15 - 30 septembre 1807


A Decrès

15 septembre 1807

Pressez M. Estève, car j'ai besoin d'argent, et il n'en rentre pas. Je vous regarde comme mon premier agent dans l'étendue de votre gouvernement. Tout ce qui regarde le bien de mon service est sous votre surveillance.

Travaillez comme j'ai l'habitude de faire. Faites venir M. Estève, les auditeurs et les chefs des différentes parties, et envoyez- moi un rapport lumineux, clair et satisfaisant.


Rambouillet, 15 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée

Mon Cousin, répondez au général Songis qu'il fait bien de retenir les vingt et une bouches à feu françaises qui font partie de celles qui ont été tirées de Dresde, mais qu'il est inutile de les remplacer; qu'il doit faire la même chose pour les fusils et les sabres; les fusils prussiens ne peuvent servir aux Saxons; je suis instruit qu'il y a des projets faits par des agents prussiens de corrompre les entours des commissaires et tirer les fusils de l'arsenal de Berlin même; que je lui recommande de ne rien laisser prendre ; que je préférerais briser ces armes que de les voir livrer aux Prussiens, et que je ne considère pas seulement l'argent, mais l'inconvénient d'armer uns ennemis.

J'approuve fort que le maréchal Soult ait renfermé le général Blücher dans Kolberg.

Je vois par l'état du dépôt de Potsdam qu'il y a 1,243 chevaux en état de partir et 860 malades on blessés, et qu'il n'y a en état de partir que 480 hommes et 300 blessés ou malades; cela établit une grande disproportion entre les hommes et les chevaux. Écrivez au général Bourcier qu'il distribue ces chevaux entre les régiments qui ont le plus d'hommes à pied. Écrivez au général Saint-Hilaire qu'il reprendra sa division lorsqu'elle passera par Berlin. Recommandez au maréchal Soult d'écrire au général Savary sur les petits libelles que les Russes font encore courir et sur les différentes plaintes au sujet des prisonniers, afin que, selon les circonstances, Savary en parle à l'empereur, s'il y a lieu.


Rambouillet, 15 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée

Mon Cousin, vous trouverez, ci-joint des dépêches du maréchal Davout. S'il vous a envoyé l'état de situation de son corps d'armée, mettez-le moi sous les yeux. S'il ne vous l'a pas envoyé, expédiez des officiers pour les avoir, car je désirerais connaître la situation de mes troupes au ler septembre. Faites connaître au maréchal Davout que je ne prétends pas m'immiscer dans les querelles des Polonais, que je ne veux pas faire travailler à mes frais à leurs fortifications, que j'aurais pris volontiers la légion polonaise, mais qu'ayant préféré rester en Pologne, j'ai dû l'y laisser, que la légion polacco-italienne et les hussards lanciers polonais qui viennent d'Italie passent à mon service, que je ne sais point quel est ce premier régiment polonais dont parle le maréchal Davout, que les troupes polonaises qui sont à mon service doivent se réunir à Breslau.

Le maréchal Mortier n'écrit rien et n'envoie aucun état de situation. Je désire que vous lui envoyiez un officier pour lui faire connaître qu'il ne doit point évacuer la Silésie et que mes troupes doivent continuer à y être nourries et que les places ne doivent être évacuées qu'en conséquence d'une lettre close de moi.

(Brotonne)


Palais impérial de Rambouillet, 15 septembre 1807

A M. Baudin, capitaine de vaisseau (François-André, baron Baudin, 1774-1842, contre-amiral. Il avait fait une partie du célèbre voyage pour l'Australie, avec son homonyme Nicolas Baudin, devant débarquer à l'île de France pur raisons de santé).

Ayant résolu. d'envoyer dans notre colonie de la Martinique un renfort de garnison, nous avons fait choix de vous pour commander nos frégates l'Hortense et l'Hermione, que nous destinons à cette mission.

Notre intention est que, ayant appareillé le plus tôt possible de nos rades, vous vous rendiez sans délai dans cette colonie, où vous débarquerez aussitôt les troupes dont notre ministre de la marine vous a, conformément à nos ordres, prescrit l'embarquement à bord des frégates que vous commandez.

Vous chasserez, prendrez ou détruirez tous les bâtiments ennemis que vous pourrez atteindre dans votre traversée.

Vous éviterez dans votre route toute relâche qui ne serait pas  indispensable.

A votre arrivée à la Martinique, vous serez aux ordres de notre capitaine général; et, s'il ne juge pas à propos de vous retenir aux Antilles pour le service de nos colonies , vous reviendrez en France, en vous portant toutefois sur tel point de croisière où vous espérerez obtenir des succès.

Notre intention est cependant que vous dirigiez vos croisières de manière à être rentré dans nos ports à la fin de février ou dans le courant de mars au plus tard, afin de profiter pour votre atterrage de la longueur des nuits et de la faveur des vents.

Nous comptons que vous ne négligerez rien pour faire le plus de mal possible à nos ennemis dans la mission qui vous est confiée, et nous nous reposons pour cet objet sur vos talents, votre courage et votre zèle pour notre service.

Notre ministre de la marine est chargé de vous remettre des instructions de détail relatives à la présente mission.

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Mêmes instructions au capitaine Mequet, commandant 1'Italienne et la Sirène.


Rambouillet, 15 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major-général de la grande Armée

Mon Cousin, le maréchal Soult devait évacuer, le 20 août, Elbing et se porter sur la rive gauche de la Vistule. Au ler septembre, il devait évacuer la rive gauche de la Vistule et se porter sur l'Oder. Remettez-moi sous les yeux la convention qui a été faite, et présentez-moi un projet d'ordre pour déterminer l'époque des évacuations de la Silésie, de la vieille Prusse -et des autres provinces de la monarchie prussienne, en mettant les mêmes distances entre l'évacuation de chaque province et en prenant pour base le terme où, les affaires étant arrangées, on pourra commencer les évacuations.


Rambouillet, 15 septembre 1807, 8 heures du matin

Au vice-amiral Ganteaume

Monsieur le Vice-Amiral Ganteaume, ayant ordonné au ministre de faire un voyage, j'ai voulu vous confier par intérim le portefeuille de ce département pendant l'absence du ministre. Rendez-vous chez le ministre secrétaire d'État , qui vous remettra une expédition du décret et vous conduira chez le ministre. Je vous envoie différentes lettres (Notes de la minute : Ordres pour les expéditions de la Martinique, de l'île de France, de la flotte de Cadix, en date de ce jour), que vous expédierez secrètement et dont personne ne doit avoir connaissance. Vous aurez soin d'y joindre des instructions, si le ministre ne les a pas faites. Envoyez-leur (aux commandants de ces expéditions) les dernières nouvelles que l'on a des croisières anglaises dans le Levant.


Palais impérial de Rambouillet, 15 septembre 1807

A M. Billard, capitaine de vaisseau

Ayant résolu d'envoyer dans nos colonies orientales notre frégate la Caroline, dont nous vous avons confié le commandement, notre intention est que vous appareilliez, à la première occasion favorable, pour vous rendre directement dans notre île de France, aux ordres de notre capitaine général Decaen et à ceux du commandant de nos forces navales dans ces mers.

Vous chasserez, prendrez ou détruirez tous les bâtiments ennemis que vous pourrez atteindre dans votre traversée.

Vous éviterez dans votre route toute relâche qui ne sera pas indispensable.

Notre ministre de la marine est chargé de vous transmettre des instructions de détail relatives à votre mission.

Nous comptons que vous ne négligerez rien pour la bien remplir, et pour faire le plus de mal possible à nos ennemis dans les différentes croisières et opérations qui vous seront confiées dans le cours de votre campagne, et nous nous reposons pour cet objet sur votre courage, sur vos talents et votre zèle pour notre service.

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Mêmes instructions au capitaine Dornal de Guy, commandant la Hanche.


Rambouillet, 15 septembre 1807

DÉCISION

Le maréchal Victor rend compte à l'Empereur des mesures qu'il a prises pour garantir le 1er corps d'armée de l'épidémie qui règne dans les provinces de la Prusse.

Je désire beaucoup connaître l'état des hôpitaux. Cette circonstance de maladie est une nouvelle raison pour que je désire avoir l'état de situation de mon armée. Le major général doit porter une grande attention sur cet objet.


Palais impérial de Rambouillet, 15 septembre 1807

Au vice-amiral Rosily, commandant l'escadre réunie à Cadix

Monsieur le Vice-Amiral Rosily, notre intention est que vous mettiez à la voile avec les cinq vaisseaux de ligne et la frégate qui composent l'escadre sous vos ordres, et le vaisseau espagnol que Sa Majesté Catholique a bien voulu y réunir, pour vous rendre dans notre port de Toulon. Vous profiterez d'un temps fait et des circonstances qui favoriseraient votre sortie en vous faisant éviter la rencontre de l'escadre qui vous bloque. Nous chargeons notre ministre de la marine de vous transmettre une instruction plus détaillée sur votre départ de Cadix et votre navigation. Nous nous reposons du reste sur votre expérience et votre zèle pour notre service.


Rambouillet, 15 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, j'ai lu un rapport du chef du bureau topographique d'Italie. Je vois que le terrain compris entre l'Adige et la Sesia est à peu près achevé, mais qu'il n'y a rien de fait de l'Adige à l'Isonzo. Je crois vous avoir déjà mandé qu'il fallait faire travailler à la carte du pays entre l'Isonzo et le Tagliamento d'abord, et ensuite à celle du Tagliamento à l'Adige. La partie de l'Isonzo au Tagliamento devient très-pressante, puisque ce sera là le théâtre de la guerre.


Rambouillet, 15 septembre 1807

A Louis Napoléon, roi de Hollande

La flottille de Boulogne n'arriverait jamais et courrait de grands dangers en route; elle n'arriverait pas dans deux mois. Faites partir du Texel et de la Meuse des divisions de chaloupes canonnières, si vous en avez. Ne pensez pas à la flottille de Boulogne.


Rambouillet, 15 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée

Mon Cousin, vous donnerez des ordres à tous mes maréchaux et commandants de mes différents corps pour que la convention sur l'évacuation dé la Prusse soit exécutée de la manière suivante.

L'article 2 doit s'entendre, qu'on doit évacuer la vieille Prusse jusqu'à la Vistule lorsque l'entier payement des contributions, la fixation des limites de Danzig et l'exécution des différents articles du traité auront eu lieu.

Au lieu du 5 septembre : quinze jours après qu'on aurait évacué la vieille Prusse, on doit évacuer jusqu'à l'Oder.

Et, vingt-cinq jours après être arrivé sur l'Oder, c'est-à-dire trente-cinq jours après avoir commencé le mouvement, on doit avoir évacué jusqu'à l'Elbe.

Pour la Silésie, on devait l'évacuer le ler octobre, c'est-à-dire trente-cinq jours après que le mouvement aura commencé, en exécution des articles du traité. Ainsi, si le mouvement rétrograde commençait le ler octobre, la Silésie ne serait évacuée que le 15, novembre.


Rambouillet, 15 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, j’ai lu un rapport du chef du bureau topographique d'Italie. Je vois que le terrain compris entre 1'Adige et la Sésia est à peu près achevé, mais qu’il n’y a rien de fait entre l'Adige et 1'Isonzo. Je crois vous avoir déjà mandé qu'il fallait faire travailler à la carte du pays entre 1'Isonzo et le Tagliamento d'abord et ensuite à celle du Tagliamento à l'Adige. La partie de 1'Isonzo au Tagliamento devient très-pressante, puisque ce sera là le théâtre de la guerre.

(Prince Eugène)


Rambouillet, 16 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, je vous renvoie votre portefeuille. Répondez à M. Daru que je ne sais ce que veulent dire les plénipotentiaires prussiens en demandant qu'on leur remette les postes. Tout doit rester sur le même pied jusqu'au dernier moment de l'évacuation.

Proposez-moi d'accorder au ministre de Saxe ce qui lui est nécessaire.

Faites-moi un rapport sur ce que me coûtera la mission de Perse. Dans le nouvel état des choses, il faut tâcher d'en diminuer la dépense autant que possible.

Quant aux affaires de Constantinople, il est convenable d'y expédier un courrier pour instruire M. Sebastiani de l'état des choses, des affaires de Danemark, de notre prise de possession de Corfou, de Cattaro, de l'armistice conclu entre les Turcs et les Russes, lequel paraît très-avantageux aux Turcs et dont ils ne doivent pas se plaindre.

Vous écrirez à M. Sebastiani que les Turcs ont mauvaise grâce de se plaindre que je rappelle un officier, tandis qu'ils ont maltraité eux-mêmes mes canonniers et les ont forcés de rentrer. Vous ferez connaitre à M. Sebastiani que je suis fâché qu'il n'ait pas répondu là-dessus avec force aux Turcs.

Il ne faut pas qu'on presse les Suisses pour le bataillon neuchâtelois. Les raisons. qu'ils allèguent sont très-vraies. Il vaut mieux qu'ils recrutent leurs cadres que de donner des hommes à un régiment étranger.


Rambouillet, 16 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, je désire que vous expédiiez M. Deponthon à Pétersbourg. Écrivez au général Savary que des dépêches plus importantes lui seront expédiées avant dix jours; que j'ai beaucoup agréé les détails qu'il vous a donnés; qu'il continue à vous instruire fréquemment et en détail. Effectivement, mon intention est d'écrire plus sérieusement lorsque les affaires de Copenhague auront pris un caractère plus décisif.


Rambouillet, 16 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, écrivez à M. de Beauharnais de faire rappeler de Vienne M. de Castelfranco qui n'a jamais été de nos amis et s'est toujours mal comporté.

(Brotonne)


Rambouillet, 16 septembre 1807

Au général Savary, en mission à Saint-Pétersbourg

Monsieur le Général Savary, j'ai reçu votre lettre que m'a apportée un courrier russe. Vous avez dû, à l'heure qu'il est, recevoir par M. de Montesquiou, une lettre de moi qui vous aura fait connaître l'état des choses. Je viens de dicter une longue lettre à M. de Champagny, qui est actuellement à Rambouillet et qui la rédige.

Nous n'avons point de nouvelles de Copenhague depuis le 1er septembre. Tout me porte à penser que les Anglais ont manqué leur coup ; ils croyaient prendre Copenhague sans coup férir, et même sans guerre.

La Porte a accepté ma médiation, et l'armistice a eu lieu avec Michelson.

Rien ne finit avec la Prusse. Le Roi a une douzaine de plénipotentiaires, à Berlin, qu'il laisse sans instructions. Croirait-on qu'il y a cinq semaines qu'ils n'en ont point eu de réponse, quoiqu'ils lui écrivent tous les huit jours ! N'ayant aucun des papiers des pays qu'ils doivent rendre, le reste ne s'évacue pas. Notez bien que je n'exige aucune nouvelle contribution, mais que ce sont toujours celles qui avaient été frappées, avant la paix. Ce pays aura bien de la peine à se remettre. Ils sont insolents et sans moyens. Je vous donne ces détails pour votre instruction, en cas qu'on vous en parle.

On m'écrit d'Elbing, en date du 2 septembre, que les premiers convois de nos prisonniers ne font que de rentrer; qu'en général ils se plaignent d'avoir été maltraités, même depuis la paix. Le maréchal Soult se plaint aussi que des petits libelles pareils à ceux qu'on jetait dans nos camps avant la bataille de Friedland sont de nouveau distribués; qu'on en a jeté beaucoup parmi les prisonniers qu'on nous rend. Il faut parler de cela au ministre de la police ou au ministre de la guerre.

Les Suédois nous ont cédé l'île de Rügen. On les dit fort mécontents des Anglais. Je n'ai aucun moyen de traiter directement avec eux; mais je crois que l'empereur doit trouver des moyens, moitié par menaces, moitié par négociations, de les faire entrer dans la cause commune. Je crois qu'ils y sont tenus par les traités. Quand vous lirez ceci, le Portugal aura déclaré la guerre à l'Angleterre. Les Anglais sont donc chassés de partout. Les Anglais ne m'ont rien fait dire. Je ne sais ce qu'ils ont répondu sur la médiation de la Russie.

Remerciez l'empereur de ses belles pelisses et de son buste.

Il faut être très en garde contre les mauvais bruits. Les Anglais soufflent le diable sur le continent. Ils disent que l'empereur de Russie va être assassiné. Moi, ils me tuent de toutes sortes de maladies. Ils font faire la guerre à l'Autriche, etc.

Duroc envoie un beau service de porcelaine. C'est un service qui avait été fait pour moi et le plus beau qu'ait fait Sèvres. Je ferai partir le service égyptien aussitôt qu'il aura été terminé.

La lettre de M. de Champagny ne doit pas partir aujourd'hui. J'expédie Deponthon. C'est un bon officier du génie. Si l'empereur a besoin d'un officier du génie pour Cronstadt, etc., il peut lui servir.

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P. S. Mon intention est d'envoyer à Saint-Pétersbourg M. de Laforest, soit avec le titre d'ambassadeur, soit avec celui de ministre, comme l'empereur le voudra. Mon dessein est d'avoir cependant toujours un de mes aides de camp à Saint-Pétersbourg, pour entretenir l'empereur dans ses bonnes dispositions. Mais j'ai pensé que j'avais besoin là d'un homme consommé dans les affaires, et, dans tous les pays, ce choix n'est pas facile aujourd'hui. L'empereur doit se souvenir que M. de Laforest a traité les affaires de Ratisbonne conjointement avec la Russie, et qu'il était en dernier lieu ambassadeur à Berlin. J'attends pour le faire partir que ce choix ait été agréé à Saint-Pétersbourg.

Avant huit jours d'ici, je vous expédierai des lettres et vous ferai connaître mes intentions en détail sur différents objets. Mais, si la Russie voulait attacher la Suède à la cause commune, l'empereur peut compter que je suis disposé à faire ce qu'il jugera le plus convenable.


Rambouillet, 16 septembre 180

A Alexandre Ier, empereur de Russie

Monsieur mon Frère, je remercie Votre Majesté des belles fourrures qu'elle m'a envoyées. Je ne puis rien lui donner de si beau. Je désire cependant qu'elle trouve agréables quelques porcelaines de Sèvres que je lui envoie.

Je n'ai aucunes relations avec la Suède. Le Roi a abandonné Stralsund et mes troupes y sont entrées. Il a depuis rendu l'île de Rügen par une convention. On m'a écrit qu'il était retourné en Suède malade, et que toute son armée témoignait un grand mécontentement contre les Anglais à cause de l'affaire du Danemark. Aussitôt que j'ai appris les événements qui s'y passaient, j'ai réuni mes instances à celles du roi d'Espagne auprès du Portugal, et j'ai décidé cette dernière puissance à déclarer la guerre à l'Angleterre.

Les garnisons des troupes de Votre Majesté qui étaient à Cattaro et à Corfou sont en route pour se rendre à Venise. J'ai fait prévenir vos différents amiraux, et j'espère qu'à l'heure qu'il est ils se seront mis en sûreté dans mes ports ou dans ceux d'Espagne.

Je ne sais rien de l'Angleterre; j'ignore absolument ses dispositions. Je prépare mes flottes et mes flottilles, et il me semble que le moment n'est pas éloigné où nous pourrons chasser les Anglais de tout le continent. Je pense même que la Suède et l'Autriche ne sont pas très-loin de prendre parti contre eux.


Rambouillet, 16 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, je reçois votre lettre du 11 à minuit. Je vois que la division Clauzel est composée de 5,482 hommes; mais je ne vois pas de combien de compagnies chaque bataillon est composé. C'est à cela que vous devez porter votre principal soin. Je consens qu'il ne parte du 8e léger que 517 hommes; mais je ne voudrais pas que ces 517 hommes formassent six compagnies, je voudrais qu'ils n'en formassent que trois. Même observation pour le 18e léger, pour le 5e de ligne. Le 11e, qui est de 800 hommes, pourrait envoyer quatre compagnies. Même observation pour le 23e, pour le 60e, etc. En les organisant ainsi, mon but est de fournir des hommes aux cadres qui sont en Dalmatie, et de faire partir, deux ou trois mois après, cinq autres mille hommes; ce qui ne sera point difficile à faire, puisque 1,000 hommes existent déjà aujourd'hui, qu'il y a 3,000 hommes à recevoir de la conscription de 1808, et qu'ainsi ce nombre pourra bientôt être envoyé. Quant aux 5 ou 600 invalides, il est urgent que vous chargiez le général Charpentier d'en passer la revue, afin de s'en débarrasser. Il faut songer aussi que le moment actuel est celui où il y a le plus de malades en Italie, et qu'en novembre les dépôts de Dalmatie gagneront plus de 500 hommes par la sortie des hôpitaux. Au total, mon intention est que la division Clauzel soit toute composée de compagnies de 200 hommes, afin qu'elle puisse les incorporer en Dalmatie.


Rambouillet, le 16 septembre 1807

DÉCISION

Le général Clarke, ministre de la guerre, propose à l'Empereur d'accorder la solde à cinquante-trois élèves d'artillerie et du génie de l'école de Metz, qui, après l'examen prochain, excéderont le nombre fixé;

D'employer  à l'état-major de cette école trois capitaines en second de plus, dont deux d'artillerie et un du génie;

D'y appeler les professeurs de mathématiques et de dessin des écoles de régiment établies à Metz, Besançon et Strasbourg ;

D'affecter une des casernes de Metz au logement nécessaire à ces cinquante-trois élèves.

De l'argent et toujours de l'argent !

On conçoit qu'il faut deux ans pour le génie; un an d'école pour l'artillerie est suffisant.

Mais la chose à laquelle le ministre doit bien veiller, c'est qu'on fasse des officiers d'artillerie. Il faut que, dans les six mois, ils connaissent toutes les sortes d'armes, toutes les sortes d'artifices, toutes les manoeuvres de force.

Au total la demande du ministre est accordée.

Le ministre fera connaître combien de livres de poudre a consommées l'école de Metz.

Les élèves sauront-ils les manoeuvres d'artifices ? Combien de fois les fait-on tirer à la cible ? Ceux destinés à l'artillerie ont-ils monté et démonté des fusils ? Combien de pièces ont-ils désenclouées par les différents procédés ? Combien ont-ils fait de manoeuvres de force avec du 24 et sans chèvre ? Combien ont-ils fait de cartouches, de balles, d'étoupilles, de fusées ? Ont-ils ensaboté des boulets, fait des lances à feu , des chemises soufrées, goudronnées ? Combien chaque élève en a-t-il fait ? Combien de fois sont-ils allés au polygone ? Ont-ils tiré des bombes, combien de fois ont-ils mis dans le rond ou dans le tonneau ? Ont- ils tiré à ricochet, construit des batteries, fait des saucissons, des gabions ? Connaissent-ils les différentes espèces de bois, les dimensions et le poids des différentes ferrures, les différentes espèces d'attelages ? Savent-ils atteler et dételer des voitures de divers attelages ? Ont-ils fait de la poudre ? Enfin connaissent-ils la théorie des mines, de la sape, le tracé des places et des fortifications de campagne ? Ont-ils eux-mêmes ouvert la tranchée ? Voilà ce que Sa Majesté veut que sachent les officiers d'artillerie. Il est inutile qu'ils sachent la coupe des pierres, la construction.


  Rambouillet, 16 septembre 1807

DÉCISION

M. Portalis, chargé des affaires des cultes, soumet à I'Empereur un rapport en exécution de la note de Sa Majesté qui réduit le nombre des succursales à la charge des communes.

L'état des succursales à la charge du Gouvernement doit demeurer définitivement arrêté et n'être sujet à aucun changement.

A l'égard des succursales à la charge des communes et dont le nombre est de plus de 9,000, il doit être réduit à 6,000. Cette réduction se fera par un travail concerté entre l'évêque et les préfets, dans la huitaine de la publication du décret portant les dispositions ci-dessus.

Dans les paroisses ou succursales trop étendues, il pourra être établi des chapelles ou annexes. Ces établissements n'auront lieu que d'après une délibération de la commune, ou un engagement des plus forts contribuables de supporter la dépense. Les chapelles seront sous l'inspection du curé ou desservant.


Saint-Cloud, 16 septembre 1807

A Marie-Louise, régente d'Étrurie

Madame ma Soeur et Cousine, les vues constantes de l'Angleterre sur Livourne ont obligé de recourir à quelques mesures pour fermer ce port à son commerce, ou pour le défendre contre ses armes. A différentes époques de la guerre, Livourne a eu, par les mêmes motifs, une garnison française, et cette place a été ainsi conservée à Votre Majesté. Je dois continuer d'avoir, pour vos intérêts et contre nos communs ennemis, la même vigilance, et j'aurai égard de toute manière à la position des États de Votre Majesté. Mon intention est de ne laisser à Livourne que le nombre d'hommes indispensablement nécessaire contre les Anglais et contre leur commerce, et de réduire ainsi les charges auxquelles la présence de ces troupes peut donner lieu. Je désire qu'elles soient accueillies pendant leur séjour momentané comme le sont par moi les troupes espagnoles qui servent en Allemagne avec mon armée. Les intérêts de la France, de l'Espagne, de la Toscane, sont confondus, et, sur quelque point que mes troupes soient placées, elles défendent la cause de Votre Majesté comme la mienne.


Saint-Cloud, 17 septembre 1807

Au général Clarke, ministre de la guerre

Je désire que vous me fassiez un rapport sur les régiments étrangers au service de France, sur leur situation actuelle, sur le lieu où ils se trouvent. Mon intention est de prendre des mesures pour resserrer leurs cadres et les faire passer au service des royaumes de Naples et de Hollande, pour diminuer la dépense. Je ne parle pas des régiments suisses, qui, sous tous les points de vue, forment une classe à part.


Saint-Cloud, 17 septembre 1807

Au vice-amiral Decrès, ministre e la marine

Je vous prie de me faire connaître pourquoi l'ordre que j'ai donné, il y a plusieurs années, de faire l'expérience des cales flottantes de M. Ducrest (Charles Louis Ducrest, 1747-1824, frère de madame de Genlis, avait fait construire en 1799, un vaisseau de 500 tonneaux en simples planches de sapins... qui tomba en morceau au bout d'un mois), n'a pas été exécuté. Me faire un rapport la semaine prochaine, et me proposer des mesures pour faire cette expérience.


Saint-Cloud, 17 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée

Mon Cousin, faites connaître à M. Daru et à M. Bourrienne que je n'approuve point le marché passé avec la ville de Hambourg pour le payement de seize millions en trois ans; que je veux que les seize millions soient payables à raison de deux ou trois millions par mois.


Palais impérial de Saint-Cloud, 19 septembre 1807

A M. Chaunay-Duclos, capitaine de vaisseau

Monsieur Chaunay-Duclos, Capitaine de nos vaisseaux, l'occupation de Corfou et de Cattaro par nos troupes ne laissant plus d'asile à nos ennemis sur la mer Adriatique, nous avons résolu d'envoyer une division navale à Corfou pour y concerter ses opérations avec celles de notre marine d'Italie, et nous avons fait choix de vous pour   remplir cette mission et commander nos frégates la Pomone et la Pauline et notre corvette la Victorieuse.

Vous appareillerez sans délai pour vous rendre à votre destination, où vous trouverez, à votre arrivée, des ordres sur vos opérations ultérieures.

Notre intention étant que vous évitiez , autant que possible, la rencontre de forces supérieures dans votre traversée, nous estimons qu'en partant de Toulon vous devrez faire route vers le sud-sud-est, de manière à passer à trente lieues à l'est des îles de Corse et de Sardaigne, et à atterrir aux environs de Tunis.

De là, vous prolongerez de près la côte de Barbarie pour passer au sud de toutes les îles, jusqu'à ce que, avec les vents d'est qui ont lieu vers la fin de septembre, vous puissiez atteindre les parages des Sept Îles et venir mouiller, de la bordée, à Corfou.

Cette route nous paraît la plus convenable dans les circonstances présentes et eu égard,à la saison.

Si, par des événements que nous ne pouvons pas prévoir, vous trouviez des obstacles dans cette route, nous nous en rapportons à votre zèle et expérience sur le parti que vous croirez devoir prendre dans l'intérêt de notre service.

Les ports de notre île de Corse, celui de Gènes, ceux de l'île d'Elbe, les golfes de Naples, de Tarente, de Cattaro même, vous offriront des points de relâche dont vous pourrez profiter, si cela vous devient indispensable.

Nous nous reposons sur vos talents, et votre courage pour le succès de la mission importante que nous voulons bien vous confier.


Fontainebleau, 22 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, M. de Linia est allé hier chez le grand-duc de Berg, sans qu'il ait jamais demandé à être présenté à ce prince; cela était cependant de son devoir, sous la triple considération de ce qu'il doit à mon beau-frère, au grand amiral et au prince souverain; témoignez-lui-en mon mécontentement. M. de Metternich,
qui n'y avait pas été présenté, a eu le bon sens de s'y faire présenter la veille.

Vous vous concerterez avec M. de Ségur., et vous me ferez un rapport sur la manière dont doivent être reçus les ministres et les ambassadeurs. Du moment qu'un ministre m'est présenté, il doit se rendre chez les princes de la Famille et chez les grands dignitaires. S'il est ministre, il doit faire visite à tous les grands officiers, soit de la couronne, soit de l'Empire, ainsi que chez un certain nombre de personnes dont l'état lui sera remis par le grand maître des cérémonies, telles que le gouverneur de Paris, les présidents de la Cour de cassation, du Sénat et du Corps législatif, s'il est ambassadeur, il peut être convenable qu'il fasse notifier qu'il a reçu son audience, et qu'en conséquence il reçoive les visites.

Je désire qu'avant mercredi toutes les difficultés soient levées et mon règlement adopté, afin que, quand le ministre de Russie arrivera, tout se trouve établi. Il est bon que vous m'éclairiez dans votre rapport sur ce qui se faisait à Versailles et sur ce qui se fait à Vienne et à Saint-Pétersbourg. Mon règlement adopté, il faut que tout le monde s'y conforme. Je suis maître d'établir chez moi l'ordre qui me convient. Cela a été engrené par la mauvaise direction que les relations extérieures lui ont donnée dans  le temps.

L'intention du grand-duc de Berg avait été de ne pas inviter M. de Lima; mais invité, cela n'excuse pas sa malhonnêteté. Je désire que vous lui appreniez à vivre.


Fontainebleau, 22 septembre 1807

DÉCISION

Le prince de Neuchâtel, major-général, soumet à l'Empereur les observations du général Barrois, transmises par le maréchal Victor, au sujet de la place de Küstrin , qui n'a plus que six pièces de campagne et une faible garnison. Le général  Barrois demande une augmentation  de troupes ainsi que des pièces d'artillerie,.

Ce qu'il y a dans cette lettre m'étonne beaucoup.. Témoigner mon mécontentement au général Songis. Il ne devait pas laisser la place de Küstrin sans pièces. Je n'ai pas donné l'ordre de la désarmer. Elle ne devait pas l'être sans mes ordres. Trente ou quarante pièces de canon sont bientôt ôtées. Donner ordre qu'on y mette soixante pièces de campagne, et qu'on les retienne de la Silésie, puisqu'on a le temps, vu le retard de l'évacuation.


Fontainebleau, 23 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, il faut que vous fassiez connaître au ministre de Saxe et à M. Bourgoing que les inquiétudes qu'on a eues à  Dresde sur le royaume de Westphalie ne sont point fondées; qu'on n'a jamais entendu y réunir que des pays appartenant autrefois à la Prusse, et non aucun pays qui appartint à la Saxe; que, s'il y avait quelque erreur dans la nomenclature, on s'empresserait, à la première connaissance qu'on en aurait, de relever les erreurs qui auraient été commises.


Fontainebleau, 23 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée

Mon Cousin, vous trouverez ci-joint une lettre au ministre des finances, par laquelle je lui ordonne de mettre onze millions à votre disposition, sur les fonds appartenant à la Grande Armée, qui sont déposés à la caisse d'amortissement.

Vous disposerez de ces onze millions de la manière suivante. Vous garderez un million pour vous, que vous prendrez moitié en argent et moitié en rentes sur l'État au cours de 85 francs.

Vous donnerez 600,000 francs, moitié en argent et moitié en rentes sur l'État au même cours de 85 francs, aux maréchaux Ney, Davout, Soult et Bessières, et 400,000 francs, moitié en argent, moitié en rentes au cours de 85 francs, aux maréchaux Masséna, Augereau , Bernadotte, Mortier et Victor. Vous ferez connaître à chacun de ces maréchaux que les rentes sur l'État doivent être réunies aux autres biens et faire partie du fief que je veux établir incessamment en leur faveur, et qu'ainsi ils ne peuvent aliéner ces rentes; que, quant à la somme qui leur est donnée en argent, ils doivent l'employer à se procurer un hôtel à Paris, qui doit être compris dans le fief que nous érigerons en leur faveur, étant nécessaire que les possesseurs des grands fiefs aient un hôtel à Paris; qu'il faudra donc qu'ils vous fassent connaître l'hôtel qu'ils auront acheté, et que, dès ce moment, ils ne pourront ni le vendre ni l'aliéner. Vous ferez connaître au maréchal Lannes qu'il est nécessaire que, sur les fonds de la Grande Armée que je lui ai donnés, il se procure un hôtel à Paris, qu'il ne pourra plus aliéner.

Vous donnerez 200,000 francs à chacun des généraux dont la liste est ci-jointe. Cette somme leur sera donnée également, moitié en argent et moitié en rentes sur l'État au cours de 85 francs, et il faut qu'ils aient un hôtel à Paris ou dans un chef-lieu de département. Cette maison sera inaliénable et fera partie du fief que je veux ériger en leur faveur.

Il faudra que vous vous arrangiez avec le ministre des finances pour prendre à la caisse d'amortissement partie de ces onze millions en argent, et partie en rentes au cours de 85 francs.

ANNEXE A LA PIÈCE PRÉCÉDENTE

RÉPARTITION DES ONZE MILLIONS ACCORDÉS PAR L'EMPEREUR. 

Sommes. 

En argent. 

En rente sur l'État.

Le prince de Neuchâtel. 

1,000,000 

500,000 

500,000 fr.

Le maréchal Ney. . . . 

600,000 

300,000 

300,000 

Le maréchal Davout . .  

600,000 

300,000 

300,000 

Le maréchal Soult . . . 

600,000 

300,000 

300,000 

Le maréchal Bessières 

600,000 

300,000 

300,000 

Le maréchal Masséna. 

400,000  

200,000 

200,000

Le maréchal Augereau 

400,000 

200,000 

200,000 

Le maréchal Bernadotte. 

400,000 

200,000 

200,000 

Le maréchal Mortier 

400,000 

200,000 

200,000 

Le maréchal Victor. 

400,000 

200,000 

200,000 

Le général Oudinot. 

200,000 

100,000 

100,000

Le général Songis . . . 

200,000 

100,000 

100,000

Le général Chasseloup 

200,000 

100,000 

100,000

Le général Walther. 

200,000 

100,000 

100,000

Le général Dupont. 

200,000 

100,000 

100,000

Le général Grouchy 

200,000 

100,000 

100,000

Le général Nansouty 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Belliard. . . 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général la Riboisière. 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Suchet 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Junot. . . . 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Marmont . . 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Saint-Hilaire. 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Friant . . . . 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Duroc . . . . 

200.000 

100,000 

100,000 

Le général Legrand . . . 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Caulaincourt. 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Savary . . .  

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Lauriston 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Caffarelli 

200,000

100,000 

100,000 

Le général Bertrand 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Rapp 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Mouton _

900,000 

100,000 

100,000 

Le général Clarke . . . 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Ordener . . . 

200,000 

100,000 

100,000 

Le général Reille . . . . 

5,0,000

25,000

25,000

Le colonel Lacoste . . . 

50,000 

25,000

25,000

Il. de Ségur . . . . . . 

900,000 

100,000 

100,000 

Le sénateur Beauharnais. 

200,000

100,000

100,000

10,900,000

5,450,000

5,450,000

 
NOTE AUTOGRAPHE

Date incertaine.

Ducs. Il faut trente maisons à Paris, qui s'élèvent avec le trône. Il faut leur donner 500,000 francs, argent ou bons de la caisse, pour payer la maison, et au moins 100,000 francs de rente : 15,000,000; 3,000,000.
Comtes. Soixante maisons qui aient maison à Paris ou dans les chefs-lieux de département. Il faut qu'ils aient 50,000 francs de rente au moins, et 200,000 francs pour payer la maison : 12,000,000; 3,000,000.
Barons. Quatre cents barons ayant au moins 5,.000 francs de rente : 2,000,000

 Suivent quatre feuilles d'ébauches couvertes de chiffres, et quelques noms illisibles.


Rambouillet, 16 septembre 1807

A Gaudin, ministre des finances

Le nommé I.... a été nommé récemment receveur d'arrondissement à Neufchâteau (Vosges). Faites-moi un rapport sur cet individu. Il paraît qu'il a été chassé des droits réunir pour des écritures fausses et qu'il a eu précédemment une procédure en faux qui a eu beaucopu d'éclat.

(Brotonne)


Fontainebleau, 24 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée

Mon Cousin, écrivez au maréchal Victor qu'il fasse connaître an général Blücher que, s'il fait aucune disposition de guerre, et s'i1 ne cesse ses bravades, il enverra des troupes pour le renfermer et l'assiéger dans Kolberg; que c'est l'ordre formel de l'Empereur, qui est las des fanfaronnades prussiennes; qu'il retire donc ses postes, ses grand'gardes et établisse une bonne police parmi ses gens.


Fontainebleau, 24 septembre 1807.

DÉCISION

M. Cretet, ministre de l'intérieur, propose à l'Empereur la destitution d'un chef de légion de la garde nationale, accusé d'avoir accordé, de son chef, des exemptions de service, et d'avoir fait trafic de remplacement et de congés.

Renvoyé au grand'juge pour poursuivre l'exécution des lois de l'Empire.


Fontainebleau, 25 septembre 1807

A Fouché

Un nommé Jean-Guillaume Pascal, de Montpellier, vit à Lyon. Ce misérable est prévenu d'avoir empoisonné, sa femme, en floréal an XIII. Il mène à Lyon une vie crapuleuse. Mon intention est que vous le fassiez rechercher, sinon pour le mettre en jugement, si les preuves manquent, au moins pour le séquestrer, afin qu'il ne commette plus de délits semblables.


Fontainebleau, 25 septembre 1807

A Fouché, ministre de la police générale

Donnez ordre que tous les Corses émigrés, Piémontais ou autres pensionnés par l'Angleterre qui seraient dans les royaumes d'Italie, de Naples, dans les États du pape, en Étrurie, soient arrêtés et conduits à Fenestrelle. Communiquez cet ordre au vice-roi, à mon ministre à Rome et à Naples.

(Brotonne)


Fontainebleau, 25 septembre 1807

Au général Duroc, maréchal du Palais

Vous enverrez chercher demain M. Izquierdo. Vous conférerez avec lui de l'argent que me doit le roi d'Espagne, des affaires du Portugal et de l'Étrurie. La lettre du ministre du trésor vous fournira des renseignements sur ce que me doit l'Espagne, et vous verrez ce que M. Izquierdo dit à cette occasion , et si je puis compter sur la rentrée exacte de l'emprunt de Hollande dans mes coffres.

Quant au royaume de Portugal, je ne fais pas de difficultés de donner au roi d'Espagne une suzeraineté sur le Portugal, et même d'en distraire une partie pour la reine d'Etrurie et pour le prince de la Paix.

Quant aux affaires d'Étrurie, vous lui ferez connaître qu'il est bien difficile qu'une branche de la Maison d'Espagne continue à être établie au milieu de l'Italie; que cela m'offre de grandes difficultés, aujourd'hui que toute l'Italie m'appartient, sous le rapport des affaires religieuses, des moines, du commerce de Livourne, et à raison de l'incapacité absolue où l'on se trouve dans ce pays pour gouverner; faire une transaction avec l'Espagne pour que les intérêts de la monarchie soient à couvert, et, de concert avec l'Espagne, ôter cette difformité de la presqu'île d'Italie; mais que je ne veux rien faire là-dessus que l'Espagne ne soit contente; et que je désirerais qu'il m'offrît quelque projet là-dessus.


Fontainebleau, 25 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, je vous ai fait connaître, par ma lettre de ce jour, que mon intention était que 3 ou 4,000 hommes se rendissent d'Ancône et des dépôts de l'armée de Naples pour renforcer cette armée. J'ai aussi donné ordre que le régiment d'Isembourg s'y rendît. Mais alors il ne restera plus de troupes suffisantes dans les États du Pape. J'ai donc pensé que le meilleur moyen était de diriger sur Ancône toute la division Duhesme, qui est à Cività-Vecchia, que vous pourrez compléter de manière à former un corps de 3,000 hommes, et que vous y joigniez un ou deux escadrons de cavalerie de 3 ou 400 hommes avec six pièces de canon. Ainsi la division d'Ancône sera de près de 4,000 hommes. Vous pourrez d'abord faire marcher ces forces de Brescia sur Bologne, et vous me ferez connaître le jour de leur arrivée dans cette dernière ville. Elles s'y reposeront trois jours, après lesquels elles continueront leur marche sur Ancône, si elles ne reçoivent pas de contre-ordre. Ces troupes sont destinées à prendre possession du duché d'Urbin, de la province de Macerata, de Fermo, de Spoletto, afin de bien établir ma communication avec le royaume de Naples.

Lorsque ces troupes seront arrivées à Bologne, vous pourrez laisser transpirer le but de ce mouvement, dont je ne veux pas faire mystère, sans pourtant le dire officiellement.

Je vous ai fait connaître que mon intention est que toutes les troupes qui sont dans le royaume d'Étrurie doivent être nourries, habillées et soldées par le roi d'Étrurie, et que celles qui se trouvent dans les États du Pape doivent être nourries, habillées et soldées par le Pape; cela ne laissera pas que de faire une assez grande économie.

Envoyez directement à Corfou tout ce qui est nécessaire à la solde, habillement et entretien du 5e régiment de ligne italien.


Rambouillet, 25 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, faites partir d'Ancône 1,200 ou 1,500 hommes au plus des différents détachements qui s’y trouvent, appartenant aux troupes qui sont dans le royaume de Naples. Ce détachement partira le 15 octobre pour se rendre à Naples. Le 2 novembre, un pareil détachement des dépôts de l’armée de Naples partira pour se rendre à cette armée, de manière à renforcer les corps de 3 à 4,000 hommes.

(Prince Eugène)


Fontainebleau, 25 septembre 1807

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, je reçois votre lettre du 16. Je ne conçois pas qu'il faille autant de troupes pour garder le royaume de Naples, qui n'est attaqué que par quelques misérables brigands. Je conçois encore moins, à moins que je ne m'explique cela par les théories de votre ministre des finances, qu'avec le secours de six millions, que je vous envoie, vous ne puissiez pas solder 25,000 hommes dans un royaume d'une population de plus de quatre millions d'habitants. La raison que vous n'avez pas de commerce n'est pas satisfaisante. Quand on peut donner à une armée du blé, du vin, du pain, la petite quantité d'argent que vous avez à lui payer pour sa solde est bien peu de chose. Si les denrées ne sortent pas, il faut dire aussi qu'il ne sort pas de numéraire pour d'autres objets. Vos finances, et c'est l'opinion publique, sont horriblement menées. Cela est bien malheureux. Naples m'affaiblit d'une armée et me coûte beaucoup d'argent. La première de toutes les choses est de remettre votre solde au courant. D'ailleurs, voilà l'hiver; qui peut empêcher vos bâtiments de commerce de venir apporter vos denrées à Gênes et dans les autres ports de la France ?

Mon intention est qu'il y ait deux généraux de brigade à Corfou. Le général Donzelot est destiné à y commander en cas de mort du général César Berthier.

Je vois avec peine que le 101e n'a qu'un bataillon dans la terre de Labour; que le régiment de la Tour d'Auvergne n'y a que le 3e bataillon; que le 20e de ligne n'est pas également réuni dans la province de Salerne, et qu'il y en a une partie dans la Pouille; que tout le régiment suisse n'est pas réuni.,

Vous portez dans l'état de la garnison de Corfou 1,600 hommes pour le 6e de ligne. Vous savez que les grenadiers et une compagnie ont été pris, c'est-à-dire 300 hommes; il ne reste donc plus guère que 1,200 hommes.

Je donne ordre à tout le régiment d'Isembourg de se rendre à Naples. Je donne également l'ordre au vice-roi de vous envoyer un renfort de 3 à 4,000 hommes tirés des dépôts des régiments de votre armée. Ce renfort partira d'Ancône en deux détachements, l'un le 15 octobre et l'autre le 1er novembre.


Fontainebleau , 26 septembre 1807

Au général Clarke, ministre de la guerre

Donnez ordre au dépôt du 26e de ligne de fournir un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant, un sergent-major, deux sergents et quatre caporaux, 220 hommes et deux tambours, pris parmi les conscrits, bien habillés, en prenant, si cela est nécessaire, les conscrits de 1808. Ce détachement se rendra à Bordeaux, pour être embarqué sur les deux frégates qui sont dans ce port. Donnez le même ordre à une compagnie organisée de la même manière, tirée des dépôts du 82e. Ce qui fera les 450 hommes nécessaires au ministre de la marine. Faites composer également un détachement de même nature par le 3e bataillon du 86e; un détachement pareil sera composé par le 4e bataillon du 15e de ligne, et ces deux détachements réunis, formant 450 hommes, seront embarqués sur les deux frégates de Saint-Malo.


Fontainebleau, 26 septembre 1807

A M. Cretet, ministre de l'intérieur

Je vous envoie différentes pièces sur les douanes du royaume d'Italie. Il y a un tableau des importations et des exportations pendant les années 1804, 1805 et 1806, qui ne laisse pas que d'avoir de l'intérêt. Je vous prie de le garder soigneusement. Je désire que vous voyiez M. Aldini, que vous fassiez un historique de ce que j'ai fait depuis trois ans en faveur- du commerce de France, et que vous me présentiez des mesures pour favoriser le commerce de France en Italie sans nuire à la prospérité du pays. Vous admettrez à votre conférence avec M. Aldini,  M. Collin, afin de voir quels sont les changements à faire au tarif. Il est nécessaire que vous me remettiez sous les yeux ce que j'ai fait là-dessus et où en sont les différents traités que j'ai ordonné que l'on rédigeât ; cela s'est effacé de ma
mémoire.


Fontainebleau, 26 septembre 1807

A M. Daru, intendant général de la Grande Armée

Monsieur Dard, je reçois votre lettre du 18 septembre. Je vous prie de ne signer le traité définitif des contributions qu'après me l'avoir soumis. Mon sine qua non est d'abord cent cinquante millions, 2° le payement en effets commerciaux valables; et, si cela était impossible et qu'au lieu d'effets commerciaux je dusse me contenter de bons du Roi, mon intention est de garder les places de Stettin , Glogau et Küstrin, avec 6,000 hommes de garnison dans chacune de ces places, jusqu'à l'entier payement de ces bons ; et, comme ces 18,000 hommes me causeraient des frais extraordinaires, mon intention est que les frais pour solde, nourriture, habillement et entretien de ces 18,000 hommes soient à la charge du Roi.

Vous devez parler vivement aux ministres du roi de Prusse. Il me semble que l'on fait à Memel de mauvaises plaisanteries, et ce n'est certainement pas le cas. Vous devez déclarer que, si l'on veut payer, on peut en trouver les moyens. Le roi de Prusse n'a pas besoin d'entretenir une armée, il n'est en guerre avec personne. Il faut aussi que les bons, à défaut d'être signés par des négociants, le soient par des propriétaires.

Je crois vous avoir déjà mandé que vous devez notifier que, si ces conditions n'étaient pas acceptées, vous déclarerez nul l'article du traité relatif à la convention d'évacuation, et mettrez opposition sur les revenus des mois de septembre et d'octobre comme appartenant à l'armée; et en effet mon intention est de m'emparer dans ce cas de
tous ces revenus.


Fontainebleau, 26 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, j'ai reçu votre lettre du 15 septembre, dans laquelle vous me faites plusieurs questions sur ce qu'on doit faire des marchandises anglaises saisies à Ancône. 1° Que doit-on faire de ces marchandises ? On doit les vendre au profit de l'armée; la moitié de leur produit doit être déposée dans une caisse particulière à Milan; l'autre moitié sera distribuée aux corps d'armée qui ont fait les saisies. 2° Qui doit juger les réclamations ? C'est le tribunal des prises qui doit décider.


Fontainebleau, 26 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, je ne vois pas de difficultés que, pour compléter le nombre d'hommes que je vous ai donné l'ordre d’envoyer à Naples, vous preniez dans les dépôts des conscrits de 1808. Mon intention est spécialement, comme je vous l'ai fait connaître par ma lettre d'hier, d'envoyer à Naples en octobre et en novembre, en y comprenant les détachements que vous avez à Ancône, 3 à 4,000 hommes pour renforcer les régiments de l'armée de Naples. Je n'ai pas besoin de vous recommander de presser autant que possible le complément des garnisons de Corfou.

(Prince Eugène)


Fontainebleau, 26 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, j’ai arrêté ce matin tous les comptes des finances du royaume d'Italie; vous pouvez faire imprimer et publier ces comptes, comme vous le fera connaître M. Aldini. J’ai donné l’ordre que l’on porta  la liste civile, pour 1807, à 6 millions, ce qui fera une augmentation de 700,000 francs. 

(Prince Eugène)


Fontainebleau , 27 septembre 1807

Au général Clarke, ministre de la guerre

Je vous renvoie les plans et rapports que vous m'avez faits sur les différentes places. Je désire que vous teniez toutes les semaines un conseil de fortification, afin de comparer les comptes de tout ce qu'on a fait avec les sommes accordées cette année, de manière que, dans le courant de novembre, vous puissiez me rendre compte, connaître la situation de mes principales places ; et que chacun de vos rapports dise ce qui a été dépensé depuis l'an VIII et ce qu'on a fait, afin qu'on puisse voir ce qu'a coûté chaque ouvrage,

Vous devrez aussi me faire connaître les évaluations faites par les officiers du génie, afin que je m'assure que leurs évaluations n'ont pas été dépassées, et que je puisse connaître le degré de confiance que je puis mettre à leurs estimations pour tous les nouveaux travaux que je veux entreprendre.

Dans le même conseil que je tiendrai pendant le mois de novembre, vous me présenterez le budget de 1808. Les fonds que je veux affecter au génie ne peuvent dépasser douze millions. L'art est de dépenser cette somme au plus grand avantage de l'État. Sur cette somme, mon intention est de dépenser cinq millions pour Alexandrie.

Par ce moyen, je connaîtrai en général la situation positive des différentes places. Je fixerai définitivement les projets à adopter. J'accorderai les fonds pour les travaux à faire en 1808. La place qui m'importe par-dessus tout, c'est Alexandrie ; après Alexandrie, Mayence ; après Mayence, Wesel; après Wesel, Strasbourg et Kehl, et enfin les places de Venloo, Juliers et Maëstricht.

Comme la place de Flessingue désormais m'appartient, et que cette place acquiert une nouvelle importance, il sera convenable de me présenter un projet complet qui me fasse connaître le parti qu'on pourrait tirer de la coupure des digues , si l'ennemi s'était empare de l'île.

Anvers, Boulogne, Ostende viennent après.

Strasbourg, Mayence et Wesel sont déjà susceptibles d'une grande défense. Les ouvrages que l'on fait à Kehl, à Cassel et à Wesel tendent à donner à ces places de nouvelles propriétés.

La place de Venloo, selon sa capacité, peut se défendre; celles de Juliers, au contraire, n'est encore susceptible d'aucune défense sérieuse; Alexandrie est dans un état pire encore. Je mets donc de l'importance à ce qu'en 1808, et 1809 au plus tard, Alexandrie et Juliers puissent avoir toutes leurs propriétés.

Du reste je n'accorde point de fonds supplémentaires, ni pour Kehl, ni pour Mayence, ni pour Anvers, ni pour Boulogne; cependant j'autorise pour Kehl qu'on puisse dépenser cette année 200,000 francs de plus, lesquels devront être portés sur le budget de 1808.

Quelque important que soit Kehl, la prise de cette place n'influera pas sur celle de Strasbourg. La prise de Cassel, au contraire, influera réellement sur celle de Mayence. Il faut donc prendre un parti sur cette place si importante.
Quant à Lans-le-Bourg, j'arrêterai le plan aux différents conseils que je tiendrai en novembre; mais il faut qu'il soit coordonné avec l'auberge que les ponts et chaussées sont chargés de construire , et qu'on me fasse bien connaître la situation topographique des lieux où doivent être établis les bâtiments, de manière qu'ils soient à l'abri d'un coup de main. Mais, comme la somme de 400,000 francs est beaucoup trop considérable, il faudra peut-être se réduire à établir un logement pour un simple bataillon de 900 hommes. L'auberge, dans ce cas-là, sera plus commode pour les officiers. Cette caserne ne doit jamais être qu'un logement de passage. Je pense qu'il est nécessaire aussi de terminer la caserne de Chambéry.

J.e désire qu'avant novembre le général Marescot ait été faire une inspection sérieuse à Alexandrie. Les grandes dépenses que j'y ai faites, celles que je veux y faire l'année prochaine, demandent qu'il n'y ait rien de négligé.

J'exige qu'on soit assuré de la bonne conduite de la comptabilité, de la bonne conduite de ceux qui dirigent les
travaux, et aussi de leur docilité à exécuter les différents ordres.

Il faut aussi que le général Marescot approfondisse sur les lieux les divers tracés et le système général der la place, et vous remette ses observations, afin d'améliorer ce qui en sera susceptible; car c'est dans Alexandrie que je voudrais concentrer tout l'art de la défense, afin que, perdant l'Italie, une petite armée ou une garnison de 15 à 20,000 hommes puisse s'y tenir enfermée pendant un an, si elle a des vivres pour cet espace de temps.


Fontainebleau, 27 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, le cardinal Bayane se rend à Paris; il passera par Milan. Mon intention est qu'à Milan vous l'empêchiez de passer outre, et que vous lui demandiez si, dans son âme et conscience de cardinal , il croit ses pouvoirs et ses instructions suffisants pour arranger tous les points de discussion qui existent avec la cour de Rome ; que, s'il ne se croit pas assez autorisé, il doit écrire à Rome qu'il a été retenu à Milan, vu les explications qu'on lui a demandées. S'il a tous les pouvoirs et instructions nécessaires, il peut continuer sa route. S'il n'était pas encore parti de Rome, vous écririez à M. Alquier dans ce sens, et vous lui feriez connaître qu'il serait convenable que le cardinal Bayane ne partît pas de Rome s'il n'a pas les instructions nécessaires.


Fontainebleau, 28 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon fils, il paraît qu’il y a deux partis dans les troupes russes, dont l'un n'aime point l'empereur ni les princes de sa famille. Faites observer secrètement les uns et les autres, faites retenir leurs propos, et envoyez-moi leurs noms, afin que je connaisse ceux qui sont attachés à l'empereur et ceux qui ne le sont pas.

(Prince Eugène)


Fontainebleau, 28 septembre 1807

Au général Savary, en mission à Saint-Pétersbourg

Je reçois votre lettre du 9 septembre. M. de Champagny vous répond en détail.

Je ne vous connaissais pas aussi galant que vous l'êtes devenu. Toutefois les modes pour vos belles Russes vont être expédiées. Je veux me charger des frais. Vous les remettrez en disant qu'ayant ouvert, par hasard, la dépêche par laquelle vous les demandiez, j'ai voulu en faire moi-même le choix. Vous savez que je m'entends très-bien en toilette. Talleyrand enverra des acteurs et des actrices.

Je suis on ne peut pas plus mécontent des Prussiens : ce sont des gens dont on ne peut rien faire, aussi bêtes qu'ils l'aient jamais été.

N'alarmez pas inutilement l'empereur Alexandre; environné, comme il l'est, de l'amour de ses sujets, il n'a rien à craindre, pour peu qu'il montre un peu de vigueur.

J'attends M. de Tolstoï et je le recevrai, non comme ambassadeur, mais comme un homme honoré de l'amitié particulière de l'empereur. Cela me gênera un peu, à vous dire vrai, à cause de l'exemple; vous savez que je n'ai pas l'habitude de voir les ambassadeurs et les ministres; mais il faudra bien sortir de la règle pour être agréable à l'empereur Alexandre.

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P.S. Vous trouverez ci-joint deux lettres pour l'impératrice. Je vous les envoie sous cachet volant; vous les cachetterez, et vous ne les remettrez qu'après vous être assuré qu'elles seront agréablement reçues et qu'on y répondra.


Fontainebleau , 28 septembre 1807

A Alexandre Ier, empereur de Russie

Monsieur mon Frère, l'escadre de Votre Majesté, de Corfou, composée de quatre vaisseaux, est arrivée devant Venise. Ayant rencontré deux frégates anglaises, elle a été mouiller à Trieste, d'où l'amiral a expédié un courrier au prince de Kourakine; et, au retour du courrier, l'escadre de Votre Majesté a mis à la voile de Trieste pour se rendre à Venise, malgré les frégates anglaises. Elle convoyait vingt-deux bâtiments marchands, portant 4,000 hommes de la garnison de Cattaro. Tout est prévu pour que ces troupes soient bien à Padoue.

Votre Majesté aura été bien affligée de ce qui s'est passé à Copenhague. Il me semble qu'il nous sera facile de chasser les Anglais de tout le continent d'Europe; une déclaration commune produirait cet effet.

Je remercie Votre Majesté de ce qu'elle a bien voulu me communiquer la note anglaise; l'expédition de Copenhague explique son véritable esprit.

L'ambassadeur turc, qui était à Vienne, est arrivé hier à Paris; je ne l'ai pas encore vu; il a des pouvoirs de la Porte.

Votre Majesté veut-elle me permettre de lui témoigner toute ma reconnaissance pour les bons sentiments qu'elle témoigne au général Savary ? Je désire fort que Votre Majesté soit persuadée de tous ceux que je lui porte, et qu'elle croie que je ne le cède à personne pour 1'intérêt que j'attache à tout ce qui peut lui être agréable.


Fontainebleau, 29 septembre 1807

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, faites connaître à mon ministre à Florence que j'entends que l'archevêché de Florence soit donné à un homme connu par ses bons sentiments pour la France, et non à l'évêque d'Arezzo, dont l'inimitié et la haine ont éclaté dans toutes les circonstances. Passez une note là-dessus au ministre de Toscane. Les armes de Suède doivent être abattues en Toscane et le ministre de Suède chassé. Écrivez pour faire chasser de Florence le chargé d'affaires de cette nation.


Fontainebleau, 29 septembre 1807

Au prince de Neuchâtel, major-général de la Grande Armée

Mon Cousin, les magasins de subsistances resteront entre les mains de mes agents, lors même que le roi de Westphalie prendra possession de ses États. Même observation pour les approvisionnements de siège des places. Je ne vois pas, au reste, d'autre place que Magdeburg.

Je ne trouve rien de si baroque que la question : si je remettrai (sic) les magasins d'habillement et d'équipement au Roi. Ils appartiennent à l'armée française et doivent rester dans ses mains. Même observation pour l'artillerie. Tout le produit des usines, salines, mines, etc., les magasins de grains appartenant aux anciens souverains ou qui existent depuis que je suis maître du pays, resteront dans les mains de mes agents. Enfin, jusqu'à ce que j'aie déterminé de quelle manière cette prise de possession doit avoir lieu, on ne doit rien faire.


Fontainebleau, 29 septembre 1807

A Eugène Napoléon,vice-roi d'Italie

Mon Fils, j'ai reçu votre lettre du 24; elle ne m'a pas satisfait.

Je ne conçois pas comment on peut mettre en doute si les rues de Mantoue doivent être éclairées; je ne conçois pas plus pourquoi les villes de Modène, Reggio, Pavie, Crémone, Vérone, Crema, etc., ne le seraient pas, si elles le sont aujourd'hui. Mon intention est donc que, dans toutes les villes où il y a illumination, elle soit main- tenue, et que, dans celles où il n'y en a pas, on ne l'accorde qu'autant que la ville aurait le moyen d'y pourvoir. Quant à Mantoue, Porto-Legnago, Palmanova, comme places fortes, elles doivent être illuminées la nuit; mais en général ces illuminations ne coûtent pas cher, on peut les faire économiquement et mettre plus ou moins de lanternes. L'illumination de Paris coûte moins de 400,000 francs. On peut organiser l'éclairage de Mantoue de manière qu'il ne coûte pas plus de 7 à 8,000 francs. Mais cet éclairage, s'il n'est pas complet, le sera au moins pour les besoins publics et pour le service de la place.


Fontainebleau, 29 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, les marchandises anglaises traversent le royaume d'Italie; une partie de celles qu'on a trouvées à Livourne venaient de Milan. Il est temps que cela finisse. Tenez un conseil pour que toutes les marchandises anglaises soient confisquées à la fois dans tout mon royaume d'Italie, et que toutes les mesures soient prises pour empêcher qu'elles ne passent aux frontières. Guerre sans relâche aux marchandises anglaises; c'est le moyen d'arriver à la paix. Beaucoup de marchandises anglaises traversent le royaume avec des plombs faux. Il paraît que les douanes en Italie sont mal menées.


Fontainebleau, 29 septembre 1807

A Louis Napoléon, roi de Hollande

Je reçois votre lettre du 27 septembre, par laquelle vous m'annoncez votre arrivée à la Haye.

Vos intentions pour fermer les communications de la Hollande avec l'Angleterre ne sont pas remplies. Le gouvernement hollandais continue à donner des passeports pour Hambourg, par mer, ce qui veut dire évidemment pour l'Angleterre. Des marchands d'Amsterdam sont partis, il y a peu de jours, pour Londres, sur des bateaux. A la dernière foire de Rotterdam, toutes les boutiques étaient remplies de marchandises anglaises, et aucune n'a été saisie. Je ne puis donc que vous faire connaître que, si les marchandises anglaises ne sont pas arrêtées, surtout du côté de mes frontières , j'enverrai des colonnes mobiles pour les confisquer et en arrêter les propriétaires. Je ne parle pas de l'attachement que vous devez à la France. Par son alliance, par les traités, les Hollandais n'ont pas le droit de faire le commerce avec l'Angleterre, et ce sont ses alliés les plus chauds et les plus nécessaires. On n'est point roi quand on ne sait pas se faire obéir chez soi.


Fontainebleau, 30 septembre 1807

DÉCRET

ARTICLE ler. - Il sera tenu un chapitre général des établissements de soeurs de la Charité et autres consacrées au service des pauvres.
ART. 2. - Ce chapitre se tiendra à Paris dans le palais de Madame, qui présidera ledit chapitre, assistée du grand aumônier; M. l'abbé de Boulogne, aumônier de Sa Majesté, fera les fonctions de secrétaire.
ART. 3. - Chaque établissement aura, à ce chapitre, un député ayant une connaissance particulière de la situation, des besoins et du nombre de chaque maison.
ART. 4. - Ce chapitre sera invité à faire connaître ses vues sur les moyens les plus propres à étendre ces institutions, de manière qu'elles fournissent à la totalité des établissements consacrés aux malades et aux pauvres.


Fontainebleau, 30 septembre 1807

A M. Mollien, ministre du Trésor public

Monsieur Mollien, mon intention est qu'à la caisse de service, à dater des renouvellements qui auront lieu au ler octobre, l'intérêt de l'argent ne soit renouvelé qu'au taux de trois pour cent.


Fontainebleau, 30 septembre 1807

Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire

Mon Cousin, je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous alliez passer trois semaines à Montpellier. Cela étant, je désire que vous y soyiez annoncé par le ministre et que vous y jouissiez de tous les honneurs attachés à votre place.

(Brotonne)


Fontainebleau, 30 septembre 1807

Au général Clarke, ministre de la guerre

Le général Junot, comme gouverneur de Paris, reçoit de la guerre . . . .. . 60,000 francs.

Pour frais de logement . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . . . . . . . .  10,000 
Pour indemnité de fourrages .  . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . 15,000 
Pour frais de bureaux . . . .  . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . . 144,000 
Comme colonel général des hussards . .  . . . . . . . . . . . . . .  . . . . . . . . .  . . . 22,000 
Pour traitement extraordinaire de général 
               commandant la première division militaire . . . . .  . . . . . . . . . . . .12,000

Cela est une faiblesse du ministre de la guerre.

Mon intention est qu'il ne lui soit plus rien payé, ni comme frais de logement, ni pour indemnité de fourrages, ni comme colonel général des hussards, ni comme commandant de division militaire. Faites-lui connaître qu'à compter de l'année prochaine son traitement sera réduit, et témoignez mon mécontentement aux inspecteurs aux revues de n'avoir pas réclamé contre ces abus.

Quant aux 144,000 francs de frais de bureaux d'état-major, je veux que le gouverneur n'ait pas de frais de bureaux, qu'il n'en soit accordé qu'au commandant d'armes, et que cette dépense soit réglée à 6,000 francs, c'est-à-dire 3,000 francs pour frais de bureaux de la place; 1,000 francs pour ceux de la division; il y aura 2,000 francs pour frais de bureaux de la police.

Le commandant d'armes ne jouira ni de fourrages ni d'indemnité de logement. Il aura 6,000 francs de frais de bureaux et 3,000 francs d'appointements par mois, tout devant être compris dans cette somme.

Vous ferez connaître an général Junot que je l'autorise à toucher, pendant le reste de l'année, tout ce qu'il a touché cette année, et que, moyennant cela, il ne lui sera rien payé pour ses frais de voyage à Bayonne et pour son traitement de commandant en chef du corps de la Gironde; que, cependant, il n'aura rien à réclamer pour frais de bureaux depuis son départ, et qu'à dater de l'année prochaine son traitement de. gouverneur ne peut être de plus de 60,000 francs.

Faites-moi une recherche sur le traitement de premier inspecteur et autres traitements extraordinaires , non que je veuille retrancher quelque chose cette année, mais pour asseoir le budget de l'année prochaine.

(Le 12 octobre, Junot va recevoir l'ordre de traverser l'Espagne pour intervenir au Portugal)


Fontainebleau, 30 septembre 1807

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, je reçois votre lettre du 25. Vous avez été bien au delà de mes intentions. Je ne conçois pas comment vous faites offrir de l'argent à l'escadre russe; cela n'a pas de sens. Je ne conçois pas comment vous avez envoyé des vivres à cette escadre, quand elle ne vous en demandait pas et qu'elle n'était pas mouillée dans vos ports. Je ne conçois pas comment vous avez offert de l'argent aux troupes russes; on est toujours à temps; il faut laisser demander, et accorder. Je ne veux point qu'elles soient mieux nourries que mes troupes ; vous ne leur avancerez rien au delà. Quant à la solde, vous ne leur accorderez d'argent qu'après vous être bien assuré qu'ils n'en ont pas et qu'ils n'ont aucun moyen d'en avoir. Quant à l'escadre, il ne faut lui rien fournir, à moins qu'elle ne soit dans mes parts. Ainsi donc mon intention est d'accorder aux Russes ce qui leur est nécessaire, mais de ne leur rien offrir, et de ne pas tant courir à leur rencontre, c'est trop exagérer les choses.


Fontainebleau, 30 septembre 1807

A Frédéric, prince royal de Danemark

Mon Frère et Cousin, j'ai reçu la lettre de Votre Altesse Royale, du 12 septembre. J'ai pris et je prends une part sincère aux malheurs que vient d'éprouver le Danemark. Il est à regretter qu'à force de ruses et de mauvaise foi le gouvernement anglais ait donné le change aux ministres de Danemark sur les véritables dangers du moment; car, si une partie de l'armée de Votre Altesse Royale se fut trouvée à Copenhague, les choses eussent tourné bien autrement. Mais le passé est sans remède. Je compte sur son énergie et la bravoure de la nation. Je seconderai volontiers Votre Altesse Royale dans tout ce qu'elle entreprendra pour rentrer dans son pays. J'ai fait donner à cet effet des pleins pouvoirs à mon ministre pour conclure et signer toute convention à ce sujet.


1er - 14 septembre 1807