1 - 15 Janvier 1808

Paris, 3 janvier 1808

Au prince Eugène

Mon fils, je vous remercie de la lettre que m'écrivez à l'occasion de la nouvelle année. Je vous envoie pour votre présent de bonne année un sabre que j'ai porté sur les champs de bataille d’Italie. J'espère qu'il vous portera bonheur, et que vous vous en servirez avec gloire, si les circonstances vous obligeaient à la tirer pour la défense de la patrie.

(Prince Eugène)


Paris, 4 janvier 1808

DÉCISION

On prie l'Empereur de donner l'ordre au bataillon du train de la garde d'atteler le parc d'artillerie réuni à La Fére.

 

Renvoyé au maréchal Bessières pour s'entendre avec le commandant de l'artillerie de la garde et prendre 500 chevaux et 250 hommes du train, en ayant soin de prendre des hommes qui n'appartenaient pas primitivement à la garde, afin que les cadres des anciens bataillons de la garde restent selon leurs anciens éléments.

(Chuquet)


Paris, 4 janvier 1808

Au prince Eugène

Mon Fils, faites avancer 200.000 francs aux Russes pour les besoins du mois.

(prince Eugène)


Paris , 4 janvier 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre

Expédiez par un courrier extraordinaire l'ordre au général Dupont de diriger sur le Portugal tous les régiments provisoires et autres appartenant aux corps de l'armée du général Junot.

Ecrivez au général Junot qu'il doit s'attendre, aussitôt que la saison le permettra, que les Anglais feront les plus grands efforts pour lui susciter toute espèce de désordres dans le pays; qu'il ne doit donc pas perdre de temps pour organiser un gouvernement provisoire, renvoyer les troupes portugaises en France, armer les forts de Lisbonne, y établir de bonnes batteries et prendre toutes les mesures que je lui ai prescrites, et dont vous lui prescrirez de nouveau la sévère exécution; c'est une chimère de penser qu'on puisse s'assurer du pays par un autre moyen; qu'il n'a plus que janvier et février pour exécuter ces mesures et soumettre véritablement le pays; qu'il doit également frapper une contribution de guerre et prendre des mesures pour que J'armée soit 'abondamment pourvue de tout; qu'il faut prendre possession de la place d'Elvas et de toutes les places fortes; qu'il doit également conserver l'administration et la souveraineté de tout le Portugal, jusqu'à ce que la convention pour les limites soit faite. Enfin recommandez au général Junot de vous envoyer des états de situation exacts.


A Paris , 4 janvier 1808

Au maréchal Davout, chargé du 1er commandement de la Grande Armée, à Varsovie

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 22 décembre. J'ai vu avec plaisir tout ce que vous avez fait pour le roi de Saxe, et la bonne opinion que vous avez de ce souverain. Pendant le peu de temps que j'ai passé à Dresde, j'ai conçu pour lui une grande estime.


Paris, 4 janvier 1808

A M. Daru, intendant général de la Grande Armée

Monsieur Daru, je reçois votre lettre. Qu'allez-vous me parler de domaines allodiaux et de mille et une distinctions de mots qui ne finiraient plus ? J'appelle domaine toute terre ayant appartenu aux différents princes, soit aux maisons des princes, soit aux corporations religieuses. Selon mes calculs, cela doit monter à huit millions de rente et à quatre millions pour ma part. Ne vous dessaisissez point de la part qui me revient, que je n'en aie l'état terre par terre; vous sentez combien vous seriez responsable de la moindre négligence qui compromettrait cette récompense de mes soldats. Le roi de Westphalie n'a pas seul gagné son trône.

Comme il est urgent de faire ces partages, j'ai nommé pour mon commissaire le conseiller d'État Jollivet. Vous trouverez ci-joint le décret qui le nomme. Vous lui donnerez les instructions de détail en conséquence, 1° pour ce qui est dû des contributions jusqu'au 1er octobre, en comprenant l'arriéré au moment de mon entrée dans le pays; 2° pour ce qui est dû des contributions de guerre. On réglera les époques de payement de ces différentes contributions; moyennant quoi, la remise de la moitié des domaines sera faite au roi de Westphalie. La liste des biens domaniaux, allodiaux, sous quelque titre que ce soit, sera dressée sans délai. On fera deux états de ces biens, dont le montant doit être pour chacun de quatre millions de rente, si l'on s'en rapporte aux états qui ont été envoyés par la Régence au major général. A l'échange des ratifications de cette convention, la remise sera faite à mes agents de la moitié qui me reviendra, et à ceux du roi de Westphalie, de la moitié qui lui restera. La convention et l'échange des ratifications seront faits dans les formes usitées pour les transactions diplomatiques.

Faites bien connaître au conseiller d'État Jollivet que je ne ratifierai rien que de bien conforme aux présentes instructions.


Paris, 4 janvier 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie

Mon Frère, je vous envoie copie d'un décret et d'instructions à M. Daru. On me fatigue beaucoup de distinctions, que je trouve ridicules, sur les domaines allodiaux et sur ceux qui ne le sont pas. Mon intention a été de me réserver la moitié nette des domaines; or j'appelle domaines les allodiaux, les apanages, enfin les biens du prince sous quelque titre que ce soit; sans quoi vous ne me donneriez rien, et mon armée serait sans récompense.


Paris, 4 janvier 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie

Mon Frère, j'ai lu le rapport du colonel Morio. Je n'entre pas dans tous ses détails, mais je crois ce qu'il propose opposé aux circonstances. Je pense que, si vous commencez par faire supporter ces dépenses à votre trésor, vous le ruinerez. Comment ferez-vous quand la Grande Armée passera par vos États ? Elle a séjourné un an en Bavière : elle n'a pas coûté un sou au Roi, les habitants l'ont nourrie; il est vrai qu'ils en ont été un peu grevés; mais, s'il eût fallu que le Roi payât, il n'aurait pas pu la supporter quinze jours. Cet ordre que l'on veut mettre est de l'enfantillage et ne pourra être exécuté que dans deux ans d'ici. Ces circonstances ne sont point nouvelles pour moi. J'ai été deux ans en France sans finances. Le roi de Naples commence à peine à régulariser les siennes. En Italie, j'ai été ainsi six ans.

Quant aux 60,000 francs que vous donnez à vos ministres, c'est une folie; il ne faut pas qu'ils aient plus de 20,000 francs. Mes ministres d'Italie, d'un Etat qui a cent vingt millions, dont Milan, la capitale, est une ville de luxe et de 140,000 habitants, ont 30,000 francs. Vous mettez votre pays sur un pied de luxe qui le   fera déchoir.

Dans les 12,500 Français que je compte laisser dans votre royaume jusqu'à ce que vous ayez une armée, je ne comprends pas les polonais à votre solde. Il n'y a point d'inconvénient à mettre les Polonais sur le pied de paix. 


Paris, 4 janvier 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie

Je suis fâché que M. Muller vous quitte. Le fait est qu'il était très-flatté de sa place; mais il faut qu'il n'ait pas eu lieu d'être content.


Paris, 5 janvier 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie

Mon Frère, je reçois votre lettre du 16 décembre. Je ne crois pas que vous deviez avoir de gardes du corps. Ce n'est pas l'étiquette de notre famille. Je pense qu'un régiment de chevau-légers, de 400 hommes, un bataillon de grenadiers à pied et un bataillon de chasseurs à pied, chacun de 400 hommes, suffisent pour votre Garde. Mais il ne faut pas les payer plus que vos autres troupes. Mon opinion est qu'il est très-important que le quart de ces 1,200 hommes soit français. Il ne faut pas y mettre de Polonais. Je verrai avec plaisir que vous y joigniez une compagnie de gendarmerie de 100 hommes à cheval; mais je désire que ces gendarmes soient tous Français; vous avez le prétexte qu'il n'y a point de gendarmerie dans le pays. Cette Garde ainsi arrêtée, il faut l'organiser peu à peu. Il ne faut vous modeler en rien sur la formation de ma Garde, qui, étant destinée à offrir des récompenses à une grande armée, me coûte immensément cher. Je pense que vous devez composer la partie allemande de votre Garde de jeunes gens de famille, c'est-à-dire de bons bourgeois ou de fils de fermiers, et exiger qu'ils soient forts et vigoureux, et que leurs parents leur fassent une pension de 100 francs pour la cavalerie et de 72 francs pour l'infanterie, qui leur seront donnés pour prêt en augmentation de solde; ce qui les mettra à même d'être bien tenus, sans que cela vous coûte aucune dépense extraordinaire. Le quart français de votre Garde sera composé de vieux soldats, que je vous autoriserai à prendre. Vous leur donnerez en extraordinaire les 100 francs et les 72 francs, sur les fonds de votre caisse, lesquels leur seront payés en augmentation de paye pour prêt. Ainsi votre Garde serait commandée par quatre capitaines généraux des Gardes pour le service de cour, équivalant à mes quatre maréchaux, dont l'un serait toujours de service près de vous. Ces quatre capitaines généraux, ne les nommez point avant deux ans, pour ne point vous tromper; ils devront être grands officiers de la couronne. Je pense qu'il doit y en avoir deux français, officiers de mérite, capables de commander une armée et d'en imposer même à une armée française, des hommes qui aient gagné des batailles. C'est à ces hommes auxquels il faut laisser l'espérance d'avoir un fief, comme celui que vous donnez au sieur Le Camus, quand ils vous auront servi dix ou quinze ans avec fidélité. Un capitaine général des Gardes commandera le régiment de chevau-légers; il aura sous lui un colonel, quatre chefs d'escadron commandant chacun une compagnie, et ayant sous eux un capitaine, un lieutenant et un sous-lieutenant, chaque compagnie à l'effectif d'une centaine d'hommes.

Sur les 400 hommes de chaque corps, 300 seront de jeunes Westphaliens appartenant à des fermiers ou bons bourgeois qui puisse payer 100 et 72 francs de pension, et n'ayant jamais servi. Jeune, prenez pour vous servir de la jeunesse qui s'attachera à vous. Avec 300 jeunes gens du régiment de chevau-légers vous joindrez 100 Français, tous hommes parlant allemand, ayant fait au moins six campagnes dans la cavalerie; ceux-là donneront l'esprit militaire à votre jeunesse et en feront l'amalgame avec la France. Un autre capitaine général des Gardes commandera le bataillon de grenadiers à pied, ayant sous lui un colonel et un chef de bataillon. Ce bataillon de quatre compagnies à l'effectif de 100 hommes serait composé de 300 jeunes gens du pays et de 100 Français, vieux soldats, parlant allemand et ayant fait plusieurs campagnes. Un autre capitaine général commandera le bataillon des chasseurs, ayant la même organisation que le bataillon de grenadiers. Le minimum de la taille des grenadiers doit être de cinq pieds quatre pouces; le minimum de taille des chasseurs, de cinq pieds deux pouces. Je mets la taille basse, afin d'exclure moins et d'avoir le plus d'hommes qui puissent payer. Un autre capitaine général commandera la compagnie de gendarmerie d'élite de 100 hommes, tous Français. Vous pourrez avec le temps le mettre à la tête de toute la gendarmerie du pays.

En somme totale, votre Garde serait composée de 300 Français et de 900 hommes du pays. Si vous ne pouvez réunir ces 900 hommes qu'en deux ans, cela est égal. Formez d'abord une compagnie de grenadiers à pied, une de chasseurs à pied, une d'hommes à cheval, quand vous aurez assez de monde pour en former une seconde, vous la formerez. Ainsi., insensiblement, votre Garde se trouvera formée.

Elle ne vous coûtera pas plus qu'une Garde ordinaire, si ce n'est la dépense de la pension des 300 Français; et vous aurez des hommes qui jouiront d'une certaine aisance, puisqu'ils tireront de chez eux. Pour compléter mon idée, ne prenez point d'hommes qui aient servi chez les princes ; choisissez-les de la première jeunesse, même de l'âge de dix-huit ans, pour la première fois. Je vous fournirai des Français, tant officiers que soldats. Quant aux généraux français, c'est une chose qui ne presse pas et à laquelle il faut penser. Après cela, commencez à former quatre régiments selon le mode hessois, qui est si économique, pour employer les officiers et soldats des différents princes qui régnaient dans les Etats où vous êtes.


Paris, 6 janvier 1808

A Joachim Napoléon (sic), Grand Duc de Berg et de Clèves

Mon Frère, je vous préviens que par vos bureaux d'Hambourg il passe beaucoup de lettres venant de l'Angleterre. Donnez des ordres positifs là-dessus.

(Brotonne)


Paris, 7 janvier 1808

Au maréchal Moncey, commandant l'armée des côtes de l'Océan

J'ai reçu vos lettres de Bordeaux du 23 et du 29 décembre.

Votre quartier général doit être à Vittoria le 10 janvier. Ne forcez cependant la marche d'aucune troupe; rien ne presse. Envoyez au ministre de la guerre les états de situation, bien exacts, de votre armée. Je vous laisserai séjourner quelques jours dans la Biscaye, pour que vous puissiez bien vous former et organiser vos divisions. Je vois par votre lettre que votre première division ne sera à Bayonne que le 4 janvier. Il est inutile, comme je vous l'ai dit plus haut, que, pour exécuter à point nommé les ordres du ministre, vous fassiez faire aucune marche forcée à vos troupes. Rendez compte exactement au ministre de la guerre, ce qui n'empêche pas que vous ne m'écriviez quelquefois. Du moment que vous serez entré en Espagne, envoyez des officiers à droite et à gauche, et recueillez des renseignements sur la situation et l'esprit du pays.

Faites passer la lettre ci-jointe au général Mouton.


Paris, 7 janvier 1808

Au général Mouton, commandant la division d'observation des Pyrénées Occidentales

Monsieur le Général Mouton, laissez le commandement de votre division à l'officier que vous en jugerez le plus capable, et rendez-vous à Vittoria et à Valladolid. Parcourez les camps des troupes françaises, prenez des renseignements sur la situation des places fortes espagnoles, sur les mouvements qui s'y font, sur les villes, sur l'opinion publique. Envoyez-moi des rapports sur la situation de mes troupes, corps par corps, infanterie, cavalerie, artillerie, officiers généraux, etc. Ecrivez-moi longuement tous les jours.


Paris, 7 janvier 1808

A M. Maret, ministre secrétaire d'État, à Paris

Mon intention est que mes ministres d'État est le titre d'Excellence

(Brotonne)


Paris, 7 janvier 1808

A M. Fouché, ministre de la police générale

Expédiez le sieur Lagarde en Portugal au général Junot. Il lui sera utile pour la police.

(Brotonne)


Paris, 8 janvier 1808

A M. Gaudin, ministre des finances

La Toscane est dans votre département, tant pour les finances que pour les autres branches d'administration civile. J'ai donné ordre au conseiller d'État Dauchy de correspondre avec vous pour tous les objets relatifs à ce pays. Vous préviendrez M. Mollien que les troupes toscanes se rendent à Parme, où elles seront formées en bataillons et soldées par mon trésor. Je pense également qu'il est convenable que le ministre Mollien envoie un receveur général à Florence, pour recevoir les contributions et les tenir en réserve à nia disposition, afin que j'en fasse la destination convenable. Il doit bientôt y avoir le revenu d'un mois. Il sera convenable que tout ce qui sera versé pour les troupes entre dans la caisse de l'armée d'Italie, vu que les troupes qui sont en Toscane ne sont que des détachements de ladite armée.


Paris, 8 janvier 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie

Mon Frère, j'ai reçu vos lettres des 29 décembre et 2 janvier. Le discours que vous avez tenu aux  États est trop long. Il a l'inconvénient d'être de nature à faire un effet très-vif en Allemagne. Le projet de la révolutionner et de porter tout à l'instar de la Westphalie est trop manifeste.

Quant aux sieurs Siméon et Beugnot, vous pouvez les employer comme ministres. Gardez-les sans en exiger de serment, ce qui est une formalité inutile, et jusqu'à ce que vous puissiez les remplacer ; sans cela ils perdent leur place dans mes conseils. Cependant, s'ils consentent à s'attacher à votre service, pour mon compte j'y consens volontiers.

Avant de penser au ministre des relations extérieures, que votre Etat soit bien organisé ; ce serait dans ce moment une dépense inutile. Les seules missions importantes sont celles de Saxe, de Hesse-Darmstadt et du prince Primat, pour régler les discussions de voisinage que vous pouvez avoir.


Paris, 8 janvier 1808

A M. Cretet, ministre de l'intérieur

Monsieur Cretet, qu'est-ce qu'un nommé Postegno, de Turin, que l'on porte comme candidat à la place de maire de cette ville, si jamais elle vaquait ?

(Brotonne)


Paris, 9 janvier 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre

Vous voulez faire partir de la Fère cent dix-sept voitures d'artillerie, savoir, quatre canons de 12 : mais vous en avez, avec affûts, cinq à la Rochelle, quatre à Blaye et six à Perpignan; faites-les donc prendre à la Rochelle on à Blaye; six canons de 8 : vous avez une pièce de 8 à Blaye et deux affûts ; deux à la Rochelle; ces trois pièces paraissent suffisantes; composez l'équipage selon ce que vous avez à Blaye et à Perpignan. Vous pouvez mettre, au défaut de canons de 8, un plus grand nombre de canons de 12. Il y a à Perpignan soixante canons de 4; vous avez huit pièces de 4 à Blaye avec sept affûts, six à la Rochelle avec six affûts. Mon intention est que les cent dix-sept voitures qui sont à la Fère y restent, et que vous les remplaciez par cent dix-sept autres voitures formant le service de dix-huit pièces de canon, en le composant de pièces de 12, de 8 et de 4, selon ce que vous avez à Blaye et à la Rochelle.

Je vous laisse toute latitude, à moins qu'on ne tire rien de la rive droite de la Loire. Si vous faites consulter les états, vous trouverez un plus grand nombre de pièces à la Rochelle. Vous trouverez des obusiers à l'île de Ré, et des pièces en grande quantité du côté de Blaye. Déjà le général Junot a, en Portugal, une quantité immense d'artillerie, et bientôt, quels que soient les événements, les Espagnols pourront en fournir. Faites-moi connaître où sont les arsenaux espagnols; je crois qu'il y en a d'occupés par nos troupes, d'où l'on pourra tirer des ressources.

Je vois que les deux corps de la Gironde, le corps d'observation des côtes de l'Océan et les deux divisions d'observation des Pyrénées ont quatre pièces de 12, trente-huit de 8, soixante et douze de 4, vingt-six obusiers; ce qui fait cent quarante pièces de canon. Vous pouvez donc facilement avoir plus de sept cents voitures. Je vois qu'il y a beaucoup de pièces, d'affûts, à Blaye, à la Rochelle, à Toulouse et à Perpignan. Ce qui manque surtout à vos équipages ce sont les pièces de 12 : vous en avez quinze entre la Rochelle, Blaye et Perpignan. Gardez en bon état l'artillerie de la Fère; je puis en avoir besoin ailleurs. Ayez à Bayonne un bon directeur qui compulse bien les états et fasse ressource de tout pour exécuter mes ordres.


Paris, 10 janvier 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, immédiatement après la réception de la présente lettre, expédiez l'ordre au général Miollis de diriger sur Pérouse toute son artillerie, sa cavalerie et son infanterie, hormis un bataillon qu'il laissera pour la police de Florence et un pour la police de Livourne. Donnez l'ordre au général Lemarois de mettre en marche sur Foligno toutes ses troupes, infanterie et artillerie, hormis un bataillon qu'il laissera pour la garde d'Ancône. Je compte que le général Miollis pourra réunir 2,500 hommes et le général Lemarois autant, ce qui fera 5,000 hommes. Les troupes du général Lemarois seront sous le commandement d'un général de brigade; arrivées à Foligno, elles seront sous les ordres du général Miollis. Les marches seront calculées pour que les troupes du général Lemarois arrivent à Foligno le même jour que les troupes du général Miollis arriveront à Pérouse. Je donne ordre au roi de Naples de réunir à Terracine une colonne de 3,000 hommes. Le général Miollis se rendra à Pérouse, en partira avec la colonne qui y sera réunie, prendra sous son commandement la colonne de Foligno, et continuera sa route sur Rome, sous prétexte de traverser cette ville pour se rendre à Naples. Les ordres seront donnés de manière que la colonne de 3,000 hommes de Terracine soit en mesure de se diriger en grande marche, et sans perdre de temps, sur Rome, du moment que le général Miollis y sera entré.

Le général Miollis, à son arrivée, prendra possession du château Saint-Ange, rendra au Pape tous les honneurs possibles, et déclarera qu'il a mission d'occuper Rome et le château Saint-Ange pour arrêter les brigands du royaume de Naples, qui y cherchent refuge. Il fera arrêter le consul et les agents du roi Ferdinand , le consul anglais et les individus anglais qui sont à Rome. Il tiendra ses troupes en bon ordre, restera tranquille, ne se mêlera en rien du gouvernement, et fera seulement fournir à ses troupes les vivres et la solde.

Il est bien important que le plus grand secret soit gardé sur cette expédition.

Le général Miollis marchera sur Rome comme s'il allait rejoindre l'armée de Naples; il ne se mettra en marche que lorsque ses troupes seront à Pérouse et que celles du général Lemarois seront à Foligno, et alors il se dirigera à grandes journées sur Rome. Il enverra des ordres à la colonne de Terracine pour qu'elle parte au moment de son arrivée à Rome.

Sa principale mission est de protéger mes malades et de rechercher les brigands; il recevra du reste des ordres ultérieurs. Il avouera qu'il n'a à se mêler que de la partie militaire. J'exige secret et promptitude dans cette opération.

Vous ferez connaître au général Miollis qu'il prendra à Rome le titre de commandant en chef des troupes qui sont dans les États de l'Église; il ne prendra d'ordre que de nous.

La Toscane se trouvant dégarnie par le départ de la division Miollis, vous aurez à Florence le 13e de ligne, soit bataillons de guerre, soit dépôt; ce régiment se remettra là. Envoyez aussi à Ancône deux escadrons, formant 400 hommes de cavalerie, pour donner un surcroît de forces au général Lemarois.

Vous ferez connaître le jour où le général Miollis arrivera à Pérouse et à Rome au roi de Naples, afin qu'il règle son mouvement en conséquence. Vous aurez soin également de m'instruire du jour où il entrera dans Rome, afin que je puisse lui donner des instructions sur ce qu'il aura à faire.


Paris, 10 janvier 1808

A Joseph Napoléon, roi de Naples

Mon Frère, les impertinences de la cour de Rome n'ont pas de bornes; je suis impatient d'en finir. J'ai renvoyé ses négociateurs. Mon intention est que vous réunissiez à Terracine une colonne de 9,000 hommes de troupes napolitaines d'infanterie et de cavalerie, d'un bataillon français de 8 à 900 hommes, d'un régiment de cavalerie de 400 hommes, de quatre pièces de canon napolitaines et six pièces françaises attelées; ce qui fera 3,000 hommes et dix pièces de canon. Vous ferez tout cela sans bruit. Vous mettrez cette colonne sous les ordres d'un général de brigade, et elle attendra à Terracine les ordres du général Miollis, sous le commandement duquel elle sera. Ce général réunit 3,000 hommes à Perugia; le général Lemarois, autant à Foligno. Avec ces 6,000 hommes, il se mettra en marche sur Rome, comme s'il allait rejoindre l'armée de Naples.

Arrivé à Rome, il prendra possession, du château Saint-Ange et le titre de commandant en chef des troupes qui sont dans les États du Pape, et il enverra des ordres à votre division de Terracine pour qu'elle vienne le joindre en toute hâte à Rome. Vous sentez que cette expédition doit être tenue très-secrète. Votre colonne de Terracine ne doit se mettre en mouvement que pour arriver au moment de l'entrée du général Miollis à Rome. Peut-être sera-t-il inutile qu'elle entre dans la ville, mais il sera nécessaire qu'elle en approche à quatre ou cinq lieues. Je charge le vice-roi de vous faire connaître le jour où le général Miollis arrivera à Rome, afin de ne marcher qu'au dernier moment. Je me réserve de donner des ordres ultérieurs lorsque Miollis sera arrivé à Rome.


Paris, 10 janvier 1808

A Charles IV, roi d'Espagne

Je me trouvais en Italie lorsque j'ai reçu la lettre de Votre Majesté, du 18 novembre, par laquelle elle me fait connaître son désir de consolider les liens des deux Etats en unissant le prince des Asturies à une princesse de France. Je partage les sentiments de Votre Majesté; je consens volontiers à cette alliance. Mais Votre Majesté doit comprendre qu'il n'est aucun homme d'honneur qui voulût s'allier à un fils déshonoré par sa Déclaration, sans avoir l'assurance qu'il a réacquis toutes ses bonnes grâces, Votre Majesté ne doute pas de mon désir de dissiper toutes les difficultés et les nuages qui se sont élevés entre elle et moi, afin que, de concert, nous puissions de nouveau prendre toutes les mesures nécessaires pour soumettre nos plus implacables ennemis.


Paris, 10 janvier 1808

A Charles IV, roi d'Espagne

Je reçois la lettre de Votre Majesté. Je pense que les affaires ne sont pas encore assez avancées pour publier la convention que nous avons faite sur le sort futur du Portugal (Voir à la date du 23 et du 27 octobre 1807). Il faut nommer d'abord des commissaires pour fixer les limites et prendre toutes les mesures convenables pour assurer l'état des peuples, qui pourraient se trouver compromis par des mesures hasardées et prématurées.


Paris, 11 janvier 1808

ORDRES POUR LES CONSEILS D'ADMINISTRATION

Il y aura conseil d'administration les lundi, jeudi et dimanche de chaque semaine. La séance s'ouvrira à onze heures du matin.

Cet ordre sera suivi à dater de dimanche prochain.

Le conseil d'administration du lundi sera pour la guerre; celui du jeudi, pour l'intérieur; celui du dimanche, pour les finances.

On y appellera, indépendamment des ministres et des conseillers ministres d'État, les conseillers d'État ou autres personnes qui seront demandées, l'avant-veille de chaque conseil, par les ministres, et les maîtres des requêtes qui seront désignés par Sa Majesté.

Les ministres amèneront les chefs de division et de bureau qu'ils croiront pouvoir être utiles pour donner des renseignements. Les chefs de division et de bureau apporteront dans leurs portefeuilles toutes les pièces et états concernant la matière du conseil. Ils se tiendront dans la salle du Trône.

Il est à désirer que rien ne soit omis à cet égard, l'intention de Sa Majesté étant de rendre ses décisions en conseil d'administration, et de faire établir, dans les procès-verbaux qui seront dressés, la situation précise, à la date du conseil, des divers exercices, des divers crédits et des divers services.

CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA GUERRE

Seront membres du conseil d'administration de la guerre les ministres de la guerre, de l'administration de la guerre et le ministre d'État Lacuée.

On y appellera également M. Denniée, secrétaire général de la guerre.

Premier conseil d'administration, qui se tiendra lundi 18 janvier : les deux ministres apporteront à ce conseil les états de situation, par chapitre, du budget de leur ministère pour l'an XIII, les quinze mois de l'an XIV et 1806, et l'année 1807. Ils feront connaître les crédits qu'ils ont eus, les dépenses qu'ils ont faites, les sommes qui restent disponibles sur les différents articles, ou les suppléments de crédit qu'ils sont dans le cas de demander. Un autre état présentera les budgets de 1808, avec une colonne contenant les observations des ministres et les motifs des augmentations demandées.

L'examen de ces états, s'ils sont bien faits, ne doit pas exiger plus d'une demi-heure.

Au second conseil d'administration de la guerre, qui aura lieu le lundi 25janvier, le ministre de l'administration de la guerre apportera, et dans la même forme indiquée pour le conseil précédent, des rapports et des états sur les remontes, les fourrages, les transports, convois et équipages militaires, le casernement et les lits militaires.

Au quatrième conseil, qui se tiendra le 8 février, le ministre de l'administration de la guerre présentera les rapports et les états de comptabilité, comme il a été dit ci-dessus, sur le service des hôpitaux et sur le reste des objets qui composent les attributions de son ministère.

CONSEIL D'ADMINISTRATION DE L'INTÉRIEUR.

Seront membres de ce conseil le ministre de l'intérieur et le ministre d'Etat Regnaud.

Le premier conseil d'administration se tiendra le jeudi 21 janvier. Le ministre apportera à ce conseil les états de situation, par chapitre, du budget de son ministère pour l'an XIII, les quinze mois de l'an XIV et 1806, et 1807; il fera connaître les crédits qu'il a eus, les dépenses qu'il a faites, les sommes qui restent disponibles sur les différents articles, ou les suppléments de crédit qu'il est dans le cas de demander. Un autre état présentera le budget de 1808, avec une colonne contenant ses observations et les motifs des augmentations qu'il croira nécessaires. Le ministre du trésor public apportera sur les mêmes exercices les états du trésor pour servir de contrôle, il dressera ces états de manière à ne jamais créer un nouveau chiffre et en suivant les formes auxquelles Sa Majesté est accoutumée.

On traitera ensuite de ce qui concerne les dépenses des préfectures, des centimes fixes et variables et des centimes de dégrèvement. Le ministre fera connaître l'état de situation de ces fonds, depuis et y compris l'an XIII jusqu'à l'armée 1807 inclusivement, ce qui reste à la disposition du Gouvernement ou des préfets, et les moyens à prendre pour remédier aux abus qui se sont manifestés dans beaucoup de préfectures.

Il remettra des notes sur les préfets; il proposera les changements qu'il jugera convenables ou nécessaires; il présentera l'état des gratifications accordées antérieurement, et de celles qu'il convient d'accorder pour 1806 ou 1807 ; il indiquera les fonds qui peuvent subvenir à cette dépense.

Il rendra compte de tous les petits établissements, tels que Charenton et Bicêtre, qui dépendent immédiatement du ministère de l'intérieur, quoiqu'ils paraissent concerner plus particulièrement l'administration de la ville de Paris.

Il fera connaître ce qui est relatif aux prisons, maisons d'arrêt, de force et de mendicité, tant relativement à la comptabilité, à ce qu'ils ont coûté depuis et y compris l'an XIII, à ce qu'il y a à faire cette année et à ce qu'ils coûteront, que relativement à l'administration et à la législation, et aux améliorations à faire dans cette partie.

Le second conseil, qui se tiendra le jeudi 28 janvier, aura pour objet :

L'approvisionnement extraordinaire de grains et farines pour Paris, la législation générale des blés pour la France, le produit et l'emploi du droit d'exportation, la situation de la valeur de la viande dans les années précédentes, et les mesures qu'il y aurait à adopter;

L'instruction publique, en faisant connaître l'état de la législation, celui du travail proposé pour la création de l'Université, et ce qu'il y a à faire pour le terminer; les lycées, les écoles secondaires et les écoles spéciales.

Ces divers objets seront traités tant sous le rapport de l'administration que sous celui de la comptabilité. La comptabilité remontera jusqu'au 1er vendémiaire an XIII.

Le troisième conseil, qui se tiendra le 4 février, sera relatif au commerce et aux manufactures.

Le ministre fera connaître les encouragements qui ont été donnés au commerce, ainsi que l'état des prêts faits par la caisse d'amortissement, et les moyens à prendre pour en assurer le remboursement; les mesures à prendre, par les relations extérieures , pour obtenir de l'Espagne, de l'Italie et de la Hollande des tarifs plus avantageux; les changements aux tarifs des douanes françaises que la situation du commerce peut réclamer; les avantages à faire à l'égard de la Russie pour y suppléer les Anglais, les dispositions qu'on peut adopter pour remplacer le coton et donner à l'industrie une direction telle que nos fabriques trouvent la matière première dont elles ont le plus de besoin, ou en France ou sur le continent.

Le ministre apportera, à l'appui de ce travail, des mémoires sur la balance du commerce depuis et y compris l'an XIII; des états statistiques qui fassent bien connaître la France, et où les manufactures soient divisées en fabriques de soie, de lin ou de fil, de laine et de coton.

Le ministre fera connaître le nombre des tribunaux et des chambres de commerce, l'état de la législation sur les chambres des manufactures, et ce qui s'oppose à leur établissement.

Il présentera la comptabilité des bâtiments civils et autres objets de détail de son ministère depuis le 1er vendémiaire an XIII.

Le quatrième conseil se tiendra le jeudi 11 février; on y traitera ce qui concerne les travaux publics et les ponts et chaussées.

Le ministre fera connaître ce qu'ont coûté les routes et les travaux extraordinaires, ce qu'il y a à faire pour pousser les grands travaux déjà entrepris, ceux qu'il convient d'entreprendre, et enfin tout ce qui est relatif à cette importante partie de son ministère.

Il présentera la comptabilité en recette et en dépense de tous les fonds, soit généraux, soit spéciaux, sous quelque dénomination que ce soit, qui ont été accordés, depuis le ler vendémiaire an XIII, pour les travaux publics.

CONSEIL D'ADMINISTRATION DES FINANCES

Seront membres de ce conseil le ministre des finances et le ministre d'État Defermon.

Le premier conseil d'administration de finances se tiendra dimanche prochain, 24 du courant.

Le ministre apportera à ce conseil les états de situation , par chapitre, du budget de son ministère pour l'an XIII, les quinze mois de l'an XIV et 1806, et 1807. Il fera connaître les crédits qu'il a eus, les dépenses qu'il a faites, les sommes qui restent disponibles sur les différents articles, ou les suppléments de crédit qu'il est dans le cas de demander. Un autre état présentera le budget de 1808, avec une colonne contenant ses observations et les motifs des augmentations qu'il croira nécessaires.

Le ministre fera connaître, par un rapport, le budget général des recettes de l'État pour 1807, tel qu'il a été évalué, et tel qu'il se réalisera.

Le ministre du trésor public fera connaître la situation des rentrées effectuées en 1807 sur les différents exercices, et ce qui reste à rentrer sur l'exercice an XIV et 1806, et sur l'exercice 1807. Il établira ses bases de service pour l'exercice 1808.

On traitera ensuite de ce qui est relatif à l'administration de l'enregistrement. Le ministre des finances présentera l'état des domaines nationaux et rentes existants, ainsi que le compte en recette et en dépense de chacune des branches de l'administration de l'enregistrement, depuis le 1er vendémiaire an XIII.

Le second conseil d'administration, qui se tiendra le dimanche 31 du courant, sera relatif à l'administration des monnaies et à la refonte, à l'administration des douanes et à la régie du sel et du tabac au delà des Alpes.

Le ministre apportera à ce conseil, toute la comptabilité, en recette et en dépense, depuis le 1er vendémiaire an XIII. Il proposera les modifications et améliorations, dont ces différentes parties peuvent être susceptibles.

On traitera dans le même conseil ce qui concerne la Banque.

Le troisième conseil, qui se tiendra le dimanche 7 février, aura pour objet, les droits réunis et les forêts.

Le ministre y apportera les mêmes états et documents ci-dessus indiqués pour les mêmes exercices.

Le quatrième conseil se tiendra le dimanche 14 février.

On traitera, dans ce conseil, de la dette publique, soit de France, soit de Piémont, soit de Gènes, de la dette viagère et des pensions; on comparera les extinctions des différentes années.

On examinera ensuite l'administration de la loterie et celle des postes.

Le ministre apportera dans ce conseil les mêmes états et documents indiqués ci-dessus pour les mêmes exercices.

Il sera tenu un cinquième conseil le dimanche 21 février, pour la formation du budget général de l'État, en recette et en dépense, pou l'année 1807. L'objet de ce conseil sera le travail préparatoire du compte de finances pour la session du Corps législatif.

DISPOSITION COMMUNE AUX DIVERS CONSEILS

L'intention de Sa Majesté est que tous les rapports, mémoires et états soient écrits sur un papier d'un format semblable à celui des comptes des finances. Ces pièces, réunies aux procès-verbaux, doivent former, pour chaque conseil, un volume qui restera dans le cabinet de Sa Majesté pour être toujours sous sa main et aider sa mémoire. Sa Majesté invite les ministres à mettre le plus d'ordre et de clarté possible dans ce travail.

Elle a ordonné qu'ils fussent prévenus d'avance, afin qu'ils pussent  se préparer et qu'ils eussent le temps de prescrire le travail dans leurs bureaux comme ils entendent qu'il soit fait.


Paris, 12 janvier 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, je vous renvoie vos portefeuilles. Je n'ai pas le temps de lire en détail le mémoire du du de Bavière, mais il faut lui faire entendre qu'il n'y a rien à faire ici que le roi de Bavière ne soit intervenu.

J'ai lu avec attention les dépêches d'Espagne et de Portugal. Il faut faire faire une notice historique de la conspiration d'après les bulletins et la correspondance du sieur Beauharnais, pour que je puisse en faire usage selon les circonstances. Écrivez au général Junot de se maintenir maître du royaume de Portugal en entier, jusqu'à ce que des commissaires aient été nommés pour fixer les lignes de démarcation et qu'une convention ait été faite à cet effet.

J'ai lu les dépêches de Russie. Je ne vois point de difficulté à ce que vous fassiez échanger les pouvoirs du Turc avec le ministre russe, et que vous expédiiez un courrier à Constantinople pour annoncer que les négociations sont entamées. Vous ferez une note au comte de Tolstoï pour lui faire connaître que j'ai donné des ordres pour les achats que l'empereur me permet de faire dans ses États; qu'une amnistie entière est accordée pour tout ce qui s'est passé en Dalmatie et en Albanie, et que j'ai été fort aise de donner cette marque de déférence à l'empereur. Vous communiquerez à Caulaincourt la note de M. de Tolstoï. Vous enverrez au général Sebastiani un courrier pour le prévenir que les négociations sont commencées, et vous le chargerez de présenter ces deux questions : 1° Si les Russes voulaient conserver la Valachie et la Moldavie, la Porte est-elle dans l'intention de faire cause commune avec la France dans la guerre ? quels sont ses moyens de guerre ? 2° Si les Anglais débarquaient à Corfou, la Porte se chargerait-elle d'obliger Ali-Pacha à approvisionner cette forteresse et à protéger le passage des courriers et des troupes par la terre ferme ? Nous n'avons que de mauvais procédés de ce pacha. Cet objet est très-important à prévoir, car il est probable qu'à la belle saison les Anglais voudront attaquer Corfou par terre. Accordera-t-on le passage pour 4 à 5,000 hommes, force suffisante pour secourir Corfou et qui ne peut donner aucune inquiétude à Ali-Pacha ?

Répondez à M. Armstrong que je suis honteux de discuter des points dont l'injustice est si évidente, mais que, dans la position où l'Angleterre met le continent, je ne doute pas que les États-Unis ne lui déclarent la guerre, spécialement à cause de son décret du 11 novembre ; que, quelque grand que soit le mal qui en résultera pour l'Amérique, tout homme sensé le préférera à la reconnaissance des principes monstrueux et de l'anarchie que ce gouvernement veut établir sur les mers; que, dans ma pensée, je regarde donc la guerre comme déclarée entre l'Angleterre et l'Amérique du jour où l'Angleterre a publié ses décrets; qu'au reste j'ai ordonné que les bâtiments américains restassent sous le séquestre, pour être statué ce qui sera nécessaire selon les circonstances.

Vous donnerez ordre à mon consul de quitter la Sardaigne, si ce gouvernement ne veut pas faire cause commune avec le continent. Vu les insultes que mes bâtiments reçoivent tous les jours dans ses ports, je ne puis considérer la Sardaigne que comme une colonie anglaise.


Paris, 12 janvier 1808

A . M. Gaudin, ministre des finances

Je vois que la caisse d'amortissement a déjà reçu quarante-deux millions de la Grande Armée. Sur ces quarante-deux millions, Hambourg n'y est porté que pour six millions. Ainsi cette ville fournira donc encore dix millions. Mon intention est que vous donniez les ordres au sieur la Bouillerie pour porter les versements à la caisse d'amortissement à la somme de cent millions. En ajoutant aux quarante-deux millions ci-dessus mentionnés celui qui est à Wesel, treize qui sont à Mayence, dix qui sont à Hambourg et trois qui sont à Bremen, cela fera soixante-neuf millions; il ne restera donc plus que trente-deux millions à verser.

Je n'ai pas encore l'état de ce que contenaient les caisses que la caisse d'amortissement a reçues, ni l'état des différentes vaisselles qui ont été déposées à la Monnaie; je désire beaucoup avoir les états de tout cela.


Paris, 12 janvier 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre

Monsieur le Général Clarke, vous donnerez les ordres pour la formation d'une division qui portera le titre de division de réserve, et qui se réunira à Orléans. Cette division sera composée conformément au tableau ci-joint. Les compagnies qui formeront le 17e et le 18e régiment provisoire affaibliront le camp de Boulogne de 3,200 hommes; mais il pourrait être renforcé par les 43e, 51e, et 55e. Vous aurez soin d'ordonner que les 17e et 18e régiments provisoires soient formés sur-le-champ à Boulogne et en partent dès que le 44e, qui est à Valenciennes et que vous dirigez sur Boulogne, y sera arrivé. Vous donnerez l'ordre que les 43e, 5le, 44e et 55e se dirigent sur Boulogne, et que les dépôts du 44e et du 51e, qui ne sont pas à Boulogne, s'y rendent également, de sorte que ces quatre régiments soient tous réunis dans cette place. Vous ordonnerez que les 3e bataillons de ces quatre régiments soient égalisés en répartissant les dépôts également entre les 3e bataillons; bien entendu que les compagnies que ces bataillons auront au corps d'observation des côtes de l'Océan et aux différents régiments provisoires compteront comme présents. Vous donnerez l'ordre qu'avant de faire partir les compagnies qui doivent former la division de réserve d'Orléans on complète tout ce que les corps doivent fournir aux douze régiments provisoires du corps d'observation des côtes de l'Océan. Le général de division Verdier commandera cette division de réserve. Le général Schramm y sera employé.

P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division, et elle se mettra en marche au 1er février. Vous aurez soin de lui faire fournir des capotes et de veiller à ce que les hommes soient bien habillés.


Paris, 12 janvier 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine

Monsieur Decrès, je vous renvoie la lettre relative au Patriote. Faites-en mettre un extrait dans le Moniteur, surtout le passage de cette lettre relatif aux Américains et au mauvais état des vaisseaux anglais qui étaient dans le même cas. Faites également mettre dans le Moniteur une note sur l'île de France, en disant qu'on a des nouvelles du ler octobre, sans dire par quelle voie ; que cette colonie était dans le meilleur état; et communiquez au roi de Hollande les nouvelles que vous avez de Batavia.

Je suis fort aise de voir le Patriote rentré. Ne serait-il pas possible de verser son équipage sur un autre vaisseau, en supposant que le Patriote ait besoin d'entrer an bassin ?

Ne tardez point à m'envoyer le projet de croisières.


Paris, 12 janvier l808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine

Donnez l'ordre que l'embargo soit mis dans mes ports sur les bâtiments de Sardaigne. Faites savoir qu'on peut courir sur les bâtiments allant et venant de Sardaigne.


Paris, 12 janvier 1808

Au général Lacuée, directeur général de la conscription militaire

J'ai reçu les états de revue que vous m'avez envoyés. Comment arrive-t-il qu'au ler novembre il y avait encore 2,500 prisonniers de guerre ? Je vois avec plaisir qu'il n'y a plus que 31,000 hommes portés aux hôpitaux. L'intendant général en porte 18,000 dans les états de la Grande Armée, ce qui ne forme plus qu'une différence de 13,000 hommes, et, en comptant 2 à 3,000 hommes sortis depuis, la différence n'est plus que 10,000. Faites bien constater la situation des corps au 1er janvier, et bien établir leur effectif. Autorisez les commissaires des guerres à porter dans un état particulier les prisonniers de guerre, et à les effacer même, si l'on a des renseignements qu'ils ont pris du service à l'étranger ou qu'ils sont morts dans les prisons de l'ennemi. Ordonnez la même chose pour les hôpitaux; faites porter sur un contrôle à part les hommes aux hôpitaux dont on n'a pas de nouvelles depuis six mois. Beaucoup de malades et blessés sont rentrés; ils sont portés aux hôpitaux et aux dépôts, en même temps, comme présents. Je pense que vous êtes autorisé suffisamment, sans qu'il soit nécessaire que je prenne un décret, à faire une circulaire pour autoriser cette mesure, car il m'importe beaucoup que je connaisse exactement la force de mon armée, à 2,000 hommes près.

Le maréchal Kellermann a 6,000 hommes qui attendent des récompenses militaires; je désirerais savoir ce qui s'oppose à ce que l'on se débarrasse de ces hommes.

Je vois dans les états de situation des gouvernements militaires que vous portez des détachements sans dire à quel corps ils appartiennent. J'ai dissous, je crois, tous les régiments provisoires, de sorte que je ne sais pas par quelle raison ces détachements se trouvent là. Je vois bien pourquoi le bataillon du 17e s'y trouve, c'est pour la garnison de Hameln; c'est un corps entier; le 44e également; mais je ne vois pas pourquoi il y a là 258 hommes du 27e léger.

Le pays de Hanau étant dans le commandement du maréchal Kellermann, il y fait des changements de troupes qu'il tire de l'armée de réserve. Je sais alors à quoi m'en tenir; mais je ne vois pas ce que font à Munster 104 hommes du 81 de ligne, etc. Cela devait-il faire partie d'un régiment provisoire qui, au ler novembre, devait partir pour l'armée ?

Le 45e, qui est porté au 1er corps à 2,014 hommes présents sous les armes, ou 2,449 hommes effectifs, a 460 hommes à Munster; il s'ensuivrait donc que ce régiment aurait en Allemagne plus de 2,900 hommes effectifs. 

Écrivez aux intendants des différents gouvernements pour savoir pourquoi ces détachements s'y trouvent. Si c'est à titre de détachements formant des régiments provisoires, ils devraient avoir rejoint leurs corps. Comme j'ai fort à coeur de réunir mes corps et de ne pas laisser de détachements isolés, opérez cette réunion le plus promptement possible.


Paris, 12 janvier 1808

Au prince Eugène

Mon fils, le ministre Marescalchi fait à Paris des folies et est dupe des intrigants. Il a fait construire vis-à-vis sa maison une mauvaise salle en bois qui obstrue son salon, et cela lui a coûté 100,000 francs. Cela est trop bête, je n'ai jamais entendu que Marescalchi dépense plus que son traitement. S'il veut dépenser son patrimoine, il en est le maître. Ce n'est pas à lui de faire les honneurs de Paris. Envoyez-moi le budget, afin que je l'arrête en détail. L'argent de mes peuples d'Italie est le plus pur de leur sang. Que Marescalchi dépense des 100,000 francs sans objet, à lui permis. Si je ne m'en suis pas mêlé, c'est que j'ai cru qu'il faisait une dépense sur son patrimoine. Avec ce qu'il me coûte depuis qu'il est à Paris, j'aurais put bâtir un hôtel superbe pour la légation italienne. Pour le présent, mon intention est de garder les 200,000 francs en réserve; j'en disposerai dans le courant de l'année.

(prince Eugène)


Paris, 12 janvier 1808

DÉCISION

Le général Clarke, ministre de la guerre , soumet à l'Empereur la réclamation des troupes françaises des 3e et 8e corps, qui demandent à être payées d'après le tarif de la Hollande, tant qu'elles seront à la solde de cet Etat.

On n'a jamais entendu que la Hollande payât les troupes qui sont à la Grande Armée, mais seulement les troupes qui sont en Hollande; toute autre interprétation serait absurde. On suppose qu'on veut parler des 65e et 72e . Les bataillons de ces corps qui étaient à la Grande Armée ne peuvent être payés par la Hollande; les dépôts seuls, qui étaient restés en Hollande, doivent être payés par cette puissance.


Paris, 12 janvier 1808

DÉCISION

M. Denon rend compte à l'Empereur qu'on pourrait acheter du prince Spada, pour 155,000 francs, la statue de Pompée et plusieurs autres antiquités.

M. Denon est autorisé à faire les démarches nécessaires pour l'avoir.


Paris, 12 janvier 1808

DÉCISION

On met sous les yeux de 1'Empereur la demande que forment les parents des sieurs Vallée, Goudouin, Peray et Gohau,  es-gendarmes d'ordonnance incorporés dans la garde impériale, pour que ces jeunes gens soient autorisés à quitter le service; ils représentent que les gendarmes d'ordonnances n'ont contracté d’engagement que pour la campagne et qu’il leur a été promis qu'aprés la campagne, ils seraient libres de se retirer.

Accordé.

(Chuquet)


Paris, 13 janvier 1808

A M.       de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, je vous renvoie vos portefeuilles. Faites mettre dans le Moniteur l'extrait de la conspiration de Burr. Faites connaître mon mécontentement au roi de Hollande de ce qu'il n'a pas déclaré la guerre à la Suède, et que j'exige que tous les bâtiments suédois qui se trouvent en Hollande soient sur-le-champ saisis et déclarés de bonne prise. Envoyez par courrier l'instance positive de faire déclarer la guerre par la Hollande à la Suède. Cette con duite des Hollandais est d'autant plus indigne que leurs troupes se sont battues contre les Suédois à Stralsund. Faites chasser tous les agents suédois, et faites connaître à mon ambassadeur que, s'il y avait la moindre objection contre ces mesures , il ait sur-le-champ à quitter la Haye. Faites venir chez vous l'ambassadeur de Hollande, et témoignez-lui mon indignation de ce que la Hollande continue à faire le commerce avec la Suède et se constitue en paix avec cette puissance.

Écrivez au sieur Gobieri (consul général à Amsterdam) que sa lettre de janvier m'a fort étonné, et prescrivez-lui de requérir l'arrestation des Suédois, la confiscation de tous les bâtiments suédois et le séquestre des marchandises qui sont à bord, les Suédois étant en guerre avec la Hollande et la France.


Paris, 13 janvier 1808

NOTE POUR M. CRETET, MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Toutes les affaires de banquiers et de change me mettent dans une position désagréable avec les étrangers, sans atteindre mon but.

Je voudrais que le ministre de la marine, dont la situation est prédominante dans les affaires du commerce français à Saint-Péters bourg, déclarât qu'il ne veut payer qu'à Paris, en achetant des lettres de change pour fournitures faites en France; l'établissement du prix ferait partie de cette condition. Ainsi, en achetant un mât, il dirait « Je ne veux le payer qu'à Paris, et je ne le payerai que 6 francs.»
Il est clair que l'état du papier en Russie deviendrait indifférent dans cette transaction. Ce seraient 6 francs à Paris que l'on échangerait contre un mât. Si cette mesure est suffisante pour atteindre mon but, il faut s'en tenir là; sinon, on ajouterait : « ces 6 francs sont destinés à acquitter les fournitures faites par la France. » Ce second parti me parait plus compliqué.

Il conviendrait à cet effet  d'avoir pour la marine une ou deux maisons françaises en Russie, assez fortes pour le service qu'on leur ferait faire, et qui s'arrangeraient avec les gens du pays pour les satisfaire et pour prendre leurs lettres de change. Ainsi on dirait à la maison Rhimberg, par exemple : « Vous pouvez tirer sur Baguenault ou sur la Banque; l'argent est prêt à Paris; mais vous ne pouvez prendre que des créances de France.» Alors naîtra ce change direct que le gouvernement russe désire entre la France et Saint-Pétersbourg.

La Russie tient beaucoup à l'établissement de bonnes maisons françaises à Saint-Pétersbourg, où l'on dit qu'il n'y a que des aventuriers. Les Russes ont besoin d'argent et de lumières, et ils voudraient que la colonie française entrât en concurrence avec la colonie anglaise.

Si l'on pouvait agir ainsi, on laisserait à M. Lesseps la confiance entière qu'il mérite; on lui donnerait des crédits sur Baguenault ou sur toute autre bonne maison , en ne mettant d'autres conditions que celle d'un change direct; on lui enverrait des ingénieurs pour la qualilé des marchandises, et tout serait arrangé.

Si cette idée ne parait pas bonne, il s'en présente une autre : les huit ou dix maisons de commerce de Lyon qui ont des créances en Russie peuvent se réunir; elles enverront leurs fondés de pouvoirs à Saint-Pétersbourg , munis de tous leurs titres ; alors elles achèteront des mâts, ou des crédits en mâts, que je payerai.

Je voudrais que MM. Cretet et Mollien consultassent les négociants de Paris et ceux de Lyon qui sont créanciers de la Russie.

Le ministre de l'intérieur doit prendre en considération tout ceci. La marine y entre comme élément. Il est impossible que le commerce continue si les négociants français ne s'aident eux-mêmes ; la Russie est dans l'intention de les favoriser. Le commerce avec elle ne se fait pas avec des Russes, mais avec des Français. Il serait bon que le commerce français créât à Saint-Pétersbourg des maisons qui recevraient des marchandises françaises et feraient passer des marchandises russes.


Paris, 13 janvier 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre

Monsieur le Général Clarke, donnez des ordres pour la formation d'une division de cavalerie, que mon intention est de réunir à Poitiers et qui sera composée de quatre régiments provisoires de cuirassiers, de dragons, de chasseurs et de hussards. Vous nommerez, pour commander chacun de ces régiments provisoires, un major et un adjudant-major, et vous aurez soin de distribuer le nombre d'officiers et sous-officiers que les corps doivent fournir pour organiser chacun de ces quatre régiments provisoires.

P. S. Les ordres seront donnés sur-le-champ pour la formation de cette division , et les troupes se mettront en marche au 1er février. Vous aurez soin de les faire fournir de capotes et de veiller à ce qu'elles soient bien habillées.


Paris, 13 janvier 1808

NOTE POUR M. DEJEAN, MINISTRE DIRECTEUR DE L'ADMINISTRATION DE LA GUERRE

Le ministre fera partir le plus tôt possible 12,000 paires de souliers de Paris pour Bayonne.

Il en fera faire sur-le-champ 12,000 à Bordeaux et à Bayonne.

Il préviendra les fournisseurs que ces souliers seront vérifiés un à un, et qu'ils seront rejetés s'ils ne se trouvent pas de bonne qualité.


Paris, 13 janvier 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, je reçois votre lettre du 5 janvier. Vous dites que les mouvements des troupes à Venise coûtent 100,000 francs par an, et le transport des troupes de la terre ferme à Venise, 5,000 francs par mois ; voilà donc 160,000 francs qu'on peut s'épargner. Mon intention est que, sous la responsabilité du ministre de la guerre, il ne soit pas dépensé un sou pour cet objet. Il faut que l'arsenal de la marine fournisse le nombre de bâtiments et de matelots nécessaires pour ces mouvements; et, en effet, les mouvements de Venise sont, ou des mouvements dans la ville, et les troupes peuvent les faire par terre, ou ce sont des mouvements dans les îles : ces mouvements doivent être prévus , et les bricks , canots let autres petits bâtiments de l'arsenal doivent y être employés. Mon n'est donc facile, avec un peu d'économie et d'ordre, comme de ne faire aucune dépense pour cet objet. Il peut y avoir tous les jours un canot de l'arsenal qui aille à Mestre, à l'heure la plus favorable, pour porter les hommes isolés allant sur le continent et ramener les hommes qui viendraient rejoindre leurs corps.

Quand un corps entier doit venir, l'arsenal doit en être prévenu et envoyer les bâtiments nécessaires. Cela doit toujours se faire ainsi , car, en cas de siège, ce concert auquel on sera habitué n'aura que de bons résultats.


Paris, 13 janvier 1808 

A Eugène Napoléon vice-roi d'Italie

Mon Fils, je reçois votre projet de cantonnements. Je ne vois pas ce que vous voulez mettre à Venise. Je pense qu'il ne faut faire aucun changement avant le mois de mars ; alors les Russes seront partis. Faites-moi un rapport sur la garnison à mettre dans Venise. Je veux y avoir d'abord une garde de police, moitié italienne, moitié française, et une garde de douane. Il faut ensuite y mettre un régiment italien, et tout au plus quelques compagnies françaises. Envoyez-moi un état de ce qu'il y a de chaque arme, et de ce qu'il faudrait y mettre. Mon intention est de réunir au mois de mai, dans la plaine de Montechiaro, huit bataillons pour les manoeuvres et exercices ; du reste, d'ici à ce temps , j'aurai fait quelques petits changements dans l'organisation de l'armée , qui me permettront de rapprocher les dépôts de Naples et de Dalmatie le plus près possible de ces armées. Vous n'avez point de divisions militaires ; il serait cependant nécessaire d'en établir une qui s'étendrait jusqu'à la Piave, et alors le quartier général serait Udine. Elle aurait son ordonnateur et son état-major.


Paris, 13 janvier 1808 

A Eugène Napoléon vice-roi d'Italie

Mon fils, je reçois votre lettre du 7 janvier. Rien n'est absurde comme la proposition du ministre de la guerre, de faire supporter des dépenses par l'administration des domaines. C'est le moyen, comme je l'ai dit dans une conférence où vous étiez présent, de manger son blé en herbe. Le gouverneur de Mantoue ne doit exister qu'en temps de guerre; alors c'est un général d'armée investi d'une grande confiance. Aujourd'hui j'y laisserai le général Grenier, puisqu'il paraît s'y plaire, et je ne nommerai point de commandant d'armes. Il aura 3,000 francs par mois et la pêche. Dans une ville comme Mantoue, il faut avoir une maison pour le gouverneur, où les gros meubles seulement s'y trouvent; pour le linge, l'argenterie, le gouverneur doit se les procurer à ses frais; du reste, quand je nommerai un commandant d’armes, j'ôterai le gouverneur qui y est inutile en temps de paix. Les autres places de mon royaume d'Italie n'ont pas besoin de gouverneur. Venise seule mérite une grande considération; mais à Venise mon intention est de tenir Lauriston. Je pense qu'il doit avoir un grand état; 3,000 francs ne sont pas suffisants, il faut lui donner 2,000 francs sur les fonds du jeu que vous destinez à la ville de Venise, ce qui lui fera 60,000 francs par an, indépendamment de son traitement de général de division et d'aide de camp. Quant au logement, il faut louer une partie d'un palais, soit le palais Pisani ou tout autre qui aura les gros meubles, et où sera logé le gouverneur. Il me semble que 4,000 francs par mois suffisent pour ce loyer. Quant au linge, à l'argenterie, batterie de cuisine, etc., c'est au gouverneur à s'en procurer à ses frais, et cela lui reste. Si vous préférez loger Lauriston au palais royal, je ne m'y oppose pas. Il faut que la ville ne lui fournisse rien.

Quant aux gondoliers et autres gens de son service, il doit avoir ses gens qu'il paye, et je pense qu'avec 100 ou 120,000 francs par an, on doit faire la première figure à Venise, et convenablement représenter. Le gouverneur de Paris n'a que 60,000 francs par an. Il est vrai que je lui règle tous les ans, selon la circonstance, par une indemnité plus ou moins forte sur le produit des jeux. Je n'ai pas besoin de vous dire que toutes les dépenses relatives au gouvernement de Venise; ainsi que celles du gouverneur de Mantoue, doivent être aux frais du royaume d'Italie.

(prince Eugène)


Paris, 13 janvier 1808

DÉCISION

On propose de décider que le sous-lieutenant M.... qui a été absent de son poste sans permission, mais qui n'a que 20 ans et est le fils d'un général estimé, sera puni par voie de discipline et envoyé dans un bataillon colonial.

Cet officier doit être traduit devant une commission militaire et traité selon toute la rigueur des lois; c'est un lâche.

(Brotonne)


Paris, 14 janvier 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre

Monsieur le Général Clarke, je vous envoie un décret qui ordonne la démolition des places de Hameln et de Nienburg.

J'attache une grande importance à ce que ces démolitions commencent le 20 janvier et se fassent avec quelque éclat. La poudre qui se trouve dans ces places servira à la démolition.

Envoyez directement et par un courrier extraordinaire, dans la journée de demain, l'expédition de mon décret au gouverneur, pour qu'il puisse sans délai en commencer l'exécution. Ayez soin de prescrire qu'on n'épargne pas la poudre. Je rends le gouverneur responsable de l'exécution stricte de mon décret, mon intention étant qu'il ne reste aucun débris dont on puisse se servir pour réédifier ces fortifications. On fera également sauter les casernes, s'il y en a qui en méritent la peine. On fera sauter tous les magasins à l'abri de la bombe et surtout les magasins à poudre. Enfin il faut qu'il ne reste rien dans ces places dont on puisse tirer parti, ou qui puisse servir à les rétablir.


Paris, 14 janvier 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de la Grande Armée

Mon Cousin, il résulte des pièces qui m'ont été remises que le général Lagrange a reçu 700.000 francs. Il faut lui faire comprendre qu'il est nécessaire qu'avant huit jours ces sommes soient déposées à la caisse d'amortissement entre les mains du sieur Bérenger. Il m'est impossible de voir le général Lagrange et de recevoir sa justification qu'au préalable cette remise ait été faite.

(Note de Brotonne : il ne s'agissait dans l'espèce que d'une question d'ordonnancement. C'est une observation qui s'appliquerait à d'autres cas semblables et que nous ne réitérerons pont)

(Brotonne)


Paris, 14 janvier 1808

DÉCISION

Les hommes disponibles des fusiliers de la garde aux dépôts de Compiègne et de Fontainebleau doivent-ils rejoindre leurs bataillons à Cherbourg et à Rouen ? Cela ne fait pas une question et il n'y a point de doute que les hommes doivent rejoindre les bataillons.

 

DÉCISION

On propose d'envoyer à leur corps, à Bordeaux, les 60 chevau-légers polonais disponibles au dépôt de Chantilly. Ils doivent rejoindre s'ils sont en état de faire campagne.

 

DÉCISION

On propose de renvoyer, sans les exempter de la conscription, quelques gendarmes d'ordonnance peu propres au service ou dégoûtés de leur état. M'en donner l'état nominatif; me remettre également l'état nominatif des officiers qui ont été renvoyés chez eux, afin de les employer tous dans des corps.

DÉCISION

Il y a à Hanovre 100 vélites dont 30 de cavalerie, destinés à des emplois de sous-lieutenants dans la ligne; on demande une décision à leur égard. Remettre l'état nominatif au ministre de la guerre qui me proposera le placement dans des compagnies.

(Chuquet)


Paris, 15 janvier 1808

Au général Dejean

Monsieur Dejean, je vous envoie deux états qui me paraissent très- clairs. Je désire que vous les fassiez copier pour votre usage, et que vous me les rapportiez vous-même au prochain travail.

Vous verrez, par le premier de ces états, la grande quantité de subsistances qui existe dans mes magasins. Je désire que vous me fassiez un petit calcul comparatif de ce que la Grande Armée a dû consommer, avec ce qui a été consommé, afin de voir les dilapidations qui ont eu lieu, car autant a été pris par réquisition.

L'état de l'habillement est plus important encore. Vous y verrez la quantité immense d'effets d'habillement qui a été délivrée, et celle qui reste encore en magasin, puisque j'ai 23,000 habits, 521,000 capotes, 64,000 paires de souliers, 60,000 gibernes, 70,000 chemises, 2,800 selles, 8 à 9,000 bois de selles, etc. Notez bien que dans ces quantités ne sont pas compris les selles, brides, souliers, bottes, etc., que vous avez envoyés. Ayez soin de bien recueillir l'état de ce qui a été distribué aux corps, pour le porter en compte s'il y a lieu.


Paris, 15 janvier 1808

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre

Monsieur Dejean, les armées d'Italie et de Dalmatie coûtent immensément cher; il faut y porter une attention particulière. Vous verrez, dans les états que m'a remis le sieur Joubert, que la journée d'hôpitaux coûte d'abord 32 sous la journée proprement dite, et 8 sous en sus pour dépenses générales, et cela pendant les neuf premiers mois de 1807, ce qui fait 40 sous. Cela est scandaleux; dans un pays où les médicaments de toute espèce sont à très-bon marché, la journée d'hôpitaux ne devrait pas coûter plus de 16 sous. Les vivres ont coûté, pour les neuf premiers mois de 1807, plus de 5 sous : cela ne devrait pas coûter plus de 3 sous. Enfin les transports et convois militaires, étapes, etc., ont coûté près de 500,000 francs. On a dépensé pour les hôpitaux 500,000 francs pour 1807, et autant pour 1806. On fait donc et défait les hôpitaux à plaisir. Il y a dans tout cela vice d'administration. Prenez des mesures pour que les journées d'hôpitaux ne coûtent pas, tout compris , plus de 20 sous, et que le pain ne me coûte pas plus de 3 sous, au plus 17 centimes.

Je vois, par les comptes du payeur, que les fourrages coûtent immensément; cependant le foin et les fourrages sont bons et excessivement bon marché en Italie. Je désire que vous établissiez le budget des dépenses des armées d'Italie et de Dalmatie pour 1808 , en prenant pour base la situation actuelle de mes troupes. Je vous envoie les comptes de l'ordonnateur Joubert. On voit, en les lisant, la grande économie qu'on peut faire sur tous les articles.


Paris, 15 janvier 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures

Monsieur de Champagny, je vous envoie une lettre de M. Collin. Faites témoigner sur cette affaire mon mécontentement à l'ambassadeur d'Espagne ici. Écrivez-en au sieur Beauharnais.

(Brotonne)


Paris, 15 janvier 1808

A M. Bigot de Préameneu, ministre des cultes

Monsieur Bigot Préameneu, vous ferez ordonnancer sur les fonds des cultes une somme de 6.000 francs que j'accorde à la commune de Pont-de-Beauvoisin (côte de l'Isère) pour la réparation de son clocher.

(Brotonne)


Paris, 15 janvier 1808

A M Treilhard, conseiller d'État, président de la section de législation

Vous avez présenté au Conseil d'État une rédaction sur les actions de la Banque et les cinq pour cent à affecter aux fiefs qui peut m'être utile. Je désire que vous me l'envoyiez.


16 - 26 janvier 1808