7 - 14 Avril 1807


Finkenstein , 7 avril 1807

A M. Mollien

Monsieur Mollien, le trésorier de la couronne me mande que vous avez désiré connaître les bons que mon trésor possède sur le trésor de mon royaume d'Italie, formant la dotation des duchés. Je l'ai autorisé à vous donner là-dessus tous les bordereaux et renseignements qui pourraient vous convenir. Vous pouvez encaisser les bons de 1807, et donner en contre-échange des obligations avec l'intérêt de la place. En faisant cela d'un seul coup, ce sera d'autant plus avantageux que vous pourrez donner des obligations à l'échéance d'un an.

Voyez si vous ne pourriez pas acheter le Raincy pour ce que doit Ouvrard. La princesse Pauline, qui en a grande envie, rachèterait, et nous nous trouverions toujours remboursés d'autant.


Finkenstein, 7 avril 1807

Au Sultan Selim

Très-haut, très-magnanime, très puissant et invincible Prince, le Grand Empereur des Musulmans, Sultan Selim, notre cher et fidèle Ami, en qui tout honneur et toute vertu abondent : Dieu veuille augmenter les jours de Votre Hautesse et les remplir de prospérité, ave fin très-heureuse !

J'ai reçu la lettre que Votre Hautesse m'a écrite le 9 du mois de mars. Mon ambassadeur m'a instruit de tout ce qui s'est passé. L'énergie que Votre Hautesse a montrée dans cette circonstance lui a fait remporter une victoire importante et a décidé la retraite honteuse de la flotte anglaise. La mesure qu'elle a prise, de prohiber les marchandises anglaises, est une juste punition qui sera très-sensible à cette nation mercantile et avide. Il faut que Votre Hautesse fasse mettre aux Dardanelles un grand nombre de canons et surtout de mortiers, et que l'on exerce les canonniers à tirer à boulets rouges. Je désire beaucoup aussi que les forces navales de Votre Hautesse n'entrent point dans la Méditerranée; mais au contraire dans la mer Noire, où elles sont sûres de se trouver supérieures et de faire un grand mal à l'ennemi commun.

Mon ambassadeur a parfaitement rempli mes intentions en étant agréable à Votre Hautesse; sur le bien qu'elle me dit de lui, et d'après le contentement qu'elle a de ses services, je lui ai accordé la grande décoration de la Légion d'honneur. Je désire que Votre Hautesse le lui apprenne elle-même. J'ordonne que cette grande décoration soit expédiée avec cette lettre, et je prie Votre Hautesse de vouloir bien la lui remettre; elle acquerra pour lui un nouveau prix, en la recevant de la main d'un si grand souverain. Tous les projets de Votre Hautesse, dont m'a fait part mon ambassadeur, auquel je réponds en détail par le moyen des chiffres, sont dignes d'elle et seront couronnés d'un plein succès. Elle et moi nous voulons la paix, mais une paix honorable, qui laisse à toutes les grandes puissances la liberté de faire chez elles ce qui leur convient, et qui ne permette à aucun souverain de s'ingérer dans les affaires intérieures d'un autre. L'article préliminaire de toute paix que je ferai sera toujours l'indépendance pleine et entière de tous les États de Votre Hautesse. Elle peut compter sur toute mon assistance, comme je compte sur elle et sur cette noble conduite qui retentit dans toute l'Europe, et qui replace l'empire ottoman dans ce haut rang qui lui appartient. Sur ce, je prie Dieu qu'il augmente les joies de Votre Hautesse, et qu'il les remplisse de gloire et de prospérité, avec fin très-heureuse.

Votre très-cher et parfait Ami.

Écrit eu notre château impérial de Finkenstein , le 7 avril de l'an 1807.


Finkenstein, 7 avril 1807

Au Grand-Duc de Berg

Je vous envoie l'état des dépôts de cuirassiers. Vous y verrez que j'y ai 347 hommes qui pourraient servir demain; que, sur ce nombre, il y a 200 chevaux qui sont prêts ou le seront dans un mois. On se plaint que ces hommes manquent de sabres : envoyez un officier de cuirassiers en prendre à Posen. On se plaint qu'ils manquent de casques : ordonnez qu'on en fasse à Elbing, et que, si on ne peut pas en faire, on les remplace par des chapeaux; qu'ils manquent de bottes : on peut en faire faire aisément à Marienwerder ou à Elbing. Je ne puis que vous témoigner mon mécontentement de ce que vous ne donnez aucun ordre, de ce que les colonels ne reçoivent aucune direction pour la remonte et l'équipement de la cavalerie. Ce n'est pas en dormant que l'on fait quelque chose. Ordonnez qu'on réforme les 100 chevaux; on les abandonnera dans l'île de Nogat aux paysans, cela vaut mieux que de les vendre. Peut-être dans deux mois pourra-t-on les reprendre. J'aurai alors 100 hommes à pied. Donnez l'ordre sur-le-champ au commandant du dépôt d'acheter 100 chevaux; quand ils seraient d'une taille inférieure, c'est égal. On en trouve de très-beaux dans l'île de Nogat. On peut commander des selles à Marienwerder, à Marienburg, à Elbing, à Bromberg. Faites que d'ici à deux mois j'aie ces 400 hommes de plus à cheval.


Finkenstein , 7 avril 1807

Au général Clarke

Le major général vous envoie des ordres par duplicata. Je vous ai déjà prévenu dernièrement (cf. lettre du 18 mars 1807, au même)  que, dans le courant de la campagne, il était difficile d'espérer que vous ne fussiez pas inquiété à Berlin. Il faut que M. la Bouillerie prenne des mesures pour que les convois d'argent ne courent point de hasards. Il faut les diriger sur Küstrin, et de là sur Posen. Tout ce qui viendrait des gouvernements de Brunswick, de Mindeü, de Cassel, Fulde et Münster, qu'il le dirige sur Mayence. La réunion du 15e de ligne et des 3e, 5e, 6e, 7e régiments provisoires, de tout ce que vous pourrez expédier des dépôts de Potsdam, sera suffisante pour mettre en force le maréchal Mortier, qui, en laissant ce qui est nécessaire pour contenir strictement Kolberg, a ordre de réunir toutes ses forces auprès de Stettin.

Le 4e de ligne italien et un régiment de cavalerie italienne doivent arriver sous peu de jours à Augsbourg. Une armée de 20 à 25,000 hommes arrivera à Augsbourg le 30 avril. Mais cela ne peut servir que pour les opérations de l'été.

Les 9e, 10e, 11e et 12e provisoires ne doivent pas tarder à arriver à Magdeburg. Faites passer la lettre ci-jointe au maréchal Brune, qui réunira aussi toutes ses forces pour les porter sur le flanc des Suédois, du côté de Rostock, et à tout événement couvrir les places de Magdeburg et de Hameln. J'imagine que la ville de Berlin aura assez d'esprit pour rester sage. Si les Suédois sortent de chez eux, ils en seront dupes. A tout événement, Spandau doit être en état de défense, et vous vous rendriez ou à Stettin ou à Küstrin, comme vous le jugerez convenable. Je ne pense pas, cependant, que les événements soient assez importants pour cela.


Finkenstein , 7 avril 1807

Au maréchal Brune, gouverneur général, à Hambourg

Les Suédois ayant passé la Peene, il est convenable que vous réunissiez toutes vos forces pour les inquiéter sur leur flanc droit. Du 12 au 15, le maréchal Mortier les attaquera avec des forces considérables. Comme la saison des débarquements approche, s'il arrivait quelque événement important de votre côté, vous auriez soin de garantir Magdeburg et Hameln. Vers la fin d'avril, un corps de 15,000 Espagnols et de 20,000 Français entrera en Allemagne; mais ils ne seront guère rendus sur l'Elbe que dans le courant de mai.


Finkenstein, 7 avril 1807

Au maréchal Mortier

Mon Cousin, j'ai fait connaître à votre aide de camp, de vive voix, toutes les dispositions que j'ai ordonnées et qui vous seront transmises par le major général. J'espère que le 12 ou le 15, vous serez en mesure de repousser les Suédois.

Votre premier but doit être de couvrir Stettin; voire second, de couvrir Berlin. Pour cela, il est indispensable de rejeter les Suédois
de l'autre côté de la Peene.

Le 15e de ligne est un très-beau régiment. Les cinq régiments provisoires sont aussi composés d'une bonne jeunesse.

Pendant tout ce temps, faites préparer de l'artillerie pour le siége de Kolberg, pour qu'aussitôt que cela sera possible, et après que vous aurez battu les Suédois, vous puissiez, moyennant un ou deux régiments, reprendre le siége de Kolberg.


Finkenstein, 9 avril 1807

Au général Dejean

Monsieur Dejean, j'ai lu avec attention le rapport de M. Gassendi sur le projet proposé pour l'augmentation de l'artillerie; j'en adopte les principales dispositions.

Donnez des ordres pour faire passer à la Grande Armée deux compagnies du 8e régiment d'artillerie de ligne qui sont dans le Frioul. Elles seront remplacées par deux compagnies du dépôt du 4e régiment à pied qui est à Alexandrie. Au mois d'août, s'il n'arrive aucun événement extraordinaire, on retirera les deux, autres compagnies qui sont dans le Frioul, et alors le dépôt du 4e régiment, qui aura été renforcé, remplacera ces deux dernières compagnies.

Donnez ordre à la compagnie du 2e régiment à pied, qui est à Venise, de se rendre à Vérone, et à une compagnie qui sera tirée du dépôt du 4e qui est à Alexandrie, de se rendre à Venise.

Donnez ordre à une des deux compagnies du 4e qui sont à Toulon et à Marseille, de se rendre à Alexandrie. Au mois de septembre, s'il n'est rien arrivé d'extraordinaire, on donne ra le même ordre à la seconde de ces compagnies.

Donnez ordre à une des deux compagnies du 3e régiment à pied qui sont à Cette et à Perpignan, et à une  des deux qui sont au dépôt de Toulouse, de se rendre à la Grande Armée.

Donnez ordre à deux compagnies du 5e régiment à pied, dont le dépôt est à Metz, de se rendre à la Grande Armée, et renvoyez au dépôt de ce régiment la compagnie qui est à Ambleteuse.

Donnez ordre à une des compagnies du 7e régiment dont le dépôt est à Strasbourg, et à une des quatre compagnies du même régiment qui sont à Mayence, de se rendre à la Grande Armée.

Cela fera huit compagnies de renfort. Mon intention est que les compagnies soient complétées à 120 hommes présents sous les armes au moment du départ. Cela produira 960 hommes de renfort, indépendamment de ce que les dépôts enverront pour renforcer les compagnies existantes.

Je ne veux pas changer le placement des dépôts d'artillerie à cheval. Je trouve plus à propos d'établir dans chacun des quatre régiments d'artillerie à cheval qui sont en France une 7e compagnie, qui sera appelée compagnie de dépôt. Je vous autorise à faire passer le projet de décret au Conseil d'État, et à former ces compagnies de dépôt sans attendre ma signature.


Finkenstein, 9 avril 1807

Au maréchal Kellermann

Mon Cousin, je vous envoie un décret que vous recevrez quelques jours plus tard par le canal du ministre de la guerre. Vous me dites, dans votre lettre du 31 , que le 22e peut fournir 700 hommes, et qu'ils seraient partis s'il y avait des habits. Ce régiment peut donc fournir trois compagnies au régiment provisoire de Magdeburg, qui partira sans être habillé. Indépendamment du major qui le commandera, attachez-y un bon général de brigade, minutieux et qui aime à s'occuper des détails, des manœuvres et de l'organisation. J'ai ordonné que des mesures soient prises pour que, à l'arrivée du régiment de Magdeburg, il soit habillé. Il s'instruira là, s'habillera et m'assurera cette place, ce qui me mettra à même d'en retirer le régiment du grand-duché de Berg, on me laissera au moins sans aucune espèce d'inquiétude sur ce point important. Faites dresser le contrôle de ce régiment, et envoyez-le au gouverneur et à l'intendant de Magdeburg. Donnez ordre que les détachements se rendent directement à Magdeburg, afin de ne pas perdre de temps. L'important est que les hommes soient bien armés. Si vous pouvez leur donner des gibernes, ce sera une chose avantageuse; si cela ne se peut pas, on y suppléera ici. Ayez soin surtout de prescrire au gouverneur de Magdeburg de ne se permettre aucun changement de compagnie d'un bataillon dans un autre, de ne jamais l'envoyer en détachement ni pour l'escorte des prisonniers ou autre service, mais de le tenir rigoureusement dans la place.


Finkenstein, 9 avril 1807

Au général Dejean

Monsieur Dejean, les conseils d'administration des corps manquent-ils d'argent, oui ou non ? Manquent-ils de draps, oui ou non ? Vous m'avez toujours assuré qu'ils ne manquaient de rien; cependant les conscrits qui arrivent aux dépôts restent sans être habillés, manière très-coûteuse et très-nuisible au service.


Finkenstein, 9 avril 1807

Au vice-amiral Decrès

Je reçois votre lettre du 2. Je vois que les soixante-quatre pièces de canon que vous deviez faire remettre à Anvers ne l'ont pas été. Je ne puis que vous en témoigner mon mécontentement. Vous faites des raisonnements qui ne signifient rien. Vous deviez remettre soixante-quatre pièces de canon, vous ne l'avez pas fait. Les canons qui sont à Terneuse, ou en tout autre endroit, ne serviront pas à Anvers lorsque cette place sera bloquée ou cernée par terre. Il est fâcheux qu'après avoir pris des dispositions générales je sois obligé d'y revenir toujours pour savoir si elles sont exécutées.


Finkenstein, 9 avril 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur le prince de Bénévent, je reçois votre lettre du 6 à neuf heures du soir. Cette correspondance d'Essen avec le commandant du cordon autrichien depuis longtemps me frappe. Vous qui avez lu les lettres, je ne sais si elle vous frappe également; vous êtes plus à portée d'en juger. Je ne sais d'où vient cette intimité. On prétend qu'il y a un Russe au quartier général autrichien pour en rapporter plus promptement toutes les nouvelles.

J'ai écrit une nouvelle lettre au Grand Seigneur en réponse à la dernière que vous m'avez envoyée. Vous l'expédierez par un courrier extraordinaire. Je ne vois pas d'inconvénient à envoyer M. Rousseau en Perse; où est-il en ce moment ? S'il est à Constantinople, il serait convenable qu'il vînt faire un tour ici.

J'envoie à Varsovie Sapieha. Je le charge de tenir au gouvernement un langage convenable pour rassurer ceux qui en ont besoin. Ce langage est conforme à ce que je vous ai dit, c'est-à-dire que le sort de la Pologne dépend des événements, et que 80,000 hommes de plus que me donne mon message sont de nouvelles probabilités pour la Pologne et me donnent de nouveaux moyens.

Vous aurez vu le major des chevau-légers polonais que j'ai envoyé à Varsovie. M. Maret vous aura transmis le décret des nominations que j'ai faites dans ce corps. Le colonel, M. Krasinski, est dans ce moment à Varsovie.

Il se trouve à Varsovie un officier russe qui a été fait prisonnier à Willenberg. Il faut que le gouverneur ait perdu la tête de le laisser là. Parlez-lui-en pour qu'il le fasse partir sur-le-champ. Mon intention n'est pas qu'aucun officier russe reste à Varsovie.

Il serait très-possible que j'envoyasse en Perse le général Gardane, mon aide de camp, dont les ancêtres y ont été employés.

Je vous envoie toutes les lettres de Constantinople et de Perse.


Finkenstein, 9 avril 1807

Au général Lemarois

Monsieur le général Lemarois, je reçois votre lettre du 6 avril, où je vois, qu'on peut rétablir le pont de Modlin, sur la Vistule, en se servant des bateaux du pont de Zegrz. Y a-t-il des pontonniers de ce côté ? En ce cas, ordonnez qu'on travaille à jeter ce pont; un pont à Modlin sera utile, d'abord à cause de nos communications avec Osterode, et pour toutes autres raisons.

La cavalerie polonaise déserte à force : devant Danzig 80 hommes ont déserté dans un jour.

Faites partir tout ce qu'il y a de disponible à Varsovie, en état de faire la guerre, appartenant aux 21e d'infanterie légère, 100e et 103e.

Voyez le prince Poniatowski pour qu'il fasse envoyer quatre chirurgiens à chacun des régiments polonais du corps du général Zajonchek, qui n'en a pas.


Finkenstein, 9 avril 1807

70e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.

Un parti de 400 Prussiens, qui s'étaient embarqués à Königsberg, a débarqué dans la presqu'île, vis-à-vis de Pillau, et s'est avancé vers le village de Kahlberg. M. Maingarnaud, aide de camp du maréchal Lefebvre, s'est porté sur ce point avec quelques hommes. Il a si habilement manœuvré qu'il a enlevé les 400 Prussiens, parmi lesquels il y avait 120 hommes de cavalerie.

Plusieurs régiments russes sont entrés par la mer dans la ville de Danzig. La garnison a fait différentes sorties. La légion polonaise du Nord et le prince Michel Radziwill, qui la commande, se sont distingués. Ils ont fait une quarantaine de prisonniers russes. Le siége se continue avec activité. L'artillerie de siège commence à arriver.

Il n'y a rien de nouveau sur les différents points de l'armée. L'Empereur est de retour d'une course qu'il a faite à Marienwerder
et à la tête de pont sur la Vistule. Il a passé en revue le 12e régiment d'infanterie légère et les gendarmes d'ordonnance.

La terre, les lacs dont le pays est rempli, et les petites rivières, commencent à dégeler. Cependant il n'y a encore aucune apparence de végétation.


Finkenstein, 10 avril 1807

A l'Impératrice

Mon amie, je me porte fort bien. Le printemps commence ici; cependant rien n'est encore en végétation.

Je désire que tu soies gaie et contente, et que tu ne doutes jamais de mes sentiments.

Tout va bien ici.

Napoléon


Finkenstein, 10 avril 1807

A Cambacérès

Mon Cousin, j'ai reçu vos lettres des 30 et 31 mars. Les décrets que j'ai pris et que vous avez reçus ont pourvu à tout ce que vous pouvez désirer relativement au conseil militaire. Il n'y a rien de nouveau ici.

Je vous envoie une lettre de Lacuée. Cette lettre m'a effrayé; j'espère que vous aurez passé outre et qu'on n'aura pas écouté ses remontrances. Le mal qui en résulterait est incalculable. Où serait la sécurité des citoyens si, sans un danger imminent, on revenait sur la conscription ?

Mais l'année prochaine ?... L'année prochaine la paix sera faite, et, si elle ne l'est pas, la conscription de 1808 recrutera mes armées et celle de 1809 recrutera mes réserves. Des jeunes gens de dix-huit ans sont très-propres à défendre l'intérieur.

S'il arrivait de grands revers, et que la patrie fût en danger, on sortirait des règles ordinaires, et il vaudrait mieux alors rappeler les conscriptions passées. Si, comme je n'en doute pas, le sénatus-consulte a passé à l'heure qu'il est, ne témoignez point à Lacuée, qui a fait tout cela par zèle, que vous avez reçu cette lettre. Si, au contraire, vous aviez eu l'inconcevable faiblesse d'adhérer à cette objection et de retarder l'appel, ne perdez pas un moment à faire passer le sénatus-consulte, car je ne reviendrai point sur cette mesure.

Bon Dieu ! il faut voir les événements pour apprécier les hommes.

Qui aurait pu croire Lacuée (Jean Gérard Lacuée, 1752-1841. Il avait proposé de retarder l'appel de la classe 1808. Il avait été nommé le 31 juillet 1806 directeur  des revues et de la conscription) capable d'une pareille balourdise ?

Rien que l'opinion que j'éprouverais en France la moindre contrariété ferait déclarer plusieurs puissances contre nous.


Finkenstein, 10 avril 1807

A M. Fouché

Je reçois votre lettre du 30. J'ai peine à croire que Puisaye veuille rentrer en Bretagne. Cet homme a trop d'esprit pour vouloir venir faire une si misérable fin. Du reste, vous devez être bien instruit de ses caches, et je m'en rapporte à vous pour le faire prendre.

Il n'y a ici rien de nouveau. Nous poursuivons le siège de Danzig avec activité; la tranchée est ou


Finkenstein, 10 avril 1807

Au prince Jérôme

Mon Frère, vous trouverez ci-joint des lettres que m'envoie le prince Sulkowski. Donnez-lui le commandement devant Kosel, si vous le jugez convenable. Je laisserai son régiment là, puisqu'il est nécessaire pour contenir la province. Mais faites que la garnison de Kosel ne ravage pas le pays et ne pousse pas des partis jusqu'en Pologne.


Finkenstein, 10 avril 1807

Au général Clarke

Je reçois votre lettre du 6 avril. Je vois que vous avez déjà réuni le 15e de ligne et le 5e provisoire à Zehdenick. Le général Grandjean est bien coupable de ne point vous avoir prévenu dès le ler avril. Vous auriez dû être instruit le 2 et vous ne l'êtes que le 6; il n'est pas excusable. Le 3e de ligne est parti de Posen pour se rendre à Stettin. J'ai de la peine à croire que les Suédois s'engagent plus loin. Mais ce qui me paraît important, c'est que le maréchal Mortier réunisse ses troupes dans une position comme Prenzlow, où il pourra couvrir Berlin et Stettin. J'espérais qu'il pourrait s'aider à Stettin des 6e, 7e et 8e provisoires, ainsi que du 3e. Le régiment d'Aremberg doit être, à l'heure qui est, arrivé à Berlin. Il faut que la colonne du général Vergès, composée de tout ce qu'il y a de disponible, ne s'éloigne pas du maréchal Mortier et soit sous ses ordres. Par ce moyen, avant le 20 le maréchal Mortier aura plus de 16,000 hommes, avec lesquels il poussera les Suédois, s'ils se sont avancés. Vous aurez d'ailleurs reçu toutes mes instructions là-dessus.


Finkenstein, 11 avril 1807

A M. Fouché

J'ai reçu votre lettre du 31. Il faut prendre garde que le général Fressinet ne nous fasse ce qu'a fait cet infâme général Thuring. (Henri-Joseph Thuring de Ryss, 1765-?. Arrêté le 19 janvier 1807, soupçonné d'intelligence avec l'ennemi; effectivement passé à l'ennemi en mars. Sa trace se perd à ce moment là). Chassez-le de Paris. C'est un homme qui peut être mécontent. Il est venu à l'armée, où je l'ai fait renvoyer. Que, vingt-quatre heures après la réception de mon ordre, il se retire à quarante lieues de Paris et qu'il aille dans sa commune.

Je vous ai mandé (voir lettre du 10 mars 1807) de faire séquestrer les biens du général Thuring et de prévenir les ministres du trésor public et de l'administration de la guerre pour suspendre sa pension et toute espèce de traitement. Voyez avec le grand juge s'il ne serait pas possible de le faire juger et condamner par contumace, afin que, dans quelque lieu qu'il aille, son horrible crime ne trouve pas protection.


Finkenstein, 11 avril 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, je reçois les deux notes que vous m'avez envoyées. Je vous envoie la réponse que je compte y faire; mais, comme je veux y réfléchir encore, je désire que vous me la renvoyiez avec vos observations, ou un autre projet, si vous croyez devoir le faire. Je vous ferai connaître mes dernières intentions par le retour du courrier. Il est de mon intérêt de gagner quelque chose. Une négociation sans armistice est une chose ridicule , puisqu'on n'aurait pas de bases dans la négociation ; mais faire un armistice avant que j'aie pris Danzig est une chose difficile; or tout me porte à espérer que Danzig sera pris dans quinze jours. L'artillerie de siège y arrive à force, et la tranchée est ouverte. Les Russes y ont déjà envoyé 4 ou 5,000 hommes de renfort, ce qui prouve qu'ils n'ont aucun moyen d'en faire lever le siège. Je vous dis cela pour que vous soyez au fait; mais il faut bien vous garder de laisser entrevoir notre pensée. Vous aurez dû causer ces jours-ci avec M. de Vincent pour vous instruire de ce qu'il peut savoir sur la manière dont la négociation pourrait se faire et l'armistice avoir lieu.

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En y pensant mieux, je désire que vous m'envoyiez vous-même un projet de réponse. Mon intention est d'accepter.

Je reçois votre lettre du .... Il me tarde d'apprendre des nouvelles de Constantinople; le bruit est que l'ennemi est chassé de Bucarest.

Envoyez cette lettre au maréchal Masséna.


Finkenstein, 11 avril 1807

Au maréchal Masséna, à Przasnysz

Mon Cousin, je reçois votre lettre que m'apporte l'aide de camp Menou. Je suis encore à comprendre pourquoi l'ennemi coupe du bois du côté de Wyskow. Si c'est là une ruse de guerre, il nous prend donc pour des Turcs ou des Persans. Je vois dans la lettre de M. Essen qu'il parle comme si le pont de Pultusk n'existait pas. Je pense que le pont de Pultusk existe, et que la tête de pont est bien avancée. Si elle n'existait pas, portez-y sur-le-champ remède. Je ne puis qu'approuver la mesure que vous avez prise de faire approcher un bataillon de Nieporent. S'il arrivait le moindre événement, vous seriez bientôt sur les derrières de l'ennemi, et il ne s'en échapperait pas un seul. Faites-moi connaître si votre biscuit et votre pain commencent enfin à s'organiser.

Le siège de Danzig se pousse avec vigueur. J'ai déjà soixante pièces en parc. Vous sentez qu'avant de rien faire je dois désirer d'enlever cette place importante, qui me rendra 15 à 20,000 hommes disponibles, et ôtera à l'ennemi un point d'appui sur le bas de la Vistule; je ne suis pas sans espoir de l'avoir à la fin du mois. D'ailleurs j'aime à laisser la saison devenir belle.


Finkenstein, 11 avril 1807

Au général Clarke

Je reçois des nouvelles du maréchal Mortier, de Kolberg, du 8 à neuf heures du soir, dans lesquelles il m'envoie une lettre du général Grandjean, du 7. Il paraît que ce général était revenu à Stettin. Le maréchal Mortier mande à ce général de lui envoyer le 4e d'infanterie légère à Kolberg. Mais heureusement que le 9 au soir le maréchal Mortier aura reçu mon ordre, et j'espère que le 10 il sera de sa personne à Stettin. Le général Grandjean dit que les Suédois n'étaient pas encore arrivés à Anklam, ce qui ne l'a pas empêché de se retirer à Stettin. Quelle médiocrité ! Cela est incroyable. Mais ce qui est inconcevable, c'est que vous n'avez été prévenu que le 6 d'un événement arrivé le ler avril.

J'ai bien du regret que les 3e, 6e, 7e, 8e provisoires soient passés; j'aurais pensé que vous les auriez retenus pour grossir le corps du maréchal Mortier, et donner une poussée à messieurs les Suédois.

Vous aurez, dans cette circonstance, attiré à vous les 9e, 10e, 11ee et 12e provisoires. Je vous ai déjà mandé hier que j'avais envoyé le 3e de ligne, qui est le plus beau de l'armée, et que j'espère qu'il sera arrivé à Stettin le 15 ou le 16.

J'espère que vous aurez réuni, du côté de Kolberg, le 3e chasseurs. Retenez les corps entiers et laissez filer les détachements et tout ce qui peut rendre service à l'armée et ne nous en rendrait pas.

Je crains bien aussi que le général Thouvenot, en cas d'événement, ne soit un homme médiocre. Il craint que le maréchal Mortier ne le mange. Pourquoi donc ai-je la place de Stettin ? Au lieu de dire, dans cette circonstance , tous les corps qui sont à Stettin, ou qui y sont passés, ou qu'il pourrait retenir, il ne dit rien de signifiant.

Le 6e provisoire, qui est arrivé le 8 à Stettin, aura, j'espère, été retenu dans cette place. Le 9e provisoire, qui est arrivé le 4 à Magdeburg, doit être arrivé à présent à Berlin.

Je sais bien fâché que le 3e provisoire n'ait pas été retenu. Je ne sais pas par quelle route il aura marché. Si vous voyez possibilité de l'atteindre avant qu'il ne soit arrivé à Posen, dirigez-les sur Stettin.

Si vous ne pouvez l'atteindre qu'à Posen ou à la hauteur de Posen envoyez-lui l'ordre d'y faire séjour jusqu'à ce que j'en sois instruit.


Finkenstein, 11 avril 1807

Au général Clarke

Je reçois votre lettre du 7 avril à minuit. J'y vois que les 6e et 7e provisoires sont revenus à Stettin. C'est un accroissement de forces de 2,400 hommes qui n'est pas indifférent. Le maréchal Mortier va donc avoir près de 18,000 hommes sous ses ordres.

J'ai vu avec plaisir que vous ayez fait marcher les régiments de Nassau et de Würzburg. Mais pourquoi n'en avez-vous envoyé que 1,000 hommes ? Envoyez-les tout entiers. Il est inutile que je vous répète ici les ordres que je vous ai donnés et que vous a transmis le major général par mon dernier courrier, ainsi qu'au maréchal Mortier, je le suppose. Le maréchal Mortier aujourd'hui est à Stettin avec de bons renforts. J'ai envoyé deux régiments wurtembergeois et un régiment polonais devant Kolberg. Le siège ne sera donc pas interrompu. Écrivez dans ce sens au général Thouvenot, pour qu'il en écrive au général Loison. Recommandez au général Thouvenot d'expédier de la poudre et de continuer ses convois sur Danzig. La tranchée est ouverte devant cette ville, et j'espère qu'elle ne tardera pas à tomber.

En vérité, je ne conçois rien à la conduite du maréchal Mortier. Il s'affaiblit devant Stralsund, lorsque l'ennemi s'y renforce. Il ne prend aucune mesure pour ses parcs, ses hôpitaux, au lieu de les mettre à couvert à Stettin ou à Magdeburg. Les places ne sont faites que pour cela. Veillez, je vous prie, à ce que les réserves et convois du maréchal Mortier soient en lieu de sûreté.


Finkenstein, 11 avril 1807

Au général Loison, commandant la 2e division du 8e corps et le siège de Kolberg

Monsieur le Général Loison, deux régiments d'infanterie italienne avec douze pièces de canon doivent être restés devant Kolberg. Deux régiments wurtembergeois, forts de 1,500 hommes, partent demain de Posen pour vous rejoindre. Un régiment polonais de 1,200 hommes part demain de Danzig pour la même destination. J'ai aussi renforcé votre division de 600 hommes de Saxe-Weimar, qui ont dû partir de Driesen. Avec ces forces réunies vous pourrez non-seulement bloquer Kolberg, mais encore faire les préparatifs pour pouvoir promptement prendre cette place. Danzig est serré de près; la tranchée est ouverte, et j'espère que nous en aurons bon compte. J'ai mis assez de moyens à la disposition du maréchal Mortier pour qu'il balaye les Suédois.

Expédiez fréquemment des rapports au major général, tant de ce qui se passe devant vous que de ce que vous apprendriez de Wollin et du maréchal Mortier; donnez aussi de vos nouvelles au maréchal Lefebvre devant Danzig, auquel j'ai ordonné d'envoyer de gros partis de cavalerie pour vous soutenir. Du moment que vos renforts vous seront arrivés, occupez Wollin, ou la position vis-à-vis, afin de contenir les partis suédois.


Finkenstein, 11 avril 1807, 4 heures du soir    

Au maréchal Lefebvre

Je reçois votre lettre du 10 à trois heures du soir. Je vous ai accordé vos demandes relativement au 23e de chasseurs, et vous avez reçu, avant qu'il parte, l'ordre de le garder. Le major général vous aura écrit pour vous faire connaître qu'il fallait envoyer de forts partis de cavalerie du côté de Kolberg, pour soutenir le général Loison, s'il en a besoin, les Suédois s'étant portés avec quelques forces sur la Peene. Vous aurez vu que je vous ai accordé le régiment de Paris. Il est vrai que je vous ai affaibli de 1,900 Polonais. Enfin poussez vivement votre siège. Le général Bertrand, qui arrive, croit qu'il vous est possible de bloquer par la rive droite, en donnant un bataillon à Schramm. Il paraît désirer beaucoup que vous vous résolviez à cette opération; alors l'ennemi ne pourrait plus recevoir de secours.

J'envoie devant Danzig six capitaines en second d'artillerie et deux officiers du génie de la Garde pour être employés au siège.


Finkenstein, 11 avril 1807

NOTE POUR LE MARÉCHAL LEFEBVRE

Les redoutes de la basse Vistule ne sont pas armées de canons, de sorte que l'ennemi continue à pouvoir sortir par la Vistule. Il faut faire placer sept ou huit pièces de 6 et de 8 de campagne, qui rendent le passage impossible.

Il serait peut-être convenable de renforcer le général Schramm, afin qu'il pût exécuter le projet qu'a donné le général Bertrand pour intercepter le canal. Moyennant le 23e, qui a été laissé, on pourrait encore augmenter la cavalerie du général Schramm, pour le mettre à même d'assurer sa retraite ou de rendre impossibles les sorties du fort de Weichselmünde hors de la portée du canon du fort.

Il ne faut commencer le feu que lorsqu'on aura assez de poudre et de munitions pour pouvoir soutenir le feu toujours en croissant. Je désire que l'on me fasse connaître l'état des munitions. Il y avait, selon les renseignements qu'on m'a remis, six pièces de 24 arrivées de Varsovie avec 1,800 boulets et quinze milliers de poudre. Il est arrivé de Stettin six pièces de 24 avec 4,200 boulets, deux mortiers avec 234 bombes. Il y avait vingt-trois pièces de 12 avec 5,000 cartouches à boulets, toutes chargées. Il est arrivé hier au soir douze autres pièces de 12 avec 1,900 boulets et huit milliers de poudre. On aurait donc sept mille coups à tirer de 12, et trente-trois pièces de 12, ce qui permettrait de mettre en batterie douze pièces de 12, pour faire un feu roulant; on pourrait ensuite mettre en batterie huit ou dix pièces approvisionnées à cent coups, comme batterie de protection.

Les six mille boulets de 24 permettraient de mettre en batterie les douze pièces. Mais on n'aurait que la moitié de la poudre nécessaire. Il est parti 3,000 boulets de 12 et seize milliers de poudre, de Varsovie. Il est probable que, de Stettin, la poudre arrivera avec le deuxième convoi. Je suppose que , le 18 ou le 20, on pourra commencer le feu, car le premier convoi de Glogau doit être arrivé avant cette époque.


Finkenstein, 11 avril 1807

Au général Lemarois

Monsieur le Général Lemarois, je reçois votre lettre du 9. Je suis bien surpris que, le 10 avril, la tête de pont de Praga ne soit pas encore revêtue; elle devait l'être le 1er. Les nouvelles que le chef de bataillon polonais a apportées n'ont pas de bon sens.

Envoyez-moi l'état de situation des deux régiments polonais qui sont à Varsovie et à Sierock. Je désire qu'ils puissent me fournir un bataillon de 800 hommes, que je dirigerai sur Graudenz. Ils s'exerceront là aussi bien qu'à Varsovie et s'accoutumeront au service avec les troupes de Hesse-Darmstadt. Gardez le régiment de ligne bavarois et le bataillon léger bavarois à Varsovie, pour y rester disponibles. Gardez un bataillon à Nieporent, comme l'a ordonné le maréchal Masséna, pour surveiller le Bug.

Faites donc terminer promptement les travaux de Praga.


Finkenstein, 12 avril 1807

Au général Lacuée

J'ai reçu votre lettre du 31 mars. Je ne partage point votre opinion (sur la conscription). D'ailleurs, vous jugez et vous n'avez point l'ensemble sous les yeux. Vous changerez d'opinion quand vous aurez vu le point de vue politique, intérieur et extérieur, et l'organisation que j'ai faite. Vous ne considérez la question que sous un point de vue; je la considère sous dix.


Finkenstein, 12 avril 1807

A M. Béranger, directeur de la caisse d'amortissement

Je vois dans votre rapport du 31 mars qu'on répand beaucoup de fausses nouvelles. Les Russes ont été battus, et jamais les Turcs n'ont montré plus d'animosité, non-seulement contre la Russie, mais aussi contre l'Angleterre.


Finkenstein, 12 avril 1807

A Fouché

Je reçois votre lettre du 2 avril. Au lieu de m'envoyer des nouvelles d'Angleterre, vous dites que je les sais - si tout le monde m'en disait autant, il est probable que je ne saurais rien.

Je remarque cette phrase dans votre lettre: le changement du ministère est déjà un avantage; le vieux duc de Portland doit être pacifique à son âge. S'il y a changement de ministère, je l'ignore. Vous auriez dû m'envoyer des détails.


Finkenstein, 12 avril 1807

A Lacuée

J'ai reçu votre lettre du 31 mars. Je ne partage point votre opinion (sur la conscription). D'ailleurs vous jugez et vous n'avez point l'ensemble sous les yeux. Vous changerez d'opinion quand vous aurez vu le point de vue politique intérieur et extérieur, et l'organisation que j'ai faite.

Vous ne considérez la question que sous un point de vue, je la considère sous dix.


Finkenstein, 12 avril 1807

A Fouché

Toutes ces intrigues de l'Opéra sont ridicules.

L'affaire de Mme Aubry (Au cours d'une représentation d'Ulysse, la danseuse, par suite d'une erreur mécanique, fut projetée sur la scène et se cassa le bras. Ce fut une véritable "affaire" qui remua tout Paris) est un accident qui serait arrivé au meilleur mécanicien du monde, et je ne veux pas que M. Boutron profite de cela pour intriguer. Faites-le lui connaître de ma part; qu'il vive bien avec son second; ne dirait-on pas que c'est la mer à boire que de faire mouvoir les machines de l'Opéra ! que je ne veux pas que M. Gromaire soit victime d'un accident fortuit.

Mon habitude est de soutenir les malheureux; or certainement il n'y a là que du malheur. Trois mots de vous suffiront pour tout arranger, ou je mettrai M. Boutron à la porte et je mettrai tout entre les mains de M. Gromaire. Les actrices monteront dans les nuages ou n'y monteront pas. Soutenez M. de Luçay; je verrai ce que j'ai à faire quand je serai à Paris.

Mais on pousse trop loin l'indécence. Parlez-en à qui de droit pour que cela finisse.

Les mesures que vous avez prises sur la gazette l'Argus,qui s'imprime dans le duché d'Aremberg, ne sont pas suffisantes.

Écrivez-en au sénateur dans l'absence du Prince, pour que cette gazette soit mieux dirigée ou supprimée.


Finkenstein, 12 avril 1807

A Daru

Monsieur Daru, je n'entends payer aucune subsistance pour le 8e corps d'armée. Il occupe des cantonnements riches, où les paysans peuvent le nourrir sans argent.


Finkenstein, 12 avril 1807

A M. Fouché

Je reçois votre lettre du 2 avril. Au lieu de m'envoyer des nouvelles d'Angleterre, vous dites que je les sais : si tout le monde m'en disait autant, il est probable que je ne saurais rien. Je remarque cette phrase dans votre lettre : "Le changement du ministère est déjà un avantage. Le vieux duc de Portland doit être pacifique à son âge." S'il y a changement de ministère, je l'ignore. Vous auriez dû m'envoyer des détails.


Finkenstein, 12 avril 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, je reçois du ministre de la police une lettre en date du 2 avril, qui dit en propres mots : "Tout se brouille en Angleterre; le roi a l'air de vouloir finir comme Louis XVI. La cause en est la querelle des catholiques irlandais. Au reste, Votre Majesté sait, me dit-il, le changement du ministère. Lord Portland, qui est principal ministre, doit désirer la paix." Je conclus de cette lettre que le ministère est changé en Angleterre. Faites-moi connaître ce que vous en savez, et quel est ce lord Portland. Je suis surpris que, par Hambourg, ces nouvelles ne vous soient pas parvenues. Quoi qu'il en soit, faites mettre l'article suivant dans les journaux de Varsovie : "Le ministère est changé en Angleterre. Lord Portland est premier ministre. Il y a beaucoup de trouble et de désunion."


Finkenstein, 12 avril 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, le général Gardane (Charles-Mathieu Gardane, 1766-1818. Il reviendra de son ambassade en Perse en 1809, pour prendre un commandement en Espagne), mon aide de camp, désire aller en Perse. Il est petit-fils de celui qui a fait le traité de 1715. Il considère cela comme une charge qui lui a été laissée par ses aïeux, et il est plein de zèle pour cette mission. Vous trouverez ci-joint le décret qui le nomme ministre plénipotentiaire. Il se rendra dans deux jours à Varsovie, d'où mon intention est qu'il soit parti le 20 avril pour Constantinople. M. Rousseau pourra lui être donné comme secrétaire de légation. Son frère l'accompagnera comme adjoint extraordinaire, et comme devant le remplacer s'il venait à mourir. Il emmènera avec lui des officiers d'artillerie et du génie, qu'il prendra à Constantinople ou ici. Cela rendra sa mission assez brillante. Il prendra aussi à Constantinople
deux des anciens drogmans attachés au service français , qui parlent persan. M. Rousseau, qui s'y rend de son coté, en emmènera aussi, de sorte que j'aurai là une mission à l'abri de tout événement. Maret va dresser ses lettres de créance et rédiger ses instructions. Elles roulent sur trois points :

1° Reconnaître les ressources de la Perse, tant sous le point de vue militaire que sous le point de vue du commerce, et nous transmettre des renseignements fréquents et nombreux; bien étudier surtout la nature des obstacles qu'aurait à franchir une armée française de 40,000 hommes, qui se rendrait aux Grandes Indes et qui serait favorisée par la Perse et par la Porte.

2° Considérer la Perse comme alliée naturelle de la France, à cause de son inimitié avec la Russie; entretenir cette inimitié, diriger les efforts des Persans, faire tout ce qui sera possible pour améliorer leurs troupes, leur artillerie, leurs fortifications, afin de les rendre plus redoutables aux ennemis communs.

3° Considérer la Perse sous le point de vue de l'Angleterre; l'exciter à ne plus laisser passer les dépêches, les courriers anglais, et entraver par tous les moyens le commerce de la compagnie anglaise des Indes; correspondre avec l'île de France, en favoriser le commerce autant que possible; être en correspondance suivie avec notre ambassadeur à Constantinople, et resserrer les liens entre la Perse et la Porte.

Je désire que le général Gardane soit rendu en Perse avant le 1er  juillet, ce que je crois très-possible, vu les facilités que nous donnent nos relations actuelles avec la Porte. Il faudrait joindre à cette légation quelques jeunes gens dans le genre de Jaubert, qui désirassent s'instruire dans les langues orientales. Je crois que vous en avez aux relations extérieures. Faites-en partir quatre; vous les dirigerez en droite ligne sur Constantinople. Quant aux présents, Gardane annoncera que, venant par terre, il n'a pas pu en apporter, mais que d'ici à six mois des frégates les apporteront, et des armes tant qu'on pourra en désirer. Il faut que cela reste secret encore un mois, après lequel, Gardane ayant passé Constantinople, il n'y aura pas d'inconvénient que la Russie le sache. Préparez tout pour qu'il reste peu de jours à Varsovie.

Vous verrez dans le décret les officiers que je commence à faire partir. Vous en donnerez la note à l'ambassadeur persan, et vous lui ferez connaître que, si l'on en veut davantage, j'en enverrai tant que l'on voudra.

Vous vous informerez auprès de l'ambassadeur si l'on a en Perse des fusils avec des baïonnettes. Je suppose qu'ils n'en ont pas. Vous lui diriez qu'il peut écrire à son souverain que je lui en enverrai 10,000, s'il le désire, et une compagnie de canonniers quand il m'aura fait connaître comment tout cela est pris en Perse. Dans les instructions du général Gardane vous mettrez que, si le schah de Perse est aussi bien disposé que je le crois, et s'il veut se former cinq ou six régiments de bonne infanterie, il lui fasse comprendre
que le principal est d'avoir des fusils à baïonnettes; que je ne fais aucune difficulté de lui en envoyer 10,000; que je lui enverrai une vingtaine de pièces de canon de campagne bien outillées, et une compagnie de canonniers; que je ne puis lui envoyer tout cela que par mer, avec une escadre ou des frégates; qu'il faut garder le secret là-dessus, et qu'en arrivant dans ses ports mes frégates trouvent de l'eau et des vivres. Il faudra que Gardane me fasse connaître la situation du port, le nombre et la force des vaisseaux qui y seraient à l'abri, et les facilités qu'il y aurait à les réapprovisionner.

Vous ordonnerez à M. Jaubert de partir pour se rendre près de moi, afin de causer avec lui sur cet empire. Vous recevrez cette lettre le 14; le 16 ou le 17 Jaubert sera ici; le lendemain Gardane partira. Il faut qu'il ne séjourne que quarante-huit heures à Varsovie, et que l'ambassadeur soit seul dans le secret, en lui faisant comprendre qu'il faut qu'on n'en sache rien jusqu'à ce qu'il soit arrivé.

Vous comprenez de quel intérêt il est pour moi de m'allier avec la Perse. Si l'on est aussi raisonnable qu'on le paraît, il est impossible qu'en envoyant an mois d'octobre en Perse une escadre portant 1,500 hommes avec des officiers et sous-officiers, je ne parvienne pas à faire une diversion immense contre la Russie. Vous en parlerez dans ce sens à l'ambassadeur, en lui disant que j'enverrai le cadre d'un corps de 10 ou 12,000 hommes, en officiers, qu'on remplira en Perse avec des soldats. Ce corps sera en deux mois en état de battre les Russes. Gardane est bien capable, non-seulement de diriger, mais même de commander ce corps. Je vous laisse à penser l'effroi qu'auraient l'Angleterre et la Russie trois mois après la présence de ce corps de troupes en Perse.


Finkenstein, 12 avril 1807

NOTE POUR LE MARÉCHAL BERTHIER

Il faut établir à Neuenburg et Mewe des commandants d'armes français, et ordonner que tous les Polonais qui se trouvent aux Hôpitaux de Mewe et Neuenburg soient dirigés dans des locaux choisis entre Neuenburg et Posen, au premier endroit de la Pologne. Il est convenable qu'ils soient en Pologne, parce qu'ils seront mieux traités. Il faut que cette évacuation se fasse insensiblement.

Il faut également que les hôpitaux du maréchal Lefebvre soient établis à Stargard.

Les hôpitaux de Mewe, Neuenburg, Marienburg et Marienwerder doivent être exclusivement destinés pour les corps de la Grande Armée qui sont sur la rive droite de la Vistule.

Écrire aux 1er, 3e, 4e et 6e corps afin de savoir où sont établis leurs hôpitaux de convalescents, et qu'ils envoient des officiers d'état-major pour en avoir l'état tous les cinq jours.

Si ces dépôts sont trop considérables, il faut donner Mewe et Marienburg au 1er corps, Neuenburg et Marienwerder au 4e corps et à la division Oudinot, et Thorn aux 3e et 6e corps.

Le major général aura soin, indépendamment de l'état que devront lui envoyer les maréchaux, de faire passer, tous les huit jours, la revue de ces hôpitaux par un officier d'état-major ou un commissaire des guerres, afin que je sois exactement assuré de ce qui s'y trouve.


Finkenstein, 12 avril 1807

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, écrivez au commandant du génie devant Danzig et  au chef d'état-major de vous envoyer le journal des opérations du siège, non-seulement pour être instruit de ce qui se fait jour par jour, mais aussi pour en instruire le public, lorsque je le jugerai convenable.


Finkenstein, 12 avril 1807

Au maréchal Lefebvre, à Pietzkendorf

Je reçois votre lettre du 11 avril à onze heures du matin. Je vois avec plaisir que l'on a détruit le travail de l'ennemi. Mais vous ne me faites pas connaître combien nous avons eu d'hommes tués ou blessés, ni ceux qui se sont distingués. En général, vos rapports sont un peu trop succincts. Vous trouverez ci-joint la lettre que m'écrit le général d'artillerie. Il paraîtrait que vous devez avoir douze pièces de 24, deux mortiers, sans compter les pièces de campagne, et trente-trois pièces de 12; ce qui ne laisse pas de faire une cinquantaine de pièces de gros calibre. Il doit y avoir plus de 8,000 coups à tirer de et vous verrez par la lettre du général Songis qu'il en est parti 5,300 de Varsovie et 6,000 de Silésie; ce qui approvisionnera toutes vos pièces à 600 coups.


Finkenstein, 12 avril 1807

Au général Songis

Je reçois votre lettre du 12, avec l'état de l'équipage de siège de Danzig (Le siège de Danzig va durer du 19 mars au 27 mai, sous le commandement du maréchal Lefebvre), se montant à 108 bouches à feu. Je pense qu'il y en a plus qu'il ne faut. Les boulets me paraissent aussi satisfaisants. On ne doit pas dépenser 55 000 coups de canon pour prendre cette place.

J'espère que la moitié de tout cela sera suffisant; mais la moitié de tout cela, c'est-à-dire douze mille coups de canon de 24, douze mille de 12, fait plus de cent soixante milliers de poudre. Je crains bien que cette poudre ne tarde trop à arriver.

Hier, quatre compagnies du 44e ont culbuté une espèce de place d'armes que l'ennemi faisait sur son glacis, lui ont fait 100 prisonniers, pris 400 fusils et 400 outils, et arraché toutes les palissades du chemin couvert de l'ouvrage du Hagelsberg.

Il paraît qu'il y a aujourd'hui vingt-quatre milliers de poudre devant Danzig emballés, et seize milliers confectionnés, ce qui ferait quarante milliers. Du moment qu'il y en aura autant que cela, je regarderai la reddition de la place comme avancée. J'ai grand intérêt à avoir cette place avant la fin du mois. Parcourez vos états, et voyez si vous pouvez activer l'arrivée de 40 000 coups de canon de 12.

Recommandez au général La Riboisière (Jean-Ambroise Lariboisière, 1759-1812. Il avait été avec Bonaparte au régiment de La Fère. Il va faire construire.... le radeau de Tilsitt) de ne pas tirer les pièces de 24 avec huit livres, et de ménager le 24 à cause des munitions. Le 12 est préférable pour le ricochet. Il est suffisant aussi contre les palissades et les ouvrages en fer. Il me semble que dix-huit pièces de 24 en batterie de brèche, tirant 10 ou 12 000 coups de canon, doivent tout culbuter. Recommandez donc bien qu'on ne fasse pas mal à propos usage de ces pièces, et qu'on n'emploie pas du 24 où le 12 peut faire à peu près la même chose.

Il me semble que vous pourriez faire partir de Posen quelques milliers de cartouches de 12, qui arriveraient par terre à Danzig et qui seraient d'un grand secours. Recommandez aussi à Saint-Laurent de ne pas trop retarder les convois, le temps presse.


Finkenstein, 12 avril 1807

Au prince Eugène

Mon Fils, je reçois votre lettre du 27 mars. J'ai gardé ici le général d'Anthouard; je l'ai envoyé au siège de Danzig pour y servir en
sa qualité de général d'artillerie; outre qu'il me rendra là des services, cela aura l'avantage de le tenir en haleine et de ne point perdre cette occasion de lui donner de l'expérience.

Quant à la garnison de Venise, le vin ne sert à rien; il vaut mieux n'y point tenir de garnison française. J'ai besoin d'hommes, et l'amour que j'ai pour mes soldats me donne là-dessus de grandes inquiétudes. Ne laissez à Venise que des Vénitiens, des Dalmates, des Italiens; pour les Français, ménagez-les; l'air malsain leur est funeste.


Finkenstein, 12 avril 1807

Au prince Eugène

Mon Fils, répondez au Pape que vous allez donner les ordres les plus sévères pour que le général Tisson ait les égards qu'il doit à Sa Sainteté et à ses délégués. Profitez de cela pour lui dire qu'il serait 

 bien instant que Sa Sainteté voulût bien finir les discussions relatives aux évêchés d'Italie, en donnant l'investiture aux évêques; qu'il m'en a été rendu compte; que vous savez que j'ai dit : t Le Pape ne
   veut donc plus que j'aie d'évêques en Italie! A la bonne heure. Si c'est là servir la religion, comment doivent donc faire ceux qui veulent la détruire?,, Que l'intérêt particulier que vous portez au
Pape vous fait désirer qu'il ne me donne point ce sujet de mécontentement; que, par l'insinuation secrète de quelques malveillants, on n'oublie aucune circonstance de me mécontenter ; que j'avais de l'estime pour le Pape, que tout cela me change; et que cela est non- seulement maladroit, mais aussi contraire au bien de la religion.
 t Écrivez au reste au général Tisson de ne faire aucun gain illicite, que je ne le souffrirai pas, et de se comporter avec décence.
 . Laissez là le général Tisson, les prêtres i@e sont jamais contents de personne.


Finkenstein, 13 avril 1807

A Fouché

Je reçois votre lettre du 3 avril.

J'aurais une bien pitoyable idée des Français, si je croyais à votre lettre. Leur tableau ne sera rembruni que parmi quelques bavards de Paris, qui sont juste des têtes à tableau.

Jamais la position de la France n'a été ni plus grande ni si belle.

Quant à Eylau, j'ai dit et redit que le bulletin avait exagéré la perte et qu'est-ce que c'est que 2 000 hommes tués pour une grande bataille ? Il n'y a aucune des batailles de Louis XIV et de Louis XV qui n'ait coûté bien davantage.

Quand je ramènerai mon armée en France et sur le Rhin, on verra qu'il n'en manque pas beaucoup à l'appel.

Quant aux lettres que quelques officiers pourraient écrire, il faut se figurer que l'on ne sait pas plus ce qui se fait dans une armée, que ceux qui se promènent dans le jardin des Tuileries ne savent ce qui se passe dans le cabinet. Ensuite, le plaisir de se vanter et d'exagérer le danger que l'on a couru porte à l'exagération.

Lors de l'armée d'Égypte, ces correspondances furent imprimées et trompèrent les Anglais. Ce ne fut que sur cette foi qu'ils tentèrent leur folle expédition, qui réussit parce qu'il était dans l'ordre du destin qu'elle devait réussir. Aucune opération n'était plus hasardée que celle-là, l'armée française était triple de l'armée anglaise.

Mais lorsque mon armée d'Égypte est arrivée à Toulon, malgré les batailles, les combats et les pestes, j'en ai retrouvé les huit neuvièmes.


Finkenstein, 13 avril 1807

Au vice-amiral Decrès

Je reçois votre lettre du 2 avril. je ne crois pas plus que vous une descente, mais cela n'empêche pas qu'il ne faille faire comme si elle devait avoir lieu , et je suis en mesure d'en repousser une de 80,000 hommes. C'est trois fois plus que ne peuvent envoyer les
Anglais.


Finkenstein, 13 avril 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, vous aurez vu par la Gazette France l'importance des nouvelles de Londres.

Vous entendrez peut-être parler que les Suédois se sont portés au delà de la Peene : n'en ayez point d'inquiétude; parlez-en dans ce sens. Ils sont au nombre de 12,000 hommes, que l'on essaye de couper. Ce serait déjà fait, si Mortier eût été plus habile. Mais j'espère qu'un échec, et la manière dont on en rendra compte, pourra faire effet en Suède et avoir de l'influence sur la décision de ce cabinet.


Finkenstein, 13 avril 1807

A M. Marescalchi

Je reçois la lettre par laquelle vous m'annoncez que le Grand Seigneur a envoyé des lettres de créance pour le roi d'Italie. Faites connaître à son ambassadeur que c'est à vous qu'il doit s'adresser pour tout ce qui est relatif au royaume d'Italie. Ces lettres de créance seront remises la première fois que je verrai cet ambassadeur.


Finkenstein, 13 avril 1807

Au prince Jérôme

Mon Frère, je reçois votre lettre du 7 avril. Je vois avec plaisir le soin que vous prenez des dépôts et des remontes. Je vous en témoigne ma satisfaction. dépendamment des 1,400 hommes de cavalerie que vous montez, je vous en envoie 1,500 autres à monter. Je vois avec plaisir que vous ayez envoyé trente milliers de poudre sur Varsovie; si elle arrive à temps, je la ferai filer sur Dantzig. Envoyez-moi aussi des boulets. Le premier convoi d'artillerie, parti de Glogau, n'est pas encore arrivé. La tranchée est ouverte devant Dantzig. La garnison est de 18,000 hommes, dont 6,000 Russes. Le général Kalkreuth y commande. J'espère être maître de la place dans le mois, si la poudre ne me manque pas. La prise de cette place diminuera les forces de l'ennemi de 10,000 hommes et accroîtra les miennes d'autant. Cette prise sera d'un résultat incalculable. Si, indépendamment de la poudre que vous avez envoyée, vous pouvez en expédier une quarantaine de milliers en toute hâte, vous ferez bien.

Vous trouverez ci-joint copie de l'ordre du jour, que vous recevrez probablement plus tard par l'état-major; préparez et accélérez-en l'exécution. Les deux régiments à pied de Wurtemberg que vous m'avez envoyés ont l'ordre de se rendre de Posen devant Kolberg, pour aider au siège de cette place. Envoyez à Kolberg tous les détachements des dépôts et hommes isolés qui appartiendraient à ces deux régiments.

Je vous ai écrit sur Kosel, et je vous ai chargé de donner des ordres au prince Sulkowski, que je laisse de ce côté pour contenir cette garnison.

J'apprends avec plaisir la bonne contenance que vous tenez. Une certaine dame de Stuttgart, seulement , se plaint que vous êtes trop galant pour les dames de Breslau. Est-il vrai ?


Finkenstein, 13 avril 1807

Au général Clarke

Je partage bien les contrariétés qu'a du vous faire éprouver le parti ridicule qu'à pris le maréchal Mortier. Non-seulement  j'approuve que vous ayez retiré le 15e et les régiments provisoires, mais je vous aurais blâmé de ne l'avoir pas fait. Je vois avec plaisir que votre conduite est toujours parfaite; je vous en sais un gré infini.

Je n'ai rien à ajouter à mes lettres précédentes. Donnez le plus de force possible au maréchal Mortier, afin qu'il attaque vivement ces messieurs. Je vois avec plaisir que le régiment d'Aremberg soit arrivé. Comme je ne pense pas que le maréchal Mortier puisse attaquer avant le 15, ce régiment sera reposé et pourra être fort utile. Je vous approuve de faire marcher les détachements de la Garde. Des hommes isolés, sans officiers ni sous-officiers, ne peuvent servir à rien.

Le siège de Danzig se pousse vivement, mais nous sommes fort alarmés de ce que Thouvenot ne nous envoie que des boulets sans poudre. Cette place prise sera d'un immense avantage.

Si cet imbécile de général qui était devant Stralsund vous avait prévenu le 1er avril, vous auriez retenu mes dragons, qui auraient été d'un grand secours. J'aurais vu cela avec plaisir.

Tout cela ne fera par souffrir le siège de Kolberg. Loison est un homme actif. Il lui reste deux régiments italiens; je lui envoie deux régiments wurtembergeois, un régiment polonais et les Saxons de Weimar; mais je crois vous avoir déjà mandé cela.

Renforcez les bataillons de Nassau que vous avez à votre avant-garde, afin qu'ils soient nombreux et qu'ils puissent se faire honneur.

Vous ne m'avez jamais parlé de ce plan de la bataille d'Eylau que le général Sanson vous a envoyé, que vous deviez faire graver à Berlin et dont vous devez m'envoyer des exemplaires.


Finkenstein, 13 avril 1807

Au général Clarke

Le 4e régiment de ligne hollandais, composé de 600 hommes, est parti de Hameln le 26, mais pour se rendre au 8e corps. Voyez qu'il n'aille pas prendre une fausse route et donner bêtement dans quelques postes ennemis

Schill est depuis longtemps renfermé dans Kolberg. J'approuve fort l'exemple que vous avez fait d'un bourgmestre et d'un bourgeois de Kyritz. J'espère qu'à l'heure qu'il est vous êtes dehors de l'échauffourée des Suédois. Les 10e, 11e et 12 régiments provisoires doivent déjà être arrivés à Magdeburg.


Finkenstein , 13 avril 1807

Au prince Eugène

Mon Fils, je reçois avec plaisir votre lettre du 17 mars, par laquelle vous m'instruisez que la princesse se porte bien. Il ne faut pas se presser de faire le baptême de l'enfant. Faites-moi connaître comment vous avez arrangé tout cela, et quels sont les parrain et marraine. Vous ne devez faire aucune notification; je les ai fait faire à Paris par la chancellerie.

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Auguste est-elle fâchée de ne pas avoir eu un garçon ? Dites-lui que, lorsqu'on commence par une fille, l'on a au moins douze enfants.


Finkenstein, 24 avril 1807, 7 heures du soir.

A l'Impératrice

J'ai reçu ta lettre du 3 avril; j'y vois que tu te portes bien, et qu'il fait bien froid à Paris.

Le temps est ici très incertain; cependant je crois que le printemps est enfin arrivé; déjà toutes les eaux sont dégelées. Je me porte à merveille.

Adieu mon amie.

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J'ai depuis longtemps ordonné pour Malmaison tout ce que tu désires.

Tout à toi.

Napoléon


Finkenstein, 14 avril 1807

A M. Cambacérès

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 4 avril. J'apprends avec plaisir que le sénatus-consulte a passé. Les lettres de Lacuée m'avaient donné de l'inquiétude. Mais j'avais compté sur votre bon esprit et sur votre fermeté, et j'avais pensé que vous ne vous laisseriez pas amuser par de vains sophismes dans une affaire aussi importante. Les ministres de l'administration de la guerre et de la marine vous auront dit que j'ai pris les mesures convenables pour que les sénateurs Aboville et Ferino ne manquassent point d'argent.


Finkenstein, 14 avril 1807

A Fouché

Je ne sais pas pourquoi le Journal de l'Empire instruit que le général Dufresse à 2 000 bons soldats dans l'île d'Aix à opposer à l'ennemi. Est-ce aux journaux à donner des détails si précis ? Cela est fort bête.

S'il avait quadruplé, encore, passe.


Finkenstein, 14 avril 1807

A M. Champagny

Monsieur Champagny, toutes les marchandises anglaises ayant été prohibées dans l'empire ottoman, le Grand Seigneur m'a témoigné le désir d'avoir des draps français, et particulièrement de ceux appelés Châlons. Écrivez pour cela à Carcassonne et autres villes manufacturières. On peut les diriger par Trieste et par les autres voies neutres.


Finkenstein, 14 avril 1807

Au général Lacuée

Je reçois votre lettre du 3 avril. J'avais prévu la possibilité des observations que vous avez faites, et j'y avais répondu en parcourant les différentes hypothèses et vous faisant connaître sur chacune mes intentions. Je pense qu'il ne faut pas donner les 6,000 hommes demandés pour la cavalerie, 2,000 suffisent; 4,000 ou 5,000 hommes à l'artillerie suffiront; vous proposez 8,000 hommes , c'est trop. Il faut instruire les canonniers; nous les compléterons avec rappel de la réserve. Je vous ai fait connaître de quelle manière j'entendais jouer avec la réserve. Je vous ai fait connaître aussi que les fautes que vous croyez avoir faites dans la répartition de la conscription de 1807 seront corrigées dans la répartition de la réserve, que j'aurai le temps de diriger moi-même.


Finkenstein, 14 avril 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, je reçois votre lettre du 11 avril à onze heures du soir. Je partage une partie de votre opinion sur la manière de voir de M. Andréossy. Il faudrait que la Maison d'Autriche nous aimât, et non-seulement vît sans peine, mais qu'elle se réjouit et prît une grande part à nos succès. Aimer, je ne sais trop ce que cela veut dire en politique. Et même comment exiger qu'on se réjouisse de l'accroissement d'une grande puissance qui, l'année passée, était maîtresse de Vienne ? Cependant il résulte de ses lettres que l'Autriche ne nous fera point la guerre, qu'elle sent sa position délicate, et qu'elle louvoie entre nous et la Russie; il ne nous en faut pas davantage. Quant à la réponse à faire à M. Andréossy, écrivez- lui dans ce sens : dites-lui que j'ai été satisfait de la note de l'Autriche, et que je me dispose à y répondre favorablement; qu'en général je désire beaucoup lier mon système avec celui de la Maison d'Autriche.

Répondez à M. Dupont-Chaumont qu'il n'écrit pas assez souvent; qu'il devrait nous écrire tous les jours sur ce qui se fait à la Haye, sur la situation de l'armée, enfin sur tout ce qui pourrait nous importer.

Témoignez mon mécontentement à M. Dumonstier de ce qu'il s'est mêlé de réquisitions sans un ordre de vous ; que le ministre de Saxe a raison; que les réquisitions de blé qui ont été faites pour des fabrications de biscuit doivent être payées; qu'il est ridicule que, sur une simple lettre du commissaire des guerres, sans attendre que l'ordonnateur ait écrit, il ait donné à cela une tournure diplomatique; qu'il ait plus de circonspection à l'avenir. Faites-lui connaître aussi que je n'ai pu que le blâmer d'avoir voulu faire sortir la cour de Saxe de ses usages relativement aux chargés d'affaires.


Finkenstein, 14 avril 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur de Talleyrand, je reçois votre lettre du 12 à quatre heures après midi. Je doute qu'il soit vrai que l'empereur de Russie soit à Bartenstein; il arrive journellement des déserteurs qui nous l'auraient appris. Je doute aussi qu'Essen écrivît qu'on est à la veille d'une bataille; si cela était, il commettrait une imprudence telle, qu'il mériterait d'être aux arrêts pendant deux mois. Vous sentez qu'une lettre donnant des nouvelles des Russes à un Autrichien est comme si elle était écrite à vous. Il n'est personne qui ait plus ce genre de ruse que les Russes.

Il n'y a eu aucune canonnade sur la ligne le 10, ni le 11, je puis même dire le 12, parce qu'aujourd'hui 14 j'en serais instruit.


Finkenstein, 14 avril 1807

A M. Daru

Monsieur Daru, je n'entends payer aucune subsistance pour le 8e corps d'armée. Il occupe des cantonnements riches, où les paysans peuvent le nourrir sans argent.


Finkenstein, 14 avril 1807

Le maréchal Kellermann me mande, en date du 6 avril, que les 11e et 12e provisoires sont partis de Cassel, et que les 13e et 14e vont les suivre; que le 1er régiment provisoire de cavalerie de 654 hommes, savoir, 138 hussards , 36 chasseurs, 160 dragons et 320 cuirassiers, sera rendu le 22 ou au plus tard le 24 avril, à Potsdam. Ce régiment, qui a une organisation provisoire pourra vous servir, si l'affaire des Suédois n'est pas finie. D'ici à ce temps-là, j'aurai le temps de vous donner des ordres.,

Je reçois votre lettre du 10 avril au matin; j'en reçois une du maréchal Mortier qui me mande qu'il a reçu mes ordres, qu'il sera le 12 à Stettin, et qu'il va se mettre en marche sur l'ennemi. Je pense que vous êtes à la fin de vos inquiétudes du coté des Suédois, les-quelles ne peuvent plus se renouveler, puisque les Espagnols et deux divisions qui vont arriver d'Italie au commencement de mai, comme je vous l'ai écrit, formeront une armée de 40,000 hommes sur l'Elbe.

Comme le 3e de ligne arrive le 18 à Stettin, où je l'ai envoyé pour renforcer le maréchal Mortier, il est convenable que le détachement de 163 hommes de ce régiment, que vous aviez dirigé de Spandau sur Thorn, se dirige sur Stettin. Faites courir après. Je suis fâché que vous ayez retranché la compagnie du 4e de ligne faisant partie du 5e régiment provisoire et qui n'avait pas d'habits; pour battre l'ennemi, il ne faut pas d'habits, et il est urgent de battre les Suédois. Tâchez d'utiliser le régiment d'Aremberg; ces 300 hommes de cavalerie ne seraient pas indifférents au maréchal Mortier. J'imagine que vous aurez fait mettre dans les journaux de Berlin la lettre à un négociant de Leipzig, et que vous la ferez mettre également dans les journaux de Leipzig.


Finkenstein, 14 avril 1807

Au maréchal Lefebvre, à Pietzkendorf

On m'assure que les Russes ne sont plus dans Danzig et qu'ils en sont sortis. Faites-moi connaître ce que vous savez là-dessus.

Je vois avec plaisir que vous ayez lié à vos ouvrages les ouvrages de contre-approche de l'ennemi. Je doute qu'on puisse trouver 30 milliers de poudre pour les globes de compression. Je ne vois pas trop à quoi serviront ces globes de compression; il n'y a point là de galerie de mine.

Je vois par vos états de situation qu'on use beaucoup de coups de canon de 12; c'est un grand malheur; il faudrait employer du 6 ou du 8, et garder le 12 pour le moment du feu. Dans beaucoup d'endroits où il y a du 12, on aurait pu mettre du 8. Il faut que les commandants du génie et de l'artillerie envoient tous les jours un bulletin très-détaillé de la tranchée an major général.


Finkenstein, 14 avril 1807

Au maréchal Masséna

Le major général vous fait connaître mes intentions. Vous savez quels sont mes projets, mais pour cela il ne faut pas que l'ennemi serre de si près Varsovie.

Il faut, coûte que coûte, faire rétablir, le pont de Pultusk. La tête de pont, dit-on, est inondée; si elle l'est, il n'y a que deux pieds d'eau, et il sera facile de relever 15 à 20 toises de fossé jusqu'au revêtement de la tête de pont. Dès ce moment il est probable que l'ennemi évacuera le terrain à plusieurs lieues de Pultusk.

Une autre opération non moins importante, c'est que la brigade du général Lemarois, qui est destinée dans tous les cas à couvrir Varsovie, pousse l'ennemi jusqu'à Wyskow. Il lui faut pour cette opération une base. Que, le plus tôt possible, il fasse passer un bataillon d'infanterie légère bavarois, qui établira une redoute sur la rive droite du Bug au lieu où arrivent aujourd'hui les Cosaques. Deux ou trois barques communiqueront de cette redoute à la rive gauche; elle sera d'ailleurs soutenue par les batteries de la rive droite, celles de Sierock et celles que l'on peut établir sur la rive gauche du Bug. Une fois que l'on aura ce point d'appui, on fera des abatis plus en avant; en quarante-huit heures cette redoute doit être établie. Il est hors de doute qu'immédiatement après l'ennemi placera ses postes en arrière. On le poussera ainsi insensiblement de manière à ne pas souffrir qu'il ait aucun poste fixe jusqu'à Wyskow.

Il est très-ridicule aujourd'hui que 2 ou 300 Cosaques fassent trembler Varsovie; il est vrai d'ailleurs de dire qu'ils pourraient brûler le pont sur pilotis de Sierock et vous couper votre communication avec Varsovie avant que vous puissiez rien faire. Cela peut entraîner votre corps d'armée dans de fausses démarches; car, comme le premier but de vos instructions est de garantir Varsovie, avec 3 ou 4,000 hommes que l'ennemi jetterait sur la rive gauche il vous obligerait à venir sur Sierock, et même vous embarrasserait s'il était parvenu à brûler ou détruire le pont de Sierock.

J'avais toujours ordonné l'établissement de cette tête de pont. Le génie prétendait que tout était inondé; il parait que cela n'est pas, puisque les Cosaques y arrivent. C'est  ensuite à l'officier du génie et au général Lemarois à voir comment ils doivent occuper la rive droite du Bug pour garantir le pont de Sierock et former un point &appui aux troupes destinées à éloigner l'ennemi de Varsovie le long du Bug. Levez tous les obstacles et prenez les mesures convenables pour que ces deux opérations réussissent. J'ai toujours pensé que vous aviez un pont à Pultusk. Une fois la rive droite du Bug occupée par quelques ouvrages de manière à pratiquer le passage, l'ennemi non-seulement évacuera jusqu'à Wyskow, mais même ne tiendra des postes qu'à Brok.

Il faut commander la division bavaroise comme une division française, et donner des ordres précis et clairs au prince de Bavière, qui n'est là qu'un général.

Je ne saurais trop vous exprimer combien j'attache d'importance à ce que ces deux opérations soient promptement faites. Il n'y a pas une heure à perdre.


 Finkenstein, 14 avril 1807

A Joseph

Mon Frère, je reçois votre lettre du 26 mars. J'ai nommé le colonel Détrés général de brigade.

Puisque vous voulez que je vous parle de ce qui se fait à Naples, je vous dirai que je n'ai pas été extrêmement content du préambule de la suppression des couvents.

Pour ce qui regarde la religion, il faut que le langage soit pris dans le langage de la religion et non dans celui de la philosophie.
C'est là le grand art de celui qui gouverne, et que n'a point un homme de lettres ou un écrivain. Pourquoi parler des services rendus aux arts et aux sciences par les religieux ? Ce n'est pas ce qui les a rendus recommandables, c'est l'administration du secours de la religion. Ce préambule est tout philosophique, et je crois que ce n'est pas là le cas; je trouve que c'est insulter les hommes que l'on chasse.

Le préambule de la suppression des moines aurait été bien, s'il avait été dans le style des moines. On supporte moins impatiemment des choses fâcheuses d'un homme qui est dans votre sens, que d'un homme qui se montre d'une opinion opposée.

Il fallait dire que le grand nombre des moines rendait leur existence difficile, que la dignité de l'état veut qu'ils aient de quoi vivre; de là la nécessité d'une réforme; qu'il est une partie qu'il faut conserver, parce qu'elle est nécessaire pour l'administration des sacrements; qu'il est une partie à réformer, etc.

Je vous dis cela comme principe général. Je conçois une mauvaise opinion d'un gouvernement dont tous les édits sont dirigés par le bel esprit. L'art est que chaque édit ait le style et le caractère de l'homme du métier.

Or un moine instruit qui aurait partagé l'opinion de la suppression des moines ne se serait pas expliqué de cette manière.

Les hommes supportent le mal lorsqu'on n'y joint pas l'insulte, et lorsque les ennemis de l'État ne se montrent pas avoir porté le coup.

Or les ennemis de l'État des moines sont les hommes de lettres et les philosophes. Vous savez que je ne les aime pas non plus, puisque je les ai détruits partout.

Un bâtiment anglais qui portait 25 000 fusils à Palerme a fait naufrage sur les côtes d'Espagne. Cet événement doit être regardé comme avantageux, car les armes sont très rares en Europe.


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