16 - 31 octobre 1808


Saint-Cloud, 19 octobre 1808.

Au général Clarke, minsitre de la guerre, à Paris.

Le Vice-Roi comme commandant mon armée d'Italie, le général Marmont comme commandant mon armée de Dalmatie, le roi de Naples comme commandant mon armée de Naples, le duc d'Auerstaedt comme commandant mon armée du Rhin, le prince de Ponte-Corvo comme commandant le corps d'armée des villes hanséatiques, vous écriront directement, et non par le canal de leur chef d'état-major, pour tous les objets relatifs au service; ce qui ne doit pas empêcher l'état-major de vous donner des explications sur les détails et de vous envoyer des rapports. Mais faites connaître aux commandants en chef que la responsabilité n'est à couvert qu'autant qu'ils ont écrit au ministre de la guerre, sans que quoi qu'ils puissent écrire directement à l'Empereur puisse couvrir leur responsabilité.


Saint-Cloud, 19 octobre 1808.

Au général Clarke, minsitre de la guerre, à Paris.

Monsieur le Général Clarke, écrivez au général Junot qu'il place sa première division à Angoulême, sa seconde à Saintes et sa troisième à la Rochelle, en les laissant organisées comme elles étaient. Il placera sa cavalerie à Niort et à Saint-Jean-d'Angely.

Donnez ordre au bataillon du train d'artillerie venant de la Grande Armée, en route sur Bayonne, qui est sans destination et sans voitures, de se rendre à la Rochelle pour y atteler l'artillerie du général Junot. Faites acheter 800 mulets pour compléter le bataillon du train de ce corps d'armée. Enfin donnez l'ordre pour qu'on achète dans le Poitou 600 chevaux pour monter les dragons. Il faudrait diriger des différents dépôts de dragons 600 chevaux, de ceux déjà achetés. Faites-moi connaître de quels dépôts on pourrait faire venir ces chevaux. Par ce moyen, les dragons qui se trotivent là pourraient être promptement montés. Je suppose qu'ils ont leurs selles.

Il doit manquer beaucoup de caissons d'artillerie et du génie ; il faut y pourvoir. Donnez ordre aux officiers d'artillerie et du génie qui se trouvent là de rester à leur poste, et que tout soit prêt à marcher au 1er novembre.


Saint-Cloud, 19 octobre 1808

Au général Clarke, minsitre de la guerre, à Paris.

Monsieur, le Général Clarke, présentez-moi un projet de décret pour régulariser la levée de tous les bataillons de miquelets, que l'on appellera bataillons de chasseurs des montagnes, et pour leur donner des numéros.


Saint-Cloud, 19 octobre 1808,

Au général Junot, commandant le 8e corps de l'armée d'Espagne, à La Rochelle

Le ministre de la guerre m'a mis sous les yeux tous vos mémoires et, notamment, votre lettre du 15 octobre. Vous n'avez rien fait de déshonorant ; vous ramenez mes troupes, mes aigles et mes canons. J'avais cependant espéré que vous feriez mieux. Dès les premiers motuents de votre entrée en Portugal, je vous avais prévenu de la nécessité d'être maître des Portugais, de n'avoir aucune confiance en eux, de former un camp retranché. Ce camp retranché ne devait pas avoir pour but spécial de couvrir Lisbonne et l'embouchure du Tage : Almeida et Elvas pouvaient même servir de centre et de réduit, si l'embouchure du Tage n'y était pas propre. Dans la saison où nous sommes, il était facile d'y réunir des vivres, sauf à laisser manquer Lisbonne. Vous auriez défendu vos chevaux ; manquant de vivres, vous les auriez mangés ; et vous eussiez pu attendre, dans cette position, des secours pendant six mois. Durant ce temps vous auriez été secouru, ou, si vous ne l'aviez pas été, vous eussiez alors mérité la convention que vous avez faite. Cette convention, vous l'avez gagnée par votre courage, mais non par vos dispositions ; et c'est avec raison que les Anglais se plaignent que leur général l'ait signée. Vous l'auriez méritée si vous l'eussiez signée dans un camp retranché, six semaines plus tard. Enfin il est dans votre traité une circonstance qui peut difficilement se justifier , c'est d'avoir abandonné Elvas : pourquoi, au contraire, n'en avoir pas renforcé la garnison et ne lui avoir pas dit de tenir jusqu'à son dernier morceau de pain ? Nous serons à Elvas avant la fin de décembre ; quel avantage si nous avions trouvé cette place ! Et à tout événement, 1,500 à 2,000 hommes auraient obtenu de rentrer en France. Je vous avais ordonné depuis longtemps de démolir Almeida et la plupart des autres places. Aujourd'hui, j'ai publiquement approuvé votre conduite; ce que je vous écris confidentiellement est pour vous seul.

Restez où vous êtes. J'ai donné ordre au ministre Dejean de vous fournir 800 mulets et chevaux. Je passerai la revue de votre corps avant dix jours; il forme désormais le 8e corps de l'armée d'Espagne que je commande en personne. Avant la fin de l'année, je veux vous replacer moi-même à Lisbonne. Retenez près de vous les officier qui connaissent le mieux le pays. Envoyez-moi la meilleure carte que vous ayez ; faites-y tracer les routes , et joignez-y tous les renseignements sur la manière dont on peut rentrer à Lisbonne sans faire aucun siège.

Placez la division Delaborde à Angoulême. Faites-lui foumi douze pièces de canon avec les caissons, afin que cette division soit en état d'entrer la première en Espagne. Chacune sera portée 6,000 hommes. Tous les détachements de dragons que vous avez rejoindront leurs corps , et je vous donnerai une division complète. Déjà j'ai ordonné que de nombreux détachements des 47e, 70e, 86e partissent de Bretagne; d'autres vont partir de Paris.

Le ministre Dejean a dû vous envoyer l'ordre d'acheter 800 mules pour votre bataillon du train, et d'autres pour vos équipages militaires ; 600 chevaux espagnols sont dirigés sur vous, 600 chevaux s'y rendent des dépôts de dragons, et vous êtes autorisé à en acheter en Poitou.

Envoyez-moi l'état de situation de votre artillerie, de vos équipages militaires, de votre train, de votre cavalerie, de votre sellerie remonte, enfin tout ce qui peut me mettre à même de bien connaître la situation de votre corps. Ayez soin, en parlant de vos bataillons, de faire mettre le nombre de compagnies dont ils sont formés. Vous porterez désormais le nom de 8e corps de l'armée d'Espagne.

Sur les 600 chevaux que vous avez amenés, je désire savoir combien il y en a qui appartiennent à la troupe

Un homme comme vous doit mourir ou ne rentrer à Paris que maître de Lisbonne. Du reste, vous serez l'avant-garde et je serai derrière vous. Ne perdez pas un moment; activez l'organisation des administrations; passez par-dessus les difficultés. D'ailleurs j'ordonne qu'un nouveau bataillon vous soit envoyé.


Saint-Cloud, 19 octobre 1808

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Vitoria

Je suis arrivé cette nuit à Paris, étant parti le 14 d'Erfurt. Tout s'est arrangé dans cette ville comme je le désirais, et, après dix-huit jours de séjour, nous nous sommes séparés au mieux possible avec l'empereur.

Le maréchal Jourdan n'écrit pas au prince de Neuchàtel , de manière que je n'ai aucun détail de la situation des armées. Tout ce que j'en puis voir, c'est que vous avez évacué toute la rive droite : dès lors votre position est mauvaise ; l'ennemi, ne craignant plus que vous preniez l'offensive à Burgos, peut se porter sur Bilbao sans inquiétude et établir le théâtre de la guerre dans les montagnes; tout comme, ne craignant plus que vous débouchiez par la rive droite sur Saragosse, il est maître également de se porter sur l'extrémité de votre gauche. Rien de tout cela n'était possible si vous aviez ccupé en force Burgos et Tudela, et d'une manière offensive.

L'ennemi est-il à Burgos ? Avez-vous laissé quelques troupes dans la citadelle, ou détruite ? Je ne sais absolument rien de ce que vous avez fait, sinon que c'est fàcheux. Je ne puis pas comprendre pourquoi l'état-major n'écrit pas dans le plus grand détail tous les événements, comme cela doit être, et ne m'envoie pas le rapport des généraux , afin que je comprenne l'état de la question. A chaque escarmouche, je dois savoir combien de blessés et de tués, enfin le moindre détail. On me manque doublement en tenant une conduite si inexplicable. L'état-major doit écrire tous les jours trois pages.


Saint-Cloud, 20 octobre 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Mon Frère, j'ai reçu votre lettre du 13. Je vois avec peine que votre santé n'est pas rétablie ; il vous faut du ménagement et de la tranquillité. Votre régiment est indiscipliné et a fait du tapage eu France; écrivez-lui que cela est mal. Aussitôt que vous aurez un régiment de 1,600 hommes de bonne volonté, je verrai avec plaisir que vous le fassiez partir. Au reste, les affaires seront bientôt décidées de ce côté.


Saint-Cloud, 21 octobre 1808

A M. Gaudin, ministre des finances, à Paris

Il faut, avant de me remettre le travail du grand-duché de Berg, que vous prépariez et m'en facilitiez la lecture.

Envoyez un courrier à Düsseldorf, avec l'ordre de vous rapporter le budget de l'arriéré jusqu'au 1er janvier 1808, le budget de 1808 et celui de 1809. 1° Que le résultat de ces états soit ce que j'ai, que je dois, ce que je recevrai l'année prochaine, ce qu'il me faut de dépenses. Donnez des instructions détaillées au sieur Beugnot là-dessus. 2° Que le même courrier vous rapporte la division du pays en départements ou en cercles, au nombre de trois ou de cinq. 3° Que l'on ôte tous les employés prussiens. 4° Que l'on ne réagisse pas; Beugnot réagit trop; cela n'est pas dans ma politique ; il ne doit pas blâmer ce qu'a fait le grand-duc. 5° Que l'on m'envoie l'état de situation des troupes et les lieux où elles se trouvent. 6° Que l'on m'envoie à signer ce qui est relatif à la princesse grand'mère de lavice-reine d'Italie. 7° Que l'on distingue bien les revenus du prince de ceux du pays. 8° Que l'on assigne les biens pour les 250.000 francs de rente destinés pour l'armée. 9° Que l'on paye les pensions que l'on doit par l'article secret du traité de Tilsit.


Saint-Cloud, 21 octobre 1808

Au général Lacuée, directeur des revues et de la conscription, à Paris

J'ai lu, avec le plus grand intérêt, le bel état que vous m'avez envoyé sur l'armée de Naples. Il m'a paru d'une clarté parfaite. Je l'ai parcouru avec autant de plaisir qu'un bon roman. Je désirerais fort avoir de cette manière l'état de mes autres armées, en les classant par, 1° armée du Rhin; 2° gouvernement des villes hanséatiques; 3° divisions Boudet et Molitor, qui retournent en Italie; 4° divisions qui se réunissent à Würzburg pour retourner en France; 5° armée d'Espagne; 6° dans l'intérieur; 7° armée d'Italie ; 8° armée de Dalmatie; 9° armée de Naples; 10° de Corfou. Faites-moi d'abord 1'infanterie; vous ferez faire après la cavalerie. Ainsi j'aurai une connaissance parfaite de mon armée. Veillez à ce qu'il ne s'y . . . . . .(lacune dans la minute) vois cependant dans votre état une erreur, c'est que vous portez le 23e léger à trois bataillons, à l'armée de Naples; il n'en a que deux. Ce qui fait quelque différence dans les chiffres.

Le résultat de ce travail me fera connaître l'effectif de chaque corps et ce qu'il faudra pour porter au grand complet toute l'armée.

Ajoutez à l'état de mettre à côté de chaque 5e bataillon le lieu où il est.


Saint-Cloud, 21 octobre 1808

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Vitoria

Mon Frère, Berthier est parti aujourd'hui pour Bayonne; j'y serai dans peu de jours. Il est nécessaire que j'aie des plans et reconnaissances sur le cours de l'Èbre, depuis Tudela jusqu'à Frias, et sur les routes de Vitoria à Loqrono. A-t-on gardé le fort de Burgos, ou l'a-t-on démoli ? Il y a des officiers de cavalerie intelligents qui ont parcouru le pays entre l'Èbre et Soria, Tudela et Logrono; envoyez-en un ou deux des plus intelligents à Bayonne, pour me donner des renseignements sur la nature des routes et du pays. Si, parmi les Espagnols qui vous sont attachés , il y en a qui connaissent bien les provinces de Soria, de la Montana où est Santander, je serais bien aise que, sous un prétexte quelconque, vous les adressiez à Bayonne, où, du reste, je ne compte rester que très-peu de jours, et me mettre sur-le-champ à la tête de l'armée.


Saint-Cloud, 21 octobre 1808

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Qu'est-ce que Gautier de Gemute, du Mans, qui parait avoir des relations à Berlin ?

(Brotonne)


Saint-Cloud, 22 octobre 1808

A M. Bigot de Préameneu, ministre des Cultes, à Paris

Donnez l'ordre le plus positif à l'agent de Rome de n'écrire à aucun évêque de France, sans envoyer ses lettres ouvertes au ministre des cultes, par le canal duquel elles doivent passer.


Saint-Cloud, 22 octobre 1808

NOTES POUR L'EXPOSÉ DE LA SITUATION DE L'EMPIRE

Le début du discours paraît susceptible de changements. On peut entrer plus promptement en matière et venir, sans détour, au principal objet de ce travail. On peut aussi adopter un plan plus régulier, et, pour rendre ce plan plus sensible, diviser l'exposé par chapitres et classer ainsi les idées.

Il paraîtrait convenable de se borner, dans l'exorde, au développement des phrases suivantes :

"Messieurs, le tableau de la situation de l'Empire, au moment de l'ouverture de votre session, excitera sans doute dans vos coeurs les mêmes sentiments dont vous avez été frappés à l'ouverture des sessions précédentes. Toutes les branches de l'administration publique ont été ravivées et raffermies; tous les projets d'amélioration que le Gouverriement avait couçus ont été suivis avec persévérance ; des efforts continuels ont été faits pour réaliser les espérances que la sollicitude du Gouvernement et ses succès dans les années antérieures avaient permis de concevoir, et il n'est aucune des institutions qu'il avait créées, aucune des branches de l'administration publique qui n'ait acquis quelques nouveaux degrés de perfection.

L'ordre judiciaire réclamait une attention toute particulière; il fallait concilier la nécessité de son indépendance et de l'inamovibilité des emplois avec les précautions qui devaient mettre à l'abri de la surprise des premiers choix, etc. " Le sénatus-consulte du 16 octobre 1807, etc.

Le Culte. Il faut dire ce qu'on a fait, et faire sentir qu'on veut maintenir dans toute leur intégrité les principes du Concordat et lois organiques; que la tolérance est la première obligation comme le premier bienfait qui doivent résulter du système actuel, etc.

Après l'article du Culte, il faut parler des sciences et des lettres et, à cette occasion, des comptes qui ont été rendus par l'Institut et de l'époque prochaine, fixée par les décrets, pour la distribution des grands prix.

On parlera ensuite des différents muséum enrichis et agrandis.

La marche naturelle des idées conduit à développer les dispositions qui ont été prises pour l'organisation et la mise en activité de l'université.

Les développements relatifs à l'administration intérieure, d'où l'on doit écarter tout ce qui tient aux considérations politiques, mèneront à parler des nouveaux départements réunis.

On sera naturellement conduit à faire mention des voyages de l'Empereur, soit en Italie en novembre 1807, soit dans l'intérieur à la fin de l'été 1808, soit, et tout récemment, à Erfurt. Ce voyage ne doit être considéré que sous les rapports de l'influence qu'il peut avoir eue sur les affaires de l'intérieur, et tout développement relatif à la politique doit être écarté.

On arrivera naturellement à ce qui concerne l'administration proprement dite, les travaux publics, les routes, les canaux de navigation, les ports, les ponts et autres objets de même nature.

On dira, au sujet de la législation importante des mines, que les principes seront posés dans cette session.

On parviendra enfin à ce qui est relatif au commerce, et cela conduira, par une transition naturelle, en parlant des privations qu'il a éprouvées, à dire ce qu'il a souffert par la tyrannie anglaise et par la législation du mois de novembre (référence à la déclaration du roi d'Angleterre du 11 novembre 1807), si contraire à l'indépendance des mers. On évitera soigneusement de parler, d'une manière directe, du gouvernement anglais, et l'on parlera seulement de la législation commerciale adoptée en Angleterre. On ne pourra se dispenser de traiter des lois du blocus, de la nécessité des représailles, de l'impossibilité où l'on a été de se refuser à de telles mesures; mais on ne mêlera jamais la politique à ces développements, que l'on rapportera toujours et uniquement à l'influence que cette position des choses a sur le commerce.

L'article de la chambre des comptes doit être une suite de l'article sur les finances.

On passera sous silence ce qui concerne la translation de l'Imprimerie impériale; il faut éviter de tomber dans de trop petits détails.

La partie relative à la situation militaire et à la situation politique terminera le tableau. Les idées en seront données par l'Empereur.


Saint-Cloud, 22 octobre 1808

AUTRES NOTES POUR L'EXPOSÉ DE LA SITUATION DE L'EMPIRE.

Dans le discours de l'Empereur au Corps législatif, il y a trois choses qu'il faut développer.

Les codes civil, judiciaire et de commerce ont réussi. Le code criminel va être soumis dans cette session au Corps législatif. Le code civil est le code du siècle; la tolérance y est non-seulernent prêchée, mais organisée, la tolérance, ce premier bien de l'homme.

La sévérité déployée dans le code de commerce contre les banqueroutiers en a diminué le nombre et a été applaudie dans toute l'Europe.

Le code criminel, qui sera présenté cette année au Corps législatif est spécialement fondé sur ce principe, que le jury d'accusation est inutile, que la poursuite des délits ne saurait être placée dans de mains trop fortes contre des délits qui s'étayeraient de protections etchercheraient l'impunité.

Quant au système de finances dont parle le discours de Sa Majesté il se compose non d'une seule imposition, comme le voulaient les économistes, mais de différentes impositions. Il consiste à mettre en temps de paix les impositions à un tarif très-modéré, afin de pouvoir les hausser en temps de guerre selon les circonstances. Nos impositions actuelles sont de plus de 800 millions; en temps de paix les tarifs pourraient obtenir l'énorme diminution d'un quart; 600 millions pourront suffire en temps de paix. Dans l'état de guerre continentale, 850 à 900 millions sont jugés nécessaires. Nous les obtiendrions par un accroissement de 25 centimes sur tous les tarifs des impositions actuelles. Dans ce cas, on supporterait de fortes charges; mais on subviendrait à bien des besoins, et même l'imposition foncière ne serait pas plus forte qu'elle ne l'a été dans des circonstances de guerre. Voilà le système fondé par l'Empereur. Une nation n'a de finances que lorsqu'elle peut subvenir à tous ses besoins en paix comme en guerre, lorsqu'elle peut faire la guerre sans avoir recours à des emprunts, qui ne sont qu'un jeu d'anticipation ruineuse.

Quant à la politique, il faut s'étendre beaucoup sur le système vexatoire de l'Angleterre; dire que nous n'usons que de représailles; louer la conduite de l'Amérique; louer les mesures prises par une juste représaille; enfin dire que l'Europe présente aujourd'hui le spectacle de l'Angleterre en guerre contre tout le monde et n'ayant trouver d'alliés que dans les suppôts de l'inquisition et dans les plus barbares préjugés. Dire que l'Autriche a rappelé de Londres son ambassadeur et a cessé toute communication politique avec cette puissance; que cependant les armements de l'Autriche ont nécessité nos armements ; que la conscription est déjà en marche ; que les armées du Rhin et d'Italie vont se fortifier de toutes les nouvelles levées; que 100,000 hommes sont en marche des États de Prusse pour occuper le camp de Boulogne; que nous voulons la paix avec tout le monde, mais que nous sommes dans une position telle que nous ne craignons la guerre avec personne; que les régiments qui avaient été retirés d'Italie, il y a un an, retournent renforcer cette armée; que les troupes de la Confédération du Rhin sont bien organisées et instruites ; que le Danemark, désormais à l'abri de toute incursion anglaise, est évacué par nos troupes, qui se concentrent et se centralisent, et que, avant la fin de janvier, le nombre des bataillons retirés pour l'Espagne sera remplacé sur les bords de l'Elbe et du Rhin.

Parler de l'expédition de l'amiral Ganteaume et la louer.

Faire sentir le peu de chances qu'ont les Anglais de réussir dans une expédition continentale; dire que pour envahir le Portugal, ils affaiblissent la Sicile et d'autres points où il n'y a que très-peu d'Anglais , et que cette île se trouve exposée aux entreprises et à l'audace du roi actuel, qui, en même temps, commande mon armée.


Saint-Cloud, 23 octobre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Donnez ordre à mon escadre de Flessingue de partir et de gagner un des ports de l'Océan ou de la Méditerranée, soit en doublant l'Irlande, soit en passant le détroit. Cette escadre mènera avec elle les trois frégates ou corvettes hollandaises.


Saint-Cloud, 23 octobre 1808

A M. Fouché, ministre de la police générale, à Paris

On dit que le sel vaut 50 centimes; faites-moi connaître ce qui en est.


Saint-Cloud, 23 octobre 1808

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Mon Frère, j'ai donné à des étrangers le grand aigle de la Légion d'honneur; cela vous était agréable, cela m'a suffi. Les étrangers n'ont aucun parallèle en France. Vouloir que je le donne au comte de ..... je vous laisse à juger si cela est convenable; vous avez l'esprit trop juste pour le penser. Le ministre de l'intérieur Cretet, qui m'a rendu tant de services dans la place de directeur général des ponts et chaussées et au Conseil d'état, le ministre du trésor public Mollien, un des premiers financiers de l'Europe, le ministre de la guerre Clarke, qui a été gouverneur de Vienne et de Berlin, avec qui j'ai négocié le traité de Campo-Forrnio, le ministre des cultes Bigot Préameneu, qui a été président de la section de législation de mon Conseil d'état, les ministres d'État Lacuée, Regnaud, Deermon, qui m'ont constamment rendu tant de services, n'ont pas le grand aigle de la Légion. Je ne parle pas des généraux; excepté les maréchaux, il n'y en a que quelques-uns qui l'aient pour leur conduite à Austerlitz et Friedland. Après cela j'attends votre réponse. On ne peut pas dire que le comte de ..... ne soit pas Français; cela est ridicule. Quand il vous aura servi fidèlement vingt-cinq ans, ou qu'il aura déployé de grands talents dans quelques circonstances, je ne me refuserai pas à lui donner ce que vous me demandez pour lui; il l'aura sans doute alors mérité.


Saint-Cloud, 24 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Dans une note que je recois sur le département de la Haute-Loire, je lis cette phrase : Le chef militaire du département est le général Beaufort, inspecteur dans les droits réunis. Je ne comprends pas trop cela. Comment un inspecteur des droits réunis peut-il être chef militaire d'un département ?


Saint-Cloud, 24 octobre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, faites connaître au duc d'Auerstaedt, qui commande l'armée du Rhin et qui doit être à Berlin, que les chevau-légers polonais de ma Garde ont besoin d'une centaine d'homnies, et qu'il peut s'entendre avec le ministre de la guerre du grand-duché pour pourvoir aux moyens de les fournir; qu'il a dû recevoir les ordres pour les divisions Boudet et Molitor et pour les divisions Saint-Cyr et Legrand; que je suppose qu'elles sont en mouvement, et qu'il vous fasse connaître leur itinéraire de bonne heure, afin que vous puissiez prendre mes ordres avant leur arrivée; que comme je juge convenable de placer le corps du général Oudinot avec sa brigade de cavalerie légère à Hanau, il pourra dès lors placer à Baireuth une de ses trois divisions, ce qui empêchera l'encombrement; que je désire donc qu'il donne au général Oudinot l'ordre de se rendre à Hanau et de répartir sa division dans cette principauté.


Saint-Cloud, 24 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, il sera fourni 1,000 hommes à la disposition du ministre de la marine à l'île d'Aix, savoir : une compagnie du 66e composée de 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 8 caporaux, 2 tambours et 240 soldats; une compagnie du 882e organisée de même; 300 hommes du bataillon colonial et 200 hommes du dépôt de conscrits réfractaires le plus voisin ; total, 1,000 hommes.

Vous mettrez également 900 hommes à la disposition du ministre de la marine à Lorient, savoir : 400 hommes du bataillon colonial qui est à Belle-Île; 200 hommes tirés du dépôt de conscrits réfractaires le plus voisin ; enfin une compagnie composée de 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 8 caporaux, 2 tambours et 300 soldats, tirés du bataillon de la légion de réserve qui est au camp de Rennes. Ce bataillon, qui est actuellement de 900 hommes, restera fort de 600, et, comme il n'a que trois compagnies, la force sera encore de 200 hommes par compagnie. A cet effet, vous ordonnerez au général Heudelet de regarder comme déracinés les officiers et sous-officiers qui vont être envoyés à Lorient, et de les remplacer aux cadres des compagnies.

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P. S. Vous prescrirez aux capitaines généraux des colonies de faire charger les flûtes et frégates qui seraient laissées aux colonies de denrées coloniales, et de profiter des occasions favorables pour les renvoyer en France.


Saint-Cloud, 24 octobre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur Decrès, vous trouverez ci-joint des ordres pour mes escadres de Rochefort et de Lorient. Faites-les partir par des courriers extraordinaires , qui porteront aussi vos instructions.

Ordonnez qu'avant le 10 novembre ces escadres soient sans communication avec la terre , et que leur départ ne dépende plus que du temps et des circonstances favorables. Je donne des ordres au ministre de la guerre pour les troupes d'embarquement qui sont nécessaires ; ces troupes sont déjà rendues à portée de l'une et de l'autre escadre. Ces deux expéditions jointes à toutes les autres déjà méditées, car celles-ci ne doivent empêcher aucune des anciennes, doivent pourvoir aux vivres des colonies pendant un an ou quinze mois. Si cela ne devait pas être suffisant, il faudrait faire partir mon escadre de Brest. Quand elle n'appareillerait qu'en décembre ou en janvier, elle serait toujours à temps pour faire son retour en mars. J'attends donc, pour me décider à cet égard, votre rapport, et que vous me présentiez l'état de ce que les bâtiments des deux escadres vont emporter. Dans les instructions que vous donnerez aux deux commandants, je vous recommande d'ordonner que, s'il y a séparation, le point de réunion ne soit pas sur la Martinique, mais sur Cayenne. Toutes leurs prises doivent y être envoyées. Espagnols, Portugais, Américains, Suédois, Brésiliens, tous sont de bonne prise.

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PS. Vous prescrirez aux capitaines généraux des colonies de faire charger les flûtes et frégates qui seraient laissées aux colonies de denrées coloniales, et de profiter des occasions favorables pour les renvoyer en France.


Saint-Cloud, 24 octobre 1808

INSTRUCTIONS AU CONTRE-AMIRAL LHERMITTE, COMMANDANT L'ESCADRE DE ROCHEFORT

Monsieur le Contre-Amirai Lhermitte, vous mettrez à la voile le plus tôt possible avec la Ville-de-Varsovie, le Patriote et le Jemmapes, armés en guerre, et le Calcutta, armé en flûte, de manière cependant à porter sa première batterie et à tenir tête à une frégate. Vous embarquerez sur chaque vaisseau les munitions de guerre dont notre ministre de la mairine vous enverra l'état, et 250 soldats environ par bâtiment, y compris la flûte, en tout de 800 à 1,000 soldats. Vos vaisseaux seront approvisionnés pour six mois de vivres, et la flûte sera chargée d'autant de farines, salaisons et vin que possible. Vos vaisseaux seront aussi chargés de farines, mais sans vous encombrer. Vous vous rendrez droit à la Martinique, où vous ferez entrer la flûte. Vous y débarquerez 5 à 600 hommes et les farines que vous aurez à bord. Vous ne resterez pas plus de quatre jours à la Martinique. Après cela, vous reprendrez le large avec vos trois vaisseaux et les bricks que la colonie voudra renvoyer. Vous paraîtrez devant la Guadeloupe, où vous jetterez 3 ou 400 hommes.

Ces deux missions remplies, je vous laisse maître de vos manmoevres. Pour achever l'emploi de vos vivres, vous pourrez croiser dans tels parages où vous présumerez devoir faire le plus de mal à l'ennemi. Vous pourrez prendre sous votre croisière ceux de nos bricks ou frégates que vous trouverez dans nos colonies. Vous opérerez votre retour de préférence dans la Méditerranée, soit à la Spezia, soit à Gênes, soit à Toulon.

Je vous préviens qu'une expédition part en même temps que la vôtre de Lorient. Si vous vous rencontriez, je verrais avec plaisir que mes deux escadres se réunissent sous vos ordres. Je désire aussi que vous prévoyiez le cas d'une séparation, afin qu'aucun de mes vaisseaux ne soit exposé à arriver seul devant Fort-Royal de la Martinique, où je présume que l'ennemi tient un ou deux vaisseaux. Notre ministre de la marine est chargé de vous transmettre les instructions de détail relatives à votre mission. Nous comptons que vous ne négligerez rien pour la bien remplir et pour faire le plus de mal possible à nos ennemis; et nous nous reposons pour cela sur votre courage, vos talents et votre zèle pour notre service.


Saint-Cloud, 24 octobre 1808

INSTRUCTIONS AU CAPITAINE TROUDR, COMMANDANT LA DIVISION NAVALE DE LORIENT

Monsieur le Capitaine Troude, vous partirez le plus tôt possible avec le Courageux, le d'Hautpoul, le Polonais, et avec trois frégates armées en guerre, des meilleures qui sont à Lorient et que mon ministre de la marine désignera. Vous partirez avec six mois de vivres. Vous aurez deux flûtes de la force des frégates, chargées de vin, farines et salaisons. Vous placerez également des vivres sur vos vaisseaux et frégates, mais de manière à ne pas vous encombrer. Vous embarquerez de 8 à 900 soldats et les munitions de guerre que notre ministre de la marine vous désignera. Vous vous porterez d'abord sur la Martinique; vous y ferez entrer une de vos flûtes et une de vos frégates, et vous y laisserez les 2 à 300 soldats embarqués à bord de ces deux bâtiments. Les vivres apportés par la flûte serviront à ravitailler la colonie, et les hommes qui seront sur la frégate et sur la flûte serviront à recruter la garnison. Et, de suite, sans mouiller, vous vous rendrez , avec le reste de votre escadre, à la Guadeloupe; vous y débarquerez tous les vivres que vous aurez à bord et le reste de vos soldats. Après cela, vous croiserez où vous jugerez convenable, pour consommer vos vivres, et vous chercherez à opérer votre retour dans la Méditerranée, soit à la Spezia, soit à Gênes, soit à Toulon. Le capitaine général de la Guadeloupe profitera sans doute des cinq jours que vous serez là pour reprendre les Saintes et Marie-Galante. Vous pourrez prendre sous votre croisière ceux de nos bricks ou frégates que vous trouverez dans la colonie.

Je vous préviens qu'une expédition part en même temps de Rochefort, sous les ordres du contre-amiral Lhermitte. Si vous vous rencontriez je verrais avec plaisir que mes deux escadres se réunissent. Je désire aussi que vous prévoyiez le cas d'une séparation, afin qu'aucun de mes vaisseaux ne soit exposé à arriver seul devant Fort-Royal de la Martinique, où je présume que l'ennemi tient au moins un ou deux vaisseaux. Notre ministre de la marine est chargé de vous transmettre les instructions de détail relatives à votre mission. Nous comptons que vous ne négligerez rien pour la bien remplir et pour faire le plus de mal possible à nos ennemis; et nous nous reposons, pour cela, sur votre courage, vos talents et votre zèle pour notre service.


Saint-Cloud, 24 octobre 1808.

A M. Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Je donne ordre à un général de brigade et à un bataillon de 1,000 hommes , qui part de Rennes, de séjourner à Beaupreau , ainsi qu'à 400 dragons qui partent demain de Versailles. Faites venir le général Buquet, pour qu'il envoie de ce côté quelques brigades de gendarmerie tirées, soit de l'armée, soit des pays les plus tranquilles. Prenez des mesures efficaces pour faire arrêter Bourmont.


Saint-Cloud, 24 octobre 1808

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Bourmont a débarqué à Lorient. Il faut le faire arrêter sans délai.

(Brotonne)


Saint-Cloud, 24 octobre 1808

Au général Lacuée, directeur des revues et de la conscription, à Paris

Je vous renvoie l'état de situation des légions de réserve. Il n'est pas exact, de sorte que je ne puis me reconnaître. La 2e légion a trois bataillons de huit compagnies qui ont été formées d'abord , un 4e bataillon aux régiments supplémentaires, et, outre cela, un 5e bataillon se trouve à Saint-Jean-Pied-de-Port. La 3e légion a un 4e batataillon aux régiments supplémentaires, un 3e à Bilbao, et un 5e, indépendamment du dépôt, à Belle-Ile. Également, la 4e légion a un 4e bataillon aux régiments supplémentaires et un 5e qui est parti depuis pour Saint-Sébastien. Même chose pour la 5e légion : le 3e bataillon est aux régiments supplémentaires et le 5e sur le derrière de l'armée.

Je pense me souvenir, ce que vous serez à même de vérifier, que les quatre premiers bataillons des légions n'ont été envoyés qu'à cinq compagnies et qu'il a été demandé ensuite un 5e bataillon également à cinq compagnies ; éclaircissez cela.

Fain joindra cela à la formation des régiments supplémentaires, et fera des recherches pour trouver la situation des légions de réserve, indépendamment des 5e bataillons, qui sont dans les régiments supplémentaires.


Saint-Cloud, 24 octobre 1808.

Au général Lacuée, directeur des revues et de la conscription, à Paris

Vous m'avez envoyé deux livrets rouges sur la levée des 80,000 conscrits de 1806, 1807, 1808 et 1809. Je n'y ai pas trouvé le renseignement qui fait connaître sur quel lieu se dirigent les conscrits. Par exemple : le 8e de ligne reçoit 850 hommes , mais une partie se rend à Bayonne; sur l'état, rien n'indique la partie qui se rend à Bayonne et la partie qui va au dépôt. Faites-moi des états où cela soit indiqué ; ce renseignement m'est très-nécessaire. Faites-moi faire un petit état qui fasse connaître quels sont les départements où je n'ai pas fait lever la conscription.


Saint-Cloud, 24 octobre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Bayonne

Mon Cousin, j'envoie par cette estafette au sieur Tournon un travail sur les effets d'habillement, armement, approvisionnement, qui sont arrivés à Bayonne. Vous pourrez consulter ce travail, si vous en avez besoin.

Il est nécessaire de désencombrer un peu Bayonne ; vous devez donc diriger sur Saint-Sébastien les compagnies des 4e bataillons, à mesure qu'elles seront complètes. Ainsi, par exemple, du moment qu'on pourra compléter à 140 hommes la le compagnie du 43e, on peut la diriger sur Saint-Sébastien , où elle sera casernée, s'instruira et en même temps gardera la place. Du moment que la 2e compagnie pourra être également complétée au même nombre, elle suivra la le. Par ce moyen, les conscrits, à peine arrivés, seront habillés, équipés et dirigés sur Saint-Sébastien. On en placera également à Tolosa et sur tous les lieux de la route où il sera nécessaire pour garder les communications, en ayant bien soin de réunir toujours le bataillon dans le même lieu.


Paris. 25 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, donnez ordre aux maréchaux Soult et Lannes de partir demain pour se rendre à Bayonne, pour être employés à l'armée d'Espagne. Donnez ordre à la dernière division du parc de ma Garde, composée de onze pièces d'artillerie, de partir de la Fère pour se rendre, par Rambouillet et Tours, à Bayonne. Faites partir également 200 chasseurs à cheval de ma Garde , 100 dragons, 100 grenadiers, 60 chevau-légers polonais, 50 gendarmes d'élite; total, 510 hommes à cheval. Ils se mettront en route le 27 et suivront la même route.


Paris, 25 octobre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Bayonne

Mon Cousin, il résulte de la lettre ci-jointe du ministre de la guerre que, le 25 octobre, il a dû arriver à Bayonne douze compagnies de sapeurs et trois de mineurs. Faites diriger huit compagnies de sapeurs avec leurs outils sur Pampelune pour servir au siège de Saragosse; et quant aux compagnies de mineurs, dirigez-en deux sur Saragosse et une sur le quartier général à Vitoria. Dirigez également sur Pampelune, pour servir au siége de Saragosse, trois des compagnies d'artillerie qui sont à Bayonne.


Paris, 25 octobre 1808

Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant l'armée du Rhin, à Berlin

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 16 octobre. En vous faisant connaître que l'armée polonaise devait occuper Praga, Thorn, Modlin et Sierock, j'ai voulu dire qu'elle devait garder tous les postes, mon intention étant de retirer insensiblement toutes mes troupes sur la gauche de l'Elbe. Si vous craignez que les Polonais ne vivent mal avec les Russes, vous pourriez placer aux avant-postes un régiment saxon. Il n'y a rien à craindre pour la Pologne ; d'ailleurs cela regarde le roi de Saxe, qui enverra autant de troupes saxonnes qu'il sera nécessaire. J'ai entendu que vous commandiez en chef de ce côté-là, afin d'avoir fréquemment des rapports de Danzig et de Varsovie. Danzig doit être en état; cependant on doit éviter de rétrograder l'artillerie, et de faire aucun mouvement qui puisse faire penser aux Russes que nous nous méfions d'eux. Je suis au mieux avec la Russie, je n'ai rien à craindre des Autrichiens ; mais, dans tout état de cause, mon intention est de concentrer de plus en plus mes troupes. Je suppose que cette lettre vous trouvera de votre personne à Berlin.

Dans peu de jours je pars pour l'Espagne. Il est nécessaire que vous correspondiez fréquemment avec le ministre de la guerre.


Pairis, 25 octobre 1808

A Joachim Napoléon, roi des Deux-Siciles, à Naples

J'ai recu votre lettre du 14 octobre. J'attends avec impatience d'apprendre que le fort de Capri soit pris (la place est tombée le 16 octobre). Je vois avec plaisir le secours que vous avez fait passer. Seize vaisseaux de ligne, dix frégates et quatre gros transports pourraient facilement, cet hiver, partir de Toulon, se rendre près de Reggio, et, là, protéger le passage de 12 à 15,000 hommes sur la Sicile. Faites-moi un projet là-dessus. Combien de petites chaloupes canonnières ou spéronares aurez-vous , qui pourraient favoriser le débarquement ? Je suppose que les batteries de Tarente sont toujours en état de protéger mon escadre. Je pars dans peu de jours pour l'Espagne, où mes troupes arrivent.


Paris, 25 octobre 1808

NOTE DICTÉE EN CONSEIL D'ADMINISTRATION DE L'INTÉRIEUR

Sa Majesté, après avoir réglé le budget de la ville de Paris et celui des Pontsl et chaussées pour 1809, dicte la note suivante, destinée au ministre de l'intérieur.

Le budget des ponts et chaussées pour 1809 est arrêté. Sa Majesté y a compris deux nouveaux travauy, savoir : le pont de Choisy sur la Seine et le pont de l'Arsenal à Lyon. Elle désire que, pour ces deux ponts, ainsi que pour le pont de Serin à Lyon, les dispositions soient faites de manière à ce que les travaux soient en activité au mois de mars prochain.

La commune de Paris est fort riche, et il est nécessaire d'avoir ses comptes en règle avec elle. C'est pour cet objet que Sa Majesté a mis un article relatif à la rentrée des deux millions prêtés.

Sa Majesté désire savoir, si l'eau de l'Ourcq rendra de l'argent, soit en la vendant aux particuliers, soit en concédant l'usage d'une certaine quantité pour les usines.

N'ayant pas eu le temps de discuter la proposition d'employer le nouveaux fonds prêtés à la commune de Paris à conduire les eaux de l'Ourcq au faubourg du Temple et à la place des Vosges, Sa Majesté a fait mettre dans le décret l'alternative de la conduite des eaux, soit à la place des Vosges, soit dans le quartier des Tuileries. Elle désire que le ministre lui fasse un rapport sur les motifs du parti qu'il croira devoir adopter. La discussion de cet objet est remise au mois de janvier.

Aucun marché n'est couvert; la halle n'est pas commencée ; l'entrepôt du sel n'est point établi; il n'y a rien de fait pour la halle aux vins, objet d'une grande importance ; Sa Majesté désire que le ministre donne une nouvelle impulsion à ces travaux.

La nouvelle évaluation du canal du Midi le porte à un capital de 11 millions. Il faut mettre cette affaire en règle le plus tôt possible , afin d'avoir ces 11 millions disponibles.

Il y a encore des fonds pour les abords du pont d'Austerlitz ; Sa Majesté a visité ces travaux et a trouvé qu'il n'y avait rien de fait.

Les travaux de la Bourse lui ont paru marcher bien lentement.

Sa Majesté a mis dans le budget de l'année dernière 200.000 francs pour le palais des Arts. Elle a demandé qu'un projet lui fût présenté et il ne l'a point encore été; c'est cependant un objet fort important. L'emplacement des Petits-Pères paraîtrait fort convenable. Il faut prendre un parti sans délai. On ne doit pas oublier que le Louvre était le palais des Arts; que les artistes y trouvaient des ateliers et des magasins qui leur manquent et qu'il est indispensable de leur rendre, dans le moment surtout où il ne faut pas laisser se refroidir l'émulation qu'ils ont manifestée.

Le projet d'une promenade d'hiver est une des choses qui a le plus frappé en Europe; on attend, avec une sorte d'impatience, le parti qui sera pris en France. Toutes les grandes villes sentent que cette commodité leur manque, et que, si l'on peut la leur procurer avec un million, il n'y a pas à balancer à faire pour elles une chose aussi agréable. Sa Majesté désire que le ministre fixe ses idées sur le parti qu'il y a à prendre pour arriver enfin à l'exécution de ce projet.


Palais des Tuileries, 25 octobre 1808

DISCOURS PRONONCÉ A L'OUVERTURE DU CORPS LÉGISLATIF.

Messieurs les Députés des départements au Corps législatif, les codes qui fixent les principes de la propriété et de la liberté civile, qui sont l'objet de vos travaux, obtiennent 1'opinion de l'Europe. Les peuples en éprouvent déjà les plus salutaires effets.

Les dernières lois ont posé les bases de notre système de finances. C'est un monument de la puissance et de la grandeur de la France. Nous pourrons désormais subvenir, par nos seules recettes annuelles, aux dépenses que nécessiterait même une coalition générale de l'Europe. Nous ne serons jamais contraints d'avoir recours aux mesures désastreuses du papier-monnaie, des emprunts et des arriérés.

J'ai fait, cette année, plus de mille lieues dans l'intérieur de mon Empire. Le système des travaux que j'ai arrêtés pour l'amélioration du territoire se poursuit avec activité.

La vue de cette grande famille française, naguère déchirée par les opinions et les haines intestines, aujourd'hui prospère, tranquille et finie, a sensiblement ému mon âme. J'ai senti que, pour être heureux, il me fallait d'abord l'assurance que la France fût heureuse.

Le traité de paix de Presbourg, celui de Tilsit, l'attaque de Copenhague, l'attentat de l'Angleterre contre toutes les nations maritimes, les différentes révolutions de Constantinople, les affaires de Portugal et d'Espagne, ont diversement influé sur les affaires du monde. La Russie et le Danemark se sont unis à moi contre l'Angleterre. Les États-Unis d'Amérique ont préféré renoncer an commerce et à la mer plutôt que d'en reconnaître l'esclavage.

Une partie de mon armée marche contre celles que l'Angleterre a formées ou débarquées dans les Espagnes. C'est un bienfait particulier de cette Providence qui a constamment protégé nos armes, que les passions aient assez aveuglé les conseils anglais pour qu'ils renoncent à la protection des mers et présentent enfin leurs armées sur le continent.

Je pars dans peu de jours pour me mettre moi-même à la tête de mon armée, et, avec l'aide de Dieu, couronner dans Madrid le roi d'Espagne, et planter mes aigles sur les forts de Lisbonne.

Je ne puis que me louer des sentiments des princes de la Confédération du Rhin. La Suisse sent tous les jours davantage les bienfaits de l'acte de médiation. Les peuples d'Italie ne me donnent que des sujets de contentement.

L'empereur de Russie et moi , nous nous sommes vus à Erfurt. Notre première pensée a été une pensée de paix. Nous avons même résolu de faire quelques sacrifices pour faire jouir plus tôt, s'il se peut, les cent millions d'hommes que nous représentons de tous les bienfaits du commerce maritime. Nous sommes d'accord, et invariablement unis, pour la paix comme pour la guerre.

Messieurs les Députés, des départements au Corps législatif, j'ai ordonné à mes ministres des finances et du trésor public de mettre sous vos yeux les comptes des recettes et des dépenses de cette année. Vous y verrez avec satisfaction que je n'ai besoin de hausser le tarif d'aucune imposition. Les peuples n'éprouveront aucune nouvelle charge.

Les orateurs de mon Conseil d'État vous présenteront différents projets de lois, et, entre autres, tous ceux relatifs au Code criminel.

Je compte constamment sur toute votre assistance.


Saint-Cloud, 26 octobre 1808

NOTE POUR M. CRETET, MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, A PARIS.

1° Que le ministre de l'intérieur rende compte de l'exécution du décret du 21 mars 1808, relatif à la vente des canaux, et fasse connaître par quel motif il ne lui a pas soumis avant le 10 avril l'emploi des trois millions affectés par l'article 7 de ce décret;

2° Qu'il fasse connaître par quel acte il a été autorisé à emprunter, sur les deux millions pour les travaux de Paris, article 7 dudit décret, une somme d'un million pour la conduite des eaux de l'Ourcq à la fontaine des Innocents ;

3° Qu'il fasse connaître si ce million est suffisant pour cet objet;

4° Qu'il propose un projet de décret pour emprunter un nouveau million sur les mêmes fonds, pour conduire l'eau de l'Ourcq sur une autre place de Paris que le décret désignera ; le même décret déterminera le versement des actions pour faire face à cet emprunt ;

5° Qu'il mette une note sur l'emploi de l'emprunt de la ville de Paris, et qu'il propose de modifier cet emploi et d'annuler la disposition relative aux bains publics, pour en reporter les fonds sur les tueries : au lieu de quatre tueries, on en construira six, chacune ne devant pas coûter plus d'un million ; on commencera sans délai celle qui doit désencombrer le plus beau quartier de Paris ;

6° Qu'il fasse dresser sans délai les plans , dessins et devis de la construction d'une fontaine sur la place de la Bastille ; cette fontaine représentera un éléphant portant une tour à la manière des anciens; on aura la liberté de faire ce monument en bronze ou de toute autre manière; on y emploiera les fonds destinés aux fontaines publiques;

7° Que la première pierre de cette fontaine et celle de la première tuerie soient posées le 2 décembre, jour anniversaire du couronnement , et que le même jour on célèbre l'arrivée de l'eau de l'Ourcq à Paris ;

8° Que le ministre porte dans son budget, comme fonds spéciaux, les fonds qui ont été retenus sur les budgets des villes pour les maisons de mendicité et tous autres fonds spéciaux affectés à la même dépense ;

9° Qu'il se fasse remettre par M. Montalivet une note explicative sur ce qu'il entend par le contingent du trésor public, 1° pour les routes , montant à 667,276 francs , 2° pour les projets soumis à Sa Majesté, montant à 663,750 francs ; il parait que M. Montalivet doit fournir à cette dépense, ou par les fonds généraux , ou par les fonds spéciaux.


Paris, 26 octobre 1808

A M. de Talleyrand, prince de Bénévent

Mon intention est que, pendant que durera la session du Corps Législatif, vous ayez au moins quatre fois par semaine un dîner de 36 couverts composé en grande partie de législateurs, de conseillers d'État et de mes ministres, afin de les mettre à même de se voir, et que vous puissiez ainsi connaître les principaux et cultiver leurs dispositions.

(Lecestre)


Paris, 26 octobre 1808

Au général comte Dejean, ministre-directeur de l'administration de la guerre

Monsieur le général Dejean, il faut envoyer de l'argent pour les hôpitaux du corps du général Junot et un autre ordonnateur que l'ordonnateur Trousset dont ce général continue à se plaindre, comme n'ayant pas l'activité nécessaire. Les régiments auront besoin de plusieurs effets d'habillements et il serait convenable de diriger sur La Rochelle de quoi équiper d'abord jusqu'à ce qu'on sache ce qui est nécessaire pour mettre le corps en état d'entrer en campagne.

(Brotonne)


Paris, 27 octobre 1808

A M. Fouché, ministre de la police générale

Veillez à ce qu'on ne mette pas trop de détails sur (la cour de] Vienne dans les journaux. Il y a trop d'affectation à la louer; il faut, au contraire, tourner en ridicule la levée hongroise et la Gazette de la cour, qui copie la Gazette de Séville et les autres nouvelles débitées par les insurgés. Il faut se moquer de la circonspection de la Gazette de Vienne.

(Lecestre)


Paris, 26 octobre 1808

Au général Junot, duc d'Abrantès, commandant le 8e corps de l'Espagne, à La Rochelle

J'ai reçu vos lettres. J'ai donné ordre à votre chef d'état-major, qui est débarqué dans le Morbihan , de se rendre près de vous. On changera votre ordonnateur, mais les bons ordonnateurs sont difficiles à trouver. Il ne s'agit plus d'y penser, il faut songer à l'avenir.

Je suppose que dans le courant de mai la tête de votre corps d'armée pourra se mettre en marche. On changera, comme vous le désirez, toute votre cavalerie.


Paris, 27 octobre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Le comte d'Ega, ministre portugais débarqué à Nantes, demande à venir à Paris. Il sera le commissaire des Portugais qui sont en France. Les militaires, les employer dans les corps portugais ; les autres, m'en présenter un état pour leur donner des secours.


Palais des Tuileries, 27 octobre 1808

RÉPONSE DE L'EMPEREUR À LA DÉPUTATION DU CORPS LÉGISLATIF

Messieurs les Président et Députcs du Corps législatif, mon devoir et mes inclinations me portent à partager les dangers de mes soldats; nous nous sommes mutuellement nécessaires. Mon retour dans ma capitale sera prompt. Je compte pour peu les fatigues , lorsqu'elles peuvent contribuer à assurer la gloire et la grandeur de la France. Je reconnais dans la sollicitude que vous m'exprimez l'amour que vous me portez ; je vous en remercie.


Palais des Tuileries, 27 octobre 1808

RÉPONSE DE L'EMPEREUR A LA DÉPUTATION DES TROIS NOUVEAUX DÉPARTEMENTS D'ITALIE

J'agrée les sentiments que vous m'exprimez au nom de mes peuples du Musone, du Metauro et du Tronto. Je suis bien aise de les voir heureux dans leur nouvelle situation. J'ai été témoin des vices de votre ancienne administration. Les ecclésiastiques doivent se renfermer dans le gouvernement des affaires du ciel. La théologie qu'ils apprennent dans leur enfance leur donne des règles sûres pour gouvernement spirituel , mais ne leur en donne aucune pour le gouvernement des armées et pour l'administration.

Nos conciles ont voulu que les prêtres ne fussent pas mariés, pour que les soins de la famille ne les détournassent pas du soin des affaires spirituelles, auxquelles ils doivent être exclusivement livrés.

La décadence de l'Italie date du moment où les prêtres ont voulu gouverner et les finances et la police et l'armée.

Après de grandes révolutions, j'ai relevé les autels en France et en Italie. Je leur ai donné un nouvel éclat dans plusieurs parties de l'Allemagne et de la Pologne. J'en protégerai constamment les ministres.

Je n'ai qu'à me louer de mon clergé de France et d'Italie. Il sait que les trônes émanent de Dieu , et que le crime le plus grand à ses yeux, parce que c'est celui qui fait le plus de mal aux hommes, c'est d'ébranler le respect et l'amour que l'on doit aux souverains. Je fais un cas particulier de votre archevêque d'Urbino. Ce prélat, animé d'une véritable foi, a repoussé avec indignation les conseils, comme il a bravé les menaces, de ceux qui veulent confondre les affaires du ciel, qui ne changent jamais, avec les affaires de la terre, qui se modifient selon les circonstances de la force et de la politique.

Je saurai faire respecter en Italie comme en France les droits des nations et de ma couronne, et réprimer ceux qui voudraient se servir de l'influence spirituelle pour troubler mes peuples et leur prêcher le désordre et la rébellion. Ma couronne de fer est entière et indépendante comme ma couronne de France ; je ne veux aucun assujettissement qui en altère l'indépendance.

Les sentiments que vous m'exprimez et qui animent mes peuples du Musone, du Metauro et du Tronto me sont connus. Assurez-les que constamment ils peuvent compter sur les effets de ma protection, et que, la première fois que je passerai les Alpes, j'irai jusqu'à eux.


Paris, 27 octobre 1808

Au maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, à Hambourg

J'ai recu votre lettre du 17 octobre. Si les circonstances me mettent à même de vous prouver l'estime que je vous porte, soyez sûr que je le ferai avec plaisir.


Paris, 27 octobre 1808

Au général Lacuée, ministre d'État, à paris

Je reçois votre lettre. Un homme qui travaille autant que vous a besoin d'un intérieur. Je verrai avec plaisir votre mariage avec mademoiselle Bianco de Brantès, et je désire que vous ne tardiez pas à avoir des enfants qui soient dignes de vous.


Paris, 28 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre

Sur 747 conscrits de l'Aube, 485 ont déserté. Donnez des ordres pour qu'ils soient arrêtés et envoyés à l'armée.

(Lecestre)


Saint-Cloud, 28 octobre 1808

Au comte Gaudin, ministre des finances, á Paris

Faîtes donner 100.000 francs à madame de Montmorency, en a-compte sur ses bois.

(Brotonne)


Paris, 28 octobre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur Decrès , je vous envoie les ordres pour les frégates la Vénus et la Bellone.

Faites connaître au général Decaen (capitaine général des îles de France et de la Réunion) mes relations avec la Perse, et l'utilité de communiquer avec mon ambassadeur dans ce pays, par le moyen d'une frégate, s'il n'y a pas trop d'inconvénients. L'envoi d'un millier de fusils en Perse, même par cette frégate, ne pourrait être que d'un bon effet. Quant aux expéditions, il faut que le Jemmapes soit armé sans délai par une presse générale, et que les trois bâtiments partent en chargeant le plus de farines qu'ils pourront.


Paris, 28 octobre 1808

DÉCISION.

Le qénéral Clarke, ministre de la guerre, soumet à l'Empereur le projet d'un sieur L'Homond, ex-chef de bataillon d'aérostiers, qui propose d'opérer une descente en Angleterre au moyen de cent montgolfières de 100 mètres de diamètre, dont la nacelle pourrait contenir 1,000 hommes, avec des vivres pour quinze jours, deux pièces de canon avec caissons, 25 chevaux et le bois nécessaire pour alimenter les montgolfières. Renvoyé à M. Monge pour savoir si cela vaut la peine de faire une expérience en grand.

Paris, 29 octobre 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan

Mon Fils, le plan présenté pour Peschiera peut être adopté; mais comme on ne peut pas dépenser pour cette place plus de 200.000 francs par an, il faut faire la distribution de ce que l'on doit dépenser cette année et l'année prochaine, à raison de 200,000 francs par an. On fera successivement, chaque année, les dépenses les plus pressées. On emploiera donc huit ans pour exécuter tout le projet. Il faut rédiger le devis et faire connaître, année par année, ce qui doit être fait. On attend le projet pour le signer.


Paris, 29 octobre 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan

Mon Fils, j'approuve le projet présenté pour Saint-Georges. Il faut commencer par exécuter la lunette centrale; on emploiera à la masser les fonds que j'ai destinés, cette année, pour l'ouvrage Saint-Georges. Les mouvements de terre doivent être étudiés avec beaucoup de soin, pour éviter les trop grandes dépenses.


Palais des Tuileries, 29 octobre 1808

ORDRE DE SERVICE PENDANT L'ABSENCE DE S.M. L'EMPEREUR ET ROI

Nous avons réglé, pour être exécutées pendant la durée de notre absence, les dispositions suivantes :

L'archichancelier présidera le Conseil d'État; il signera les affaires des divers départements du ministère qui seront de nature à être délibérées au Conseil; il désignera les membres du Conseil d'État qui porteront au Corps législatif les projets de lois auxquels nous donnerons notre approbation pendant notre absence; il signera les pouvoirs des orateurs ; il désignera le jour de la présentation et le jour de la discussion.

Les lois délibérées au Corps législatif seront promulguées le dixième jour de leur adoption, dans les formes ordinaires; l'acte de promulgation sera dressé et signé par le grand juge; notre signature y sera relatée comme si elle avait été apposée de notre main.

Tous les ministres correspondront avec nous pour les affaires de leurs départements.

Néanmoins ils se rassembleront, le mercredi de chaque semaine, dans une des salles des Tuileries et sous la présidence de l'archichancelier; ils porteront au Conseil les objets de détail et du contentieux de leur administration, lesquels seront remis à l'archichancelier pour nous être transmis dans la forme ordinaire. Il y joindra une courte analyse de ce qu'il y aura de plus pressant à expédier, et des notes sur les affaires qui lui en paraîtront susceptibles.

Nous entendons, en général, que toutes les affaires qui, dans l'ordre ordinaire du gouvernement et de fadministration, ont besoin, de notre signature, continuent à nous être présentées à cet effet.

Toutes les fois que le grand juge pensera qu'uue demande en grâce est dans le cas d'être admise et que des circonstances urgentes exigent une prompte décision, l'archichancelier pourra, sur la demande de ce ministre, convoquer un conseil privé, dont nous désignerons les membres. Il nous adressera le procès-verbal de ce conseil dressé par l'un des ministres appelés, et, en cas de diversité d'opinions, il y joindra le résumé de celles qui auront été énoncées de part et d'autre.

Toutes les fois qu'un ministre jugera nécessaire une conférence avec d'autres ministres pour traiter une affaire de son département , il en fera la demande à l'archichancelier, qui convoquera à cet effet les ministres dont le concours sera nécessaire.

S'il survient des événements extraordinaires de police, sur lesquels nous ne puissions pas statuer à temps à raison de notre éloignement, et qui exigent le concours de plusieurs ministres , l'archichancelier, auquel se réuniront les grands dignitaires qui se trouveront à Paris, convoquera les ministres dont la présence sera nécessaire. Si l'exécution des mesures que l'archichancelier aura approuvées excède les bornes de l'autorité ministérielle, et qu'il ne soit pas possible d'attendre notre décision, il sera tenu de cette conférence un procès-verbal dressé par le ministre du département que l'affaire concerne et signé par l'archichancelier. En conséquence dudit procès-verbal, ledit ministre se trouvera autorisé à exécuter les dispositions telles que les aura prescrites l'archichancelier, après avoir entendu l'opinion des ministres.

Dans tous les cas d'événements militaires extraordinaires , l'archicliancelier, auquel se réuniront les grands dignitaires qui se trouveront à Paris, sur la demande du ministre de la guerre, convoquera les ministres dont le concours sera jugé nécessaire, et il sera procédé ultérieurement comme il est dit ci-dessus.

Le ministre de la police nous écrira tous les jours par l'estafette dont nous avons ordonné l'établissement.

Les ministres de la guerre et de la marine nous écriront sur tous les objets importants, et au moins deux fois par semaine.

Les autres ministres nous écriront tout aussi souvent qu'ils auront à nous entretenir des affaires de leur département.

Toutes les lettres nous seront adressées directement.

Les dépêches télégraphiques transmises à Paris, ou à transmettre de Paris, seront portées à l'archichancelier avant qu'il puisse y être donné cours.


Rambouillet, 29 octobre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, vous donnerez deux jours de séjour aux 4e, 7e et 9e régiments polonais qui se rendent à Bordeaux, pour qu'ils aient le temps d'y former leur dépôt, et d'y recevoir les effets d'habillement qui vont être envoyés à Bordeaux.

Dans le décret de ce jour, vous verrez l'organisation que je donne au dépôt et à la nouvelle administration de ces régiments.

Le 4e régiment polonais, qui a aujourd'hui une grande marche à faire, n'est parti de Versailles qu'à neuf heures, tandis qu'il aurait dû partir à six heures du matin. Le commandant m'a dit que cela provenait du retard de la distribution du pain. Tirez cela au clair, et punissez qui mérite de l'être. Le pain devait être distribué la veille.


Rambouillet, 29 octobre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

C'est précisément parce qu'on ne veut pas occuper la hauteur du Hartenberg qu'on veut occuper Mombach, car, si on voulait occuper le Hartenberg, l'ancienne redoute de Mombach suffirait.

Voici la différence des ouvrages du Hartenberg et de Mombach , c'est que, Mombach pris, la place n'a plus qu'une simple ligne magistrale, au lieu que, sur les hauteurs du Hartenberg, quand on serait à 100 toises du fort Meusnier et quand même on aurait pris ce fort, la place serait encore dans son entier. Ce côté peut être considéré comme la partie la plus forte de la place. C'est tellement la partie la plus forte de Mayence, que personne ne propose de l'attaquer par ce côté. Cela étant, pourquoi propose-t-on de la renforcer ?

Pour Mombach, j'approuve le projet no 1 ; il faut commencer par faire le réduit A. Cet ouvrage fait me garantit de tout. Je veux le réduit en maconnerie, pour être à l'abri des glaces, et pour que, dans aucun cas, tous les autres ouvrages ne puissent être tournés.

Il faut faire attention que, cette année et l'année prochaine, on fait des sacrifices pour Kastel; que j'ai ordonné que, cette année, l'argent fut employé aux points les plus importants, et qu'il ne faut pas distraire les fonds de leur destination.


Rambouillet, 29 octobire 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan

Mon Fils, l'idée d'avoir, avec 50,000 francs, un point dans la vallée, à la Chiusa-Veneta, dans lequel 50 ou 80 hommes, avec cinq ou six pièces de canon, puissent tenir pendant plusieurs jours, et dont l'ennemi ne puisse s'emparer sans calibre supérieur à celui de 12, est une idée qui peut être admise toutes les fois qu'il y a une vallée propre à cela, c'est-à-dire, 1° lorsque de la hauteur on ne peut point facilement détruire les maconneries, 2° lorsque la vallée est assez étroite pour être bien fermée, 3° lorsque ce résultat peut être obtenu avec la simple dépense de 50,000 francs.

Quant à l'idée de former des lignes depuis Osoppo jusqu'à Gemona, c'est une idée inadmissible. On désire que 800 hommes puissent conserver à Osoppo les magasins de vivres et à poudre, l'hôpital, les dépôts pendant quelque temps. On désire qu'une division étant promptement rappelée de devant Osoppo, pour livrer bataille sous Palmanova, ses bagages, ses blessés, ses malades, puissent être renfermés dans Osoppo. Enfin on désire que la division qui défendrait le haut Tagliamento, étant battue, tronvât un camp retranché pour se reformer et, de là, prendre toute autre délibération. Osoppo, dans la situation actuelle, ne m'offre point cet avantage; c'est un rocher trop élevé; je ne saurais où mettre 2 ou 300 voitures d'artillerie ou de bagages. Je crois même que la défense du rocher sera plus assurée quand il y aura des flèches au pied, sous l'immense protection des hautes batteries.

Ce que je désire à présent est donc ce que j'ai toujours demandé, un camp retranché qui soit le long des 400 toises qui forment le grand côté du fort, lequel s'appuie de droite et de gauche au rocher, et dont l'ouvrage le plus éloigné du centre ne soit pas à plus de 170 toises des hautes batteries du rocher; que les trois flèches du centre soient un peu mieux soignées; enfin que, dans le cas où il n'y aurait que 6 ou 800 hommes à Osoppo, on puisse, dans ces ouvrages du centre, laisser une soixantaine d'hommes pour servir les pièces qui y resteraient; et, s'il y a 7 ou 8,000 hommes, ils se tiendront dans le camp retranché et dans l'espace entre le fort et le fleuve.

La facilité qu'on a d'avoir de l'eau rend cet ouvrage très-facile, et certes personne n'imaginera pouvoir enlever de vive force un simple redan couvert d'un fossé plein d'eau, défendu par des pièces, comme cela se pratique dans la fortification de campagne, et soumis à toute l'artillerie de la hauteur. Encore moins osera-t-on ouvrir la tranchée sous une semblable domination , car on verra bien que, quand on aura le camp retranché, on n'aura rien. On se contentera donc de bloquer cette place ou de la bombarder.

Résumé : Osoppo est suffisant. Un simple camp retranché protégé par un filet d'eau est tout ce qui est nécessaire; deux ou trois flèches servant de point d'appui au camp retranché; le tout sous la domination du rocher : voilà ce que j'ai désiré pour cette année , et c'est pour cela que j'ai fait les fonds. Cela ne doit pas coûter plus de 115,000 francs. Quant à la hauteur de l'autre côté de la ville, je ne m'oppose point à ce qu'on l'occupe, mais je veux d'abord que mon camp retranché soit fait, parce que c'est là mon premier besoin, parce que c'est de là que doivent partir toutes les sorties et tous les convois.


........ novembre 1808

NOTE POUR M. CRETET, MINISTRE DE L'INTÉRIEUR, À PARIS

Sa Majesté a visité les Enfants de la Patrie, et elle a été peu satisfaite de cet établissement. Elle a vu un vaste et beau bâtiment occupé par 2 ou 300 enfants de mauvaise mine, sales et couverts de haillons; elle n'a aperçu aucun costume et n'a rien vu qui respirât l'ordre et la décence. Elle a été assez contente de la distribution des ateliers; mais elle n'a pu concevoir comment chaque enfant pouvait coûter 23 sous dans un établissement où l'instruction ne coûte rien, puisqu'il n'y a qu'un seul maître d'école qui enseigne à lire; où les métiers, au lieu de coûter, rendent à l'école et aux enfants travailleurs. 23 sous par jour font une dépense annuelle de près de 400 francs; 12 à 15 sous par jour feraient une dépense de 200 à 220 francs , encore beaucoup trop forte, surtout si l'on considère qu'il y a des enfants de trois ans. Il y en a aussi beaucoup au-dessus de douze et même quelques-uns de seize à dix-huit ans, et c'est un abus. On comprend que les chefs d'atelier peuvent avoir un intérêt à conserver des jeunes gens, mais ce n'est pas une raison pour tolérer une chose qui ne convient pas et qui est dispendieuse.

Il faudrait que la ville de Paris fût difficile sur les réceptions. Est-il dans la justice générale qu'un enfant trouvé de trois ans ou le fils d'un mendiant coûte 400 francs à la ville, tandis qu'un secours de 400 francs arracherait à la misère un père, une mère et trois autres enfants ? Lorsque des établissements de cette nature ont pour objet de récompenser les services rendus (l'École de Chàlons), on doit les juger sur d'autres principes. Il y a dans l'institution des Enfants de la Patrie quelque chose que la raison n'approuve point et à quoi il faut remédier. Que la ville de Paris emploie 120 ou 130 francs au plus à soutenir de enfants malheureux, c'est là tout ce que sa munificence doit faire; il y a tant d'infortunés, qu'on ravit aux uns ce qu'on donne de trop aux autres.

Si l'administration est décidée à mettre des enfants en apprentissage, il faudra prendre un message plus modeste et s'arranger de façon à fixer la dépense à un taux raisonnable. Le local actuel serait excellent pour un lyçée.

En voyant un pareil établissement, la premiére idée qui se présente, c'est qu'il serait beaucoup mieux à deux ou trois lieues de Paris, où l'on aurait les vivres à beaucoup meilleur marché. Quoi qu'il en soit, les bâtiments actuels pouvant contenir 15 à 1800 individus, il faut rendre cet établissement plus utile.

Sa Majesté se propose de le visiter de nouveau à son retour; elle désire qu'à cette époque le ministre lui présente un rapport dans lequel il ait posé d'une manière claire les principes à suivre sur cette matière.


   
1 La copie ne porte ni indication de lieu ni date de jour.


 1 - 15octobre