Février 1804


Paris, 1er février 1804

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Il serait convenable, Citoyen Ministre, de faire venir à Paris, pour l'attacher à la police, afin de surveiller les chouans, le nommé ,Mounier, ancien chef de chouans, qui, dans le mois de frimaire, a donné des preuves l'attachement au Gouvernement, de manière à ne pouvoir rester dans son département sans se compromettre.

Écrivez au colonel de gendarmerie Noireau de le faire passer secrètement à Paris. On lui fera très-secrètement un traitement convenable pour qu'il puisse surveiller ici les chouans, et en rendre compte.


Paris, 1er février 1804

Au citoyen Marescalchi, ministre des relations extérieures de la République italienne

Le citoyen Fontanelli sera traité comme aide de camp chef de brigade. Il sera payé sur la même caisse que le bataillon de grenadiers de la République italienne, pour ce qui est proprement dit traitement. Il recevra du citoyen Estève, sur les fonds de ma maison la gratification que j'accorde à mes aides de camp.

le vous prie de faire connaître au citoyen Melzi que j'ai vu avec douleur le peu de patriotisme et de conduite de plusieurs des membres du Corps législatif, qui le conduit à se servir de la Consulte d'État comme moyen unique et extraordinaire qui lui reste d'empêcher le désordre de s'introduire dans la République; que ses mesure sont contraires au texte de la Constitution; qu'il faudrait tacher de prendre tous les moyens de conciliation qui pourraient empêcher d'avoir recours, et dans les prochaines élections surtout s'assurer de bons choix.


Paris, 1er février 1804

DÉCISION

Le citoyen Lacuée propose d'organiser militairement les gardes champêtres et plusieurs classes d'employés et de les rattacher au service de la gendarmerie.

Je prie le ministre de l'intérieur de lire avec attention ce rapport, dont il sentira tous les avantages, afin d'en conférer avec le citoyen Lacuée, pour faire tout ce qui sera possible pour le réaliser.


Paris, 1er février 1804

Au général Davout

Citoyen Général Davout, j'ai vu hier madame Davout, qui m'a appris que vous n'étiez pas entièrement rétabli, mais que vous étiez en pleine convalescence. Ménagez-vous, car le temps approche où les mouvements vont commencer. Vous me répondrez par le retour de mon courrier, qui va à Flessingue. Vous pourrez , par là, être instruit de la situation de la flottille batave aux 14 et 15 pluviôse. Comme je vais donner ordre à la première partie de se mettre en mouvement, il est convenable que vous en expédiiez les garnisons.


Paris, 1er février 1804

Au général Soult

Citoyen Général Soult, votre lettre du 10 ne me parle point de quantité d'eau qui entre à chaque marée dans les ports. Je désire beaucoup que ce travail soit fait avec soin et exactitude, et qu'un rapport vous soit fait tous les jours.

Nous voilà au 10 pluviôse. J'attendais que vous me diriez que le bassin de Boulogne était fini. Faites-moi connaître positivement où en étaient les travaux au 10 pluviôse, et où ils en seront au ler ventôse. Faites-moi un rapport sur Wimereux et Ambleteuse; où en étaient les travaux au 10 pluviôse, où on compte qu'ils seront au ler ventôse. Le temps commence enfin à me presser.

Dans l'état actuel d'Ambleteuse, combien pourrait-on y faire entrer de chaloupes canonnières ? Dans l'état actuel de Wimereux, combien pourrait-on y faire entrer de chaloupes canonnières ?

Le temps ne tardera probablement pas à se radoucir. Est-on prêt à continuer les travaux au fort en bois ? Car je continue à attacher de l'importance à ce travail. Vous me dites qu'on a essayé un mortier de 8 pouces sur une péniche. Était-il à la Gomer ? Dans ce cas, quelle quantités de poudre avait-on mise dans la chambre, et à quelle distance allait la bombe ?

Les obusiers de 5 pouces 6 lignes qui sont à Saint-Omer, et dépendants de l'équipage de campagne, doivent être embarqués sur les bateaux canonniers, et sur leur rouage. Il n'est donc point possible de les employer sur les péniches. Ils doivent l'être, comme les pièces de 12, 6 et 4 de l'équipage de campagne, afin de pouvoir les débarquer à l'instant même.

Dans le premier état de situation de la flottille de guerre que vous m'enverrez, ayez soin de bien spécifier les chaloupes canonnières qui sont armées en belle, et les bateaux canonniers qui porteront deux chevaux, et dont l'installation est faite pour porter les deux chevaux, et ceux qui doivent également les porter, et dont elle n'est pas faite. Notez les bateaux destinés à porter des pièces de l'équipage de campagne, et ceux destinés simplement à porter une pièce de marine sur carrière.

Le coup de vent ayant cessé depuis deux jours, j'ai l'espoir qu'il doit vous être arrivé un grand nombre de bateaux. Le général Lacrosse doit être arrivé à Boulogne.


Paris, 2 février 1804

Au contre-amiral Ver Huell, commandant la flottille batave

Monsieur le Contre-Amiral Ver Huell, je vois avec peine que vous n'êtes pas secondé comme vous devez l'être, et je crains qu'il n'y ait dans tout ceci un peu d'intrigue.

Quant à présent, voici les dispositions que j'ai arrêtées pour votre flottille.

Vous la diviserez en deux parties; la première sera composée de -:

1° une division de chaloupes canonnières; je crois vous avoir dit que chaque division de chaloupes canonnières est de deux sections, chaque section, de 9 chaloupes; total de la division, 18 chaloupes;

2° deux lères divisions de bateaux canonniers, chacune composée de quatre sections, chaque section, de 9 chaloupes; total de chaque division, 36; des deux divisions, 72; 

Vous attacherez à cette première partie 10 bâtiments de la flottille de transport; chaque bâtiment attaché à un bataillon pour rembarquement de ses bagages, et 5 autres bateaux pour l'embarquement des bagages de l'état-major de la division.

La deuxième partie sera composée comme la première ; la troisième partie, lorsqu'il y aura possibilité de la former, sera formée de même.

Je donne ordre au général Davout de faire fournir les garnisons sur la première partie par la Ire division de son armée, et à la deuxième partie par la 2e division. Chaque brigade de sa division sera attachée à une section de bateaux canonniers. Un régiment sera attaché à la division de chaloupes canonnières.

Chaque compagnie s'embarquera sur chaque chaloupe; chaque bataillon, sur une section.

Chaque compagnie fournira de suite un officier et 20 hommes sur le bateau canonnier qui doit embarquer la compagnie, et 30 hommes sur les chaloupes canonnières.

Je désire que vous vous concertiez avec le général Davout pour que la troisième partie puisse partir de Flessingue, avec cette simple garnison, au 20 pluviôse.

Un bâtiment hollandais a péri, corps et biens, sur la côte de Boulogne. On a trouvé un chapeau avec le n° 27. Faites des recherches pour savoir quel est ce bâtiment; je le crois parti de Flessingue.

Faites-moi connaître également quand la deuxième et la troisième partie seront prêtes.


Paris, 3 février 1804

Au citoyen Régnier

Faire arrêter le nommé Victor Leloutre, venu d'Angleterre, ayant des relations avec Georges, qui s'est présenté au palais ayant des lettres de recommandation de la Martinique, et que le général Noguès, qui le connaît, a démasqué.


Paris, 3 février 1804

Au citoyen Gaudin

Je désirerais, Citoyen Ministre, connaître si les sénateurs ont pris possession des sénatoreries auxquelles il a été nommé, et quelle est la situation des biens dans chacune des sénatoreries.


Paris, 3 février 1804

Au citoyen Barbé-Marbois

Je désire savoir, Citoyen Ministre de quelle manière on peut connaître à la Bourse de Paris le cours des fonds anglais, et s'il ne serait pas convenable de le publier dans les gazettes, en y joignant l'observation que, vu la dépréciation du papier de banque, on doit leur ôter huit pour cent. Il faut voir les gazettes qui ont coutume de coter le cours anglais, afin d'y faire ajouter cette observation. C'est en répétant souvent une chose de cette nature qu'on la fait connaître dans toute l'Europe.


Paris, 3 février 1804

Au citoyen Monge, en mission à Liège

Citoyen Monge, Sénateur, je désire comme vous que vous reveniez à Paris. Je connais votre zèle, et, s'il vous eût été possible de procurer des pièces dont on avait besoin, cela serait fait. Il me reste l'idée que Perrier a voulu faire la chose trop en grand, ou bien qu'elle n'était pas faisable. J'aurais voulu qu'il ne l'eût pas promis. J'imagine que vous vous occuperez, avant de partir, de tout ce qui est relatif à votre sénatorerie. Je vous verrai ici avec grand plaisir.


Paris, 3 février 1804

DÉCISION

Le général Caffarelli rend compte des difficultés qu'éprouve l'établissement d'un camp de vétérans dans la 27e division militaire (Turin) , par le manque
de maisons, d'outils aratoires et de bestiaux. Il propose d'envoyer sur les lieux  un homme ferme pour la démarcation des terrains, et de réunir le dépôt de
ces militaires au couvent de Bosco.

Renvoyé au ministre des finances, pour faire lever tous les obstacles et me faire un rapport qui me fasse connaître pourquoi ce camp n'est pas établi.


Paris, 4 février 1804

LE MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES AU CITOYEN SALICETI,
MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE DE LA RÉPUBLIQUE A GÊNES

Les circonstances où la guerre actuelle place la Ligurie lui font un besoin de à s'unir plus étroitement à la cause de la France.

L'intention du Premier Consul est que vous négociiez sans délai avec le Gouvernement ligurien une convention formelle par laquelle ce Gouvernement s'engage à fournir 4,000 matelots propres au service, âgés de vingt ans au moins, et ayant cinq années de navigation. Il est nécessaire que cette mesure soit prise par une détermination du Sénat, et qu'on la mette promptement à exécution par tous les moyens qui pourront se concilier avec un bon choix de matelots, de manière que les 4,000 matelots puissent être prêts à partir dans un mois.

Lorsque cette levée sera le résultat des engagements pris avec 1a France par la Ligurie, elle éprouvera sans doute moins d'obstacles.

Achevez de fixer les indécisions de ce Gouvernement; rappelez-lui que la République batave fournit dans la guerre actuelle des matelot et des vaisseaux; que la République italienne joint ses troupes à celle de la France; que la Ligurie ne peut pas espérer de se tenir à l'écart dans une cause qui l'intéresse elle-même directement.

L'Angleterre n'a pas reconnu la République ligurienne; elle a mis le blocus devant Gênes; elle exerce d'autres actes d'hostilité, qui font à la Ligurie un devoir de s'unir à son premier allié, et qui rendraient dangereuse pour elle toute autre mesure.

La France, qui a constamment défendu le territoire et l'indépendance de cette république, ne pourrait se croire obligée à continuer de diriger ses efforts vers ce but qu'autant que la Ligurie consentira et s'engagerait, par un traité, à concourir à sa propre défense et a succès de la cause commune.

Vous voudrez bien insérer dans la convention que vous êtes chargé de conclure, qu'en compensation des engagements pris par la Ligurie la France prend aussi celui de ne pas faire la paix avec l'Angleterre sans obtenir que la République ligurienne soit reconnue.

Ainsi le résultat des efforts de ce Gouvernement sera d'assurer complètement son existence politique, soit par les forces de la France pendant la guerre, soit par une stipulation formelle au moment de la paix.

Dans toutes les circonstances, le Premier Consul s'est attaché à établir l'indépendance de la Ligurie. Il n'a jamais regretté d'avoir suivi ce système, parce qu'il a pensé que la Ligurie, par intérêt et par inclination, remplirait toujours les obligations d'alliée de la France. La circonstance présente est décisive, et l'attente du Premier Consul ne peut pas être trompée.

J'insiste de nouveau sur la nécessité de faire un choix de matelots qui soient tous en état de servir, et sur le zèle et la fidélité desquels on puisse entièrement compter.

Veuillez m'informer du succès des nouvelles démarches que le Premier Consul vous charge expressément de faire pour obtenir cette levée.

J'ai fait connaître au citoyen Ferrari les intentions du Premier Consul, et j'ai prié ce ministre plénipotentiaire de concourir par ses propres démarches, à l'adoption d'une mesure dont les circonstances actuelles doivent montrer à son Gouvernement la nécessité.


Paris, 4 février 1804

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

Citoyen Général Soult, je reçois votre lettre du  12 (2 février). J'ai lu avec attention les états que vous m'avez envoyés. Je pense, vu que vous avez à Boulogne 22 bâtiments destinés à la grosse artillerie, que vous devez les remettre au général Faultrier, et les visiter ensemble pour voir s'ils suffiront pour l'embarquer. Ce sera à lui à voir s'il y aura assez de place dans chaque bâtiment pour mettre les deux chevaux. Si cela est possible, vous sentez qu'il faut le faire.

Vous avez 50 bâtiments pour le service des bataillons, qui ne fourniront que 90 chevaux, 5 ne portant point de chevaux. Toute règle générale admet des exceptions; toutes les fois que les travaux à faire pour mettre des chevaux sur des bâtiments les affaibliraient, on fait bien de les laisser comme ils sont.

Enfin je vois que vous avez de quoi embarquer 1,600 chevaux sur les écuries. Les 21 bâtiments qui exigent trop de travail pour être convertis en écuries peuvent être, par exception et sans égard pour leur tonnelage, classés pour l'artillerie, et, par contre, on peut classer pour écuries ceux qui seraient susceptibles d'être convertis en écuries. Voyez le général Combis, pour qu'il les classe de cette manière et fasse les exceptions nécessaires au principe général. Il fera passer ce travail, ainsi classé, au ministre, afin qu'il soit définitivement arrêté.

Il faut donc :

1° Que le directeur de la flottille de transport mette une partie des écuries dont il m'a envoyé l'état à la disposition de l'artillerie, jusqu'à concurrence de 500 chevaux. Ces écuries portant 500 chevaux auront un officier pour les commander, et seront organisées, de concert avec le général Faultrier, de manière qu'il y ait à bord de ces bâtiments cinq soldats du train en garnison, pour s'y exercer à la manœuvre de l'embarquement et du débarquement des chevaux Lorsque le reste des écuries sera arrivé, on complétera la division de la flottille des écuries destinées à l'artillerie, jusqu'au nombre de 1,900 chevaux; ce qui, avec les 800 chevaux que l'artillerie embarque sur les bateaux canonniers, complète le nombre que l'artillerie doit transporter.
2° Ordonnez qu'on mette des écuries capables de transporter 300 chevaux à la disposition de la brigade de cavalerie attachée à votre armée. Elle doit embarquer 600 chevaux, 100 sur les deux prames. Il restera donc des écuries pour 200 chevaux, qu'on leur donnera lorsque le nombre des écuries se complétera.
3° Destinez des écuries pour 500 chevaux, pour l'embarquement des chevaux de la Garde.

Vous ferez mettre des détachements de chasseurs ou de hussards sur les écuries destinées à porter leurs chevaux, à raison de quatre hommes par bâtiment. On fera la même chose pour la Garde, ordonnez que, tous les jours, on fasse la manœuvre de l'embarquement et du débarquement. Faites également embarquer et débarquer tous les jours, plusieurs chevaux sur les prames, car ce n'est qu'à force d'embarquer et débarquer que cette manœuvre se fera facilement. Il sera bon que les colonels ou chefs d'escadron assistent cette manœuvre, pour la simplifier s'il y a lieu.

Il faut laisser à Boulogne les écuries qui s'y trouvent, quand même elles tireraient plus de six pieds d'eau, comme il sera bon de fixer à Calais toutes celles qui viendraient du nord et tireraient plus de sept pieds d'eau.

Cela ne pourra être que lorsqu'on aura des idées plus positives sur les ports d'Ambleteuse, Étaples et Wimereux, qu'on pourra décider si l'on pourra faire venir toutes les grosses écuries qu'on aurait provisoirement réunies à Calais.

Il y a vingt-neuf obusiers de 8 pouces à Dunkerque, qui y sont inutiles; faites-les venir à Boulogne. Cinquante obusiers de 8 pouces ,vont être envoyés de Paris à Boulogne; ainsi on pourra en mettre sur 50 chaloupes canonnières. Il y a à Dunkerque cent six pièces de 4, qui y sont inutiles. Je désirerais, puisqu'il y a à Étaples 18 bateaux ou péniches, qu'on s'en servît, toutes les fois que le temps le permettra, pour reconnaître le mouillage et surtout la position d'appareillage. Qu'on fasse faire la manœuvre du débarquement des pièces dès qu'il y aura des bateaux canonniers installés avec des pièces de campagne.

J'ai nommé Songis premier inspecteur de l'artillerie, et Marmont général en Hollande. Je remplace Songis par Mortier.


 Paris, 5 février 1804

Au général Berthier

Ordonnez, Citoyen Ministre, au général de division d'artillerie Eblé de se rendre à l'armée de Hanovre, pour y prendre le commandement de l'artillerie;

Au général de brigade Tirlet de se rendre en Hollande, pour commander l'artillerie du camp d'Utrecht.

Le général Dulauloy rentrera en France, pour y être chargé de détails d'artillerie.

Vous ferez connaître au général Marmont, commandant le camp d'Utrecht, les troupes qui doivent s'embarquer. Il devra s'embarquer sur la flotte portant l'expédition du Texel. Le général Victor restera en Hollande pour y commander les troupes françaises et bataves. Jusqu'au moment de l'embarquement, le général Marmont aura le commandement général en Hollande, en sa qualité de général en chef.

Donnez ordre au général Mortier de se rendre sur-le-champ à Paris, pour y prendre son service près de moi. Il laissera le commandement au général Dessolle, en attendant que j'aie nommé un général en chef pour commander cette armée.


Paris, 6 février 1804

DÉCISION

Le ministre de la guerre propose d'accorder une gratification d'un mois de solde aux sous-officiers et soldats qui ont montré le plus de dévouement lors du naufrage de quelques bâtiments de la flottille sur les côtes de la Vendée. 

Il ne faut pas accoutumer les troupes à recevoir de l'argent pour des actions de courage ; il suffit de leur écrire des lettres de satisfaction.


Paris, 6 février 1804

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Donnez ordre que tous les bâtiments destinés pour la flottille continuent leur chemin; et je n'approuve pas que huit bateaux de première espèce arrivés à Audierne aient reçu contre-ordre. Le moindre contre-ordre dans les opérations de la flottille dérangerait tout. Nous ne saurions plus où nous en sommes.


Paris, 8 février 1804

DÉCISION

Proposition de remplacer, au 1er régiment d'artillerie à pied, le colonel Pernety, destiné pour la direction de Paris.

Le citoyen Pernety restera à   son régiment. Le commandement d'un régiment est la première place pour un colonel.


Paris, 8 février 1804

Au citoyen Régnier

Citoyen, le Premier Consul a jeté les yeux sur le projet de code criminel, correctionnel et de police, dont il a ordonné la communication aux tribunaux d'appel.

Il a pensé que les chapitres 18, 19 et 20, relatifs à la manière de procéder contre les auteurs ou complices de crimes contre la Constitution, à la mise en jugement des ministres, à la haute cour, traitent d'objets de haute politique, qui ne peuvent être soumis à l'examen et aux observations des tribunaux d'appel, ni livrés, sans inconvénients, à la discussion, avant un examen préalable de la part du Gouvernement. Le Premier Consul désire, en conséquence, que ces trois chapitres ne se trouvent pas dans les exemplaires dont il a ordonné la distribution aux tribunaux, et que vous suspendiez l'envoi du projet pour ne lui donner cours qu'après qu'il aura été cartonné.

Il juge convenable que tous profitiez de ce délai nécessaire pour faire rédiger un chapitre sur le jugement et la punition des délits qui auraient pour objet d'attenter à la vie du chef de l'État.


Paris, 10 février 1804

Au citoyen Régnier

Le Premier Consul désire, Citoyen Ministre, que vous écriviez au premier inspecteur de la gendarmerie nationale, aux préfets, aux commissaires du Gouvernement près les tribunaux criminels et correctionnels et aux commissaires de police, une circulaire par laquelle vous leur transmettrez les instructions suivantes :

Tout colporteur, soit ecclésiastique, soit laïque, de mandements publiés par les évêques rebelles à la religion et à la patrie, doit être poursuivi avec la plus grande activité. Ces évêques soudoyés par les ennemis de l'État, ne cherchant qu'à rallumer la discorde, sont, ainsi que les colporteurs de leurs écrits séditieux, les ennemis de l'ordre public. Tout ecclésiastique qui n'est point dans la communion de son évêque doit être exactement surveillé et dénoncé au grand juge.

Les principes du Gouvernement sont de reconnaître les religions anciennement établies : c'est conformément à ces principes qu'il ne peut tolérer ni la secte des théophilanthropes, ni les ecclésiastiques qui ne sont ni réunis à la communion de leur évêque, ni soumis au concordat.

Le Premier Consul est informé, Citoyen, que cinq ecclésiastiques appartenant à cette catégorie ont colporté dans le diocèse de Blois une circulaire de l'ancien évêque réfugié en Espagne. Il me charge de vous faire connaître l'intention où il est que des mandats d'arrêt soient décernés sur-le-champ contre ces cinq ecclésiastiques, dont le citoyen Portalis vous fera connaître les noms. Ces individus seront ensuite envoyés à Rimini. On prendra des précautions pour qu'en les arrêtant on saisisse les exemplaires de la circulaire. Le Premier Consul désire qu'en même temps que vous transmettrez ces ordres vous fassiez connaître au préfet de Loir-et-Cher la surprise avec laquelle le gouvernement a vu que ces manœuvres ont échappé à sa surveillance, et que l'on n'en a pas été informé par lui.


Paris, 10 février 1804

NOTE POUR LE CITOYEN RÉAL

La maison à côté de l'hôtel d'Orléans, rue des Petits-Augustins à droite en entrant, est une espèce d'hôtel sans enseigne, très-suspect. Bourmont, avant le 3 nivôse, s'y rendait tous les jours. On est fondé à penser qu'il y avait là des amas d'armes. Le maître de la maison était connu pour un forcené chouan. Après le 3 nivôse, il s'attendait à une visite domiciliaire. Je désire qu'il soit fait une visite dans cette maison; que les individus qui pourraient y demeurer soient examinée et que le maître, s'il est le même qu'au 3 nivôse, soit arrêté et conduit en prison.


Paris, 10 février 1804

Au citoyen Barbé-Marbois

Le ministre du trésor public répondra à la Banque que le Premier Consul n'entend jamais donner plus d'un demi pour cent, et que le gain que la Banque ferait au delà serait un gain illicite, que désavoueraient les actionnaires sensés et qui porterait atteinte aux effet qui sont la base de toutes les opérations de la place.

Que d'ailleurs les obligations ont l'inappréciable avantage de ne faire courir à la Banque aucun risque, avantage que ne peut présenter aucun effet de commerce, quelque solide qu'il soit, et de quelques signatures qu'il se trouve revêtu;

Que les administrateurs de la Banque doivent considérer qu'ils iraient contre leur institution, lorsqu'ils chercheraient à faire hausser l'escompte et à décrier un effet tel que les obligations, et que tout commerce s'en ressentirait.

Le Premier Consul a vu avec la plus grande peine, dans le dernier état de situation de la Banque, que, dans un moment où il était forcé par les besoins du trésor public et le retard de quelques effets de commerce à faire escompter des obligations à trois quarts, la Banque avait 50 millions dans ses coffres et 26 millions seulement en circulation.

Enfin il y a en France beaucoup de manufacturiers, beaucoup de négociants qui ont besoin d'escompter; et le Premier Consul ne pourra reconnaître les sentiments dont les régents de la Banque se disent animés que quand il verra l'escompte constamment ouvert aux manufacturiers et aux négociants, et la Banque occupée à pratiquer les moyens qui peuvent tendre à maintenir margent à un bas intérêt.


Paris, 10 février 1804

Au citoyen Talleyrand

Je désire, Citoyen Ministre, que vous passiez une note à M. d'Hervas, par laquelle vous lui ferez connaître que je n'ai pu voir qu'avec indignation qu'un envoyé d'Espagne s'obstine à protéger M. de Coucy, ancien évêque de la Rochelle, et M. de Thémines, ancien évêque de Blois, rebelles au Pape comme au Gouvernement, fomentant perpétuellement le désordre dans leurs anciens diocèses par des circulaires contraires à la fois à la religion et à l'État; que j'exige qu'il envoie un courrier extraordinaire à Madrid pour demander leur arrestation et leur extradition en France; que le Premier Consul ne peut penser que Sa Majesté Catholique veuille encourager sous ce titre la rébellion en France; que cette conduite serait d'autant plus extraordinaire qu'elle est contraire à tout traité et à la conduite de la France envers l'Espagne.

Vous écrirez, par le même courrier extraordinaire qu'expédiera M. d'Hervas, au général Beurnonville qu'il parle dans ce sens au prince de la Paix, que je verrai par là si le ministère espagnol veut ou non vivre en bonne intelligence avec moi. Il lui dira que, s'il veut fomenter des troubles en France, il a affaire à un homme qui saura bien en porter en Espagne; que j'attends que ces deux hommes soient arrêtés, leurs papiers saisis, et qu'ils me soient livrés. Cependant, après beaucoup de difficultés, je pourrai consentir qu'ils ne soient point envoyés en France, si on veut les envoyer dans les présides Espagnoles d'Afrique.


Paris, 10 février 1804

Au contre-amiral Decrès

Recommandez à Boulogne d'avoir soin des bateaux de Terre-Neuve et surtout de leur mâture et de leur voiture. Faîtes-leur installer le plus grand nombre d'avirons qu'ils peuvent porter, et ordonnez qu'on s'en procure le nombre nécessaire pour cette espèce de bâtiments.

Ces bâtiments peuvent porter 25 hommes, et, dans des temps calmes et de très-petits vents, peuvent être d'une certaine ressource.

Je vous prie de me faire connaître le nombre de prames qui sont en armement, afin que j'y destine des garnisons de cavalerie. Enfin il est nécessaire que vous donniez l'ordre de faire partir de Paris le plus possible d'obusiers de 6 et 8 pouces, ainsi que de pièces de 4, pour Boulogne. L'artillerie de terre me mande que cent obusiers de 8 pouces arrivent, et je vous ai fait connaître déjà l'importance que j'attache à ce que chaque chaloupe canonnière porte un de cesobusiers.


La Malmaison, 13 février 1804, 5 heures.    

Au citoyen Réal

Citoyen Réal, Conseiller d'État, je vous envoie la lettre du général Savary. Renvoyez-la au général Moncey, avec la lettre ci-jointe, par laquelle je lui donne l'ordre de faire partir sur-le-champ, en poste, un officier et deux brigades de la légion de gendarmerie d'élite pour Gournay, un officier et deux brigades pour Forges, un officier et 30 gendarmes à cheval pour se rendre en toute hâte à Lyons.

Je donne ordre également qu'on fasse partir 50 dragons et un officier de Beauvais pour Gournay, où ils se rendront à marches forcées.

Je donne ordre également que l'on fasse partir 50 hommes à cheval pour Vernon, 50 pour Limay et 50 pour Meulan.

Ces détachements sont destinés à prêter main-forte à la gendarmerie et à se porter à la rencontre des brigands dans les bois, ou le long de la Seine, pour les saisir au moment où ils voudraient la passer.

Je serai ce soir, à dix heures, aux Tuileries.

Ci-joint des renseignements qui peuvent avoir des conséquences.


La Malmaison, 13 février 1804

Au général Moncey

Vous ferez partir sur-le-champ, en poste, un officier et deux brigades de la gendarmerie d'élite pour Gournay, un officier et deux brigades pour Forges, un officier et 30 gendarmes à cheval pour se rendre en toute hâte à Lyons.

J'envoie l'ordre à Beauvais d'en faire partir 50 dragons et un officier pour Gournay, où ils se rendront à marches forcées.

Je donne ordre également que l'on fasse partir 50 hommes à cheval pour Vernon, 50 pour Limay et 50 pour Meulan.

Ces détachements sont destinés à prêter main-forte à la gendarmerie et à se porter avec elle à la rencontre des brigands.

Je serai ce soir, à dix heures, aux Tuileries.


La Malmaison, 13 février 1804

Au général Moncey

Citoyen Général Moncey, Premier Inspecteur général de la gendarmerie, par la lettre ci-jointe du général Savary, vous verrez qu'on a vu dans les forêts de Lyons, de Gournay et de Neufchâtel, des bandes de brigands. Faites partir sur-le-champ en poste, de manière qu'ils y arrivent avant la journée de demain, un officier et deux brigades de la légion d'élite, qui se rendront à Gournay, un autre officier et deux brigades, qui se rendront à Forges. Ils prendront les mesures convenables pour se procurer des chevaux de réquisition à la journée. Vous donnerez aux officiers l'argent et les autorisations nécessaires.

Faites partir dans la nuit un officier et 30 gendarmes à cheval, qui se rendront en toute hâte à Lyons. J'ai donné l'ordre au ministre de la guerre de faire partir de Beauvais un officier et 50 dragons pour Gournay.

Prévenez de nouveau le capitaine de gendarmerie de l'Eure et le général du département qu'il paraît que les brigands fileront de forêt en forêt pour traverser la Seine et se jeter dans le département de l'Eure, et qu'ils erreront dans les forêts de Lyons, Gournay et Forges.

Le chef d'escadron de gendarmerie Lacour aura sans doute été prévenu par Savary, et aura pu se mettre en mouvement avec les 100 dragons sous ses ordres.


La Malmaison, 13 février 1804

Au général Moncey

Citoyen Général Moncey, Premier Inspecteur général de la gendarmerie, je reçois votre lettre. Je vous ai écrit à six heures pour ordonner le départ de deux détachements de la gendarmerie d'élite chacun composé d'un officier et deux brigades, pour se rendre en poste à Forges et Gournay, ainsi que le départ de 30 gendarmes pou se rendre sur leurs chevaux à Lyons.

Faites partir, dans la nuit, en poste, 20 gendarmes d'élite à pied, qui se rendront à Dieppe. Vous prendrez, à cet effet, deux diligences.

Apportez-moi ce soir, à dix heures, aux Tuileries, la note de toute la gendarmerie qui a été envoyée, afin que je désigne plusieurs officiers supérieurs pour coordonner ces mouvements. Je vous ai écrit d'écrire dans l'Eure. Certainement ils chercheront à traverser l'Eure pour se jeter dans l'Orne. Il y a là un général zélé qui a quelque troupes; qu'il les forme en colonnes pour se concerter avec la gendarmerie, et se mette en correspondance avec les piquets qui peuvent se trouver sur la rive droite de la Seine. Envoyez à Rouen 10 gendarmes d'élite et un officier pour aider la gendarmerie dans cette ville. 


La Malmaison, 13 février 1804

Au général Berthier

Donnez ordre, Citoyen Ministre, par un courrier extraordinaire qu'un officier et 50 hommes du dépôt du 14e régiment de dragons qui doit être à Beauvais, se rendent à Gournay à marches forcée d'où ils se mettront à la poursuite, d'une bande de brigands qui se trouve entre Gournay et Forges, et donneront main-forte à la gendarmerie.

Avant de donner cet ordre, vérifiez si ce dépôt est arrivé à Beauvais. Le général Lucotte veillera à ce que ce détachement ne manque de rien.

Écrivez au général commandant à Rouen de tenir un fort poste cavalerie à Pont-de-l'Arche, qui puisse se porter le long de la rivière de la Seine si les brigands tentaient de la passer, ou dans les bois à leur rencontre, et donner main-forte à la gendarmerie. 

Donnez ordre au gouverneur de Paris de faire partir 50 hommes à cheval pour Vernon, 50 pour Limay et 50 pour Meulan.

Ces détachements de cavalerie prêteront main-forte à la gendarmerie, soit pour marcher à la rencontre des brigands qui sont dans les forêts de Gournay, soit pour les saisir au moment où ils voudraient passer la Seine.

Prévenez le général Moncey de ces mouvements.


La Malmaison, 13 février 1804, 8 heures du soir.

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

Nous sommes depuis huit jours à la poursuite de 40 brigands, composés de Georges et de sa bande, qui ont débarqué, en trois fois différentes, entre le Tréport et Dieppe.

Une troisième bande doit débarquer, composée de 20; comme nous en avons arrêté tous les hommes qui doivent leur faire des signaux, Savary les attend à Biville.

Il est cependant nécessaire que vous doubliez les postes sur la côte, afin que, s'il arrivait, ce que je ne pense pas, qu'ils ne pussent pas débarquer, à cause des vents, aux points où on les attend, qu'ils ne débarquassent pas sur les côtes de votre année.

Faites arrêter sur-le-champ les matelots et équipages du pêcheur qui a communiqué avec les Anglais; je me reproche d'avoir négligé, dans le temps, de le faire arrêter.

........................................ (ligne illisible)

........................................ (ligne illisible)

Faites arrêter l'agent que le nommé (illisible) avait, de son propre mouvement, envoyé à Boulogne.

Ayez une conférence secrète avec le maire et autres; tous ceux que, dans le fond de leur conscience, ils croient avoir des conférences avec l'Angleterre, faites-les arrêter sur-le-champ.

Plus de treize de ces premiers brigands sont arrêtés; une bande est dans les forêts de Gournay, d'Eu, de Forges et de Lyons. Enfin ce misérable Pichegru est venu avec Georges et ses brigands dans Paris; nous savons où ils ont couché dimanche. Des dépositions d'hommes arrêtés compromettent même des généraux aujourd'hui plus marquants. Si cela se confirme, j'en ferai bonne justice.

J'ai cru devoir vous faire connaître sur-le-champ les premiers soupçons, afin que cela puisse vous mettre sur les traces de quelque intrigue que ce soit, s'il y en a dans votre armée.

N'ayant pas le temps d'écrire à Davout, faites-lui passer ces mêmes renseignements.

A l'obscurité qui règne dans une des parties de ma dépêche, vous devez sentir que je ne tiens pas encore à cette dernière partie pour prononcer.

La police me fait espérer que, dans la fin de cette journée, elle aura Lajolais, Pichegru et Georges.


Paris, 14 février 1804

Au général Davout, commandant le camp de bruges

Citoyen Général Davout, je donne ordre au général Ver Huell de faire partir pour Ostende la première partie de la flottille batave. Dès l'instant qu'elle sera arrivée, vous y ferez fournir les garnisons par les corps qui sont désignés dans l'instruction que je vous ai envoyée. Les corvettes de pêche doivent avoir eu l'ordre de partir pour Dunkerque. Une partie de vos écuries devrait être aussi rendue à Boulogne ou à Calais. Toutefois, voilà déjà deux divisions de votre armée dont les moyens d'embarquement sont assurés. Il me semble qu'une seconde partie de la flottille batave pourra aussi bientôt partir. Il paraît que Dunkerque a besoin de garnisons. Les garnisons qui débarqueront de la première partie de la flottille batave seront envoyées sur-le-champ à Dunkerque. Il ne doit être mis aucun soldat sur bâtiments de transport. Ces soldats ne peuvent rien ajouter à la défense de ces bâtiments, et, s'il arrive que les événements de mer font tomber au pouvoir de l'ennemi, c'est ajouter à ce malheur la perte de plusieurs braves gens.

Nous avons découvert ici une trame ourdie avec beaucoup mystère. Georges et une trentaine de brigands de sa bande était cachés à Paris depuis plusieurs mois. Pichegru était avec eux de quinze jours. Une partie est arrêtée; on est à la poursuite de l'autre partie. Leur ligne de communication de Paris au Tréport est saisie et il y a quelque probabilité d'avoir dans les mains Pichegru et Georges. D'autres individus sont évidemment compromis. J'attends que cela s'éclaircisse davantage pour en faire une sévère justice. On m'assure qu'il y a dans votre armée quelques officiers du 11e régiment de chasseurs qui nourrissent des sentiments de faction. Il y en a qui prétendent même que le colonel est un homme sur lequel le Gouvernement ne doit pas exclusivement compter.


 Paris, 15 février 1804

Au citoyen Régnier

Il est nécessaire, Citoyen Ministre, en même temps que vous ferez arrêter le général Moreau, de faire mettre les scellés sur ses papiers, tant à Paris qu'à Grobois, afin de faire procéder à leur dépouillement.


Paris, 15 février 1804

Au citoyen Lavalette

Citoyen Lavallette, Commissaire du Gouvernement près les postes, on m'assure qu'un des directeurs de la poste recevait les lettres du général Moreau. Arrêtez ses paquets et faites-les ouvrir pour en tirer les lettres adressées à ce général, qui, à l'heure qu'il est, doit être arrêté.


Paris, 15 février 1804

Au contre-amiral Ver Huell, commandant la flottille batave

Monsieur le Contre-Amiral Ver Huell, vous partirez au premier temps favorable avec la première partie de votre flottille, et vous vous rendrez à Ostende. Là, vous mettrez la flottille sous les ordres d'un capitaine de vaisseau qui ait votre confiance, et vous retournerez à Flessingue pour organiser la seconde partie. Faites-moi connaître quand elle sera prête.

Les garnisons de la première partie de la flottille seront mises en règle à Ostende, et elle se chargera des vivres qu'on doit y mettre pour la traversée. On fera faire aussi là l'arrimage, de la manière conforme à l'instruction. En cas que le ministre de la marine ne vous l'ait pas envoyée, j'en joins ici un exemplaire.

Je désirerais bien que la seconde partie pût ne pas tarder à partir.


Paris, 16 février 1804

Au citoyen Régnier

Je désire, Citoyen Grand Juge, que vous lanciez un mandat d'arrêt contre le général Souham (Joseph Souham, 1760-1837. Ses relations amicales avec Moreau vont le conduire, pour 40 jours, à l'Abbaye. Mais l'Histoire retiendra de lui sa défection à Essonnes, en 1814) et contre le général Liébert (Jean-Jacques Liébert, 1758-1814. Il va être arrêté comme complice de Moreau, puis relâché. Il sera gouverneur de stettin en 1809), comme prévenus de conspiration contre l'État avec les généraux Moreau, Pichegru et le brigand Georges. (Moreau a été arrêté le 15 février)

Vous voudrez bien lancer un mandat d'amener contre madame Souham.

Arrivés à Paris, vous les ferez mettre au secret et interroger sur leurs relations avec le général Moreau et Pichegru, et particulièrement sur ce qui a été tramé à leur dernier voyage et sur les papiers trouvés sur l'agent David.

Le général Moncey chargera un officier de gendarmerie de toute ces arrestations.  On fera mettre les scellés sur les papiers.

Un officier de gendarmerie se rendra chez le ministre de la guerre qui lui remettra des ordres qui leur feront connaître qu'ils cessent de commander les divisions militaires là ils sont employés; que dans une heure de la réception de l'ordre, ils cesseront de commander, et qu'ils remettront le commandement au plus ancien général de brigade, qui conservera ce commandement jusqu'à ce que les généraux de division qui remplaceront les généraux Souham et Liébert soient arrivés.


Paris, 16 février 1804

Au citoyen Régnier

Faites partir demain, Citoyen Ministre, madame Damas (Épouse du général Damas, impliqué au moment de l'arrestation de Moreau. Murat le fera libérer et passer au service du duché de Berg) pour se rendre dans une petite commune à son choix, à trente ou quarante lieues de Paris, en Bourgogne ou en Lorraine, où elle restera en surveillance.


Paris, 16 février 1804

RÉPONSE DU PREMIER CONSUL AU GÉNÉRAL DE BRIGADE CÉSAR BERTHIER

Le Premier Consul, après avoir remercié l'orateur des sentiments qu'il venait de lui exprimer au nom de l'état-major de la division militaire de Paris, a dit,

"Que les soldats de la République, qui avaient reçu du Peuple français l'honorable mission de le défendre contre ses ennemis, mission dont les armées s'étaient acquittées avec autant de gloire que de bonheur, avaient plus de droit que les autres citoyens de s'indigner des trames que notre plus cruel ennemi avait formées jusqu'au sein qu'au sein de la capitale; que, quels que soient les services rendus par des citoyens, ils n'en sont que plus coupables, lorsqu'ils oublient leurs devoirs envers leur patrie, et qu'ils ourdissent contre elle des trames criminelles; que les circonstances actuelles offriront à la postérité deux inconcevables exemples: qu'il a été trois jours sans pouvoir croire à des trames aussi noires qu'insensées, mais qu'il avait été forcé de se rendre à l'évidence des faits et de ne plus arrêter la marche de la justice; que jamais, sous son gouvernement, des hommes quels qu'ils soient, quels que soient les services qu'ils aient rendus, ne fausseront leurs serments et ne pratiqueront impunément des liaisons avec les ennemis de la France; mais que, dans les circonstances actuelles, l'union de tous les Français était un spectacle consolant pour son cœur; que ce n'était pas à eux qu'il avait besoin de répéter que ces attentats, si souvent renouvelés contre sa personne, ne pourront rien, n'eût-il autour de lui que le corps le moins nombreux de l'armée.


Paris, 16 février 1804

Au citoyen Cretet, directeur des ponts et chaussées

Citoyen Cretet, Conseiller d'État, je désirerais connaître ce qu'il y a de fait de la route qui traverse la Corse, d'Ajaccio à Bastia, depuis vendémiaire an XII; ce qu'on compte y dépenser dans l'an XII, et ce qu'il faut faire encore pour qu'une voiture puisse, sans dételer, se rendre de l'une à l'autre de ces villes.

Je désire également que vous donniez l'ordre de travailler cette année à rendre très-praticables pour les voitures les routes depuis le mouillage des Sanguinaires, golfe d'Ajaccio, jusqu'à la ville, et depuis Ajaccio jusqu'au petit port de Provenzale; enfin qu'on travaille pour achever le pont d'Ucciani, et qu'on fasse le devis et projet de deux ponts en bois les plus économiques possible sur les rivières de Liamone et Gravone, de manière que les routes d'Ajaccio à Vico et de Vico à Sartène ne soient jamais interceptées par le débordement de ces deux rivières.


Paris, 18 février 1804

RÉPONSE DU PREMIER CONSUL AU VICE-PRÉSIDENT DU SÉNAT

Depuis le jour où je suis arrivé à la suprême magistrature, un grand nombre de complots ont été formés contre ma vie. Nourri dans les camps, je n'ai jamais mis aucune importance à des dangers qui ne m'inspirent aucune crainte.

Mais je ne puis me défendre d'un sentiment profond et pénible, lorsque je songe dans quelle situation se trouverait aujourd'hui ce grand peuple, si le dernier attentat avait pu réussir; car c'est principalement contre la gloire et la liberté et les destinées du peuple français que l'on a conspiré.

J'ai, depuis longtemps, renoncé aux douceurs de la condition privée; tous mes moments, ma vie entière sont employés à remplir les devoirs que mes destinées et le Peuple français m'ont imposés.

Le Ciel veillera sur la France et déjouera les complots des méchants.

Les citoyens doivent être sans alarmes : ma vie durera tant quelle sera nécessaire à la nation . Mais ce que je veux que le Peuple français sache bien, c'est que l'existence sans sa confiance et sans son amour serait pour moi sans consolation et n'aurait plus aucun but.


Paris, 18 février 1804

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Il faut dépayser la femme Pocheton, tenant auberge au Mans, et faire tenir son auberge par une personne sûre.


Paris, 19 février 1804

DÉCISION

Le ministre de la guerre transmet des propositions faites par le chevalier d'Hervas, au nom du gouvernement toscan, sur le séjour des troupes françaises dans ce royaume.

Le citoyen Talleyrand répondra qu'il faut que la reine d'Étrurie  paye la solde du peu de troupes  qui sont en Toscane; que la ville de Livourne soit en état de siège; que ces mesures sont fondées sur ce que l'Angleterre n'a point reconnu le royaume d'Étrurie.


Paris, 19 février 1804

Au général Soult, commandant le camp de Saint-Omer

Citoyen Général Soult, je reçois vos lettres des 24, 25 et 27 (14, 15 et 17 février). Je vois avec plaisir que vos deux généraux de division sont rentrés. Ne laissez séjourner à Boulogne aucun étranger, de quelque nation qu'il soit. Chassez arbitrairement tout ce qui vous est suspect, en leur faisant dire que, si on les retrouve à tant de distance des côtes, ils seront traités comme prévenus d'espionnage.

Savary vient de saisir à Abbeville et au Tréport une correspondance d'espionnage tenue par des misérables, et quelques lettres de change anglaises.

Nous avons assigné à Faultrier cinquante bâtiments pour l'artillerie; mais il y en a trente et un du port de plus de 30 tonneaux et qui ne peuvent servir décuries.

J'ai vu avec plaisir l'action de la péniche commandée par l'enseigne de la Garde. J'ai vu avec grand plaisir que le convoi d'Ostende était arrivé, et que la croisière ennemie avait pris le large. J'aurais voulu plus de détails pour connaître si ce sont les batteries de côte ou les bâtiments qui ont repoussé l'ennemi.

Concertez-vous avec Combis pour réunir dans un même local les bâtiments-écuries. Nous sommes au ler ventôse (en fait, un jour avant), et je n'oublie pas que vous m'avez promis qu'au ler ventôse le bassin serait entièrement fini.

Je dois actuellement vous dire qu'il ne faut pas attacher aux affaires de Paris plus d'importance qu'elles n'en méritent.

Moreau, égaré par je ne sais quelle passion , s'était décidé à faire venir à Paris Pichegru; Lajolais avait été l'intermédiaire. Pichegru est arrivé; Georges et quarante brigands s'étaient introduits avec lui. Moreau a vu quatre fois Pichegru et Georges. Moreau a été arrêté; quinze ou seize brigands ont été également arrêtés; les autres sont en fuite. On
a saisi une quinzaine de chevaux et des uniformes dont on devait se servir pour m'attaquer sur la route de Paris à la Malmaison ou de la Malmaison à Saint-Cloud, avec mon piquet, qui est de 20 hommes, ordinairement, comme vous savez.

J'ai fait lire les interrogatoires au Sénat et au Conseil d'État, qui en ont été indignés. Moreau sera traduit devant les tribunaux. Moreau, interrogé, a montré la plus grande consternation. C'est un ingrat et un traître de plus que le Peuple français a à punir. Du reste, l'union règne entre toutes les autorités, toutes les troupes, tous les citoyens. Tout le monde a été peiné de tant d'extravagance et de tant de folie.

Je vous envoie l'état des obusiers de 6 et de 8 pouces, et des pièces de 4 pour péniches, qui doivent être arrivés à Boulogne. Faites-moî connaître si tout est arrivé.


Paris, 19 février 1804

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Général Davout, je reçois votre lettre du 25 (15 février). Remerciez le général Mathieu Dumas des renseignements qu'il me donne. On est sur la trace de Pichegru; mais c'est toujours à quelques jour de distance. Les interrogatoires de Moreau sont faibles et d'un homme trahi par sa conscience. Avant peu de jours, cette affaire sera remise aux tribunaux ordinaires. Elle aura de l'éclat. Les preuves sont très fortes et ressortent de tous côtés. Il est prouvé, comme l'évidence, que Moreau a vu quatre fois Pichegru et deux fois Georges; qu'il savait depuis longtemps l'existence de Georges et de sa bande à Paris. Il a tout nié, même d'avoir jamais eu des nouvelles de Pichegru depuis le 18 fructidor.

J'ai vu avec grand plaisir ce que vous me dites de la flottille batave. Je pense donc que la première partie pourra bientôt venir vous joindre. Il sera bien essentiel alors que vous organisiez sur-le-champ les garnisons comme elles doivent l'être. Ainsi, d'après ce que vous me dites, la deuxième partie de la flottille batave pourra bientôt vous arriver aussi. L'amiral Ver Huell, qui doit venir à Ostende avec première partie de la flottille, ne doit y-rester qu'un moment; il doit retourner prendre la seconde partie. Vous lui ferez connaître que sa flottille sera réunie dans un seul port et formera une aile de l'armée. Pendant qu'il sera à Ostende, il doit commander dans la rade et dans le port selon son rang d'ancienneté; s'il est plus ancien que le général Magon (Charles-René Magon de Médine, contre-amiral, 1763-1805. Il commande une division  de la flottille de Boulogne. Sera tué à Trafalgar), il le commandera. Quand sa flottille sera réunie dans le port, il y commandera en chef. C'est à vous et à vos généraux à bien traiter les officiers bataves. Il n'y a aucune difficulté à faire fournir au général Ver Huell les avirons qu'il demande, et à le favoriser le plus possible.

Parlez-moi des bateaux baleiniers; je n'entends pas dire qu'il en soit beaucoup arrivé.


Paris, 20 février 1804

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

La saison étant venue plus rigoureuse, il serait convenable de faire distribuer 150,000 francs aux comités de bienfaisance, afin d'augmenter les secours pour le pauvre.


Paris, 20 février 1804

Au général Murat

Citoyen Général en chef Murat, Gouverneur de Paris, l'évêque d'Orléans vous adressera un nommé Piquantin, de la Vendée. Vous l'emploierez près de vous comme agent secret, et vous lui ferez un traitement raisonnable par mois. Vous lui promettrez 2,000 francs pour chaque chouan qu'il ferait arrêter de ceux compris dans la procédure actuelle, et une plus forte somme s'il faisait arrêter Georges ou quelqu'un des chefs de sa bande. Il vous verra très secrètement et de manière qu'il ne soit pas compromis. Il devra vous faire un rapport tous les jours.


Paris, 20 février 1804

Au contre-amiral Decrès

Je vous prie de d'apporter demain un arrêté pour que les déserteurs de la flottille soient traités comme les déserteurs de l'armée de terre.

Le général Magon n'a pas reçu l'ordre de faire filer les corvettes d'Ostende sur Dunkerque; veuillez le lui donner sur-le-champ.

Écrivez au général Lacrosse, que, dans l'apostille du préfet, du 28, je vois que les embarcations anglaises ont manqué de prendre le bateau du pilote à Boulogne, qui venait au secours des bâtiments  échoués, qui devaient être dès lors bien près de la côte. Pourquoi n'avoir pas fait sortir quelques canonnières ou péniches pour protéger l'entrée de ces convois ?


Paris, 21 février 1804

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, je reçois votre lettre du 28 pluviôse (18 février). Je vois avec plaisir qu'indépendamment des 60 bâtiments partis d'Ostende 30 autres partent. De tous côtés les armements se préparent. Établissez une grande surveillance pour empêcher que les matelots ne désertent. Punissez-les sévèrement. Je vais prendre demain un arrêté pour qu'ils soient traités comme les déserteurs de l'armée de terre.

Je crois vous avoir déjà dit que les garnisons des 81 corvettes de pêche doivent être fournies par la division de Dunkerque.

Faites-moi connaître le nombre d'écuries que les Hollandais peuvent vous fournir. Il faut qu'ils vous en fournissent au moins pour les 600 chevaux de vos deux régiments de cavalerie. Les chevaux qui seront embarqués sur les corvettes de pêche seront des chevaux d'artillerie. La prame de Gand et les deux d'Anvers, qui doivent être prêtes, pourront aussi embarquer des chevaux. Indépendamment des bâtiments de transport que la flottille batave doit vous fournir, savoir, un bâtiment par bataillon pour les gros équipages, il faut qu'il y en ait quelques-uns pour porter la grosse artillerie. Causez de tout cela avec l'amiral Ver Huell, et faites-moi connaître ce qu'il espère avoir pour le 15 ventôse (6 mars).


Paris, 21 février 1804

Au général Junot, commandant les grenadiers de la réserve à Arras

Citoyen Général Junot, je vous prie de me faire connaître si les capotes sont arrivées, la situation réelle de vos bataillons, s'ils ont leurs bidons, leurs épinglettes, leurs deux paires de souliers dans le sac et enfin tout ce qui leur est nécessaire pour la campagne.


Paris, 22 février 1804

Au citoyen Régnier

La commune de Saint-Jean-de-Mont, Citoyen Ministre, est le principal village du Marais, département de la Vendée. Je désirerais qu'il y eût un commissaire de police auquel on allouerait 3, 000 francs de traitement, et qui exercerait son influence sur tout le Marais.

Je désire également qu'il y ait à demeure, dans cette commune, une brigade de gendarmerie. Un juge de paix y serait également très-nécessaire. Faites-moi un rapport sur ce dernier objet.


Paris, 22 février 1804

Au citoyen Chaptal, ministre de l'intérieur

Mon intention, Citoyen Ministre, est qu'il y ait une école secondaire à Saint-Jean-de-Mont, principale commune du Marais, département de la Vendée. Faites choisir la meilleure maison qu'on y trouvera, nommez des instituteurs, et prenez des mesures pour mettre cette école en pleine activité avant deux mois. On y entretiendra, aux frais de l'État, cinquante jeunes gens du Marais et autres communes du département de la Vendée, dont la pension sera payée à raison de 400 francs. On leur enseignera à lire, à écrire, et les premiers principes du latin, de la géographie et de l'histoire.


Paris, 22 février 1804

Au citoyen Talleyrand, ministre des relations extérieures

Les Espagnols ne payent point leurs subsides, Citoyen Ministre; ils devraient avoir payé au 1er ventôse 36 millions, et ils n'en ont pas payé 15. Je désire que vous ayez une explication à ce sujet avec le chargé d'affaires. J'ai compté sur cet argent pour le service.


Paris, 24 février 1804

NOTE POUR LE PREMIER INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'ARTILLERIE

Le Premier Consul a ordonné qu'un certain nombre d'obusiers de 8 pouces soit fourni à la marine : combien doit-il en être fourni ? combien en a-t-on fourni ? combien croit-on qu'on en pourra fournir dans le courant de ventôse ? dans quels ports ? Ces obusiers sont destinés à être placés sur les chaloupes canonnières.

Avec chaque obusier, la terre devait fournir une certaine quantité  d'obus; combien en existe-t-il à Boulogne ?

Le Premier Consul a demandé un certain nombre d'obusiers de 6 pouces pour armer les péniches : combien en a-t-il été fourni ? dans quels ports ? combien pourra-t-on en fournir encore dans le mois ?

Combien y a-t-il d'obus de six pouces à Boulogne ? Il faut qu'il puisse en être fourni au moins 100 par obusier.

Le Premier Consul a demandé un certain nombre de pièces de 4 pour armer les péniches : combien en a-t-il été fourni ? dans quels ports ?

Le Premier Consul a demandé un certain approvisionnement de cartouches de 4, à boulets et à balles, pour le service des péniches : qu'a-t-on demandé ? qu'y a-t-il de fait ?

L'artillerie doit fournir un certain nombre de pièces de 24, de 16 ou de 18 à la marine : combien en a-t-elle fourni ? combien a-t-elle à en fournir ? combien pourra-t-elle en fournir par mois ? dans quels ports a-t-elle fourni ?

Le Premier Consul avait demandé un certain nombre de pièces de, 3 qui pesassent moins de 400 livres : combien en a-t-on fourni ? Il a demandé depuis des boulets : les a-t-on fournis ?

Le Premier Consul avait ordonné que l'on construisît un certain nombre d'affûts de côte de 36 ; il avait ordonné qu'ils fussent faits à la Fère ou à Paris : combien y en a-t-il de faits ? Cela intéresse l'expédition, attendu qu'il y a au Havre un grand nombre de pièces de 36 que l'on mettrait sur la côte, ce qui permettrait de retirer les pièces de 24.

Quelle quantité de poudre compte-t-on embarquer ? Où est-elle ? Quel est le nombre d'outils qu'on se propose d'embarquer ?

État d'installation de la flottille d'après les nouveaux essais, comparé à celui envoyé par le ministre.

Quelle est la quantité de boulets creux que l'on a à Boulogne ? A-t-on des fusées pour obus de 6 et de 8 pouces ?


Paris, 25 février 1804

PROJET DE SÉNATUS-CONSULTE

ARTICLE 1er. - Les fonctions du jury seront suspendues pendant le cours de l'an XII et de l'an XIII, dans tous les départements de la République, pour le jugement des crimes de trahison, d'attentat contre la personne du Premier Consul, et autres contre la sûreté intérieure et extérieure de la République.
ART. 2. - Les tribunaux criminels seront à cet effet organisés conformément aux dispositions de la loi du 23 floréal an X, sans préjudice du pourvoi en cassation.
ART. 3. - Le présent sénatus-consulte sera transmis par un message aux Consuls de la République. .
Le projet de sénatus-consulte ci-dessus sera présenté au Sénat demain, 6 du courant (26 février), par les citoyens Regnaud de Saint-Jean-d'Angély et Bigot de Préameneu, conseillers d'État, orateurs du Gouvernement.


Paris, 25 février 1804

Au citoyen Portalis

Je vous prie, Citoyen Conseiller d'État, de faire donner 20,000 francs à l'évêque de Coutances, dont 10,000 pour lui, et 10,000 pour son diocèse.

Faites faire un état de ce qui peut être nécessaire aux différentes églises de Paris, jusqu'à la concurrence de 50,000 francs.

Faites donner 10,000 francs à l'évêque de Meaux.


Paris, 27 février 1804

Au général Berthier

Le département du Finistère, Citoyen Ministre, formera l'arrondissement de l'armée d'Irlande, et sera directement sous les ordres du général en chef Augereau.

Donnez l'ordre que deux bataillons des 7e et 16e régiments d'infanterie légère, deux du 37e, deux du 24e, un du 70e, un du 65e et un du 47e régiment de ligne, chaque bataillon complété à 800 hommes, officiers compris, se rendent sur-le-champ à Brest pour former le camp.

Faites-moi connaître l'état de situation, au ler ventôse, des 70e, 65e et 47e régiments, afin que je voie s'ils peuvent former un second bataillon de 7 à 800 hommes.

Vous préviendrez le général Augereau qu'il cantonnera les troupes soit à Brest, soit dans les environs, de la manière qu'il jugera la plus convenable, ayant soin cependant de les réunir le plus possible et de les tenir nécessairement dans le département du Finistère.


Paris, 27 février 1804

DÉCISION

Rapport du citoyen Français (de Nantes) sur les octrois et sur les additions et suppléments dont ils sont susceptibles.

Renvoyé au citoyen Lebrun. Il parait nécessaire de mettre les octrois et la perception du droit de passe dans les attributions du même ministère que les droits réunis. Je prie le citoyen Lebrun de voir tous les arrêtés relatifs aux ministères des finances et de l'intérieur, et de me proposer un projet d'arrêté pour partager différemment leurs attributions.


Paris, 27 février 1804

NOTE POUR LE CITOYEN DENON

Demander à Denon des projets de monuments pour être placés sur les champs de bataille

De Dego;
Mondovi, à la redoute;
Pont de Lodi, où il y avait un saint;
Valeggio, sur la hauteur;
Lonato, Castiglione, Rivoli, Ronco, la Favorite, Marengo.
Dans la maison de Cherasco, où la paix a été signée avec le roi de Sardaigne, une table de marbre avec une inscription;
Dans la maison de Tolentino, la même chose, pour la paix avec le Pape;
Dans celle de Mombello, la même chose; on rappellerait le traité de Campo-Formio.
Le minimum de chacun, dix mille francs.
Le maximum, vingt mille francs.
Celui de Marengo seul serait d'un ordre supérieur.

Sur chacun, une table de marbre avec la véritable relation de la bataille, que l'on ferait faire avec soin.

Mettre également des tables de marbre sur les portes de Mantoue, pour faire connaître les détails du site de Wurmser et la généreuse capitulation qui lui fut accordée.

Faire faire par la République ligurienne un monument à Montenotte, qui ne coûte pas plus de dix mille francs.

Demander à Denon trois portraits en pied par Gros :

Un pour Lyon, avec Comices de Lyon;
Un pour Rouen, avec Voyage à Rouen;
Un pour le tribunal d'appel de Paris, avec Code civil.

Envoyer en Italie celui de David.

Avoir pour la nouvelle école militaire des tableaux de bataille. Remettre au Premier Consul les tableaux de la bataille du mont Thabor et de Marengo, qui se trouvaient au dernier salon. Cette bataille de Marengo est une autre que celle de Lejeune.

Faire faire un grand tableau pour l'acte de médiation donné aux Cantons suisses, avec beaucoup de députés, dont dix-neuf en costumes.


Paris, 27 février 1804

DÉCISION

On soumet au Premier Consul un aperçu des dépenses de l'opéra des Bardes.

Ces dépenses paraissent bien fortes, surtout cet opéra devant  n'être donné qu'en été.


Paris, 27 février 1804

Au contre-amiral Decrès, ministre de la marine et des colonies

Voici la réponse aux demandes du citoyen Combis, directeur de la flottille de transport.

Pour combien de jours embarquera-t-on de vivres pour l'équipage d'un bateau ? Dix jours de vivres de mer sont plus que suffisant. Quant aux passagers, on portera pour chaque homme qui s'embarquera du biscuit pour trente jours.

Sur les bâtiments d'artillerie et sur ceux affectés aux troupes, ne mettra que le nombre de passagers nécessaire; il est à présumer que ce nombre montera à dix.


Paris, 28 février 1804

ORDRE

Le Premier Consul ordonne qu'à sept heures du soir les barrières de Paris seront fermées. Tout ce qui se présentera pour entrer entrera librement; on ne laissera rien sortir jusqu'à demain à six heures du matin. Sont exceptés du présent ordre les seuls courriers de malle, qui seront chargés de faire connaître que les barrières ont été fermées la nuit que pour empêcher Georges et une quarantaine de brigands de s'échapper.

Le gouverneur de Paris et le préfet de police feront exécuter sur-le-champ le présent ordre.


Paris, 28 février 1804

LE SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU CITOYEN DUBOIS, PRÉFET DE POLICE
(Louis-Nicolas Dubois, 1758-1847)

L'intention du Premier Consul, Citoyen Préfet, est que sur-le-champ, toutes les petites barrières de Paris soient fermées et que personne ne puisse y passer, soit à pied, soit à cheval, soit en voiture.

Il y aura à chacune des trente-six grandes barrières un agent de police avec deux gendarmes. Toutes les personnes qui sortiront de Paris, soit à pied, soit à cheval, soit en voiture, hommes ou femmes, sans aucune exception, seront tenues de descendre au corps de garde, où on les confrontera avec le signalement de Georges et des quinze brigands qui ont pu être signalés. On portera à l'exécution de ces Dispositions la surveillance et la sévère exactitude pour chacun de ces misérables ne puisse échapper. Les mêmes précautions seront prises pour les batelets, bateaux, coches et trains de bois, à la sortie de la rivière, soit en remontant, soit en descendant. A cet effet, il sera établi des batelets avec un agent de police et deux ou trois gendarmes ou soldats, qui s'assureront qu'aucun batelet, bateau, coche ou train de bois ne remonteront ni redescendront la rivière pour sortir de Paris, sans avoir passé au corps de garde et subi la vérification du signalement.

Le Premier Consul donne des ordres au gouverneur de Paris pour qu'il y ait des sentinelles à vue le long de toutes les murailles, afin qu'on ne puisse les escalader. Il faudra surveiller spécialement les murs qui servent de clôture à des maisons ou jardins, tels que Monceaux et autres maisons, soit publiques, soit particulières.

Les brigands sont tous à Paris; ils sont nombreux; il faut les y enfermer, afin de les avoir tous.


Paris, 28 février 1804

Au général Murat, gouverneur de Paris

Vous trouverez ci-joint deux ordres que j'ai donnés aux matelots de la Garde et à trois détachements, chacun de 60 hommes, de la Garde à cheval.

Les matelots de la Garde et la Garde à cheval fourniront le même détachement jusqu'à nouvel ordre. Il faut que les sentinelles d'infanterie et de cavalerie soient en vue, de manière que rien ne puisse échapper.

Affectez trois officiers supérieurs à la surveillance des barrières et des murailles, en leur donnant les mêmes arrondissements que j'ai donnés aux capitaines de la Garde à cheval. Recommandez bien que les malles des postes qui sortiront soient bien fouillées; cochers, postillons, courriers même, ainsi que le derrière des voitures contenant les paquets, doivent être examinés avec la plus grande attention. Demain au jour, lorsque les voitures pourront sortir de Paris, que tout soit examiné avec la plus grande attention, et le moins qu'un homme soit suspect ou n'ait pas ses papiers en règle, qu'on lui interdise la sortie et qu'il soit envoyé à la préfecture de police.


Paris, 28 février 1804

ORDRE

Deux officiers de la marine de la Garde seront commandés sur-le-champ de service. Ils auront chacun 15 matelots de la Garde avec eux. Un se rendra à la Rapée avec son détachement, l'autre aux Bons-Hommes. Ils feront monter quatre nacelles par leur équipage à chaque station, et resteront toute la nuit en rivière pour empêcher aucun batelet de sortir pendant la nuit. Ils laisseront entrer librement dans Paris tout ce qui se présentera pour entrer. Tout ce qui se présenterait pour sortir, ils l'amarineront et le mèneront au corps de garde de l'enceinte qui donne sur la rivière. Ils seront demain, à six heures du matin, relevés par un autre détachement.


Paris, 28 février 1804

ORDRE AU GÉNÉRAL BESSIÈRES, COMMANDANT LES TROUPES A CHEVAL DE LA GARDE DES CONSULS

Il sera commandé trois capitaines de la Garde à cheval, six lieutenants ou sous-lieutenants et 180 cavaliers.

Un capitaine prendra la surveillance de toutes les murailles, depuis Chaillot jusqu'à la barrière de la porte Saint-Denis;

Le second capitaine, depuis la barrière de la porte Saint-Denis jusqu'à la Rapée;

Le troisième, depuis la Rapée jusqu'à la barrière des Douanes, près l'école Militaire.

Chaque capitaine aura sous ses ordres deux lieutenants ou sous-lieutenants et 60 hommes; il distribuera ces 60 hommes par petits postes, le long de la muraille, en plaçant des actionnaires partout où la garnison de la place n'en aurait pas mis, et de manière à veiller toutes les murailles pour que personne ne puisse se sauver de Paris pendant la nuit.

Ils seront prévenus qu'un détachement de matelots de la Garde doit croiser sur la rivière, tant du côté des Bons-Hommes que du côté de la Rapée, afin d'empêcher aucun bateau de sortir.

Les chevaux resteront sellés toute la nuit.

Les postes seront relevés à six heures du matin par un pareil nombre d'hommes.

Le gouverneur de Paris et le préfet de police ont reçu des ordres pour que personne ne puisse sortir la nuit de Paris par les barrières, hormis les malles de la poste.

Le général de service recommandera aux capitaines de la Garde de se concerter avec les officiers de la garnison qui commandent les détachements, et de veiller spécialement aux lieux où les brigands pourront se porter pour escalader les murailles et se sauver de Paris.

Ils auront soin de prendre le mot d'ordre, et d'avoir des cartouches et leurs armes en bon état.


Paris, 28 février 1804

DÉCISION

Le ministre de la marine soumet un rapport du contre-amiral Missiessy sur la témérité d'un canot ennemi qui, dans la nuit du 2 au 3, s'est approché à une portée et demie du vaisseau le Républicain, et ne s'est retiré qu'après qu'on eût envoyé  deux canots armés à sa poursuite. 

Lui écrire qu'ayant été rendu  compte au Premier Consul, il a vu avec peine que, par un clair  de lune tel que celui qui avait  lieu cette nuit, on a pris assez peu de précautions pour ne pas prévenir un pareil incident, qui est tout entier sous la responsabilité du commandant de l'armée; qu'il ait à multiplier les bivouacs, de manière que rien ne puisse entrer dans la rade sans qu'il puisse en être averti d'avance, et qu'il puisse arrêter, etc.