16 - 20 Septembre - 1805


Saint-Cloud, 16 septembre 1805

A M. Lebrun

Mon Cousin, je suis fâché que vous ayez éloigné les officiers réformés français et autres qui étaient à Gênes. Dans les circonstances où nous sommes, ce sont de bons et vigoureux soutiens. D'ailleurs, il ne faut jamais prendre de ces mesures qui jettent de la défaveur sur le soldat. S'il y avait des mauvais sujets, il fallait les faire-arrêter et les punir; mais un officier réformé porte un caractère respectable. Non-seulement on ne peut lui interdire telle ou telle partie du territoire, mais même il doit y être protégé. C'est par de pareilles mesures que nos premiers législateurs ont déconsidéré l'armée et fait essuyer des affronts à nos étendards. Pensez-vous qu'il y ait un seul de ces officiers, fût-il mauvaise tête, qui ne soit prêt à exposer sa vie pour vous donner un avis utile, pour garder un poste ou faire une commission dangereuse ? Quant au nommé Gounaud , il faut le faire arrêter : c'est un misérable intrigant. Faites aussi arrêter le Corse qui s'est fait membre de la Légion d'honneur de sa propre autorité.

J'apprends avec plaisir qu'un bataillon du 20e est arrivé de Corse : qu'il parte pour l'armée.

Pour ne pas être étonné d'obtenir des victoires, il ne faut songer qu'à des défaites. Ne perdez point de vue la circonstance où mon armée d'Italie serait repoussée et obligée de se replier sur Alexandrie, même sur Gênes, et faites que l'artillerie, l'arsenal et les magasins de vivres, soient en état.


Saint-Cloud, 16 septembre 1805

A M. Lebrun

Mon Cousin, il faut organiser à Gênes une garde nationale. Vous nommerez tous les officiers, et vous ferez entrer dans la composition de chaque bataillon des grenadiers et des chasseurs. Par ce moyen, vous aurez, en cas d'événement, un corps de, 5 ou 6,000 hommes capables de défendre l'intérieur et de maintenir le pays libre et les routes sûres. Faites la même chose à Savone et dans toute la Rivière.


Saint-Cloud, 16 septembre 1805

Au maréchal Berthier

Donnez ordre au général Zajonchek, qui est en Italie, de se rendre Strasbourg pour le 10 du mois. Il ne partira cependant d'Italie que lorsque les généraux de division que j'y ai envoyés seront arrivés, et qu'il n'y sera plus nécessaire. Vous lui direz que je désire qu'il ait avec lui deux ou trois officiers polonais sur lesquels en puisse compter.

Faites connaître à Chasseloup que j'entends que, du moment que Legnago sera cerné, on se serve des inondations; que tout est prêt pour cela; qu'avec ce surcroît de défense le bataillon que j'y mets peut y tenir tant qu'il aura des vivres; or il en a pour un an. Je ne vois pas comment l'ennemi l'obligerait à se rendre. Écrivez, dans le même sens, au général Masséna.

Dans l'article 4 de vos instructions au maréchal Masséna, vous ne parlez pas de Legnago. Cependant, si, en cas, de siège, les inondations peuvent avoir lieu, comme je le pense, la garnison doit se défendre tant qu'elle aura des vivres ; et comme elle en a pour un an, elle doit pouvoir se défendre pendant un an.


Saint-Cloud, 16 septembre 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin , je reçois votre lettre du 11 septembre. J'avais chargé M. Maret de vous envoyer copie d'un décret sur une réquisition de 3 ou 4,000 voitures, que j'ai ordonnée dans les départements de F'rance, et sur la manière de les embrigader. Je pense que vous devez faire la même chose pour le service de mon armée d'Italie. Ainsi, si 1'on avait besoin de 900 voitures, vous en feriez faire la répartition entre les départements, qui les fourniront et qui en seront payés exactement. Vous sentez qu'il est impossible de faire des achats de chevaux et de voitures; il faut six mois pour cela; les chevaux et les voitures de paysans ont toujours fait, dans tous les pays, ce service. Je ne puis approuver ce que vous me dites à cette occasion; il faut parler paix, mais agir guerre. Il ne faut rien épargner pour réunir mon armée et lui faire fournir tout ce dont elle pourrait avoir besoin. Donnez des ordres pour qu'on se concerte avec l'ordonnateur et qu'on requière des voitures, qu'on payera et qu'on embrigadera pour le service de l'armée. Vous avez fait louer 200 chevaux au général Lacombe Saint-Michel; qu'est-ce que c'est que 200 chevaux ? Si les Autrichiens étaient dans le royaume, ils ne se comporteraient pas avec tant de ménagement : c'est ce qu'ils font à Venise, c'est ce qu'on a toujours fait. Je ne vois pas pourquoi vous y trouvez de la répugnance; je suis surpris que le ministre de la guerre ne vous ait pas éclairé là-dessus. Dans toutes les circonstances semblables, on a fait des réquisitions de chevaux. Ce n'est pas 900 chariots que je prenais lorsque j'étais en Italie, mais 2,000, et ces réquisitions se faisaient en désordre, ce qui était alors vexatoire pour le pays. Il ne faut pas vous épouvanter des cris des Italiens; ils ne sont jamais contents. Mais faites-leur faire cette seule réflexion : comment faisaient les Autrichiens, comment feraient-ils ? Montrez de la vigueur.

J'apprends avec grand plaisir que mes places sont approvisionnées. Le général Miollis, que j'ai nommé gouverneur de la place de Mantoue, doit y être arrivé à l'heure qu'il est. Envoyez sur Mantoue toutes les compagnies de pionniers, de pontonniers, d'artillerie, qui vous sont inutiles, pour vous former un fond de garnison. Je vous ai écrit que les troupes autrichiennes étaient entrées à Munich. L'Électeur s'est retiré sur Würzburg, où il a rassemblé son armée, forte de 25,000 hommes. Il est avec moi, ainsi que la plupart. des petits princes d'Allemagne. Ceci est pour vous seul.

Duroc est à Berlin. Je suis bien avec la Prusse; mais la Russie lui fait une très-grande peur. Les Russes ne sont pas encore entrés en Galicie, mais probablement ils y seront à la fin de septembre. Mon armée sera digne de sa réputation et battra ce ramas de recrues, je l'espère. Si vous y étiez contraint, vous vous ploieriez avec tous nos amis sur Alexandrie. Gardez, à cet effet, votre régiment de dragons, quelques pièces d'artillerie, la gendarmerie d'élite et tous les gendarmes que vous appelleriez avec vous. Je ne pense pas que cela doive arriver qu'après qu'on aurait évacué l'Adige, le Mincio, l'Oglio et l'Adda. Cependant mon intention est que vous restiez à Monza. Arrangez-vous de manière à pouvoir toujours être le maître de la couronne de fer et à l'enlever sans qu'on s'en aperçoive. Enfin, soyez très-certain que, quoique je compte sur l'Italie, son destin est tout entier où je suis.

Je vous confie que, dans quinze jours, j'aurai passé le Rhin avec 180,000 hommes. Si jamais mon armée d'Italie était battue, je viendrai à son secours et je dégagerai Mantoue et les autres places. Faites reconnaître si les voitures peuvent passer par le Simplon. Vous aurez bien soin que, si quelques départements étaient envahis, les préfets et les administrations aient à se replier en ordre. Avec les dragons et les Français que je vous ai laissés, et quelques pièces d'artillerie, vous pouvez vous porter, soit sur des points de l'Adda, soit sur tout autre point, pour repousser les troupes légères de l'ennemi et donner le temps à l'armée d'arriver. Vous devez toujours vous retirer avec la décence convenable. Mes grands officiers et les personnes attachées à ma Maison doivent vous suivre; sans quoi, à mon retour, je les ferai fusiller comme des traîtres.

Vous sentez bien que ce n'est que par une extrême prévoyance que je pense à des choses de cette nature; car je ne puis penser que l'armée autrichienne puisse lutter contre la mienne, si elle est un peu habilement dirigée.

Le jour où vous quitterez Milan, vous ferez une proclamation pour annoncer que je serai de retour avant un mois. Vous ne manquerez pas, du moment où je commencerai ici à donner de la publicité au, affaires, d'en faire de même en Italie.

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P.S. Ayez soin que l'argent ne reste pas dans la caisse des départements frontières, mais que le ministre du trésor public le fasse verser à Milan, rapidement et tous les cinq jours. Je crois vous avoir écrit d'aller reconnaître la chute de l'Adda du lac; une bonne reconnaissance là peut vous être utile; poussez-la jusqu'à Pizzighettone. Les dépôts des régiments italiens doivent être à Lodi , Pizzighettone Faites-vous rendre compte de tous les hommes qui peuvent rejoindre. Établissez une police sévère au pont de l'Adda, pour empêcher qu'on ne puisse revenir de l'armée qu'avec un ordre. Écrivez à M. Moreau de Saint-Méry pour qu'il fasse la même chose à Plaisance. Il faut veiller avec grand soin sur les prisonniers; dans mes campagnes d'Italie il s'en échappait un grand nombre par la Suisse. Le service que peuvent vous rendre les gardes nationales de Brescia, de Côme et de Bergame, c'est de garder les portes et d'empêcher qu'aucun prisonnier ne se sauve. Faites-y établir aussi des postes de gendarmerie et préparer des locaux pour les contenir. Il serait convenable que les prisonniers n'entrassent jamais à Milan, mais qu'ils en passassent cependant assez à portée pour que le public pût les voir. Faites choisir, à une demi-lieue de Milan, un grand couvent pour leur servir d'étape; de là, on les dirigera sur Pavie, et de Pavie sur Alexandrie. La gendarmerie et la garde nationale les escorteront tant qu'ils seront sur le territoire du royaume.

Après cela, c'est l'affaire de la 27e division militaire. Écrivez-en au général Menou. Il faut aussi que toutes les fois que des prisonniers arriveront, vous ayez des hommes parlant leur langue, pour les interroger sur le nom de leur régiment, le corps d'armée auquel il appartient, sur le temps depuis lequel il est arrivé; enfin, sur les mouvements de l'ennemi. Vous sentez que j'ai besoin d'un contrôle aux exagérations des états-majors, afin de savoir positivement les faits. Ayez toujours un dépôt pour recruter les Polonais. Il pourrait être à Novare. On y enverrait de préférence tous les Polonais, et on y attacherait cinq ou six officiers polonais. Tout ce qui voudrait prendre de l'engagement dans ce dépôt augmenterait sur-le-champ la légion.

Je vois, par votre lettre du 9 septembre, qu'on travaille faiblement à Pizzighettone. Faites un des objets de vos soins particuliers de la mettre en bon état.

Dans les dispositions que j'ai faites pour la distribution des fonds du mois, j'ai affecté des sommes pour dépenses secrètes au général en chef, et à l'ordonnateur pour dépenses imprévues; j'ai mis 300,000 francs pour les transports. Ainsi, dans ma distribution de chaque mois, je ferai payer par mon trésor de France ce qui sera convenable.

Toutes les avances qu'a faites le trésor de mon royaume d'Italie doivent être remboursées. J'ai mis des fonds pour faire faire une paire de souliers à chaque régiment. Vous devez ainsi, sur les fonds d'Italie, avoir de grandes économies. Le corps d'armée que vous avez en France vous coûte peu; celui que vous avez à Naples vous coûte peu. D'ailleurs, la nouvelle imposition de six millions vous donnera encore des moyens. Je pense donc que vous devez faire confectionner cinquante mille paires de souliers avec le moins d'éclat possible, de manière que, dans les cas urgents, vous puissiez en envoyer à l'armée. Cinquante mille paires de souliers sont un objet de 2 à 300,000 livres de Milan, et le bien qui en résultera pour l'armée est incalculable; mais ce sont des souliers qu'il faut avoir, et non des cartons, comme c'est l'usage en Italie. Portez-y toute votre attention et toute votre sévérité. Faites en sorte d'avoir ce nombre de souliers pour vendémiaire, si toutefois vous pouvez vous flatter de les bien faire faire. J'imagine que la cavalerie a des bottes; si vous appreniez qu'elle en eût besoin, vous pourriez en faire faire un millier. Quelques bonnes marmites et quelques outils de campement pourront vous être utiles, en réserve; faites faire cela avec le moins de bruit possible, sans que les corps le sachent, pour ne point les empêcher de faire faire les leurs, et les autoriser à compter sur cette ressource. A la guerre, c'est de souliers qu'on manque toujours. Je pense aussi que les dépôts, à Milan, des quatre corps italiens qui sont à l'armée de Naples, pourraient leur faire faire des souliers. Faites-leur en faire une paire en gratification, et envoyez-les à Ancône, où ces troupes seront fort heureuses de les trouver.


Saint-Cloud, 16 septembre 1805

DÉCISIONS

Le maréchal Soult demande en faveur du colonel Marion, nommé au commandement de Plaisance, un secours pour se rendre avec sa famill `sa destination. Le ministre propose de fixer de secours à la somme de 3.000 frans Accordé
W. Wolff, ex-colonel du 14e régiment de cavalerie, demande à être réemployé dans son grade. Lui donner le premier régiment vacant.
L'ex-capitaine Petitjean, à qui Sa Majesté a fait grâce de quatre mois de prison et qui sert actuellement comme volontaire au 24e régiment de chasseurs, demande à être réintégré dans son grade Accordé
Le ministre de la guerre propose à l'Empereur de rapprocher des frontières du Rhin les dépôts de grosse cavalerie qui sont restés dans l'intérieur Approuvé

(Picard)


Saint-Cloud, 16 septembre 1805

ORDRE

Vous trouverez ci-joint l'ordre au ministre de la marine de faire débarquer de l'escadre de Brest tout ce qui reste des 65e, 47e et 70e régiments. Vous donnerez ordre au 65e de réunir ses trois bataillons à Rennes, et vous ferez passer une revue de ce régiment qui soit être rendu mobile et s'attendre à partir au premier moment.

Il restera donc dans la 13e division militaire les l5e et 37e de ligne, de quatre bataillons, qui continueront à avoir à bord de mon escadre chacun 1.500 hommes de garnison.

Le 47e sera réuni à Lorient et tiendra garnison à Belle-Île. Le 70e sera réuni à Saint-Brieuc et fournira des garnisons aux îles de Bréhat et aux autres points de la côte.

Ces quatre régiments cornpléteront leurs compagnies de grenadiers à 100 hommes, comme je l'ai déjà ordonné.

Les compagnies de grenadiers des 15e et 37e, commandées par un des chefs de bataillon de chacun de ces corps, formant deux bataillons, et celles des 47e et 70e, commandées par un des chefs bataillon de ces deux corps, faisant un seul bataillon, sous les ordres du général Girardon, avec 8 pièces d'artillerie, seront mobiles et prêtes à se porter partout où leur présence deviendrait nécessaire.

Vous me ferez connaître le jour où le 65e arrivera à Rennes et sera disponible.

Vous donnerez ordre au général de division Chambarlhac de se rendre à Bruxelles pour y prendre le commandement de la 24e division militaire.

Vous donnerez l'ordre au prince Louis, connétable, de prendre le commandement des troupes de la 1e division militaire, de garde nationale et de toutes les troupes qui dépendent du gouvernement de Paris.

Vous donnerez le commandement de la 2e division militaire général de division Canuel ;

Celui de la 7e division militaire, au général Desbureaux

Celui de la 10e division militaire, au général Chabran

Celui de la 12e, au général Legrand ;

Celui de la 16e, au général Girard, dit Vieux.

Vous me présenterez un officier pour commander la 11e division militaire.

Tous les traitements extraordinaires que j'avais accordés aux généraux commandnt les divisions, à cause du grand nombre de troupes qui s'y trouvaient, cesseront à dater du 1er vendémiaire, cette mesure de devant avoir lieu qu'à la paix, et non quand toutes les troupes sont à l'armée.

(Picard)


Saint-Cloud, 16 septembre 1805

DÉCISIONS

Rapport du ministre de la guerre

J'ai l'honneur de rndre compte à l'Empereur que le ministre de la marine demande de faire passer au Ferrol trois détachements de 45 hommes chacun pour former la grnison des frégates la Guerrière, la Revanche et la Sirène.

Accordé
Il propose de faire fournir ces trois détachements par des troupes que l'escadre du vice-amiral Villeneuve a débarqué à Vigo Accordé
Je prie Sa Majesté de me faire connaître si son intention est que les troupes débarquées à Vigo fournissent ces trois détachements et si le restant de ces troupes doit être ensuite rappelé en France.

Le ministre de la marine demande aussi :

1° Deux autres détachements de 45 hommes chacun pour former la garnison ds frégates la Furieuse et la Libre à Flessingue.Le 1er bataillon colonial, qui est à Flessingue, pourrait fournir ces deux détachements.

Accordé
2° Un autre détachement de 45 hommes pour former la garnison de la frégate la Milanaise qui est à Dunkerque. Prendre des hommes du 17e de ligne
Il n'existe aucune troupe d'infanterie à Dunkerque; les 3e bataillons qui étaient restés dans la 16e division militaire viennent de recevoir l'ordre de se rendre sur le Rhin.

Il n'existe à portée de Dunkerque que les bataillons de dépôt qui font partie de l'Armée des Côtes et le bataillon de militaires français venus de l'étranger qui est à Bergues.

Je demande a cet égard les ordres de Sa Majesté.

Le ministre de la marine expose en outre qu'il est nécessaire de mettre à la disposition de la marine à Granville deux détachements d quinze hommes chacun pour former la garnison des deux bricks le Plumper et le Teaser qui vont être réarmés dans ce port.

Ces deux détachements pourraient être fournis par le 28e régiement d'infanterie légère qui est à Granville. (paragraphe biffé par Napoléon)

Prendre le 112e de ligne

(Picard)


Saint-Cloud, 17 septembre 1805

A M. Lacépède

M. Lacépède verra le conseiller lzquierdo. Il lui dira que les circonstances ont changé; que la guerre du continent menace d'avoir lieu; que de grands coups sont portés contre la Maison d'Autriche; que je désirerais que 2,000 Espagnols fussent envoyés à Livourne pour garder la reine d'Étrurie; que les Toscans sont autrichiens, que, s'il arrivait une retraite à l'armée d'Italie, un simple régiment autrichien, et peut-être le peuple, chasserait la Reine; qu'il est donc nécessaire d'envoyer 2,000 ou 3,000 hommes à Livourne et Florence, suffisants pour empêcher l'armée autrichienne de rien tenter, car elle n'aura que des succès très-éphémères et aura des ennemis en tête et en queue qui ne lui laisseront point le temps de réduire un détachement comme celui-là; que, si cela ne contrariait pas le roi d'Espagne, il fournît 15,000 hommes qui viendraient me joindre au Rhin, ou 6,000 hommes qui aideraient à la défense de Boulogne où est l'immense matériel de la flottille, et qui me permettraient de retirer 6,000 hommes de mes troupes pour les mettre au Rhin; ce ne le mettrait point en guerre avec l'Autriche, qui ne garde plus d'ailleurs de ménagements, et peut-être serait-il politique à l'Espagne d'envoyer sur un de ces deux points des troupes qui se battraient et rapporteraient chez elle l'expérience de la guerre et une bonne discipline; enfin, que l'escadre fit un mouvement dans la Méditerranée; le prince de la Paix peut être sûr que mes ennemis seront rapidement et promptement confondus; que j'ai été très-satisfait la conduite des Espagnols; que je ne l'ai pas été autant de mon amiral; que, s'il avait montré plus d'énergie, il nous aurait fait remporter une grande victoire.


Saint-Cloud, 17 septembre 1805

ORDRE

La division de Nansouty, qui est arrivée le 29 fructidor (16 septembre) à Pirmasenz, se rendra à Oggersheim par Kaiserslautern (vis-à-vis Manhein) le 3 vendémiaire (25 septembre), à la petite pointe du jour; elle passera le pont et se portera en avant de Mannheim jusqu'à Heidelberg.

La 1e division du maréchal Davout, qui arrivera le 3 vendémiaire (25 septembre) à Dürkheim , passera le 4 à Mannheim, et, le 4 (26 septembre), le général Davout établira son quartier général à Mannheim.

Toutes les divisions du maréchal Davout se rendront de Dürkheim en droite ligne sur Mannheim. Le 15e d'infanterie légère, qui est à Landau, se rendra à Mannheim le 3 (25 septembre), pour soutenir la division Nansouty; il devra donc être arrivé le ler vendémiaire (23 septembre) vis-à-vis Mannheim. La cavalerie légère du maréchal Davout, à mesure qu'elle sera arrivée, se portera en avant, jusqu'à Sinsheim.

La division du général Klein, qui passera le Rhin le 3 (25 septembre), à la pointe du jour, à Germersheim , protégera l'établissement du pont et se rendra à Bruchsal.

La 1e division du général Soult passera du moment que le pont sera établi, et il devra l'être le 3 vendémiaire (25 septembre) avant midi; elle ira coucher à Bruchsal.

La division de dragons du général Klein poussera jusqu'à Bretten, et du moment que la division y sera arrivée, elle prendra position à Bretten, où elle passera la nuit.

Le 4 (26 septembre), le quartier général de l'armée du maréchal Soult se rendra à Bruchsal.

L'armée du maréchal Ney passera à Seltz, où il sera jeté un pont qui sera terminé, avant midi, le 3 vendémiaire (25 septembre); l'établissement du pont sera protégé par la division des dragons du général Bourcier, qui ira coucher, le ler vendémiaire (23 septembre), à Strasbourg, et le 3 (25 septembre), avant le jour, passera le Rhin à Kehl, et se portera le long de la rivière de Murg.

La 1e division du général Ney passera le pont sans s'arrêter, et se rendra le 3 (25 septembre) à Rastadt.

Le 4 (26 septembre), le quartier général de l'armée du maréchal Ney sera à Rastadt.

La division de dragons de Bourcier se rendra à Durlach dès le 4 (25 septembre).

La division de dragons du général Beaumont se rendra à Strasbourg le 2 (24 septembre) au soir, et passera le Rhin à la pointe du jour. La division de grosse cavalerie de d'Hautpoul se rendra à Strasbourg le 2 (24 septembre) au soir, et passera à la pointe du jour, et se rendra à Oberkirch; celle de Beaumont se rendra à Offenburg.

La division de grenadiers d'Oudinot, le 3 (25 septembre), à la pointe du jour, passera le Rhin, et prendra position à une lieue de Kehl.

Les dragons à pied du général Baraguey d'Hilliers passeront sur le pont qui sera établi dans la journée du 3 (25 septembre) à Neuf-Brisach et coucheront le 3 (25 septembre) à Fribourg. Baraguey d'Hilliers aura sous ses ordres la division de dragons du général Walther, lequel avancera des reconnaissances sur Donaueschingen et se mettra en communication avec la division qui est à Offenburg.

Chacune de ces divisions de dragons, d'infanterie et de cavalerie devra avoir son artillerie, que le général Songis fera trouver au pont de leur passage, et sur la rive gauche du Rhin.

Le corps d'armée du maréchal Lannes devra passer par la route dite de Kniebis, par Sand, Oberkirch, Freudenstadt, Rottenburg, Reutlingen, Urach et Ulm. Sa division de cavalerie légère, qui arrivera le ler à Strasbourg, poussera sur-le-champ des reconnaissances sur cette route pour la bien connaître.

La division de dragons à pied qui arrive à Sainte-Marie-aux-Mines, le quatrième jour complémentaire, se rendra droit  à Strasbourg, où elle arrivera le ler (23 septembre). Le 3 (25 septembre), à la pointe du jour, elle passera le Rhin.

La division Gazan , qui arrive le 6 (28 septembre) à Saverne, se rendra le 7 (29 septembre) à Strasbourg, de manière que le général Lannes avec sa division de grenadiers, la division Gazan , sa cavalerie légère et son artillerie, soit au delà du Rhin le 7 (29 septembre) vendémiaire.

Ce jour-là même ses grenadiers et sa cavalerie légère se mettront en marche pour Ulm; il y a cinquante lieues, il lui faut dix jours : il n'arrivera que le 17 (9 octobre) vendémiaire. 

Le maréchal Ney a ses trois divisions, qui arriveront du 3 au 4 (25/26 septembre): son premier régiment de hussards est déjà arrivé. Ce sera le premier régiment qui passera le pont de Kehl pour se porter à Rastadt. Ainsi le maréchal Ney, qui prendra la route de Durlach, Pforzheim, Stuttgart, Esslingen , Göppingen , Geislingen et Ulm , a cinquante lieues à faire. En partant le 5 (27 septembre), il y sera le 15 (7 octobre), deux jours avant le maréchal Lannes.

Le corps du maréchal Soult, qui passe à Germersheim, suit la route de Bruchsal, Bretten, Vaihingen, Ludwigsburg, Schorndorf, Gmünd, Aalen ; il sera arrivé, n'ayant qu'une cinquantaine de lieues le . . . , sa 1e division arrive le 2 (24 septembre); sa 2e peut arriver le 3 (25 septembre), en se rendant droit au pont; sa 3e ne peut guère arriver que le 5 (27 septembre); sa 4e division ne peut arriver que le 6 (28 septembre): ainsi elle ne peut partir que le 7 (29 septembre). Il ne sera donc que le 17 (9 octobre) à Aalen.

Le maréchal Davout ne pourra partir également que le 7 (29 septembre). Il passe par Mannheim, Heidelberg, Sinsheim, Heilbronn, Oehringen, Hall Ellwangen, Nördlingen; il ne pourra y être que le 18 (10 octobre).

Le corps d'armée de Bernadotte et de Marmont, qui sera le 6 à Würzburg, et qui n'a qu'une quarantaine de lieues, sera à Weissenburg le 17 vendémiaire (9 octobre). Il faudra donc qu'il parte le 8 ou le 10 (30 septembre/2 octobre) à Würzburg. Ainsi, le 17 (9 octobre), les corps du général Ney et du général Lannes seraient à Ulm; le corps du général Soult serait à Aalen; celui du général Davout à Nördlingen; celui des généraux Bernadotte et Marmont à Weissenburg; la réserve de cavalerie, le parc, les grenadiers de la garde à Gmünd.


Saint-Cloud, 17 septembre 1805

Au maréchal Brune, commandant en chef l'armée de Boulogne

Mon Cousin, je vois avec plaisir, par votre lettre du 27, que vous êtes satisfait de la situation de votre armée. Portez la plus grande activité dans les travaux des fortifications. Avec l'immense quantité d'artillerie, le grand nombre d'officiers de marine et de matelots que vous avez, chacun de ces ports de campagne exigerait un siège, et vos troupes, avec la partie la plus instruite de la marine, seront disponibles pour attaquer l'ennemi et le mettre en défaut.

Je vais prendre des mesures pour lever les gardes nationales des départements environnants, afin qu'en cas d'événement une masse de bons citoyens puisse venir à votre secours.

Je pense qu'il est convenable que, dès aujourd'hui, vous assigniez un capitaine de vaisseau au commandement de chaque fort, afin qu'il sache qu'il l'a à défendre et s'occupe sans cesse à en faire activer la fortification.

Je vous recommande les fusils; j'ai ordonné qu'on envoyât à Saint-Omer ceux qui ont besoin de réparations; ayez-en un grand soin; vous savez combien on en use à la guerre.

J'ai donné ordre que l'adjudant commandant que vous demandez vous soit envoyé.

Je vous ferai fournir de la cavalerie; nos régiments sont faibles, et nos opérations offensives nous forcent d'en employer la plus grande quantité; toutefois, vous ne tarderez pas à être satisfait.


Saint-Cloud, 17 septembre 1805

Au vice-amiral Decrès

Monsieur Decrès, la croisière de Sainte-Hélène me paraît parfaite; les deux frégates qu'on enverra à l'île de France pour y rester seront d'un très-bon effet. J'estime qu'elle doit être la plus forte possible, de 9 ou 10 vaisseaux, si cela peut se combiner avec le second objet que je me propose. Il faut donner des instructions larges à l'amiral, le laisser maître de se porter sur le Cap ou sur Sainte-Hélène, pour qu'en définitive tout se rallie et arrive à la Martinique, et trouve là ainsi qu'à la Guadeloupe, six mois de vivres. Si des circonstances navigation ne s'y opposent, peut-être devrait-il prendre langue à Cayenne, croiser à La Barbade un ou deux mois pour intercepter tout ce qui viendrait d'Europe, et, après cela, partir bien approvisionné de la Martinique pour retourner à Sainte-Hélène. C'est dans cette croisière qu'on trouvera des matelots. En ne retournant à Sainte-Hélène que quatre mois après en être parti, la croisière n'y trouvera plus l'ennemi. Ce sont ces croisières bizarres et incalculables qui feront un très-grand mal à l'ennemi. Ainsi donc, deux mois pour aller à Sainte-Hélène, trois mois de croisière, un mois pour venir à la Martinique, deux mois pour rester à la Martinique, voilà huit mois; un mois pour retourner à Sainte-Hélène, trois mois pour rester et deux mois pour retourner en Europe, voilà une croisière quatorze mois. Employez-y 9 bons vaisseaux et 4 à 5 frégates; vous ferez un grand tort à l'ennemi, qui ne peut pas le prévoir, et le résultat sera de former de bons officiers et des matelots.

En supposant que cette croisière parte en brumaire, elle serait à la Martinique en germinal; vous avez donc tout l'hiver pour envoyer à la Martinique les vivres nécessaires, et peut-être le plus court serait-il de hasarder des vivres de Rochefort au milieu de cet hiver et de les y envoyer.

La seconde croisière, composée de 5 ou de 6 vaisseaux, se rendrait droit à Santo-Domingo, y jetterait un millier d'hommes, des armes et des vivres. En supposant qu'elle parte en brumaire, elle pourra croiser deux mois devant la Jamaïque, si elle est la plus forte; aux îles du Vent; de là se rendre au banc des Soles, y manger jusqu'à son dernier biscuit, et rentrer à Lorient ou à Rochefort.

La troisième croisière doit être composée du vaisseau le Régulus, d'une frégate et de 2 bricks; elle ravagerait toute la côte d'Afrique. Si cette expédition ne consomme pas ses six mois de vivres, elle irait les manger où elle voudrait, reviendrait s'approvisionner sur côte d'Afrique, et aurait la liberté entière de se porter partout où jugerait sa présence utile, mais ne rentrerait qu'après quatorze mois.

Enfin, on enverrait la Furieuse et la Libre ravager les côtes d'Irlande, et croiser devant le Môle et le Cap, pour brûler les bâtiments des noirs et faire du mal aux brigands. Elles se mettraient en correspondance avec Santiago ou se porteraient à Santo-Domingo, si elles ne peuvent faire autrement, et prendraient manœuvre indépendante pendant quatorze mois si elles trouvent à s'approvisionner quelque part. Toute croisière calculée pour rentrer après six mois en France sera une mauvaise croisière.

Quant à la croisière qui va à Santo-Domingo, il faut la laisser maîtresse de ravager les côtes d'Irlande, ou de passer un ou deux mois sur le banc des Soles, ou devant le Ferrol, ou devant Bordeaux, où certainement elle trouvera des frégates et des corvettes à prendre.

Mon intention est que M. Jérôme commande un vaisseau de la première expédition.

Quant à l'escadre de Cadix, si elle réussit à venir à Toulon, je l'augmenterai des vaisseaux construits à Gênes et à Toulon; si elle n'y vient pas, je me déciderai à la disséminer à la croisière; tous points sont bons. Si près d'Europe, il faut qu'elles ne séjournent pas, mais ne fassent que courir; à moins d'être en égalité de forces, le mieux est de longer les côtes et de bloquer une île un mois, quinze jours.

Je désirerais envoyer à Cayenne les 3 frégates que j'ai à Vigo; elles croiseraient devant les possessions hollandaises. Faites la même chose pour la Canonnière et la Piémontaise; qu'elles se dirigent sur Santiago et croisent là et ailleurs, de manière à faire tout le mal possible à l'ennemi. Peut-être vaudrait-il mieux leur donner rendez- vous au Sénégal avec le Régulus; une croisière d'un vaisseau, de 3 frégates et de 2 bricks bien équipés, ayant manœuvre indépendante, ferait un furieux mal aux Anglais. Il n'y a pas de convoi dans ces mers qui ait une escorte aussi forte que cela. Peut-être l'escadre qui va à Santo-Domingo devrait-elle, après avoir croisé un mois à la Jamaïque, au Môle, au Port-au-Prince, se séparer en trois croisières, courir les côtes d'Amérique et y rester un mois. Il y arrive beaucoup de bâtiments anglais, qu'elles enlèveraient; elles pourraient, là, s'approvisionner et se porter ailleurs. Le commerce anglais est partout : il faut tâcher d'être sur le plus de points possible pour lui faire du mal. Les instructions des différentes croisières seront que, si elles peuvent s'approvisionner, elles doivent rester en mer pendant quatorze mois.


Saint-Cloud, 17 septembre 1805

INSTRUCTIONS POUR LE VICE-AMIRAL ROSILY

Monsieur le Vice-Amiral Rosily, ayant résolu de vous confier le commandement de nos forces navales combinées avec celles dé Sa Majesté Catholique, vous partirez sans délai pour vous rendre, en toute diligence, au port de Cadix, où vous prendrez ledit commandement avec le titre d'amiral.

Nous chargeons notre ministre de la marine de vous faire connaître le nombre, les noms et la force des vaisseaux et autres bâtiments il guerre , qui composent les forces navales réunies dans ce port et celui de Carthagène.

Notre intention étant d'opérer une diversion puissante en dirigeant dans la Méditerranée les forces que nous vous confions, vous devez aussitôt que vous aurez pris le commandement de l'armée, saisir la première occasion favorable pour appareiller et vous porter dans cette mer. 

Des ordres sont donnés pour que chaque bâtiment soit pourvu d'au moins deux mois et demi de vivres, et plus, s'il est possible

Vous vous porterez d'abord vers Carthagène, pour y rallier l'escadre espagnole, qui se trouve dans ce port.

Vous vous dirigerez ensuite sur Naples et vous débarquerez , sur un point quelconque de la côte, le corps de troupes passagères qui sont à bord, pour joindre l'armée aux ordres du général Saint-Cyr.

Si vous trouvez à Naples quelques bâtiments de guerre anglais ou russes, vous vous en emparerez.

L'armée navale sous votre commandement restera dans les parages de Naples tout le temps que vous jugerez nécessaire pour faire le plus de mal à l'ennemi, et intercepter un convoi qu'il a le projet d'envoyer à Malte.

Après cette expédition, l'armée se rendra à Toulon pour se ravitailler et se réparer.

Notre intention est que, partout où vous trouverez l'ennemi en forces inférieures, vous l'attaquiez sans hésiter et ayez avec lui un affaire décisive.

Il ne vous échappera pas que le succès de ces opérations dépend, essentiellement de la promptitude du départ de l'armée; et non comptons entièrement sur votre activité, vos talents, votre courage et votre attachement à notre personne dans la mission important que nous vous confions.


Saint-Cloud, 18 septembre 1805

Au prince Murat, lieutenant de l'Empereur, à Strasbourg

Je reçois votre lettre du 28 fructidor. Je vous ai écrit de ménager l'électeur de Bade, pour ne point le compromettre, jusqu'au moment où mon armée sera en mesure. Faites-moi passer tous les renseignements que vous recevrez de l'armée sur le nombre des malades, déserteurs, et le degré de fatigue des soldats. Voyez M. Petiet pour savoir si le service de fourrages marche bien, surtout celui de l'avoine. Le service du pain et de la viande sera bien assuré. Je désire savoir quand les fourgons du parc de Sampigny arriveront.

Faites-moi connaître si les 20,000 paires de souliers que j'ai envoyées de Paris, et les 20,000 de Boulogne, sont arrivées. Enfin faites-moi connaître si les Autrichiens sont arrivés à Ulm et à Donauwoerth, ou si les Bavarois s'y maintiennent toujours. Faites bien reconnaître la route qui, de Strasbourg, va à Ulm par le Kniebis, et si les voitures y passent avec facilité.

Passez la revue des divisions de cavalerie, à mesure qu'elles arrivent. Les grenadiers d'Oudinot et les dragons doivent être arrivés quand vous recevrez cette lettre. Passez-en la revue; faites-moi connaître leur véritable situation et ce qu'ils attendent de leurs dépôts. Assurez-vous de quelques Suisses, Allemands et Prussiens pour pouvoir vous servir d'espions. Un bon chef d'espionnage vous serait ,nécessaire. Envoyez savoir ce qui se fait à Fribourg ; il doit y avoir un bataillon; et, s'il ne s'était pas retiré, méditez les moyens de l'enlever, lorsque le passage aura lieu. Il y a un régiment de cavalerie à Rottenburg, à deux marches de Bade ; s'il était possible, par une marche forcée de nuit, de l'enlever à la pointe du jour, voyez de méditer cette opération, car il serait fort bon de débuter par ces deux petits succès; ce serait d'ailleurs 5 ou 600 chevaux qui seraient fort utiles. Engagez les colonels des dragons à acheter des chevaux dans ce pays, afin que le nombre d'hommes qu'ils avaient en partant ne soit point disséminé et qu'ils aient le temps de recevoir leurs dépôts. Tâchez aussi d'avoir le nom de tous les régiments qui sont en Bavière et dans le Tyrol.


Saint-Cloud, 18 septembre 1805

Au général Bertrand

Monsieur le Général Bertrand, en reconnaissant la Rednitz, vous aurez été sans doute jusqu'à Bamberg, et aurez visité toute autre petite ville qui serait fortifiée, ou qui aurait une chemise, et qui pourrait facilement former une petite place à l'abri d'un coup de main.

Le ministre de la guerre écrit en détail à M. Otto sur tout ce qu'il paraît nécessaire qu'on fasse à Würzburg; activez autant qu'il sera en vous toutes les mesures. Soyez rendu, le 4 vendémiaire (26 septembre), à Strasbourg, et amenez avec vous quelques hommes qui connaissent bien le pays.


Saint-Cloud, 18 septembre 1805

Au maréchal Masséna, commandant en chef l'armée d'Italie, à Valeggio

Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 24 fructidor. Le ministre de la guerre me rend compte qu'un grand nombre de généraux de division, de généraux de brigade, d'adjudants commandants, d'officiers d'artillerie, sont en marche pour se rendre à votre armée. J'espère qu'à l'heure où vous recevrez cette lettre, les corps qui se trouvaient dans la 27e division militaire, ceux mêmes qui étaient à Livourne, à Gênes, en Corse et dans le Valais, vous auront joint. J'ai appris que les bataillons du 20e régiment de ligne, qui étaient en Corse avaient débarqué à Gênes. Le 4e bataillon de ce régiment, qui étai à l'île d'Elbe, a reçu l'ordre de débarquer à Piombino et de vous joindre. Plusieurs régiments de dragons doivent également être arrivés à Turin. Le ministre de la guerre vous aura fait connaître mes intentions pour la campagne. Je ne doute point que l'ennemi, qui ne peut tarder à voir le déploiement de mes forces en Allemagne, ne soit obligé de dégarnir son armée d'Italie pour défendre Vienne. Le Russes, qui entrent en Gallicie, sont encore très-éloignés; j'espère avoir obtenu des succès marquants avant leur arrivée. Vous aurez vu, par vos instructions, que 1500 Français et 300 Italiens sont suffisants à Legnago; qu'une moindre garnison suffit à Peschiera; que 7,000 hommes sont suffisants à Mantoue, et que vous ne devez le y jeter que lorsque vous serez obligé de laisser cette place à elle même. Vous devez. avoir près de 60,000 hommes sous vos ordres; c'est un tiers de plus que je n'ai jamais eu. Je ne puis trop vous recommander de ne pas vous disséminer. A mon sens, si vous pouvez parvenir à vous emparer de Vérone, vous aurez là une très-bonne défensive. Je suis fondé à penser que tout ce que les Autrichiens ont à Trente ne tardera pas à se replier sur Inspruck à marches forcées. Ces lieux où vous êtes sont pleins de votre gloire. Je vous réitère que les digues de Legnago doivent être coupées en cas de siège. J'ai fait approvisionner les places de Legnago et de Peschiera à un peu plus qu'il n'est nécessaire, parce que j'ai pensé qu'on pourrait se trouver obligé de fournir quelques jours de vivres à l'armée dans des circonstances impérieuses.

Je compte passer le Rhin le 5 vendémiaire. Je ne m'arrêterai pas que je ne sois sur l'Inn, et plus loin. Je me confie à votre bravoure et à vos talents. Gagnez-moi des victoires.


Saint-Cloud, 18 septembre 1805

DÉCISIONS

Le ministre de la marine propose à l'Empereur des modifications dans la composition des conseils de guerre supérieurs de la flottille. Rejeté. On ne change pas la législation tous les jours.
Le ministre de la marine propose à l'Empereur des gratifications en faveur de l'équipage et des blessés de la frégate la Topaze. Rejeté. On ne paye pas la bravoure avec de l'argent
Propositions du ministre de la guerre pour l'organisation des seize compagnies de grenadiers qui sont destinées à former un corps d'observation en Bretagne. Les compagnies de grenadiers des 4 bataillons du 15e formeront le 1er bataillon, celles des 4 bataillons du 37e le second, et celles des 47e et 70e le troisième. Du reste ces bataillons continueront à faire partie des régiments, et entreront dans leurs états de situation et leur comptabilité.
40 officiers polonais jouissant du traitement de non-activité sont réunis à Châlons-sur-Marne. Le ministre propose de leur donner l'ordre de se rendre à Strasbourg. Approuvé.
Le ministre propose de faire bénéficier les agents de police et gardes-champêtres et forestiers des dispositions du décret du 15 messidor an XII qui accorde aux préposés des douanes une gratification de 12 francs pour l'arrestation de chaque conscrit réfractaire ou déserteur. Renvoyé au Conseil d'Etat.

(Picard)


Saint-Cloud, 18 septembre 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin, la légion corse qui vient de Livourne manque d'habits, et l'on pense que, par ce défaut d'habillement, elle sera hors d'état de faire campagne. Envoyez un officier au colonel de cette légion du côté de Bologne, si elle n'a point passé cette ville, et prenez des mesures pour qu'il lui soit fourni des moyens d'habillement, soit des dépôts italiens, soit de tout autre, et pour qu'elle soit habillée en huit jours n'importe en quel uniforme. Écrivez dans ce sens au maréchal Masséna. Ne perdez pas un seul jour pour cet objet; et si cette légion était considérée comme incapable de servir, écrivez au maréchal Masséna que, dans ce cas, il vous l'envoie; vous pourriez la mettre à Lodi ou à Cassano, et vous l'auriez bientôt mise en état de faire campagne, ce serait une excellente réserve pour vous. Vous ne m'avez point encore répondu sur la forteresse de Ferrare, ce qui ne laisse point de me donner quelque inquiétude. Si le régiment de dragons de la Reine est encore à Rimini, et qu'il n'ait pas été outre, mettez-le à la disposition du maréchal Masséna, et prévenez-le de son itinéraire, pour qu'il en dispose selon ses projets. En le faisant partir le ler vendémiaire, il peut être le 5 ou le 6 à l'armée.


Saint-Cloud, 18 septembre 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin, je reçois vos lettres du 13 septembre. La réponse que vous avez faite au cardinal Fesch est très-bien. Pour demain, à neuf heures du soir, j'ai convoqué les ministres du trésor public et de la guerre, pour prendre les mesures nécessaires pour pourvoir au service de l'armée d'Italie. En attendant, tenez le million qu'ils demandent à la disposition de l'ordonnateur. Aidez l'armée de tous vos moyens. Je veillerai à ce que tout ce qui est et sera dû au trésor de mon royaume d'Italie vous soit payé sur la distribution de chaque mois. Je vous ai écrit pour faire faire des souliers. Je crois vous-avoir écrit aussi pour que vous ayez toujours à Milan 2 à 300 chevaux d'attelage, afin de pouvoir porter rapidement dix à douze pièces d'artillerie sur les ponts de l'Adda ou sur tout autre point où elles seraient nécessaires. Établissez ce dépôt à Monza; cela vous fera une petite réserve. Je désire que vous me teniez bien instruit du mouvement des troupes qui se dirigent du Piémont sur l'Italie, et que vous m'en envoyiez, par chaque estafette, un rapport exact.

Faites présent au maréchal Masséna d'une voiture attelée de six chevaux, de quatre chevaux de selle et de 50,000 francs que vous prendrez sur ma liste civile, pour qu'il achève promptement de se monter. Vous lui écrirez, en même temps, une lettre honnête, en mon nom, par laquelle vous lui direz que j'ai ordonné que ce présent lui fût fait en témoignage de mon estime et de ma satisfaction de ses services; que j'espère qu'il y acquerra de nouveaux titres par ceux qu'il me rendra.


Saint-Cloud, 18 septembre 1805

Au prince Murat

Mon Cousin, votre dépêche télégraphique du 1er jour complémentaire (18 septembre) m'instruit que l'ennemi a passé le Lech. Mais le moment approche où toute l'armée va être sur le Rhin. Faites arrêter et requérir tous les bateaux nécessaires pour jeter les deux ponts sur le Rhin. Voyez le payeur, et faites-moi connaître son état de situation, et si tout l'argent que j'avais demandé y est. Envoyez des agents pour connaître les mouvements des Autrichiens. L'électeur de Wurtemberg a promis de joindre ses troupes aux miennes. Si jamais un détachement de ses troupes était poussé sur le Rhin par les Autrichiens, ne le laissez pas entrer dans Strasbourg; il en serait de même pour celles de Bade et pour celles de Bavière. Aucune troupe étrangère ne doit être dans Strasbourg, et on peut ne pas les y laisser entrer, en les traitant toutefois poliment. J'attends votre rapport sur la situation d'Huningue. Je n'ai aucune inquiétude, si quelques pièces de canon sont sur le rempart. Si le commandant fait bien son service, la nuit et à l'ouverture des portes, s'il y a une ou deux compagnies d'artillerie et un régiment de cuirassiers, ce poste important est à l'abri de tout surprise. Neuf-Brisach est dans le même cas.


Saint-Cloud, 18 septembre 1805, vers minuit

Au maréchal Berthier

Je vois que Songis, le 28 fructidor (15 septembre), se plaint d'être sans fonds pour payer les voitures d'artillerie; vous savez bien cependant que vous avez de l'argent à Strasbourg à votre disposition pour cet objet. Ordonnez au payeur de Strasbourg de verser dans la caisse du parc ce qui est nécessaire pour payer les voitures.

Ordonnez que, sans perdre un moment, on réunisse tous les bateaux nécessaires pour jeter des ponts.

Envoyez le chef du bureau des fonds chez M. Barbé-Marbois, pour savoir s'il y a des fonds chez le payeur de Strasbourg, et écrivez toujours au payeur de verser 100,000 francs dans la caisse du parc, pour payer les voitures.

Faites connaître au général Songis que j'approuve que l'artillerie de Davout se réunisse à Spire, celle de Soult à Landau, de Ney à Haguenau, de Lannes à Strasbourg; celle de la division de Nansouty, de grosse cavalerie, devra se réunir, non à Pirmasenz, mais à Oggersheim, vis-à-vis Mannheim; celle de la 2e division, de grosse cavalerie, ne devra pas se réunir à Schelestadt, mais à Strasbourg; celle des dragons à cheval, également à Strasbourg, ainsi que celle des dragons à pied.


Saint-Cloud, 19 septembre 1805

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, envoyez un courrier extraordinaire à Berlin On fera de nouveaux efforts pour engager la Prusse à conclure le traité d'alliance. Si cela n'est pas possible, quand Duroc sera prêt à prendre congé du Roi et qu'on le laissera partir, alors il dira qu'il vient de recevoir de nouveaux ordres pour négocier un traité de neutralité. Les articles que vous proposez sont bons; je voudrais y ajouter que je peux laisser à Hanovre des munitions de guerre, et les retirer quand je voudrai; par ce moyen, l'artillerie m'appartiendra. Il faut convenir, mais cela peut se faire verbalement, que le prince de Hohenlohe ne sera pas employé pour garder la ligne de neutralité, l'ayant laissé violer dans la guerre passée. Quant aux époques d'évacuation du Hanovre, tout de suite. Une autre condition serait que la Prusse garantit la Hollande, c'est-à-dire la garantit contre une invasion de l'Angleterre ou des puissances belligérantes Vous sentez, cependant, qu'il ne faut pas être trop exigeant sur cela. Une troisième condition serait que le roi de Prusse envoyât des lettres de créance à M. Lucchesini pour l'accréditer près de moi, comme roi d'Italie.


Saint-Cloud, 19 septembre 1805

A M. Talleyrand

Monsieur Talleyrand, indépendamment du manifeste, dans ces circonstances, je désirerais qu'on imprimât ma correspondance diplomatique, depuis ma lettre au prince Charles jusqu'à la paix de Lunéville. Je vous prie de ne pas perdre un moment à en faire recueillir toutes les pièces. Ce travail a dû être déjà fait en l'an IX. Je désirerais aussi, en envoyant mon manifeste à la diète de Ratisbonne, y faire présenter une note; venez demain matin, nous en établirons les bases.

Je vous envoie la plus grande partie des pièces de cette correspondance; faites-la compléter.


Saint-Cloud, 19 septembre 1805

Au maréchal Berthier

Je vous envoie un décret destiné à être imprimé, lorsqu'on fera connaître les mouvements de l'armée; mais les dispositions suivantes doivent rester secrètes :

Le corps d'armée du maréchal Brune sera composé des troupes déjà déterminées;

Celui du maréchal Lefebvre sera composé des 3e bataillons des corps des maréchaux Bernadotte, Davout et Ney;

Celui du maréchal Kellermann, des 3e bataillons des corps des maréchaux Soult, Lannes et Augereau.

Les dépôts de dragons seront partagés en divisions, dont deux seront attachés à chacun de ces deux derniers corps. La cavalerie légère et l'artillerie attachées à ces corps suivront leurs déplacements, de manière à être toujours sous les ordres des maréchaux commandants.

Les maréchaux Lefebvre et Kellermann devront être rendus à Mayence et à Strasbourg le 10 vendémiaire (2 octobre).


Saint-Cloud, 19 septembre 1805

A M. Portalis

Faites connaître mon mécontentement à M. Robert, prêtre Bourges, qui a fait un très-mauvais sermon au 15 août.


Saint-Cloud, 19 septembre 1805

ORDRE

Sa Majesté désire former sans retard le camp volant ordonné dans la Vendée, à Napoléon, par son décret de ce jour.

 Ce camp sera composé des 7e, 66e, 82e, 86e régiments de ligne, et du 5e régiment d'infanterie légère.

Il faut faire connaître à l'Empereur le lieu le plus convenable pour les réunir de Saintes, Angoulême ou Poitiers, et lui proposer, dans la journée, la nomination d'un major et d'un colonel pour le 7e, d'un major pour le 66e, d'un major pour le 82e, d'un major pour le 86e et d'un colonel et d'un major pour le 5e d'infanterie légère.

Le sénateur Gouvion aura le commandement de ce camp. L'intention de S. M. est que ce général reste constamment à la tête de ces cinq corps et passe l'hiver à les former. Ces corps composent à peu près cinq mille hommes. Lorsqu'ils auront reçu leurs conscrits, cette force sera beaucoup plus considérable.

(Picard)


Saint-Cloud, 20 septembre 1805

Au prince Murat

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 1er, qui m'instruit que l'ennemi s'approche d'Ulm. Il me tarde bien d'être arrivé sur le Rhin et de commencer enfin à réprimer l'insolence de messieurs les Autrichiens. La division d'Oudinot doit être arrivée; instruisez-moi du nombre des malades et des déserteurs qu'elle a eus, et si ses troupes sont bien fatiguées. Le ministre de la guerre vous expédie aujourd'hui des ordres pour que tout soit prêt à passer le Rhin, à Spi et vis-à-vis Durlach et Mannheim. Vous sentez l'importance d'être bien instruit des ponts qu'occupe l'ennemi, et de sa force. Envoyez un courrier au général Vial, qui, par Schaffhouse et Saint-Gall, doit avoir des nouvelles précises. Je vais, le ler vendémiaire, au Sénat; immédiatement après, je me rendrai près de vous, et je ne tarderai pas à être à Strasbourg.

Il est indispensable que vous ayez un homme de confiance sache bien l'allemand et se tienne à Bade. Un officier de gendarmerie des départements du Rhin, tenu en commission à Bâle, serait très-utile. Un détachement de la Garde doit arriver le 5 complémentaire (22 septembre); un autre ne doit pas tarder à le suivre; tâchez qu'ils soient le mieux possible.


Saint-Cloud, 20 septembre 1805

ORDRE DE L'ARMÉE

Le major général donnera les ordres, par un courrier qui partira avant minuit, au général Songis, de jeter un pont vis-à-vis Spire et un pont vis-à-vis Pforzheim, entre Lauterbourg et Rheinzabern. Cesdeux ponts devront être jetés depuis minuit, le 2 vendémiaire (24 septembre) , jusqu'à neuf heures du matin du 3 vendémiaire (25 septembre)

Le major général fera connaître au maréchal Davout que mon intention est qu'il passe à Manheim, lorsque j'en donnerai l'ordre, et qu'il se dirige, par Heidelberg et par Neckarelz , sur Nördlingen. Mon intention n'est pas qu'il passe par Sinsheim, qui est destiné au corps du maréchal Soult. Il peut prendre des renseignements et en-voyer même reconnaître la route, ayant soin cependant qu'on ne se compromette pas. La route passant par Mergentheim devant être évitée, s'il est possible, parce qu'elle s'éloigne trop, l'on verrait si de Neckarelz on peut trouver une route bonne pour l'armée qui se rendrait sur Ilshofen, et de là à Nördlingen, par Dinkelsbühl. Le bn est de rendre cette marche plus courte et de tenir son corps d'armée constamment plus près de celui du maréchal Soult.

Vous ferez connaître au maréchal Soult que son quartier général doit être transporté à Spire, quand je lui en donnerai l'ordre; ce sera probablement le 2 vendémiaire (24 septembre); que, de Spire, il doit suivre la route de Heilbronn, Öhringen, Hall, Aalen; qu'il est convenable, s'il n'y a pas d'inconvénient, qu'il fasse reconnaître cette route avec le plus de mystère possible;

Au maréchal Ney, qu'il doit passer le Rhin entre Hagenhach et Mühlburg, au village appelé Pforz, au lieu qu'il jugera le plus propre pour jeter le pont; qu'il doit prendre la route de Durlach, Pforzheim, Stuttgart, Gmünd et Giengen. Il faut qu'il fasse reconnaître cette route.

Enfin, ordonnez au prince Murat de faire reconnaître la route du Kniebis par Oberkirch, Freudenstadt, Horb, Rottenburg, Tübingeu, Groetzingen, Nürtingen, Göppingen, et connaître le nombre de jours qu'il faut pour y arriver, et de faire reconnaître aussi l'état actuel du débouché de la Kinzig. 

Vous ferez connaître à ces maréchaux que leurs ponts doivent être jetés dans la nuit du 2 au 3 (24/25 septembre).


Paris, 20 septembre 1805

Au général Songis, premier inspecteur général de l'artillerie

En conséquence des dispositions arrêtées par l'Empereur, Général, vous ferez celles nécessaires pour que, du 3 vendémiaire jusqu'à minuit du 4 24/25 septembre), vous jetiez deux ponts sur le Rhin : l'un vis-à-vis de Durlach, l'autre vis-à-vis Spire.

Je vous préviens que les différents corps d'armée ne se dirigent plus sur les cantonnements qui leur avaient été assignés. Voici les nouvelles directions que je leur ai données, par ordre de l'Empereur.

M. le maréchal Davout occupera, le 3 (25 septembre), Mannheim, où il sera réuni; il faut donc qu'il y trouve l'artillerie de son armée, ses munitions et 50 cartouches par homme.

M. le maréchal Soult a ordre de se réunir à Spire le 3 (25 septembre); il passera les 4, 5 et 6 26-28 septembre), sur le pont que vous y aurez établi ; il faut qu'il y trouve l'artillerie de son armée, ses approvisionnements et les 50 cartouches qui doivent être distribuées à chaque homme. 

M. le maréchal Ney a ordre de passer au pont que vous aurez jeter à Durlach le 4 vendémiaire (26 septembre).

M. le maréchal Lannes passera, le 3 (25 septembre), le Rhin à Kehl, avec les deux régiments de cavalerie légère arrivés à son corps d'armée, et la division de grenadiers; il doit donc trouver à Strasbourg son artillerie, ses munitions et 50 cartouches par homme.

S. A. S. le prince Murat, avec les dragons à cheval et la cavalerie de la réserve du général d'Hautpoul, passera le Rhin au pont de Kehl, le 3 vendémiaire (25 septembre), ainsi que la division de dragons à pied du général Baraguey d'Hilliers.

La division de cavalerie du général Nansouty passera le Rhin, le 3 (25 septembre), à Mannheim; elle doit y trouver son artillerie et ses approvisionnements au passage du pont.

Votre grand parc, Général, devra partir le 6 (28 septembre), sous l'escorte de la division de dragons à pied. L'intention de l'Empereur est qu'une fois ce mouvement fait il ne passe plus personne par Kehl;,et cette route de l'armée est interdite jusqu'à nouvel ordre.

La Grande Armée doit s'approvisionner, pour l'artillerie et pour ses munitions, par Mayence et par Mannheim; et les convois qui partiront de Strasbourg pour s'y rendre devront suivre la rive gauche du Rhin, jusque vis-à-vis Durlach, d'où, selon les circonstances, ils remonteront jusqu'à Mannheim et Spire, ou bien prendront le chemin de Stuttgart.

Telles sont, Général, les dispositions que vous avez à faire, et je vous répète qu'il est très-important que les ponts vis-à-vis Durlach et Spire soient jetés du 3 vendémiaire au 4 (25-26 septembre), à minuit.

Le maréchal Berthier, par ordre de l' Empereur.


Saint-Cloud, 20 septembre 1805, 11heures du soir

Au prince Eugène

Mon Cousin, faites payer le plus promptement possible la contribution que doit le trésor du royaume d'Italie pour vendémiaire et brumaire, ainsi que 1,100,000 francs de lettres de change pour l'argent que le ministre Marbois a avancé aux troupes italiennes qui sont en France. Toutes les réquisitions de blés, fourrages, vin, qui ont été faites pourront être payées en bons sur la contribution de frimaire. A cet effet, vous feriez signer par la caissier du trésor soixante-quatre bons de 25,000 francs chacun sur le trésor d'Italie, avec le jour où lesdits bons seront payés, et l'ordonnateur de l'armée payera les communes et les départements où l'on fera des réquisitions de comestibles avec ces bons. Les difficultés d'envoyer de l'argent à Milan sont extrêmes. Tous les propriétaires, entre la Chiese et l'Adige, vont être très-exigeants et porteront les fourrages et le blé à des prix indéterminés. Il me paraîtrait convenable que les préfets fissent un règlement ou un tarif, pour que le prix des fourrages ne passât pas celui où ils étaient avant la réunion de l'armée, ou du moins qu'il n'y fût fait qu'une légère augmentation. Je désirerais beaucoup que le numéraire fût réservé pour la solde. Faites en un mot tous vos efforts pour que, pendant ces mois de vendémiaire et brumaire (septembre-octobre), rien ne manque à mon armée d'Italie. L'estafette qui devait arriver dans la journée n'est pas encore arrivée; il est onze heures du soir.


Saint-Cloud, 20 septembre 1805

Au prince Eugène

Mon Cousin, mon intention est que le ministre de la guerre de mon royaume d'Italie tienne à dispositon du général Miollis, gouverneur de Mantoue, la somme de de trois mille francs par mois, en guise de gratification et pour dépenses extraordinaires et secrètes.

(Prince Eugène)


Paris, 20 septembre 1805

A son Altesse le Prince Électeur de Bade

L'Empereur m'ordonne de prévenir Votre Altesse Electorale que Sa Majesté désire que le corps de troupes que vous avez offert ait six pièces d'artillerie approvisionnées et qu'il soit réuni à Durlach pour le 5 vendémiaire pour faire partie du corps d'armée de M. le maréchal Ney.

Le ministre de la guerre, Berthier

(Picard)


Saint-Cloud, 20 septembre 1805

DÉCISION.

Le prince Murat sollicite de l'Empereur l'autorisation de faire rentrer dans les escadrons les plus anciens dragons, mis à pied pour l'expédition d'Angleterre, et de mettre à pied un pareil nombre de conscrits. Accordé. Envoyé au prince Murat pour faire ce changement sur-le-champ.

(Picard)


Paris, 20 décembre 1805

Au maréchal Ney

D'après les dispositions de l'Empereur, Monsieur le Maréchal, vous passerez le Rhin, le 4 vendémiaire (26 septembre), sur un pont qui sera jeté vis-à-vis de Durlach, et le 5 (27 septembre) au soir, vous vous rendrez dans cette ville.

Vous aurez devant vous M. le maréchal Lannes et vous devez suivre la même route que lui, pour marcher sur Stuttgart, quand vous en recevrez l'ordre.

Vous ferez distribuer pour quatre jours de pain et vous ferez les dispositions nécessaires pour faire suivre pour quatre jours de biscuit. Ce dernier approvisionnement est destiné pour vous servir un jour de bataille, si vos troupes réunies avaient des difficültés de se procurer des vivres.

Vous ferez donner 50 cartouches par homme.

Ayez soin que votre artillerie soit bien approvisionnée et que votre parc soit en bonne position.

Vous ferez aussi distribuer les capotes et les souliers que les corps ont en magasin.

Vous aurez sur votre gauche M. le maréchal Soult, qui passe par le route de Spire ; il a l'ordre de se nourrir sur le pays de sa gauche, de sorte que le pays compris entre sa droite, Spire, Hilsbach et Heilbronn, fournira aux réquisitions nécessaires à votre armée.

Tout ce que vous serez dans le cas de requérir sur le territoire des princes amis de la France sera reconnu par des bons en règle.

M. le maréchal Lannes, qui marche devant vous, a l'ordre de faire des réquisitions de vivres sur sa droite.

Si quelques circonstances extraordinaires vous imposaient la nécessité de changer quelque chose aux dispositions ci-dessus, vous prendrez (sic) les ordres de Son Altesse Sérénissime le prince Murat, car les dispositions ordonnées d'ici sont toujours subordonnées aux mouvements de l'ennemi.

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 P.S. Je vous préviens que l'Electeur de Bade doit former un corps de troupes avec six pièces d'artillerie, qui doivent se rendre le 5 vendémiaire (27 septembre) à Durlach, où le corps sera à vos ordres.

(Picard)


Paris, 20 septembre 1805

Au maréchal Lannes

L'intention de l'Empereur, Monsieur le Maréchal, est que le 3 vendémiaire (25 septembre), à 5 heures du matin, vous passiez le Rhin avec les deux régiments de cavalerie légère qui sont à votre armée, et avec la division de grenadiers et son artillerie, et le 4, suivant les circonstances, vous pourrez vous cantonner entre Rastatt et Ettlingen.

M. le maréchal prince Murat passera le même jour, après vous, avec la division de cavalerie d'Hautpoul, les quatre divisions de dragons à cheval et la division de dragons à pied ; il vous soutiendrait s'il y avait lieu.

M. le maréchal Ney, qui passe le Rhin le 4 (26 septembre), à Spire, pourrait également vous soutenir.

Vous aurez pour quatre jours de pain. Vous ferez suivre pour quatre jours de biscuit, que vous ne devez pas consommer, mais garder pour une occasion, où, étant obligé de vous battre, vous ne pourriez vous procurer de vivres.

Vous ferez distribuer les capotes et les souliers que les corps ont en magasin. Vous ferez aussi distribuer 50 cartouches par homme.

Votre artillerie doit étre bien approvisionnée et votre parc toujours en bonne position.

Si les mouvements de l'ennemi, qu'on ne peut prévoir, faisaient croire qu'on dût changer quelque chose aux dispositions ci-dessus, vous prendriez des ordres du prince Murat, car vous ne devez pas attaquer sans ordre.

Je vous ferai connaître les dispositions ultérieures, tant pour la division Gazan que pour les deux autres régiments de cavalerie qui doivent vous joindre.

Vous vous approvisionnerez sur le pays qui restera à votre droite, et tout ce que vous prendrez sur le pays des princes amis de la France sera reconnu par des bons en règle.

Maréchal Berthier

(Picard)


Paris, 20 septembre 1805

A M. le maréchal Davout

Monsieur le Maréchal, l'Empereur ordonne que votre armée ne se rende pas dans les cantonnements qui lui avaient été désignés, mais qu'elle se dirige droit sur Mannheim, et dans la journée du 3 vendémiaire (25 septembre) vous occuperez cette ville.

Je donne ordre au général Nansouty de se adiriger avec sa division de grosse cavalerie sur Oggersheim, où elle sera à vos ordres.

Le 4 (26 septembre), le quartier général de votre armée se rendra à Mannlieirn et vous devrez faire occuper Heidelberg.

Vous êtes autorisé à changer la direction des colonnes de votre armée, du moment où vous recevrez le présent ordre, pour les diriger sur Mannheim. Vous êtes également autorisé, avant le 8 vendémiaire (30 septembre), de vous étendre jusqu'à Neekarelz ; vous ne vous étendrez pas sur votre droite pour en tirer des subsistances, cette partie étant destinée au corps d'armée de M. le maréchal Soult, mais vous pourrez vous étendre sur votre gauche.

Vous placerez vos divisions depuis Heilbronn jusqu'à Mannheim.

Vous ferez distribuer les souliers et les capotes que vous avez en magasin.

Vous ferez distribuer 50 cartouches par homme ; vous aurez soin que vos fusils soient en bon état, votre artillerie bien approvisionnée, afin que le 6 vendémiaire (28 septembre), vous puissiez commencer vos mouvements de guerre.

Le prince Murat vous fera connaître ce qu'il aura appris de l'ennemi. Dans les cas extraordinaires, vous vous adresserez à lui et il vous fera passer des ordres.

Vous aurez pour quatre jours de pain et vous serez en mesure de faire suivre pour quatre jours de biscuit que vous ne devez pas consommer ; il doit vous servir pour vous approvisionner un jour de bataille et dans le cas où vous seriez obligé de serrer vos troupes, si des raisons de guerre ne vous permettaient pas qu'elles s'étendissent.

Sans la précipitation des mouvements, l'Empereur aurait désiré que toutes les colonnes de l'armée aient pour douze jours de biscuit à leur suite.

Vous vivrez de réquisitions que vous tirerez, comme je l'ai dit ci dessus, du pays qui sera sur votre gauche, et vous ferez donner des bons en règle de tout ce que vous aurez requis sur le pays de l'Electeur de Bade.

Si les mouvements de l'ennemi vous mettaient dans le cas de croire qu'il dû être changé quelque chose aux dispositions ci-dessus, vous prendriez les ordres du prince Murat.

En général, vos troupes doivent être le plus réunies possible et observer la meilleure discipline.

(Lecestre)


 21- 25 septembre 1805