Octobre 1804


Mayence, 1er octobre 1804

A l'Électeur de Bavière

Mon Frère, M. le baron de Reibeldt, votre conseiller d'État envoyé extraordinaire à la cour électorale de Bade, m'a remis votre lettre du 10 septembre. J'aurais regretté davantage de ne vous avoir pas vu pendant mon séjour à Mayence, si je n'avais pas connu et apprécié les motifs qui vous portent à ne rien négliger de tout ce qui concerne le bon établissement de vos forces militaires.

Le voyage que vous vous proposez me sera d'autant plus agréable que l'époque en sera plus rapprochée.

Ne doutez pas du plaisir que j'aurai à vous exprimer de vive voix l'intérêt bien sincère que je continuerai toujours de prendre à votre prospérité personnelle et à celle de votre Maison.


Mayence, 2 octobre 1804

A l'Électeur de Hesse-Cassel

Mon Frère, M. le baron de Geylingen m'a remis votre lettre en date du 24 septembre. Je partage les regrets que vous m'exprimez sur la circonstance imprévue qui vous a empêché de venir jusqu'à Mayence. J'en ai éprouvé une double peine par l'intérêt que je prends à votre santé. Il me sera agréable de vous renouveler l'assurance de l'intérêt que je porte à votre personne et à votre Maison, lorsque votre rétablissement et les circonstances permettront que je vous voie.


Mayence, 2 octobre 1804

Au landgrave de Hesse-Darmstadt

Mon Cousin, j'ai reçu la lettre en date du 4 septembre où vous me faites part des motifs qui vous retiennent à Auerbach et qui me privent du plaisir de vous voir pendant mon séjour à Mayence. Je partage les regrets que vous m'exprimez, et j'ai appris avec peine votre état de souffrance. M. le baron de Barkhaus, votre ministre d'État, qui m'a remis votre lettre, vous renouvellera l'assurance de tous mes sentiments. J'ai eu d'ailleurs une véritable satisfaction à voir madame la landgrave et le prince héréditaire votre fils. Ils ont bien voulu se charger de vous exprimer l'estime et l'affection que je vous porte, et le désir que j'ai de profiter de toutes les circonstances favorables pour être utile à votre Maison.


Mayence, 2 octobre 1801

Aux bourgmestres et magistrats de la ville libre impériale de Francfort

Très-chers et bons Amis, j'ai reçu la lettre du 30 août que de Humbracht et de Metzler, bourgmestre et sénateur de votre ville libre et impériale, m'ont remise de votre part. L'assurance que vous me donnez de vos sentiments envers moi m'est d'autant plus agréable qu'elle me persuade qu'ayant éprouvé déjà tout l'intérêt que je porte l'indépendance et à la prospérité de votre ville, vous ne manquerez pas de vous en montrer toujours reconnaissants. Mon résident auprès de vous est chargé de vous renouveler souvent l'assurance de mes dispositions à votre égard. J'apprendrai toujours avec plaisir qu'il n'aura qu'à se louer des rapports qu'il sera dans le cas d'entretenir avec vous , et que vous prendrez des mesures pour que votre ville ne soit pas le centre des intrigants et des agitateurs que l'Angleterre jette sur le continent pour essayer de l'égarer et de faire renaître les maux de la guerre, dont vous avez déjà assez éprouvé les résultats.


Mayence, 2 octobre 1804

A M. Portalis, chargé par intérim du portefeuille de l'intérieur

Je reçois un ouvrage intitulé Dictionnaire géographique et topographique des treize départements réunis , par un nommé Charles Oudiette. L'idée de cet ouvrage me parait bonne. S'il est bien fait, engagez l'auteur à le continuer pour les six départements du Piémont et, par suite, pour tous les autres départements de la France. Si l'ouvrage est bon, ce que je n'ai pu vérifier, faites donner à l'auteur 3,000 francs de gratification et écrivez-lui une lettre de satisfaction.


Mayence, 2 octobre 1804

A M. Jollivet, conseiller d'État

Je prie M. Jollivet de prendre connaissance de toutes ces pièces et de me faire connaître son opinion sur le projet de décret suivant :

1° La dette publique du roi de Sardaigne, perpétuelle et inscrite sur les différents monti, au grand-livre, sera entièrement liquidée et soldée par le trésor français.
2° En conséquence, la République italienne payera, pour sa part des dettes qu'elle devait payer pour les pays compris entre la Sesia et le Tessin, vingt millions de livres tournois au trésor français.
3° Les ministres du trésor public français et italien feront une convention pour le payement de ces vingt millions, qui devront être soldés dans le laps de dix ans, ou plus tôt, si faire se peut; e jusque-là, le trésor italien en payera l'intérêt, à raison de cinq pour cent, au trésor français; ce payement se fera par trimestre chaque année.
4° Lesdits intérêts seront payés à dater du jour de la réunion du pays de Novare à la République italienne.
5° Les pensions, soit civiles, soit militaires, les rentes viagères des personnes natives du pays entre la Sesia et le Tessin, seront payées par la République italienne, et celles des pays du Piémont le seront par la France.


Mayence, 2 octobre l804

A M. Fouché

Monsieur Fouché, Ministre de la police, lorsqu'il s'agira, pour faire un exemple, de faire juger les coupables qui viennent de compromettre la tranquillité de la Vendée, il faudra qu'ils le soient par une commission militaire à Châtillon ou à Bressuire. J'ai cru devoir vous faire connaître mon intention sur cet objet, pour que vous fassiez diriger la procédure dans ce sens. Je désire que trois ou quatre y soient traduits avant quinze jours ou un mois, afin de donner un bon exemple avant la levée de la conscription.

Ingand de Saint-Maur s'est sauvé de Besançon. Cet homme doit avoir commis des crimes depuis l'amnistie. Faites-moi un rapport sur lui. S'il y a lieu, vous le ferez traduire devant une commission militaire à Besançon. Ces hommes abusent de ma clémence et paraissent toujours prêts à recommencer la guerre civile.


Mayence, 2 octobre 1804

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, Ministre des relations extérieures, M. le comte de Lille abuse de l'hospitalité que lui accorde le roi de Prusse pour fabriquer toutes sortes d'intrigues, et profite de son voisinage de la France pour seconder toute l'animosité des Anglais contre la France. J'attends de l'amitié du roi de Prusse que le comte de Lille ne sera point souffert à Varsovie. Il n'est point vrai qu'il y soit surveillé; il y fait ce qu'il veut; on l'y laisse suivre ses correspondances, et il y a même plusieurs fois insulté le roi de Prusse dans des déclarations publiques. Parlez dans ce sens à MM. de Lucchesini et Laforest, et insistez pour qu'il ne soit point souffert à Varsovie. Je préfère qu'il aille en Russie ou en Suède.


Mayence, 2 octobre 1804

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, les précautions qui ont été prises sont suffisantes. Répondez au général Jourdan que jusqu'à cette heure nous sommes en froid avec la Russie, mais non pas en guerre; que cependant le but de se mettre à l'abri des trahisons de la reine de Naples m'a dicté ces précautions, et que le temps décidera le reste.

Donnez ordre au général Jourdan d'envoyer à Tarente la 5e demi- brigade italienne portée au grand complet, ainsi que le reste des troupes polonaises qui se trouvent dans la République italienne. Lorsque ces corps auront passé à Pescara, le général Saint-Cyr donnera ordre aux trois bataillons et aux deux escadrons de troupes italiennes qui se trouvent dans son commandement de retourner dans la République italienne.


Mayence, 2 octobre 1804

Au maréchal Berthier

Je vous envoie l'état des bois manquant à Mayence. Vous vous entendrez avec l'administration des forêts pour faire couper le s bois qui sont nécessaires. Quelques sapeurs et gardes généraux pourront suffire et faire cette opération avec économie. J'attache une grande importance à ce que cette quantité considérable de bois se trouve rassemblée incessamment à Mayence.

Je vois qu'on ne porte dans l'état que 6,000 pelles et 4,000pioches : il faut le double. Ne perdez pas de vue que Mayence mérite plus de soins qu'aucune autre place. Le jour qu'il y aurait de la froideur entre l'Autriche et la France, assez marquée pour laisser entrevoir une rupture, 8,000 hommes se rendraient à Cassel, au fort sur le Mein, pour en rassembler les fortifications. Il faut donc avoir les matériaux et outils nécessaires; il faut avoir aussi 2,000 brouettes. La même observation a lieu pour Strasbourg : 8,000 hommes se rendraient à Kehl pour y rétablir cette tête de pont. Faites rédiger l'un et l'autre de ces plans au comité des fortifications, afin de n'avoir plus rien à discuter quand il sera temps, et de suivre le meilleur tracé possible. Ne pensez pas de cette lettre que le cas arrive; mais, au moment d'une déclaration de guerre, il y a tant de choses à faire qu'il est de la sagesse de s'y prendre à l'avance quelques années. Faites mettre à Mayence 4,000 fusils; la salle d'armes est superbe.


Mayence, 2 octobre 1804

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre

Le service des fourrages se fait mal; il est horrible à Mayence . Les fournisseurs généraux qui sont à Paris sous-traitent à un très-bas prix. Ils gagnent six à sept sous par ration sans rien faire. Je vous envoie différentes réclamations d'un colonel du 23e de chasseurs, qui du reste paraît une assez mauvaise tête. Faites-moi cependant connaître ce que vous savez là-dessus.


Mayence, 2 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

Un pont pour passer deux hommes à pied, de front, m'a paru nécessaire sur la Canche. Il faut qu'il soit formé de simples pieux recouverts d'une planche. Il n'y a pas besoin d'un pont à bascule; il sera facile d'y pourvoir d'une manière plus simple. Une travée de 12 pieds n'est pas assez; on peut la mettre de 24, et alors il sera facile de pratiquer les passages autant qu'on voudra. Le projet est de le faire de 8 pieds de large; qu'on ne lui en donne que 3. La dépense peut donc être portée facilement de 100,000 à 30,000 francs. Si tout cela est impossible et qu'il y ait trop d'inconvénient, on peut contremander ce travail.


Mayence, 2 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

J'apprends qu'une chaloupe canonnière que montait le capitaine Montcabrié a été obligée, pendant la nuit, de dérader et d'aller à Honfleur, et que Montcabrié n'était pas dessus, parce qu'il couchait avec sa femme au Havre.


Mayence, 2 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

Je vois avec peine que les amiraux Villeneuve et Missiessy ne soient pas partis. Vous savez que, quelque chose que je leur ordonne, c'est toujours à leur poste que je les chercherai. Il est également contre mon intention que le capitaine Larue reste plus de vingt-quatre heures à Paris. Ce capitaine m'a écrit; je ne lui répondrai pas. Je ne dois point savoir qu'il est en France. J'ai appris qu'il parlait de son vaisseau comme d'un misérable ponton, tandis que, d'après la lettre de Linois, il est à la voile et fait de nouvelles croisières.


Mayence, 3 octobre 1804

A M. Cambacérès

Mon Cousin, l'Impératrice est partie pour Saint-Cloud, où elle arrivera samedi soir. Je pense qu'il est convenable de faire tirer le canon lorsqu'elle passera à Saint-Denis, et de lui faire rendre les honneurs d'usage. Je pars aujourd'hui pour Frankenthal, Kaiserslautern, Kreuznach, Trèves et Luxembourg. Je prendrai là mon parti définitif. Il est très-possible que je me rende à Paris.


Mayence, 3 octobre 1804

A M. Fouché

M. d'Oubril a quitté cette ville. Nous ne sommes point en guerre avec la Russie, mais en froid. Donnez, ordre qu'aucun Russe, que ceux ayant des passe-ports particuliers, ne soit souffert en France. On peut avoir quelques égards pour les Polonais qui ne seraient pas trop mauvais. Le prince Sapieha est de cette classe. Quant au comte de Mozerniski, qu'on assure avoir été au Havre et à Brest, demeurant sur le boulevard Montmartre, faites-le vérifier, et faites-le arrêter et saisir ses papiers; vous êtes le maître.

Ne vous gênez pas pour faire arrêter les Suédois qui se rendraient le moindrement suspects. Ayez l'état des Polonais, Russes et Suédois qui sont à Paris; vous me le ferez passer avec des notes.

Faites arrêter Dubois, Lamurra, Cerutti, Rollando, sur-le-champ et faites-les placer à Briançon; faites-moi un rapport détaillé sur eux. Écrivez au général Menou de vous instruire souvent de ce qui se passe en Piémont, et prenez des informations sur ce qui est contenu dans votre dernier bulletin. Par Dieu, prenez des mesures pour que Datry, Lajolais, David et la Grimaudière, ne se sauvent pas. Il faut avoir une bonne prison d'État pour les renfermer.

Je vois qu'on a joué à Nantes la Partie de chasse de Henri IV; je ne vois pas à quoi cela aboutit.

Faites arrêter Bousquet, curé de la succursale de...... (Tarn) et faites informer en détail pour savoir si ce qu'on lui reproche dans le bulletin est vrai.

Si ce que vous dites de P...., limonadier, rue de la Concorde, se vérifie, faites-le arrêter et faites fermer son café.

Faites-moi une analyse du parti qu'on a tiré des lettres arrivées par le paquebot de Hollande. 

Voici le prospectus d'un ouvrage qu'on m'a assuré être sous presse à Paris.


Mayence, 3 octobre 1804

A M. Fouché

Faites vérifier si l'émigré Kerwaston, ancien conseiller au Parlement, a en effet menacé les acquéreurs de biens nationaux, comme le porte le bulletin; dans ce cas, faites-le arrêter.


Mayence, 3 octobre 1804

DÉCISION.

Le ministre de la guerre propose à Sa Majesté de déterminer le traitement dont M. le maréchal Murat devra jouir pendant l'an XIII. 

Il ne peut recevoir le traitement de général en chef.
Appointements de gouverneur de Paris . . . . . . 60,000 fr.
Appointements de maréchal d'Empire. . . . .      40,000
                                                                      100,000 fr


Mayence, 3 octobre 1804

Au général Dejean

J'ai fait arrêter le fournisseur des fourrages à Mayence et mettre le scellé sur ses papiers. Le service s'y fait horriblement mal. Vous verrez par le rapport du commissaire ordonnateur, que je vous envoie, que, pendant l'an XII, la compagnie Mayer-Max a sous-traité pour 18 sous la ration de fourrage à la 26e division militaire, tandis que vous avez payé jusqu'à 1 franc 45 centimes, c'est-à-dire 29 sous; c'est donc 11 sous de profit net qu'a eus la compagnie Mayer-Max. Depuis, elle a accordé une augmentation de 7 sous; son gain a donc toujours été de 4 sous par ration. Aujourd'hui elle a sous-traité pour 18 sous, et vous lui en donnez 23; c'est donc encore 5 sous qu'elle gagne par ration.

Pour l'an XIII, ce service est réglé à 18 sous; la compagnie gagnera donc net 4 sous en traitant à 22 sous.

Vous verrez que le sous-traitant Benjamin a lui-même sous-traité et gagné 1 sous et 2 sous dans des fournitures aux différentes places de la division. Voyez, d'après cela, combien d'argent nous jetons.

L'ordonnateur Morand est extrêmement faible; son rapport n'est pas exact. Tous les régiments de cavalerie se plaignent au delà qu'il est possible de penser.


Trèves, 6 octobre 1804

A l'impératrice Joséphine

Mon Amie, j'arrive à Trèves à la même heure que tu arrives à Saint-Cloud. Je me porte bien. Ne donne pas d'audience à Truguet  et refuse de le voir. Ne reçois Beurnonville que devant tout le monde et ne lui donne pas d'audience particulière. Ne promets de signer de contrats de mariage que lorsque je les aurai signés.

Tout à toi.


Trèves, 6 octobre 1804

A M. Cambacérès

Mon Cousin, j'ai reçu vos différentes lettres. J'arrive aujourd'hui à Trèves. Je suis fort satisfait de l'esprit de tous ces habitants-ci. J'imagine que l'Impératrice arrive, à l'heure qu'il est, à Paris. Vous verrez dans le Moniteur des détails assez intéressants sur une affaire de Boulogne, que peut-être vous connaîtrez auparavant.


Trèves, 6 octobre 1804

A M. Fouché

Monsieur Fouché, Ministre de la police générale, la sous-préfecture de Boulogne a pris feu deux jours avant que les Anglais tentassent d'incendier la flottille; ce peut être un accident, mais il est aussi naturel de penser que c'est un effet de la malveillance des Anglais. Le jeune commissaire qui est là ne connaît pas la perversité du cœur humain. Il est donc nécessaire de faire faire, en secret, des recherches.


Trèves, 6 octobre 1804

A M. Fouché

Les commissaires de police ne pensent qu'à gaspiller. C'est là le cas de Pierre-Pierre à Bordeaux. Je vous envoie une lettre sur la conduite des jeunes gens de Bordeaux; voilà deux ans que j'en entends parler. Une soixantaine de polissons est-elle donc si difficile à mettre à la raison ?

C'est la même chose de Charron à Turin. Vous lui donneriez cent mille écus qu'il ne serait pas content. Il a plus de traitement et de bureaux qu'un préfet; il a des fonds extraordinaires, et je n'entends jamais parler de lui dans vos bulletins. C'est un mauvais homme, qui a des ministres plénipotentiaires à Paris, et qui fait intriguailler au Conseil d'État au lieu de faire tout bonnement son métier de police.

Témoignez au général Menou, ainsi qu'au commissaire de police, mon mécontentement de ce que les administrateurs interviennent pour des danseurs. Il est très-ridicule de ne pas laisser aux Piémontais le droit de siffler aux spectacles, et d'en faire une affaire de nation. Si on ne veut pas laisser les Piémontais applaudir la danseuse qu'ils veulent, il ne faut pas arborer les enseignes de l'Empereur, mais faire élever cent potences dans la ville. Au surplus, on ne me fera jamais penser que siffler ou applaudir des danseurs puisse être un acte contre la France.


Trèves, 6 octobre 1804

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, le mot de ma main que vous n'avez pas pu lire est bataillon d'élite suisse.


Trèves, 6 octobre 1804

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, répondez au général Dupont que je vois avec peine qu'il y ait des divisions à Turin, et que l'on s'en aperçoive; qu'il doit donc vivre eu bonne intelligence avec le préfet.


Trèves, 6 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

Je suis fâché de votre lettre du 11 vendémiaire. Soyez ministre de la marine. Quoi ! au moment où l'opinion est qcue je pars de Luxembourg pour Boulogne afin de m'y occuper de l'expédition, le commandant des marins de ma Garde donne sa démission, et vous le trouvez bon. Il n'y a donc plus de sang français dans les veines ? Je vous renvoie la lettre du capitaine Daugier; vous lui direz que vous ne me l'avez pas envoyée, car je ne saurais dire ce que je ferais, Daugier n'est pas plus malade qu'il l'était; d'ailleurs il faut savoir mourir. Ce sont les sollicitations et les cajoleries de sa femme qui l'ont porté à cette démarche. En vrai ministre de la marine, cette turpitude de votre corps devait s'arrêter à vous et ne point venir sous mes yeux. Vous savez que c'est la seconde fois que Daugier donne sa démission pendant la guerre.


Trèves, 6 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

Je suis étonné que, le 11, vous n'ayez pas reçu mes ordres pour les expéditions. Je suis fâché que vous ayez écrit à Ganteaume que vous me proposiez le désarmement des divisions arriérées de la flottille; personne ne doit connaître ce qui se passe entre vous et moi.


Trèves, 6 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

J'ai reçu une relation de Boulogne qui m'a fait grand plaisir. Il est arrivé aux brûlots de lord Keith ce qui arrive toujours: ils ont suivi le courant et la marée et sont allés à la côte. Cela me confirme dans mon opinion que des brûlots peuvent faire sauter une ou deux chaloupes canonnières, et rien de plus, à moins que l'on n'ait la sottise de se laisser échouer : on se rencontrerait avec l les brûlots à terre. Les brûlots seraient très-dangereux pour nous s'ils pouvaient pénétrer dans le port.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Cambacérès

Mon Cousin, je reçois un projet de décret sur les avocats. Il n'y a rien qui donne au grand juge les moyens de les contenir. J'aime mieux ne rien faire que de m'ôter les moyens de prendre des mesures contre ce tas de bavards, artisans de révolutions, et qui ne sont inspirés presque tous que par le crime et par la corruption. Tant que j'aurai l'épée au côté, je ne signerai jamais un décret aussi absurde. Je veux qu'on puisse couper la langue à un avocat qui s'en servirait contre le gouvernement.

On a beaucoup discuté, l'année passée, au Conseil d'État sur le droit de chasse, et on a fini par ne rien faire. Un individu, étranger au Conseil d'État, proposa un projet à l'instar du règlement anglais sur les chasses, et qui aurait rendu plusieurs millions. Faites rechercher ce projet, il a été imprimé.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Cambacérès

Mon Cousin, il y a à Paris une quarantaine de couvents de religieuses qui se sont réunies pour vivre en commun, et qui tiennent des écoles publiques pour les petites filles du quartier. Cela montre la nécessité de pourvoir à l'éducation des femmes. Voyez avec M. Portalis ce qu'on pourrait proposer de raisonnable sur cette matière.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Cambacérès

Mon Cousin, je vous envoie un rapport du conseiller d'État Regnaud; je désire que vous en confériez avec lui. Je voudrais avoir un rapport dans le genre de celui sur Drake, avec quelques lettres originales du ministre anglais Taylor, par lesquelles il encourage à exciter des intrigues et des insurrections en France; cela me suffirait pour le faire chasser de Hesse-Cassel. Après cela, voyez de quel tribunal ces misérables sont justiciables.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Cambacérès

Mon Cousin, je vous envoie un rapport du ministre de la la police. Faites rédiger au Conseil d'État un projet de décret sur cette affaire. Je ne doute pas qu'il ne soit en faveur de la femme. Une femme qui n'a point partagé l'émigration de son mari ne peut être répréhensible; c'est le cas de madame Bellegarde.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Fouché

Je vois dans votre rapport du 9 que dans quelques parties de la France on craint le retour des Jésuites. Je vous autorise à faire des circulaires pour dissiper ces alarmes; le prétexte en sera de rappeler aux préfets de veiller avec soin à l'exécution du décret du 3 messidor, relatif aux différentes corporations religieuses et notamment à cet ordre. Je vois dans le même rapport que mademoiselle Wolters, correspondante de Larose à Rotterdam, s'est retirée à Neuwield. Donnez ordre à la gendarmerie de l'observer sans qu'elle s'en doute; et quand vous aurez un rapport précis sur elle, je la ferai demander au prince de Neuwied, qui ne me la refusera pas.

Je vois dans votre rapport du 10, à l'article Manche, que la Touche, de Granville, se plaint que le clergé de cette ville s'est refusé, excepté le curé, d'assister aux obsèques de son frère. Si le curé y était, sa plainte n'est pas fondée. Mais il ajoute que le curé a eu la mauvaise volonté de jeter l'eau bénite à côté de la fosse. Cette plainte est ridicule. Cela fait voir que son frère ne vivait  point dans les principes de la religion. Il y avait une manière simple, qui était de le faire enterrer sans prêtres, puisque aucune loi n'oblige à se faire enterrer avec des prêtres; et, lorsqu'on veut mourir avec tous les sacrements de l'Église, il faut au moins garder quelque decorum à ses derniers moments.

Répondez à la famille Bourmont que, tant qu'il ne se rendra pas à la citadelle de Besançon, le séquestre ne sera point levé de dessus ses biens. Faites-lui connaître qu'il se cache bien, mais que, s'il est arrêté, il sera traduit devant une commission militaire.

Je vois dans votre rapport du 11, article Vendée, que le préfet rend compte que les partis se sont démasqués. Demandez une note de quinze personnes de différents partis, chouans et terroristes, qui se montrent avec audace; s'il les donne, il aura raison; sans cela, ce n'est que du bavardage. Quand il faudra des forces, j'en enverrai.

Faites faire un rapport détaillé sur les matelots dunkerquois qui se sont échappés à la faveur de passe-ports d'un agent prussien, afin que je demande sa punition. Faites connaître aux maires qu'ils ne doivent avoir aucun égard à ces passe-ports.

Écrivez an capitaine Rigade qu'il donne des détails sur ce qu'il dit qu'en Piémont on ne garde plus de mesure depuis le départ des troupes, et qu'il vous envoie les preuves de cette assertion ; c'est au contraire donner lieu aux malveillants de se démasquer; qu'il fasse connaître les individus, Quant à votre commissaire Charron, il ne fait rien, il ne pense qu'à lui.

Faites arrêter le nommé Moustier, ancien maire de Maubeuge, et faites-moi connaître qui il est : je ne comprends pas bien s'il était maire quand il a tenu les propos dont on l'accuse, ou si c'est un individu mécontent qui avait été maire dans les temps de factions.

J'imagine que vous avez prescrit des mesures pour que Lambert-Moissac, qui a été arraché des mains de la gendarmerie, soit repris, et pour qu'on informe contre cet attroupement.

Faites connaître au préfet que la découverte de cette connivence du commandant de Bréhat aurait dû parvenir par lui, puisqu'il a la police dans ses attributions; que, ne l'ayant pas fait, il est naturel que le général s'en fasse honneur près du Gouvernement. Je vous recommande de suivre cette affaire; je veux faire un exemple. Si elle marche comme celle du Tréport, on ne parviendra jamais à faire des exemples qui intimident et contiennent les malveillants.

Je ne vois pas d'inconvénient que, toutes les fois qu'un préfet demande un congé, vous soyez consulté pour savoir si la situation de son département permet qu'il soit accordé.

Je verrai aussi avec plaisir que, lorsque vous aurez un bon sujet pour une place vacante de préfet, vous me le proposiez.

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Faites investir la maison de M. Bellegarde. Faites saisir ses papiers et interrogez-le sur ses correspondances à Paris. Je suis porté à penser, par tous les renseignements que j'ai, que les Anglais ne sont pas les seuls qui agitent la France. Si vous le préférez, envoyez un agent qui ait la confiance de M. Bellegarde et qui connaisse ses correspondants de Paris.

Inqand de Saint-Maur ne doit point être renvoyé sur sa parole d'honneur; il doit être reconduit à Besançon et mis au cachot pour qu'il ne puisse plus se sauver.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Fouché

J'imagine que vous n'avez pas perdu de vue le nom du banquier que je vous ai envoyé de Mayence, et qui est un courtier d'intrigues attaché à Durand , des relations extérieures.

Les circulaires aux préfets des départements relatives aux amnistiés seraient bonnes, si un certain nombre de préfets n'étaient pas inconsidérés. J'aurais préféré qu'on demandât aux préfets les noms des amnistiés faisant partie des conseils et des colléges des départements et qui doivent assister au couronnement, avec des notes, afin que, d'après ces renseignements, on pût décider ce qu'il y a à faire. Je pense qu'il est encore temps de prendre cette mesure. Dans les gouvernements, il faut de la conséquence; du moment qu'on admet un individu à faire partie de l'ordre politique, il doit en posséder les droits. Je désire qu'ils aient à vous envoyer la note des amnistiés et émigrés faisant partie des colléges, pour que vous m'en soumettiez un rapport, département par département , afin que ceux qui seraient reconnus pour être sages et bien intentionnés et non dangereux fussent mis, par une lettre de moi, hors de la surveillance et remis dans leurs droits. L'art des gouvernements est de punir les méchants, mais de récompenser les honnêtes gens. Vous savez qu'un grand nombre de ces émigrés sont franchement revenus; il est donc impossible de défendre qu'ils pussent jouir de leurs droits politiques, puisqu'il y a des amnistiés et des émigrés dans le Sénat, au Conseil d'État et dans les autres fonctions publiques. Le principe général est de tenir tout en surveillance, et de faire des exceptions en faveur de ceux qui se comportent bien; il est naturel d'y comprendre ceux qui font partie des fonctionnaires. 

J'ai lu avec attention le rapport du préfet de police sur l'exécution du décret du 3 messidor an XII, relatif aux corporations religieuses. Mon but principal a été d'empêcher les Jésuites de s'établir en France.

Ils prennent toutes sortes de figures. Je ne veux ni Coeur de Jésus, ni confrérie du Saint-Sacrement, ni rien de ce qui ressemble à une organisation de milice religieuse; et, sous aucun prétexte, je n'entends faire un pas de plus ni avoir d'autres ecclésiastiques que des prêtres séculiers. Mon intention également est de ne point vouloir de couvents de religieuses; mais, sur ce point, je ne vois point d'inconvénient à ce que les anciennes religieuses finissent leur vie en commun, et portent chez elles les habits qu'elles veulent; mais qu'elles ne fassent point de novices et n'aillent point dans la rue avec leurs habits : j'en excepte les sœurs de Charité; je les autorise même à établir des noviciats pour s'y recruter. Il y a donc deux précautions à prendre pour ces religieuses : la première, de les connaître et de les bien surveiller pour s'assurer qu'elles ne sont point dirigées par des prêtres qui ne sont pas dans la communion de leur évêque; car toute société qui s'écarterait de cette voie doit être frappée impitoyablement; elle est dans le chemin du crime, elle est dans les mains de scélérats, et il y a tout à craindre de la part de filles mal conduites; la seconde est de veiller à ce qu'elles ne fassent point de novices, et cela a quelques difficultés. Je vois, par exemple, que les religieuses de la Miséricorde , rue de la Chaise, no 529, forment des élèves; comment distinguer une élève d'une novice ? Mon intention est qu'on s'assure, 1° que les élèves ne puissent porter un habit religieux et soient vêtues d'un habit ordinaire ; 2° qu'elles ne puissent pas avoir au delà de dix-huit ans. Toutes celles donc qui auraient plus de dix-huit ans doivent être renvoyées de ces maisons. Mon intention est qu'on les prévienne de sortir sous six mois, sous peine de voir la maison fermée et l'établissement dispersé. Mais il faudrait avoir des ecclésiastiques dévoués et sages, avoués par l'archevêque, qui visiteraient ces maisons et les inspecteraient; ou que M. Portalis commît des hommes demi-religieux pour cet objet.

Faites-moi un rapport sur les religieuses de la congrégation de la rue Saint-Étienne, qui prennent, dit le rapport, des novices et des pensionnaires, et qui ont adopté particulièrement la dévotion du Sacré Cœur.Voyez si elles sont avouées par l'archevêque, et quelles novices elles reçoivent. Faites faire cette recherche sans les effrayer, par le canal d'un grand vicaire ou autre moyen simple. Vous pouvez même en causer avec M. Portalis. Le rapport du préfet de police est clair et précis : que les préfets en envoient de semblables, et il vous sera facile d'ordonner, en suivant les principes que je viens de vous poser.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Fouché

Monsieur Fouché, Ministre de la police générale, immédiatement après l'affaire de Drake, lord Hawkesbury eut l'imbécillité de faire une circulaire pour justifier auprès des cabinets de l'Europe l'inconduite de ce ministre. Pour faire ressortir davantage le ridicule et l'atrocité des principes qu'il y avançait, mon intention était d'envoyer aux mêmes cabinets la circulaire avec une réponse. J'ai mieux pensé depuis. Je désire faire enlever le ministre anglais à Hambourg, ainsi que ses papiers, et, immédiatement après , je ferai notifier l'enlèvement aux cours de l'Europe, en le justifiant d'après la note de lord Hawkesbury. On m'assure qu'il est logé sur la rivière. Il facile au général Bernadotte de le faire enlever. Écrivez-lui en ce sens et causez-en avec M. Lachevardière, que je crois à Paris et qui doit connaître la demeure de ce ministre. Deux bâtiments chargés de quelques hommes d'infanterie et douze ou quinze gendarmes déguisés suffiraient pour cette expédition. Nous trouverions dans cette correspondance des lumières intéressantes. Faites connaître ces détails au général Bernadotte, et expédiez-lui à cet effet un courrier extraordinaire.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Fouché

Je ne veux point d'Anglais à Paris; éloignez tous ceux qui s'y trouvent. J'ignore qui a donné l'ordre à William Burding de s'y rendre.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Portalis

Monsieur Portalis, Ministre de l'intérieur par intérim, les retours de la flotte anglaise de la compagnie des Indes se sont faits presque entièrement en nankins. La vente va commencer à s'ouvrir. Faîtes-moi connaître les moyens d'en empêcher l'introduction sur le territoire français.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Talleyrand

Je désire que vous écriviez en Espagne pour faire connaître que je verrais avec peine le rétablissement des Jésuites; que je ne le souffrirai jamais en France ni dans la République italienne; que j'ai lieu de penser, d'après la nature de nos relations, que l'Espagne restera ferme dans les mêmes principes, mais que je désire en avoir l'assurance. Écrivez la même chose à la reine d'Étrurie.


Trèves, 7 octobre 1804

A M. Melzi

Monsieur Melzi, Vice-Président de la République italienne, le Pape se rend à Paris; il doit traverser une partie du territoire de la République italienne. Envoyez à sa rencontre un chambellan du palais, et faites placer sur son passage des détachements de troupes et de gendarmerie pour l'escorter; prenez des mesures pour que les chevaux lui soient abondamment fournis sur tout le territoire de la République qu'il traversera. Je m'en repose sur vous du soin de lui faire rendre tous les honneurs qui lui sont dus comme au chef de la religion et à un souverain voisin de la République.


Trèves, 7 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

Je ne puis concevoir comment, au 12 vendémiaire, vous n'aviez pas reçu mes ordres pour les expéditions. Mes dépêches étaient contenues dans un paquet de cartes que vous m'aviez fait passer antérieurement. Quant à l'amiral Villeneuve et au contre-amiral Missiessy, il est ridicule que vous me demandiez des ordres. A quoi sert de laisser des amiraux à Paris ?

Je ne suis pas de votre opinion sur la rareté des bois en France. De plus de 200,000 arpents de l'arrondissement de Kaiserslautern, les agents de la marine n'en ont marqué qu'une centaine d'arbres.

En général, il n'y a point assez de coupes dans les quatre départements du Rhin, où la quantité de bois appartenant à l'État et aux communes est immense. Cette partie est entièrement négligée. On pourrait retirer de là des bois qu'on pourrait faire passer par le Rhin.


Trèves, 7 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

Le courrier qui vous a porté mes dépêches est de retour. Il les a remises à un nommé Brière; mais, ce qui m'étonne, c'est qu'il n'y a de reçu que pour une dépêche, et il est fort extraordinaire que le sieur Brière n'ait pas vu que M. Meneval avait chargé deux dépêches. Envoyez chercher M. Devienne, qui reçoit aussi quelquefois les courriers, et faites tout ce que vous pourrez pour éclaircir le sort de cette importante dépêche. Si elle vous est remise, vérifiez bien l'état trois cachets.


Trèves, 7 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

Je désire que vous me présentiez un projet de décret pour que les ouvriers conscrits de la marine emploient deux jours de la semaine, et notamment le dimanche, à s'exercer, au maniement des armes. L'exercice fait du bien aux militaires, et dans les ports il peut être utile dans certaines circonstances.


Trèves, 7 octobre 1804

A l'amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Monsieur l'Amiral Bruix, j'ai lu avec grand plaisir le détail des événements qui ont eu lieu, et qui, par les bonnes disposition vous avez faites, ont tourné à la honte des Anglais.

Les bâtiments du Havre ont bien de la peine à arriver; j'espère qu'il soufflera enfin quelques vents du sud et que je trouverai la flottille complète à mon arrivée. 


Trèves, 8 octobre 1804

A M. Cambacérès

Mon Cousin , je désire que vous voyiez le cardinal-légat pour lui faire comprendre que les députations de l'armée, des villes, des flottes, sont en marche pour se rendre à Paris le 18 brumaire; qu'il sera donc bien difficile qu'on puisse retarder la cérémonie de beaucoup de jours; que le général Caffarelli est parti de Cologne, il y a près d'un mois, avec la lettre d'invitation pour le voyage du Pape; qu'il doit être arrivé depuis dix jours; qu'au lieu de venir en trente-cinq jours, le Pape peut venir en vingt, et être arrivé avant le 18 brumaire; qu'enfin je désire beaucoup que la cérémonie puisse se faire le premier dimanche après le 18 brumaire.


Trèves, 8 octobre 1804

A M. Portalis

J'imagine que vous avez pris des mesures pour faire faire les arrangements les plus indispensables à l'église de la métropole de Lyon. Vous pouvez disposer des fonds nécessaires pour cet objet, pourvu que ce travail soit fait avant le passage du Pape.


Trèves, 8 octobre 1804

A M. Portalis

Je désire que vous écriviez à M. Moreau de Saint-Méry pour faire préparer des logements à Parme pour le Pape et sa suite, et pour que tous les honneurs lui soient rendus.


Trèves, 8 octobre 1804

A M. Crétet, conseiller d'État, directeur général des ponts et chaussées

Mon intention est que vous donniez des ordres pour que la rue de Rivoli, la place du Carrousel et le quai Bonaparte soient entièrement pavés et achevés avant le 18 brumaire. Il est nécessaire vous preniez des mesures en conséquence.


Trèves, 8 octobre 1804

DÉCISION

Le ministre de la guerre fait connaître qu'il a ordonné de n'embarquer que 200 chevaux à Brest et de prendre des harnais pour 500; il propose de faire venir 300 harnais de l'arsenal de Grenoble.

L'idée de faire venir des harnais de Grenoble à Brest est une idée peu économique et qu'un bon calculateur ne devrait jamais proposer.


Trèves, 8 octobre 1804

DÉCISION

Rapport du ministre de la guerre sur le renvoi en Étrurie, par le maréchal Jourdan, de plusieurs déserteurs toscans arrivés à Bologne.

Il est contre nos principes rendre les déserteurs, de quelque pays que ce soit.


Trèves, 8 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

Votre lettre du 14 m'instruit que vous n'avez donc pas reçu mes dépêches; et si, après les recherches que je vous ai indiquées, vous ne les avez pas retrouvées, il ne faut pas douter qu'elles ne soient tombées entre les mains des Anglais. Répondez-moi sur cette question : Avez-vous reçu les plans et cartes d'Irlande que vous m'aviez envoyé antérieurement ? Les dépêches étaient renfermées dans le même paquet. La perte de ces dépêches serait un petit mal, si elle ne me donnait lieu de croire qu'elles sont tombées dans les main ennemis. Il faut changer toutes les expéditions, car les expéditions d'Irlande, de Surinam et de la Dominique étaient tracées dans ces dépêches.

En attendant que toutes mes idées soient éclaircies sur cette fameuse dépêche, faites connaître à Ganteaume que je ne veux point encombrer les vaisseaux de guerre, et qu'avant d'ordonner l'embarquement de l'artillerie j'en veux voir le plan , afin de l'approuver, et qu'il vous l'envoie pour l'artillerie et les munitions; qu'il en mette sur ses transports. Surtout je désire que l'on ne gêne en rien la marche de l'armée.

M. Aubéry, payeur de la marine à Boulogne, est peu sûr et est accusé d'infidélité.


Luxembourg, 9 octobre 1804

DÉCISION

La commune de Trèves réclame la conservation de l'église Saint-Siméon comme monument d'antiquité.

Les constructions modernes ajoutées au monument qui a servi  à l'église Saint-Siméon seront démolies. Ce monument, dégagé et rendu à ses premières formes, sera, pour sa conservation, couvert d'un toit ordinaire et surbaissé. Il sera ensuite mis à la disposition du ministre de la guerre, pour en faire une salle d'armes, sans en changer en aucune manière les formes. Le ministre de l'intérieur fera un rapport sur cet objet et présentera un projet d'exécution et de dépense.

DÉCISION

Le département de la Sarre demande que les religieux supprimés, nés à l'étranger, soient admis à jouir de la pension annuelle accordée aux religieux nés sur le territoire français.

Renvoyé au ministre des finances, pour faire rédiger l'état des religieux supprimés, nés à l'étranger, domiciliés dans les quatre départements de la rive gauche, et proposer, par un seul et même arrêté, les exceptions que l'humanité réclame.


Luxembourg, 9 octobre 1804

A M. Fouché

Monsieur Fouché, Ministre de la police générale, je vois avec peine que plusieurs journaux ont la rage de parler contre les philosophes et de les attaquer en masse, manière qui est d'autant plus extraordinaire que certains de ces écrivains criaient contre les prêtres.  Mon intention est que vous teniez la main à ce que vos feuilles périodiques évitent tout ce qui pourrait tendre à réveiller des haines et des partis qui ont tous également contribué à troubler la tranquillité publique. On peut sans doute discuter différentes opinions, différentes théories, sans vomir des insultes contre tous les philosophes. Cet avertissement doit principalement être donné au Mercure, qui paraît écrit avec plus de virulence et de fiel que n'en ont mis dans leurs écrits Marat et autres écrivains du même temps; et ils avaient l'excuse que c'était une manière de faire aller la nation. Vous préviendrez les rédacteurs du Mercure et du Journal des Débats que je n'entends point que le nom des Jésuites soit même prononcé, et que tout ce qui pourrait amener à parler de cette société soit évité dans les journaux. Je ne permettrai jamais son rétablissement en France; l' Espagne n'en veut pas; l'Italie n'en veut pas non plus. Tenez-y donc la main, et faites connaître aux différents préfets qu'ils veillent à ce le mouvement qu'on voudrait donner pour le rétablissement des Jésuites n'ait pas même de commencement.


Luxembourg, 9 octobre 1804

Au vice-amiral Decrès

La Guadeloupe n'a pas de préfet colonial. Proposez-moi quelqu'un pour remplacer M. Lescalier, et que ce soit un homme d'une probité à toute épreuve, dans le genre de celui envoyé à Martinique.


Saint-Cloud, 13 octobre 1804

A M. Portalis
                      
Monsieur Portalis, Ministre des cultes, il y a encore un grand nombre de religieuses en France. Je désirerais qu'on pût se servir de l'autorité ecclésiastique pour en employer une partie au recrutement des sœurs de la Charité.


Saint-Cloud, 13 octobre 1804

DÉCISION

Rapport du ministre de l'intérieur sur les moyens d'empêcher l'introduction en France des nankins de l'Inde.

Je prie le ministre des finances de me présenter, pour le Conseil  d'État de mardi, un projet de décret qui prohibe l'introduction des nankins en France, et de me faire connaître son opinion sur cette mesure, ainsi que celle des douanes.


Saint-Cloud, 13 octobre 1804

A M. Fouché

Monsieur Fouché, Ministre de la police générale, la belle-mère de M. l'archichancelier est venue à Paris; elle est logée chez un M. de Marsanne, ex-député. Son but est d'inquiéter l'archichancelier, à l'instigation de ses ennemis et de gens exagérés. Je vous prie de la voir, et, par des moyens de douceur, de l'engager à retourner chez elle. Vous me rendrez compte de ce que vous aurez fait, afin que je prenne des mesures ultérieures.


Saint-Cloud, 13 octobre 1804

DÉCISION

Rapport du ministre de la guerre sur l'élève Marigny, de l'école militaire de Fontainebleau, qui a quitté cette école dans l'intention de servir dans la marine.

Il faut faire arrêter cet élève, s'il s'est sauvé de récole; le faire retourner à l'école, où il restera huit jours en prison par forme de correction; après quoi, il sera renvoyé pour servir dans la marine.

DÉCISION

L'agent de l'Institut, M. Lucas, m'a offert le payement d'une somme de 1,000 francs due à S. M. l'Empereur, comme membre de cette société, pour les dix derniers mois de l'an XII. Je n'ai pas cru devoir toucher cette somme avant que Sa Majesté m'ait autorisé à recevoir celles qui lui sont ou lui seront dues comme membre de l'Institut, et à en fournir quittance en son nom.

Estève, trésorier de la Couronne

Les recevoir et les donner en gratification à M. Lucas.

DÉCISION

Tréchard, inventeur de machines à incendie, sollicite son admission dans la Légion d'honneur et l'admission de ses trois enfants dans les lycées du Gouvernement.

Renvoyé au ministre de l'intérieur, pour faire droit à sa demande.


Saint-Cloud, 16 octobre 1804

DÉCISION

Le ministre de la guerre propose d'accepter la démission du capitaine Lebrun, aide de camp du maréchal Davout.

Le ministre de la guerre tancera cet officier. Il lui fera connaître que ce n'est pas en temps de guerre que l'on donne sa démission; qu'il reprenne ses fonctions; et le faire ressouvenir que lorsqu'on est en présence de l'ennemi, il est contre l'honneur donner sa démission.


Saint-Cloud, 17 octobre 1804

DÉCISION

Le ministre de la guerre présente à l'Empereur un état de places d'officiers vacantes dans des compagnies de canonniers-vétérans, et propose de nommer à ces places, par voie d'avancement,
des officiers du même corps.

Ne nommer à toutes les places vacantes dans ces compagnies que des officiers sortant de l'artillerie, sans accorder actuellement de l'avancement dans le corps même. Les officiers qui y sont à présent ne sont pas assez instruits de leur métier.


Saint-Cloud, 17 octobre 1804

DÉCISION

Le ministre directeur de l'administration de la guerre représente la demande du sieur Mauprivez, à qui l'Empereur a ordonné d'accorder un emploi sédentaire. Comme il a été employé dans les vivres, le ministre de la guerre renvoie sa pétition au directeur, qui fait observer que les vivres sont en entreprise, et il demande les ordres de Sa Majesté.

Faire placer dans l'une des administrations à l'entreprise. Il  vaut mieux y placer des militaires recommandables par leurs services que des émigrés rentrés. 


Saint-Cloud, 17 octobre 1804

DÉCISION

Le ministre de l'administration de la guerre rend compte des mesures prises, d'après les ordres de l'Empereur, relativement aux prisonniers anglais; ils auront les rations de viande, de sel et de légumes secs, des demi-fournitures de lit, un pantalon, une veste, un gilet de tricot gris et un chapeau. En route, ils seront traités comme les troupes françaises. Il n'est rien changé au traitement des officiers.

On a outrepassé le but.

Les prisonniers ne doivent pas être traités aussi bien que nos
  troupes.

Les traiter ainsi qu'on faisait jadis, et revenir au besoin sur ses pas.


Saint-Cloud, 20 octobre 1804

A M. François, de Neufchâteau

Monsieur François, de Neufchâteau, Président du Sénat, je ne pense pas qu'il soit besoin d'aucun sénatus-consulte nouveau pour la formation du conseil d'administration du Sénat. La première fois que le Sénat se réunira, faites faire les nominations au scrutin. Il me paraît naturel que le président en soit membre; en en faisant l'observation, je ne doute pas qu'il ne soit nommé, et cet us, deviendra une règle.

Faites connaître au trésorier du Sénat que, dès qu'il aura rédigé les comptes de l'armée passée et le budget de cette année, je ferai convoquer le conseil d'administration. Je désirerais que ce pût être dans la semaine prochaine. Prévenez aussi le chancelier du Sénat que je réglerai dans ce conseil d'administration ce qui est relatif à l'aliénation et aux échanges des domaines du Sénat. Quant à tout ce qui est à régler pour la caisse du Sénat, c'est un détail de comptabilité qui est du ressort du conseil d'administration et qu'on agitera du moment qu'il sera réuni.


Saint-Cloud, 20 octobre 1804

A M. Glutz, landammann de la Suisse

Très-cher et grand Ami, j'ai reçu votre lettre du 22 août; je l'ai lue avec l'attention particulière que je porte à tout ce qui intéresse votre patrie. La diète helvétique n'est point souveraine; ce sont les dix-neuf cantons qui sont souverains. Vos pères n'avaient point d'état-major général. Ils ont été célèbres par leur indépendance, par leur bravoure, par la bonne organisation de leurs milices, toutes composées de militaires instruits aux dépens des puissances amies. Point d'état-major général permanent, point d'armée helvétique, point d'impositions : voilà la base de votre organisation. Votre armée est composée des dix-neuf armées des dix-neuf cantons suisses, organisées, soldées et commandées par des officiers nommés par chaque canton; et le commandement général, lorsqu'il en faut un, est temporaire; la diète suivante peut le changer et le remplacer. C'est votre ancienne manière de faire, c'est aussi ce qu'ont toujours fait les États fédératifs, tels que les Achéens, les Étoliens, etc. Tout autre système est destructif de l'acte de médiation. Ne compromettez pas le bien présent pour satisfaire des passions qui déjà sont sans intérêt. La nature a fait la Suisse fédérale; vos pères ont trouvé le bonheur dans l'état fédéral; restez dans l'état de fédération. Croyez à l'estime que je vous porte, que rien jusqu'à cette heure n'a dû altérer, et dont vous éprouveriez les effets si les circonstances s'en présentaient.


Saint-Cloud, 20 octobre 1804

Au général Lacuée

Monsieur Lacuée, Président de la section de la guerre de mon Conseil d'État, je vous envoie un rapport extrêmement curieux du ministre de la guerre sur l'état de la levée de la conscription. Je désire que vous me fassiez part des réflexions que sa lecture et l'examen des tableaux qui y sont joints vous suggéreront. Nous ne pouvons nous dissimuler que les règlements actuels de la conscription sont loin de remplir notre but. Sur 82,000 conscrits, il n'en est arrivé que 64,000, sur lesquels il faut compter plus de 14,000 désertés. La conscription ne rend donc que la moitié de ce que l'on demande. Quant à l'argent, je crois que, des deux sommes de quatre millions et de cinquante-cinq millions, il n'est presque rien rentré au trésor public. Voyez sur cela M. Barbé-Marbois.


Saint-Cloud, 21 octobre 1804

A M. Fabre, de l'Aude

Monsieur Fabre, de l'Aude, Président du Tribunat, j'ai voulu vous donner une marque de mon estime en vous présentant au Sénat. Je ne me dissimule cependant pas que votre présence est utile au Tribunat. Les fonctions que vous y remplissez ne peuvent pas être confiées à un homme qui mérite plus mon estime et ma confiance.     


Saint-Cloud, 21 octobre 1804

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, je reçois la distribution des 233,000 armes. Je vois qu'il y en a 100,000 aux parcs des armées, du modèle de 77; cela me paraît considérable. Je ne pense pas qu'il faille déplacer les fusils qui sont à Metz et dans la citadelle, s'ils sont dans les salles d'armes. Il faut donner ordre à nos manufactures d'en expédier pour Mayence et Strasbourg. Je n'en vois que 1,500 pour Strasbourg, indépendamment des 15,000 de tout modèle. J'avais donné un ordre de répartition des fusils entre les différentes salles d'armes ; je désire que vous me le représentiez. Je désire connaître aussi s'il y a des moyens de placer des fusils à Fenestrelle. Mon intention est qu'il soit établi une salle d'armes à Alexandrie en Piémont; c'est là que je veux placer des armes, et non pas à Turin. Je vous prie donc de me faire un travail sur ces objets. La disposition des salles d'armes doit être faite avec le plus grand soin, soit sous le point de vue d'économie, soit sous le point de vue militaire. On a envoyé 8,000 fusils à Hanovre, ce qui me paraît extraordinaire, vu qu'il y avait à Hanovre une grande quantité de fusils. Je vois qu'il y a à Grenoble 17,000 fusils de tout modèle en bon état, 1,400 à réparer; 1,000 de dragon ; 1,300 étrangers, bons, 137 à réparer; 856 bons mousquetons, 128 à réparer, et 59,425 du modèle de 77. Comment Grenoble peut-il contenir une si grande quantité de fusils ?


Saint-Cloud, 22 octobre 1804

DÉCRET

Il y aura auprès de l'Empereur deux conseillers d'État, secrétaires du cabinet.

L'un sera chargé, du cabinet topographique de Sa Majesté et d'écrire lui-même, soit sous la dictée de l'Empereur, soit sur ses propres minutes, tout ce qui aura rapport à l'administration des affaires de la guerre ou de la marine, aux plans de campagne et à tous autres objets relatifs à ces départements que Sa Majesté voudra lui confier.

L'autre sera chargé de tenir la statistique des différentes puissances de l'Europe, et d'écrire lui-même, soit sous la dictée de l'Empereur, soit sur ses propres minutes, tout ce qui aura rapport à l'administration des affaires de l'intérieur et des finances, aux plans de politique et à tous autres objets relatifs à ces départements que Majesté voudra lui confier.

Ils ne pourront l'un et l'autre avoir aucun commis. S'ils ont un secrétaire particulier, ce secrétaire, sous quelque prétexte que ce soit, ne pourra prendre aucune connaissance du travail ci-dessus spécifié, ni y être employé en aucune manière.

Ils seront de service par semaine pour l'analyse et le travail des pétitions adressées à l'Empereur. Ils feront également ce travail sans le secours d'aucun commis.

Les cartes et plans qui seront nécessaires au cabinet seront dressées, soit dans les bureaux de la marine, soit dans les bureaux de la guerre, soit dans ceux des ponts et chaussées, afin qu'il n'y ait dans le palais de l'Empereur aucun dessinateur on aucun autre employé pour cet objet.


 Saint-Cloud, 24 octobre 1804

DÉCISION

Explications données par le ministre directeur de l'administration de la guerre sur la provenance de souliers de mauvaise qualité fournis à des corps de la division italienne.

Faire sévir ou contre le fournisseur, si les souliers viennent de lui, ou contre l'officier qui les aurait achetés pour le corps. C'est là le résultat qui doit être présenté à l'Empereur.


Saint-Cloud, 25 octobre 1804

NOTES POUR LE MINISTRE DES FINANCES

On peut laisser en l'an IX les dix millions affectés sur les domaines nationaux, et accorder à la caisse d'amortissement non-seulement les dix millions pour l'an XIII, mais encore les quatre millions et ce qui peut lui être dû pour l'an XII. La caisse, par ce moyen, commencera, sinon dès cette année, du moins l'année prochaine, à se trouver très-riche, et il est vrai de dire que les dix millions de l'an XIII, que la loi veut qu'on verse à la caisse pour fonds d'amortissement , ne peuvent pas être regardés comme nécessaires en ce moment, attendu que ce fonds des cinq pour cent ne monte qu'à quarante-trois millions.

L'Empereur désire que le ministre lui présente un projet de décret dans ce sens.

Quant aux dix millions de l'an IX, lorsque, d'ici à un mois, on fera le compte des exercices, il sera peut-être convenable de les employer à l'an IX, pour payer les créanciers de cette année qui préféreront ce mode de payement à de plus longs délais.


Saint-Cloud, 26 octobre 1804

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, j'ai lu avec attention le rapport que vous m'avez remis sur le dépôt de la guerre. Ce rapport ne peut être imprimé. Il est inutile de publier que vous faites faire la carte de la Morée, celle de la Bavière, etc.

Je crois que les ingénieurs géographes travaillent, mais je ne suis pas certain qu'ils travaillent sur de bonne bases. On leur fait faire des cadastres, et non des cartes militaires; d'où il suit que dans vingt années on n'aura rien. J'ai eu occasion de m'en assurer dans les départements du Rhin; on m'a présenté de grandes cartes très-inutiles. On a employé quatre années, et je ne sais quel nombre d'ingénieurs , et quelle somme d'argent, à ne faire qu'une partie du département de la Roer, et l'on a rien des départements de Rhin-et-Moselle, du Mont-Tonnerre, qui sont véritablement importants. Mettre vingt années à terminer des cartes et des plans, c'est trop travailler pour la postérité. Si l'on s'en était tenu à faire des cartes sur l'échelle de Cassini, on aurait déjà toute la frontière du Rhin. Combien de circonstances peuvent se présenter d'ici à vingt ans où nous les regretterons ! Que d'événements peuvent arriver, même pour cet amas papier, avant qu'on ait tiré quelque avantagé de tout ce travail ! Je ne sais pas pourquoi la guerre veut faire des cadastres. Les ingénieurs avaient commencé en Corse un cadastre, qui dans le pays était regardé comme très-mal fait; il n'y avait de bien et de très-utile que la grande carte qui s'est perdue et qui ne devait pas coûter plus de cent mille écus, tandis que le cadastre coûtait plusieurs millions.

Je vois dans votre rapport qu'on a levé sur l'échelle de 1/2000 les biens sénatoriaux enclavés dans le département de la Roër. Qu donné cet ordre ? On perd ainsi à des futilités un temps qu'on pourrait employer à des choses vraiment intéressantes. Le fait est que n'ai eu, dans mon voyage du Rhin, aucune carte où je pusse prendre quelque connaissance du pays. Nous avons à faire lever le Mont-Blanc, le Piémont, la République italienne, la République ligurienne et les États du pape. Il ne manque donc pas de travail pour les ingénieurs géographes. Mais si l'on suit pour le Mont-Blanc, où je vois que depuis l'an X les triangles ne sont pas encore faits, et pour le Piémont la marche que l'on a suivie pour les départements du Rhin rien ne sera fini de nos jours. Les ingénieurs sont trop maîtres de faire ce qu'ils veulent. Je n'avais pas demandé autre chose  que de compléter la carte de Cassini. Assurez-vous que les opérations ne sont pas dirigées pour de trop vastes projets. L'expérience prouve que le plus grand défaut, en administration générale, est de vouloir faire trop ; cela conduit à ne point avoir ce dont on a besoin. Faites-moi donc un rapport positif sur le temps où les départements réunis seront placés sur 1a carte de Cassini. Donnez des ordres et prenez des mesures pour que ce travail soit terminé le plus tôt possible. Quant au cadastre, s'il était nécessaire, ce ne serait point à la guerre à le faire; et, au lieu de s'occuper d'abord  des départements de la frontière, il serait beaucoup plus naturel de commence les départements qui avoisinent Paris. Depuis cinq ans je ne vois encore aucun résultat de la carte d'Italie. A quelle époque me présentera-t-on enfin quelques feuilles achevées ? Votre rapport présente un résultat pour la carte de la Souabe. S'il y a quelques parties terminées, je désire que vous me les fassiez apporter. Ordonnez surtout de bien marquer la nature des différents chemins, afin de distinguer ceux qui sont praticables ou impraticables. Si tous les débouchés des montagnes Noires sont exactement placés, cette carte sera une des plus essentielles que nous puissions avoir.


Saint-Cloud, 26 octobre 1804

DÉCRET

Seront appelés au couronnement et invités (indépendamment des personnes désignées par le sénatus-consulte) :

MINISTÈRE DE LA JUSTICE.

    1° Les procureurs généraux des cours d'appel;
    2° Les présidents et procureurs généraux des cours criminelles.
    Ils recevront, pour toute indemnité, des frais de voyage qui seront réglés à 10 francs par poste.
    La même indemnité sera accordée aux présidents des cours d'appel.

 MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR.

    1° Les présidents des conseils généraux de département.
    Il ne leur sera alloué aucune indemnité.
    2° Les préfets.
    Ils recevront, pour toute indemnité, des frais de voyage qui seront réglés à raison de 10 francs par poste.
    3° Les sous-préfets de tous les arrondissements.
    Ils recevront, pour toute indemnité, des frais de voyage à raison de 5 francs par poste.
    4° Les vice-présidents des chambres de commerce.
    Ils ne recevront aucune indemnité.
    Les maires des trente-six villes recevront une indemnité sur les fonds des communes.

Les présidents des colléges électoraux et des assemblées de canton étant revêtus de ce titre à raison de leurs propriétés, il n'y a lieu à leur accorder une indemnité.

GUERRE

ARMÉE DE NAPLES

Aucun officier de cette armée ne sera appelé.

ARMÉE FRANÇAISE DANS LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE.

Le maréchal Jourdan sera appelé en conséquence du sénatus-consulte.

27e DIVISION MILITAIRF

Aucun des ingénieurs employés dans le Piémont ne sera appelé.

CAMP DE BOULOGNE.

Le maréchal Soult sera appelé en conséquence du sénatus-consulte, ainsi que les généraux Andréossy, président de collége, Vandamme, Saint-Hilaire, Suchet et d'Hautpoul, grands officiers de la Légion d'honneur. 

Le tiers des généraux de brigade sera appelé.

Le camp de Boulogne sera commandé, en l'absence du maréchal Soult, par le général Legrand.

CAMP DE MONTREUIL

Le maréchal Ney sera appelé en conséquence du sénatus-consulte, ainsi que le général Loison, grand officier de la Légion d'honneur.

Le camp de Montreuil sera commandé, en l'absence du maréchal Ney, par le général Dupont.

Le tiers des généraux de brigade sera appelé.

CAMP DE BRUGES

Le maréchal Davout sera appelé en conséquence du sénatus-consulte, ainsi que les généraux Oudinot, Friant et Gudin, grands officiers de la Légion d'honneur, et le général Matthieu Dumas.

Le camp de Bruges sera commandé, en l'absence du maréchal Davout, par le général Walter.

Le tiers des généraux de brigade sera appelé.

RÉSERVE DE LA CAVALERIE

Le général Bourcier sera appelé comme grand officier de la Légion d'honneur.

Un général de brigade sera appelé.

GRENADIERS DE LA RÉSERVE

Le général Junot sera appelé en conséquence du sénatus-consulte. Un général de brigade sera appelé.

DIVISION DE DRAGONS

Le général Klein sera appelé comme grand officier de la Légion d'honneur.

Un général de brigade sera appelé.

DIVISION DE DRAGONS

Le général Baraguey d'Hilliers sera appelé en conséquence du sénatus-consulte.

Un général de brigade sera appelé.

ARMÉE FRANÇAISE EN BATAVIE

Le général Marmont sera appelé. L'armée sera commandée, en son absence, par le plus ancien général de division. Il amènera un général de division et deux généraux de brigade, qu'il désignera.

ARMÉE DE HANOVRE

Le général Bernadotte sera appelé. L'armée sera commandée, en son absence, par le plus ancien général de division. Il amènera un général de division et deux généraux de brigade, qu'il désignera.

DIVISIONS MILITAIRES

Tous les généraux commandant les divisions militaires seront appelés.

Aucun des généraux de brigade employés dans les divisions militaires ne sera appelé; ils sont nécessaires pour le commandement des départements.

Aucun commandant d'armes ne sera appelé.

Les généraux de brigade Gassendi, Sanson et Pannetier, employés auprès du ministre, ainsi que le général Bellavène, commandant l'École militaire spéciale de Fontainebleau, seront appelés.

Les lettres closes ne seront adressées aux généraux qu'au dernier moment, afin qu'ils n'arrivent à Paris que dans les premiers jours de frimaire.

MARINE

L'amiral Bruix sera appelé, conformément au sénatus-consulte, ainsi que l'amiral Ganteaume, les préfets maritimes et le commissaire général Malouet.

Les lettres closes ne seront adressées aux amiraux, aux préfets maritimes et au commissaire général d'Anvers qu'au dernier moment, afin qu'ils n'arrivent à Paris que dans les premiers jours de frimaire.

Les colonies seront représentées par des députations composées  de six individus par chaque colonie.

Les personnes appelées, aux termes du sénatus-consulte, soit à accompagner Sa Majesté, soit à être présentes au serment, recevront des lettres closes conçues en ces termes :

Monsieur . . . . . . . .Président de . . . . . . . . . . .la divine Providence et les constitutions de l'Empire ayant placé la dignité impériale héréditaire dans notre famille, nous avons désigné le cinquième jour du mois de frimaire prochain pour la cérémonie de notre sacre et de notre couronnement. Nous aurions voulu pouvoir, dans cette auguste circonstance, rassembler sur un seul point l'universalité des citoyens qui composent la nation française. Toutefois, et dans l'impossibilité de réaliser une chose qui aurait en tant de prix pour notre cœur, désirant que ces solennités reçoivent leur principal éclat de la réunion des citoyens les plus distingués, et devant prêter en leur présence serment au Peuple français, conformément à l'article 52 de l'acte des constitutions en date du 28 floréal an XII, nous vous faisons cette lettre pour que vous ayez à vous trouver à Paris avant le 1er du mois de frimaire (les lettres expédiées porteront indiqueront : le onzième) prochain et à y faire connaître votre arrivée à notre grand maître des cérémonies. Sur ce, nous prions Dieu qu'il vous ait en sa sainte garde.

Écrit à Saint-Cloud, le (les lettres expédiées porteront la date du 3 du mois de frimaire). . . . . . . .

Les personnes ayant droit d'accompagner l'Empereur ou d'être présentes an serment, et qui, pour raison de service, seront dans cas de rester à leur poste, recevront une lettre du ministre dans 1es attributions duquel elles se trouvent, pour leur faire connaître cette détermination.

En vertu du présent ordre, signé de notre main, ces différentes lettres seront transmises à toutes les personnes qui doivent les recevoir par les soins et sous le contre-seing de notre secrétaire d'État.


Saint-Cloud, 27 octobre 1804

NOTE POUR LE CONSEIL D'ÉTAT

Projet de décret portant que les maires et adjoints sont déclarés faire partie des conseils municipaux. 

Comment accorde-t-on cette mesure avec le droit de surveillance du conseil sur l'administration de la municipalité ?


Saint-Cloud, 27 octobre 1804

A M. Fouché

Monsieur Fouché , Ministre de la police, faites arrêter demain, à la pointe du jour, M. Gaspard Belleval, émigré non rayé, soi-disant agent du prince Ypsilanty. Faites saisir en même temps tous ses papiers, et faites-en faire le dépouillement. Toutes les probabilités sont que cet émigré est ici un espion russe. Comme cet individu est un intrigant du premier ordre , il ne faut point le mettre au Temple, où il pourrait se mettre en communication avec les autres prisonniers; il faut le mettre dans une petite prison obscure, où il ne puisse lier aucune correspondance de ce genre.


Saint-Cloud, 27 octobre 1804

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, Ministre des relations extérieures, faites connaître en Hollande, par une note, mon mécontentement des communications qu'on y entretient avec les Anglais. Envoyez-y l'état, que je vous fais passer, des marchands qui reçoivent des marchandises anglaises, et insistez pour que le gouvernement prenne des mesures telles que toute correspondance cesse entièrement.


Saint-Cloud, 27 octobre 1804

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, Ministre des relations extérieures, je vous envoie des passe-ports qu'un agent prussien a donnés à des matelots. Voulant conserver tous les procédés avec la Prusse et lui donner constamment des marques d'égards, je désire que vous demandiez seulement le rappel de cet agent et son remplacement.


Saint-Cloud, 27 octobre 1804

DÉCRET

ARTICLE 1er. - M. le cardinal Cambacérès, M. le sénateur Aboville et le maître des cérémonies Salmatoris, iront au-devant du Pape jusqu'à l'extrême frontière du département de Marengo.
ART. 2. - Ils veilleront à ce que Sa Sainteté reçoive sur toute la route les honneurs dus à son rang. 
ART. 3. - Du moment où le Saint-Père sera arrivé sur le territoire de l'Empire, il sera défrayé de la dépense des postes et de tout ce qui lui sera nécessaire.
ART. 4. - Le ministre des relations extérieures est chargé donner toutes les instructions et de prendre toutes les mesures pour l'exécution du présent décret.


Saint-Cloud, 27 octobre 1804

DÉCISION

Le préfet de la Charente transmet un procès-verbal et des pièces concernant la conduite criminelle tenue à la Rochefoucauld par le deuxième bataillon de la première légion du Midi envers la gendarmerie de cette résidence dont gendarme a été tué.

Le ministre de la guerre donnera des ordres pour que les coupables d'un crime aussi atroce soient traduits devant une commission militaire et jugés dans les vingt-quatre heures.


Saint-Cloud, 27 octobre 1804

Au maréchal Soult

Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 25 vendémiaire et votre dépêche télégraphique. J'y vois avec peine que les malades augmentent dans l'armée. J'apprécie les sentiments qui l'animent. Le monument qu'elle veut élever servira d'époque par les événements militaires qui le suivront, et dont la gloire surpassera les dangers et les fatigues.

J'apprends qu'il y a à Boulogne des duels. Faites connaître à l'ordre que le soldat français n'a pas le droit d'exposer sa vie pour des futilités, et que tout sang versé sans tourner à l'honneur du drapeau et de la patrie est un crime.


Saint-Cloud, 29 octobre 1804

A M. Fouché

Monsieur Fouché , Ministre de la police générale , vous verrez dans le Moiniteur de demain la relation d'un attentat inouï des Anglais contre quatre frégates espagnoles. Faites insérer dans les journaux plusieurs articles, dans le but d'exciter l'Espagne à la guerre et d'indisposer le plus possible les puissances de l'Europe contre l'Angleterre.


Saint-Cloud, 31 octobre 1804

NOTE POUR LE GÉNÉRAL LAURISTON

Connaître l'artillerie destinée à être embarquée sur l'escadre de Toulon. Il paraît qu'il y a 1,200 bombes à Cayenne. Comme il est possible qu'elle ne soit pas de bronze, on fera bien d'embarquer deux mortiers de 12 pouces avec leurs crapauds et armement, un nombre de fusées et 2 à 300 bombes; on pourra en prendre, s'il en est besoin, un millier à Cayenne, ce qui fera un approvisionnement de 600 bombes par mortier. On prendra deux mortiers de 8 pouces avec 400 bombes, et enfin quatre ou six petits mortiers anglais; il doit y en avoir à Toulon; ils sont de moins de 6 pouces. Pour cela, il n'y aura aucun inconvénient à emporter 5 ou 600 coups à tirer par pièce, puisque cela ne fait point d'encombrement. Il faut emporter autant de poudre qu'en peut contenir l'escadre. On estime qu'il faut emporter 4,000 outils de toute espèce au moins.