1 - 15  Octobre 1803


Paris, 1 octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. Il sera élevé à Paris, au centre de la place Vendôme, une colonne à l'instar de celle érigée à Rome en l'honneur de Trajan.
ART. 2. - Cette colonne aura 2 mètres 73 centimètres de diamètre sur 20 mètres 78 centimètres de hauteur. Son fût sera orné, dans son contour ou spirale, de 108 figures allégoriques en bronze, ayant chacune 97 centimètres de proportion, et représentant les départements de la République.
ART. 3. - La colonne sera surmontée d'un piédestal terminé en demi-cercle, orné de feuilles d'olivier et supportant la statue pédestre de Charlemagne.
ART. 4. - Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Paris , 1er octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Une écharpe d'honneur sera décernée au citoyen Letourneur, Maire de Granville, pour la bonne conduite qu'il a tenue pendant le bombardement. 
ART. 2. - Les citoyens Boissel-Dubuisson, tous deux adjoints du maire, dont le premier s'est retiré à la campagne et le second a offert sa démission pendant que l'ennemi était encore en présence sont destitués, des lâches ne pouvant rester à la tête d'une commune telle que Granville.
ART. 3. - Le Ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Paris, 1 octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Il sera fait, dans les domaines publics du duché de Parme, une réserve d'une valeur de deux millions de francs, pour être répartie entre les militaires et les autres personnes qui, ayant souffert dans leur fortune par l'effet des lois portées pendant la révolution, seront jugés susceptibles de participer à ces indemnités. ART. 2. - Le montant de cette réserve sera mis à la disposition du ministère des Finances.
ART. 3. - Il sera envoyé dans le duché de Parme un administrateur de l'enregistrement et des domaines, lequel procédera, d'ici au 1er frimaire, à la formation de cette réserve, ainsi qu'à l'estimation de chacun des biens qui y seront compris.
ART. 4. - La valeur en capital de chaque domaine se composera de vingt années du produit annuel, d'après les baux, s'il en existe, ou d'après l'estimation qui en sera faite par experts, à défaut de baux existants.
ART. 5. - Les personnes qui, en vertu dit présent arrêté, auront obtenu des indemnités, recevront un acte passé par-devant notaire, par lequel le ministre des finances leur cédera et transportera, au nom de la République, la propriété d'une quantité de biens représentant le capital de l'indemnité qui aura été accordée à chacun d'eux.
ART. 6. - Le ministre de la guerre et le ministre des finances sont chargés de l'exécution du présent arrêté.


Paris, 1er octobre 1803

DÉCISION

Rapport sur des emprunts de guerre faits en Égypte, et dont le payement est réclamé par des capitaines grecs.

Le ministre de la guerre leur fera donner à chacun 3,000 fr., en leur faisant connaître qu'ils n'ont aucun droit à une liquidation, et qu'ils aient à quitter sur-le-champ Paris.

DÉCISION

Le ministre directeur de l'administration de la guerre soumet au Premier Consul un projet d'arrêté portant organisation des hôpitaux militaires et du service de santé.

Cela est l'inverse de ce que j'avais désiré ; car le grand défaut de notre organisation est de ne voir l'armée qu'en temps de paix, taudis que c'est toujours en temps de guerre qu'il la faut voir. Il me parait donc convenable d'attacher les officiers de santé aux corps, en décidant que, partout où seraient les corps, les officiers de santé les soigneraient à l'hôpital.


Paris, 1er octobre 1803

A l'amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, je vous fais mon compliment sur le bon résultat de votre voyage. Ces deux petits engagements et leur issue sont un véritable succès. Votre lettre de Dunkerque, du 5 messidor, m'a prouvé que vous aviez tout prévu, que tout était le résultat de vos combinaisons, et vous voyez que tout a réussi. Il doit y avoir à Dunkerque encore deux divisions prêtes à partir ; faites-nous-les arriver de même.

Dans ce moment, on ne pourrait point vous donner de canons de 24 pour la prame qui est à Calais. Faites-la armer de canons de 18, car je préfère conserver les pièces de 24 pour les bateaux canonniers.

La division qui est en relâche à Fécamp, celles du Havre, de Granville, de Saint-Malo et de Brest, qui sont en mouvement, ne devront pas tarder à vous arriver.

On a établi à Ostende un payeur, comme vous le désiriez.

J'ai été fort surpris d'apprendre que la solde de la flottille était arriérée. J'ai donné des ordres pour qu'elle fût acquittée sans délai.


Paris, 3 octobre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Je désire que vous fassiez arrêter, Citoyen Ministre, les nommés Lapommeraye et Montfort, anciens militaires, demeurant près de l'Odéon. Lapommeraye est un chouan amnistié qui a servi dans l'armée de Condé. Faites saisir en même temps leurs papiers. Faites-les interroger séparément, au secret, sur ce qu'ils vont faire et sur les personnes qu'ils voient chez une dame Grolier, demeurant rue Saint-Honoré, vis-à-vis la caserne de la Garde, et chez une dame Marcorelle.


Paris, 3 octobre 1803

Au citoyen Régnier

Je suis instruit, Citoyen Ministre, que madame de Staël est arrivée à Maffliers, près Beaumont-sur-Oise. Faites-lui connaître, par le moyen d'un de ses habitués et sans causer d'éclat, que si, le 15 vendémiaire, elle se trouve là, elle sera reconduite à la frontière par la gendarmerie. L'arrivée de cette femme, comme celle d'un oiseau de mauvais augure, a toujours été le signal de quelque trouble. Mon intention n'est pas qu'elle reste en France.


Paris, 3 octobre 1803

Au citoyen Cretet, conseiller d'État, chargé des ponts et chaussées

Je vous envoie une lettre confidentielle du citoyen Forfait, et dont vous prendrez seul connaissance. Son objet me parait d'une telle importance que je désire que vous en confériez avec le citoyen Cachin, sans lui laisser soupçonner d'où viennent ces observations. S'il reste des doutes, vous vous rendrez vous-même sur les lieux, afin d'être bien sûr que la direction qu'on donne aux travaux de Cherbourg est celle qu'ils doivent avoir.


Paris, 3 octobre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître au général Chasseloup que je n'ai pas approuvé l'idée de transférer à Casal le lycée d'Alexandrie. Des raisons de politique, faciles à saisir, me font désirer de voir ce lycée dans une place de guerre. Il faut d'ailleurs s'attacher les habitants d'Alexandrie et en franciser le plus possible la population. Du reste , je conçois facilement qu'il est bon d'avoir à Casal et à Valence des casernes pour y loger les troupes, et même y tenir en campement une espèce d'armée; mais je me refuse au système des petites places sur le Pô.

J'approuve donc qu'on dispose des casernes à Casal et à Valence pour le logement des troupes; mais c'est à Alexandrie qu'il faut tout faire, tout à Alexandrie. On n'y travaille pas assez; les travaux n'avanceront pas cet hiver; cependant 1'hiver est la saison la plus favorable dans le climat du Piémont.


Saint-Cloud, 3 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je désire, Citoyen Ministre,

l° Que vous fassiez mâter à Paris une chaloupe canonnière, comme le sont les corvettes de pêche d'Ostende;
2° Que vous fassiez installer un bateau canonnier pour servir d'écurie, et de manière à pouvoir porter seize à vingt chevaux;
3° Que vous fassiez finir une caïque en dix jours;
4° Que vous fassiez mâter quatre péniches de quatre manières différentes, en se servant des différentes mâtures et voilures en usage sur les différents points des côtes de l'Océan;
5° Que vous fassiez faire, dans le plus court délai, un modèle d'affût à coulisse et châssis pour pièces de 4 de campagne en bronze;
6° Que vous en fassiez faire pour des obusiers de 6 pouces, pour des obusiers de 8 pouces et pour des pièces de 8 de campagne; des affûts à châssis et coulisse;
7° Que l'on installe les deux péniches qui sont à Paris, une avec deux pièces de 4 et une avec un obusier de 6 pouces et un petit obusier de 4 pouces 6 lignes (que vous appelez de 12) ;
8° Que l'on installe une chaloupe canonnière avec deux obusiers de 8 pouces sur le travers; une avec deux pièces de 8, et une troisième avec deux caronades anglaises de 36.

Il faudrait que toutes ces installations fussent faites dans le plus court délai, afin de savoir à quoi nous en tenir, et pouvoir mettre sur-le-champ en construction un grand nombre d'affûts à coulisse de pièces de 4, de pièces de 8 et d'obusiers de 8 pouces, et d'être sûrs enfin de pouvoir armer toutes nos péniches.

La flottille doit avoir 700 péniches, ce qui suppose 1,400 pièces ou obusiers; nous devons avoir plus de 300 chaloupes canonnières, ce qui suppose plus de 600 caronades ou pièces : ce qui fait 2,000 caronades ou pièces. Il nous sera facile d'y pourvoir, si nous nous servons indistinctement de pièces de 4, de pièces de 8, des caronades de 4 pouces 6 lignes (que vous connaissez sous le nom de caronades de 12), et d'obusiers de 6 pouces et de 8 pouces, que nous avons en grande quantité; mais il devient urgent d'arrêter les modèles, pour mettre en construction cette grande quantité d'affûts.

Nous devons avoir dans la flottille 3 à 400 demi-péniches. On pourrait placer sur chacune, ou un obusier de 4 pouces 6 lignes, ou une pièce de 3. La terre pourra aisément vous procurer 300 de ces pièces de 3 en bronze, de montagne ou autrichiennes, qui ne pèseront que 2 où 300 livres, c'est-à-dire moitié du poids des pièces de 4, et très-courtes.


Saint-Cloud, 4 octobre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Je vous envoie, Citoyen Ministre, une lettre qui donne des renseignements conformes à d'autres que j'ai déjà reçus sur Lyon, où il paraît qu'il y a un grand nombre de fous tenant encore à la secte des convulsionnaires et des flagellants. Je désire que, sans nommer l'individu qui m'écrit cette lettre, vous ordonniez au commissaire de police de faire suivre les individus dont il est question, et de se concerter avec le commandant de la gendarmerie pour faire arrêter ces prêtres et sectaires un jour qu'ils seront rassemblés, et leur faire subir un interrogatoire séparément, afin de parvenir à découvrir et à déraciner ce brigandage.


 Saint-Cloud, 4 octobre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Vous donnerez l'ordre, Citoyen Ministre, au général de brigade Sebastiani de se rendre dans le département du Morbihan, pour y prendre le commandement des côtes depuis Brest jusqu'à l'embouchure de la Vilaine. Il sera sans cesse sur les côtes, faisant faire l'exercice chaque jour à deux ou trois batteries, et exerçant les canonniers garde-côtes. Il aura tout le ler régiment de hussards, savoir : trois escadrons à 200 hommes à cheval, qu'il répartira sur les points les plus importants de cette côte. Le 4e escadron et le dépôt de ce régiment resteront à Pontivy. Il aura de plus trois compagnies du 7e régiment de chasseurs, avec lesquelles il garnira la partie des côtes du Finistère qui est sous son inspection. Sa mission aura là un double but : le premier, de surveiller les côtes et de tendre des piéges aux Anglais qui voudraient les piller; de surveiller tous les hommes suspects qui rôdent sur ces côtes et correspondent avec les Anglais; le second, de protéger le passage de la flottille, de se rendre en personne et de réunir sur-le-champ une grande force de cavalerie sur tous les points où des bâtiments de la flottille relâcheraient. Il aura à sa disposition deux pièces de 4, deux pièces de 8, deux pièces de 12 et deux obusiers attelés, avec approvisionnement, et servis par une compagnie du régiment d'artillerie qui est à Rennes.

Ce général correspondra avec le général qui est à Rennes, les préfets maritimes de Brest, de Lorient, de Rochefort, pour être instruit des mouvements des flottilles. Il rendra compte, tous les jours, au ministre de la guerre du lieu où il se trouve et de ce qu'il a fait. Son séjour habituel sera Lorient. Pour lui donner les moyens de faire parvenir ses lettres et subvenir aux frais de sa mission du Havre, vous lui ferez donner une gratification de 5,000 francs.

Vous donnerez l'ordre au général de brigade Lemarois, que je mets à cet effet à votre disposition, de se rendre sur les côtes pour y prendre le commandement et l'inspection, depuis la pointe de Brest jusqu'à Cancale, limite de la 13e division militaire. Il aura sous ses ordres le 20e régiment de chasseurs, dont trois escadrons, forts de 500 hommes, seront répartis sur les côtes, et le 4e escadron et le dépôt seront à Rennes, et trois compagnies du 7e régiment de chasseurs pour garnir les côtes du Finistère qui sont sous son commandement. Il résidera habituellement à Saint-Malo. Il sera continuellement sur les côtes, et fera exercer par jour au moins trois batteries, et les compagnies de canonniers garde-côtes. Sa cavalerie sera répartie sur la côte en petits détachements, qui feront des patrouilles de nuit, pour surprendre les péniches ennemies qui débarquent et se répandent dans l'intérieur. Il protégera la marche de la flottille et réunira promptement une grande force de cavalerie sur les anses où des divisions de la flottille seraient forcées de relâcher, et où elles n'auraient pas une protection assurée. Il correspondra directement avec vous, avec le général commandant la division , avec le préfet maritime de Brest, le commandant de la marine à Saint-Malo, le chef de brigade Laboussaye et le général de brigade Sebastiani, pour être instruit de tous les mouvements de la flottille et pouvoir se porter sur son passage. Il aura également deux pièces de 4, deux pièces de 12, deux pièces de 8 et deux obusiers, attelés, qu'il distribuera sur la côte et réunira lorsqu'il sera nécessaire pour protéger le passage de la flottille. Ces pièces seront servies par une compagnie du régiment d'artillerie qui est à Rennes.

Vous donnerez les ordres nécessaires au directeur d'artillerie à Rennes, pour organiser ces deux divisions et les faire atteler de chevaux achetés dans le pays. Les sommes pour l'achat et le harnachement des chevaux seront payées sur des ordonnances d'urgence.

En conséquence des dispositions ci-dessus, le 20e régiment de chasseurs se rendra d'abord à Saint-Malo, où le général Lemarois lui donnera ses ordres pour les mouvements.

Vous donnerez l'ordre au 16e régiment de chasseurs, qui est à Rouen , de se rendre à Caen, pour y remplacer le 20e. Le 16e régiment fournira trois escadrons, forts de 450 hommes au moins, qui, sous les ordres du chef de brigade Lahoussaye, garniront la côte depuis Cancale jusqu'à Honfleur. ,

Les escadrons du 3e régiment de hussards qui sont dans la 14e division militaire se rendront en conséquence à Rouen.

Le général de brigade Dupas se rendra au Havre; vous lui donnerez une instruction semblable à celle du général Sebastiani, qu'il remplace.

Vous donnerez ordre au général de brigade Paulet, commandant le département de la Vendée, d'établir son quartier général aux Sables-d'Olonne, et d'être perpétuellement sur les côtes de son département. Le 4e régiment de chasseurs fournira deux escadrons, forts au moins de 300 hommes, pour garnir la côte, depuis Bourgneuf exclusivement jusqu'auprès de Marans.

Vous lui ferez comprendre qu'en qualité d'inspecteur des côtes il doit correspondre avec le général de la division, et aussi, tous les jours, avec vous. Il doit, tous les jours, faire faire l'exercice du canon et inspecter trois on quatre batteries. Sa mission a le double but d'empêcher les péniches anglaises de correspondre avec les côtes, de leur tendre des embûches et de les surprendre; d'inspecter les compagnies garde-côtes, et de veiller à ce que les postes soient complets et les batteries approvisionnées.

Il doit y avoir des détachements sur tous les points abordables de la côte, et surtout à Notre-Dame-de-Mot, à Saint-Jean-de-Mont, à Beauvoir, à Bouin et à Noirmoutier. Il doit correspondre avec le préfet maritime de Rochefort et le général Lacoste, inspecteur des côtes du département de la Loire-inférieure, pour protéger le passage de la flottille, afin que dans tous les lieux il réunisse des détachements de cavalerie et s'y rende en personne.

Vous donnerez ordre à deux escadrons du 7e bis de hussards, qui est à Saumur, complétés à 300 hommes, de se rendre à Machecoul, où le général Lacoste leur donnera des ordres pour être répartis depuis Bourgneuf jusqu'à l'embouchure de la Vilaine. Vous donnerez à ce général des instructions pareilles et pour le même but.

Le général chargé de l'inspection des côtes de la Vendée et celui des côtes de la Loire-Inférieure auront chacun deux pièces de 4 et deux pièces de 8. Ces huit pièces seront servies par une seule compagnie d'artillerie et attelées de cent chevaux. Elles s'organiseront à Nantes. Vous chargerez le directeur de l'artillerie de Nantes d'acheter ces chevaux et de les harnacher.

Ces cinq officiers généraux et supérieurs auront chacun un capitaine d'artillerie qui sera fourni par le directeur d'artillerie de la résidence de Rennes et de Nantes. Ce capitaine les accompagnera partout et sera chargé de montrer la manœuvre aux batteries et de les faire exécuter en présence du général.

Les sous-officiers et soldats des ler, 3e et 7e bis de hussards, des 4e, 7e, 16e et 9e de chasseurs, employés sur les côtes, seront exercés à la manœuvre du canon. Il leur sera accordé une gratification de 20 centimes par jour, qui sera payée, tous les dix jours, sur des feuilles visées par l'officier général et sur les fonds que le ministre de la guerre mettra à cet effet à sa disposition.

Dites à ces officiers généraux que mon intention est que, tous les dix jours , ils voient toutes leurs batteries; qu'il faut par conséquent qu'ils soient continuellement sur les côtes; qu'ils doivent vous rendre compte , au moins tous les deux jours , tant de ce qui se passe à la côte que de ce qu'ils apprendront, soit de la mer, soit par les vigies, et user de la plus grande et de la plus active surveillance.


Saint-Cloud, 4 octobre 1803

Au général Berthier

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner ordre à deux bataillons de la 6e demi-brigade d'infanterie légère, complétés à 750 hommes, officiers non compris, de se rendre à Montreuil-sur-Mer (département du Pas-de-Calais); le 3e bataillon et le dépôt continueront à rester à Givet.

A la 69e demi-brigade, de compléter ses deux premiers bataillons à 650 hommes chacun, officiers non compris, pour se rendre à Montreuil (département du Pas-de-Calais).

Donnez ordre au général Partouneaux de porter son quartier général à Étaples, et de reconnaître le campement qu'il doit faire occuper à ces deux demi-brigades, du moment qu'elles arriveront. Il restera provisoirement sous les ordres du général Soult. Vous donnerez ordre que ces deux demi-brigades partent avec leurs capotes.

Donnez ordre au chef d'état-major du général Ney de se rendre à Montreuil avec le commissaire ordonnateur et les généraux commandant l'artillerie et le génie.

Donnez ordre à la 9e demi-brigade de ligne de se tenir prête à faire partie de l'expédition et de faire faire en conséquence des capotes.


Saint-Cloud, 4 octobre 1803

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

Citoyen Général Soult, vous devez avoir en ce moment deux bâtiments de grande espèce ou prames à Boulogne. Chacun de ces bâtiments doit porter 50 chevaux. Voyez le général Bruix pour les y faire placer, afin de voir comment ils tiendront. Il est aussi indispensable que chaque bateau canonnier porte deux chevaux; on peut, s'il le faut, au lieu de vingt-sept fusils de rechange n'en porter que dix, au lieu de deux cents boulets de 24 n'en mettre que cent, au lieu de deux cents coups à tirer par pièce de campagne n'en mettre que cent; on peut même diminuer de quelque chose les rations de biscuit et les cartouches; mais nécessairement ils doivent porter deux chevaux.

Sur les péniches, il doit y avoir quelque coffre ou caisse ferrée pour pouvoir contenir des cartouches; au moins cinq paquets par homme.

Le général Marmont doit, à l'heure qu'il est, être arrivé à Boulogne. Il vous fournira toute l'artillerie dont vous aurez besoin.


Saint-Cloud, 4 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Par l'état de la situation de notre flottille, il résulte que nous avons 29 prames, 300 chaloupes canonnières, 475 bateaux canonniers, 536 péniches et 27 caïques; dans ce nombre sont compris les 185 bateaux de l'ancienne flottille. Il n'y a pas assez de prames en construction, et surtout point assez de péniches; dans les 536 sont comprises les 100 qui se construisent à Lille, qui ne se commencent pas. Il serait de la plus grande nécessité de faire activer ces péniches.

Faites-moi connaître si ces résultats sont conformes aux vôtres, et les mesures que l'on pourrait prendre pour faire mettre promptement en construction les prames, péniches et caïques qui nous manquent.

Il me semble que vous m'aviez rendu compte qu'il y avait à Brest et en d'autres lieux 10 prames de nouvelle construction; cependant il n'y en a d'armées qu'à Dunkerque. Il serait cependant assez important de faire armer les autres.

Il paraît qu'il manque à Boulogne beaucoup de choses nécessaires. Il faudra surtout beaucoup de rames, car la division de la flottille qui arrive de Dunkerque en a beaucoup perdu.

Il faut aussi que vous donniez l'ordre au citoyen Forfait de se rendre à Boulogne, après avoir fait sa visite à Nantes. Il devra y être rendu pour le 25 du mois au plus tard.


Saint-Cloud, 4 octobre 1803

A l'amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, vous devez avoir, à l'heure qu'il est, une prame à Boulogne et une à Calais. Faites embarquer 50 chevaux sur chacune de ces prames, et faites-les aménager comme elles doivent l'être.

Il est nécessaire que chaque bateau canonnier porte deux chevaux; mais l'on peut très-bien, au lieu de deux cents coups à tirer, n'en mettre que cent, et diminuer ainsi sur plusieurs autres objets. Le citoyen Forfait prétend que les nouveaux bateaux présenteront plus de facilités que les anciens. Comme l'équipage d'artillerie de campagne n'est composé que de 160 pièces, il n'y aura besoin que de 160 bâtiments portant ces pièces. Si donc elles ne pouvaient être placées sur les anciens, les nouveaux pourraient les porter, vu que le citoyen Forfait assure qu'ils ont été arrangés pour cela.

Faites-moi connaître votre situation. Faites sortir, tous les jours, toute la portion de la flottille que vous avez à Boulogne; je n'ajoute pas lorsque le temps le permet, parce qu'en fait de marine c'est toujours entendu.

Je désirerais aussi que toutes les fois que la flottille sort, vous fassiez tirer sur un tonneau placé sur le bord de la mer, afin d'exercer l'équipage et les soldats à cette manœuvre.

Le général Marmont doit être rendu de vos côtés.

Les longues nuits arrivent. Choisissez deux ou trois capitaines de corsaires hardis et entreprenants, qui puissent, avec des péniches, se porter de nuit sur la côte d'Angleterre, saisir quelques bateaux de la côte et même quelques paysans qui puissent donner des renseignements sur ce qui se fait dans les différents points.

On doit à Boulogne connaître parfaitement les côtes opposées. Faites rédiger un mémoire des renseignements que vous obtiendrez depuis la Tamise jusqu'à Portsmouth, dans lequel on fera connaître, lieue par lieue, la nature de la plage, les lieux où l'on pourrait effectuer le débarquement la mer étant stable, les villages et points qui sont sur la côte, leur position, les moyens qu'ils peuvent présenter. Envoyez-moi le plus tôt possible ce mémoire.


Saint-Cloud, 4 octobre 1803

DÉCISION

Brizard, ex-sergent, demande une place dans les douanes d'Anvers.

Je recommande au citoyen Collin de faire placer ce citoyen aussi avantageusement que ses facultés morales peuvent le permettre. C'est un brave homme.


Saint-Cloud, 5 octobre 1803

Au citoyen Barbé-Marbois, ministre du trésor public

Vous devez avoir un million en réserve. Les camps de Saint-Omer, de Bruges, ont des besoins pressants. Les ministres de la guerre et de l'administration de la guerre ont pourvu à leurs besoins par des ordonnances délivrées dans les quinze premiers jours de vendémiaire; mais ces ordonnances, en suivant la marche de la trésorerie, ne peuvent être soldées que dans l'espace d'un mois à dater de la signature; il est cependant indispensable qu'elles le soient sur-le-champ. Je désire donc que toutes les ordonnances que ces ministres auraient délivrées et délivreront pour le service de ces trois camps, dans les quinze premiers jours de vendémiaire, soient soldées sur-le-champ; en conséquence, que vous fassiez partir dans la journée de demain 500,000 francs du million de réserve, ce qui couvrira sur-le-champ toutes ces dépenses. Ces 500,000 francs seront restitués au million en réserve aux époques où les ordonnances des ministres auraient dû être soldées, c'est-à-dire dans les derniers quinze jours de vendémiaire et la première quinzaine de brumaire, de manière qu'au 15 brumaire il y ait en réserve les mêmes sommes destinées par le projet de service.


Saint-Cloud, 5 octobre 1803

DÉCISION

Le ministre du trésor public demande des ordres pour le payement des hautes et doubles payes attribuées aux brevets d'honneur. Il pense que, d'après une
première décision, elles ne doivent plus être payées sur les fonds de la solde, d'après de simples revues. 

Les soldats qui ont reçu des fusils, baguettes , grenades et trompettes d'honneur, cesseront de  toucher la haute paye à dater du ler vendémiaire . On la leur payera cependant jusqu'au 1er brumaire, mais comme avance à retenir sur les 250 francs qu'ils recevront comme légionnaires. Quant aux sabres d'honneur, les militaires qui en sont décorés continueront à recevoir le double traitement jusqu'au ler nivôse. Le ministre donnera avis de cette décision au grand chancelier.


Saint-Cloud, 5 octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. - Il sera formé une compagnie de guides-interprètes qui sera employée à l'armée d'Angleterre.
ART. 2. - Cette compagnie sera composée ainsi qu'il suit : 1 capitaine, 2 lieutenants, 2 sous-lieutenants, 1 maréchal des logis en chef, 4 maréchaux des logis, 1 fourrier, 8 brigadiers, 96 guides, 2 tambours; total : 117.
ART. 3. - Le recrutement de cette compagnie se fera par la voie des enrôlements volontaires à Paris, et dans les ports de mer, depuis Ostende jusqu'à Saint-Malo.
Pour y être admis, il faudra n'avoir pas plus de trente-cinq ans, être bien constitué, savoir parler et traduire l'anglais, avoir habité l'Angleterre et en connaître la topographie, et produire des certificats d'anciens services et de bonne conduite.

Les Irlandais qui sont en France et les jeunes gens de la conscription qui ne font pas partie de l'armée pourront être admis dans cette compagnie, s'ils réunissent d'ailleurs les conditions ci-dessus.

Les officiers de cette compagnie seront nommés par le Premier Consul, sur la proposition du ministre de la guerre. Les sous-officiers le seront par le ministre de la guerre.
ART. 5. - L'uniforme sera composé ainsi qu'il suit : habit-veste de couleur vert-dragon, doublure rouge, revers, parements et retroussis écarlates, boutons blancs à la hussarde, veste de drap blanc, boutons blancs, culotte de peau blanche, bottes à l'américaine, éperons noirs bronzés. 

L'équipement sera en buffleterie blanche , à l'exception de la giberne.

L'armement sera composé de mousquetons garnis de leurs baïonnettes et de sabres du modèle de ceux des dragons.
ART. 6. - La solde de cette compagnie sera payée conformément à l'arrêté du 22 ventôse an VIII. Les masses le seront sur le pied de celles fixées pour les dragons.
Il y aura un lieutenant de première classe et un de deuxième.
ART. 7. - Le conseil d'administration sera composé ainsi qu'il est prescrit par l'arrêté du 15 germinal dernier pour les compagnies isolées.
ART. 8. - Les ministres de la guerre et du trésor public, et le ministre directeur de l'administration de la guerre, seront chargés, chacun en ce qui. le concerne, de l'exécution de cet arrêté.


Saint-Cloud, 5 octobre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Je vous envoie, Citoyen Ministre, un rapport du général Moncey, dont il vous aura sans doute envoyé la copie. Prenez toutes les mesures pour qu'on poursuive et parvienne à connaître l'auteur de la lettre et tous les hommes qui correspondent avec l'ennemi.

Desol, un des principaux agents de Georges, se trouve à Paris. Je vous envoie un rapport que m'a remis Nogaret. Ce qu'il y a de plus clair, c'est que Desol se trouve à Paris. Faites tout pour le faire arrêter.


Saint-Cloud , 5 octobre 1803

Au général Moncey

La capture faite est extrêmement importante. Donnez des ordres que ces individus soient mis au secret interrogés avec sévérité, afin de parvenir à découvrir l'auteur de la lettre. J'attendrai le rapport ultérieur que vous me ferez pour récompenser le gendarme et les officiers. 


Saint-Cloud, 5 octobre 1803

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, j'ai reçu votre lettre du 7 vendémiaire. Je vous prie de vous concerter avec le contre-amiral Émériau , pour que la portion de la flottille qui est déjà armée à Ostende reste en rade tant que le temps le permettra. Vous ferez mettre sur chaque bâtiment la garnison qu'il doit avoir, et vous veillerez à ce que les soldats s'amarinent et s'exercent au tir du canon. Il serait étonnant que vous n'ayez pas une division de corvettes de pêche capable de tenir la mer.

Je ne pense pas que les plates-formes de la laisse de basse mer puissent résister au mauvais temps. Prenez toutes les mesures convenables pour activer rétablissement des batteries qui doivent être placées à l'extrémité de l'estacade. Vous devez, à l'heure qu'il est, avoir reçu un mortier, et avoir des pièces sur l'angle de 45 degrés.

Le ministre de la guerre a dû vous envoyer l'état de la flottille. Chaque corvette de pêche doit porter deux chevaux. Faites-les embarquer sur plusieurs bâtiments, et faites-les aménager comme ils doivent l'être, d'après les états que vous avez reçus, afin de voir comment tout cela se comporte.


Saint-Cloud, 5 octobre 1803

DÉCISION

Le grand juge, ministre de la justice, propose de faire demander, par le ministre des relations extérieures, au
Gouvernement helvétique, de consentir à la mise en jugement, devant le tribunal spécial du département du Bas-Rhin, un nommé Martin Wetzel, domicile à  Bâle, prévenu de complicité dans la fabrication de faux billets de la banque de Vienne. 

Le faire juger à Strasbourg.

 MOTIFS

Un délit contre la banque de Vienne a été commis en France. Le Gouvernement est le maître de le faire poursuivre ou de ne point s'en occuper; mais, lorsqu'il en ordonne la poursuite, c'est comme si le délit avait été commis contre le Gouvernement français. Il est, en effet, impossible de concevoir qu'un Gouvernement puisse faire condamner ses sujets pour un délit commis contre un gouvernement étranger, à moins qu'il ne le considère comme commis à son égard, soit pour raisons politiques, soit parce que, dans l'état de l'Europe, contrefaire des billets de la banque de Vienne ou de celle de France serait attenter également à l'un ou à l'autre gouvernement. Le Suisse arrêté en France comme complice du délit commis en France doit être poursuivi et jugé en France, quoique sa coopération dans le délit ait été exécutée en Suisse, parce qu'il est de principe que le délit est indivisible.


Saint-Cloud, 5 octobre 1803

DÉCISION

Rapport sur l'acquittement, par le tribunal criminel de Loir-et-Cher, de dix-sept accusés que le commissaire du Gouvernement a fait réintégrer dans la maison d'arrêt, jusqu'à décision ultérieure de l'autorité suprême.

Demander l'opinion du président et faire venir la procédure. En attendant, les condamnés seront retenus en prison comme y ayant contre eux de nouvelles charges. On avisera ensuite aux moyens de porter l'affaire devant un autre tribunal.


Saint-Cloud, 6 octobre 1803

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

Citoyen Général Soult, j'ai reçu votre croquis sur la petite rivière de Wimereux. Il m'a confirmé dans l'idée qu'il doit y avoir là quelque chose à faire. J'écris donc à l'amiral Bruix d'en faire faire le projet d'un port par le citoyen Sganzin. Ne pourrait-on y mettre à l'abri de l'ennemi que quarante à cinquante bâtiments, ce serait toujours une grande conquête. Faites-moi connaître si l'air y est sain, et quels sont les bâtiments près de ce ruisseau qui pourraient servir à des établissements militaires.

Je suis fort de votre opinion, qu'il vous faut encore dix-huit mortiers. Nous vous en ferons autant qu'il nous sera possible. J'en ferai fondre de nouveaux qui, j'espère, porteront encore plus loin.

Tous vos projets pour le cap Gris-Nez, Calais, Ambleteuse et la rivière de la Canche me paraissent parfaitement entendus.

Toutes les fois que vous me dites sur la manière de placer les pièces à la laisse de basse mer me parait également bien entendu ; j'en verrai le plan avec grand plaisir.

Toutes les fois que vous m'écrirez, envoyez-moi la situation des troupes de votre camp. La 4e doit être arrivée.

Faites-moi connaître le nombre de malades que vous avez eu, corps par corps, depuis le 1er fructidor jusqu'au 1er vendémiaire. Si la 43e a des malades, faites-la remplacer par la 22e de ligne, qui est à Calais, et faites remplacer la 22e de ligne par la 75e, qui est à Saint-Omer. La 43e se rendrait alors à Boulogne pour camper dans sa division.

Deux demi-brigades se rendent à Montreuil, de là à Étaples. Le général Partouneaux et l'ordonnateur du camp de Compiègne s'y rendent à cet effet. Ils seront sous vos ordres jusqu'à ce que l'état-major de ce camp se trouve parfaitement organisé.

Il faut exercer les soldats à nager (au sens de : manier la rame, ramer, bien entendu !). Il faut donc que tous les jours, en se relevant toutes les trois heures, les soldats exercent sur les péniches et les bateaux canonniers, lorsqu'ils peuvent aller en rade, et, lorsqu'ils ne peuvent y aller, dans le port. Dès après-demain je commence à faire nager la Garde sur six péniches. Chaque détachement y restera deux heures, de manière qu'on exercera toute la Garde à pied chaque jour.

Un petit sloop français a été pris par une chaloupe anglaise entre Nieuport et Dunkerque. Il n'y avait que trois gendarmes et deux hommes de la 108e sur le rivage, qui n'ont pu faire un feu suffisant pour le défendre. J'avais cependant ordonné qu'il y eût toujours sur la côte des piquets de cavalerie et des pièces mobiles; mais il paraît qu'ils restent en ville. Faites-moi connaître où se placent les piquets et les pièces mobiles; tout cela doit se correspondre, pour être à même de se porter partout. La prise de ce sloop, quelque peu importante qu'elle soit, est un malheur, parce qu'elle prouve peu de surveillance. J'en écris au général Davout. Si 30 hommes avaient pu se trouver là avec leurs carabines, la chaloupe anglaise, qui a eu deux hommes tués par ces cinq seuls hommes, aurait abandonné son projet.


Saint-Cloud, 6 octobre 1803

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, un sloop français a été pris entre Nieuport et Dunkerque par une chaloupe anglaise, montée par 14 hommes. Ce sloop s'était échoué à terre; mais, trois gendarmes et deux hommes de la 108e s'étant seuls trouvés là pour le défendre, la chaloupe anglaise les a forcés et s'est emparée du sloop. Vous n'avez donc point sur la côte, comme il a été ordonné, des patrouilles de cavalerie correspondant entre elles, et des batteries mobiles disséminées sur tous les points, pour pouvoir se porter partout où il sera nécessaire. Si ces patrouilles et ces batteries mobiles ne sont pas ainsi organisées, donnez ordre qu'elles le soient sans délai, de manière que des hommes à cheval soient continuellement placés sur les côtes, correspondent entre eux et portent partout la protection nécessaire.

Envoyez-moi l'état de situation de vos troupes et le nombre de malades que vous avez eu, compagnie par compagnie, depuis le 1er fructidor jusqu'au ler vendémiaire, et distinguez les ordres des soldats.

L'air de Gravelines est très-mauvais; tenez-y peu de monde. On me dit que la 25e y est tout entière; elle se perdra là. Envoyez-la à Dunkerque, et vous ne laisserez à Gravelines que 100 hommes, qu'on relèvera fréquemment.

Les bâtiments armés doivent faire, tous les jours, leur tournée en rade, et ne point rester inutiles dans le port.
                        
Apprenez-moi bientôt qu'une ou deux divisions de corvettes de pêche sont en rade, et que les soldats s'exercent, tous les jours, à la nage sur des péniches, soit en rade, soit dans le port.

Faites-moi connaître si la solde est au courant, et si ce qu'on distribue aux soldats est de bonne qualité.    


Saint-Cloud, 6 octobre 1803

A l'amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, le 7 vendémiaire, entre Nieuport et Dunkerque, une chaloupe anglaise, montée par 14 hommes, s'est emparée d'un sloop venant de Flessingue. Il ne s'est trouvé à terre, pour protéger son échouage, que trois gendarmes et deux soldats de la 108e. J'avais ordonné qu'il y eût des piquets de cavalerie et des batteries mobiles sur toute la côte. Il me paraît que ce service ne se fait pas comme il doit se faire. J'avais également ordonné que le bateau canonnier qui est à Nieuport se tînt à la mer pour éloigner toute chaloupe ou péniche ennemie; mais il parait qu'il reste dans le port, de manière que cela ne produit aucun résultat. Je n'entends pas dire non plus que la flottille de corvettes de pêche qui est à Ostende tienne la rade. Il n'est pas possible qu'elle ne soit pas en état de sortir. Donnez ordre qu'une division armée de pièces de 24 sorte tous les jours, se tienne en rade et fasse l'exercice.

Faites-moi connaître les points où l'on a placé des piquets de cavalerie, ainsi que des pièces mobiles, et comment le service s'y fait.

Une division de la flottille, partie de Brest, a eu un engagement avec les Anglais à la hauteur de Perros. Je n'ai pas encore de détails; mais il parait que l'ennemi a été repoussé et que la division a continué sa route. Cette flottille était composée de bâtiments de modèle; les marins assurent qu'ils sont supérieurs aux anciens, qu'ils tiennent davantage, et qu'ils dérivent moins. Le citoyen Forfait me mande de Saint-Malo qu'il a navigué avec plusieurs de ces bateau: de nouveau modèle, nouvellement mis à l'eau; qu'il en a été très satisfait, et qu'il espère qu'ils présenteront beaucoup plus d'avantage que les anciens.

Le général Soult m'a envoyé un croquis sur la rivière de Wimereux. Au ler brumaire, lorsque Boulogne sera achevé, mon intention est de faire là un petit port, capable de contenir une ou deux divisions de la flottille. Le rapport que j'en reçois est que l'eau est constamment à six pieds de hauteur dans cette rivière. Il doit être facile de procurer une chasse, puisque le torrent a beaucoup de rapidité. Il paraît que le flux monte jusqu'au moulin de Wimereux dans les mortes eaux, et dans les vives eaux jusqu'au moulin de Wimille.


Saint-Cloud, 8 octobre 1803

Au citoyen Chaptal, ministre de l'intérieur

La ville d'Aoste a fait des pertes assez considérables lors du passage de l'armée de réserve. Je désire que vous me fassiez un rapport sur ce qu'on pourrait faire pour l'indemniser.

Je désire également qu'il me soit fait un projet pour savoir ce qu'il a à faire pour les eaux minérales situées près de Saint-Didier, dans la vallée d'Aoste, étant urgent de les mettre en bon état.

Désirant faire quelque chose qui soit avantageux à la vallée d'Aoste, je désirerais qu'on présentât dix enfants des principaux habitants de cette vallée, pour être élevés dans les prytanées ou les différents lycées en France.


Saint-Cloud, 8 octobre 1803

Au citoyen Barbé-Marbois, ministre du trésor public

Je vous avais écrit pour faire payer une ordonnance de 160,000 fr. destinée au génie de Boulogne, par urgence au ler vendémiaire. Non-seulement cette urgence n'a pas été soldée, mais encore, le 13 vendémiaire, où elle devait être soldée, elle ne l'était pas. Les travaux du génie allaient être suspendus si le général Soult n'avait prêté 30,000 francs à Boulogne.

Les ordonnances pour les hôpitaux sont également arriérées dans leur payement. Faites-moi connaître en réponse si vous avez envoyé 500,000 francs que les ministres de la guerre et de l'administration de la guerre auraient tirés pour le camp de Saint-Omer.

Faites-en passer 300,000 francs en or, sur la réserve, dans la journée; 100,000 francs resteront entre les mains du payeur de Boulogne, qui les tiendra à la disposition du général Soult, qui les appliquera au service le plus pressant; 200,000 seront à la disposition de l'amiral Bruix pour les dépenses de la marine. L'emploi sera régularisé par les ordonnateurs de la marine et de la guerre, l'état qui sera donné par ces généraux sera envoyé par les payeurs dès que les payements seront consommés, afin de pouvoir les régulariser.


Saint-Cloud, 8 octobre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

La situation de la ville d'Aoste, Citoyen Ministre, est très-importante sous le point de vue militaire. Je pense qu'il faudrait y avoir des casernes pour y tenir régulièrement un bataillon et escadron de cavalerie, non-seulement pour répandre quelque argent dans ce vallée, qui est misérable, mais encore pour nous attacher et familiariser avec la langue française cette portion de la 27e division militaire, qui peut être d'une si grande importance pour nos opérations militaires.


Saint-Cloud, 8 octobre 1803

Au général Berthier

Dans l'état des bouches à feu, Citoyen Ministre, disponibles dans les directions d'artillerie, que vous m'avez remis au ler fructidor, n'est pas question des pièces de 3 de montagne, autrichiennes, piémontaises, que nous pourrions avoir. Il n'est pas question non plus de pièces à la Rostaing. Je désirerais connaître l'état de tous ces pièces que nous pourrions avoir dans nos arsenaux. Nous avons beaucoup pris aux Autrichiens. J'aurais besoin de quatre cent de ces pièces de 3 autrichiennes ou de montagne, et de trois cents pièces à la Rostaing, si toutefois ce nombre en existe. Je vous prie de m'en faire passer l'état.

Je désirerais avoir à Saint-Cloud un obusier de 8 pouces. S'il y a à Paris, faites-en remettre un à l'artillerie de la Garde; s'il n'y avait ni à Paris ni à Vincennes, faites venir en diligence celui est à la Fère.

Faites remettre également dans la journée de demain à l'artillerie de la Garde une de ces charrettes que l'on construit à Paris, afin que j'en voie le modèle.


Saint-Cloud, 8 octobre 1803

Au général Berthier

Je vois, Citoyen Ministre, par le rapport du général Laroche, qu'on a placé à Granville un mortier de 10 pouces, qui est arrivé de Cherbourg, et que la portée de ce mortier, d'après l'expérience, a été de 2,000 toises. Je désire connaître dans quelle année ce mortier a été fondu. Je ne connais que les mortiers à plaque et des galiotes qui portent à 2,000 toises, et je ne pense pas qu'il ait été fait de galiotes de 10 pouces.


Saint-Cloud, 8 octobre 1803

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration militaire

Le général Soult m'écrit, Citoyen ministre, 

1° Que les hôpitaux sont dans le plus mauvais état à Boulogne;
2° Qu'il n'y a aucun moyen d'évacuer les malades de Boulogne sur les hôpitaux;
3° Qu'aucune couverte n'est encore arrivée à Boulogne, ce qui l'a obligé de prendre celles du casernement;
4° Que les biscuits faits à Saint-Omer sont de la plus mauvaise qualité.

Il est bien instant de prendre des mesures efficaces pour remédier à tous ces objets.


Saint-Cloud, 8 octobre 1803

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

Citoyen Général Soult, vous avez bien fait de prendre des couvertures partout où vous en avez trouvé, puisque, depuis six mois que toutes les dispositions sont ordonnées, on a eu l'ineptie de vous en laisser manquer. On m'assure qu'il doit vous en arriver 20,000.

Je donne des ordres pour que ce qui vous arrive relativement au génie n'ait plus lieu; qu'une somme de 100,000 francs parte aujourd'hui, afin que lorsque les besoins paraissent urgents, vous la mettiez à la disposition des différents chefs de service.

Vous savez combien les évacuations des hôpitaux ont d'inconvénients. Nous n'avons pas à craindre ici que nos hôpitaux soient levés; il faut donc que les malades restent à Boulogne le plus possible. Il faudrait un second hôpital aux environs. Il n'y a rien de nuisible aux malades comme de les faire voyager, et puis ce sont des hommes qui, éloignés de leurs corps, sont perdus.

Faites rentrer la 43e, et faites faire le service d'Ambleteuse par la 22e de ligne. La 75e, qui est à Saint-Omer, peut remplacer la 22e ligne à Calais.

Nous nous exerçons ici depuis trois jours à nager sur des péniches. Toute la Garde y aura bientôt passé et saura bientôt nager.

Je vous enverrai, par le prochain courrier, l'instruction que avons dressée pour cet objet.

Je vous envoie un ordre pour la flottille; mettez-le à exécution sur-le-champ.


Saint-Cloud, 8 octobre 1803

A l'amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, je reçois votre lettre. Le ministre de la marine pourvoit sans doute à vos besoins. Je donne ordre qu'on vous expédie 200,000 francs pour pouvoir de suite solder les ordonnances de la marine et subvenir aux besoins les plus pressants descente.

Je ne conçois pas que vous n'ayez pas une grande quantité boulets à Boulogne. Vous avez un moyen de vous en procurer indépendamment des dispositions générales faites par le ministre marine, c'est de faire venir de Dunkerque la moitié de ce existe. Vous pouvez les faire venir par terre, si la mer n'est pas sûre.

Je pense qu'il est préférable que les bateaux de l'ancienne flottille aient des chevaux plutôt que des pièces de campagne; mais deux chevaux sont une condition de rigueur.

Je partage votre opinion sur les garnisons stables.

Je vous recommande de faire beaucoup nager les soldats su péniches. Tous les hommes de la Garde apprennent à nager; 75 hommes par péniche nagent deux ou trois heures par jour. Je pense que vous avez des péniches à Boulogne. Il faut que, tant sur les péniches que sur les bateaux canonniers, les soldats nagent dans le port, lorsqu'ils ne pourront aller en rade.

Si le bateau canonnier de la ville de Brest, qui est à Calais, n'était pas assez fort pour recevoir de gros canons, on en mettrait de petit calibre, et il pourrait toujours recevoir des chevaux , ce qui est la chose importante.

J'ai lu les différents ordres du jour de la flottille. Les louanges sont les seuls mobiles dans les grandes affaires. Dans les derniers événements, les chefs ont plus fait que les équipages et les troupes, qui n'en sont pas venus aux mains. Il ne faut pas que les soldats pensent que la gloire est si facile à acquérir.

Les sections de la flottille qui sont parties du Havre, de Granville, de Cherbourg, de Saint-Malo, doivent se rendre à Boulogne; mais celles qui partiraient, ayant à leur bord des troupes des 9e légère, 32e, 39e et 64e, doivent se rendre à Étaples; voyez donc d'organiser ce port, et écrivez dans les différents ports qu'on vous instruise, à mesure que les différentes divisions arrivent, quelles sont les troupes qu'elles ont à bord.

Toutes celles qui auraient à leur bord des troupes des 10e et 24e légères doivent se rendre à Boulogne, ainsi que celles qui sont à Dunkerque.

Vous trouverez ci-joint un ordre pour la flottille que vous ferez exécuter sur-le-champ.

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Pour être législateur, il faut être porté par un collège d'arrondissement; il ne me sera donc pas possible d'engager le Sénat à nommer Nielly. Je ferai avec plaisir ce qui pourra être avantageux à ce général, qui a des qualités, mais qui n'a pas les qualités administratives (Joseph-Marie Nielly, 1751-1833. Il a quitté le service actif en septembre, en froid avec Decrès) nécessaires à un préfet.


Saint-Cloud, 8 octobre 1803

ORDRE DU JOUR POUR LA FLOTTILLE DE BOULOGNE

La 2e division, composée de la 24e légère, 4e, 43e, 46e et 57e de ligne, et de dix compagnies du 5e d'artillerie à pied, sera attachée à la flottille de chaloupes canonnières.

Le 1er bataillon de la 24e légère sera attaché à la 1e section de la 1e division.

Le 2e bataillon de la 24e sera attaché à la 2e section de la 1e division.

Le ler bataillon de la 4e de ligne sera attaché à la 3e section de la 1e division.

Le 2e bataillon de la 4e sera attaché à la 4e section de la 2e division

Le ler bataillon de la 4e sera attaché à la 2e section de 2e division

Le 2e de la 43e sera attaché à la 3e section de la 2e division

Le 1er bataillon de la 4e sera attaché à la 1e section de la 3e division

Le 2e bataillon de la 46e sera attaché à la 2e section de la 3e division

Le ler bataillon de la 57e, à la 3e section de la 3e division;

Le 2e de la 57e, à la 1e section de la 4e division.

Chaque compagnie sera attachée à une chaloupe canonnière, et lui fournira perpétuellement 21 hommes de garnison.

Le 5e d'artillerie fournira 4 hommes de garnison par chaloupe canonnière, ce qui portera la garnison à 25 hommes.

La 1e division, composée de la 10e légère, de la 14e de ligne, 28e de ligne, 36e, et 55e et les dix compagnies du 1er régiment d'artillerie à pied, seront attachées à la flottille des bateaux canon et serviront également chaque bataillon à une section, ce qui pourvoira au service de dix sections, c'est-à-dire de trois divisions et d'une section. Chaque compagnie sera attachée à un bateau et fournira 21 hommes de garnison. L'artillerie fournira 4 hommes de garnison.

Les officiers de marine commandant les divisions et sections de chaloupes canonnières et de bateaux canonniers, ainsi que les pages, seront toujours les mêmes. Ils seront fixés dans le plus court délai, et l'on ne pourra, sous aucun prétexte, y rien changer.

L'amiral attachera trois péniches à la 1e division et trois à 1a 2e commandées chacune par un capitaine, de frégate, et qui seront chargées d'exercer le soldat à la nage. On placera dans chaque péniche 64 hommes aux avirons et deux canonniers aux deux pièces. Les troupes s'exerceront à la nage par bataillon, et de manière que tous les jours chaque soldat y ait été exercé deux heures. Les premières leçons seront données dans le port ; après quoi on ira en rade.

Toutes les fois que les chaloupes canonnières devront sortir du port et qu'un plus grand nombre de troupes sera jugé nécessaire, chaque compagnie fournira un renfort.

Il sera destiné à Dunkerque deux péniches, pour exercer à la nage la division de Dunkerque. Il en sera destiné trois à Calais et quatre à Ostende pour le même objet.

On exercera les canonniers, pendant qu'ils manœuvreront sur les chaloupes canonnières, bateaux canonniers et péniches , à tirer des tonneaux placés sur le rivage, et de manière que les boulets ne soient point perdus.


 Saint-Cloud, 9 octobre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Donnez ordre au général Dupas, au citoyen Lahoussaye, aux généraux Lemarois, Sebastiani, Lacoste et Paulet, de visiter les ports de leur arrondissement, de voir le nombre de bateaux prêts, et si le nombre de garnisons désignées s'embarquent sans délai.

La 64e, qui est en marche pour Dieppe, doit fournir des garnisons aux bâtiments disponibles à Fécamp,  Saint-Valery-en-Caux et Tréport. Le général Dupas fera la distribution de cette demi-brigade en garnisons, et fera que les différents bateaux partent le plus tôt possible pour les différents points de réunion. Je ne puis que faire la même observation au citoyen Lahoussaye. Un bataillon de la 43e doit fournir des garnisons à tout ce qui sera prêt, soit à Cherbourg, Caen et Granville. Ce chef de brigade répartira les garnisons le plus tôt possible sur ces bateaux. Enfin que le général Lemarois envoie un petit détachement, soit de la 39e, soit de la 32e pour mettre garnison sur les bâtiments qui sont prêts à partir à Lannion. Faites-moi un rapport qui fasse connaître le nombre de garnisons fournies et celles disponibles.


Saint-Cloud, 10 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

J'ai lu avec attention, Citoyen Ministre, les pièces contenues dans les huit cartons que vous m'avez envoyés. Il en résulte les observations suivantes :

Il n'y aurait encore d'arrêté par la commission que

10 bâtiments à Bruges, valant . . . . .     121,300 francs. 
35 à Ostende, valant . . . . . . . . .  . . . . 440,456
14 à Lorient, valant . . . . . . . . . .  . . .   . 98,000
39 à Dunkerque, valant . . . . . . . . . . . . 906,049
39 dans le 3e arrondissement, valant .   255,882
11 dans le 5e arrondissement.  . . . .  . . . . "
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146                                                     1,821,687

Cela ne ferait donc que 146 bâtiments. Sur ces 146 bâtiments, 81 sont destinés à faire partie de la flottille de guerre. Il ne resterait donc que 65 bâtiments pour faire partie de la flottille de transport. Mais j'ai lieu de croire que votre registre et les états que vous m'avez envoyés sont infidèles. Je n'y vois point portés les 60 bâtiments de Blankenberghe, ni les bâtiments de Nieuport; aucun bâtiment du Havre. Je vois dans la correspondance du contre-amiral Lacrosse qu'il y avait plus de 40 bâtiments au Havre, 14 à Fécamp et 25 à Saint-Valery-en-Caux, achetés par la commission.

Faites dresser pour jeudi des états par arrondissement de tous les bâtiments de la flottille de transport qui ont été achetés, de leur prix, de l'état où ils sont et de ce qui s'oppose à leur départ pour Boulogne.

Je vois par votre correspondance que vous avez donné l'ordre dans les 4e et 5e arrondissements de cesser tout envoi de bâtiments. Vous êtes donc assuré que nous avons le nombre nécessaire dans les ler, 2e et 30 arrondissements.

Je vois par la correspondance du citoyen Daugier qu'on pourrait se procurer facilement 100 doubles chaloupes , armant seize avirons, ayant plus de stabilité que la péniche, quoique ayant quelque infériorité pour la vitesse. Il faudrait ordonner l'achat de ces 100 doubles chaloupes et en faire acheter un pareil nombre dans le 5e arrondissement. Ces 200 doubles chaloupes, réunies aux 350 chaloupes de Terre-Neuve, de Saint-Malo, nous seront de la plus grande utilité.

Je vois, dans les lettres du capitaine Jacob des 19 prairial et 13 messidor, que le 5e arrondissement procurera facilement une centaine de doubles chaloupes pontées on non pontées,

Je vois, dans la correspondance du préfet maritime de Toulon , que des bâtiments de 16 pieds de large et tirant 5 pieds d'eau peuvent passer par le canal de Languedoc. Je désirerais donc que ce préfet maritime nous fit passer 150 doubles chaloupes ou doubles felouques allant à l'aviron. Il y a dans la Méditerranée de ces bâtiments qui vont à la rame extrêmement vite. Ces 150 doubles chaloupes nous mettront à même de nous passer de quelques péniches, et il n'y aura aucune partie de nos côtes étrangère à cette importante expédition.

Je vois, dans la correspondance du commissaire de Saint-Malo , qu'il a fait préparer un très-beau canot de 37 pieds de long. Faites-le diriger sur Boulogne.

Donnez ordre également que les 7 péniches et les 7 caïques préparées pour mon service dans les différents ports partent pour se rendre à Boulogne.

Il me paraît nécessaire de donner provisoirement à chaque péniche des numéros particuliers; à leur arrivée dans les ports d'Ostende et de Boulogne, elles prendront les numéros des différentes chaloupes et bateaux auxquels elles seront attachées.

Je vois dans la correspondance du capitaine Kersaint que, indépendamment des 22 bateaux canonniers de l'ancienne flottille qui sont partis de Granville et des 13 prêts à partir de Saint-Malo , il y en avait 13 autres qu'on réparait au 24 fructidor.    

Dans l'état de situation que vous envoie de sa division le capitaine Saint-Haouen , je vois qu'il y a 7 bateaux canonniers armés de mortiers. Je désirerais savoir de quelle espèce de mortiers sont armés ces bateaux. L'épreuve faite par le préfet Nielly n'est pas du tout satisfaisante, car son procès-verbal porte qui a tiré avec trois livres de poudre, ce qui veut dire qu'il a tiré avec des mortiers cylindriques à petite portée, et avec ces mortiers on ne pourra jamais atteindre l'ennemi.

Si donc l'on devait conserver ces bateaux armés de mortiers, il faudrait qu'ils pussent servir.


Saint-Cloud, 11 octobre 1803

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

Citoyen Général Soult, vous trouverez ci-joint la lettre du ministre du trésor public. Je ne conçois pas comment, le 14, l'ordonnance de 160,000 francs n'était pas payée. Le payeur doit être sévèrement puni, ayant reçu 130,000 francs le 4 vendémiaire.

Faites-moi connaître si toutes les ordonnances que les ministres de la guerre et de l'administration de la guerre ont tirées sont soldées. Vous verrez par la lettre du ministre du trésor publie que j'ai fait envoyer des fonds pour les solder par urgence.

Il y a dans ce moment à l'eau et prêts à partir de différents points, depuis Bayonne jusqu'à Ostende, plus de 200 chaloupes canonnières et bateaux canonniers de différentes constructions. J'espère qu'avant le 1er frimaire nous aurons une grande portion de la flottille rendue dans les différents points de réunion.


Saint-Cloud , 11 octobre 1803

Au général Soult

Citoyen Général Soult, vous trouverez ci-joint un exercice que j'ai rédigé moi-même après avoir exercé deux ou trois fois la Garde sur la Seine. Faites-le transcrire à l'ordre pour que chaque capitaine en fasse une copie. Avant de le faire imprimer, j'attendrai que vous en ayez fait usage dans les ports huit ou dix jours, afin de voir si l'expérience ne demandera pas quelques changements.

J'ai vu avec grand plaisir les batteries que vous faites faire sur les rochers. Cela me paraît bien entendu.

Ce que vous me dites relativement à la possibilité de placer 60 bataillons dans votre camp nous sera fort utile. Je me consolerai facilement, si nous n'avons pas le fort de la Crèche pour l'époque demandée; je serais très-fàché que celui de l'Heurt nous manquât.

Je ne conçois pas comment votre régiment de hussards n'est pas arrivé. N'auriez-vous pas pu y suppléer sur les côtes par quelques chasseurs, afin d'être certain que tout secours sera porté ?

Il est nécessaire que les deux escadrons que vous avez placés sous les ordres du général Margaron, depuis Boulogne jusqu'à la Somme, s'exercent à la manœuvre du canon, afin qu'ils puissent rapidement se porter aux batteries des côtes, les renforcer, les servir avec plus de rapidité et surtout plus de courage que ne peuvent le faire des troupes non aguerries.

Votre batterie mobile du côté de Wissant n'est pas assez forte. Vous devez avoir des pièces de 12 de votre équipage de campagne; vous avez des obusiers de 8 pouces; envoyez-en là huit on dix, car vous devez être certain qu'il vous arrivera quelque événement; des traîneurs des divisions qui sortiront de Calais ou de Dunkerque ne pourront pas doubler les caps Gris-Nez ou Blanc-Nez, et échoueront hors la portée des batteries; et, si vous n'avez pas là, à l'heure même, des hommes qui puissent se porter à leur secours, et des pièces de canon , ces bâtiments seront infailliblement pris. Vous devez rendre responsables les deux officiers généraux et supérieur que vous avez chargés de la défense de la côte depuis Calais jusqu'à la Somme, du moindre bâtiment qui serait pris; car alors des détachements de cavalerie et d'artillerie peuvent se porter rapidement sur un point où un bateau poursuivi échouerait, et alors il devient impossible de s'en emparer. C'est ce qui vient d'arriver à Dieppe : un sloop s'est échoué; le général Sébastiani s'y est porté avec 60 hommes et de l'artillerie; les péniches ont lâché prise, et le sloop est rentré à Dieppe.

Les deux officiers inspecteurs doivent faire faire l'exercice au moins à quatre batteries par jour; doivent avoir vu , tous les jours, les batteries, et les faire manœuvrer au moins deux heures. Celui que vous avez chargé de la surveillance de la côte de Calais à Boulogne doit s'établir dans la chapelle du cap Gris-Nez et être jour et nuit à cheval. Faites-moi connaître si les batteries mobiles peuvent passer le long de l'estran, depuis l'embouchure de la Somme jusqu'à Étaples.

Faites connaître au général Margaron que je ne compte pour rien le dire des gens du pays; qu'il doit s'y porter; qu'il y a quelque chemin à trouver ou quelque falaise; et s'il y a un chemin à faire, on le fait faire sur-le-champ.

J'ai trouvé que tous vos régiments étaient faibles; comment la 55e n'a-t-elle que 1,500 hommes? Elle peut facilement en avoir 1,800. Ordonnez-leur donc à tous de faire venir de leurs dépôts ce qui leur manquerait pour être à 1,600 hommes, officiers non compris, c'est-à-dire à près de 1,700 hommes, tout compris.

Faites-moi connaître, des 207 malades que vous avez eus en fructidor et des 188 que vous avez eus en vendémiaire, combien il en restait au 15 vendémiaire, combien sont rentrés à leurs corps, combien évacués, et combien sont morts.

Dans les baraquements, on ne saurait porter trop d'attention à la santé des troupes ; dès qu'il y a plus de malades dans l'un que dans l'autre, il faut en savoir la raison, qui n'est souvent que dans la mauvaise qualité des fournitures.

Ma grande crainte est que, devant passer l'hiver ainsi, nous n'ayons beaucoup de malades.

Je compte venir vous voir d'ici à quelques jours, et je désire que tous les corps se trouvent tous à 1,700 hommes.

Je ne vois point d'inconvénient à placer à Ambleteuse deux demi- brigades au lieu d'une.

Quant à Wimereux, faites vos préparatifs pour le campement; j'attends, pour ordonner là un port, que l'ingénieur Sganzin m'ait fait connaître son projet.

ANNEXE A LA LETTRE CI-DESSUS

INSTRUCTIONS POUR LES ÉQUIPAGES DE PÉNICHES

Une péniche se divise, dans le sens de sa longueur, en quatre parties

  L'arrière,
  Les bancs d'arrière,
  Les bancs d'avant,
  L'avant.

L'arrière est la partie de la péniche où se trouve la chambre, c'est-à-dire depuis le gouvernail jusques et non compris le banc de cette chambre, où s'assoient les nageurs.

Les bancs d'arrière sont ceux à compter de la chambre jusques et compris celui du grand mât.

Les bancs d'avant sont ceux à compter de l'avant jusques et non compris celui du grand mât.

L'avant est la partie de la péniche, vers l'étrave, qui a un petit pont et sur laquelle on n'arme pas d'avirons.

Une péniche se divise, dans le sens de sa largeur, en tribord et bâbord.

Le côté de tribord est celui de la droite du patron, qui, placé au gouvernail, regarde l'avant de la péniche.

Le côté de bâbord est le côté gauche du même homme, lorsqu'il regarde la péniche. 

Une péniche est armée de quinze avirons à bâbord et de quinze avirons à tribord.

Elle peut en avoir un moindre ou plus grand nombre, selon sa longueur.

L'aviron est composé de trois parties

1° La poignée,
2° Le manche,
3°, l'a pelle.

La poignée est l'extrémité de l'aviron la plus mince et qui es arrondie pour être saisie par les deux mains du nageur.

Le manche est la partie de l'aviron équarrie et qui se trouve en dedans de la péniche lorsque l'aviron est armé.

La pelle est la partie de l'aviron qui se trouve en dehors de la péniche lorsque l'aviron est armé.

Chaque aviron est garni d'un cercle en cordage, qu'on nomme estrope, et qui sert à le fixer à une cheville de fer qui est sur le côté de la péniche. Cette cheville s'appelle tolet.

Une péniche a quatre mâts :

Le grand mât, c'est celui qui est à peu près au centre;
2° Le mat de misaine, c'est celui qui est élevé à l'avant;
3° Le tape-cul, c'est celui qui est à I'extrémité de la chambre;
4° Le beaupré,c'est un mât presque horizontal qui se place et se déplace en avant du mât de misaine.

Une péniche a autant de voiles que de mâts, c'est-à-dire quatre voiles :

La grande voile, c'est celle qui s'adapte au grand mât;
La misaine, c'est celle qui s'adapte au mât de misaine;
3° Le tape-cul, c'est celle qui s'adapte au mât d'arrière;
Le foc, c'est la voile qui s'adapte an beaupré.

On appelle vergue la pièce de bois sur laquelle est lacée chaque voile; chaque vergue prend le nom du mât auquel elle s'applique.

Le foc est la seule voile qui n'ait point de vergue.

Hisser veut dire élever.
Amener veut dire faire descendre.
Amarrer veut dire attacher.
Larguer veut dire lâcher.

Pour hisser une voile, on pèse sur un cordage qui est le long du mât de cette voile et qui s'appelle drisse. Quand la voile est hissée, la drisse s'amarre an pied du mât.

On appelle amure le coin de la voile qui est fixé au pied du mât. On dit aussi amurer, pour dire de tirer sur le cordage qui fixe le coin d'une voile au pied du mât.

On appelle écoute le cordage qui sert à étendre la voile dans le sens de la longueur de la péniche.

On appelle border l'action de tirer sur l'écoute pour étendre la voile.

On appelle cargue le cordage qui sert à replier la voile. Il est au pied du mât de cette voile.

Carguer une voile, c'est tirer sur la corde qui la fait replier.

Le foc n'a point de cargue; pour le faire descendre, il suffit de larguer la drisse.

Pour carguer une voile, il faut larguer son écoute.

Lorsqu'une péniche est dans le port, ses avirons sont rangés en nombre égal, tribord et bâbord, de manière à être serrés dans le plus petit espace de chaque bord, les pelles tournées vers le gouvernail, et les pelles les plus en arrière ne dépassant pas le dernier banc des nageurs; les poignées les plus en avant ne doivent pas dépasser le premier banc des nageurs.

On appelle gaffe une pique de fer armée d'un crochet, emmanchée à une longue perche qui sert à accrocher l'endroit où on aborde, ou à à arrêter la vitesse du bâtiment et le choc qu'il éprouve en abordant la plage ou un autre bâtiment.

Une péniche a trois gaffes; dans la navigation elles sont rangées deux à tribord et une à bâbord, sur les côtés de la péniche.

Lorsque les troupes se présentent pour s'embarquer, elles se placent sur deux rangs, en bataille sur le rivage.

COMMANDEMENTS

1° Embarquez

A ce commandement, les officiers comandant les détachements qui doivent embarquer font faire par flanc à droite, se mettent à la tête, et les quinze premières files entrent dans le bateau par deux, en longeant le côté de bâbord.

Un officier commandant en second se porte à la tête de la seizième file et entre en longeant le côté de tribord.

Les hommes marchent ainsi jusqu'au banc le plus en arrière des deux côtés.

Les deux officiers entrent dans la chambre et se placent, le premier à tribord, pour commander le côté de tribord, et le deuxième à bâbord, pour commander le côté de bâbord. Deux sergents se mettent près d'eux , de chaque côté.

Lorsque les deux premiers hommes des files sont parvenus aux derniers bancs de l'arrière, des deux côtés, ils font halte et descendent en arrière du banc dans le fond de la péniche.

Les tambours entrent dans la chambre.

S'il y a un troisième officier, il reste de l'avant.

Les deux premiers sous-officiers restent de l'avant et saisissent le gaffes, les tiennent debout, le fer en haut, et ils sont chargés de cette partie si importante de la manœuvre.

Le troisième sous-officier se tient à l'arrière, armé également d'une gaffe destinée au service.

Les avirons du premier rang de bâbord et de tribord sont toujours servis par des sous-officiers, sergents-majors et caporaux, qui ont rang après ceux destinés aux gaffes.

Les avirons après le grand mât sont servis également par les sous-officiers.

Cependant, lorsqu'il y aura quelques sous-officiers qui seront plus aptes au service, le commandant pourra les désigner; mais ce ne sera que rarement, parce que c'est là le poste d'honneur.

A mesure que les hommes de chaque file arrivent au banc d'arrière qui n'est pas occupé, ils font halte et descendent en arrière de ce banc dans le fond de la péniche.

Le patron reste au gouvernail et commande les manœuvres.

Un matelot se met près du grand mât, et un autre près du mât de misaine.

Les canonniers se mettent à leurs pièces.

2° PRÉPAREZ-VOUS À NAGER

A ce commandement, tous les hommes ôtent leurs sacs, qu'ils placent sur les râteliers pratiqués le long de bâbord et de tribord.

Au commandement, les deux rangs, gardez vos fusils, les rangs les plus près du côté de la péniche gardent leurs fusils entre leurs jambes.

3° PRENEZ LES GAFFES

A ce commandement, les sous-officiers prennent leurs gaffes en saisissant le fer de la gaffe du côté où ils se trouvent, tirent à eux jusqu'à ce qu'ils puissent la placer debout, le fer en haut et le bas touchant le pied.


4° POUSSEZ AU LARGE

A ce commandement, les hommes qui tiennent les gaffes les allongent, le fer en avant, et poussent les péniches au large. A mesure qu'ils s'éloignent du premier point d'appui, ils en prennent un second, tant qu'ils trouvent fond.

5° BORDEZ LES AVIRONS

Ce commandement contient quatre temps

Le premier consiste à saisir l'aviron qui se trouve sous la main, à le tirer en arrière, jusqu'à ce qu'il soit assez balancé pour pouvoir mettre la pelle en dehors de la péniche, devant soi;

Le deuxième, à mettre la pelle en dehors de la péniche, la poignée en dedans, le collet du manche de l'aviron près du tolet;

Le troisième, à soulever l'aviron et engager l'estrope dans le tolet; 

Le quatrième, à s'asseoir sur le banc, la face à l'arrière, les pieds appuyés sur la traverse qui est au-dessous, et tenant fixement l'aviron dans une position horizontale.

Pour cela, le nageur qui tient la poignée appuiera dessus comme sur un levier, et celui de côté appuiera fortement les deux mains sur le manche, en se tenant carrément en face de la chambre.

6° NAGEZ

A ce commandement, tous les hommes qui tiennent la poignée des avirons portent ensemble le corps et les bras en avant à eux; ils appuient sur la poignée, de manière que la pelle ne plonge pas dans l'eau avant qu'ils aient développé en avant tout leur avant-bras.

Lorsque l'avant-bras est développé, ils laissent élever insensiblement la poignée de l'aviron, de manière à plonger la pelle dans l'eau d'environ 7 pouces, et en même temps ils ramènent l'aviron en arrière, en tirant fortement sur la poignée.

Nota. Pour qu'une péniche soit bien nagée, il est essentiel que les deux nageurs qui sont sur le banc le plus en arrière nagent ensemble et par un mouvement bien mesuré.

Chacun des autres nageurs doit avoir l'œil sur l'aviron qui est immédiatement devant lui, afin d'en bien suivre le mouvement avec le sien.

Aucun nageur ne doit donc aller ni plus vite ni plus doucement que celui qui est devant lui; il doit s'attacher à emboîter la nage, comme on emboîte le pas en marchent en troupe.

A ce commandement, les nageurs portent le corps et la poignée de l'aviron en arrière, de manière à plonger la pelle dans l'eau, du côté de l'arrière de la péniche; ils appuient ensuite sur l'aviron, dans le sens opposé à celui de la nage, et continuent ce mouvement, qui fait rétrograder la péniche.

8° CONTRETENEZ

A ce commandement, les nageurs plongeront la pelle de l'aviron dans l'eau, en appuyant fortement sur l'aviron, de manière qu'il soit immobile.

A ce commandement, les hommes s'arrêtent, baissent le manche des avirons, de manière qu'ils soient horizontaux et ne touchent pas l'eau.

10° NAGE TRIBORD OU BÂBORD

A ce commandement, le bord nommé nage seul.

11° SCIE TRIBORD OU BÂBORD

A ce commandement, le bord nommé scie seul.

12° NAGE BÂBORD OU TRIBORD, ET SCIE TRIBORD OU BÂBORD

A ce commandement, le bâbord nage et le tribord scie.

13° NAGE FORT

A ce commandement, les hommes qui sont à côté du nageur qui tient la poignée portent les deux mains sur le bras de l'aviron, et secondent, par un mouvement simultané, l'effort de celui qui tient la poignée.

Ils ne doivent s'attacher qu'à suivre son mouvement, sans lenteur et sans précipitation.

Nota. Toutes les fois que ce commandement n'aura pas été fait, l'aviron ne sera manœuvré que par l'homme qui tient la poignée.

14° DÉFIE D'AVANT

A ce commandement, les sous-officiers chargés des gaffes les allongent en portant le fer en avant, et les posent sur l'objet qui est devant eux, de manière à repousser le bâtiment en arrière et à prévenir le choc qu'ils éprouveraient en abordant, et, à mesure que la vitesse du bâtiment diminue, ils diminuent de force sur le manche de la nage.

15° ABORDEZ

A ce commandement, les hommes qui tiennent les gaffes manœuvrent le bâtiment et tirent à eux, afin de faire arriver le bâtiment.

16° CHANGEZ DE PLACE

A ce commandement, les hommes de chaque rang changent entre eux, et celui qui tenait la poignée de l'aviron ne l'abandonne que lorsque celui qui le remplace l'a bien saisie.

17° LES RANGS DE DEHORS

Prenez vos armes; chargez vos armes; feu à volonté, etc.; bâbord, feu; tribord, feu; banc de l'avant de bâbord, feu; banc de l'avant de tribord, feu.

Pour opérer ce mouvement, on doit avoir levé rames.

18° PRÉPAREZ-VOUS A L'ABORDAGE

A ce commandement, tous les rangs prennent leurs fusils entre leurs jambes; les matelots prennent leurs pistolets et sabres d'abordage.

19° A L'ABORDAGE

A ce commandement, les hommes du rang de dehors se mettent debout sur les bancs, sautent dans le bâtiment ennemi. Ceux qui sont à tribord, si l'abordage se fait à bâbord, où à bâbord, si l'abordage se fait à tribord, se portent sur les bancs pour sauter dans le bâtiment ennemi.

20° LAISSE ALLER

A ce commandement, celui qui tient la poignée de l'aviron s'efface un peu vers le côté de la péniche, en s'inclinant vers le centre, de manière à faire passer devant lui le manche. L'aviron ne doit être abandonné par le nageur qu'avec une grande précaution.

Pendant ce mouvement, l'homme du même banc qui est sur le côté de la péniche s'est fortement incliné vers celui qui tenait la poignée, et c'est lorsque celui-ci a vu que son camarade ne peut être atteint, non plus que les hommes qui sont derrière lui, qu'il laisse aller la poignée à elle-même. Aussitôt qu'elle est abandonnée, l'aviron tourne sur son estrope et se range de lui-même en dehors et le long de la péniche, le manche en avant et la pelle en arrière.

21° RENTREZ LES AVIRONS, REMETTEZ LES GAFFES.
                   (Pour sauter dans le bâtiment ennemi.)

A ce commandement, les nageurs soulèveront leurs avirons de manière à dégager l'estrope du tolet. Lorsqu'elle sera dégagée, ils haleront l'aviron à eux, en l'appuyant sur le côté de la péniche jusqu'à ce qu'il s'y trouve balancé, de manière à pouvoir pousser aisément le manche en avant et sur le côté de la péniche; ce qu'ils feront aussitôt, jusqu'à ce que la pelle soit rentrée.

Les sous-officiers qui tiennent les gaffes auront soin de les saisir au milieu du manche et de les faire rentrer en dedans, le long du côté de la péniche, en mettant toujours le fer de la gaffe du côté où est leur place.

22° PRÉPAREZ-VOUS À DÉBARQUER.

A ce commandement, les hommes reprennent leurs fusils et remettent leurs sacs.

23° BÂBORD DESCENDEZ, A DROITE MARCHE

Toutes les descentes, à droite marche.


Saint-Cloud, 11 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Il est nécessaire, Citoyen Ministre, d'établir un ordre particulier pour les garnisons que doivent avoir les péniches, lorsqu'elles vont de port en port. Il faudrait que ces bâtiments ne partissent jamais qu'avec des chaloupes canonnières ou des bateaux canonniers; et alors il suffirait de mettre dix hommes de plus sur les chaloupes ou bateaux canonniers, lesquels formeraient ce qui serait nécessaire pour faire marcher la péniche.

Ce qu'il me paraît le plus nécessaire de fournir à l'armement de la péniche, ce sont des barils d'eau; sans quoi, si cet approvisionnement n'était pas fourni sur toute la côte, nous aurions, je crois, de la difficulté pour nous en procurer au point de réunion.

Du reste, il n'est point nécessaire que les péniches, non plus que les chaloupes et bateaux canonniers, aient, pour partir, tous les objets qu'indiquent les états; par exemple, le bateau canonnier n'a pas besoin d'avoir la pièce de campagne qu'il ne doit prendre qu'au point de réunion; également, ils n'ont point besoin de fusils de rechange, et il suffit qu'ils aient assez de cartouches pour en fournir cent à chacun des 25 ou 26 hommes qui s'y trouvent.

Je donne l'ordre au ministre de la guerre de faire diriger sur Boulogne cent cinquante pièces de 3 avec les boulets nécessaires. Je donne également l'ordre de mettre, à Dunkerque, vingt-sept pièces de 3 à la disposition de la marine, et qu'il en envoie cinquante à Ostende. Ces pièces serviront à armer les demi-péniches. Il faut ordonner à Dunkerque qu'on commande les affûts tournants pour ces petites pièces. La guerre fournira également une centaine de pièces à la Rostaing.

Il serait convenable qu'on établît à bord des péniches une tente pour mettre à couvert les hommes qui y seraient placés; car, comme l'observe le préfet maritime de Rochefort, il serait impossible que ces hommes traversassent dans la mauvaise saison cent lieues de côtes sans aller tous à l'hôpital en chemin.


Saint-Cloud, 11 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès

Donnez l'ordre, Citoyen Ministre, que les bateaux canonniers appelés l'Ostende, le Ferme,qui sont à Ostende, se rendent à Boulogne;

Aux bateaux canonniers 1, 2, 3, 4, qui sont à Flessingue, de se rendre de suite à Boulogne. Les bateaux de Nieuport seront remplacés par une corvette de pèche, armée.

Les bateaux canonniers, par leur construction, ne peuvent pas être de service, ni à Ostende, ni à Flessingue. Les bateaux hollandais et les corvettes de pêche y feront le service de préférence.

Je vois avec peine que l'on met des pièces de 18 sur les bateaux canonniers, qui doivent avoir du 24.

Donnez l'ordre que les sept bateaux canonniers de la 1e division, et qui sont armés avec un mortier de la petite portée, le soient avec un mortier à grande portée.


Saint-Cloud, 11 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès

Nos constructions me paraissent tellement bien aller dans les ports, que je pense qu'il est inutile d'en continuer de nouvelles dans l'intérieur. Faites-moi un rapport, vendredi, sur toutes les constructions qu'ont proposé de faire les différentes communes et associations de citoyens, afin de désigner, par un arrêté général, le lieu où ils doivent verser les sommes qui y étaient destinées, étant tout à fait inutile de permettre qu'on commence des constructions qui ne seraient jamais finies et qui coûteraient fort cher, pendant qu'elles peuvent être faites si rapidement et si bien dans les ports.


Saint-Cloud, 11 octobre 1803

DÉCISION

Le ministre de la marine transmet une lettre de l'amiral Bruix qui demande six lettres de marques 

Mon intention est conforme à la  lettre de l'amiral. On peut d'abord lui en adresser trois, pour de petits bâtiments, très-bons marcheurs, destinés à aller sur les côtes d'Angleterre et nous amener des prisonniers anglais, afin d'être au fait de ce qui se passe en Angleterre.


Saint-Cloud, 12 octobre 1803

NOTES POUR LE MINISTRE DE LA GUERRE

D'après le rapport du général Dejean, cinquante soldats ont été fournis pour charretiers. Écrire aux généraux commandant en chef du camps que cette mesure est très-mauvaise.


Le ministre de la guerre fera connaître au général Ney que, par L'acte de médiation, il a été stipulé que le Premier Consul retirerait les troupes françaises après la tenue de la diète. La diète a terminé ses séances, et le Premier Consul est dans l'intention de retirer les troupes; mais, avant qu'il leur soit ordonné de se mettre en marche, il a désiré que le général Ney fût consulté sur cet objet.


Saint-Cloud, 12 octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE ler. - Il sera construit, sans délai, à Saint-Germain, pour protéger le havre de Saint-Germain, département de la Manche, une batterie composée de trois pièces de gros canon.
ART. 2. - Il sera établi une autre batterie de deux grosses pièces de canon à Surtainville.
ART. 3. - Ces pièces seront en batterie et prêtes à faire feu avant le 5 brumaire.
ART. l. - Le ministre de la guerre est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Saint-Cloud, 12 octobre 1803

Au général Marmont, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, je désire que vous vous fassiez rendre compte de la prise du sloop, que je regarde comme un événement important, vu que, si les ordres avaient été exécutés, il n'aurait pas été pris. Tenez constamment six escadrons de cavalerie sur l'estran, depuis Ostende jusqu'à Calais, afin que tout bâtiment qui s'échouerait sur la plage soit sur-le-champ protégé par un grand nombre d'hommes qui le mettraient à l'abri des insultes des péniches anglaises.

L'officier général ou supérieur que vous avez nommé inspecteur de la côte doit être tout le jour à cheval; il doit, toutes les semaines, avoir fait faire l'exercice à toutes les batteries de côte; il doit même exercer la cavalerie aux manœuvres du canon, afin que des compagnies puissent se porter aux batteries attaquées, augmenter le nombre des servants. Choisissez de préférence de vieux soldats, qui sont nécessairement plus de sang-froid et de courage que de nouvelles levées. C'est par de semblables mesures que, sur la côte de Normandie, nous n'avons plus d'exemple de semblables événements; des pièces de canon et des détachements de cavalerie sont en mesure de se porter au galop sur tous les points attaqués.

J'ai appris par votre lettre qu'il n'y avait encore aucune division de corvettes de pêche à Ostende. Il n'y a pas d'excuse à tant de lenteur. Concertez-vous avec le général Émériau pour que, au 1er brumaire, cinquante-quatre corvettes soient armées et en état de tenir la mer.

Veillez à ce que les corps de garde et les signaux des garde-côtes soient organisés et dans le meilleur état. Si vous n'avez point d'avirons, que le général Émériau voie si le commerce peut en procurer; qu'il en achète sur-le-champ. Qu'il fasse, s'il le faut, ralentir les pénibles et les petits bâtiments. Il faut que, le 1er brumaire, il y ait cinquante-quatre bateaux de pêche installés avec des pièces de 24. Il n'y a qu'à établir des coulisses sur chaque bateau , si l'on croit des coulisses indispensables.

Berthier part demain pour faire une tournée sur la côte. Faites manœuvrer un peu vos troupes; qu'elles soient exercées aux manœuvres que le général Bessières a dû vous envoyer. Établissez-les sur les carrés qui ont été donnés. A ma prochaine revue, je ferai manœuvrer les troupes en grand, quelque temps qu'il fasse.


Saint-Cloud, 12 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je vous renvoie, Citoyen Ministre, les états et la correspondance que vous m'avez envoyés.

J'y vois que le préfet maritime de Brest propose d'arranger les coulisses des bateaux de manière que les affûts marins puissent servir sans recourir à de nouveaux affûts, ce qui n'est qu'une différence de trois pouces.

J'y vois que la commission dit qu'elle n'a reçu aucun ordre pour l'expédition des bateaux de Terre-Neuve. Ils seraient cependant bien utiles à Boulogne. Donnez ordre qu'on en expédie le plus possible.

Je vois dans la correspondance du capitaine Jacob que, dans le 5e arrondissement, il y a onze bâtiments de commerce d'achetés. Donnez ordre qu'on les fasse partir de suite pour Boulogne.


Saint-Cloud, 12 octobre 1803

A l'amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, j'ai reçu un projet du génie pour faire à Wimereux un port pareil à celui  d'Ambleteuse; mais, pour des opérations de cette nature, ma confiance repose plus spécialement sur vous et sur Sganzin. Envoyez-m'en un projet avec l'estimation. Si Sganzin a trop d'ouvrage, le génie, qui a un grand nombre d'officiers sur la côte, pourra s'en charger.

Faites-moi connaître si vous êtes dans la pensée qu'Étaples, Boulogne, Ambleteuse et Wimereux sont soumis au même vent, qu'il y règne en général le même temps, et que de ces quatre ports on pourra sortir à la fois par un même vent et dans les mêmes circonstances. Enfin, pour vous rendre mon idée, je me figure que ces quatre ports me produisent le même effet que s'ils étaient à un quart de lieue de Boulogne. Si, dans cette manière de voir, je me trompe, faites-le moi sentir, et faites-moi connaître si un temps pourrait offrir des chances favorables pour sortir d'un de ces ports, qui ne le fussent pas pour les autres.

Les Hollandais étant sur le point d'avoir à l'eau 100 chaloupes canonnières et 250 bateaux plats de haut bord, je compte les réunir aux corvettes de pêche d'Ostende, et ne faire de cela qu'une seule opération, ce qui me mettrait à même de réunir à Boulogne, Étaples, Ambleteuse et Wimereux, au moins les quatre cinquièmes des forces de toutes les flottilles dont je vous ai envoyé l'état.

J'ai envoyé à Soult un exercice pour apprendre à nager. Je le ferai imprimer dès que j'aurai toutes les observations des ports qu'il vous donnera lieu de faire. Rédigez-moi un pareil projet d'exercice pour un bateau canonnier et pour une chaloupe canonnières.

J'ai été fâché de voir que le capitaine Saint-Haouen ait eu une autre destination. Il avait appris à connaître le personnel et le matériel de sa division. En général, il est nécessaire de ne pas changer, à moins de mécontentement, les officiers et les hommes qui sont ensemble, comme je fais pour les bataillons.

Nos constructions s'achèvent partout. Je compte, au ler frimaire, réunir à Boulogne 2,000 ouvriers, partie de nos ports et partie de l'intérieur. Faites-moi connaître où vous les placerez et les lieux où ils travailleront. Je n'ai pas besoin de vous dire ce que nous en ferons. Ils seront constamment employés aux aménagements et aux réparations des nombreuses avaries qu'éprouveront les bâtiments; car, lorsque je serai sur la côte, il faudra que le temps soit bien gros pour qu'une division ne sorte pas.

Nous avons à Lorient, Nantes et Bordeaux , une grande quantité de bâtiments de toute espèce; faites-moi connaître les difficultés et les retards que pourront apporter ces difficultés, dans la saison où nous sommes, à doubler la pointe de Brest.

La division de Granville vient de doubler le cap de la Hague.

Dans les états de situation qui m'ont été remis de la division du capitaine Saint-Haouen, qui est, je crois, la le, j'ai vu qu'il y avait sept bateaux canonniers armés de mortiers. On m'assure que les bois qui soutiennent ces mortiers ont besoin d'être renouvelée tous les trois mois; s'ils sont à petite portée, ils ne vont pas à plus de 1,000 ou 1,100 toises, ce qui est très-peu de chose. Il faudrait voir si l'on ne pourrait pas y substituer, ou des mortiers à la Gomer, qui iraient à 1,500 toises, ou même des mortiers à plaque, qui iraient à 2,000.

Je désirerais aussi que vous me fissiez connaître si une opération peut être combinés entre Ostende et Flessingue, c'est-à-dire si des vents qui permettent à des bâtiments de la nature de ceux de la flottille de sortir de l'Escaut leur permettraient aussi de sortir d'Ostende.

Il me paraît que, de l'embouchure de l'Escaut aux côtes d'Angleterre, il y a un tel éloignement, qu'on ne peut se servir de péniches, ni de bateaux canonniers. Voici comme je conçois cette seconde opération ; je voudrais composer cette expédition de deux bonnes frégates françaises que nous y avons, d'un vaisseau et de deux frégates hollandaises, que les Hollandais pourront nous procurer, de 100 chaloupes canonnières hollandaises de la force des nôtres, de 108 corvettes de pêche d'Ostende, armées d'une pièce de 24, s'il est nécessaire, de 54 de nos chaloupes canonnières, de 250 bateaux plats hollandais et de 100 bateaux de pêche de notre flottille de transport; ce qui porterait fort bien une armée de 40,000 hommes. Elle partirait un soir avec un temps opportun, disparaîtrait dès lors aux croisières que l'ennemi aurait pu placer, et qui ne peuvent d'ailleurs, dans le mois de janvier, serrer la côte, extrêmement dangereuse pour de gros bateaux; notre flottille ne leur permettrait pas de le faire avec des petits.

Ayant fait, dans la nuit, douze ou quinze lieues au large, ayant quatre frégates et un vaisseau de guerre et des bâtiments, armés de cinq à six cents pièces de canon, il me semble que cette flottille aurait de grandes chances pour arriver où l'on voudrait; bien entendu qu'on voudrait deux ou trois points différents, selon les vents qui viendraient à régner le lendemain de son départ.

Pour cette opération, faut-il que tout parte de Flessingue ou d'Ostende, ou la moitié doit-elle partir de Flessingue et la moitié d'Ostende, sauf à faire la jonction à un point déterminé ? Peut-on se flatter qu'un armement aussi considérable, dans une rade aussi mauvaise que celle d'Ostende, ne courra point de danger, au que, en s'enfermant dans ce port, il pourra en sortir dans le temps convenable? Enfin les glaces ne feraient-elles pas courir de grandes chances à toute cette expédition ? Enfin quel est le maximum des bâtiments qu'on pourrait placer à Boulogne, Ambleteuse, Wimereux et Étaples ?


Saint-Cloud, 12 octobre 1803

Au citoyen Portalis, conseiller d'État, chargé de toutes les affaires concernant les cultes

Le Premier Consul désire, Citoyen, que vous invitiez M. l'archevêque de Paris à faire venir chez lui l'abbé de Damas, afin de savoir pourquoi cet ecclésiastique ne porte pas l'habit de son état.


Saint-Cloud, 13 octobre 1803

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

J'ai été fort surpris d'apprendre, Citoyen Ministre, que le ministre d'Espagne a eu l'indécence de disputer le pas au ministre de France à Florence. Faites-moi connaître si le général Clarke a écrit quelque chose à ce sujet. Mon intention est que, sous quelque prétexte que ce soit, il ne laisse subsister une si ridicule prétention.

Derville, chargé d'affaires de la République à Lucques, paraît avoir demandé de l'argent et avoir fait plusieurs autres demandes tellement ridicules qu'il a eu l'affront d'essuyer un refus dont probablement il ne s'est pas plaint. Il a demandé une diaria, une maison, voiture, etc. Je n'ai pas besoin de vous faire observer l'inconvenance d'une pareille conduite. Faites-le venir sur-le-champ à Paris pour en rendre compte.


 Saint-Cloud, 12 octobre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Le chef de brigade Lahoussaye, Citoyen Ministre, a très-bien fait de ne point souffrir qu'on disposât de l'artillerie mobile pour tout autre service que celui de la côte. Recommandez-lui de veiller à ce que la batterie qu'il demande à l'entrée du havre de Saint-Germain soit placée sans délai, et qu'il soit ajouté à la batterie de Surtainville deux autres pièces de 36.

Donnez ordre qu'il soit placé un poste d'infanterie à cet endroit.


Saint-Cloud, 14 octobre 1803

DÉCISION

Chanson intitulée : Invitation à partir pour l'Angleterre. Cette chanson est copiée sur papier du grand juge. 

Il est convenable de connaître  l'auteur de cette chanson ; quoiqu'elle paraisse faite dans des intentions louables, l'autorité de police ne doit être étrangère à aucun mouvement.

Saint-cloud, 14 octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTILE ler. - Un buste en marbre de Jean Bart sera placé dans la grande salle de l'hôtel de ville de Dunkerque, patrie de ce brave marin.
ART. 2. - Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.


Saint-Cloud, 14 octobre 1803

DÉCISION

Le ministre de la guerre annonce que l'ambassadeur hollandais Schimmelpenninck demande, au nom de son Gouvernement, à recruter 400 hommes dans le Hanovre. 

Le ministre de la guerre autorisera non-seulement le recrutement de 400 hommes pour la Hollande, mais d'un plus grand nombre encore.


Saint-Cloud, 14 octobre 1803

DÉCISION

Le ministre de la marine fait un rapport au sujet de la construction des navires offerts par les communes et par différentes associations de citoyens.

Le ministre écrira dans les dépôts à Liège, Strasbourg, Colmar, Namur, que, vingt-quatre heures après la réception du présent ordre, on ait à dresser procès-verbal des bâtiments qui sont sur le chantier en bois debout, et de ceux qu'on a le projet d'y mettre.

Les premiers seront achevés dans le plus court délai, et il est défendu d'en mettre d'autres. On mentionnera les matériaux reconnus déjà existants dans le port et qui seraient suffisants pour achever les constructions commencées. Le surplus sera envoyé dans les ports aux prix courants. Le ministre fera sentir, dans sa lettre, que les bateaux qui ne seraient pas en bois debout seraient faits trop tard, et que le Gouvernement a dans les ports tout ce qu'il faut pour y pourvoir.


Saint-Cloud, 15 octobre 1803

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Vous trouverez ci-joint, Citoyen Ministre, des interrogatoires qu'a fait subir le préfet de police à quatre brigands qu'il a fait arrêter. Des renseignements que j'ai d'ailleurs me portent à penser que ces misérables tiennent à Paris à des comités qui correspondent avec des agents de l'Angleterre et cherchent à les agiter dans leur sens.

Faites mettre les deux individus les plus compromis par ces rapports en galbanum à Bicêtre, au secret. Faites-les interroger sur les comités où ils se réunissent; faites-les interroger aussi de différentes manières pour connaître les individus qui composent ces comités et sur ceux qui cherchent à les agiter. Je désire que cette affaire soit suivie avec un peu d'intelligence. Faites observer la conduite de l'ancien tribun Alexandre.

Faites réunir par la police secrète les renseignements qu'on pourrait avoir dans les bureaux sur les individus de cette classe, et sur les individus déportés par le sénatus-consulte du 14 nivôse, qui sont rentrés en France. Quelques-uns sont rentrés par la voie de l'Angleterre avec des Anglais.


Saint-Cloud, 15 octobre 1803

Au général Berthier, ministre de la guerre

Je vous prie, Citoyen Ministre, de faire connaître au colonel Lahoussaye qu'il doit inspecter et faire exercer, tous les jours, les canonniers garde-côtes, et qu'il doit même exercer la cavalerie à la manœuvre du canon, afin qu'elle puisse aider à toutes les batteries où elle se trouvera.


Saint-Cloud, 15 octobre 1803

ARRÊTÉ

ARTICLE 1er. -  Il sera établi à Boulogne dans la caserne, à Ostende dans une des casernes, et à Montreuil également dans une caserne, des dépôts de convalescence.
ART. 9-. - Tous les hommes sortant de l'hôpital, avant de rentrer à leurs corps et de baraquer, resteront une ou plusieurs semaines dans ces dépôts.
ART. 3. - Ils feront ordinaire entre eux. Il leur sera fourni une ration de vin et, selon la nature des maladies qu'ils auraient eues, les remèdes qui pourront achever leur convalescence.
ART. 4. - Le dépôt de convalescence à Boulogne sera capable de contenir mille hommes. Le dépôt d'Ostende en contiendra cinq cents, et le dépôt de Montreuil en contiendra huit cents.
ART. 5. - Il sera nommé un chef de bataillon spécialement chargé de la direction et du commandement de chacun de ces dépôts.

Chaque corps faisant partie des camps fournira un nombre d'officiers proportionné au nombre des soldats qu'il aura pour la police du dépôt, savoir : un capitaine pour cent, un lieutenant pour vingt-cinq.
ART. 6. - Des médecins des hôpitaux ou des corps feront le service de ces dépôts.
ART. 7. - Les ministres de la guerre et de l'administration de la guerre sont chargés de J'exécution du présent arrêté.


Saint-Cloud, 15 octobre 1803

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Je vous renvoie votre correspondance, Citoyen Ministre. Mon intention n'est pas de donner de l'avancement aux officiers qui ne sont rentrés que depuis quatre mois, à moins d'actions d'éclat, et qu'ainsi les citoyens Lostanges et Pinières ne peuvent être avancés dans ce moment; mais j'approuve qu'on les mette en évidence pour qu'ils se distinguent.