'armée, surcharge à laquelle les Hanovriens auront donné lieu s'ils refusent l'emprunt.

Faites connaître au général Mortier ces dispositions. Le ministre des relations extérieures envoie des pouvoirs et des notes en règle au citoyen Reinhard. Tout ce qui tient aux relations extérieures est d'une nature très-délicate; vous ne sauriez conseiller trop de circonspection. Je suis mécontent de ce que le général Mortier ne vous rend pas compte de tout, en détail, et tous les jours.


Paris, 30 novembre 1803

NOTE POUR LE MINISTRE DE L'ADMINISTRATION DE LA GUERRE.

Le général Dejean écrira, par courrier extraordinaire, au commissaire général, pour que, sur-le-champ, on dresse le bordereau  des fourrages que les départements ont fournis par réquisition; que le décompte en soit fait aussitôt, à raison de trente sous, prix moyen de la ration. On aura soin de diminuer pour les départements où les fourrages sont à bon marché, et d'augmenter pour ceux qui sont plus éloignés et où ils sont plus chers. Ces diminutions et augmentations seront toutefois faites de manière que, dans le résultat général, la ration ne revienne pas à plus de trente sous.

Le commissaire général donnera l'assurance que tout le monde sera payé, et que, aussitôt le décompte parvenu au Gouvernement, les fonds nécessaires seront envoyés en poste, si les 200,000 francs mis à sa disposition pour cet objet et sur lesquels les payements doivent être faits sur-le-champ ne sont pas suffisants.

Le commissaire général restera à son poste jusqu'à ce que ce décompte soit dressé et afin de l'apporter lui-même. Le ministre écrira aux préfets des départements qui ont éprouvé des réquisitions, pour leur annoncer qu'aussitôt les décomptes arrivés les payements seront effectués, et les charger, en conséquence, d'inviter les cultivateurs à ne point se défaire à perte des bons de réquisition, le payement en étant assuré. 


1 - 15 novembre 1803