1 - 15 Février - 1807


Willenberg , ler février 1807, midi.

Ta lettre du 11, de Mayence, m'a fait rire.Il parait que ce petit monstre de baron de Kepen parle fort haut et boude. (NDLR. Censuré dans l'édition Napoléon III)

Je suis aujourd'hui à quarante lieues de Varsovie; le temps est froid, mais beau.

Adieu, mon amie, sois heureuse, aie du caractère, et surtout pas jalouse. La caque sent toujours le hareng, disait un ligueur (NDLR. idem)


Willenberg, ler février 1807.

A l'impératrice

Mon amie, la lettre du 20 janvier m'a fait de la peine; elle est trop triste. Voilà le mal de ne pas être un peu dévote ! Tu me dis que ton bonheur fait ta gloire - cela n'est pas généreux; il faut dire, le bonheur des autres fait ma gloire; cela n'est pas conjugal; il faut dire, le bonheur de mon mari fait ma gloire; cela n'est pas maternel; il faudrait dire, le bonheur de mes enfants fait ma gloire; or, comme les peuples, ton mari, tes enfants, ne peuvent être heureux qu'avec un peu de gloire, il ne faut pas tant en faire fi. Joséphine, votre cœur est excellent, et votre raison faible; vous sentez à merveille, mais, vous raisonnez moins bien.

Voilà assez de querelle; je veux que tu sois gaie, contente de ton sort, et que tu obéisses, non en grondant et en pleurant, mais de gaieté de cœur, et avec un peu de bonheur. Tes nuits sont longues; ce petit baron de Kepen parle bien haut, baise-le de ma part (NDLR. idem)

Adieu, mon amie, je pars cette nuit pour parcourir mes avant-postes.


Willenberg, 1er février 1807.     

A M. Régnier  (Claude Ambroise Régnier, duc de Massa, 1746-1814. Il est depuis l'an X, Grand Juge)

Je lis dans le Moniteur du 21 janvier un article Cause célèbre sur une affaire de Jacques Turc. Je désire que vous me fassiez un rapport sur cette affaire.  (Jacques Turc avait été assassiné par son père et son frère en août 1806).


Willenberg, 1er février 1807

A M. Cambacérès

Je reçois votre lettre du 20 janvier. Je suis aujourd'hui à Willenberg, à quarante lieues de Varsovie. Je manœuvre sur l'ennemi. S'il ne se retire pas à temps, il pourrait fort bien être enlevé.


Willenberg, ler février 1801

Au général Lacuée

Si l'appel pour la conscription de la réserve n'est pas fait, je préférerais des Champenois, des hommes de la Meuse-Inférieure ou des Bourguignons, pour la garde de Paris, à des hommes d'Eure-et-Loir, de l'Aisne, etc.


Willenberg, ler février 1807

Au vice-amiral Decrès

Je vois avec plaisir dans le rapport de M. Sganzin, du 20 janvier, que dès ce moment cinq ou six vaisseaux de guerre peuvent entrer dans le port de Flessingue. Mais que cela soit certain, et que, lorsqu'ils se présenteront, il n'y ait ni si ni mais qui fassent qu'ils n'y entrent pas.

Nominez un des vaisseaux de ligne que vous mettez en construction le Polonais, une frégate la Vistule, un vaisseau de 74 le Pultusk-, un autre le Golymin.

J'attends toujours la solution du problème que j'ai proposé . Avoir des vaisseaux que l'on puisse construire à Dunkerque, à Nantes, etc., qui en sortent armés en flûte. Ces vaisseaux tireraient beaucoup moins, parce qu'ils seraient armés avec des canons de bronze.


Willenberg, 1er février 1807

Au vice-amiral Decrès

J'approuve ce que vous avez fait relativement au vaisseau qui est en Amérique, et dont le détail est contenu dans votre lettre du 20, hormis la vente au gouvernement américain de ce vaisseau, à moins que ce ne soit pour s'en servir comme flûte pour le commerce. Mais ce que vous avez prescrit est fort sage; le désarmer, et, si cela est nécessaire, le démolir.

J'ai ordonné à M. Talleyrand de vous envoyer toutes les instructions relatives aux deux frégates à envoyer dans le golfe Persique.


Willenberg, 1er février 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, n'oubliez pas les instructions à faire pour la mission de Perse et l'expédition de deux frégates pour le golfe Persique. Vous savez quelles instructions vous devez faire, et l'agent que vous devez employer. Il faut que vingt-quatre heures après l'arrivée de M. Jaubert à Varsovie, il se mette en route.

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Nous sommes aux prises ; quelques petites affaires ont eu lieu.


Willenberg, 1er février 1807

Au général Clarke

Le brigade légère des 23e et 19e chasseurs a dû effectivement se rendre à Stettin; vous en avez probablement reçu l'ordre à l'heure qu'il est.

Il doit y avoir beaucoup de poudre à Willenberg; on peut en faire passer sur Spandau.

Il faudrait faire passer deux cents chevaux commandés par un bon officier, qui feraient des patrouilles entre l'Oder et la Vistule et arrêteraient le brigandage. Écrivez au général Dombrowski, qui est du côté de Thorn; il a 3,000 hommes de levées polonaises, et secondera vos opérations.

Vous avez dû recevoir également l'ordre de réunir les Italiens à Stettin, ainsi que les fusiliers de la Garde. Küstrin aurait, comme je vous l'ai dit, besoin de deux cents hommes de cavalerie, afin de parcourir le pays de là à la Vistule et nettoyer le pays.

Voyez le général Dorsenne; il trouvera facilement dans son dépôt de quoi fournir à cette organisation. Le 15e, quand il arrivera de Hanovre, pourra bien être envoyé pour balayer ces derrières, car il est temps d'en finir. Faites donc en sorte que mes dragons soient bientôt disponibles.


Willenberg, 1er février 1807

Au général Duroc

Le courrier de Paris qui a passé à Varsovie vingt-quatre heures après moi ne m'apporte point de lettre de vous. J'en suis fâché; je désire que vous m'instruisiez des détails militaires, des petits bruits de l'opinion et des détails des magasins des subsistances; tout ceci est d'un grand intérêt pour moi.


Willenberg, 2 février 1807, 3 heures du matin.

Au général Savary, commandant le 5e corps, à Brok

J'apprends qu'Ostrolenka est sans infanterie; il est nécessaire qu'il y en ait, sans quoi votre cavalerie sera écrasée par les Cosaques; envoyez-y-en donc en toute diligence. Le maréchal Davout quitte, le 2 au matin, Myszyniec pour se porter sur Ortelsburg; mais il laisse une avant-garde de deux régiments et de deux cent cinquante chevaux qu'il enverra sur la Skva, à deux lieues d'Ostrolenka, afin de contenir les partis ennemis.

Le général Oudinot arrive à Varsovie le 2; le 4 il sera à Pultusk, Mon intention est de le tenir là, tant pour protéger la ligne de l'Omulew, derrière laquelle se font mes communications, que pour vous servir de corps de réserve. Si les forces de l'ennemi sont telles que vous preniez le parti de rester sur la défensive, je pense convenable que vos plus grandes forces soient à Ostrolenka pour vous maintenir en communication avec moi et appuyer ma droite. Occupez Pultusk, et laissez le général Campana à Brok avec une brigade, avec laquelle il se retirerait sur Sierock, s'il était poussé. Cependant je ne suppose pas que l'ennemi ait là plus de 20,000 hommes. Si vous l'avez attaqué, et que vous l'ayez mis en déroute, après l'avoir convenablement poursuivi, ne vous engagez pas trop.


Willenberg, 2 février 1807, 3 heures et demie du matin.

Au grand-duc de Berg

L'État-major vous donne des ordres de mouvement pour aujourd'hui. La nouvelle de votre arrivée à Passenheim ne m'est arrivée qu'à deux heures du matin; c'est trop tard; j'ai besoin d'être prévenu de bonne heure pour donner des ordres; il aurait fallu me prévenir hier, du moment que vous aperceviez un corps de 2,000 hommes de cavalerie. Faites de cette manière demain. Je ne sais si le maréchal Ney est à Hohenstein; je n'ai pas reçu de nouvelles de lui depuis celles que vous connaissez. Le général Augereau est arrivé à Neidenburg. Le général Davout sera à Ortelsburg de bonne heure. Il n'y a pas d'ennemi de ce côté.

Si l'ennemi n'a que 12 ou 15,000 bommes à Allenstein, il faut le pousser vigoureusement et tâcher de les avoir.

Si l'ennemi était plus fort que je ne pense, vous en auriez des informations cette nuit et demain matin. à mesure que vous avanceriez. Alors il faudrait prendre position à Allenstein, et, dans la journée, les maréchaux Davout et Augereau se réuniraient. A ce que je puis conjecturer par des instructions très-neuves, je suis fondé à penser que l'ennemi n'aura pas plus de 15,000 hommes demain à Allenstein. Marchez bien en règle et ne partez que lorsque le jour sera bien fait.


Willenberg, 2 février 1807, 3 heures et demie du matin.

Au maréchal Soult, à Passenheim

Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre. J'ai donné directement ordre à votre 3e division de partir avant le jour pour vous joindre. S'il n'y a point d'autres nouvelles, et que les renseignements que le grand-duc de Berg et vous recevrez portent à penser que l'ennemi n'a pas plus de 12 à 15,000 hommes à Allenstein, il faut l'y attaquer.

Le maréchal Ney aura dû être hier à Hohenstein et devait marcher sur Allenstein. Si l'ennemi y avait plus de 15,000 hommes, il faudrait prendre position, et, dans la nuit, je pense qu'il serait facile de réunir plus de 80,000 hommes. Je pars ce matin de bonne heure et je marche à la tête de ma Garde. Si vous avez des nouvelles de l'ennemi, instruisez-m'en par des officiers; il vaut mieux faire un mot d'écrit et me renvoyer par un officier quelconque, cela étant plus important. Comme le maréchal Davout arrive de bonne heure à Ortelsburg, s'il était nécessaire, je le ferais toujours avancer sur vous.


Willenberg, 2 février 1807, 4 heures du matin.

Au général Gardanne, à Passenheim

Vous accompagnerez la tête de la cavalerie jusqu'au plus à deux lieues et demie, à moins que, dans cet intervalle, elle ne rencontre une bonne division ennemie en position devant elle. Dans ce cas vous reviendrez m'en prévenir au grand galop. Si, à deux lieues et demie de son point de départ, elle ne rencontre rien, vous viendrez également m'en instruire et viendrez à ma rencontre sur la route de Passenheim.


Willenberg, 2 février 1807, 7 heures du matin.

Au grand-duc de Berg, à Passenheim

Le maréchal Ney mande qu'il sera aujourd'hui avec tout son corps d'armée, à Hohenstein. L'ennemi est toujours disséminé, ne parait pas faire de grand mouvement, et occupe encore un grand espace terrain.

Le maréchal Augereau se met également en marche. Ainsi j'espère que vous serez de bonne heure à Allenstein. Tâchez de communiquer avec les maréchaux Augereau et Ney. Je crois qu'en poussant vivement l'ennemi, on lui fera beaucoup de mal.


Willenberg, 2 février 1807, 8 heures du matin

Au maréchal Davout, à Ortelsburg

Mon Cousin, nous avons occupé hier Passenheim, où l'ennemi dans l'inquiétude de nos mouvements, commençait à arriver. Envoyez aussitôt que vous pourrez, une de vos divisions à Mensguth. Celle du général Gudin se rend entre Ortelsburg et Willenberg. Vos trois divisions seront, par ce moyen, en colonne à quinze lieues derrière Bischofstein. On dit que l'ennemi a du monde à Sensburg. On ne croit pas qu'il en ait à Wartenburg. Toutefois il en sera chassé aujourd'hui, ainsi que d'Allenstein. Je pars moi-même pour Passenheim à l'instant même. Je vous prie de me renvoyer l'officier d'ordonnance, quand vous saurez l'heure à laquelle chacune de vos divisions arrivera, et écrivez-moi plusieurs fois dans la nuit. J'ai besoin d'avoir fréquemment des nouvelles. 


Willenberg, 2 février 1807.

A M. Fouché

J'ai parcouru l'histoire du Directoire, de Lacretelle; elle m'a paru écrite en bon esprit.

J'ai remarqué, sur le siège de Saint-Jean-d'Acre, des choses ridicules, telles que celles sur Sidney Smith, qui n'est qu'un fou qui n'a rien fait. Il n'avait que deux vaisseaux de guerre avec lesquels il croisait, et par là il maintenait les Turcs maîtres de la mer; du côté de terre, il n'a contribué en rien au siège. Si M. Lacretelle fait une autre édition, il faut qu'il change cela pour la vérité de l'histoire. C'est la seule chose qui m'a frappé, parce qu'elle tend à donner de la réputation à un homme qui ne le mérite pas.

Ce qu'il dit de Phélippeaux et autres ingénieurs émigrés, cela est vrai.


Willenberg, 2 février 1807

Au vice-amiral Decrès

J'ai reçu la lettre par laquelle vous me faites connaître que la marine fournira 5 ou 6,000 hommes pour la défense de Brest et des batteries de la rade. J'ai vu cet état avec grand plaisir. Faites-les armer, habiller et discipliner. Je crois vous avoir autorisé à faire désarmer les cinq vaisseaux à une époque déterminée.


Willenberg, 2 février 1807.

A M. Maret, à Varsovie

Monsieur Maret, pressez le gouvernement pour que toutes les mesures soient prises pour habiller les troupes et les armer. Je lui ai donné toutes les impositions, ce qui ne laisse pas d'être important;   je lui ai prêté un million : je désire avoir un corps de troupes. Faites mettre dans la gazette que la levée de la noblesse, sous les ordres du général Dombrowski, a investi Kolberg et Danzig, et borde toute la Vistule. Actuellement que l'armée est éloignée de Plock, voyez ce que l'on organise les bataillons de Plock. Je désirerais avoir l'organisation des trois légions, telle que le gouvernement l'a arrêtée, les noms des officiers, tels qu'ils ont été nommés. On a demandé l'administration 6,000 lits : c'est trop, 3,000 suffisent; d'ailleurs j'ai ordonné l'envoi de beaucoup de matelas ici. Que M. Daru se fasse remettre sous les yeux les ordres que j'ai donnés, et qu'il presse les envois. Il peut en faire venir même de Breslau. Varsovie aura assez d'objets à fournir sans ceux-là.


Willenberg, 2 février 1807.

A M. Daru

Monsieur Daru, l'urgence des circonstances m'a obligé à revenir au système des magasins. Les capotes et les souliers envoyés de Berlin ne valent rien. Les capotes de Leipzig sont ridiculement petites; j'en ai vu qui ne vont pas jusqu'aux genoux. Prescrivez des conditions pour les mesures des capotes, telles qu'on ne puisse s'en écarter, rendez les commissaires responsables des capotes et des souliers qu'ils. recevront. Les souliers, surtout ceux qu'on a donnés à Berlin, sont de la plus mauvaise qualité.


Willenberg, 2 février 1807.

Au général Clarke

 J'ai reçu la lettre que M. la Bouillerie vous a écrite en date du 21 janvier. Il est tout simple que les états de Daru et les siens ne soient pas d'accord, puisque l'un parle de recettes annoncées, l'autre de sommes réalisées. La province de Magdeburg doit rendre six millions. Le bordereau des effets trouvés est dans les mains
de l'intendant. Mon intention est de ne rien rendre, sauf sur les contributions; c'est à M. la Bouillerie à voir ce qu'il a réalisé. Cela seul fait une différence de cinq à six millions.

Pour Cassel, j'ai remplacé la contribution par la restitution des sommes placées par l'Électeur, qui se montent à seize millions. Pour Halberstadt, il y a une différence de ... mille francs sur Keberstadt; la Bouillerie approfondira cela. Il y en a une de 100,000 francs sur Brunswick; approfondir cela.

Pour la contribution extraordinaire, il est ridicule que Stettin ne verse rien; donnez les ordres les plus positifs qu'il y ait deux millions de versés avant la fin du mois. Cette partie est très-arriérée dans votre gouvernement pour la rentrée. La Silésie, la Saxe, tout le monde paye; il n'y a que la Prusse qui ne paye pas. Quant aux contributions, il est incroyable que cela ait si peu rendu. Que fait M. Estève ? Il fait des états et dort. Il doit faire le budget, mois par mois, de la monarchie prussienne. Toutes les branches du revenu ne rendent pas ce qu'elles doivent rendre : le sel, rien; l'imposition directe ne rend pas. On ne peut être plus mécontent que je le suis de son administration. Occupez-vous de cette partie importante.

Les capotes et souliers qu'on a fournis à Berlin sont très-mauvais. Faites faire la visite des magasins, et voyez quel est le commissaire des guerres qui reçoit de la si mauvaise drogue.


Passenheim, 3 février 1807, 3 heures du matin. 

Au maréchal Bessières

Mon Cousin, vous ferez partir, à quatre heures du matin, un piquet de 50 chasseurs avec deux officiers de votre état-major. Ils iront jusqu'à Allenstein. En route, du moment qu'ils entendront le canon, ils expédieront une ordonnance avec une note qui fera connaître où ils ont entendu le canon, et le nombre des coups qu'ils ont entendus. Une demi-heure après ils expédieront une autre ordonnance, pour faire connaître si la canonnade augmente. Ils auront soin de dire dans quelle direction ils l'ont entendue. Ils continueront ainsi de vous instruire, de demi-heure en demi-heure, par une ordonnance, jusqu'à Allenstein. S'ils n'entendent ni n'apprennent rien, ils vous expédieront une ordonnance à demi-chemin pour faire savoir qu'il n'y a rien de nouveau.


Passenheim, 3 février 1807, 5 heures du matin.

Au maréchal Soult, à Allenstein

Mon Cousin, partez à la pointe du jour pour vous rendre à Gusttadt. Je donne ordre au maréchal Ney de se porter sur votre gauche et d'intercepter la route d'Osterode à Guttstadt. La division Friant qui est à Mensguth, part aujourd'hui de bonne heure pour se renre à Wartenburg; le reste du corps du maréchal Davout la suit. Comme il pourrait se faire que je ne fusse point là, j'écris an grand-duc Berg de pousser en avant le division Friant, si les circonstances l'exigeaient. Le maréchal Augereau ne pourra être qu'aujourd'hui à Allenstein.

Quoique le prince se trouve avec vous, je n'en désire pas moins que vous correspondiez fréquemment avec moi. Instruisez-moi donc fréquemment, dans la journée, de tout ce qui viendra à votre connaissance; et, si vous rencontrez l'ennemi, faites-moi connaître directement ce que vous pensez de son nombre. Si vous êtes entre Guttstadt et que l'ennemi se soit retiré, envoyez-moi, comme aujourd'hui, les renseignements que vous avez pu recueillir. Recommandez à vos généraux de division de marcher serrés, en ordre, leur artillerie placée comme elle doit être, et faites-leur connaître que c'est une marche de guerre.

Éclairez bien votre gauche; faites-moi connaître si la rivière l'Alle et la rivière de la Passarge sont entièrement gelées, de manière qu'on ne doive les compter pour rien.   

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Rappelez Guyot et votre cavalerie légère. J'aimerais mieux la voir sur votre gauche.


Passenheirn, 3 février 1807, 5 heures du matin.

Au grand-duc de Berg, à Allenstein

Paszkowski n'est arrivé qu'à quatre heures du matin; il parait qu'il s'est perdu. Je me porterai de bonne heure à Alienstein. Je su pose que l'ennemi sera en marche pour se réunir à Guttstadt. J'approuve que vous partiez à la pointe du jour pour marcher à lui, éclairant bien surtout votre flanc gauche. Si vous avez pu avoir des nouvelles du maréchal Ney, mettez des postes intermédiaires pour pouvoir correspondre avec lui pendant votre marche. Je lui ai donné l'ordre de marcher entre Wartenburg et Allenstein, de manière à couper la route d'Osterode à Guttstadt.

Faites-moi connaître si la division Klein vous a rejoint.

Je donne ordre an maréchal Davout de se porter à Wartenburg; la division Friant, qui est à Mensguth, y sera de bonne heure. S'il y avait des événements pressants, vous pourriez lui envoyer des ordres. Il faut aujourd'hui tâcher de vous éclairer le plus en avant que vous pourrez, et beaucoup interroger partout où vous passerez. Il faut que les trois divisions du maréchal Soult marchent réunies et soient à portée de vous soutenir. Le maréchal Augereau ne pourra être qu'aujourd'hui à Allenstein. Ce qui serait parfait serait si le maréchal Ney pouvait un peu gagner et venait flanquer votre gauche. Je vous envoie Corbineau, que vous garderez jusqu'à ce que vous soyez entré à Guttstadt ou que vous soyez en présence d'une forte ligne. Je donne ordre qu'il ait avec lui quinze chasseurs de ma Garde. Il faut qu'il m'en expédie un avec un billet de lui au moins toutes les heures. Je ne reçois point assez de nouvelles.


Passenheim, 3 février 1807, 6 heures du matin.   

Au grand-duc de Berg, à Allenstein

Tout porte à penser que l'ennemi tâchera de se réunir à Guttstadt; il est impossible de concevoir qu'il laisse tourner son flanc gauche. Le maréchal Ney est destiné à couvrir votre gauche; je n'ai pas de nouvelles qu'il soit arrivé à Hohenstein, quoique je n'en doute pas. Écrivez-lui encore, en partant, qu'il est essentiel qu'il parte de bonne heure pour flanquer votre gauche et prendre part au combat qui peut avoir lieu aujourd'hui.

La route d'Allenstein à Osterode est-elle libre ? Si le maréchal Ney n'était point arrivé à Hohenstein, il faudrait marcher avec beaucoup plus de prudence; car si l'ennemi, au lieu de se retirer à Guttstadt, marchait de Mohrungen , Liebstadt ou d'Osterode sur Allenstein, on serait fort inquiété. Il faut donc que l'infanterie marche doucement et bien en règle, et que vous ayez vos reconnaissances de Mohrungen, Liebstadt et Osterode.

Faites-moi connaître où se trouvent les divisions Klein et d'Hautpoul; pourront-elles être aujourd'hui à Allenstein ? Faites donc bien constamment éclairer votre gauche.

Faites-moi connaître par le retour de M. de Castille  le nombre d'officiers et la force des reconnaissances que vous avez envoyés sur Mohrungen, Osterode et Liebstadt, afin que je voie si la position d'Allenstein est suffisamment garantie et si je puis en faire dépasser ma Garde pour pouvoir vous soutenir. Faites-moi connaître par la  même occasion les nouvelles du maréchal Ney, de Hohenstein.


Passenheim, 3 février 1807, 6 heures du matin

Au maréchal Davout, à Ortelsburg

Mon Cousin, l'état-major vous envoie des ordres et doit en avoir envoyé directement au général Friant de se diriger de Mensguth sur Wartenburg. Dirigez la division Morand sur Passenheim, et portez-vous-y vous-même. Faites-moi connaître l'heure à laquelle vous serez à Passenheim, afin que, si je devais changer la direction de la division Morand, je puisse le faire. Je pense que nous ne sommes pas éloigné d'une affaire. Il est possible que l'ennemi, pour se rallier, se batte aujourd'hui avec 30 ou 40,000 hommes qu'il a. Ne vous pressez pas d'envoyer la division Gudin à Mensguth; laissez-la se reposer aujourd'hui à Ortelsburg. Qu'il fasse faire la soupe et se tienne prêt à partir. Qu'il envoie seulement une avant-garde de quatre compagnies de voltigeurs à Mensguth, avec un officier intelligent qui puisse recueillir les rapports de ce qui se passerait à Bischofsburg. Qu'il fasse courir le bruit qu'il marche sur Rastenburg et Nikolaiken. D'après votre dernier rapport, il paraît qu'il n'y aurait que 3 à 4,000 hommes et deux ou trois escadrons de cavalerie à Sensburg.


Passenheim, 3 février 1807.

Au général Duroc

Rapp aurait dû me donner des nouvelles de ce que les Autrichiens disent que fait Essen. Veillez à ce que les caissons de chaque corps, à leur départ de Varsovie, soient remplis de pain et dirigés sur les corps. Il me tarde de savoir le général Oudinot à Pultusk, pour que nos communications soient bien assurées. S'il était arrivé à Varsovie deux cents hommes des dépôts de dragons, chasseurs et hussards, on pourrait en former un escadron qui servirait au général Oudinot le temps que cela serait nécessaire, et qui seraient après renvoyés à leurs corps respectifs. Dites-lui que le général Grandeau est à Myszyniec avec un régiment, deux cents chevaux et deux pièces de canon, qu'il borde la Skwa et a six cents chevaux entre Ostrolenka et Myszyniec. Il est convenable que le général Oudinot envoie dans ces deux endroits pour connaître les mouvements de l'ennemi de ce côté. Les premières mesures qu'il a à prendre sont d'abord de maintenir nos communications, de chasser les partis ennemis et se porter sur la petite rivière de l'Omulew. Après ce premier but, sa destination est de soutenir le général Savary dans ses opérations. Comme je vois, par les états, que son corps sera le 3 à Varsovie, c'est-à-dire le 5 à Pultusk, et que de Pultusk à Allenstein, où est l'armée ce soir, il y a quatre jours, il ne peut nous joindre avant le 10. Il y a quatre marches; j'aurai le temps de lui envoyer des ordres. Que sa première brigade arrivée, il la pousse sur Pultusk, et qu'avec tout son corps il soutienne Ostrolenka et le général Savary. C'est parce que je compte sur lui que j'ai retiré une division que je voulais laisser là. Faites-moi connaître ce que je puis compter des 6,000 Polonais qui sont à Varsovie. A mesure que j'avance, les troupes, même médiocres, sont utiles, pour protéger nos communications, escorter les convois, etc.


Passenheim, 3 février 1807

A M. Daru

Monsieur Daru, il ne faut pas diriger le quartier général les caissons qui appartiennent aux corps; il faut les remplir de pain et les diriger sur les corps respectifs. Il ne faut diriger sur le quartier général que les caissons qui n'appartiennent à aucun corps. Je vois par vos lettres qu'il est parti, le 31 janvier, quatre caissons portant 4,000 rations pour le 5e corps : j'imagine que vous ne les aurez pas dirigés sur le quartier général; qu'il est parti, le 29, quarante-six caissons et trente-deux voitures découvertes; le 30, quarante caissons; le 31, vingt caissons : j'imagine que vous ne comprenez point dans ce nombre de voitures celles qui appartiennent aux corps. Veillez à ce que la manutention de Modlin fasse du pain. Réitérez les ordres à Sicrock et à Pultusk, pour que les commissaires des guerres fassent partir le pain, s'il n'est déjà parti.


Passenheim, 3 février 1807

A M. Maret

Faites mettre dans le Moniteur que Sa Majesté l'Empereur est partie de Varsovie le 30 janvier, est arrivée à Pultusk le même jour à Prasznysz le 31, à Willenherg le ler février. Cela calmera l'inquiétude, jusqu'à ce que l'on puisse envoyer des nouvelles.


Passenheim. 3 février 1801

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, s'il m'arrivait des dépêches très importantes, il faudrait les garder jusqu'à ce que ceci ait pris une assiette plus décidée. Jusqu'à cette heure l'ennemi est poussé. On s'aperçoit qu'il voit notre manœuvre avec peine et qu'il voudrait l'empêcher, ce qui me ferait penser qu'il se trouve enfourné. Le bruit du pays est qu'il est de tous côtés en retraite, pour tâcher d'éviter le coup qui le menace. Si vous pouvez tirer quelques nouvelles des Russes par la Galicie, faites-les-moi passer. Il fait un beau froid d'un et deux degrés, et le temps est superbe.


Allenstein, 3 février 1807.

DISPOSITIONS GÉNÉRALES DE LA JOURNÉE POUR LE GRAND-DUC DE BERG.

Le général Grouchy avec sa division se rendra sur le chemin de Guttstadt, occupera Diwitten, enverra reconnaître sur-le-champ; Spiegelberg et rendra compte au maréchal Soult; il sera aux ordres de ce maréchal pendant toute la journée.

Le maréchal Soult commandera la droite de l'armée, se rendra avec la division Leval et la division Legrand à Diwitten, fera occuper Rosenau et choisira des chemins pour tomber sur les derrières de l'ennemi, s'il est en force sur Gettkendorf, chemin de Liebstadt; il n'attaquera cependant cette position que quand le grand-duc de Berg aura attaqué de son côté.

Le grand-duc de Berg commandera la gauche de l'armée, se rendra sur le chemin de Liebstadt, où il fera passer la division de dragons de Milhaud; la division Saint-Hilaire sera sous les ordres du grand-duc, ainsi que le corps du maréchal Ney. Il attaquera l'ennemi aussitôt qu'il croira avoir des forces suffisantes, c'est-à-dire vers une heure après midi. Le maréchal Ney est destiné à rester à la gauche. Aussitôt que l'ennemi sera débusqué de Gettkendorf, le maréchal Ney tiendra la tête et le poussera plusieurs lieues. La division Saint-Hilaire restera alors en réserve à Gettkendorf.


Schlitt, 5 février 1807

A M. Cambacérès

Mon Cousin, je suis à la poursuite de l'armée russe. Je l'ai dépostée de toutes ses positions. Je vais la jeter an delà du Niémen. Le temps que nous avons est magnifique. Il est inutile de donner aucune nouvelle; il suffit de dire que tout va bien. On vous enverra demain un bulletin. 


Arensdorf, 5 février 1807.

56e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.

Après le combat de Mohrungen, où elle avait été battue et mise en déroute, l'avant-garde de l'armée russe se retira sur Liebstadt ; mais le surlendemain, 27 janvier, plusieurs divisions russes la joignirent, et toutes étaient en marche pour porter le théâtre de la guerre sur le bas de la Vistule.

Le corps du général Essen, accouru du fond de la Moldavie, où il était d'abord destiné à servir contre les Turcs, et plusieurs régiments qui étaient en Russie, mis en marche depuis quelque temps des extrémités de ce vaste empire, avaient rejoint les corps d'armée.

L'Empereur donna ordre au prince de Ponte-Corvo de battre en retraite, et de favoriser les opérations offensives de l'ennemi en l'attirant sur le bas de la Vistule. Il ordonna en mêrne temps la levée de ses quartiers d'hiver.

Le 5e corps, commandé par le général Savary, le maréchal Lannes étant malade, se trouva réuni le 31 janvier à Brok, devant tenir en échec le corps du général Essen cantonné sur le haut Bug.

Le 3e corps se trouva réuni à Myszyniec; le 4e corps, à Willenberg; le 6e corps, à Gilgenburg; le 7e corps, à Neidenbur8.

L'Empereur partit de Varsovie et arriva le 31 au soir à Willenberg. Le grand-duc s'y était rendu depuis deux jours et y avait réuni toute sa cavalerie.

Le prince de Ponte-Corvo avait successivement évacué Osterode, Loebau , et s'était jeté sur Strasburg.

Le maréchal Lefebvre avait réuni le 10e corps à Thorn, pour la défense de la gauche de la Vistule et de cette ville.

Le 1er février, on se mit en marche. On rencontra à Passenheim l'avant-garde ennemie, qui prenait l'offensive et se dirigeait déjà sur Willenberg. Le grand-duc, avec plusieurs colonnes de cavalerie, la fit charger et entra de vive force dans la ville.

Le corps du maréchal Davout se porta à Ortelsburg.

Le 2, le grand-duc de Berg se porta à Allenstein avec le corps du maréchal Soult.

Le corps du maréchal Davout marcha sur Wartenburg.

Les corps des maréchaux Augereau et Ney arrivèrent dans la journée du 3 à Allenstein.

Le 3 au matin, l'armée ennemie, qui avait rétrogradé en toute hâte, se voyant tournée par son flanc gauche et jetée sur cette Vistule qu'elle s'était tant vantée de vouloir passer, parut rangée en bataille, la gauche appuyée au village de Montken, le centre à Jonkowo, couvrant la grande route de Liebstadt.

COMBAT DE BERGFRIEDE

L'Empereur se porta au village de Gettkendorf, et plaça en bataille le corps du maréchal Ney sur la gauche, le corps du maréchal Augereau au centre et le corps du maréchal Soult à la droite; la Garde impériale en réserve. Il ordonna au maréchal Soult de se porter sur le chemin de Guttstadt et de s'emparer du pont de Bergfriede, pu déboucher sur les derrières de l'ennemi avec tout son corps d'armée; manœuvre qui donnait à cette bataille un caractère décisif. Vaincu, l'ennemi était perdu sans ressource.

Le maréchal Soult envoya le général Guyot, avec sa cavalerie légère, s'emparer de Guttstadt, où il prit une grande partie du bagage de l'ennemi, et fit successivement 1,600 prisonniers russes. Guttstadt était son centre de dépôt. Mais au même moment le maréchal Soult se portait sur le pont de Bergfriede avec les divisions Leval et Legrand. L'ennemi, qui sentait que cette position importante protégeait la retraite de son flanc gauche, défendait ce pont avec douze de ses meilleurs bataillons. A trois heures après midi, la canonnade s'engagea, Le 4e régiment de ligne et le 24e d infanterie légère eurent la gloire d'aborder les premiers l'ennemi. Ils soutinrent leur vieille réputation. Ces deux régiments seuls et un bataillon du 28e en réserve suffirent pour débusquer l'ennemi , passèrent au pas de charge le pont, enfoncèrent les douze bataillons russes, prirent quatre pièces de canon, et couvrirent le champ de bataille de morts et de blessés. Le 46e et le 55e, qui formaient la seconde brigade, étaient derrière impatients de se déployer; mais déjà l'ennemi en déroute abandonnait, épouvanté, toutes ses belles positions; heureux présage pour la journée du lendemain.

Dans le même temps, le maréchal Ney s'emparait d'un bois où l'ennemi avait appuyé sa droite; la division Saint-Hilaire s'emparait du village du centre, et le grand-duc de Berg, avec une division de dragons placée par escadrons au centre, passait le bois et balayait la plaine, afin d'éclaircir le devant de notre position. Dans ces petites attaques partielles, l'ennemi fut repoussé et perdit une centaine de prisonniers. La nuit surprit ainsi les deux armées en présence.

Le temps est superbe pour la saison; il y a trois pieds de neige, et le thermomètre est à deux ou trois degrés de froid.

A la pointe du jour du 4, le général de cavalerie légère Lasalle battit la plaine avec ses hussards. Une ligne de Cosaques et de cavalerie ennemie vint sur-le-champ se placer devant lui. Le grand-duc de Berg forma en ligne sa cavalerie et marcha pour reconnaître l'ennemi. La canonnade s'engagea; mais bientôt on acquit la certitude que l'ennemi avait profité de la nuit pour battre en retraite, et n'avait laissé qu'une arrière-garde. De la droite, de la gauche et du centre, on marcha à elle, et elle fut menée battant pendant six lieues. La cavalerie ennemie fut culbutée plusieurs fois; mais les difficultés d'un terrain montueux et inégal s'opposèrent aux efforts de la cavalerie. Avant la fin du jour, l'avant-garde française vint coucher à Deppen. L'Empereur coucha à Schlitt.

Le 5, à la pointe du jour, toute l'armée française fut en mouvement. A Deppen, l'Empereur reçut le rapport qu'une colonne ennemie n'avait pas encore passé l'Alle, et se trouvait ainsi débordée par notre gauche, tandis que l'armée russe rétrogradait toujours sur les routes d'Arensdorf et de Landsberg. Sa Majesté donna l'ordre au grand-duc de Berg et aux maréchaux Soult et Davout de poursuivre l'ennemi dans cette direction. Elle fit passer l'Alle au corps du maréchal Ney, avec la division de cavalerie légère du général Lasalle et une division de dragons, et lui donna l'ordre d'attaquer le corps ennemi qui se trouvait coupé.

COMBAT DE WALTERSDORF.

Le grand-duc de Berg, arrivé sur la hauteur de Waltersdorf, se trouva en présence de 8 à 9,000 hommes de cavalerie. Plusieurs charges successives eurent lieu, et l'ennemi fit sa retraite.

COMBAT DE DEPPEN.

Pendant ce temps, le maréchal Ney se canonnait et était aux prises avec le corps ennemi qui était coupé. L'ennemi voulut un moment essayer de forcer le passage; mais il vint trouver la mort au milieu de nos baïonnettes. Culbuté au pas de charge et mis dans une déroute complète, il abandonna canons, drapeaux et bagages. Les autres divisions de ce corps, voyant le sort de leur avant-garde, battirent en retraite. A la nuit, nous avions déjà fait plusieurs milliers de prisonniers et pris seize pièces de canon.

Cependant, par ces mouvements, la plus grande partie des communications de l'armée russe ont été coupées. Ses dépôts de Guttstadt et de Liebstadt, et une partie de ses magasins de l'Alle, avaient été enlevés par notre cavalerie légère.

Notre perte a été peu considérable dans tous ces petits combats; elle se monte à 80 ou 100 morts et à 3 ou 400 blessés. Le général Gardane, aide de camp de l'Empereur et gouverneur des pages, a eu une forte contusion à la poitrine. Le colonel du 4e régiment de dragons a été grièvement blessé. Le général de brigade Latour-Maubourg a été blessé d'une balle dans le bras. L'adjudant-commandant Lauberdière, chargé du détail des hussards, a été blessé dans une charge. Le colonel du 4e régiment de ligne a été blessé.


Arensdorf, 6 février 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, nos affaires vont ici au mieux. Un corps de 20,000 hommes a été coupé. L'armée russe fuit sans savoir où elle va, et dans le plus grand désordre : artillerie, bagages, magasins, tombent en notre pouvoir. Toute ma crainte est que le corps coupé ne soit un corps de Prussiens.


Arensdorf, 6 février 1807

Au général Chasseloup

La nouvelle position de l'armée me rend plus importants les ouvrages de Sierock et de Praga; réitérez vos ordres pour qu'on les accélère et qu'on y travaille de tous les moyens.


Arensdorf, 6 février 1807

A M. Daru

Monsieur Daru, j'ai ordonné que les prisonniers fussent dirigés sur Thorn. J'ai ordonné que tous les blessés y fussent également dirigés. Envoyez un ordonnateur dans cette ville, et prenez des mesures pour y établir des hôpitaux pour 2,000 malades et blessés. Il est inutile d'augmenter les hôpitaux de Varsovie; il n'y aura jamais plus de monde qu'il y en a actuellement; cela ira au contraire en diminuant.

Faites transporter à Thorn tous les magasins de Bromberg, et faites-y organiser une manutention capable de cuire 50,000 rations.

Je vous ai déjà mandé, cette nuit, de ne plus envoyer ni pain, ni viande, ni aucune espèce de vivres à l'armée, hormis au 5e corps et à la division du général Oudinot, qui encore peuvent se nourrir de la manutention de Pultusk.

Faites faire 25 à 30,000 rations de biscuit par jour, et remplissez vos magasins. Vous ne devez pas vous dissimuler que, de tout ce que vous avez envoyé à l'armée, rien n'y est arrivé, parce que l'armée a toujours marché, au lieu que, si tout cela avait pu partir en même temps que l'armée, elle eût été abondamment nourrie. C'est donc un million de biscuit qu'il faut avoir à pouvoir distribuer du soir au lendemain. Il n'y aura d'utile pour l'armée que les 38,000 rations qu'a apportées la Garde, parce qu'elles sont parties avec elle.


Arensdorf, près Liebstadt, 6 février 1807

Au prince Jérôme

Mon Frère, l'ennemi est en pleine déroute. Nous avons coupé un corps de 20,000 hommes. Nous allons rejeter l'ennemi au delà du Niémen. Il y a des partisans qui arrêtent nos convois, du côté de Meseritz. Envoyez le général Lefebvre avec 300 chevaux, en prenant ceux qui sont le plus près de Glogau et autres endroits, pour battre le pays.


Preussich-Eylau, 7 février 1807

57e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.

Le 6 au matin, l'armée se mit en marche pour suivre l'ennemi: le grand-duc de Berg, avec le corps du maréchal Soult, sur Landsberg le corps du maréchal Davout, sur Heilsberg, et celui du maréchal Ney, sur Wormditt, pour empêcher le corps coupé à Deppen de s'élever.

COMBAT DE HOF.

Arrivé à Glandau, le grand-duc de Berg rencontra l'arrière-garde ennemie, et la fit charger entre Glandau et Hof. L'ennemi déploya plusieurs lignes de cavalerie qui paraissaient soutenir cette arrière garde, composée de douze bataillons, ayant le front sur les hauteur de Landsberg. Le grand-duc de Berg fit ses dispositions. Après différentes attaques sur la droite et sur la gauche de l'ennemi appuyées à un mamelon et à un bois, les dragons et les cuirassiers de la division du général d'Hautpoul firent une brillante charge, culbutèrent et mirent en pièces deux régiments d'infanterie russe. Les colonels, le drapeaux, les canons et la plupart des officiers et soldats furent pris L'armée ennemie se mit en mouvement pour soutenir son arrière garde. Le maréchal Soult était arrivé; le maréchal Augereau pris position sur la gauche, et le village de Hof fut occupé. L'ennemi sentit l'importance de cette position, et fit marcher dix bataillons pour la reprendre. Le grand-duc de Berg fit exécuter une seconde charge par les cuirassiers, qui les prirent en flanc et les écharpèrent. Ces manœuvres sont de beaux faits d'armes, et font le plus grand honneur à ces intrépides cuirassiers. Cette journée mérite une relation particulière. Une partie des deux armées passa la nuit du 6 au 7 en présence. L'ennemi fila pendant la nuit.

A la pointe du jour, l'avant-garde française se mit en marche, et rencontra l'arrière-garde ennemie entre le bois et la petite ville d'Eylau. Plusieurs régiments de chasseurs à pied ennemis qui la défendaient furent chargés et en partie pris. On ne tarda pas à arriver à Eylau et à reconnaître que l'ennemi était en position derrière cette ville.


(date incertaine)

A Marie Walewska

La bataille a duré deux jours et nous sommes restés maîtres du terrain. Mon cœur est avec toi; s'il dépendait de lui, tu serais citoyenne d'un pays libre. Souffres-tu comme moi de notre éloignement? J'ai le droit de le croire; c'est si vrai que je désire que tu retournes à Varsovie ou à ton château; tu es trop loin de moi. Aime-moi, ma douce, et aie foi en ton N.

(in Claude Dufraisne - Marie Walewska)


Eylau , 9 février 1807

Au général Duroc

Il y a eu hier à Preussich-Eylau une bataille fort sanglante. Le champ de bataille nous est resté, mais, si on a de part et d'autre perdu beaucoup de monde, mon éloignement me rend ma perte plus sensible. Corbineau a été enlevé par un boulet; le maréchal Augereau a été légèrement blessé; d'Hautpoul, Heudelet, quatre ou cinq autres généraux ont été blessés.

Il deviendra bientôt nécessaire que le quartier général se réunisse à Thorn. Il faut que l'intendant général fasse arrêter sur Küstrin et Posen les convois d'argent qui n'auraient point passé; car il est possible que, pour avoir des quartiers d'hiver tranquilles à l'abri des Cosaques et de cette nuée de troupes légères, je me porte à la rive gauche de la Vistule.

Il est aussi important que l'intendant avise à des moyens de subsistance à Bromberg et à Thorn.


Eylau, 9 février 1807

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, il est deux heures du matin; je suis fatigué; je ne puis vous écrire qu'un mot. Le maréchal Duroc vous fera part de la victoire remportée hier sur l'armée russe.

Quant à la communication qu'a faite le roi de Prusse, je pense qu'on pourrait lui répondre en ce sens : que j'accepte les ouvertures faites pour mettre un terme à la guerre; que, loin d'élever aucune espèce de difficulté sur le lieu, le point le plus naturel me paraît être le point intermédiaire; que je propose Memel même; que j'y enverrai des plénipotentiaires aussitôt qu'on me fera connaître que la Prusse et la Russie en ont nommé.


Eylau, 9 février 1807, 3 heures du matin 

A l'Impératrice

 Mon amie, il y a eu hier une grande bataille; la victoire m'est restée, mais j'ai perdu bien du monde; la perte de l'ennemi, qui est plus considérable encore, ne me console pas. Enfin je t'écris ces deux lignes moi-même, quoique je sois bien fatigué, pour te dire que je suis bien portant et que je t'aime.

Tout à toi.

NAPOLÉON.


Eylau, 9 février 1807

A M. Cambacérès

Mon Cousin, le temps devient rigoureux. J'ai eu hier une bataille où la victoire m'est restée, mais j'ai perdu du monde. Du reste, vous verrez tous ces détails par le bulletin, qui est exact.


Eylau, 9 février 1807, 5 heures du soir

A M. de Talleyrand

Monsieur le Prince de Bénévent, je crois que l'on n'a pas encore fait de bulletin; mais voici la note que vous pourrez mettre dans les journaux de Varsovie et envoyer à Constantinople et à Vienne.

Dites à Lemarois que son frère a été tué, qu'il s'est conduit bravement. Corbineau a été enlevé d'un boulet. D'Hautpoul est blessé dangereusement. Ma Garde à cheval s'est couverte de gloire; elle a eu 150 blessés et 40 tués; le général Dalhmann, qui commande les chasseurs, a été blessé. L'affaire a été fort chaude, fort animée et assez chanceuse.

Je crois vous avoir écrit déjà dans la nuit ce que je désirais que vous répondissiez au roi de Prusse.


Eylau, 9 février 1807, à 5 heures du soir 

A M. de Cambacérès

Mon Cousin, la bataille d'Eylau aura probablement des résultats heureux pour la décision de ces affaires-ci. L'ennemi s'est retiré en pleine déroute, pendant la nuit, à une marche d'ici. Différents détachements de cavalerie sont à ses trousses. Les résultats en seront 40 pièces de canon et 12,000 prisonniers. On a évalué la perte de l'ennemi à 10,000 blessés et à 4,000 morts; ce n'est pas exagérer. Malheureusement notre perte est assez forte, surtout en gens de marque. Je l'évalue à 1,500 tués et à 4,000 blessés. Si le bulletin n'était pas arrivé, faites mettre dans le Moniteur qu'une grande bataille a eu lieu dans la vieille Prusse, que l'armée russe a été mise dans une déroute complète. 40 pièces de canon, 16 drapeaux et 10 ou 12,000 prisonniers, sont le résultat de cette action , qui a eu lieu le 8 février, et qui est une des plus mémorables de la guerre.


Eylau, 9 février 1807, 5 heures du soir

Au général Clarke

Je profite du courrier que j'envoie à Paris pour vous faire connaître le résultat de la bataille d'Eylau, qui nous a coûté du monde. L'ennemi a éprouvé une horrible boucherie. Il a passé toute la nuit sans pouvoir se rallier. Il est déjà à une marche de nous. Il a perdu 35 à 40 pièces de canon, 10 drapeaux et 10,000 blessés. Porter sa perte à 30,000 hommes, c'est plutôt la diminuer que l'exagérer.


Eylau, 9 février 1807. 6 heures du soir

A l'Impératrice

Je t'écris un mot, mon amie, afin que tu ne sois pas inquiète. L'ennemi a perdu la bataille, 40 pièces de canon, 10 drapeaux, 12,000 prisonniers; il a horriblement souffert. J'ai perdu du monde, 1,600 tués, 3 à 4,000 blessés.

Ton cousin Tascher se porte bien; je l'ai appelé près de moi avec le titre d'officier d'ordonnance.

Corbineau a été tué d'un obus. Je m'étais singulièrement attaché à cet officier qui avait beaucoup de mérite; cela me fait de la peine. Ma Garde à cheval s'est couverte de gloire. Dahlmann est blessé dangereusement. Adieu, mon amie.

Tout à toi.


Eylau, 9 février 1807

Au général d'Hauptoul

Monsieur le Général d'Hautpoul, j'ai été extrêmement touché de lettre que vous m'avez écrite. Votre blessure n'est pas de nature à priver votre fils de vos soins. Vous vivrez encore pour charger à la tête de votre intrépide division et vous couvrir d'une nouvelle gloire. Vous et vos enfants vous pouvez compter sur l'intérêt que je vous porte.


 Eylau, 9 février 1807

Au général Duroc

Si les événements qui viennent de se passer ne portent pas le général Essen à s'éloigner, il est convenable que vous écriviez au prince Jérôme de mettre en marche une division bavaroise de 8 à 10,000 hommes sur Varsovie; il recevra en attendant mes ordres. Pressez l'arrivée du contingent saxon à Posen.


Preussich-Eylau, 9 février 1807

58e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE.

COMBAT D'EYLAU

A un quart de lieue de la petite ville de Preussich-Eylau est un plateau qui défend le débouché de la plaine. Le maréchal Soult ordonna au 46e et au 18e régiment de ligne de l'enlever. Trois régiments qui le défendaient furent culbutés. Mais au même moment, une colonne de cavalerie russe chargea l'extrémité de la gauche du 18e et mit en désordre un de ses bataillons; les dragons de la division Klein s'en aperçurent à temps. Les troupes s'engagèrent dans la village d'Eylau. L'ennemi avait placé dans une église et un cimetière plusieurs régiments. Il fit là une opiniâtre résistance; et, après un combat meurtrier de part et d'autre, la position fût enlevée à dix heures soir. La division Legrand prit ses bivouacs au-devant de la ville, et la division Saint-Hilaire à la droite. Le corps du maréchal Augereau se plaça sur la gauche. Le corps du maréchal Davout avait, dès la veille, marché pour déborder Eylau et tomber sur le flanc gauche de l'ennemi, s'il ne changeait pas de position. Le maréchal Ney était en marche pour le déborder sur son flanc droit. C'est dans cette position que la nuit se passa.

BATAILLE D'EYLAU

A la pointe du jour, l'ennemi commença l'attaque par une vive canonnade sur la ville d'Eylau et sur la division Saint-Hilaire.

L'Empereur se porta à la position de l'église que l'ennemi avait tant défendue la veille. Il fit avancer le corps du maréchal Augereau, et fit canonner le monticule par quarante pièces d'artillerie de sa Garde. Une épouvantable canonnade s'engagea de part et d'autre.

L'armée russe, rangée en colonnes, était à demi-portée de canon : tout coup frappait. Il parut un moment, aux mouvements de l'ennemi, qu'impatienté de tant souffrir il voulait déborder notre gauche. Au même moment, les tirailleurs du maréchal Davout se firent entendre et arrivèrent sur les derrières de l'armée ennemie. Le corps du maréchal Augereau déboucha en même temps en colonnes, pour se porter sur le centre de l'ennemi, et, partageant ainsi son attention, l'empêcher de se porter tout entier contre le corps du maréchal Davout; la division Saint-Hilaire déboucha sur la droite, l'un et l'autre devant manœuvrer pour se réunir au maréchal Davout. A peine le corps du maréchal Augereau et la division Saint-Hilaire eurent-ils débouché, qu'une neige épaisse, et telle qu'on ne distinguait pas à deux pas, couvrit les deux armées. Dans cette obscurité, le point de direction fut perdu, et les colonnes, s'appuyant trop à gauche, flottèrent incertaines. Cette désolante obscurité dura une demi-heure. Le temps s'étant éclairci, le grand-duc de Berg à la tête de la cavalerie, et soutenu par le maréchal Bessières à la tête de la Garde, tourna la division Saint-Hilaire et tomba sur l'armée ennemie; manœuvre audacieuse s'il en fut jamais, qui couvrit de gloire la cavalerie, et qui était devenue nécessaire dans la circonstance où se trouvaient nos colonnes. La cavalerie ennemie, qui voulut s'opposer à cette manœuvre, fut culbutée; le massacre fut horrible, Deux lignes d'infanterie russe furent rompues; la troisième ne résista qu'en s'adossant à un bois. Des escadrons de la Garde traversèrent deux fois toute l'armée ennemie.

Cette charge brillante et inouïe, qui avait culbuté plus de 20,000 hommes d'infanterie et les avait obligés à abandonner leurs pièces, aurait décidé sur-le-champ la victoire, sans le bois et quelques difficultés de terrain. Le général de division d'Hautpoul fut blessé d'un biscaïen. Le général Dahlmann, commandant les chasseurs de la Garde, et un bon nombre de ses intrépides soldats, moururent avec gloire. Mais les 100 dragons, cuirassiers on soldats de la Garde que l'on trouva sur le champ de bataille, on les y trouva environnés de plus de 1,000 cadavres ennemis. Cette partie du champ de bataille fait horreur à voir.

Pendant ce temps, le corps du maréchal Davout débouchait derrière l'ennemi. La neige, qui, plusieurs fois dans la journée, obscurcit le temps, retarda aussi sa marche et l'ensemble de ses colonnes.

Le mal de l'ennemi est immense; celui que nous avons éprouvé est considérable. Trois cents bouches à feu ont produit la mort de part et d'autre pendant douze heures. La victoire, longtemps incertaine, fut décidée et gagnée lorsque le maréchal Davout déboucha sur le plateau et déborda l'ennemi, qui, après avoir fait de vains efforts pour le reprendre, battit en retraite. Au même moment, le corps du maréchal Ney débouchait par Althof sur la gauche, et poussait devant lui le reste de la colonne prussienne échappée au combat de Deppen. Il vint se placer le soir au village de Schmoditten; et par là l'ennemi se trouva tellement serré entre les corps des maréchaux Ney et Davout, que, craignant de voir son arrière-garde compromise, il résolut, à huit heures du soir, de reprendre le village de Schmoditten. Plusieurs bataillons de grenadiers russes, les seuls qui n'eussent pas donné, se présentèrent à ce village; mais le 6e régiment d'infanterie légère les laissa approcher à bout portant et les mit dans une entière déroute. Le lendemain, l'ennemi a été poursuivi jusqu'à la rivière de Frisching. Il se retire au delà de la Pregel. Il a abandonné sur le champ de bataille 16 pièces de canon et ses blessés. Toutes les maisons des villages qu'il a parcourus la nuit en sont remplies.

Le maréchal Augereau a été blessé d'une balle. Les généraux Desjardins, Heudelet, Lochet, ont été blessés. Le général Corbineau a été enlevé par un boulet. Le colonel Lacué, du 63e, et le colonel Lemarois, du 43e, ont été tués par des boulets. Le colonel Bouvières du 11e régiment de dragons, n'a pas survécu à ses blessures. Tous sont morts avec gloire. Notre perte se monte exactement à 1,900 mort: et 5,700 blessés, parmi lesquels un millier, qui le sont grièvement seront hors de service. Tous les morts ont été enterrés dans la journée du 10. On a compté sur le champ de bataille 7,000 Russes.

Ainsi l'expédition offensive de l'ennemi, qui avait pour but de se porter sur Thorn en débordant la gauche de la Grande Armée, lui  a été funeste : 12 à 15,000 prisonniers, autant d'hommes hors de combat, 18 drapeaux, 45 pièces de canon, sont les trophées trop chèrement payés sans doute par le sang de tant de braves.

De petites contrariétés de temps, qui auraient paru légères dans toute autre circonstance, ont beaucoup contrarié les combinaisons du général francais. Notre cavalerie et notre artillerie ont fait des merveilles. La Garde à cheval s'est surpassée; c'est beaucoup dire. La Garde à pied a été toute la journée l'arme au bras, sous le feu d'un épouvantable mitraille, sans tirer un coup de fusil ni faire aucun mouvement; les circonstances n'ont point été telles qu'elle ait dû donner. La blessure du maréchal Augereau a été aussi un accident défavorable, en laissant, pendant le plus fort de la mêlée, son corps d'armée sans chef capable de le diriger.

Ce récit est l'idée générale de la bataille. Il s'est passé des faits qui honorent le soldat français ; l'état-major s'occupe de les recueillir.

La consommation en munitions à canon a été considérable; elle a été beaucoup moindre en munitions d'infanterie.

L'aigle d'un des bataillons du 18e régiment ne s'est pas retrouvée; elle est probablement tombée entre les mains de l'ennemi. On ne peut en faire un reproche à ce régiment : c'est, dans la position où il se trouvait, un accident de guerre; toutefois l'Empereur lui en rendra une autre lorsqu'il aura pris un drapeau à l'ennemi.

Cette expédition est terminée, l'ennemi battu et rejeté à cent lieues de la Vistule. L'armée va reprendre ses cantonnements et rentrer dans ses quartiers d'hiver.


Eylau, 12 février 1807

NOTE POUR LE PRINCE DE BÉNÉVENT.

Le ministre des relations extérieures enverra le bulletin, par un courrier extraordinaire, au général Andréossy, qu'il chargera de le faire passer à Constantinople. Il lui réitérera l'ordre d'envoyer un officier à Widdin, pour être centre de correspondance entre Constantinople, la Dalmatie et Varsovie. On donnera de l'argent à cet officier pour qu'il expédie fréquemment des courriers, afin de mettre une grande activité dans cette correspondance.

M. le prince de Bénévent écrira aussi au général Sebastiani pour lui faire connaître la belle position de l'Empereur et l'intention où est Sa Majesté de rejeter les Russes bien loin.

Il écrira aussi à cet ambassadeur que Sa Majesté ne serait pas éloignée d'envoyer, de la Dalmatie à Widdin, 25,000 hommes, si elle était assurée des vivres et s'il y avait là une bonne armée turque. Mais cela ne peut se faire que sur la demande de la Porte et avec un traité bien libellé.


Eylau, 11 février 1801, 3 heures du matin

A l'Impératrice

Je t'écris un mot, mon amie; tu dois avoir été bien inquiète. J'ai battu l'ennemi dans une mémorable journée, mais qui m'a coûté bien des braves. Le mauvais temps qu'il fait me porte à prendre mes cantonnements.

Ne te désole pas, je te prie; tout cela finira bientôt, et le bonheur de te voir me fera promptement oublier mes fatigues. Au reste, je n'ai jamais été si bien portant.

Le petit Tascher, du 4e de ligne, s'est bien comporté; il a eu une rude épreuve. Je l'ai appelé près de moi ; je l'ai fait officier d'ordonnance; ainsi, voilà ses peines finies. Ce jeune homme m'intéresse.

Adieu, ma bonne amie; mille et mille baisers.

NAPOLÉON


Eylau, 11 février 1807

Au général Duroc

Monsieur le Général Duroc, il ne faut pas envoyer à l'armée des farines sur des voitures venant de Breslau, parce qu'alors elles restent en chernin. C'est trop exiger des gens. D'ailleurs, nos derrières sont assez approvisionnés.


Eylau, 12 février 1807 (L'original de cette note est en entier de la main de l'Empereur, mais la date en est présumée.)

NOTE

On a trouvé à l'armée que le bulletin de la bataille d'Eylau avait exagéré nos pertes et qu'il était moins avantageux qu'il ne l'aurait dû être à l'armée. L'Empereur a dit à cette occasion : "Un père qui perd ses enfants ne goûte aucun charme de la victoire. Quand le cœur parle, la gloire même n'a plus d'illusions".


Preussich-Eylau, 12 février 1807

A l'Impératrice

Je t'envoie une lettre du général Darmagnac. C'est un fort bon soldat qui commandait le 32e. Il m'est fort attaché. Si cette Mme de Richemont est riche et que ce soit un bon parti, je verrai ce mariage avec plaisir. Fais-le connaître à l'un et à l'autre.


Eylau, 12 février 1807

A M. Cambacérès

Mon Cousin, depuis le 58e bulletin, il ne s'est rien passé de nouveau. L'ennemi se retire toujours derrière la Pregel. Dans peu de jours, je vais mettre mon armée en quartiers d'hiver. Tout ce qui revient des détails de la bataille est que la perte de l'ennemi a été triple de la nôtre, et la nôtre a été considérable, comme vous l'avez vu.


Eylau, 12 février 1807

Monsieur le Prince de Bénévent, je n'ai pas de nouvelles de vous depuis plusieurs jours. J'ai reçu les lettres de Constantinople et de Vienne que vous m'avez envoyées.

La perte de l'ennemi a été énorme. La mienne n'a été que trop considérable; telle qu'elle est évaluée dans le bulletin, elle est plutôt exagérée qu'atténuée.

Je pense que vous avez envoyé le bulletin à Vienne et à Constantinople.

Le temps se met au dégel. Je me porte on ne peut pas mieux.


Eylau, 12 février 1807

Au maréchal Berthier

Mon Cousin, donnez l'ordre au général Chasseloup de faire reconnaître par des officiers du génie la rivière de la Passarge, depuis les lacs de Hohenstein jusqu'à la mer. Donnez-lui l'ordre également de reconnaître un emplacement pour jeter un pont du côté de Marienwerder, et de choisir un local où l'on puisse établir une bonne tête de pont. Si la pointe de la presqu'île de Montau pouvait servir pour cet objet, cela pourrait être de quelque utilité. Il faut que le commandant du génie fasse reconnaître le pays de Marienwerder jusqu'à la mer, ainsi que les différentes embouchures de la Vistule dans la mer. Vous lui ferez connaître également que mon intention est de pousser vigoureusement le siège de Danzig, et qu'il est surtout très-important d'achever les fortifications de Thorn, de Sierock, de Praga et de Modlin.

Donnez l'ordre aux marins de la Garde de se rendre à Thorn, ainsi qu'aux pontonniers de la Garde; ces pontonniers sont toujours du côté de Varsovie. Donnez l'ordre au général d'artillerie de diriger tous les pontons de l'armée sur Osterode, et de reconnaître, de concert avec le génie, un point du côté de Marienwerder pour jeter un pont sur la Vistule. Donnez également l'ordre au général de l'artillerie de préparer tous les moyens, en personnel et en matériel, pour pousser vigoureusement le siège de Danzig, mon intention étant de placer mon armée de manière à protéger le siège de cette place, qu'il est instant de prendre avant tout.


Eylau, 12 février 1807

A M. Daru

Monsieur Daru, le résultat de la bataille d'Eylau m'a donné 6,000 blessés. Je les ai fait évacuer sur Thorn. Mon intention est qu'à Thorn, Bromberg, Guesen, Posen, il soit établi des hôpitaux pour les malades; c'est dans la direction de l'Oder qu'on doit les placer. Mes hôpitaux de Varsovie doivent diminuer. Mon intention n'est pas d'y avoir plus de 2,000 malades. Il n'en faut rien évacuer, ni empêcher qu'aucun malade soit dirigé sur ce point.

Comme la ligne de communication de l'armée passera par Thorn et non par Varsovie, il faut que les souliers et effets d'habillement soient dirigés désormais sur Posen et Thorn.

Faites diriger de Posen, et même de Glogau, du biscuit et des farines sur Thorn. Faites redoubler les fabrications de Küstrin et Stettin, pour les diriger également sur ce point. On peut aussi faire des établissements le long de la gauche de la Vistule, du côté de Danzig, mon intention étant de mettre mon armée en quartiers et la disposer de la manière suivante : un corps à Bromberg, un autre à Liebstadt, un autre à Elbing, un autre à Osterode; la cavalerie sera en colonne depuis Thorn jusqu'à Osterode. Le 10e corps assiégera Danzig et Graudenz. Le grand quartier général sera à Thorn. Un corps occupera Varsovie, Pultusk, Sierock, ainsi que toute l'armée polonaise, que je veux concentrer sur ce point, afin que le gouvernement puisse la diriger.

Je vous fais connaître ces dispositions générales afin que vous puissiez faire tous les préparatifs pour l'organisation de ces établissements. Par ce moyen, les communications de mon armée, depuis Magdeburg jusqu'à Bromberg, se feront par des canaux. Ces dispositions ont pour but de couvrir le siège de Danzig et de Colberg, dont il est important que je m'empare avant de faire d'autres opérations. Il est donc nécessaire que vous donniez des ordres pour que tout ce qui arrivera à Posen soit dirigé dans ce sens, conformément aux nouvelles dispositions que je dois prendre.


Eylau, 12 février 1807

Au général Duroc

Les bulletins vous auront instruit de ce qui s'est passé. L'ennemi continue toujours sa retraite. La tête des convois de pain commence à nous arriver, ce qui nous fait grand bien, car la pénurie des subsistances se faisait sentir.

J'imagine que Savary et Oudinot manœuvrent pour pouvoir, dans tous les cas, couvrir Varsovie.

Je n'ai pas de nouvelles du maréchal Mortier, et je suis en retard pour un courrier de Paris.


Eylau, 12 février 1807

Au maréchal Lannes

Je reçois votre lettre du 10 février. Je conçois toute la peine que vous éprouvez; mais il faut surmonter toute l'inquiétude que vous pouvez avoir, pour guérir promptement.

Nous avons eu une affaire fort chaude. La canonnade a fait de part et d'autre un mal épouvantable. Nous sommes restés douze heures nous mitraillant sans coups de fusil. L'ennemi a laissé sur le champ de bataille 4,000 cadavres; nous en avons laissé 12 ou 1500. Il nous a laissé 16 pièces de canon et quelques drapeaux. Il est actuellement réuni sur la Pregel. Augereau était malade à ne pas pouvoir monter à cheval; il a voulu s'y trouver, par zèle; mais, à la guerre, il faut de la santé, puisqu'il faut rester une partie de la nuit à cheval pour pouvoir connaître à ses affaires. Pensez donc à vous guérir, afin de pouvoir reprendre votre commandement dans une quinzaine.


Eylau, 12 février 1807

Au général Clarke, à Berlin

Vous aurez reçu les bulletins, qui vous auront fait connaître les événements qui se sont passés. L'ennemi se retire au delà de la Pregel, et je vais mettre mon armée en cantonnements. Le temps est au dégel.

Il y a des partisans qui arrêtent mes courriers; envoyez donc quelques colonnes de 100 hommes de cavalerie et de 3 ou 400 hommes d'infanterie pour nettoyer le pays et les mettre à la raison. Indépendamment du colonel Lambert, choisissez un officier de même force et donnez-leur à chacun 200 hommes d'infanterie et 100 chevaux pour se porter du côté de l'Oder et en chasser les partisans. J'écris au prince Jérôme d'en envoyer autant du côté de Krossen.


Eylau, 12 février 1807

Au général Lacuée

Votre neveu est mort sur le champ de bataille à la tête de son régiment. Un boulet l'a frappé; il n'a point souffert. C'était un officier distingué que je regrette vivement.


Camp impérial d'Eylau, 13 février 1807

Au roi de Prusse

Monsieur mon Frère, j'envoie près de Votre Majesté le général Bertrand, mon aide de camp, qui a toute ma confiance. Il lui dira des choses qui, j'espère, lui seront agréables. Qu'elle croie que moment est le plus beau de ma vie; je me flatte qu'il sera l'époque d'une amitié durable entre nous.


Eylau, 13 février 1807

INSTRUCTIONS POUR LE GÉNÉRAL BERTRAND

M. le général Bertrand dira à M. de Zastrow qu'il n'a qu'à venir avec des pleins pouvoirs, lui ou tout homme qui inspire la même confiance que lui; et la paix, rendant les États du Roi jusqu'à l'Elbe, sera signée; que la note du ministre de Russie a produit cet effet; que l'Empereur a été peu satisfait, dans de si grandes questions, du peu d'empressement que le cabinet de Saint-Pétersbourg mettait à tirer les peuples de Prusse de la situation où ils se trouvent;

Qu'un congrès où serait appelée l'Angleterre ne finira pas dans deux ans, et que les peuples de Prusse ne peuvent plus rester longtemps dans cet état de désorganisation et de désordre;

Que d'ailleurs la Russie n'a rien à offrir à l'Empereur en compensation du rétablissement de la Maison de Prusse, et que celle-ci, si elle croyait redevoir sa couronne à la Russie, en conserverait un sentiment de vasselage très-contraire aux intérêts de l'Empereur; que ce n'est pas que l'Empereur se refuse à faire la paix avec la Russie; ces deux Etats ont peu de chose à discuter entre eux, et quelques îles éloignées que pourrait céder l'Angleterre n'équivaudraient pas aux sentiments de gloire que pourrait à juste titre s'attirer cette nation, si, moyennant ces cessions, elle pouvait penser que c'est elle qui a rétabli la Maison de Prusse;

Que la Prusse peut d'ailleurs se conduire comme elle voudra envers la Russie; que Sa Majesté n'exige aucun mystère, mais qu'elle veut seule avoir la gloire de réorganiser, d'une manière ou d'autre, la nation prussienne, dont la puissance, plus ou moins forte, est nécessaire à toute l'Europe.

Il laissera entrevoir que, quant à la Pologne, depuis que l'Empereur la connaît, il n'y attache plus aucun prix.

Il laissera entrevoir que cette démarche est aigre et douce :

Que, dans la nécessité où l'Empereur croit être de rétablir une barrière entre la France et la Russie, il faut que le trône de Prusse soit occupé par la Maison de Brandebourg ou par toute autre; mais qu'elle sache que c'est l'Empereur seul qui, de plein gré, l'a remise sur le trône.

Il dira que l'on est très-malheureux en Prusse, et le trône de Berlin ne doit plus rester vacant, et le pays sans administration et gouvernement.


DISCOURS DU GÉNÉRAL BFRTRAND AU ROI DE PRUSSE
                     (QU'IL NE LUI DONNERA PAS PAR ÉCRIT)

Sire, l'Empereur Napoléon m'envoie près de Votre Majesté pour lui offrir de la remettre en possession de ses États. Il veut avoir la gloire de faire finir les malheurs qui pèsent sur huit millions d'hommes. Il veut que les enfants de Votre Majesté et son peuple reconnaissent qu'il s'est porté à cette démarche par esprit de véritable gloire, par souvenir de l'amitié que Votre Majesté lui a montrée en d'autres circonstances, et enfin il attache du prix à ce que son rétablissements son trône soit l'effet de sa politique et de son amitié. Il croit ces sentiments propres à effacer dans l'esprit de votre Maison et dans celui de vos peuples le souvenir des événements qui viennent de se passer, et à cimenter entre les deux nations une éternelle amitié, que veulent leur situation et les circonstances territoriales où elles trouvent.


Eylau, 13 février 1807, minuit

Au général Duroc

Il paraît que des Cosaques se sont fait voir du côté de Willenberg. J'imagine que Savary y aura marché. Nous sommes ici dans la même situation. Tous mes blessés sont près d'être évacués; nos avant-postes sont du côté de Königsberg, et l'armée ennemie parait être réunie de ce côté-là. Il n'y a du reste rien de nouveau.

J'ai envoyé l'ordre au prince Jérôme d'envoyer une division de Bavarois à Varsovie; elle sera sous les ordres du prince royal. Comme les ordres sont souvent interceptés, envoyez-les par duplicata. Je vous envoie copie d'une circulaire faite par les Prussiens sur la bataille; elle a cela de précieux, qu'elle constate qu'ils avouent avoir perdu 20,000 hommes. La prise et la reprise de la ville est une chose absurde. On a relevé sur le champ de bataille 24 pièces de canons.

Que font Talleyrand et Maret ? Je n'ai pas de lettre de vous depuis le 9.


Eylau, 14 février 1801, midi

Au grand-duc de Berg, à Gross-Lauth

Si le général Bertrand n'est pas passé aujourd'hui, vous lui donnerez l'ordre de se rendre auprès du maréchal Davout, qui a devant lui des Prussiens. Il enverra un parlementaire au général l'Estocq, en lui faisant connaître qu'un aide camp de l'Empereur, chargé d'une mission près le roi de Prusse, est depuis deux jours aux avant-postes des Russes, qui paraissent ne pas se soucier de le laisser passer; qu'il lui demande s'il veut qu'il le lui envoie, pour le faire passer à Memel.


Eylau, 14 février 1807

A l'Impératrice

Mon amie, je suis toujours à Eylau. Ce pays est couvert de morts et de blessés. Ce n'est pas la belle partie de la guerre; l'on souffre, et l'âme est oppressée de voir tant de victimes.

Je me porte bien. J'ai fait ce que je voulais, et j'ai repoussé l'ennemi en faisant échouer ses projets.

Tu dois être inquiète, et cette pensée m'afflige. Toutefois, tranquillise-toi, mon amie, et sois gaie.

Dis à Caroline et à Pauline que le grand-duc et le prince (NDLR. Le prince Borghèse) se portent très-bien.


Eylau, 14 février 1807

Au prince Eugène

Mon Fils, votre aide de camp Lacroix vous dira ce qui s'est passé ici; il a lui-même chargé avec les chasseurs de la Garde, qui se sont couverts de gloire. Je ne puis vous répondre à présent sur des détails; mettez tous vos soins à bien organiser votre armée, et à la mettre en bon état.


Preussich-Eylau , 14 février 1807

59e BULLETIN DE LA GRANDE ARMÉE

L'ennemi prend position derrière la Pregel. Nos coureurs sont sur Koenigsberg; mais l'Empereur a jugé convenable de mettre son armée en quartiers, en se tenant à portée de couvrir la ligne de la Vistule.

Le nombre de canons qu'on a pris depuis le combat de Bergfriede se monte à près de soixante. Les vingt-quatre que l'ennemi a laissés à la bataille d'Eylau viennent d'être dirigés sur Thorn.

L'ennemi a fait courir la notice ci-jointe (1). Tout y est faux. L'ennemi a attaqué la ville et a été constamment repoussé. Il avoue avoir perdu 20.000 hommes, tués et blessés. Sa perte est beaucoup plus forte. La prise de neuf aigles est aussi fausse que la prise de la ville.

Le grand-duc de Berg a toujours son quartier général à Wittenberg, tout près de la Pregel.

Le général d'Hautpoul est mort de ses blessures. Il a été généralement regretté. Peu de soldats ont eu une fin plus glorieuse. Sa division de cuirassiers s'est couverte de gloire à toutes les affaires. L'Empereur a ordonné que son corps serait transporté à Paris.

Le général de cavalerie Bonardi Saint-Sulpice, blessé au poignet, ne voulut point aller à l'ambulance et fournit une seconde charge. Sa Majesté a été si contente de ses services, qu'elle l'a nommé général de division.

Le maréchal Lefebvre s'est porté le 12 sur Marieniverder. Il y a trouvé sept escadrons prussiens, les a culbutés, leur a pris 300 homme parmi lesquels un colonel, un major et plusieurs officiers, et 250 chevaux. Ce qui a échappé à ce combat s'est réfugié dans Danzig.

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(1) "Le 8, il y a eu une bataille sanglante à Preussich-Eylau. Deux fois les Français ont été maîtres de la ville, mais à la fin le prince Bagration est arrivé avec une forte colonne qui a emporté la ville à la baïonnette. Le général l'Estocq, avec son corps, a pris l'ennemi en flanc, ce qui a décidé la victoire en faveur des Russes. Les Russes ont perdu 20,000 hommes tués ou blessés, dont 8 généraux et 400 officiers. Les Français doivent avoir perdu 30,000 hommes; 7 aigles ont été prises et portées à Königsberg. Le quartier général russe s'est rendu à Wittenberg.


16 - 28 février 1807