1 - 15 Février 1809


Paris, 1er février 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Faîtes-moi un rapport sur Bourmont et sur la manière dont il s'est conduit en Portugal


Paris, 5 février 1809

Au comte Romanzoff, ministre des affaires étrangères de Russie

Je vous envoie plusieurs journaux que je viens de recevoir de Saint-Pétersbourg. Les dépêches que je reçois sont du 27. L'empereur se portait très bien, et il paraît qu'on y dansait beaucoup à l'occasion du nouveau mariage et du séjour de belles voyageuses.

(Lecestre)


Paris, 6 février 1809

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Madrid

Mon Frère, je reçois vos lettres des 24, 25 et 26. Mon intention est que les biens des condamnés me restent. Le moyen de m'assurer des familles d'Espagne est qu'il ne soit pas en votre pouvoir de les löeur rendre.

Je suis fâché que le système change à  Madrid et qu'on y devienne complaisant. Je ne trouve rien de plus mauvais que d'y avoir laissé séjourner les prisonniers, de les avoir laissés causer avec le peuple, d'en avoir pris 3,000 pour en former des régiments. O'Farrill a fait un grand tort en laissant dissoudre l'armée espagnole : veut-on recommencer ce qui a été fait, il y a un an, à pareille époque ? Les prisonniers doivent être envoyés en France, et, s'il faut des cadres de régiments en mettant à  la tête des officiers sûrs, on pourra y recevoir, non des prisonniers, mais des déserteurs et ceux qui voudront quitter l'armée des insurgés. Je fais lever en France un régiment composé de prisonniers, surtout de ceux qui y sont depuis plus de temps.

Je crois qu'il est nécessaire que vous montriez un peu de sévérité et que vous ne laissiez personne se livrer à  des espérances fausses et prématurées; sans cela les hommes que vous avez réarmés assassineront les Français et tourneront les armes contre vous, au premier sujet d'espérance. Il est fâcheux, puisque l'on avait arrêté les membres, du conseil de Castille, qu'on ne les ait pas laissés venir en France. Un séjour de deux ou trois ans en France aurait fait changer d'idées à ces gens-là , et on en aurait fait des citoyens utiles.


Paris, 6 février 1809

Au général Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg

Je reçois vos lettres des 15 et 17 janvier. Je vois avec peine que votre santé est altérée. Je crois que M. de Rornanzoff reste encore ici quelques jours. Nous venons de recevoir des nouvelles d'Angleterre. Nous voulons voir s'il est possible d'en tirer quelque chose. M. de Romanzoff les envoie à l'empereur.

Ma dernière conscription de 80,000 hommes sera toute sur pied avant quinze jours, de sorte que j'aurai en Allemagne autant de troupes qu'avant que j'en eusse retiré pour mon armée d'Espagne. En Italie, je vais y avoir une armée, la plus forte que j'y aie eue. Je vous ai mandé que la conduite de l'Autriche m'avait empêché de former mes camps de Boulogne, de Brest et de Toulon. Ces trois camps eussent porté l'épouvante en Angleterre, parce que j'aurais menacé toutes ses colonies. L'Autriche devient tous les jours de plus en plus bête, et je suis persuadé qu'il y aura impossibilité de faire du mal à l'Angleterre, sans obliger d'abord cette puissance à désarmer.

(Lecestre)


Paris, 7 février 1809

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne

J'attends d'apprendre la prise de Saragosse pour parler à la reine de son départ. Je tiens à ce que vous conserviez à Belliard le gouvernement de Madrid, et à Fréville la direction des affaires relatives aux biens des condamnés que je me suis attribués. Il est plus important de détruire ces dix familles que de chasser les Bourbons. Mon aide de camp Lacoste a été tué, le 1er février, à Saragosse; on était maître d'une partie de la ville.

L'art de la guerre veut qu'on ne démasque un mouvement sur Merida que lorsque le duc de Dalmatie sera à Oporto, et il ne peut y être avant la fin du mois.

Vous ne devez laisser établir l'ennemi ni à Cuenca, ni dans la plaine du Manzanarès. Gardez la division Sébastiani à Madrid, et soignez bien ce corps. Dans un événement important, ce sont vos meilleures troupes. Si j'avais de l'argent, je vous en enverrais volontiers; mais mes dépenses sont immenses. Je porte ma cavalerie à plus de 100,000 hommes. La nouvelle conscription que je lève me coûte un argent immense.

(Lecestre)


Paris, 7 février 1809

Au comte Gaudin, minsitre des finances, à Paris

Dans le rapport que vous allez me faire cette semaine sur la situation des finances, il me paraît qu'il y a plusieurs choses importantes à règler. A l'exercice de 1807 il manquera 10 millions, tant pour la guerre et l'administration de la guerre que pour les autres ministères; ilen manquera 20 pour 1808; ce qui fait 30 millions. Indépendamment de cela, l'exercice 1808 ne pourra pas atteindre et remplir ce que vous avez espéré; il paraît que ce sera un manque de 20 millions Ce sera donc 50 millions qu'il sera nécessaire de se procurer pour ces deux exercices. Le budget de 1809 doit être, en recette,s, le même qu'en 1808. Vous devez avoir encore assez de ressources en domaines nationaux pour le supplément à ajouter. Un jour ou l'autre, ces crédits se réaliseront, moyennant la caisse d'amortissement.

Il faudrait trouver dans nos domaines en Toscane et en Piémont une ressource d'une vingtaine de millions, et autant dans nos autres domaines de France. Il sera possible ensuite de réaliser tout cela avec le secours de la caisse d'amortissement et en y mettant le temps nécessaire.


Paris, 7 février 1809

Au contre.amiral Willaumez, commandant l'escadre de Brest

Monsieur 1e Contre-Amiral Willaumez, nous sommes informé que deux divisions destinées au ravitaillement de nos colonies, l'une sous le commandement du capitaine Troude, à Lorient, l'autre sous le commandement du contre-amiral Lhermitte, à l'île d'Aix, sont retenues sur ces rades par deux divisions ennemies de trois ou quatre vaisseauy chacune, avec des frégates qui croisent sur ces points.

Si, en appareillant de Brest, les vents vous permettent d'aller chasser ces croisières, nous vous faisons savoir que notre intention est que vous executiez cette manoeuvre de manière à faciliter la sortie de nos divisions et à vous emparer, s'il se peut, de cells de l'ennemi. Il est probable que vous en trouverez aux Glenans devant Lorient, ou dans la baie de Quiberon et que vous srprendrez l'autre dans le pertuis d'Antioche, ou au moins à la hauteur de l'île d'Oléron, ou peut-être même dans la rade des Basques.

Si. lorsque vous paraîtrez sur Lorient, la ,arée permet au capitaine Troude d'appareiller, il se joindra à vous, et vous suivra avec sa division. Mais, si cette réunion devait être retardée de plusieurs heures, il faudra ne rien attendre, et vous porter de suite sur l'île d'Aix, afin de ne pas donner le temps à l'ennemi d'être averti de votre approche.

La division Lhermitte étant réunie à vous fera route, sous votre commandement, pour la Martinique et la Guadeloupe, ainsi que la division Troude, si la jonction a eu lieu.

Il est bien entendu que, si, ayant débloqué Lorient, les circonstances empêchaient de poursuivre votre manreuvre jusqu'à i'île d'Aix, vous conduirez la division Troude jusqu'aux Antilles, si elle s'est réunie à vous, ainsi qu'il est dit ci-dessus; et que, si la jonction n'a pas öe temps de s'opérer, vous ferez route pour Toulon, comme il vous a été prescrit par notre dépêche du 9 janvier.

Soit que vous conduisiez aux Antilles les deux divisions de Lorient det de l'île d'Aix, soit que vous n'y en conduisiez qu'une seule, vous ne ferez que paraître devant ces colonies, sans vous y arrêter. Vous y introduirez les bâtiments qui leur sont destinés, vous chercherez à surprendre les croisières ennemies, et vous pousserez aussi loin que vous pourrez l'avantage que vous donneront leur dispersion et la supériorité imprevue de vos forces dans ces mers. Après quoi, et sans avoir mouillé, vous ferez avec tous les bâtiments sous vos ordres votre retour à Toulon, ainsi que le porte notre dépêche du 9 janvier précitée.

Nous chargeons notre ministre de la marine de vous faire connaître la distribution à faire sur nos colonies de la Martinique et de la Guadeloupe des ravitaillements que vous leur conduirez; nous le chargeons aussi d'avertir les commandants de nos divisions du mouvement qui doit s'opérer, afin qu'ils puissent le seconder en tout ce qui dépendra d'eux. Quelque importance que nous attachions à cette opération. nous n'entendons pas qu'elle retarde le départ de notre escadrede Brest, et vous n'en devrrez pas moins appareiller aussitôt que vous en aurez l'occasion favorable; et, si les vents avec lesquels vous mettrez sous voiles ne favorisent pas le mouvement dont il s'agit, vous ne devez point batailler contre eux sur la côte, mais vous vous rendrez immédiatement à Toulon, comme le portent vos instructions que nous vous avons données antérieurement à la présente.

Sur le tout, nous nous reposons sur votre zèle, vos talents et votre dévouement à notre service.


Paris, 7 février 1809

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Je reçois votre lettre du 1er février. Il me semble vous avoir déjà écrit de faire partir votre division de 5,600 hommes pour Metz. Je la ferai armer convenablement. Quant à la poudre et aux canons, je lui en fournirai.

La demande d'argent est une demande indiscrète dans un moment où je ne sais comment faire face aux immenses dépenses que j'ai, puisque mes armées d'Espagne ne me rendent rien et me coutent, et que mes autres armées sont à ma charge.

Diminuez la moitié de votre luxe, économisez une partie de votre liste civile pour augmenter votre état militaire.

Si vous pouvez envoyer ces 5,600 hommes, faites-les marcher sur-le-champ, en les dirigeant sur Metz.


Paris, 8 février 1809

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny, vous écrirez au sieur Talleyrand que vous avez mis sous mes yeux ses lettres; que je trouve qu'il a eu tort de s'immiscer en rien dans les affaires intérieures de la Suisse; qu'i1 a eu tort d'écrire au canton de Lucerne, qui est un souverain; qu'i1 devait s'abstenir de le faire, même par insinuation, sans un ordre du cabinet; que dans tout évèmement il doit se borner à rendre compte de tout ce qui se passe, sans répondre, sans faire préjuger son opinion et encore moins sans faire de démarches.

Si le bâtiment dont parle M. de Romanzof a été pris pendant que nous étions en paix avec la Russie, il n'y a pas de doute qu'il ne faille le payer.


Paris, 8 février 1809

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Je désire que vous me présentiez un projet de circulaire aux différents rois de la Confédération du Rhin et au prince primat. Voici dans quel esprit je voudrais qu'elle fût rédigée. Les États de la Confédération du Rhin ne sont point tranquilles; ils sont perpétuellement tourmentés par leurs plus riches propriétaires, qui sont dans les rangs de l'Autriche, qu'on peut regarder comme non ostensiblement offensive et ennemie de la Confédération. Indépendamment de l'inquiétude sourde que l'influence de ces individus laisse dans les États de la Confédération, leur séjour à Vienne est une source de prospérité pour ce pays, parce que le revenu le plus clair de la Confédération se consomme dans cette capitale, et l'intérêt de ces individus, étant opposé à.celui de la Confédération, fomente et excite à Vienne un esprit de guerre contre nous. L'acte de la Confédération est précis; l'intérêt des États confédérés et de la France est également précis. Je désirerais que les princes de la Confédération rendissent une ordonnance pour obliger les individus ayant des propriétés dans le pays et étant au service de puissances autres que la Confédération du Rhin, à quitter le service de ces puissances et à rentrer dans leur patrie dans l'espace de trois mois. Si, trente jours après la publication de cette ordonnance, ils n'ont pas fait connaître qu'ils sont disposés à rentrer, le séquestre sera mis sur leurs biens, et si, après trois mois, ils ne sont pas rentrés, leurs biens seront confisqués au profit de l'État. Par ce moyen, l'Autriche perdra un grand nombre d'officiers et d'administrateurs. Les Fürstenberg et autres maisons les plus riches d'Autriche seront obligés de demeurer dans les États de la Confédération et d'affaiblir l'ennemi nalurel, l'Autriche.

(Lecestre)


Paris, 9 février 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan

Mon Fils, je vous envoie un devis et un plan des baraques que j'ai fait faire à Bayonne. Vous verrez qu'avec une somme médiocre on peut loger 6,000 hommes. Vous pourriez en faire faire de semblables dans le Frioul. Si l'on pouvait établir un camp retranché à Osoppo, il serait cependant de quelque utilité. Faites-moi connaître ce qu'il coûterait. Faites prendre copie de ces projets de baraques, et renvoyez-les-moi.


Paris, 9 février 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan

Mon Fils, je vous ai envoyé le jeune Tascher. C'est un fort bon sujet dont je suis très content. Il a besoin de s'instruire; employez-le à exercer les recrues, à former les dépôts, faîtes-le servir dans l'état-major et faîtes-lui apprendre tout ce qu'il faut pour devenir un excellent offisier. Il faut le faire bien travaille. C'est dans cette intention que je l'envoie passer un an en Italie.

(prince Eugène)


Paris, 11 février 1809

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Dejean, il est inutile d'établir des hôpitaux à Bordeaux. Faire traverser les Landes aux malades, c'est leur donner la mort. Il ne manqne point de maisons de campagne aux environs de Mont-de-Marsan, de Bayonne et de Pau. Mon intention est que les malades ne soient pas évacués au delà de Mont-de-Marsan et de Pau. C'est dans ce rayon qu'il faut établir les hôpitaux.


Paris, 11 février 1809

Au général comte Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Dejean, donnez ordre qu'il soit envoyé cinq cents couvertures à l'hospice du mont Cenis, afin que les soldats de passage souffrent le moins possible.


Paris, 11 février 1809

Au comte Daru, intendant général de la Maison de l'Empereur, à Paris

Monsieur Daru, je vous envoie des états de l'organisation et des dépenses de l'armée du roi de Saxe. Evoyez chercher le général Fischer, conférez avec lui et présentez-moi uu rapport. Faites-moi connaître la situation de cette armée et les réductions qu'elle subirait moyennant cette nouvelle organisation.


Paris, 11 février 1809

Au maréchal Bessières, duc d'Istrie, commandant les provinces du nord de l'Espagne, à Valladolid (Le maréchal Bessières avait le commandement supérieur des provinces de Leon, Zamora, Toro , Palencia la Vieille-Castille, Santander, la Biscaye, Soria et Salamanque)

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 2. Je vois avec plaisir que vous ayez pris sur les 250,000 francs de Toro des fonds pour l'hôpital de Burgos. Le plus pressant, c'est de soulager mes soldats et d'avoir soin que les hôpitaux soient bien entretenus. Il faut exiger de l'iintendant de Valladolid et des autres pays que vous commandez qu'ils prennent leurs mesures pour ne point laisser manquer Burgos, qu'on l'approvisionne de fourrages et que 1'on tienne les hôpitaux en bon état.

Je suppose que les différents détachements de ma Garde qui étaient à Madrid et ailleurs sont rentrés. Vous avez reçu l'ordre de renvoyer ici tous mes chevau-légers polonais. Je veux réorganiser ce corps à Paris. Le zèle qu'il a montré en Espagne me fait prendre intérêt à ce corps, qui a besoin de recevoir une organisation definitive. L'escadron de Daumesnil qui était à Mont-de-Marsan a eu l'ordre de se rendre à Paris. J'ai ici un millier d'hommes de cavalerie de ma Garde; j'ai donné ordre qu'on les remonte. Prenez des mesures pour que ma Garde ne manque pas de vivres, ni àVitoria, ni àToloso. Si la gendarmerie qui est à Vitoria en manquait, elle pourrait s'étendre du côté de Logrono et d'Estella, qui sont des pays neufs. Avant de faire rentrer ma Garde, j'attends de voir la tournure que prendront les choses après la prise de Saragosse.

Envoyez des médecins à Saragosse. Ayez soin de réunir à Zamora tout ce qui appartient au duc de Dalmatie; il me semble qu'il devra bientôt y avoir là 2 ou 3,000 hommes appartenant à ce corps; il faut les laisser reposer, et quand le duc de Dalmatie sera entré à Lisbonne, dirigez le tout ensemble pour le rejoindre. En attendant, ce sera une bonne garnison pour Zamora, il faut avoir dans cette place un homme intelligent et lui écrire tous les jours. Ce n'est qu'en les harcelant de lettres qu'on parvient à surmonter l'insouciance qu'ont la plupart des officiers.

Faîtes rentrer les deux millions de la contribution de Zamora.


Paris, 11 février 1809

à Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Je suis étonné que vous m'envoyiez le général Morio, qui est une espèce de fou que je méprise; vous trouverez bon que je ne le voie pas.

Quant à la situation de votre trésor et de votre administration, cela ne me regarde pas. Je sais que l'un et l'autre vont fort mal. C'est une suite des mesures que vous avez prises et du luxe qui règne chez vous. Tous vos actes portent l'empreinte de la légèreté. Pourquoi donner des baronnies à des hommes qui n'ont rien fait ? Pourquoi étaler un luxe si peu en harmonie avec le pays, et qui serait seul une calamité pour la Westphalie par le discrédit qu'il jette sur l'administration ? Tenez vos engagements avec moi, et songez qu'on n'en a jamais pris qu'on ne les ait remplis. Ne doutez jamais du reste de tout l'intérêt que je vous porte.

(Lecestre)


Paris, 11 février 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan

Mon Fils, je reçois votre lettre du G, où vous m'annoncez que vous venez de recevoir 6 escadrons et des bataillons de l'armée de Dalmatie. Aussitot qu’ils scront tous arrivés, vous distribuerez les conscritsr qui leur appartiennent entre les 3e et 4e bataillons. Vous compléterez les compagnies dc grenadicrs et de voltigeurs ; vous ferez nommer les officiers manquant; enfin, vous organiserez ces régimcnts dc manière à former 7 régiments avec le 81e, de chacun 2 bataillons et un bataillon du 11e, ce qui doit me faire, avec les bataillons de marche qui passent dans ce moment les Alpes pour vous rejoindre, unc belle division dc 13,000 hommes. Chaque régiment doit être commandé par son Major et porter son nom. Je vous recommandc fort de porter un soin particulier de bien organiser cette belle division, qui, en cas de besoin, pacerait sous les ordres du général Marmont avec les régiments qui sont en Dalmatie; ce qui ferait, avec l'artillerie et la cavalerie, une trentaine de miile hommes.

(prince Eugène)


Paris, 12 février 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Faîtes mettre dans les journaux que le roi de Hollande a résolu de ne plus nommer de maréchaux, vu qu'une puissance qui n'a pas un état militaire d'au moins 80,000 hommes ne peut en avoir, et que ce titre ne peut être qu'embarrassant dans les armées alliées; qu'aussi voyons-nous qu'en Saxe, en Bavière, l'usage n'admet pas de maréchaux; que la France, qui a un état militaire si considérable, n'en a que quatorze, et de fait n'en compte que neuf, etc.


Paris, 13 février 1809

Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsier le Général Clarke, donnez ordre au bataillon d'équipages militaires qui est au corps du prince de Ponte-Corvo d'en partir, sans délai, pour se rendre à Hanovre, où il fera partie de l'armée du Rhin, mon intention n'étant pas d'avoir aucun équipage militaire dans les villes hanséatiques.

Donnez ordre au duc d'Auerstaedt de faire rentrer le régiment de chasseurs qui est à Varsovie, le 8e de hussards et le 105e de ligne, qni sont à Danzig, Ces troupes se dirigeront sur Bayreuth.


Paris, 13 février 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan

Mon Fils, j'écris au prince Borghèse pour qu'il fasse partir un grand nombre de conscrits des dépôts de Naples pour recruter vos 4e bataillons. De forts convois de conscrits, réunis en régiments de marche, sont déjà partis de la 7e et de la 8e division militaire. Je pense que la division Barbou doit être composée de seize bataillons formés en quatre brigades. Il résulte des états du prince Borghèse, du 15 janvier, que le 6e de ligne peut fournir 300 hommes; le 20e, 100 hommes; le 29e, 100 hommes; le 112e, 200 hommes; le 14e d'infanterie légère, 50 hommes; le 23e, 400 hommes; le 10e, 100 hommes; le 52e, 300 hommes; le 101e, 300 hommes; le 102e, 300 hommes. Je ne sais pas pourquoi ces hommes ne sont pas mis en marche et ne vont pas renforcer la division Miollis, dont les cadres sont bien faibles; par exemple, le23e d'infanterie légère, qui a deux bataillons dans la division Miollis, n'a qu'un présent sous les armes de 350 hommes; les 4 à 500 hommes qu'il a au dépôt seraient donc bien utiles à ces bataillons. Savez-vous si les cadres des 3e bataillons du 14e d'infanterie légère et du 6e de ligne sont de retour en Italie ? Le 22e d'infanterie légère n'a que 428 hommes dans ses bataillons de guerre; il a 1,200 hommes au dépôt à Nice; écrivez au commandant à Nice pour savoir quand ces hommes partiront; ils sont bien nécessaires pour former et donner couleur à ces bataillons .

Je pense que la division Miollis, qui va être considérablement accrue par les conscrits qui partent de la 27e et de la 28e division mililaire, peut désormais occuper Ancône; le 6e et le 14e d'infanterie légère resteraient à Rome; le 22e, à Ancone, et le 23e, à Florence. Alors les 13e, 112e et 29e seraient disponibles et pourraient de suite rejoindre la haute Italie. Vous avez trois divisions de cavalerie, chacune de trois régiments; total, neuf régiments; ce qui, avec le 23e, vous en fera dix. J'ai donné des ordres pour que tous ces régiments fussenl portés à l,100 chevaux et à 1,200 hommes. Il ne faut rien détacher de ces régiments dans les divisions, mais les tenir en entier pour former la réserve de cavalerie. On pourra employer dans les divisions le 4e escadron des chasseurs royaux, porté à 200 chevaux, les 3e et 4e escadrons des chasseurs du Prince-Royal, portés à 400 chevanx, le 4e cscadron des dragons Napoléon, fort de 200 chevaux, l'escadron du 24e de dragons, que l'on complètera à 200 bons chevaux, l'escadron du 4e dc chasseurs et le 4e escadron du 9e de chasseurs, ce qui fera 1,400 ehevaux, qui suffiront pour le service des divisions.

Je ne vois pas pourquoi les 7e, 29e et 30e de dragons ont des 100 et 200 chevaux à leur dépôt, au 4e escadron, ni pourquoi vous n'en augmenteriez pas la force active de ces régiments. Par votre dernière situation, je vois que vous avez 9.000 chevaux.

Je vois, par le dernier état que vous m'avez remis de mon armée, qu'il manquc 13,000 hommes au complet; il serait bien urgent qu'avant avril ces 13,000 hommes fussent appelés, et que l'armée se trouvât au complet de 58,564 hommes. Prenez des mesures pour arriver à ce résultat.


Paris, 14 février 1809

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champasny, remettez-moi une note qui me fasse connaître de combien de compagnies se composent les bataillons de l'armée de Bavièrc, et de combien d'hommes est chaque compagnic. Les mêmes renseignements sur l'armée de Hesse-Darmstadt, de Wurtemberg et autres Etats de la Confédération du Rhin.


Paris, 14 février 1809

Au général Clarke, comte de Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Les places de Palmanova, d'Osoppo, de Venise, de Legnago, Peschiera, Mantoue sont en état de défense. Comme roi d'Italie, je donne et donnerai les ordres pour l'approvisionnement de ces places à mon ministre de la guerre en Italie. Mais Alexandrie, Turin, la citadelle de Plaisance, Gavi et Gênes appartiennent à la France; faites-moi un rapport sur ces places, afin que une fois pour toutes la garnison, l'approvisionnement et la citadelle de Plaisance et celle de Turin sont des petites places que je crois déjà à l'abri d'un coup de main et susceptibles de toute la défense qu'on doit attendre d'elles.

Le principal but de la citadelle de Plaisance est de mettre l'hôpital, les dépôts du duché de Parme, à l'abri d'un coup de main ; c'est un réduit sur la rive droite du Pô, qui a le degré de force nécessaire, du moment qu'il faut ouvrir la tranchée et ammener du gros cauon pour le prendre.

Le but de la citadelle de Turin est principalement de contenir la capitale du Piémont.

Fenestrelle, adossée aux montagnes et à Briançon, place avec laquelle elle se lie, sera toujours secourue, armée et approvisionnée à temps. Gavi et Gênes sont dans le même cas.

Ce qui est important aujourd'hui, c'est qu'on me fasse connaître la situation d'Alexandrie. Quelle est la situation précise des ouvrages d'Alexandrie au 1er janvier 1809 ? Quelle serait leur situation possible au ler mars 1810 ? En supposant qu'on ait la guerre cette année et qu'Alexandrie soit investie au mois de juillet, quelle est l'artillerie, la garnison, quel est l'approvisionnement de bouche que je dois y laisser ? Quelle sera la situation de cette place au 1er janvier 1810 ? Je vous prie de me remettre la-dessus des plans et mémoires très précis, ainsi qu'un projet de décret.

Il faut à Alexandrie une immense quantité d'artillerie, une grande quantité d'affûts de place, de poudre et de muuitions de toute espèce. Tout cela n'existe pas; si la place est en état, il fau que l'artillerie se mette en mesure.


Paris, 14 février 1809

Au général Clarke, comte de Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Je ne puis que témoigncr mon mécontentement de voir qu'on veuille toujours me ramener à la route de Briançon à Suze. Je ne veux point de cette route. Je veux une route de Briançon à Fenestrelle et de Fenestrelle dans la plaine, de sorte que la ligne de défense allant de Briançon à Fenestrelle ct la plaine n'ait rien de commun avec la route du mont Cenis et de Suze. C'est une communication garantie par les places de Briançon et de Fenestrelle que je veux avoir directe en Italie, sans que, de la ligne de communication de Suze et du mont Cenis, on puisse l'intercepter ni la gêner. Je désire que vous vous entendiez pour cela avec les ponts et chaussées. Que ma volonté soit faite, et qu'on ne vienne plus me parler d'un embranchement dont je ne vcux pas.

Aujourd'hui, on va déjà de Fenestrelle en Itale, mais cette route a besoin d'être améliorée, de sorte qu'une armée qui serait à Fenestrelle puisse amener ses charrois en Italie sans difficulté. Ce que je désire actuellement, c'est que d'abord on améliore cette route, qui est imparfaite, et qu'ensuite il y ait une communication de Fenestrelle à Brinançon de manière qu'on puisse évacuer les deux places l'une sur l'autre.


Paris, 14 février 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan

Mon Fils, j'ai signé le décret pour la formation du sénat, et choisi les membres qui doivent le composer. Il faut donc que l'hotel du sénat se préapre. il sera installé le 1er avril.

J'approuve que vous envoyiez le dépôt du 4e régiment de chasseurs à Rome; par ce moyen il y aura 300 chevaux dans cette ville.

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PS. Vous trouverez ci-joint une ote que m'envoie le prince Borghèse. Je vous ai écrit hier sur différentes destinations à donner pour Florence, et veillez à ce qu'il ne soit point fait de détours inutiles.

(prince Eugène)


Paris, 14 février 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Rome

Mon Fils, des forts à 1,200 toises d'une place n'ont de valeur que par 1a force de la garnison; des dès lors ils ne tirent cette valeur que des circonstances. Si la population d'Ancone et des environs était fanatisée, si par des circonstances quelconques un corps considérable s'y trouvait, les quatre positions indiquées, et dont les localités sont favorables, seraient fortifiées en quinze à vingt jours de temps.

Le bombardement d'Ancone est impossible à empêcher; trente chaloupes canonnières, douze à quinze bombardes, malgre tous les efforts des batteries des côtes situées sur le mole et sur la côte, jetteraient des bombes dans le port. Combien de temps les Anglais n'ont­ ils pas bombardé Malte sans y faire aucun mal, malgré le nombre de vaisseaux qui étaient dans le port ? N'ont-ils pas bombardé Alexandrie sans succès ? Les trois, quatre ou cinq vaisseaux qui ponrraient se trouver à Ancone seraient alors mis à l'abri de la bombe par des blindages. Ils seraient acculés au môle, et, sur 20,000 bombes qu'on jetterait, très peu pourraient atteindre, et leur effet serait médiocre. D'ailleurs, on le repète, lorsqu'il y aura 10,000 hommes pour défendre Ancone, on occupera les hauteurs. Il est inutile d'y faire dc la fortification permanente; avec de l'artillerie, des bois ct des bras, en quinze jours tout cela sera fait; ct tout cela existe dans Ancone, puisque c'est un arsenal de marine; et, quand on pourrait contester la vérité de tout ce que nous avançons, il n'en serait pas moins vrai que les mesures contre un bombardement ne sont qu'un objet secondaire, et qu'il faut d'abord mettre la place en sûreté et l'empêchcr d'être prise. Du mont Gardetto au mole, il y a 7 à 800 toises; l'ennemi ne peut donc placer ses batteries qu'à 1,000 ou 1,100 toises du port. Certes, on n'a rien à craindre de la partie du mole où on peut mouiller les vaisseaux; à la corne du camp retranché, il y a la même distance; du môle au lazaret, il y a 600 toises. Ainsi, du côté même du rivage, les batteries ne pourraient être établies qu'à 800 toises; des lors, par l'occupation du mont Gardetto et du camp retranché, on est suffisamment à l'abri du bombardement; sans doute des bombes pourraient arriver, mais il y a loin de recevoir des bombes à être détruit par les bombes.

Les mortiers ne résistent pas longtemps et sont très-incertains quand on tire à plus de 600 toises. Ancône n'a point de rade, et des lors ne peut jamais être un port d'armement. Il pourra y avoir quelques vaisseaux ou frégates, mais cela est d'une importance bien secondaire.

Occupons-nous donc de l'hypothèse la plus naturelle: un soulevement de tout l'Etat romain peut amener 3 à 4,000 Français dans Ancône; quelques divisions qui voudraient conquérir le royaume de Naples peuvent continuer leur marche sur le Pô, et peuvent vouloir arriver à Ancône; dans tous les cas, la résistance que fera Ancône sera au profit général de la guerre. Du côté de la mer, depuis le mont Gardetto jusqu'au môle, il n'y a rien à faire: le rivage est escarpé pendant un espace de 800 toises. Depuis le môle jusqu'au lazaret, dans un autrc espace de 800 toises, il n'y a rien à faire : l'armement du môle, les batteries qui sont sur le quai, sont plus que suffisants. Du lazaret jusqu'à l'extrémité de la corne du camp retranché, il n'y a rien à faire: la citadelle domine d'abord, et, autant que je puis m'en souvenir, il y a une enceinte, où est la porte de la ville, qui est suffisamment respectable. Tout se réduit donc à la position du mont Gardetto, à assurer le camp retranché, et aux 600 toises d'intervalle entre le mont Gardetto et le camp retranché. Le camp retranché n'est pas fort, sans doute, mais il n'est pas loin de la citadelle; ainsi il y a déjà là un degré de force respectable; en relevant la muraille, iI faut le mettre en état et profiter du tracé qui existe. Mais au mont Gardetto il n'y a rien; c'est là qu'il faut d'abord travailler. Quand on occupera le camp retranché et le mont Gardetto, personne n' osera aborder l'enceinte actuellement existante. Quand on ferait une enceinte bastionnée dans ce rentrant où le terrain est si bas, elle ne serait d'aucune valeur; c'est le camp retranché et le mont Gardetto qu'on attaquera; c'est donc ces deux points qu'il faut fortifier. Faut-il actuellement fortifier l'enceinte existante, ou toute nonvelle eneeinte ? On le fera en établissant deux ou trois redoutes aux Maisons Brûlées, ou sur tout autre point qne les profils du terrain peuvent seuls déterrniner. La question se réduit donc à celle-ci : Que doit-on faire de l'argent qui a été mis à la disposition du génie en 1808 ? Que doit-on faire de l'argent qui sera affecté aux travaux de 1809 ? Voilà la question. En ayant soin de coordonner ces dépenses à un plan général, de manière que les fortilications aillent en augmentant chaque année, 4 millions pour Ancône, en douze ou quinze ans, peuvent très-bien se dépenser; mais, si cette place a soutenu un siège aussi long, il y a quelques années, il faut diriger les travaux de manière que, quand on y aura dépensé, par exemple, 100,000 francs, elle ait acquis uu nouveau degré de force.

En résume, occuper le mont Gardetto d'une manière séparée, de sorte que ce fort puisse servir de citadelle, si la ville était prise, et qu'il puisse aussi imposer à la ville et au port, voilà le point important où il faut dépenser les trois quarts des fonds de 1808 et 1809 ; réparer la citadelle ct le camp retranché sans vouloir en perfectionner le tracé, mais tirer parti de ce qui existe, voilà où on peut dépenser une partie des fonds; et enfin, si on ne veut point réparer l'enceinte, on la laissera provisoirement comme elle est, et on tracera entre le mont Gardetto et le camp retranché une autre enceinte, telle à peu près que celle proposée par le général Chasseloup dans son projet. Mais comme, autant qu'on puisse s'en souvenir, cette enceinte sera dominée de très près et de peu de valeur, on fera deux lunettes detachées entre le mont Gardetto et le camp, en les plaçant sur des points favorables; ce peut être l'objet d'une partie de la dépense. Supposant actuellement qu'on puisse occuper le mont Gardetto avec 300,000 francs, qu'on répare le camp et la citadelle avec 100,000 francs, et qu'on place sur deux hauteurs deux petites flèches en maçonnerie, fermées, chacune de 100,000 francs, cela donnera une dépense de 600,000 francs, c'est-a-dire les fonds de 1808, 1809 et 1810. L'enceinte actuelle fermera toujours la ville; ce qui n'empêchera point la garnison de se fermer par un fossé, une palissade et un ouvrage de campagne derrière ses quatre forts, si cette place était assiégée avant 1810. Enfin, en 1811, on pourrait songer à employer les 200,000 francs de cette année à l'enceinte. On y attache peu d'importance, parce qu'on la regarde comme trop dominée, et qu'on croît que les bastions qui sont tracés sont dominés à moins de 150 toises. On pourra faire deux saillants sur des points favorables, et les réunir par des crémaillères quelconques; on se gardera bien de démolir l'ancienne enceinte tant que les deux forts et les deux petites flèches ne seront pas terminés. Il faudrait occuper le mont Gardetto, comme l'ingnieur Cretin avait occupé à Alexandrie, en Egypte, le fort qui porte son nom, ou le fort Caffarelli.


Paris, 14 février 1809

A Alexandre Ier, Empereur de Russie, à Saint-Pétersbourg

Monsieur mon Frère, le comte de Romanzof retourne auprès de Votre Majesté Impériale. Personne n'était plus propre que ce ministre, par ses talents et par sa prudence consommée, à réaliser ce que nous avions conçu pour le bonheur du monde. Je souhaite qu'il ait la confiance de Votre Majesté, lorsque les circonstances permettront de renouer cette affaire. Depuis mon retour d'Espagne, j'ai causé tous les matins avec M. de Romanzof. J' espère qu'il aura saisi toute ma pensée. Nous avons eu quelques petites discussions sur la Prusse. Je serai parfaitement bien pour cette puissance, et elle sera satisfaite de moi, si elle se conduit selon les conseils et les bonnes leçons que Votre Majesté a donnés à ses souverains pendant leur voyage, Votre Majeste veut-elle me permettre de m'en rapporter à M. de Romanzof pour tout ce qu'il lui dira sur notre position commune avec l'Autriche et sur la nécessité d'être tranquille de ce côté, pour pouvoir ne s'occuper que de l'Angleterre ? Je me flatte surtout que M. de Romanzof aura su distinguer mes sentiments pour Votre Majesté, et qu'il lui parlera de ma sincère amitié et du zèle qui m'anime pour le succès de notre alliance et pour la prospérité commune.


Paris, 14 février 1809

A Frédéric, roi de Wutemberg, à Stuutgart

Monsieur mon Frère, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté du 2 février. Je me suis décidé à envoyer le corps du général Oudinot à Augsburg. Ce corps n'est que de 8,000 grenadiers; j'ai ordonné la réunion à Strasbourg de 16,000 hommes des basses compagnies des mêmes régiments; ce qui portera le corps, avec l'artillerie et la cavalerie, à 30,000 hommes. Je vais ordonner le retour sur Strasbourg des quatre divisions Legrand , Saint-Cyr, Boudet et Molitor , arrêtés à Lyon et à Metz, et qui étaient destinées pour Toulon et pour le camp de Boulogne. Dans le courant de mars j'aurai 160,000 hommes à Strashourg, à Augsburg et sur Bayreuth; et, si alors cela est nécessaire, je ferai rappel de la Confédération; ce qui, joint à 120,000 hommes que j'ai réunis sur la rive gauche de l'Adige, en Italie, me mettra à même de demander à l'Autriche, d'une manière catégorique, ce qu'elle prétend et ce qu'elle veut. Je désire que Votre Majesté me remette 1'état de situation de ses troupes, régiment par régiment, avec leur composition par bataillon et par compagnie, le nombre et le calibre des pièces de son artillerie, le nom et le grade du général commandant qu'elle compte nommer.

Je suis d'accord avec la Russie, qui est parfaitement indignée de cette diversion que fait l'Autriche pour la cause de l'Angleterre, qui, en m'empêchant de former mes camps, annule une partie de mcs moyens et prolonge la guerre du continent.


Paris, 14 février 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale

S'il est vrai que le curé d'Arquata (Arquata-Scrivia, dans la province d'Alexandrie) se soit dans des conférences ecclésiastiques cxprimé en termes repréhensibles et contraires à l'esprit du gouvernement, selon les expressions de votre bulletin, il faut faire arrêter ce curé et le faire conduire à Fenestrelle. Faites vérifier le fait

(Brotonne)


15 - 28 février 1809