1 - 15 Juillet  1805 


Gênes, ler juillet 1805

A M. Cambacérès

Mon Cousin, j'apprends avec plaisir que votre santé s'améliore. M. l'architrésorier se porte ici fort bien. Il est très-propre au gouvernement de ce pays-ci ; il a les talents nécessaires pour gouverner toute sorte de pays, mais il a de plus les formes et la réserve qui conviennent à Gènes.

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Je vous envoie l'allocution du Saint-Père sur son voyage en France, que je désire que vous fassiez mettre dans le Moniteur.


Gênes, ler juillet 1805

Au vice-amiral Decrès

Monsieur Decrès, je suis arrivé à Gênes; j'ai déjà parcouru le port. Les travaux qu'on fait aux darses m'ont paru être d'une réussite douteuse; beaucoup d'autres projets sont présentés, entre autres celui d'établir le port militaire au port franc, et celui de l'établir derrière le môle, près la lanterne. L'ingénieur qu'on a envoyé ne me paraît pas assez supérieur en talents et en expérience pour décider une question de cette importance. Peut-être serait-il nécessaire que celui de Cherbourg vînt passer une quinzaine de jours ici. Je n'ai trouvé que M. Forfait d'arrivé; les autres commissaires ne le sont pas encore.

Je vous renvoie les lettres de la Guadeloupe; vous pourrez faire mettre dans le Moniteur les lettres de l'amiral Cochrane pour faire voir la mauvaise foi des Anglais.

Les nouvelles que je reçois de Madrid, du 29 prairial, assurent qu'il y avait devant Cadix 10 vaisseaux anglais et 6 frégates. Il sera nécessaire d'expédier un second courrier à M. Le Roy, car il faut qu'il me tienne très au fait. Faites mettre dans le Moniteur la nouvelle du petit événement de Muros et de l'arrivée du brick à Santander; vous direz qu'il n'a apporté aucune nouvelle des escadres combinées, et vous ferez rédiger l'article de manière à faire penser qu'elles sont loin des mers d'où il vient.


Gênes, 3 juillet 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin, je vous autorise à faire payer les 100 louis qui ont été dépensés en France pour mon couronnement. Il n'y a aucun doute que les grands officiers de la couronne aient droit au traitement de consulteurs; ainsi les grands officiers ont :
   1° Les commanderies, dont j'ai ordonné par un décret que le revenu serait payé par l'économat;
   2° Le traitement du palais;
   3° Le traitement des consulteurs.

Les officiers doivent toujours être à la parade en grand uniforme; je ne puis regarder cela comme une dépense bien chère. Je vous envoie le décret signé par M. Martinengo. Je vous envoie la lettre de M. Melzi; vous verrez qu'il y a eu du tripotage. Dans le fait il était difficile de penser que Melzi, qui a de l'esprit et de la tenue, pût se comporter si mal. C'est une raison de plus qui prouve combien il faut être en garde dans ce pays-là.

Les dragons ne peuvent pas prendre le nom de Joséphine; il est plus convenable qu'ils portent le nom de dragons de la Reine; je vous envoie le décret. Il y aurait du ridicule à faire porter à des militaires des noms de femmes.

Je vous envoie le projet de décret sur l'uniforme; j'approuve que l'habit soit blanc, mais il faut conserver dans les collets et revers les trois couleurs nationales. -


Gênes, 3 juillet 1805

A M. Paradisi, directeur des travaux publics dans le royaume d'Italie

Je ne puis que persister dans mon opinion. Je vous ai chargé du travail le plus important. C'est votre faute s'il ne marche pas bien.

Levez toutes les difficultés et réussissez, car, quand on veut fortement, constamment, on réussit toujours. Je connais vos talents, votre zèle et votre attachement à ma personne. Je ne doute donc pas que votre direction ne s'organise promptement, et qu'elle ne marche comme il convient.


Gênes, 3 juillet 1805

Au vice-amiral Decrès

Je ne vois pas d'inconvénient à donner à l'escadre de Rochefort un peu plus de latitude. Il paraît que les Anglais ont vraiment 9 ou 10 vaisseaux devant la Méditerranée, puisqu'il y en avait 7devant Cadix. Est-ce Nelson ou une autre escadre, c'est ce qu'on ne sait pas bien. Tout porte à croire cependant que Nelson est parti.


Gênes, 4 juillet 1805

Au vice-amiral Decrès

Vous devez fixer votre attention sur Toulon. Tous les rapports que je reçois sont que les officiers toulonnais qui ont fui en Angleterre servent plus ou moins le gouvernement anglais. Cependant plusieurs de ces officiers ont été admis à mon service; ce qui a été fait contre ma volonté, car il n'est jamais entré dans mes projets d'employer des hommes qui ont livré nos ports aux Anglais.


Gênes, 3 juillet 1805

A M. Régnier

Je désirerais avoir un projet de décret, pour mettre un terme aux abus des marchés à prime, surtout de la part des agents de change.


Gènes , 4 juillet 1805

Au prince Eugène

Mou Cousin, vous trouverez ci-joint un décret qui nomme M. Guastavillani membre du Conseil législatif; il y aura un membre de plus, mais c'est un galant homme, qui a été oublié par erreur, et auquel mon intention n'est pas que cela fasse tort. Il sera payé sur la liste civile jusqu'à ce qu'il y ait une place vacante.

Je serai à Turin dimanche; j'y resterai toute la journée, et j'en partirai lundi à huit heures du matin. Je désire que MM. Paradisi et Aloscati s'y rendent aussi.

Vous pourrez nommer à toutes les places d'officiers et commandants de la garde nationale.

Je désirerais attacher Monti à ma personne , comme lecteur ou secrétaire des commandements.

Je vous envoie une notice sur les eaux du Reno et du Pô, qui est bonne à mettre dans les journaux; faites-y mettre aussi des extraits du rapport sur la lettre des eaux que je joins ici.

Il me serait difficile d'entrer dans tous les détails des observations sur la loi du budget; faites droit à toutes. Celles sur l'enregistrement sont naturelles; les peuples sont toujours effrayés d'un nouvel impôt; mon intention est de le doubler et de le porter à 4 millions; mais je diminuerai l'impôt foncier de 5 deniers : il est aujourd'hui beaucoup trop fort, et je ne ferai point cette diminution au marc la livre, mais je la ferai porter sur les départements qui sont trop chargés. Il faut donc que le ministre de l'intérieur s'occupe, d'ici à ce temps, de connaître les départements qui sont le plus ou le moins chargés. Quant à l'observation sur les tarifs, tâchez de leur faire bien comprendre que la loi doit avoir la dignité de ne pas se contredire tous les jours , et elle s'expose à se contredire surtout lorsqu'il est question de l'établissement d'un tarif que l'expérience n'a pas sanctionné; au lieu qu'en laissant au gouvernement la faculté de le fixer, pourvu qu'il ne passe pas un million, elle est à même d'en voir l'effet; et quand on le propose au Corps législatif pour le convertir en loi, le gouvernement a pour lui l'expérience; chaque membre, ainsi éclairé par l'expérience, peut apprécier justement les changements à y faire; et alors, une fois établi par la loi, il ne sera plus susceptible de tant de changements, puisque ce résultat sera déjà le fruit de l'expérience.


Gênes, 5 juillet 1805

Au maréchal Berthier

La darse doit être destinée en entier à la marine; placez l'artillerie de terre dans un autre établissement. Vous savez qu'il est impossible qu'elle se trouve mêlée dans le chantier de la marine. Il y a ici un directeur d'artillerie génois, bon officier, qu'on peut laisser quelque temps comme directeur à Gênes.

La situation de l'artillerie en Italie est alarmante; qu'on me propose un rapport sur cet objet, sur ce qu'il faut espérer des ordres donnés, sur la marche du travail, et sur ce que j'ai à espérer pour chaque année. La place de Gènes a une grande quantité, de bronze mauvais, une grande quantité de boulets la plupart hors de  calibre, et presque point d'affûts. Toutes les places d'Italie sont sans affûts, même l'équipage de campagne. Tous les équipages de siège pour Alexandrie et autres places sont encore sans affûts. Je désirerais que Gassendi me fit trois états qui me fassent connaître d'après les ordres qui ont été donnés : 1° la force des équipages de campagne et de siège que j'ai prescrits; 2° ce qui existe actuellement; ce qui existait au 1er prairial et dans quel endroit; ce qui existerait au 1ervendémiaire, an XIV, an XV et an XVI, en me faisant connaître la progression des travaux, soit à l'arsenal et fonderie de Turin, soit de Plaisance, soit de Gênes.

Vous me ferez particulièrement un état pour l'armement des  places et citadelles de Fenestrelle, Gavi, Alexandrie, et Savone.

Il ne faut point se dissimuler, Gassendi doit bien le savoir que c'est une mauvaise artillerie. Ce qui nuit au corps de l'artillerie, c'est lorsque au lieu de boulets de calibre il y a des boulets d'un calibre plus bas; cela ne peut produire aucun bon résultat.

Je désire donc n'avoir en Italie dans toutes mes place que des pièces de calibre français de 24, 18, 12, 6 et 3; des mortiers de 8 pouces, de 12 pouces et de 6 pouces, et que toutes les pièces soient approvisionnées avec des boulets neufs, juste de bon calibre.

J'ai donné le même ordre pour Peschiera, Legnago, Mantoue et la Rocca d'Anfo. On se servira ici de la fonderie de Pavie. Pour la 27e division militaire, vous ferez mettre en activité celle de Gênes, comme vous avez fait de celle de Turin.

Les 5,000 armes destinées pour Gavi sont arrivées par une gabare; faites de Gavi ce que j'ai décidé. Mon intention est qu'il y ait une salle de 20,000 armes à Gênes; il est commode de les faire passer par Toulon; on évite ainsi les montagnes.

Quant aux fortifications de Gênes, j'en ai été très-satisfait. Je désire qu'on ajoute deux petits forts ou redoutes maçonnées sur les points intermédiaires au Diamant et à l'Éperon, et qu'on me présente un projet pour mettre le fort Richelieu en état de se défendre contre une batterie de gros canons. Je désire que vous fassiez faire un mémoire par l'officier du génie de Gênes, pour savoir combien il faut de journées à l'ennemi pour transporter des canons de la mer contre le fort Richelieu , et faire un chemin tant pour les pièces que pour les approvisionnements, et en même temps, combien il faudrait pour porter l'artillerie de Novi au Diamant, en faisant connaître laquelle de ces deux opérations serait la plus facile.

Le fort de l'Éperon se trouve déjà isolé. Il faut que sa défense du côté de Gênes soit mieux systématisée, et que ce fort contienne toujours de gros mortiers, des magasins à poudre, des vivres, de manière que ses 2 ou 300 hommes puissent imposer à toute la population de Gènes.


Gènes, 5 juillet 1805

Au vice-amiral Decrès

J'ai ordonné qu'on évacuât les magasins des darses; l'ensemble formera des magasins superbes pour la marine; ordonnez-en l'organisation. J'ai ordonné que tous les Génois qui s'y trouvent aujourd'hui, ce qui se réduit à peu de chose, soient employés dans l'administration. 

J'ai ordonné que tous les canonniers de Gênes se rendissent à Toulon , pour former un 5e bataillon. Il peut n'être que de quatre compagnies actuellement. J'ai ordonné que les quatre bataillons de Turin se rendissent à Gênes pour le service de l'arsenal de Gênes. J'imagine que l'officier d'artillerie chargé de monter le parc ne tardera pas à arriver. J'estime qu'il faut commencer par organiser les magasins et les remplir. Je ne crois pas que ce soit une bonne méthode de faire venir de Toulon : cela coûte beaucoup plus cher. Le commerce fournira ici tout ce dont on aura besoin, et tirera tout d'Italie.

J'ai visité les trois frégates; je n'y ai vu aucune caronade, et j'ai trouvé tous les officiers et maîtres pleins de l'idée que, de près, les caronades ont le même effet que des grosses pièces. L'Incorruptible, qui s'est battue contre une corvette armée de trente-deux caronades, a souffert beaucoup. Je ne conçois pas ce qui a empêché le Creuzot d'en faire et de les envoyer à Toulon. La navigation du Havre à Toulon n'est pas interceptée.

Il faut établir à Gênes une manutention de vivres. Les frégates n'ont point de munitions, et la Pomone n'en a pas du tout. Si Gênes était bloquée, cela annulerait tout à fait les transports. Poudre, boulets, affûts et tous les autres objets d'artillerie, hormis les pièces, peuvent être faits à Gênes; et tous, sans distinction, peut-être hormis les mâts, doivent être faits à Gênes. Le commerce est tellement actif ici qu'il est possible qu'il vienne des mâts de la mer Noire. J'ai vu le chantier de construction, où le Génois peut être considéré comme près d'être lancé d'un moment à l'autre. Le Scipion est sur sa quille. Il y a beaucoup de bon et de beau bois. On pourrait mettre deux autres vaisseaux, ce qui ne peut être fait dans aucun port de France. J'ai vu beaucoup de bois venant de Livourne et de l'Albanie. Il faudrait que le vaisseau remplaçant le Génois fût de 80, et établir deux cales pour deux nouveaux vaisseaux. Il faut que vous vous occupiez sérieusement de la question des armements des vaisseaux. Un brick comme le Cyclope ne résisterait pas à un brick de même force armé de seize caronades de 36. Je désire que vous destiniez un vaisseau et une frégate à faire les essais de la méthode que je vous ai fait connaître. Armez le vaisseau, à la 1e batterie, de 36, à la 2e, 36 plus court et devant tirer avec six ou sept livres de poudre; sur le gaillard, du 36 , mais avec deux ou trois livres de poudre. Ce vaisseau pourrait donc jeter avec soixante et quatorze pièces des boulets et de la mitraille de 36. On ferait la même chose pour la frégate, en 18 ou en 24. Vous pourrez faire fondre, à Liége, de ces pièces de canon de toutes les espèces. Les Anglais, sans rien dire, pratiquent cette méthode. Voilà dix ans que nous sommes en arrière sur l'amirauté. Si l'on reste en arrière sur cette partie, c'est le cas de changer; cela produirait un grand effet par la suite. Je vois qu'on ne s'en occupe jamais. Le Borée sera armé sans caronades. L'Uraniene marche pas, parce que les canons sont espagnols. Il me semble que Toulon aurait bien pu lui donner d'autres pièces de 18.


Gênes, 5 juillet 1805

A M. Jérôme Bonaparte

Mon Frère, votre division, composée de 3 frégates et de 2 bricks, doit être approvisionnée d'au moins trois mois de vivres et de trois ou quatre mois d'eau. Vos équipages seront complétés en matelots de Gênes. Il sera mis 50 hommes en sus sur chaque frégate, afin de les rendre susceptibles d'un plus haut degré de résistance. Ces 50 hommes seront fournis par l'infanterie. A cet effet, la compagnie du 102e que vous avez à bord de la Pomone sera portée à 100 hommes. De plus, un maréchal des logis et 15 canonniers de ma Garde tiendront garnison sur la Pomone pendant cette sortie. J'ai ordonné que 100 hommes du 20e de ligne soient mis à votre disposition, pour augmenter la garnison de l'Uranie de 50 hommes et celle de l'Incorruptible de 50 hommes. Vous ferez compléter les batteries des gaillards avec de l'artillerie de bronze qui est à Gènes, et vous augmenterez l'artillerie de vos frégates de plusieurs des caronades de 15 qui se trouvent à l'arsenal de Gènes. Vous enverrez un courrier extraordinaire à Toulon, pour demander qu'on vous envoie des canonniers français pour remplacer les Génois qui sont sur votre division. Ils pourraient vous arriver à temps, parce que les vents peuvent apporter du retard à votre départ.

Du moment que votre division sera en état, vous mettrez à la voile. Vous vous présenterez devant Bastia; vous demanderez au général qui y commande 100 bons matelots, ayant au moins six ou sept ans de mer, et vous les répartirez sur votre division.

Vous recueillerez tous les renseignements que vous pourrez avoir sur la situation des Anglais aux îles de la Madeleine.

Après cela, vous naviguerez en côtoyant la Sardaigne, jusqu'aux trois quarts de la côte, de manière à ne point trop approcher de Cagliari. S'il y avait des corvettes, des bricks ou des transports anglais dans la rade de la Madeleine, vous les enlèveriez.

Vous vous rendrez de là devant Alger. Vous ferez remettre la lettre ci-jointe à mon chargé d'affaires, commissaire des relations commerciales, qui se rendra à votre bord. Le but de votre mission est de retirer tous les esclaves génois, italiens et français qui se trouvent dans les bagnes d'Alger. Si, cependant, cela éprouvait plus de difficultés que je ne pense, vous ne resterez pas plus de six jours à Alger, et vous opérerez, selon le temps, votre retour, soit sur Toulon, soit sur Gènes. Vous l'opérerez sur Gènes, si vous ramenez des  esclaves génois , et vous les garderez deux jours après votre arrivée, pour les faire débarquer en pompe.

A Alger, vous ne débarquerez point, ni pour voir mon commissaire, ni pour voir le Dey, que vous enverrez complimenter. Ce ne serait que dans le cas où le Dey viendrait au bord de la mer que vous pourriez vous rendre auprès de lui dans votre canot.


Gênes, 5 juillet 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin, votre décret sur l'uniforme me parait convenable. Je vous ai envoyé la loi sur les finances. Du moment qu'elle aura passé, ajournez le Corps législatif. Je prendrai en considération, dès que j'aurai un peu de temps, les mémoires que vous m'avez envoyés sur la Sesia. Il faut faire en sorte d'arriver à concilier les intérêts des deux rives, sans sacrifier l'une à l'autre.

Du moment que c'est M. Melzi qui a envoyé l'article au journaliste, c'est un homme plus plat que je ne croyais.

Je vais me rendre en grand costume à la métropole de Gênes, pour recevoir les serments des évêques et des principaux du pays, et distribuer quelques décorations de la Légion d'honneur. Je partirai, je crois, cette nuit, pour Turin.


Varennes, 10 juillet 1805 (Varennes-sur-Allier)

A M. Cambacérès

Mon Cousin, je m'arrête ici un moment pour souper; je serai demain jeudi, à dix heures du soir, à Fontainebleau. Faites mettre l'article ci-joint dans le Moniteur. Je recevrai vendredi les ministres qui sont à Paris, vers midi. Le conseil d'État et la Ville de Paris, et toutes les personnes qui ont l'habitude de m'être présentées, je les recevrai dimanche, à l'heure de la messe. Je recevrai vendredi le gouverneur de Paris, les grands dignitaires et les princes.


Fontainebleau, 12 juillet 1805

A M. Cretet

Il est impossible d'être plus mécontent que je ne l'ai été des chemins de Lyon jusqu'à Roanne. J'ai cru me retrouver à l'époque de la désorganisation de la France. Le chemin n'est pas meilleur le reste de la route. On ne peut attribuer cela au défaut d'argent. Mes ordres sont positifs. Les chemins de Paris à Turin doivent toujours être tenus dans le meilleur état possible. Je n'ai trouvé de beaux chemins que pavés. Comment seront donc ces chemins l'hiver ?


Fontainebleau, 12 juillet 1805

A M. Fouché

Le garçon boulanger qui a insulté à la grille des Tuileries une sentinelle mérite une sévère punition : la raison d'ivresse n'est pas une excuse. Il faut le traduire devant les tribunaux. L'excès auquel il s'est porté est le plus grand crime que puisse commettre un citoyen.

Vous ne vous expliquez pas assez sur cette phrase : «"La désertion est fréquente en Hanovre." Écrivez-en à mon ministre à Hambourg, pour savoir de quels corps sont les déserteurs, combien, et de quels départements. Une question comme celle-là m'importe beaucoup et doit fixer mon attention avant tout.


Fontainebleau, 13 juillet 1805

A M. d'Hauterive

Monsieur d'Hauterive, vous répondrez à cette lettre de M. Drovetti, que, dans tous les temps, les principes reconnus en Asie relativement aux agents commerciaux sont, qu'ils ne doivent se mêler en rien des affaires des gouvernements; qu'ils sont agents de commerce, et non de politique. L'autorité publique ne les intéresse que sous le rapport du bien et du mal qu'elle peut faire au commerce. Dans quelque main que cette autorité soit placée, ils doivent la regarder comme légitime, quand elle ne nuit ni à leur agence, ni au commerce que cette agence est destinée à protéger. Les commissaires commerciaux n'ont rien de commun avec les agents diplomatiques. Dans les changements qui se préparent ou qui s'opèrent dans le gouvernement, il faut qu'ils se conduisent avec prudence. Ils ont besoin d'un peu de dextérité pour pressentir les événements; mais il y a deux règles dont ils ne doivent jamais s'écarter : 1° ne reconnaître l'autorité que lorsque la victoire a décidé du sort du pays; 2° quelles que soient les révolutions, ne jamais quitter leur poste.


Fontainebleau, 13 juillet 1805

A M. d'Hauterive

Monsieur d'Hauterive, je vous renvoie le reste du portefeuille des relations extérieures. Il s'y trouve plusieurs lettres de protocole dont vous enverrez les réponses à la secrétairerie d'État, pour être présentées à ma signature.

Vous ferez connaître à mon ministre à Hambourg que je désire qu'il veille avec la plus grande activité à ce qu'il ne soit rien toléré dans cette ville de contraire à mes intérêts; que j'ai droit d'attendre qu'on s'y conduise à mon égard comme on se conduit à Berlin, à Vienne même. Vous lui écrirez de vous désigner les trois ou quatre maisons de commerce qui, avec connaissance de cause, secondent les intrigues et l'espionnage des Anglais, et de vous faire connaître quel mal il serait possible de leur faire.

Vous répondrez sur-le-champ au cardinal Fesch, mon ambassadeur à Rome, que je préfère le commandeur Miari, Vénitien, au Napolitain, pour faire opposition aux Napolitains.


Fontainebleau, 13 juillet 1805

Au maréchal Berthier

Vous devez avoir reçu un décret qui forme la 28e division militaire; j'imagine que vous avez donné tous les ordres à ce relatifs.

L'État de Parme est encore étranger à l'état militaire de l'Empire. Les forteresses, les places, le génie, tout est administré, commandé par des officiers parmesans; il faut faire cesser cet ordre de choses. Mon intention n'est pas cependant de faire tort à aucun de ces anciens militaires, qui tous se sont bien conduits à notre égard pendant la guerre d'Italie. Ordonnez à l'administration des poudres de prendre possession des poudrières de l'État de Parme comme de celles  de Gênes, et de les mettre dans la plus grande activité. Donnez également l'ordre au génie militaire de se mettre en possession des fortifications de Parme, de Plaisance, du château de Bardi et des autres petits forts de cette province.

Faites faire un état de tous les officiers parmesans qui y sont employés; leurs appointements sont très-médiocres; ceux des colonels ne sont, je crois, que de 80 ou 100 francs; vous me transmettrez cet état, afin que je prenne une décision. En attendant, ils conserveront la jouissance des appointements attachés à leur grade et à leur emploi.

La citadelle de Gavi a besoin de quelques réparations. Donnez ordre au directeur du génie à Gênes d'y faire faire les réparations nécessaires et d'y employer, cette année, une vingtaine de mille francs; c'est peu de chose, mais, dans la situation où est cette place, avec cette dépense elle peut être mise en état de rendre des services.

Proposez-moi la nomination du commandant de cette place, et ordonnez qu'il demeure dans la citadelle. Cet ordre est général; je ne puis voir des commandants de citadelle demeurer hors de leur citadelle.

Donnez ordre au général Chasseloup de vous présenter des projets pour améliorer les fortifications de Gênes.

Ce qui me parait le plus pressant dans ce moment-ci à pourvoir est le fort Richelieu et le fort de Quezzi, et de construire deux redoutes maçonnées ou fortins entre le Diamant et l'Éperon. Vous me soumettrez ces projets et les devis avant le 1er vendémiaire.

Prescrivez au général Chasseloup de combiner les travaux de manière qu'à chaque cent mille écus que j'aurai dépensés j'obtienne un nouveau degré de force.

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Il peut se trouver quelques bons ingénieurs dans les officiers du génie parmesan.


Fontainebleau, 13 juillet 1805.   

Au prince Eugène

Mon Cousin, je suis arrivé à Fontainebleau quatre-vingt-cinq heures après mon départ de Turin. Cependant j'ai perdu trois heures de plus que je ne l'aurais dû au mont Cenis, et je me suis arrêté constamment, à cause de l'Impératrice, une ou deux heures pour déjeuner, et une ou deux heures pour dîner; ce qui m'a fait perdre encore huit ou neuf heures. Ajoutez à cela l'énorme pesanteur de mes voitures. Vous pouvez juger par là qu'avec deux bons cabriolets vous pourriez venir à Paris en soixante et douze heures, si je vous y appelais. Ainsi , en quinze jours vous pourriez aller et venir, et rester huit ou dix jours à Paris. La première-fois que j'irai en Italie, j'irai sans appareil et incognito. Il est donc à propos que je sois servi à Milan, soit pour le service d'honneur, soit pour le service domestique, par ma Maison italienne. Ce qui m'importe le plus, ce sont les chevaux de selle; faites-en acheter de bons à mesure qu'il s'en présente; et faites-les bien dresser, car rien ne ruine mon écurie de France comme de la faire voyager si loin.

Présentez-moi la nomination des pages; mon intention est de les faire venir à Saint-Cloud. Présentez-moi aussi l'organisation définitive de ma Maison italienne, et des sujets pour les places vacantes, afin de les compléter. Je vais aussi appeler deux dames italiennes pour faire le service d'hiver auprès de l'Impératrice, et un chambellan et un écuyer pour faire le service près de moi. Ils ne seront tenus de se rendre à Paris qu'en vendémiaire ou brumaire.

Je vous envoie un décret pour établir un chemin de Reggio à la Spezzia. Je crois avoir donné des ordres pour qu'on confectionnât quelques rations de biscuit et que le château de Vérone fût armé. Veillez à ce que cela soit fait, et voyez avec le directeur général de l'artillerie que le château soit armé et en état de défense, mais sans éclat et sans bruit.

Quand le Corps législatif aura fini ses séances, retirez-vous un mois à Monza, et faites travailler aux appartements du palais de Milan. Je crois vous avoir dit ce que je désirais. C'est qu'on puisse traverser les grands appartements actuels , et qu'on arrive par la même enfilade aux appartements qui donnent sur la place du Dôme. De cette manière, la chambre à coucher qui était destinée à l'Impératrice serait la chambre à coucher du Roi; l'endroit où l'on avait fait ce mauvais boudoir serait le salon du roi; la pièce qui précède serait la salle du trône, et celle des femmes de chambre serait le premier salon. L'appartement qu'occupait madame la Rochefoucauld serait celui de la Reine, en lui donnant le plus d'extension possible Les appartements où je me tenais seraient les petits appartements Il y aurait là la bibliothèque, le cabinet, les archives intérieures, le bureau topographique, une petite chambre à coucher avec un salle de bain et un petit salon, lequel donnerait droit sur ce qui me servait de cabinet ou salon de travail, c'est-à-dire la dernière pièce des appartements actuels.

En faisant mettre dans les journaux de Milan que je suis venu, en quatre-vingts heures de Turin, il faut ajouter que j'ai le projet de venir quelquefois à Milan en trois ou quatre jours, incognito, d'y rester un mois et de m'en retourner de la même manière.

Le prix du fourrage est excessif en Italie. Mon projet est de donner aux corps leurs masses de fourrage; faites-moi connaître si, pour les corps de cavalerie qui sont à Lodi, 20 sous par ration seraient suffisants. Bien entendu que je ferais payer ces masses d'avance, de manière qu'il n'y aurait jamais d'arriéré.


Fontainebleau, 14 juillet 1805

NOTE

Il y a une discussion de onze millions; nous aurions tort si  l'ambassadeur eût quitté l'Angleterre sur-le-champ, et si le traité eût été conclu lors des hostilités; mais il y a eu trois mois d'hésitation, Pendant lesquels les Anglais ont continué à commercer et l'ambassadeur a résidé à Londres. Non-seulement la France. n'a tiré aucun avantage pendant ces trois mois (ainsi elle a droit au subside jusqu'au jour de la ratification du traité de guerre), mais l'Empereur réclame, outre les douze millions des trois mois de l'an Xlll,, trente-deux millions provenant de deux millions par mois pour les dépenses que l'Espagne devait faire dans les ports et colonies au compte de la France. L'Empereur a fait payer ses dépenses au Ferrol et à Cadix. Si l'Espagne réclame pour les avances qu'elle a faites à la Havane, la France réclamera pour celles qu'elle a faites à l'escadre de Brest, et au total il est certain qu'en cavant au plus bas l'Espagne devra vingt-cinq millions. Pour les trente-deux, les stipulations sont claires et certaines avec la France; il faut tôt ou tard les exécuter. L'Empereur consent d'abandonner cette réclamation si on lui donne les douze millions. Le ministre traitera sur ce point avec M. lzquierdo.


Fontainebleau, 14 juillet 1805

NOTES POUR LE MINISTRE DES FINANCES:

Je suis propriétaire de biens nationaux de la valeur de trente-six millions de francs. Ces biens avaient été destinés à la Légion d'honneur dans les quatre départements réunis. Les estimations ont été faites, il y a deux ans, pour compte de la Légion d'honneur. Il n'y a donc aucune opération préparatoire à faire, et l'on peut commencer dès à présent. L'opinion du pays est que ces biens valent beaucoup mieux que ceux du Sénat. Le receveur de la Roër peut donner des renseignements, et, s'il est à Paris, le ministre du trésor le fera venir pour qu'il s'en explique.

L'on demande qu'une compagnie de capitalistes achète ces biens et verse, le jour même du contrat, des délégations pour les trente-six millions de francs qui en sont la valeur d'estimation. Ces obligations solidaires seraient divisées en coupures de cinquante mille francs, payables à raison de trois millions par mois, au 30 de chaque mois. Chaque rescription porterait son coupon d'intérêt à cinq pour cent l'an, du jour du contrat à son échéance.

L receveur de la Roër pourrait entrer dans cette compagnie. Lorsqu'on sera convenu avec elle des conditions, et qu'elles seront arrêtées, il y aura un accord fait avec la Banque, à l'effet de lui faire escompter les délégations à raison, 1° d'un demi pour cent par mois pour ce qui ne passera pas deux mois d'échéance, selon ses statuts; 2° moyennant une commission, en sus du demi pour cent pour tout ce qui excédera lesdits deux mois. Cette commission consistera
dans le coupon de cinq pour cent l'an , et à proportion pour ce qui aura moins que l'année; ainsi, par exemple, si une rescription ou une délégation est à une échéance de douze mois, elle sera escomptée par la Banque à présentation, moyennant six pour cent pour l'année et les cinq pour cent du coupon. Mais cet escompte de onze étant excessif, on ramènera toute l'opération au taux moyen de trois quarts par mois, en donnant une partie des effets à deux mois d'échéance, lesquels ne produisent qu'un demi pour cent par mois.

Des trente-six millions de francs, il en sera destiné dix-huit au service courant, et dix-huit à l'arriéré. Il est déjà certain que d'ici au ler vendémiaire il n'y aura pas possibilité que les ministères fournissent des liquidations pour dix-huit millions. Il faut d'abord que les liquidations absorbent les premiers dix millions.


Fontainebleau, 14 juillet 1805

Au vice-amiral Decrès

Les batteries de Brest doivent être approvisionnées à cent cinquante coups; soixante ne sont pas suffisants. Dans une position comme celle-là il ne faut point ménager les boulets, et, dès le moment que l'ennemi est à la plus grande portée, il faut commencer à tirer.

Les mortiers doivent être approvisionnés à cent coups. Il doit y avoir par chaque trois pièces un affût; à chaque mortier, un crapaud de rechange; à chaque batterie, une chèvre, trois ou quatre ouvriers en bois, un en fer, et une petite forge près de là, pour réparer le mal arrivé. Chaque jour, il faut compléter les munitions usées.

Il faut ajouter qu'il doit y avoir un double approvisionnement en boulets et boulets creux; que j'approuve que les boulets creux ne soient tirés qu'à 34 degrés; et huit livres de poudre à 1,500 toises suffisent. Mais à 2,400 toises il faut tirer des boulets de 36 avec 45 degrés et douze livres de poudre de charge. Avec douze livres de charge, une pièce de 36 sur affût de 45 degrés doit aller à 2,400 toises. Mon ordre est que, du moment que des bâtiments anglais se présentent à cette portée, on fasse tirer les mortiers à plaque à 2,000 toises, et à la fois les pièces de 36 de tous côtés; de manière que l'ennemi venant reconnaître soit entouré de boulets lui paraissant comme des bombes, et qui lui tombent comme du ciel. Les bricks, frégates et vaisseaux n'auront pas fait cette expérience que les vaisseaux cesseront d'approcher; et c'est le but que je veux obtenir, car je ne veux point de combat. Donnez donc votre ordre en conséquence.

Si ensuite l'ennemi s'approchait à 1,500 toises, on tirerait à boulets creux, et les mortiers à la Gomer tireraient aussi, ce qui lui ferait une grêle de boulets et de bombes qui le dégoûterait de sa tentative. S'il s'approchait à 600 toises, mon intention est qu'alors toutes les pièces tirent sur l'angle ordinaire de 6 à 12 degrés, moitié à boulets creux et pleins. Dites au général Sanson que, s'il y a à Brest des mortiers de 8 pouces, il en fasse mettre dix à chaque batterie; je suppose qu'il n'y en a plus de 12 pouces. Ils battront le flanc de la ligne; si des vaisseaux audacieux se présentaient pour tourner la ligne, ces mortiers, qui portent le mobile à 800 toises, se dirigeant avec plus de facilité, feraient plus de dégâts que ceux de 12 pouces; chaque arme a son avantage.

Sous les ordres du général, un lieutenant-colonel et un capitaine en résidence. Si cela ne se trouve pas dans la 17e division militaire et à Brest, demandez des renseignements pour envoyer ce qui sera nécessaire. Écrivez qu'en général tout demeure près des batteries, surtout l'escadre se trouvant en rade. Je désire qu'on amarre une mauvaise carcasse de bâtiment à 2,300 toises de chaque batterie, des batteries de Sarrut et de Varé, et le plus loin possible, perpendiculairement à la ligne d'embossage, et qu'on s'exerce à tirer dessus, sur l'angle de 45 degrés. Expliquez-leur bien que, si les sept mortiers à grande portée et les pièces de 36 sont plus épouvantails que le reste, ce sont les mortiers de 12 pouces portant leur mobile à 1,400 ou à 1,500 toises, les mortiers de 8 pouces à 800 toises, et les 6 pouces à 600 ou 700 toises, qui seront d'un véritable effet et écarteront l'ennemi s'il s'obstinait à faire des efforts plus considérables et à affronter les feux de toute l'escadre. Le mieux de tout est que l'ennemi regarde cette opération comme impossible, et, dès ce moment, lorsqu'un bâtiment se trouvera à portée, qu'on le couvre d'une nuée de feu.


Fontainebleau, 14 juillet 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin, j'ai donné des ordres pour faire confectionner une certaine quantité de biscuit pour l'approvisionnement des places de Legnago, Vérone, Peschiera, Mantoue, la Rocca d'Anfo. Remettez-moi sous les yeux ce que j'ai demandé. J'avais ordonné que ces biscuits se fabriquassent insensiblement; mais je pense, dans les moments actuels, devoir en accélérer la confection, sans cependant y mettre trop de précipitation, ni rien faire paraître d'hostile. 

J'ai ordonné l'armement du château de Vérone et de la Rocca d'Anfo. Prenez des mesures telles qu'avant le 11 août les pièces soient rendues sur ces deux points. Faites écrire à l'officier qui commande l'artillerie de la Rocca d'Anfo que j'ai ordonné l'armement de ce point; qu'il tire le meilleur parti des pièces qui lui seront envoyées; et qu'il les place en batterie; qu'il ne préjuge point de là qu'il y ait aucune crainte de la guerre, mais que je désire être en règle sur toutes les frontières. Accélérez la confection des poudres. Veillez à ce qu'on fournisse exactement l'argent aux poudrières de Mantoue et de Pavie. Ce qui manque à Legnago, ce sont des affûts. Faites faire l'état de ce qui manque à l'armement des places d'Italie, tel que je l'ai arrêté, et de ce qu'on pourra se procurer d'ici à la fin de septembre. Il faut désormais que l'armement des places d'Italie, soit fait par l'armement de mon royaume d'Italie; sans quoi il en résulte un double service où il est impossible de rien comprendre.

A mesure que les conscrits arriveront, vous en enverrez 500 pour compléter les régiments qui se trouvent dans l'État de Naples; vous en enverrez 200 à chacun des corps qui sont à Calais, pour les compléter; et vous porterez au grand complet les trois corps qui restent en Italie. Faites-vous remettre, tous les samedis, par le ministre de la guerre, des états de situation en livrets, comme le ministre de la guerre m'en remet ici, de la force de chaque corps, présents et malades, du nombre des officiers, des lieux où les corps se trouvent, de la situation de la conscription; et faites-vous remettre, tous les mois, un état de l'armement et de l'approvisionnement de toutes les places, ainsi que des dépôts de cartouches d'infanterie et des lieux où ils se trouvent.


Fontainebleau, 15 juillet 1805

Au vice-amiral Decrès

Je vous renvoie le mémoire qui a été trouvé chez le général Prevost. Je ne vois pas comment une pareille pièce peut faire tort aux habitants de la Martinique, puisqu'elle est, au contraire, un certificat de civisme donné à ses habitants, même par les espions anglais. Cette pièce est du reste tellement insignifiante que je ne conçois pas comment on a pu la faire entrer dans des considérations militaires. Ce sont des pièces que tous les espions envoient dans tous les pays du monde. Mais je suis frappé qu'il dise qu'il faudrait 6,000 hommes pour attaquer une colonie défendue par 600 hommes, et que, s'il y en avait moins, les milices se défendraient. J'avais mauvaise idée des habitants de la Martinique; cette pièce les réhabilite dans mon esprit. Elle est également plus favorable que défavorable au capitaine général.


16 - 31 juillet 1805