16 - 10 septembre 1806


Saint-Cloud, 16 septembre 1806

A M. de Champagny

Monsieur Champagny, je vous renvoie vos lettres. Vous écrirez M. Nardon qu'il se mêle de ce qui le regarde; qu'il a eu tort d'écrire au vice-roi pour lui offrir de disposer de mes troupes; que le maniement des troupes ne le regarde nullement; qu'il a eu plus grand toi d'écrire aux différents colonels, et que tout ce qu'il a fait là montre peu de tête. Voilà bien du tapage pour un courrier qui aurait été arrêté entre Reggio et Modène ! Il eut été beaucoup plus simple de prévenir le vice-roi et de l'engager à ordonner des mesures pour la sûreté du passage de l'estafette. Quant au courrier arrêté à Rome le fait est faux. Faites bien connaître à M. Nardon qu'il ne doit se mêler d'aucune manière du mouvement des troupes, surtout pour des choses étrangères à sa préfecture. Cette légèreté excessive et cette jeunesse de tête de ce préfet me fait sentir la nécessité d'envoyer quelqu'un de grave pour commander à Parme. Faites venir le sénateur Pérignon, et faites-lui connaître que je le nomme gouverneur général des États de Parme et de Plaisance, comme l'était le général .Junot. Vous me présenterez le décret de sa nomination et ses instructions. Il aura 100,000 francs de traitement et 25,000 francs pour ses frais d'établissement. Vous mettrez dans ses instructions que le préfet aura ses fonctions administratives, mais que toute initiative de gouvernement appartiendra au gouverneur général; que le préfet travaillera avec lui , et qu'il correspondra aussi avec vous. Vous recommanderez au gouverneur général de ne rien déranger aux finances, qui suivent la marche générale de l'État.


Saint-Cloud, 16 septembre 1806

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, écrivez donc à M. Alquier que le moindre événement ne le fasse pas changer et alarmer de cette manière; qu'il y a assez de troupes à Naples pour y être à l'abri de toute crainte; que, dans les affaires les mieux conduites, on ne peut prévoir quelque insurrection et des mouvements partiels.

Je trouve dans la dépêche de M. de Stadion, du 7 septembre, une grande preuve de mauvaise foi. Comment ignorait-il que le courrier russe allait à Cattaro porter la nouvelle de la guerre et de la non-ratification de la Russie, ce qui, certainement, n'est pas la même chose que la remise des bouches de Cattaro ?


Saint-Cloud, 16 septembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, je viens de voir le maréchal Davout, qui m'a fait connaître le bon état dans leque1 se trouve son corps d'armée. Je vous ai, je crois, déjà demandé des renseignements pour connaître si tous les corps avaient leurs ambulances. Je désire avoir un prompt rapport sur cet objet. Chaque régiment doit avoir son ambulance, chaque division doit avoir la sienne, et chaque corps d'armée doit en avoir une. Chaque division de corps d'armée doit avoir 4 ou 500 outils de pionniers, outre 1,500 pour chaque corps d'armée. Ne perdez pas un moment pour organiser cette partie si importante. Sans outils, il est impossible de se retrancher ou de faire aucun ouvrage, ce qui peut avoir des conséquences bien funestes et bien terribles. J'imagine que vous avez un officier général commandant le génie; ne fût-ce qu'un colonel, il est indispensable qu'il y ait un officier qui commande et qui corresponde avec les autres officiers du génie. Un troisième objet qui mérite votre attention , ce sont le bidons et les marmites; ordonnez aux corps d'acheter le nombre qui  leur est nécessaire.


Saint-Cloud, 16 septembre 1806

Au vice-amiral Decrès

Faites-moi connaître si vous avez donné des ordres pour que tous les équipages de Rochefort soient désorganisés, afin d'y prendre le meilleurs hommes pour les 4 frégates que commande le capitaine Soleil. Désorganiser une escadre de 5 vaisseaux pour armer quelques frégates est une folie à laquelle je ne puis pas croire. Il me semble que j'ai entendu dire aux marins qu'on désorganisait la marine en faisant changer perpétuellement les équipages. Mon intention est donc qu'il n'y ait pas un homme, des 5 vaisseaux de ligne qui sont Rochefort, qui s'embarque sur les frégates, et que les changements ne se fassent qu'entre les frégates.


Saint-Cloud, 16 septembre 1806

Au prince Eugène

Mon Fils, j'ai reçu votre lettre du 2 septembre. Je ne me mêle point du mariage du prince de Bavière et pas davantage de celui de sa sœur. Il a paru que sa famille désirait le marier en Espagne; je ne vois pas d'inconvénient à cela. La mélancolie de la princesse tient à son état actuel; son père qu'elle va voir la remettra de bonne humeur.


Saint-Cloud, 17 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, si la Prusse nous déclarait la guerre, Mayence paraîtrait devoir être le pivot des mouvements contre cette puissance. Par le Mein on doit arriver à Würzburg en peu de jours. Je désire que le munitionnaire puisse se procurer, dans le plus court délai, 15,000 quintaux de farine, afin que, si on en avait besoin, on pût les faire transporter rapidement sur Würzburg.

Cependant il faut que cela ne me coûte rien, c'est-à-dire que les 15,000 quintaux de farine servent à l'approvisionnement ordinaire. Cette quantité est, je crois, nécessaire pour nourrir 150,000 bommes pendant dix jours. Le munitionnaire ne doit pas être en peine de se les procurer. Si l'armée rentre, une grande partie rentrera par Mayence, et cet approvisionnement lui servira. Si, au contraire, l'armée guerroie, et qu'on en ait besoin, on le ferait venir à Würzburg, et on le lui payerait. Présentez-moi un rapport sur la manière la plus avantageuse de parvenir à ce but.


Saint-Cloud, 17 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, 3,600 quintaux métriques de blé ne sont pas suffisants pour Wesel; faites-en réunir le double, c'est-à-dire 7,200. Par ce moyen, la moitié de cet approvisionnement restera toujours en cas de siège, et l'autre moitié pourra servir pour le passage et pour tout ce qui précéderait un siège. Le munitionnaire doit fournir à cet approvisionnement de manière à ce qu'il n'en coûte rien, car il y aura toujours beaucoup de troupes à Wesel et aux environs. Veillez à ce qu'il y ait à Maëstricht, Juliers et Veuloo, une quantité d'approvisionnements capable de faire un fonds suffisant pour en nourrir la garnison pendant quelque temps. Ordonnez au munitionnaire d'envoyer à Wesel du riz, des légumes en quantité correspondante aux autres approvisionnements, ainsi que de l'eau-de-vie.

Faites filer sur Wesel les 102,000 rations de biscuit qui sont à Wissembourg et Haguenau, pour y servir également de fonds d'approvisionnement.

Assurez-vous s'il y a à Wesel des moulins, et si l'on ne peut pas les empêcher de moudre; et, dans le cas où les moulins ne seraient pas indépendants de l'ennemi, ordonnez qu'on ait toujours une grand quantité de farine en magasin.


Saint-Cloud, 17 septembre 1806

Au général Rapp, commandant la Ve division militaire

Je reçois l'état de situation des 4,000 hommes qui peuvent partir. J'ai accordé des fonds à tous les régiments de cavalerie pour les remontes. Veillez à ce qu'ils passent des marchés pour acheter leurs chevaux. Je n'ai point, dans les situations que tous m'avez envoyées, celles des compagnies de grenadiers des 3e et 4e bataillons. Envoyé moi cette situation , que je désire avoir.

Quelle serait, par exemple, la force d'un bataillon de six compagnies qui serait formé des compagnies des 3e, 4e, 18e, 57e et 88e régiments de ligne, qui sont à leurs e bataillons, et d'un autre bataillon qui serait formé avec les compagnies de carabiniers des 7e, 10e, 16e et 24e légers, qui se trouvent à leurs 3e bataillons de dépôt  ? Faites-moi connaître aussi la situation des voltigeurs.

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Si j'avais besoin de réorganiser les gardes nationales que Kellermann avait organisées à Strasbourg, seraient-elles de bonne volonté ? Auraient-elles leurs habits ? Combien étaient-elles? Si les circonstances le voulaient, seraient-elles dans le cas de tenir garnison à Strasbourg, ou même à Mayence ? Vous sentez que ceci est pour vous seul; que c'est votre opinion que je vous demande. Vous ne devez même pas laisser pénétrer que je vous ai fait ces questions.


Saint-Cloud, 17 septembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, je vous envoie l'expédition d'un décret que j'ai pris pour la remonte de la cavalerie. Comme tous les régiments ont reçu 20,000 francs à Strasbourg pour leur fourrage, à leur rentrée en France, vous leur ordonnerez de prendre 10,000 francs sur ce fonds pour acheter des chevaux, et ils les remplaceront à la masse de fourrage, lorsque l'ordonnance du ministre Dejean sera arrivée, et que ces 10,000 francs leur seront payés. J'ai pris un décret qui met un million à votre disposition. L'ordre n'en arrivera que dans quelques jours au payeur de la part du ministre du trésor public; mais cela ne vous empêchera pas de le voir, et de disposer des sommes nécessaires pour tous les services urgents et pressants. Que chaque corps complète son ambulance, et se procure ses marmites et ses bidons. Vous garderez sur ce million ce qui vous sera nécessaire pour vos dépenses secrètes.

Prenez des mesures pour bien connaître les noms des régiments qui composent les camps de Magdeburg, de Hameln et de Breslau, et tous les mouvements des Prussiens.

Je pense qu'il serait nécessaire de faire faire du biscuit à Bamberg et à Würzburg. Cependant je voudrais que cela se fit sans éclat, pour ne pas trop démasquer ce que j'ai le projet de faire, si jamais l'ennemi me pousse à bout.

J'imagine que la place de Braunau est en bon état. J'imagine aussi que les régiments de cavalerie ont leurs forges de campagne et leurs fers, et que tous les corps ont leurs capotes. Vous pouvez disposer, sur le million, des sommes nécessaires pour faire confectionner des capotes, sauf à se mettre en  règle auprès du ministre Dejean, qui retiendra cet argent sui les masses d'habillement.

Employez, si cela est nécessaire, 250,000 francs pour les vivres, et réunissez beaucoup de farines du côté de Bamberg et de Würzburg.

Vous pouvez vous concerter avec M. de Montgelas sur la manière de faire des achats et de les faire filer sur les différents points le plus secrètement possible. Mais il faut que tout cela y soit réuni très promptement .

Donnez ordre au payeur général et au parc, qui se trouvent à Augsbourg, de se tenir prêts à marcher au premier ordre.

Ayez un commandant du génie qui ait des correspondances avec les commandants du génie des différents corps d'armée. Que ce soit un officier général où un colonel, peu importe. Qu'il ait autour de lui de jeunes officiers du génie dont on puisse se servir pour des missions. Que chaque corps d'armée ait la quantité d'outils que j'ai prescrite.

Mayence va devenir le point d'appui de tous les mouvements de l'armée.

Faites-moi connaître combien il faudrait de jours à des bateaux pour remonter de Mayence à Würzburg.

Prévenez bien les officiers du génie que mon intention est, dans la prochaine campagne, de remuer beaucoup de terre; qu'il faut donc qu'ils aient beaucoup d'outils.


Saint-Cloud, 17 septembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, je remarque, sur l'état de situation général de la Grande Armée, que vous n'avez que cinq aides de champ; je crois qu'il serait nécessaire que vous y joignissiez trois lieutenants, jeunes gens actifs et qu'on pourrait faire courir pour porter des ordres. Je remarque que vous n'avez que cinq capitaines adjoints à l'état-major : il vous en faudrait le triple. Je remarque aussi que le général Andréossy n'a qu'un seul aide de champ : il faut qu'il en ait deux aussi. Il me semble qu'il y a peu d'officiers du génie à l'état-major : il faudrait le double de ce que j'y vois, surtout beaucoup de lieutenants et de sous-lieutenants. Je vois que le corps du prince de Ponte-Corvo n'a point d'adjudants généraux; que le chef d'état-major n'à qu'un seul aide de champ : il faut qu'il prenne les trois qu'il doit avoir. Le général de division Rivaud n'a qu'un aide de camp; le général Maison, un ; le général Werle, un; le général Van-Marisy, un; le général Nansouty, un; les généraux Lahoussaye et Saint-Germain, un; le général Sahuc, un -:cela n'est pas suffisant. Au corps du maréchal Davout, le général Daultanne n'a qu'un aide de camp, le général de division Morand n'en a que deux : il lui en manque un; le général Brouard n'en a qu'un; le général Kister n'en a point; le général de brigade Dnfour n'en a qu'un; le général Merle, un, le général Saint-Hilaire, deux; les généraux Ferey et Raimond-Vivier, chacun un; les généraux Ledru et Dufour n'ont pas le nombre suffisant; le général Milhaud n'en a qu'un; le général Latour-Maubourg, un; le général de division Beaumont, un; le général Lasalle, un; le général de division Dupont, un; le général Conroux, un; le général de division Beker n'a que deux aides de camp; le général Maillard n'en a pas. Je remarque que la division Gazan n'a qu'un adjoint : il lui en faut deux. Donnez ordre à tous ces généraux de compléter le nombre d'aides de camp qu'ils doivent avoir selon l'ordonnance et de ne prendre aucun officier faisant partie de la Grande Armée, mais de le prendre parmi les adjoints des divisions de l'intérieur ou parmi les officiers de cavalerie et d'infanterie des dépôts qui sont en France.

Le général, de brigade Legendre pourrait être envoyé à la division Dupont; vous lui donnerez l'ordre d'attendre, pour rejoindre cette division, le premier moment où les deux divisions seront à proximité.


Saint-Cloud, 17 septembre 1806

Au prince Eugène

Mon Fils, vous m'avez fait connaître que vous placeriez la division de chasseurs de réserve de l'armée de Naples en deçà du Pô, cependant elle reste toujours à la même place, ce qui doit rendre les fourrages très-chers. La 1e division de la réserve de l'armée de Naples, que commande le général Ponchin, est placée dans les quatre villes ,de Rimini, Cesena, Faenza et Forli. Il y a deux régiments à Rimini, deux à Cesena, deux à Forli et un à Faenza; aujourd'hui que chacun de ces régiments n'est que de 200 hommes, cela n'a pas d'inconvénient; mais, lorsqu'ils vont recevoir chacun 7 à 800 conscrits, deux régiments seront trop dans une ville. Je désire que vous me fassiez un rapport là-dessus. La 2e division que commande le général Valori est tout entière à Bologne; ces régiments, qui ne forment aujourd'hui que 1,600 hommes, y sont bien; mais, lorsqu'ils formeront une force de 7,000 hommes, tout cela ne pourrait pas rester à Bologne. Il est convenable de les diviser dès aujourd'hui. On peut facilement en laisser trois à Bologne. Il faut placer le reste ailleurs. Faites-moi également un projet sur le placement de cette division.


Saint-Cloud, 17 septembre 1806

Au prince Eugène

Mon Fils, j'imagine que Raguse est approvisionnée; voilà l'hiver; les moyens d'y faire passer des approvisionnements deviendront encore plus faciles; il faut y en envoyer une quantité suffisante. Recommandez à l'ordonnateur de porter le plus grand soin dans l'administration, car je vois qu'on a envoyé là beaucoup de blé d'Ancône et de Venise, et je ne vois pas les magasins s'augmenter considérablement.


Saint-Cloud, 17 septembre 1806

Au roi de Naples

Je viens de recevoir la nouvelle que M. Fox est mort. Dans les circonstances actuelles, c'est un homme qui meurt regretté des deux nations.

Le commandant de Terracine paraît être un polisson. Il a répand par toute l'Italie qu'il n'y avait que deux jours de vivres à Gaète ;il a fait l'important et jeté l'alarme à Rome et aux environs, Tancez le de ma part. Je ne sais ce que c'est que ce colonel- il s'appelle Lécuyer. Vous ne feriez pas mal de vous défaire de pareilles gens. Comme s'il se pouvait qu'il n'y eût à Gaète que deux jours de vivres, et qu'on n'en pût trouver, ne fût-ce que chez le bourgeois !

J'apprends de Pescara que le corps du général Tisson y a laissé beaucoup de malades, et que le général Dombrowski en laisse dans un dénuement tel, qu'ils n'ont pas seulement de paillasses. Envoyez-y donc un commissaire des guerres et mettez Dombrowski à Naples avec les Polonais. C'est un homme incapable de commander une province. Un major ou un colonel français y voudrait mieux. L'idée que des malades sont ainsi abandonnés et manquent de tout est terrible. Il est peut-être à regretter que ces corps vous soient arrivés si tôt. Un mois plus tard, tous vous seraient arrivés en bonne santé. Il faudrait à Pescara un hôpital et un approvisionnement.


Saint-Cloud, 18 septembre 1806

Au vice-amiral Decrès

Je désapprouve entièrement ce que vous avez ordonné pour l'escadre du contre-amiral Allemand. Je reconnais bien là l'esprit de la marine, de toujours crier sur les abus et de les renouveler toujours. Donnez ordre que tout soit rétabli sur cette escadre comme cela était. Les changements ne doivent rouler que sur les frégate. Je désire bien que vous ne changiez rien aux équipages des vaisseaux. J'avoue que je ne comprends rien à ce mouvement : désorganiser l'escadre formée depuis trois ans pour un avantage presque nul, je ne puis le comprendre. D'après cette manière de faire, je ne trouve pas étonnant qu'on ne veuille pas de bataillons marins organisés. Quant à la question d'avoir un assez grand nombre de marins pour ne pas être obligé de changer les équipages, c'est une chimère. Dans aucun pays du monde on n'a eu des marins proportionnés aux besoins.


Saint-Cloud, 18 septembre 1806

Au prince Eugène

Mon fils, vous trouverez ci-joint un rapportdu 18 septembre du ministre de la guerre sur l’approvisionnement de draps d’Alexandrie. Envoyez quelqu’un dans cette place, et faites vérifier si ces draps sont arrivés, ce qui en est parti et ce qui en est arrivé aux dépôts.

Chargez de cela le général Charpentier, qui répondra en détail sur chaque article. Les conscrits vont vous arriver en grande quantité.

(Mémoires du prince Eugène)


Saint-Cloud, 18 septembre 1806

Au prince Eugène

Mon Fils, la Prusse continue toujours ses armements, et il ne serait pas impossible qu'il y eût, dans le courant d'octobre, une rupture entre les deux puissances. Jusqu'ici il n'y a rien de décidé. Toutefois les préparatifs se font de part et d'autre avec assez d'activité, l'Autriche proteste de sa neutralité, et il est à croire, vu la situation actuelle de ses affaires intérieures, qu'elle attendra, si elle se décide, l'issue des événements. Quoiqu'il sera temps alors de vous donner des instructions, j'ai cru que je devais d'avance vous instruire du rôle que vous auriez à jouer, afin que vous vous y prépariez.

Vous commanderez en chef mon armée d'Italie, qui ne sera qu'une armée d'observation, vu que je suis bien avec l'Autriche; mais il n'en faudra pas moins exercer une grande surveillance et user d'une grande prudence. Vous aurez sous vos ordres le corps du Frioul composé de 16,000 hommes d'infanterie ayant trente pièces de canon attelées. A cet effet, le général Seras, avec le 13e régiment de ligne, se portera dans le Frioul, quand il en sera temps, de manière qu'il ne reste en Istrie aucune de mes troupes, si ce n'est un gouverneur pour y commander, le bataillon d'Istrie et une compagnie d'artillerie italienne. Pour faire ce mouvement insensiblement, mon intention est que vous donniez d'abord au général Seras l'ordre de se rendre à sa division dans le Frioul, en laissant un général de brigade pour commander à sa place et emmenant avec lui un bataillon du 13e.

Les hôpitaux d'Istrie seront tout doucement et sans secousse évacués sur l'Italie. On laissera deux pièces de campagne de 4 avec le bataillon du 13e qui restera en Istrie, et le reste de l'artillerie de campagne rentrera à la division Seras. Les fusils, les magasins, tout doit être évacué insensiblement sur Palmanova; vous ne devez laisser en Istrie que l'artillerie de côtes, trois compagnies d'artillerie pour défendre les côtes et servir les batteries, mais aucun magasin de fusils. Huit jours après que le premier bataillon du 13e et le général Seras seront arrivés dans le Frioul, vous y ferez venir le reste du 13e, et vous ne laisserez en Istrie qu'une compagnie de ce régiment. Ainsi l'on s'accoutumera insensiblement à ne rien voir dans l'Istrie. Mais, si le départ des troupes fait trop d'effet, vous pourrez y envoyer un autre bataillon et le retirer ensuite. Cela aura l'avantage de jeter dans l'incertitude sur mes projets , et mes peuples d'Istrie ne se croiront point abandonnés. Toute l'artillerie inutile à la défense de Palmanova et d'Osoppo doit être évacuée sur Venise et il ne doit rien y avoir entre l'Isonzo et l'Adige, qui puisse gêner les mouvements de l'armée et tomber au pouvoir de l'ennemi, si  jamais, dans quelques mois, l'ennemi pénétrait dans ce pays. Tous les magasins nécessaires à la défense de Palmanova doivent être enfermés dans cette place.

J'ai appris avec surprise que le million de rations de biscuit que j'y avais fait envoyer a été placé dans les villages voisins; cela n'a pas de sens. Il y a des églises, des maisons nationales; il faut loger les habitants ailleurs, et disposer de ces maisons pour y placer les magasins. Tout doit être organisé insensiblement et sans éclat pour la défense de cette place. Les officiers d'artillerie et du génie commandant de la place, les adjudants de place, un colonel commandant en second, doivent être à leur poste. La garnison sera composée de 500 canonniers, moitié Français, moitié Italiens, et de 1,500 hommes des 3e bataillons du corps du Frioul, que vous organiseriez lorsqu'il en serait temps. Les huit dépôts de l'armée de  Dalmatie, ceux de l'armée du Frioul, ceux de l'armée de Naples, ce qui fait vingt-huit dépôts, auront avant la fin d'octobre plus de 16,000 hommes présents sous les armes, puisque près de 20,000 hommes vont s'y rendre. Le cas arrivant, après avoir renforcé les bataillons de guerre à leur complet, le fonds de ces dépôts formerait les garnisons de Palmanova, de Venise , d'Osoppo, de Mantoue, de Peschiera, de Lesnago. Mais ces dispositions sont des dispositions de guerre, à faire au moment d'une déclaration de guerre et lorsque vous arriveriez à être vraiment menacé d'une invasion. Ainsi vous sentez l'importance de porter une surveillance scrupuleuse à l'organisation des dépôts, au remplacement des officiers réformés ou en retraite, à la nomination des sergents et caporaux, à l'habillement et à l'armement des conscrits, et au renvoi de tous les hommes éclopés et hors d'état de servir.

La défense de Venise pourrait être confiée au général Miollis, qui, s'y enfermant avec tous les moyens de la marine et avec 7,000 hommes des différents dépôts, pourrait faire une longue et brillante défense, jusqu'à ce que la suite des opérations générales parvînt à le dégager.

La place de Mantoue, dans laquelle vous mettriez également 6 ou 7,000 hommes des dépôts, serait promptement approvisionnée. Tout votre corps du Frioul deviendrait ainsi disponible. Le 106e, le 3e d'infanterie légère et sept régiments que j'ai en Piémont, vous formeraient trois nouvelles divisions qui porteraient votre corps d'armée à 36,000 hommes d'infanterie; ce qui, avec la cavalerie légère, les cuirassiers et les dépôts de cavalerie de l'armée de Naples, vous formerait une armée de près de 40,000 hommes, force imposante qui, vu les opérations ultérieures de l'Allemagne, contiendrait l'ennemi. En tout cas, vous pourriez manœuvrer entre Venise, Palmanova, Osoppo, Mantoue, Legnago, Peschiera, sans être obligé de vous affaiblir pour munir ces places, les ayant armées et approvisionnées d'avance. Si les événements politiques devenaient très-sérieux, il est probable que vous vous trouveriez rallié par l'armée de Naples, ce qui vous ferait un renfort de 40,000 hommes. Dans la saison où nous entrons, tous les malades vont guérir.

Il est convenable que vous me fassiez connaître l'opinion du général Miollis sur la possibilité de défendre Venise; celle du général Chasseloup, ainsi que celle de votre aide de camp Sorbier, pour, avec le moins de travaux possible, mettre cette place en état de défense; car mon intention n'est pas que vous travailliez sérieusement à ces fortifications avant que la tournure que vont prendre les affaires soit plus prononcée. Si l'opinion de ces différents officiers est que 6 ou 7,000 hommes peuvent se défendre longtemps à Venise, vous y ferez passer sans éclat les approvisionnements de bouche convenables et les vivres, surtout en blé et en farine. Je n'ai point donné l'ordre qu'on désarmât aucune de mes places; ainsi je les suppose toutes armées, même Venise. Il est essentiel cependant que vous vous concertiez avec le général Sorbier pour que toute l'artillerie qui est inutile à leur défense se rende à Pavie et repasse l'Adda. Il ne faut rien laisser, même à Vérone, qu'un parc de campagne qui servirait pour toute votre armée. Ainsi vous ne laisseriez rien à l'ennemi, si les circonstances vous obligeaient à vous retirer en deçà du Mincio ou de l'Adda.

Quant à la Dalmatie, dans une pareille occurrence, le général Marmont devrait laisser une garnison suffisante à Raguse, car je ne suppose point qu'il ait pu s'emparer de Cattaro. Il concentrerait tout son monde du côté de Zara pour pouvoir inquiéter les frontières de la Croatie, les attaquer même, pousser des partis, et obliger l'ennemi à se tenir en force vis-à-vis de lui. Les approvisionnements qu'il aurait soin de réunir en grande quantité à Zara, les munitions de toute espèce qu'il y concentrerait et les forces qu'il aurait, pourraient le mettre dans le cas de prendre l'offensive ou d'aider à votre défense sur l'Isonzo, et obliger l'ennemi à avoir là un corps d'observation. Au pis aller, Zara le mettrait à même de s'y défendre des mois entiers, et d'attendre la solution générale des affaires.

J'aurai le soin et le temps de vous écrire, s'il y avait quelque chose de décidé. Toutefois, j'ai voulu vous donner cette instruction générale, qui vous servira de règle. Dès aujourd'hui vous pouvez, sans scandale et sans bruit, vous occuper de l'approvisionnement de ces places, de leur armement et de l'ensemble de la défense du pays delà de l'Adda. Il faut prendre sur les finances du royaume d'Italie a tout ce qui ne pourra pas être pris sur le fonds mensuel, et, sous différents prétextes, vous assurer du fonds des approvisionnements; l'accessoire sera bientôt complété.

Indépendamment du livret que vous me remettez de l'état situation de l'armée, je désire que vous m'en remettiez un autre qui me fasse connaître le nombre de pièces des places, les principaux objets d'approvisionnement de bouche qui se trouvent dans chacune d'elles, ainsi que les noms des généraux commandants de place, adjudants de place, des officiers du génie et d'artillerie préposés à la défense desdites places. Comme celle que je connais le moins c'est Venise, je désire avoir un plan général à l'appui de ce livret, qui me fasse connaître les différents ouvrages et leur situation.

Il ne faut point, dans ce moment, changer de dispositions avec l'Autriche, n'y provoquer d'aucune manière ni lui donner aucune alarme. Cette instruction est tout hypothétique et fondée sur des suppositions d'événements qui n'auront peut-être pas lieu. Il faut donc laisser ignorer à tout le monde que vous l'ayez reçue, même aux agents que vous ferez concourir à vos dispositions, mais prenez vos mesures insensiblement et peu à peu, de manière que Palmanova et Osoppo soient en état de défense, approvisionnés et prêts à soutenir un siège à la fin d'octobre, et les autres places un peu plus tard. Que votre ordonnateur corresponde continuellement avec les chefs des différents services, et que vos aides de camp travaillent sans relâche à leurs inspections, mais sans que vous fassiez connaître le but où vous voulez arriver : car les opérations une fois commencées, si cela devait être, il faut que rien ne s'évacue, que rien ne donne l'alarme, et que chaque chose se trouve dans l'état où elle devra être.

Quant au général Marmont, il faut lui écrire simplement que la guerre avec la Russie, s'il n'a pas pu s'emparer de Cattaro, il ne sera plus temps de le faire, puisque l'ennemi s'y sera renforcé et approvisionné; que des armements considérables se font en Prusse, et qu'il ne serait pas impossible que la guerre avec cette puissance vint à éclater; que l'Autriche proteste de sa neutralité et de sa ferme résolution de n'être pour rien dans ces armements; que cependant, vu son éloignement, il doit se comporter selon les circonstances; que son point d'appui doit être Zara, et qu'il doit agir pour sa défensive d'une manière isolée, et, réunissant toutes ses troupes sur la frontière d'Autriche, la menacer constamment et l'obliger à tenir un corps d'armée devant lui; qu'en cas qu'il fût attaqué par des forces supérieures, Zara doit être son réduit, que ses moyens militaires de guerre et de bouche doivent être concentrés dans cette place; qu'il doit y faire un camp retranché de ses troupes de manière à attendre dans cette position le résultat des opérations générales; et, s'il arrivait que l'Autriche ne divisât point ses forces, il doit la menacer du côté de la Croatie, de manière à opérer une puissante diversion. Il est nécessaire que vous lui envoyiez un chiffre très-difficile à trouver, qui lui servirait à correspondre avec Lauriston, qui commanderait à Raguse avec une garnison suffisante. Au moyen de ce chiffre, vous communiqueriez avec Lauriston par mer et par terre. Vous sentez toute l'importance d'avoir un bon chiffre que vous pourriez confier à Méjan; il faut même essayer de vous en servir pendant la paix pour voir si vous vous entendez bien. Si la guerre venait à avoir lieu, il sera convenable que le général Marmont organise des postes de correspondance, qui viendraient à Venise, de là à Rimini et dans la Romagne, porter des nouvelles et en recevoir, surtout si Ancône était bloquée. Le général Vignolle pourrait envoyer en temps de guerre des états de situation en chiffres, ce qui n'aurait aucun inconvénient, et me ferait bien connaître la situation des affaires. Écrivez an général Marmont que tout ceci est une instruction générale pour lui seul, dont il ne se servirait que dans le cas bien éventuel d'une guerre avec l'Autriche. Les affaires se méditent de longue main, et, pour arriver à des succès, il faut penser plusieurs mois à ce qui peut arriver.

Lisez tous les jours cette instruction, et rendez-vous compte le soir de ce que vous aurez fait pour l'exécuter, mais sans bruit, sans effervescence de tête, et sans porter l'alarme nulle part.


Saint-Cloud, 18 septembre 1806

Au roi de Naples

J'ai pris un décret qui a décidé le nombre d'hommes que j'accordais des régiments français pour votre Garde. Je n'en accorderai pas davantage. Ne formez pas une Garde trop nombreuse. Il est politique de ne pas donner de jalousie à la Garde impériale. C'est en voyant de loin qu'on remédie aux inconvénients, et celui-là un jour pourrait en être un très-grand. Trois mille hommes !  Ma Garde n'a pas davantage. Je suis obligé d'envoyer des officiers pour remplacer ceux que vous avez pris, et cela me fait un accroissement de dépense considérable. Mes quinze gendarmes d'élite ne sont pas bien traités à Naples; faites-les venir à Milan. Cela est très-important parce qu'ils écrivent à leurs camarades, et moi-même je suis porté à être blessé qu'on reconnaisse ainsi une preuve d'estime que j'ai donné en envoyant à Naples des hommes de ma Garde. Ils avaient un service; ceux qui le leur ont ôté, qui les ont mis à pied , ont mal fait. Ils n'ont aucune idée de ce qu'ils doivent aux convenances et à moi. On a eu tort de vouloir leur faire quitter ma Garde sans m'en prévenir. Je ne puis savoir que mauvais gré aux officiers qui ont quitté leurs corps sans ma permission. Les généraux m'ont écrit et se sont mis en règle avant; les colonels et les capitaines devaient en faire autant. Ce sont là des choses très-importantes, parce qu'après être passés ainsi à votre service ils pourraient s'accoutumer à passer à un autre; au lieu que, lorsqu'il a rempli toutes les formes, un honnête homme s'estime en règle.

Quand vous recevrez cette lettre vous ne serez pas loin d'octobre qui est la saison où les malades guériront. Je pense qu'il est prudent de ne pas laisser de malades en Calabre et de les évacuer sur Capoue.

L'horizon est un peu troublé en Europe. Il serait possible que j'en vinsse bientôt aux mains avec le roi de Prusse. Je vous ai déjà écrit là-dessus. Occupez la Calabre , Scilla et Reggio sans bruit, retirez-en tous vos malades; de sorte que, si les circonstances le voulaient impérieusement, toutes vos troupes se concentreraient sans embarras devant Naples, sans que vous fussiez retardé par rien. Cette disposition, vous seul la devez connaître; elle doit s'exécuter comme une chose naturelle, et, dans le fait, elle est conforme aux principes de la guerre et aux sages dispositions militaires. Le fond de la botte prête le flanc; si les Anglais armaient considérablement, il serait bon que vos malades se trouvassent à l'abri dans une ville comme Naples ou Capoue; c'est dans mon opinion à Capoue que vous devez mettre tous vos malades. Vous n'avez pas actuellement d'autres mesures à prendre. D'abord il est possible que, sous huit ou dix jours, tout s'arrange, ou que, si l'on ne s'arrange pas, les Prussiens soient tellement battus aux premières affaires que tout soit fini en peu de jours. Toutefois,  exécutez à la lettre tout ce que je vous dis. Si Capoue est jugée en état de soutenir un siège, vous pouvez la faire armer, puisqu'elle contiendra vos hôpitaux et qu'il serait impossible de les laisser exposés au pillage et à un coup de main. Vous pouvez commencer à y faire transporter l'artillerie, comme point central de vos moyens. Je vous le répète, si cette lettre est lue par d'autres que par vous, vous gâtez vos affaires. J'ai l'habitude de penser trois ou quatre mois d'avance à ce que je dois faire, et je calcule sur le pire. Vous gâtez donc vos affaires en laissant pénétrer ce que je vous écris.


Saint-Cloud, 18 septembre 1806, 11 heures du soir

Au général Dejean

Monsieur Dejean, le ler régiment des grenadiers de ma Garde, composé de deux bataillons formant un total de 1,000 hommes partira demain, à dix heures du matin, et ira coucher à Claye. Il en partira le 20, à la pointe du jour, pour se rendre à Meaux.

Le 2e régiment de grenadiers partira de Paris le 20, à six heures du matin, et ira coucher à Meaux.

Les chasseurs de ma Garde, composés de quatre bataillons formant 2,000 hommes, partiront le 20 et iront coucher à Dammartin.

A Dammartin et à Meaux, il y aura 100 charrettes attelées chacune de quatre colliers, capables de porter 10 hommes, qui seront prêtes sur la place de Meaux, le 20 à dix heures du matin, pour porter le même jour à la Ferté les 1,000,hommes du 1er régiment des grenadiers de ma Garde.

Le même jour il y aura à Dammartin 100 voitures organisées de la même manière, qui seront prêtes à huit heures du matin, pour transporter le 1er régiment des chasseurs de ma Garde à Villiers-Cottecets. Il y aura deux routes, celle des grenadiers par Metz, et celle des chasseurs par Luxembourg.. Sur la première, il y aura quatorze relais de Meaux à Worms, et sur la seconde, treize de Dammartin à Bingen.

Les tableaux ici-joints vous feront connaître l'organisation des relais et leur emplacement.

A défaut d'une voiture à quatre colliers, il y aura deux voitures à deux colliers.

Vous ferez partir, avant deux heures du matin, deux commissaires( des guerres pour s'entendre avec le sous-préfet de Meaux, pour que les relais de Dammartin et de Meaux soient prêts le 20, et que ceux de la Ferté-sous-Jouarre soit prêt pour le lendemain 21, à six heures du matin.

Du moment que le sous-préfet aura fait toutes ces dispositions, l'un des commissaires des guerres se rendra auprès du sous-préfet de Soissons pour faire organiser les relais de Villers-Cotterets et de Soissons.

L'autre se rendra auprès du sous-préfet d'Épernay pour faire organiser les relais de Paroy, d'Épernay, de Chalons et de Sainte Menehould.

Le premier se rendra ensuite auprès du préfet de l'Aisne pour faire former les relais de Laon, Neufchâtel et Rethel. De là, il se rendra à la sous-préfecture de Rethel pour faire préparer ceux de Rethel et de Vouziers, et ainsi de suite.

Comme le temps est très-court pour les premiers relais, j'ai donné l'ordre au maréchal Bessières d'écrire au sous-préfet de Meaux par un officier d'état-major, qui arrivera avant quatre heures du matin de manière que, lorsque les commissaires des guerres arriveront, le sous-préfet aura déjà pris ses dispositions.

Chaque cheval sera payé à raison de 5 francs par jour. Les propriétaires des chevaux pourvoiront eux-mêmes aux fourrages.

Vous préviendrez chaque sous-préfet que les voitures doivent être payées par le major commandant chaque régiment, au moment de l'arrivée des voitures et sur la quittance du préposé que le sous-préfet aura commis pour commander le relais; de sorte que chaque sous-préfet vous enverra incontinent le reçu du payement.

Mon intention est qu'on réunisse à Worms assez de bâtiments pour transporter les grenadiers à Mayence, par eau, au moment de leur arrivée.

Vous autoriserez les commissaires des guerres à prendre les mêmes mesures pour Bingen, suivant les renseignements qu'ils recueilleront sur les lieux.

Ces mouvements doivent être combinés de manière que tous les régiments de grenadiers et de chasseurs à pied de ma Garde soient arrivés à Mayence le 28 au plus tard. 


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

A M. Mollien

Monsieur Mollien, je vous envoie des pièces relatives à l'emprunt que désire faire le roi de Naples, qui parait en avoir besoin. Je vous ai déjà fait connaître dans quelle vue cet emprunt devait être fait. C'est un objet qui mérite d'être médité.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

A M. Mollien

Monsieur Mollien, je vois dans l'état des recettes du payeur de l'armée d'Italie que le versement du receveur des contributions, ce qui probablement veut dire la recette, de Venise, est porté pour une somme peu considérable pour plusieurs mois, puisqu'elle n'est portée que pour 17 à 18,000,000 francs par mois; c'est bien peu. Quant aux dépenses, je trouve une dépense accidentelle et imprévue de 1800000 francs et une gratification extraordinaire de 300,000 francs; cela mérite quelque explication. Je trouve aussi que les dépenses ne sont pas bien classées, puisqu'il y a un article Subsistances militaires - Services réunis de 3,440,000 francs; nous ne connaissons pas cette manière de compter dans notre budget. Cette somme doit être répartie sur la boulangerie, la viande, etc. Dans le fait, la boulangerie, la viande, les fourrages, sont portés pour des sommes qui ne sont pas assez fortes.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au roi de Hollande

Les circonstances deviennent tous les jours plus urgentes. Ma Garde est partie en poste et fait en six jours la route de Paris à Mayence. Le camp de Meudon part de la même manière. Mon intention est qu'au reçu de la présente lettre vous fassiez partir les 65e et 72e pour Wesel, de manière qu'ils y soient arrivés le 1er octobre; que vous dirigiez également la moitié de vos troupes sur la même direction avec toutes les divisions d'artillerie, au fur et à mesure que vous pourrez les faire partir, et que vous composiez vos divisions de six pièces.

Avant le 1er octobre je serai à Mayence; il est nécessaire que vous vous trouviez de votre personne, du ler au 2 octobre, à Wesel, ayant les deux régiments ci-dessus formant près de 5,000 hommes, toute notre cavalerie et la moitié de vos troupes avec vingt ou trente pièces d'artillerie; ce qui vous formera un corps de 11 à 12,000 hommes. Vous les cantonnerez aux environs de Wesel. Vous recevrez, au reste, un ordre ultérieur sur les diversions que vous devez opérer.

Vous tiendrez l'autre division de vos troupes entre Utrecht et Wesel, de manière à pouvoir l'appeler près de vous, ou servir d'avant-garde ou marcher du côté de la mer, si les circonstances l'exigeaient.

Comme mon intention n'est pas d'attaquer de votre côté, je désire que vous entriez en campagne le premier pour menacer l'ennemi; les remparts de Wesel et le Rhin , à tout événement, vous serviront de refuge.

Vous recevrez de nouvelles instructions plus tard.

Envoyez-moi l'état de la formation de vos divisions et de votre camp.

Si vous avez du biscuit en Hollande, faites-en filer quelques centaines de milliers de rations sur Wesel, qui a besoin d'approvisionnement.

Quoique vous ne soyez pas bien organisé, marchez toujours sur Wesel, où vous tiendrez la défensive avant de prendre réellement l'offensive. Vous avez plus d'un mois pendant lequel vous pouvez faire tous vos préparatifs.

Mais il n'en est pas moins très-important que vous soyez rendu dans les premiers jours d'octobre à Wesel.

Faites marcher toute votre cavalerie, afin de couvrir le duché de Berg et les terres de la Confédération de ce côté.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, on a volé un courrier, venant de Naples, entre Modène et Reggio. C'est le résultat d'une intrigue anglaise à la tête de laquelle se trouvent un nommé Custodi et plusieurs prêtres retirés en Toscane. Écrivez d'une manière pressante et ferme pour qu'on chasse ce nommé Custodi, et pour qu'on dissipe ce rassemblement d'intrigants qui s'est formé dans ce pays.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, j"ai dicté ce matin pendant deux heures à Clarke, pour ordonner tous les mouvements de l'armée, mais il paraît que ce ne sera que vers minuit qu'il aura mis son travail au net. Comme, parmi le grand nombre d'instructions que je lui ai dictées, celle relative à la place de Braunau et à la défense de l'Inn se trouve copiée, je ne veux pas perdre un moment pour vous l'envoyer. Je n'ai pas besoin de vous dire que le mystère et le secret doivent présider à ces opérations. Le roi de Bavière sera ainsi garanti par un corps de ses troupes et mes positions sur l'Inn. D'ailleurs, l'Autriche ne bougera point, du moins jusqu'à ce qu'elle voie quelle sera l'issue des événements. Je désire que vous n'instruisiez de rien Andréossy, mais qu'il reste encore à Vienne et qu'il continue à correspondre avec vous, pour bien nous faire connaître la situation des affaires.

J'ai envoyé directement l'ordre au corps du maréchal Ney de se réunir à Ulm, ainsi qu'à la cavalerie de la division de dragons du général Beker.

J'ai fait donner l'ordre au maréchal Davout de réunir tout son corps à OEttingen. Ces mouvements sont les plus pressés. Vous devez donner ordre au parc qui est à Augsbourg et au grand quartier général de se tenir prêts à partir. Donnez le même ordre à tous les corps du maréchal Soult. Tout part d'ici en grande diligence et par des moyens extraordinaires.

Le roi de Hollande commande l'armée du Nord. Il n'y a pas d'inconvénient à faire mettre dans les journaux d'Allemagne qu'à peine formé, le camp d'Utrecht a été levé; que les 16,000 hommes de troupes hollandaises de ce camp, renforcées de 15,000 hommes de troupes auxiliaires françaises et de 30,000 hommes qui s'y rendent des dépôts de l'intérieur, doivent former l'armée du Nord, commandée par le roi de Hollande, et qui sera forte de 80,000 hommes.

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Dans douze heures au plus tard vous recevrez tous les ordres de mouvement.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au maréchal Berthier

NOTE SUR LA DÉFENSE DE L'INN ET L'OCCUPATION DE BRAUNAU. 

Le maréchal Soult laissera le 3e régiment de ligne tout entier dans Braunau, sous les ordres du général de division Merle. L'adjudant commandant Lomet, un colonel du génie et six officiers du génie d'un rang inférieur, un colonel d'artillerie, quatre compagnies d'artillerie française, une escouade d'ouvriers, une compagnie de sapeurs, quatre ou cinq officiers d'artillerie en résidence, et deux commissaires des guerres, y seront également laissés, ainsi qu'un régiment de cavalerie.

La citadelle de Passau sera armée et approvisionnée; elle sera gardée par un bataillon bavarois.

La forteresse de Kufstein sera armée et approvisionnée; elle sera également occupée par un bataillon bavarois.

Le corps de l'armée bavaroise, fort d'environ 15,000 hommes tiendra position entre l'Inn et l'Isar. Il aura des avant-postes retranchés dans le château de Buurghausen. Il entretiendra des patrouilles, le long de la frontière bavaroise, de telle sorte qu'on puisse empêcher la garnison de Braunau d'être insultée par la simple fantaisie des généraux autrichiens.

Le maréchal Soult se rendra personnellement à Braunau, ainsi que des officiers généraux du génie et de l'artillerie, et un commissaire des guerres désigné par l'intendant général de l'armée, afin de constater l'état des munitions d'artillerie et les approvisionnements de bouche de toute espèce qui se trouvent dans la place de Braunau; on y enverra tout ce qui pourrait manquer, et les ordres les plus exprès seront donnés pour que la consommation journalière de garnison de Braunau soit fournie par Munich, afin de réserver les magasins de la place pour le moment du blocus, s'il devait avoir lieu. Le service de la place de Braunau devra être établi de manière qu'il se fasse rigoureusement.

Un bataillon bavarois, destiné à s'enfermer dans cette place avec la garnison française, sera campé sur la gauche de l'Inn et à la tête du pont de Braunau, du côté de la Bavière. On y construira une tête de pont ou une forte redoute, tracée de manière à être protégée par le feu de la place, et qu'on conserverait aussi longtemps que possible, même en cas que la place fût cernée et que l'ennemi fût sur la rive gauche de l'Inn.

Le maréchal Soult conviendra d'un chiffre avec le général Merle, et ce chiffre sera envoyé au major général de la Grande Armée.

Il doit y avoir dans Braunau des vivres pour huit mois.

Le général Merle choisira pour commander en second un général de brigade ayant sa confiance, et qui serait utile en cas d'événements.

On voit que le général Merle aura sous ses ordres :

3e régiment de ligne
Artillerie 
Sapeurs
Bataillon bavarois, qui doit camper à la tête du pont 
Artillerie bavaroise, formant une compagnie

3,.000 hommes
400
100
800
100

Avec une si belle garnison de 4,000 à 4,500 hommes et au delà, ayant des vivres pour huit mois, et abondamment pourvue d'artillerie, n'ayant, parmi les officiers du génie, que des sujets choisis et connus pour avoir envie de se distinguer, ayant surtout deux ou trois mois devant soi, pendant lesquels on peut s'occuper de tout ce qui peut être avantageux à la place, on peut y faire la plus brillante résistance, et, dans aucun cas, on ne doit se rendre sans avoir soutenu plusieurs assauts au corps de la place.

On fera venir sans retard beaucoup de bois du Tyrol; avec du bois, des outils et des bras, on ferait une place là où il n'en existerait aucune.

A Braunau, on a l'avantage de l'eau, et on peut établir des ouvrages avancés et des lignes de contre-attaque de manière à prolonger la défense de la place assez pour être secouru.

Du reste, rien ne porte à penser que l'Autriche ait des vues hostiles, et on doit agir en conséquence.

Personne ne doit passer en ville, pas même les voyageurs. Le gouverneur ne doit jamais s'éloigner de la place de plus de la portée du canon; il ne doit jamais dîner hors de la ville; et, lorsqu'il en sort, le commandant en second doit se trouver sur les remparts.

La solde de la garnison de Braunau devra être assurée pour trois mois, et l'argent nécessaire pour cet objet devra être déposé chez le payeur. Quant aux travaux que le soldat exécutera, ils ne seront pas salariés et ne peuvent l'être : c'est déshonorer le soldat, qui doit faire un travail de cette nature uniquement par honneur.

On maintiendra la meilleure harmonie avec les Bavarois.

On plantera des poteaux à portée du canon de la place, portant pour inscription : Territoire de Braunau. Aucun corps armé étranger ne doit y entrer.

Le gouverneur communiquera avec prudence avec mon ministre à Vienne et aura soin qu'en cas que ses lettres soient interceptées elles ne puissent rien compromettre. Il enverra chaque jour un rapport de tout ce qui parviendra à sa connaissance à Munich et au major général de l'armée.

On lui recommandera surtout, ainsi qu'à tout officier de la garnison, de ne tenir aucun propos, devant vivre avec les Autrichiens dans la meilleure intelligence, quoique sur ses gardes.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au maréchal Berthier

J'ai donné directement les ordres au roi de Hollande pour qu'il se trouve le 2 octobre avec son corps d'armée à Wesel.

Le maréchal Augereau se réunira à Francfort le 2 octobre, ayant des postes de cavalerie et une petite avant-garde à Giessen.

Le maréchal Lefebvre se réunira à Koenigshofen le 3 octobre. Ce mouvement s'exécutera plus tôt si l'ennemi était en force à Halle.

Le maréchal Davout sera réuni à Bamberg, avec tout son corps d'armée, au plus tard le 3 octobre.

Le maréchal Soult sera réuni à Amberg (hormis le 3e de ligne qui reste à Braunau) et sera prêt à partir le 4 octobre, avec tout son corps.

Le prince de Ponte-Corvo sera réuni à Bamberg le 2 octobre. Il y sera réuni avant cette époque, si les dispositions des Prusse paraissent être de faire des mouvements hostiles.

Le maréchal Ney sera réuni à Anspach le 2 octobre. Les six divisions de cavalerie de la réserve se mettront en mouvement et seront arrivées en position le long du Mein, depuis Kronach jusqu'à Würzburg. Le 3 octobre, la grosse cavalerie sera du côté de Würzburg.

Le 2 octobre, on prendra possession du château de Würzburg, qu'on armera et approvisionnera. On prendra possession de Koenigshofen et du château de Kronach, et on le mettra en état de défense.

Le parc général se rendra à Würzburg, le petit quartier général à Bamberg, les gros bagages à Würzburg; tout cela en position le 3 octobre.

Tous les commandants d'armes de la Souabe et de la Bavière seront rappelés, excepté celui d'Augsbourg et d'Ingolstadt, et dirigés sur la nouvelle ligne d'opérations jusqu'à Würzburg et Bamberg.

Le général qui commande en Souabe commandera à Francfort; un autre commandera tout le pays de Würzburg.

La gendarmerie des divers corps d'armée sera affaiblie, afin d'établir, à une journée en arrière de chaque grande route qu'on prendra, un détachement commandé par un officier supérieur, pour arrêter les traînards et maraudeurs et empêcher le désordre.

On mettra à l'ordre que les généraux aient les aides de camp et les officiers d'état-major, sans en prendre dans la Grande Armée, excepté aux dépôts.

Le major général expédiera tous les ordres sans délai et m'enverra l'itinéraire de la route de chaque colonne. Chaque corps d'armée, en arrivant au rassemblement, aura quatre jours de pain. Il faudra ordonner qu'on y prépare du pain pour dix jours, afin qu'il y en ait toujours pour quatre jours au moment où l'on voudrait partir pour entrer en campagne.

Les troupes de Bade se réuniront à Mergentheim; les troupes de Wurtemberg à Ellwangen. Les troupes de Bavière prendront la position qui a été indiquée dans le temps, entre l'Isar et l'Inn, et occuperont les forteresses de Passau et de Kufstein. Une division de 6,000 hommes sera sous les ordres du prince de Ponte-Corvo et devra être rendue, prête à partir avec le corps d'armée, le 2 octobre. Les troupes de Darmstadt, au nombre de 7,000 hommes, se réuniront sous les ordres du maréchal Augereau. 


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, donnez ordre au maréchal Augereau et à tous mes généraux de s'opposer ouvertement à la levée d'aucuns chevaux pour la Prusse, et, au contraire, d'en augmenter leurs équipages le plus possible.

Je reçois vos lettres du 15; je viens de mettre un million à votre disposition; payez avec cela les dépenses les plus pressantes. Faites bien la distinction des dépenses du ministère de M. Dejean d'avec celles de votre ministère; faites-les classer par chapitres du budget; vous ferez ordonnancer par l'ordonnateur ce qui est du ressort du ministère de l'administration de la guerre, et vous ferez ordonnancer ce qui est du ressort du ministère de l'administration de la guerre.

Les marmites et les bidons seront trop longs à venir; faites-les acheter chez les habitants, en payant; recommandez qu'on ne fasse pas de vilenie, et faites-les payer sur vos fonds.

Ma Garde est toute partie; tout sera rendu le 30 à Mayence. Mes chevaux y seront, je pense, pour ce jour. Cependant il n'en est pas moins nécessaire que je trouve à Bamberg quelques chevaux, si les miens tardaient de quelques jours à arriver.

Faites voir, je vous prie, ce qui se passe à Halle; on m'assure qu'il y a déjà là des rassemblements de troupes prussiennes.

J'ai ordonné qu'on réunit à Mayence une grande quantité bidons; mais, encore une fois, cela n'arrivera pas.

Faites distribuer les 2,500 capotes aux corps qui en ont le plus besoin. Faites partir les souliers pour Würzburg. Quant aux capotes, écrivez aux colonels d'en faire faire en France; à dater du 1er octobre, les masses d'habillement sont tellement augmentées, qu'ils peuvent très-bien les faire faire.

Écrivez au payeur de l'armée, qui doit être à Strasbourg, de se rendre à Mayence, où il est nécessaire qu'il soit arrivé le 29 septembre.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au général Dutaillis

Monsieur le Commandant par intérim de notre 6e corps de Grande Armée en l'absence du maréchal d'empire Ney, au reçu de la présente, vous voudrez bien faire toutes les dispositions nécessaires pour réunir notre dit 6e corps d'armée à Ulm, où il est indispensable qu'il soit rendu, au plus tard, le 28 septembre, prêt à marcher, avec quatre jours de vivres, et prêt à recevoir les ordres de notre major général, étant nécessaire que notre dit 61 corps de la Grande Armée soit rendu, dès le 2 ou 3 octobre, sur la ligne d'opérations. Vous voudrez bien également faire connaître au corps du général Beker qu'il doit suivre le même mouvement.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au maréchal Bessières

Mon Cousin, donnez l'ordre à votre chef d'état-major de partir le 23 pour se rendre à Mayence en toute diligence, afin de tout préparer pour l'organisation de la Garde au fur et à mesure de son arrivée. Il est nécessaire de faire partir les boulangers et tous les autres ouvriers de la Garde par les voitures établies pour les transports de la Garde, afin qu'ils arrivent aussi promptement qu'elle. Donnez également ordre aux commissaire ordonnateur, chirurgiens et employés de la Garde d'être tous rendus le 30 septembre à Mayence. Vous-même, vos aides de camp et le reste de votre état- major, partirez le 24, afin d'arriver le 28 à Mayence, pour accélérer l'organisation des corps de ma Garde et préparer tout ce qui est nécessaire pour votre dépôt. Vous ferez partir le reste de la Garde à cheval de toute arme le 21, de manière que, le  21 au soir, il ne reste plus à Paris personne à partir.

Voici les corps qui doivent composer ma Garde :

Deux régiments de chasseurs à cheval . . . . . 1,200 hommes. 
Deux régiments de grenadiers à cheval . . . . . 1,200
Un régiment de gendarmerie d'élite . . . . . . 460
L'escadrons de mameluks . . . . . . . . . . . 80
Deux régiments de chasseurs à pied . . . . . . 2,000
Deux régiments de grenadiers à pied . . . . . . 2,000
Quatre divisions d'artillerie de vingt-quatre pièces
de canon; un parc composé de douze pièces de
canon, plus 1,000 hommes d'artillerie . . . . . . 1,000
Quatre bataillons de dragons à pied, 
chaque bataillon composé de quatre compagnies . . . . . . 2,400
Quatre bataillons de grenadiers et de voltigeurs,
composés des 3e et 4e bataillons, formés 
dans les 5e, 25e et 26e divisions militaires . . . . . . . . 2,400

Ce qui fait plus de 12,000 hommes, infanterie, cavalerie et artillerie. Comme ces bataillons auront besoin de chefs de bataillon, de capitaines et d'adjudants-majors, ne laissez aux bataillons des vélites qu'un chef de bataillon et faites partir l'autre avec les quatre meilleurs capitaines, lieutenants et sous-lieutenants, lesquels seront rendus à Mayence avant le 30 septembre et seront employés aux différents bataillons.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au prince Joachim

J'ai reçu votre lettre. Je ne sais pas quelle est la force de votre régiment; ainsi je ne puis rien vous prescrire sur ce corps.

Le roi de Hollande commandera mon armée du Nord, qui sera de 80,000 hommes; son quartier général sera à Wesel. Votre duché sera sous ses ordres militaires. Si votre régiment est en état de faire quelque chose, il prendra ses ordres et fera partie de son armée. Laissez cependant un commandant militaire dans votre duché et un ministre à Wesel, pour s'entendre avec le roi de Hollande et lui procurer tout ce qui sera nécessaire. Le roi sera chargé de couvrir et garantir vos États.

Dirigez vos bagages et vos chevaux sur Francfort, et cela le plus promptement possible. Il me suffit qu'ils y arrivent le 29 septembre et, si ce temps est plus que suffisant, vous pourrez leur faire faire une marche sur la rive gauche du Rhin pour masquer votre mouvement. Restez encore quelques jours dans votre pays, à Düsseldorf, et aidez en ce que vous pourrez à l'approvisionnement de Wesel.

Envoyez la situation de votre régiment au roi de Hollande, activez sa formation le plus possible. Faites reconnaître les cantonnements des Prussiens et les noms des régiments qui occupent camps de Hameln et environs, ainsi que la force des compagnies des bataillons.

Tenez toutes ces dispositions secrètes, et ne dites rien.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, vous donnerez l'ordre aux maréchaux Davout et Ney, qui se trouvent à Paris, d'être rendus à leurs corps d'armé pour le 28 septembre.

Vous donnerez l'ordre au régiment italien qui est au Havre de se rendre à Paris sans faire de séjour.

Vous donnerez l'ordre au régiment d'Isembourg, qui est à Montpellier, de se rendre à Toulon sans séjour.

Vous donnerez ordre au 16e de ligne, qui est à Toulon, de placer son 30 bataillon et dépôt au fort Lamalgue, et de compléter ses deux premiers bataillons au grand complet de guerre, s'il est possible avec ce qui est disponible du 3e bataillon, et de se rendre à Gênes.

Vous donnerez l'ordre au 3e bataillon du régiment de la Tour d'Auvergne, qui est à Sarzana, de se rendre à Gênes, où il tiendra garnison. Vous donnerez ordre au 67e, qui est à Gênes, de former ses deux premiers bataillons au grand pied de guerre et de laisser son 3e bataillon à Gènes, où il occupera les deux postes importants de la Lanterne et du fort de l'Éperon. Ses deux premiers bataillons se dirigeront sur Alexandrie.

Vous donnerez l'ordre au bataillon du 32e régiment d'infanterie légère, qui est à Grenoble, de se rendre à Toulon.

Vous recommanderez au général commandant la 8e division militaire de confier la garde du fort Lamalgue, comme le poste le plus important, au 3e bataillon du 16e régiment de ligne, qui va être renforcé par près de 1,000 conscrits; de se servir, du reste, du régiment d'Isembourg pour la garde de la ville, de l'arsenal, des îles d'Hyères et de toute la côte, et du 32e d'infanterie légère, qui est composé de Génois et d'Italiens, pour occuper des postes importants, indépendants de l'influence et de la garde du régiment d'Isembourg, qui est tout composé d'Allemands.

Pressez l'organisation des régiments suisses, dont j'ai déjà nommé quelques officiers d'état-major, et celle du bataillon valaisan, qui doit servir à la garnison et à la police de Gènes.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, envoyez l'ordre au général de division Dupont de partir sans délai avec tous ses régiments, infanterie, cavalerie et artillerie, et de se rendre à Mayence, d'où il partira le 28 pour se rendre à Würzburg. En passant à Mayence, il complétera ses cartouches, son armement et ses objets d'artillerie. Il est nécessaire qu'il arrive à Würzburg le 2 octobre.

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Par le même courrier qui portera au général Dupont l'ordre de partir, vous enverrez aux généraux commandant les 25e et 26e divisions militaires l'ordre de compléter sur le pied de guerre les compagnies de grenadiers et de voltigeurs des 3e et 4e bataillons qui sont dans leurs divisions, appartenant aux corps de la Grande Armé et de les diriger sur Mayence en les adressant au général Dorsenne, qui les organisera en bataillons de six compagnies. Il est indispensable que ces compagnies soient arrivées à Mayence pour le 30 septembre.


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, donnez ordre au gouverneur de Paris de former le 2e régiment d'infanterie légère à deux bataillons bien complets de 1,000 hommes chacun, si cela est possible; de faire la même chose pour les 4e et 12e régiments d'infanterie légère et de faire partir ces bataillons : ceux du 2e léger le 21, par la route de Meaux; ceux 12e léger par la route de Dammartin; et ceux du 4e, un bataillon par la route de Meaux, et un bataillon par la route de Dammartin.

Les deux bataillons du 4e partiront le 22. Faites partir ces troupes par les relais établis pour le transport de ma Garde. Envoyez l'ordre aux détachements du camp de Boulogne et au 28e d'infanterie légere, ainsi qu'à son bataillon d'élite, de ne point faire de séjours et marcher droit sur Mayence, pour y arriver le plus tôt possible. Si le bataillon d'élîte du 28e d'infanterie légère est à portée du Rhin, il serait convenable de le faire embarquer; de cette manière il arriverait sans se fatiguer et très-promptement à Mayence.

Vous donnerez ordre au sénateur maréchal Kellermann de partir dans la journée de demain, pour se rendre à Mayence et y prendre le commandement du corps de réserve, composé des troupes qui trouvent dans les 5e et 26e divisions militaires. 

Il commandera les gardes nationales de ces deux divisions militaires. et il réunira à Strasbourg et à Mayence les grenadiers et les chasseurs des gardes nationales qu'il avait levées dans ces divisions pendant la dernière campagne. 


Saint-Cloud, 19 septembre 1806

DÉCISION

Le ministre directeur de l'administration de la guerre demande à l'Empereur d'approuver que les colonels des régiments qui n'ont point complété leurs contingents pour le recrutement de la Garde impériale soient autorisés à fournir des militaires n'ayant que six ans de service , mais remplissant les autres conditions exigées.

Accordé , pourvu qu'ils aient fait la campagne de l'an IX ou celle de la Grande Armée.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806, 6 heures du matin

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, je vous envoie le mouvement de l'armée. C'est aujourd'hui le 20 septembre, six heures du matin. J'espère que vous recevrez ma lettre dans la journée du 24, et qu'avant le 3 ou le 4 octobre toutes mes intentions seront exécutées. Je compte être à Mayence le 30 septembre et probablement le 2 ou le 3 à Würzburg. Là je déciderai mes opérations ultérieures.

Il faut que le général Songis prenne des mesures pour que la division du général Dupas, qui se réunit à Mayence, ait dix pièces d'artillerie, mais sans faire faire de pas rétrograde à l'artillerie de l'armée. Cette division est composée des 2e, 12e et 28e d'infanterie légère et du 14e de ligne; je compte y joindre deux autres régiments. Ce sera là le corps d'observation de la France et le corps d'appui de l'armée du roi de Hollande.

Il est convenable qu'aussitôt que vous aurez ordonné tous les mouvements vous vous rendiez à Würzburg. Vous y verrez la situation de cette place, et vous prendrez connaissance de la nature des chemins à Bamberg, à Düsseldorf, et jusqu'à Magdeburg et Berlin, et quelle est la ligne où se terminent les montagnes. Vous aurez soin de bien traiter le grand-duc de Würzburg. Vous marquerez là votre quartier général, sans dire que j'arrive, mais en prenant ce qu'il y a de plus beau, sans cependant le gêner ni l'exposer à aucune dépense.

Vous examinerez la situation du château, quelle garnison on doit y mettre, et les positions à occuper. De là vous viendrez à Mayence, à moins cependant d'accidents extraordinaires et imprévus, auquel cas vous sentez bien que je ne resterai pas à dormir à Mayence.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806, 7 heures du matin

Au maréchal Bessières

Mon Cousin, faites partir par les relais, comme l'infanterie de ma Garde, un équipage de matelots de ma Garde, composé 100 hommes, pour se rendre à Mayence.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au maréchal Bessières

Mon Cousin, je vois qu'il n'est pas nécessaire que ma Garde passe à Worms pour se rendre à Mayence, et que, de Kaiserslautern et de Dürkheim, elle peut y aller directement en passant par Alzey. En faisant usage de cette observation vous épargnerez à ma Ga au moins une journée de marche.


 Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, les places de Wesel et Mayence doivent être mises dans le meilleur état de défense. Les derniers préparatifs doivent être faits. S'il y a quelques manœuvres d'eau à rétablir pour remplir d'eau les fossés de Wesel, il faut le faire. Si l'inondation n'est pas tendue à Mayence, il faut la tendre. Si les ouvrages de l'autre côté du Rhin ne sont pas armés, il faut le faire. S'il n'existe pas quelques baraques pour servir de corps de garde, dans les ouvrages des îles, il faut en construire. Si les ouvrages en terre défendent l'inondation ne sont pas établis, fraisés et palissadés, il faut les construire et les palissader. Si le fort qui défend l'embouchure du Mein n'est pas encore rétabli, il faut le construire, le palissader et faire les travaux provisionnels et pressés sans discontinuer les travaux permanents à Cassel.

Il faut qu'il y ait au moins quatre officiers du génie de tout grade à Mayence et six à Wesel. Il faut envoyer une compagnie de mineurs à Mayence, une autre à Wesel, et qu'on organise tout ce qui nécessaire pour la défense souterraine du fort Meusnier et des forts extérieurs, tant à Mayence qu'à Wesel; d'ailleurs ces mineurs pourront servir de chefs d'ateliers aux ingénieurs.

Il faut qu'il y ait à Wesel quatre compagnies d'artillerie, un colonel, un chef de bataillon commandant en second, deux capitaines en résidence, outre les officiers des quatre compagnies. Il faut qu'il y ait à Mayence au moins quatre compagnies d'artillerie. Quand je dis qu'il faut quatre compagnies d'artillerie à Wesel et quatre à Mayence, j'entends que ces compagnies aient tous leurs officiers, sous-officiers, 80 canonniers présents, et forment au moins 400 hommes.

Il faut aussi une escouade d'ouvriers dans chacune de ces deux places, pour réparer tous les affûts et donner à l'artillerie l'attitude convenable. S'il manque des objets d'artillerie, soit à Wesel, soit à Mayence; et des approvisionnements, il faut les y faire passer.

Mon intention est que les officiers du génie et d'artillerie qui seront placés à Wesel et Mayence y soient par mon ordre et que personne ne puisse les ôter de ces deux places pendant toute la campagne. Il faut me présenter, pour chacune de ces places, un colonel et un chef de bataillon de chaque arme, qui seront chargés de défendre Wesel et Mayence, pour ce qui concerne leur arme, et seront pourvus d'une commission ad hoc. Vous sentez qu'il faut des officiers distingués, qui aient l'amour de la gloire et les connaissances nécessaires pour une si importante besogne.

Au premier événement, le premier inspecteur aura soin de jeter le nombre nécessaire d'officiers dans ces deux places. Je suppose qu'il faudrait vingt officiers pour Mayence et douze pour Wesel. On ne les enverrait qu'au dernier moment. Mais ce qui importe, c'est que les deux directeurs et les deux chefs de bataillon de chaque place soient nommés par commission, y restent et n'en puissent sortir, même malades, par congé, parce qu'il n'y a que moi seul qui aie le droit de donner un congé.

Mon intention est que le premier inspecteur du génie se rende à Mayence, où il établira son quartier général. Là il pourra diriger tous les ouvrages de Mayence, Wesel, Juliers, Venloo, Anvers et des places de frontière opposée à la Prusse. Il prescrira tous les ouvrages ordonnés par les projets, arrêtera et ordonnera de son chef les travaux pressés dérivant des circonstances. Il aura soin, si une place menaçait d'être investie, d'y jeter le nombre nécessaire d'officiers du génie, d'approvisionnements et de tout ce qui a rapport à son arme.

Les principaux objets des approvisionnements de siège, savoir les farines, le bois pour les fours, l'eau-de-vie, le riz ou les légumes, doivent être fournis par les munitionnaires, qui doivent réunir dans l'une et l'autre place la quantité de farines nécessaire pour nourrir 10,000 hommes pendant six mois. Il faut surtout que vous leur donniez l'ordre d'avoir la quantité de bois propre à convertir les farines en pain.

Ces vivres seront retirés de là, soit par des envois en Allemagne et pour nourrir la Grande Armée, soit pour des sièges, soit, au retour, en consommations journalières de l'armée. Il me semble que vous n'avez pas d'indemnité à donner sur cela.

Faites-moi un rapport sur cet objet; mais ne perdez pas une heure pour avoir la quantité nécessaire de légumes, bois et subsistances, approvisionnée dans ces deux places.

Faites aussi fabriquer 400,000 rations de biscuit à Mayence. Ainsi donc, sans attendre le rapport que vous me ferez sur la question d'argent, ne perdez pas une heure pour faire approvisionner ces places des objets ci-dessus désignés.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, Boulogne doit être mis en état de défense. Il est probable que depuis la paix on aura négligé les ouvrages de campagne; il est nécessaire que vous donniez l'ordre de les mettre dans le meilleur état.

A Anvers, la Tête-de-Flandre et les redoutes de la rive gauche doivent être relevées et armées de manière que non-seulement la citadelle, mais que toute la ville se trouve à l'abri d'un coup de mai. Il n'y a pas assez d'artillerie; j'ai donné ordre au ministre de la marine d'avoir à Anvers cent cinquante pièces de gros calibre sur affûts marins. Comme il y aura beaucoup de pièces de 36, on en construira plusieurs batteries sur le bord de la rivière pour la défense de ce côté. Le front de Lillo mérite aussi une attention particulière.

Donnez l'ordre au directeur du génie et au commandant de la 24 division militaire de s'y transporter et de faire mettre tout en bon état. Il y a au moins 2,000 hommes de la marine, dont 1,800 conscrits, qui font très-bien l'exercice de l'infanterie, et dont on me donne une bonne opinion. Il y a deux bataillons de dépôt de deux régiments de ligne, qui seront bientôt portés à 2,000 hommes. Il est nécessaire que le général commandant d'armes soit à son poste, qu'il y ait au moins deux compagnies d'artillerie de terre pour l'armement et la manœuvre de l'artillerie de la place. La marine servira les batteries de pièces de 36, qui seront placées le long de la rivière et l'artillerie montée sur des affûts marins.

Il faut mettre en état la place de Blaye. On me dit qu'il y a des brèches, que cette place est dans un état pitoyable. Ordonnez au directeur de commencer les travaux jusqu'à la concurrence de 20,000 francs. Sur le rapport qui vous sera envoyé vous verrez ce qu'il sera convenable de faire.

Je pense que le fort Penthièvre, de la presqu'île de Quiberon, est en bon état; fixez l'attention du général commandant la division sur ce point.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, voici la forme que je désirerais qu'eût le livret qu'on me remet tous les six mois, au 1er février et au ler août, sur la situation du génie et de l'artillerie au 1er janvier et au 1er juillet.

FRONTIÈRE DU NORD

Autant de pages que de places fortes classées par directions d'artillerie.
Telle place a tant de bastions.
La citadelle (si elle en a une) a tant de bastions.
Ses besoins pour réparations sont de tant.
Sa garnison est fixée à tant d'hommes.
Son approvisionnement de bouche est fixé à tant.
Le nombre des casernes pour l'infanterie est de tant.
Le nombre des casernes pour la cavalerie est de tant.
Quelques observations sur ce qui est en bon ou en mauvais état. Palissades existantes, tant.
Palissades nécessaires, tant.
Outils, sacs à terre, brouettes existantes, tant.
Outils nécessaires, tant.

A côté. Artillerie réglée par le décret ou ordre de tel jour :

Pièces existantes, tant.
Manque, tant.

Avec des observations qui m,e fassent connaître ce qu'il y a d'artillerie en bon ou en mauvais état.

Équipages de campagne en dépôt dans la place appartenant à l'équipage du Nord, tant.

On suivrait ainsi pour les affûts et approvisionnements de toute espèce, en distinguant ce qui appartient à la place de ce qui n'y est qu'en dépôt.

On comprendrait dans l'état toutes les places de la Hollande qui défendent la frontière, en distinguant la frontière de Hollande.

De même pour la frontière d'Italie, en faisant la même distinction. Ce seul livret, contiendrait les éléments de tous les calculs et une connaissance parfaite de tout le matériel d'artillerie.

Il faudra placer à la fin une récapitulation qui fasse connaître la quantité d'outils et autres objets appartenant au génie, existant en France;

La quantité de fusils et d'armes d'infanterie de tout calibres, pièces de toutes espèces, fer coulé, etc.

Avec une différence de tout ce résultat à l'état du semestre précédent.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, j'ai lu avec attention le travail du 30 juillet sur l'artillerie de l'armée d'Italie. Je désirerais que sur ces états on ne portât que pour mémoire ce qui est à Naples, soit en pièces, soit en caissons. Il est probable qu'ils ne reviendront qu'en mauvais état ou qu'ils seront laissés pour le bien du pays. Il faut donc les prendre dans un état à part et indépendant de celui de l'artillerie de l'Italie septentrionale. L'état de l'artillerie en Italie est très-satisfaisant. Par vos tableaux nous aurions 251 pièces de campagne dans l'Italie française, sur lesquelles il ne faut guère compter 30 de montagne; ce qui les réduit à 220, distribuées dans les citadelles de Turin, de Plaisance, dans Alexandrie et Gènes. Nous aurions en Italie (royaume) 107 pièces dont 32 de 3, qu'il ne faut pas compter, 35 dans le royaume de Naples, qu'il ne faut pas compter pour l'Italie, et 3 en Dalmatie, qu'il ne faut ne plus compter que pour mémoire.. Il ne resterait donc plus en Italie que 37 pièces. En canons étrangers, nous en aurions 18 dans l'Italie française, sans compter  les pièces de 3, et 60 dans le royaume d'Italie, également sans compter les pièces de 3. En obusiers, nous en aurions 117 dans l'Italie  française, et 25 dans le royaume d'Italie, moins 7 qui sont dans le royaume de Naples, ce qui ferait 18. En tout 431 bouches à feu de campagne dans l'Italie française, dont 99 à Turin ou dans la citadelle : rien ne presse de les déranger; 172 à Alexand,rie : elles y sont très-bien; 12 à Fenestrelle, 79 à Gênes : elles y sont fort bien; et 71 à Plaisance : elles y sont fort mal. Il ne faut garder que ce qui est nécessaire pour l'armement de la citadelle, et évacuer tout le reste sur l'arsenal d'Alexandrie.

Dans le royaume d'Italie nous aurions 291 bouches à feu de campagne, dont 80 au parc de Vérone : cela est beaucoup trop; 22 au parc du 2e corps d'armée : elles y sont bien; 12 en Istrie : cela est beaucoup trop; 11 en Dalmatie, sont bien; 55 dans le royaume de Naples, pour mémoire; 63 à Venise et 48 à Palmanova : c'est trop. Il est important que vous me présentiez un projet de décret pour faire évacuer toute l'artillerie de campagne du royaume d'Italie, et ce qui est à Plaisance, sur Alexandrie, Gènes et Fenestrelle, hormis le parc que j'ai demandé, que je suppose attelé, et ce qui est nécessaire à l'armement de Palmanova, d'Osoppo, de Venise, de Mantoue, de Legnago et de Peschiera. Je n'ai désiré avoir dans le royaume d'Italie que les trois parcs de Palmanova, de Vérone et de Pavie, montant à 82 pièces; mais je désire que ce soit indépendamment de ce qui peut se trouver dans le royaume de Naples.


L'artillerie qui n'est pas nécessaire dans le royaume d'Italie doit être évacuée sur l'Italie française. Par ce moyen, on n'expose à l'avant-garde que l'artillerie absolument nécessaire, et le reste est en sûreté dans les dépôts de l'Italie française, qui, placés sur les derrières, peuvent être plus facilement secourus et avec plus de loisir. Peu d'objets sont plus importants et méritent plus de fixer l'attention des officiers d'artillerie.

Quant aux affûts, il me semble que nous en manquons, ainsi que de caissons. Car, indépendamment des l42 pièces que j'ai demandées, il n'y a pas d'inconvénient à avoir à Gênes, Grenoble et Alexandrie, une certaine quantité de pièces, d'affûts et de caissons, qui peuvent servir à réparer les pertes de quelque bataille. Quant à l'artillerie de siège, je n'ai que le tableau no 7, qui n'est point suffisant. Je remarque seulement qu'il faudrait, pour défendre Peschiera, 90 bouches à feu dont 10 de 24 et 10 de 18. Cette place est de peu de résistance; au lieu de 4,000 hommes, il n'en faudrait pas 1,200 et les 10 pièces de gros calibre qui y sont pourraient figurer au siège de Mantoue. Je ne voudrais pas de grosses pièces à la citadelle de Vérone par la même raison. Ferrare est démolie; Brescia ne mérite pas qu'on s'en occupe, Orzinovi non plus. Le fort Urban est démoli.

Je désire un tableau qui me fasse connaître la quantité de pièces de siège qui appartiennent à la France, celles qui appartiennent royaume d'Italie; l'approvisionnement que j'ai ordonné, ce qui existe et ce qui manque. En me représentant ce travail sur l'artillerie de siège du royaume d'Italie, présentez m'en un pareil sur l'artillerie de campagne, afin que, par un décret général, je puisse ordonner pour les deux parties des dépenses uniformes et fondamentales, et prescrire des constructions dans les arsenaux de Pavie et de Turin, pour mettre sur le meilleur pied l'artillerie de nos places. Mais dans ce moment-ci ce travail est pressé; je désire l'avoir avant la fin d' octobre. Ordonnez au général Sorbier d'évacuer de Palmanova toute l'artillerie qui est inutile à l'armement de cette place. De Palmanova le transport n'est point difficile, en se servant de la mer jusqu'à Venise et de là on peut arriver facilement par le Pô à Alexandrie qui doit être le grand dépôt de toute l'Italie, parce que l'on a le temps de l'approvisionner et de le mettre à l'abri de tout revers. Quant à l'artillerie du royaume de Naples, c'est encore un chaos, et il faut attendre que l'ordre soit rétabli dans cette administration pour asseoir ses idées.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, le général de brigade Andréossy est trop âgé pour commander le génie à l'armée; j'ai donné ordre qu'il se rende à Paris. Je n'ai pas assez d'officiers du génie à l'armée; j'en ai besoin de vingt autres. Donnez l'ordre aux officiers dont l'état est ci-joint de se rendre en poste à Mayence avant le ler octobre. Donnez l'ordre au général Chasseloup de se rendre en poste, en traversant le Tyrol, à Augsbourg, où il est nécessaire qu'il soit arrivé avant le 1er octobre; mon intention est de lui confier le commandement du génie de l'armée. Le général Marescot me parait trop nécessaire en France par le genre de guerre que je vais faire; il n'est point impossible l'ennemi puisse faire une pointe sur nos frontières, il faut donc qu'il soit à portée pour qu'il puisse y pourvoir. Vous chargerez des travaux d'Alexandrie le colonel Liédot, qui, s'il était nécessaire, commanderait le génie de la place d'Alexandrie. Donnez l'ordre au général Chambarlhiac, qui est à Naples, de se rendre en poste avec toute diligence à Augsbourg en traversant le Tyrol. Donnez l'ordre à la 3e compagnie du 4e bataillon de sapeurs, qui est à Belle-Île-en-mer, à la 5e, qui est aux îles Saint-Marcouf, et à la 9e, qui est à Ostende, de se rendre à Mayence pour rejoindre la Grande Armée. Donnez l'ordre au 5e bataillon de sapeurs de se rendre à la Grande Armée. Le génie de l'armée d'Italie sera commandé par le général Lery.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, vous trouverez ci-joint un décret pour la formation d'une légion polonaise. Vous ferez appeler le général Zajonchek, pour qu'il vous propose des officiers polonais pour former le cadre du ler bataillon. Mon intention est que les deux tiers au moins des officiers soient polonais; l'autre tiers sera pris parmi les officiers qui n'ont pas servi dans nos rangs, mais qui veulent servir et verser leur sang pour la patrie.

Vous donnerez pour instruction au chef de la légion de pourvoir à son habillement, et d'envoyer des officiers aux avant-postes de l'armée française pour recueillir les déserteurs prussiens et les organiser. Quand le cadre du ler bataillon sera rempli, on formera le second.

Je désire que le général Zajonchek ne prenne point les officiers polonais qui servent dans l'armée et qui y sont utiles, mais qu'il les prenne dans l'intérieur, où il y en a beaucoup de réformés.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au général Dejean

Monsieur Dejean, j'ai pris dans le temps, a Braunau, un décret pour appeler les officiers réformés et en former un escadron pour servir à la correspondance de l'armée; j'exigeais spécialement qu'ils sussent parler allemand. Remettez-moi ce décret sous les yeux, et faites-moi connaître ce qui en a empêché l'exécution. Le maréchal Kellermann avait été chargé de le former. Il me semble qu'il m'a dit que l'expérience avait prouvé que cette organisation devait être faite différemment; demandez-lui des renseignements là-dessus.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, je vois sur l'état de situation qu'il y a à Ulm un officier du génie, qu'il y en a trois à Augsbourg, deux à Braunau, un i Passau. J'ai ordonné qu'il y eût quatre officiers du génie à Braunau; on peut en laisser un à Augsbourg; il n'en faut point à Passau ni à Ulm.

La division du général Malher, dans le corps du marécha1 Ney n'a point d'officier du génie : faites-en nommer un. Les sapeurs sont à Augsbourg, Kehl, Ulm : il ne faut pas qu'il en reste aucun dans ces endroits, hormis la 7e compagnie, qui restera à Braunau. Envoyez l'ordre à la 1e compagnie du 2e bataillon de sapeurs, qui est à Palmanova, de venir rejoindre par le Tyrol son bataillon; elle se dirigera sur Ulm , où elle recevra de nouveaux ordres.

Aucun général de brigade du corps du génie ne commandera son arme dans un corps d'armée. Ils seront tous attachés à l'état-major général. Donnez l'ordre aux généraux de brigade Kirgener et Cazal de se rendre au quartier général. Le général Andréossy est trop âgé, donnez-lui l'ordre de se rendre à Paris, où il prendra les ordres du ministre Dejean. Le général de brigade Kirgener commandera provisoirement en chef le génie de l'armée. Le général Cazal remplira les fonctions de directeur du parc. Je donne ordre d'envoyer encore vingt officiers du génie, qui seront à la suite de l'état-major général. Vous voyez que déjà j'en ai besoin de cinq pour Würzburg et deux autres postes.

Je donne l'ordre que le général Chasseloup se rende en poste à Augsbourg, pour commander le génie à la Grande Armée, et que le général Chambarlhiac se rende à Augsbourg.

Je donne ordre que les 3e, 5e et 7e compagnies de sapeurs rendent à Mayence pour rejoindre la Grande Armée. Je donne aussi l'ordre que le 5e bataillon de sapeurs se rende à la Grande Armée. Il est nécessaire qu'il y ait un petit parc du génie, composé de trois ou quatre mille outils, d'une compagnie de mineurs, des ouvriers du génie, d'une dizaine d'officiers du génie, d'un millier de sapeurs d'une compagnie de pontonniers avec quelques voitures et les moyens de passer une rivière. Ce corps, ainsi composé, sera commandé par le général Cazal, directeur du parc, et aura son commissaire des guerres, et recevra un ordre de mouvement particulier. Il pourra être susceptible d'être divisé en deux corps lorsque les mouvements seront douteux, mon intention étant de le tenir toujours à portée des lieux où je puis en avoir besoin. Je pense que conformément à l'ordonnance, tous les sapeurs, pontonniers et ouvriers sont armés de fusils.

Avons-nous un équipage de pont ? Je n'en vois pas sur l'état de situation; il serait absurde que le général Songis eût laissé une si grande armée sans moyens de passer une rivière. Dans tous les cas, je suis dans la croyance que l'équipage de pont sera avant le 4 octobre à Augsbourg. S'il est à Strasbourg, comment, sans équipage de pont, passerai-je l'Elbe ? 

Le corps du maréchal Bernadotte a la 8e compagnie d'ouvriers et une escouade d'une autre compagnie : cela est trop. Le corps du maréchal Davout n'a point de pontonniers et n'a que dix-huit ouvriers. Le corps du maréchal Soult n'a que vingt-quatre ouvriers et point de pontonniers. Il n'y a pas, en général, assez d'ouvriers avec les corps d'armée. Il faudrait au moins trente-six ouvriers par chaque corps. Il n'y a de pontonniers qu'au corps du maréchal Bernadotte, et, par l'état de situation, il parait que tous les pontonniers sont à Augsbourg et à Ulm. Il est nécessaire que vous en envoyiez une compagnie au maréchal Davout, une au maréchal Soult, une au maréchal Augereau, une au maréchal Lefebvre, une à la réserve de cavalerie, une à la Garde; une autre restera au parc.

Dans la 4e division de dragons, commandée par le général Sahuguet, le général Laplanche commande deux régiments; il manque deux généraux de brigade, car les six régiments sont présents. Il manque un général de brigade à la cavalerie légère du maréchal Davout. Il manque deux généraux de brigade à la division du général Beaumont. Il manque un général de brigade au général Nansouty. Il manque un général de cavalerie légère au maréchal Augereau. Il me faut donc un généra1 de brigade de cuirassiers, quatre généraux de brigade de dragons, deux généraux de cavalerie légère pour les maréchaux Davout et Augereau. J'ai ici DurosneI et Defrance; je donne ordre que les généraux Margaron et Saint-Sulpice rejoignent leurs brigades, et que le général Grouchy se rende à sa division. Il y aura à la réserve de cavalerie, sous les ordres du prince Murat, deux brigades de hussards et de chasseurs. Une sera commandée par le général Lasalle, et l'autre par le général Milhaud. Celle du général Lasalle sera composée des 5e et 7e de hussards; celle du général Milhaud, des 11e et 13e de chasseurs. Par ce moyen, le ler corps d'armée, les 3e, 4e, 5e et 6e corps n'auront chacun que trois régiments de cavalerie légère, et le 7e n'en aura que deux. Les régiments de ces brigades de cavalerie légère pourront être changés quand ils seront fatigués. Il faut effacer le général de brigade Dumoulin de dessus les états de situation de la Grande Armée. Il y a un général de trop dans la division Suchet; il faut rappeler le général Rey à l'état-major général. Le général Dupont a un général de division de trop; il lui manque un général de brigade. Je donne l'ordre que tous les adjudants commandants et tous les adjoints à l'état-major qui sont dans l'intérieur se rendent à la Grande Armée.

J'envoie le général Defrance à la division Nansouty, pour commander les carabiniers, et le général Durosnel au corps du maréchal Augereau. Donnez l'ordre qu'on réunisse les deux brigades de cavalerie légère : celle de hussards à Kronach et celle de chasseurs Lichtenfels.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, les places de Koenigshofen, de Kronach et de Würzburg pouvant devenir les points d'appui de la Grande Armée, il sera nécessaire qu'il y soit nommé de bons commandants et qu'on dirige des compagnies d'artillerie et des officiers du génie. On donnera à l'officier du génie commandant dans chacune de ces places une somme de 30,000 francs pour commencer les travaux. Il y aura dans chaque place un commissaire dés guerres, et on donnera chacun d'eux 30,000 francs pour en commencer les approvisionnements, auxquels on ne touchera pas pour les consommations journalières, à moins que la place ne fût cernée.

On prendra, le 2 octobre, possession des trois places que j'ai indiquées ci-dessus; on les mettra en état d'être à l'abri d'un coup de main. Le 3 ou le 4 octobre au plus tard, on devra placer en batterie dans ces trois places de l'artillerie, qu'on y enverra de Forchheim, de Würzburg et d'Augsbourg. On y disposera sur-le-champ tous les magasins nécessaires et le local convenable pour les hôpitaux de l'armée, et généralement tout ce qui est nécessaire dans les places qui servent de points d'appui aux armées.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, je ne sais si je vous ai écrit de faire venir à Mayence l'adjudant commandant Jomini , qui est à Memmingen, employé au 6e corps d'armée. Si je ne l'ai pas fait, donnez-lui l'ordre de se rendre au quartier-général, où mon intention est qu'il soit employé.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, mon intention est que les hussards et les chasseurs suivent le règlement, et qu'à leur entrée en campagne toutes leurs aigles soient envoyées au quartier général. Mon intention est-que les régiments de dragons n'aient qu'une aigle par régiment; les deux autres iront au dépôt. Les cuirassiers et les carabiniers auront leurs trois aigles; la cavalerie légère n'aura point d'aigles. Faites exécuter sur-le-champ ces mesures; vous en sentez l'importance.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au maréchal Brune

Mon Cousin, la Prusse a jeté le masque et a couru aux armes. Différents détachements de votre corps d'armée ont eu ordre de partir pour se rendre en toute diligence sur le Rhin. Le roi de Hollande est à la fête d'une réserve de 30,000 hommes français et hollandais, pour défendre la Hollande et le Nord. Les principales forces sont appuyées à Wesel. Correspondez avec lui, afin que, si vous en aviez besoin, il accourût à grands pas à votre secours. Le général Rampon se rend à Saint-Omer pour requérir les garde nationales des départements du Nord et en former un corps de 6,000 hommes, qui se réunira à Saint-Omer. Ce corps sera partagé en deux brigades de 3,000 hommes chacune, que commanderont les généraux Girard, dit Vieux, et Moreau. Le général Rampon rassemblera, au premier événement, 2,000 hommes du corps de réserve et autant de gendarmerie à cheval, ce qui ferait un corps assez considérable pour vous aider.

Faites travailler aux fortifications de campagne. Exercez vos matelots à la cible. Sept mille conscrits sont dirigés sur les corps qui sont sous vos ordres. Je me repose sur vous, tant pour défendre na flottille de Boulogne que pour garantir Calais, Dunkerque, Ostende et les points de votre commandement depuis la Somme jusqu'à l'Escaut. Je connais votre zèle et vos talents; je me repose sur vous et sur les autres. Faites-moi connaître la situation de vos lignes; faites réparer ce qui est en mauvais état. Ne souffrez aucune communication des côtes d'Angleterre avec votre ville. Peut-être est-il convenable de faire passer les courriers du plénipotentiaire anglais de nuit et avec mystère, et de montrer sur ses pas beaucoup de troupes : c'est une charlatanerie à laquelle nous ne sommes pas accoutumé mais dont il peut être utile de faire usage, afin qu'il porte l'opinion qu'une grande quantité de troupes se réunit à Boulogne. Perfectionnez l'organisation de vos bataillons de marine. Il y aura toujours à Paris un corps de 5 à 6,000 hommes qui, en quatre ou cinq jours, au moyen des relais extraordinaires, pourra se porter sur vous. Je fais marcher, par ce moyen, ma Garde et le camp de Meudon en huit jours sur Mayence. Redoublez de surveillance et d'activité.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au général Lemarois

Monsieur le Général Lemarois, je donne ordre au général Laplanche-Mortière de se rendre à Ancône pour prendre votre commandement. Du moment qu'il sera arrivé, et si même il y avait à Ancône un officier supérieur de distinction auquel vous puissiez confier votre commandement, vous vous rendrez en poste par le Tyrol à Ulm, et de là vous viendrez me joindre où sera mon quartier général. Vous vous arrêterez à Vérone assez de temps pour prendre connaissance de ce qui se passe en Frioul, à Venise et dans le royaume d'Italie.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au prince Eugène

Mon Fils, le général Duhesme a tort de rester à Rome; son poste est à Cività-Vecchia. Donnez-lui ordre d'y rester. Ne lui laissez pas ignorer d'ailleurs qu'il me revient contre lui des plaintes pour des affaires d'argent.

Comme roi d'Italie, j'ai un chargé d'affaires, à Florence; correspondez avec lui, et ordonnez-lui de faire à la Reine des représentations fortes sur ce qui se passe. Vous-même vous pourriez avoir une correspondance avec la Reine sur cet objet. Par ce moyen , vous parviendrez à faire en Toscane ce que vous voudrez. 

Cependant, s'il y avait moyen de faire arrêter ce coquin, et de le faire mettre à Fenestrelle, ce serait une bonne chose.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au roi de Naples

Les armements se poursuivent de part et d'autre avec activité. Donnez l'ordre au général du génie Chambarlhiac de se rendre en poste à Ulm, en Bavière, où il recevra de nouveaux ordres. Le général de brigade Montbrun vous est inutile et peut-être nuisible, et il me sera très-nécessaire pour la guerre légère. Donnez-lui également l'ordre de se rendre à la Grande Armée. Renvoyez le général Laplanche-Mortière à Ancône pour y commander; j'ai besoin de rappeler Lemarois près de moi. Mettez la plus grande célérité dans ces mouvements. Voilà le mois d'octobre, les maladies vont finir. Les Anglais, ballottés par les tempêtes, ne pourront plus suivre le même plan d'opérations. D'ailleurs, à force d'opérations inutiles, ils finiront par se dégoûter. Lisez et relisez la dernière lettre que je vous ai écrite, et exécutez-en les dispositions insensiblement, mais constamment.

Du moment que le bruit des armements sera parvenu à Naples, dites qu'on s'arrangera, et, à la nouvelle des premières hostilités, dites qu'on agit de concert avec l'Angleterre pour obliger la Prusse à rendre le Hanovre. Cela paraîtra vraisemblable, lord Lauderdale étant toujours à Paris.

Si vous n'avez pas besoin du général Espagne, renvoyez-le à Milan, où il fera partie de l'armée d'Italie. Si le général Dombrowski ne vous est pas utile non plus, envoyez-le à Paris, d'où je le ferai partir pour l'Allemagne. Ce général polonais pourrait ne pas m'être inutile.

N'ayez aucune inquiétude. Vous n'apprendrez mon arrivée à l'armée et le commencement des hostilités que par nos succès. La conscription marche à force; 20,000 hommes passent les Alpes pour rejoindre vos dépôts; 40,000 hommes remplissent mes cadres. Je vais appeler la réserve. Les gardes nationales sont partout sur pied.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

Au roi de Hollande

Je reçois votre lettre du 17 septembre. Un courrier parti hier vous porte l'ordre de réunir à Wesel le 65e et le 72e, toute votre cavalerie, la moitié de votre infanterie hollandaise et quinze pièces attelées. Il est nécessaire que vous fassiez mettre dans vos gazettes qu'un nombre considérable de troupes arrive de tous les points de la France, qu'il y aura à Wesel 80,000 hommes commandés par le roi de Hollande. Je désire que ces troupes soient en marche dans les premiers jours d'octobre, parce que c'est une contre-attaque que vous ferez pour attirer l'attention de l'ennemi pendant que je manœuvre pour le tourner. Toutes vos troupes doivent se porter sur le territoire de la Confédération et se répandre jusqu'à ses limites sans le dépasser ni commettre aucun acte d'hostilité. Ce n'est pas le temps des jérémiades, c'est de l'énergie qu'il faut montrer. J'ai déjà beaucoup soulagé vos finances. Renforcez vos cadres; formez des gardes nationales, donnez une direction à vos journaux. Je ne ferai jamais qu'une paix honorable, ou j'écraserai tous mes ennemis. Si vous ne pouvez pas être de votre personne à Wesel le ler octobre, il faut que le général Michaud s'y trouve et prenne le titre de commandant de votre avant-garde. Formez les deux premiers bataillons des régiments français à 1,150 hommes, et placez les 3e bataillons dans des places fixes où se rendront les conscrits pour être habillés; il en arrivera plus de 600 à chaque régiment avant un mois. Ne craignez rien pour l'île de Walcheren; les Anglais ne prendraient pas si facilement Flessingue; d'ailleurs le général qui y commande couperait les digues, et ils seraient noyés. Indépendamment du camp de Boulogne, je réunis à Saint-Omer une division de 6,000 hommes de gardes nationales, commandés par le général Rampon. Je serai le 30 septembre. Tout ceci n'est que pour vous; tout doit être secret et mystère. Comme l'Impératrice compte, pendant que je serai en Allemagne, porter sa cour à Mayence, la reine de Hollande pourra s y rendre, si cela lui convient. Si vous ne pouvez pas être à Wesel le ler octobre, il est nécessaire que vous y soyez rendu le 6. Comme j'imagine que vous pouvez avoir besoin de quelques généraux, si vous le désirez, je vous enverrai le général de division Lagrange. Je pense que toute l'artillerie des places de Berg-op-Zoom, Breda et des places qui garantissent mes frontières du Nord, est prête, et qu'en quinze jours vous pourriez en ordonner l'armement. Le résultat de tout ceci accroîtra vos Etats et sera une paix solide; je dis solide parce que mes ennemis seront abattus et dans l'impuissance de remuer de dix ans.


Saint-Cloud, 20 septembre 1806

DÉCISION

Vilcot, ancien militaire, âgé de cent deux ans, se recommande à la bienveillance de l'Empereur.

Il me sera présenté dimanche. Il aura 2,400 francs pour indemnité de voyage, et une pension annuelle de 600 francs.


21 - 30 septembre 1806