16 - 31 juillet 1809

Schönbrunn, 16 juillet 1809

Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, je reçois votre lettre du 9 juillet sur la situation des conscrits de la Garde, par laquelle vous me faites connaître que le colonel Deriot voudrait supprimer 1,100 hommes par défaut de taille. Je suis de votre opinion, la taille n'est pas nécessaire. Les conscrits et les tirailleurs de la Garde doivent être considérés comme des régiments ordinaires. Le déficit pour les quatre régiments se réduit donc à 1,400 hommes. Mon intention est que l'appel des 1,062 hommes que doivent fournir les départements de l'Ouest soit fait et que ces hommes soient dirigés sur le dépôt de la Gironde; alors le déficit sera réduit à 1,400 hommes. Toutefois mon intention est que les quatre régiments soient formés sur-le-champ.

Quant aux fusiliers, je n'approuve pas qu'on prenne dans les régiments pour les compléter. Il faut choisir quatre hommes par département, sachant lire et écrire et d'une intelligence qui les rende propres à être sous-officiers. Les préfets trouveront facilement ces hommes; ce qui lèvera toute difficulté.

J'ai ordonné que les deux régiments de tirailleurs fussent formés à Paris, et les deux régiments de conscrits à Strasbourg. Je crois que les deux régiments de conscrits sont déjà à Augsburg; mon intention est de les y laisser quelque temps. Les deux régiments de tirailleurs sont à Paris; qu'ils y restent jusqu'à nouvel ordre; mais dites au colonel Deriot de m'en envoyer tous les cinq jours l'état de situation, que je ne reçois point. Je destine les deux régiments de tirailleurs à former avec les 3e et 4e demi-brigades provisoires une réserve pour cet automne, pour le besoin des côtes.


Schönbrunn, 16 juillet 1809

Au comte Gaudin, ministre des finances, à Paris

Il faut donner aux préfets des secrétaires généraux et des sous-préfets aux États romains et mettre en activité le système constitutionnel. La consulte doit nommer tout, puisqu'elle a force de lois, mais tout cela provisoirement. Il faudrait vous concerter avec le ministre de l'intérieur pour envoyer là deux anciens et bons préfets, en ayant soin de choisir des hommes qui n'aient point marqué par des opinions contraires à la religion. Les sous-préfets doivent être pris dans le pays même.

Je suppose suc le grand juge a envoyé un commissaire pour organiser la cour d'appel et les tribunaux; s'il ne l'a pas fait, il faut qu'il le fasse partir sans.

Schönbrunn, 16 juillet 1809.

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, les hôpitaux vont très-mal; le pain est très-mauvais, et il manque aux hôpitaux des ustensiles les plus indispensables. 

Cependant mon intention n'est pas qu'on évacue personne sans me soumettre un projet d'évacuation. J'autorise à renvoyer à Strasbourg tous les hommes amputés et évidemment hors de service. J'autorise  à envoyer à l'abbaye de Melk, à l'abbaye de Göttweig, à l'abbaye de Klosterneuburg, tous les hommes fortement blessés aux affaires d'il y a un mois.

On peut en mettre 6,000 dans chaque. J'autorise à établir un pareil hôpital à l'abbaye de Saint-Florian, près d'Enns. Et quant aux convalescents et aux blessures légères, tous ceux qui appartiennent aux corps du duc d'Auerstaedt se rendront à Brünn, ceux du corps du duc de Rivoli à Znaym, et ceux de l'armée d'Italie à Neustadt. Ceux qui appartiennent aux Bavarois se rendront droit à Linz; ceux qui appartiennent aux Saxons se rendront à Presbourg.

Mais bien entendu qu'il ne sera évacué aucun homme sur ces points, 1° qu'il ne puisse marcher et suivre les troupes dans les mouvements inattendus; 2° que sa blessure ne soit dans le cas d'être guérie en 15 ou 20 jours. Le général Monthion, avec des chirurgiens nommés par vous et des commissaires des guerres, sera chargé de l'exécution du présent ordre; il me présentera chaque matin son travail, afin que j'autorise les différentes évacuations. Il est expressément défendu d'envoyer aucune blessure légère à Melk, Göttweig, Saint-Florian.

L'abbaye de Klosterneuburg est destinée à cet objet.


Schönbrunn, 16 juillet 1809.

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, donnez ordre au maréchal Oudinot de faire baraquer ses troupes par division, à savoir : la division Grandjean, aux villages d'Jedlersee et Florisdorf; la division Dupas, aux villages d'Jedlersdorf et Leopoldau, et la division Tharreau, au village de Kagran. Les parcs, dépôts des corps, ambulances, etc., de chaque division, seront placés dans les villages ci-dessus nommés, et les troupes camperont en avant des villages dans des baraques à l'abri de la pluie. Donnez ordre que ce mouvement se fasse demain, de sorte qu'à neuf heures du matin les troupes soient rendues dans le village en avant duquel elles doivent baraquer, et les camps tracés. On peut se servir des arbres, même des ressources des villages environnants, pour la construction des baraques, en respectant les trois villages destinés à recevoir les magasins, ateliers et autres dépôts des corps. Vous ferez connaître au général d'artillerie et au maréchal Oudinot que mon intention est qu'il soit donné 30 sous pour chaque fusil qui sera rapporté au village de Spitz et 15 sous pour chaque baïonnette ou fusil incomplet. On invitera les soldats à aller ramasser ces fusils dont le champ de bataille est plein; ce qui leur fera une bonne somme à chacun.

Schönbrunn, 16 juillet 1809.

ORDRE.

La Garde sera organisée de la manière suivante :

1e brigade, le régiment de conscrits-chasseurs, le régiment de tirailleurs-chasseurs, le régiment de fusiliers-chasseurs; elle sera commandée par le major en second des chasseurs. 2e brigade, le régiment de conscrits-grenadiers, le régiment de tirailleurs-grenadiers, le régiment de fusiliers-grenadiers; elle sera commandée par le major en second des grenadiers. Le tout commandé par le général-colonel Curial. Ces deux brigades seront campées demain, et éloignées l'une de l'autre. Les officiers, colonels en second et généraux baraqueront avec la troupe. Le baraquement aura lieu en carré par chaque brigade, un bataillon sur chaque front et un régiment en seconde ligne. On travaillera tous les jours à l'instruction. On fera tirer à la cible, de manière que chaque soldat tire trois fois par semaine.

La brigade de vieille Garde sera cantonnée autour de Schönbrunn.

Schönbrunn, le 16 juillet 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris.

Je reçois votre lettre du 10 juillet. Faites des exemples sévères de ceux qui montrent le plus mauvais esprit. Vous êtes dans l'erreur, si vous ne voyez pas là un jeu étranger. Il n'y a pas de doute que les Anglais n'aient une machine organisée pour toute l'Europe. Le hasard ne fait rien; et, quand on voit les mêmes nouvelles colportées en même temps à Paris, dans le fond de l'Italie, en Hollande, en Allemagne, c'est évidemment le résultat d'un système. La police devrait être plus ferme et plus sévère à Paris. Voilà ce que je voudrais la voir et ce qu'elle n'est pas.

(Lecestre)



Schönbrunn, 17 juillet 1809.

ORDRES A EXPÉDIER PAR LE MAJOR GÉNÉRAL

Réitérer l'ordre à l'intendant général, 1° pour qu'on ne fasse aucune évacuation de malades sans un ordre de l'Empereur; 2° pour que tous les petits malades ou les blessures légères soient évacués de suite par détachements et en ordre, savoir: ceux du 2e corps à Jedlersdorf am Spitz; du 4e corps à Znaym ; du 3e corps à Brünn; du 4e corps à Krems; de l'armée saxonne à Presbourg; de l'armée bavaroise à Linz; de l'armée d'Italie à Neustadt; tous ceux des troupes à cheval, soit cuirassiers ou cavalerie légère, sur le dépôt de cavalerie du général Bron à Klosterneuburg.

Le corps du maréchal Marmont prendra la dénomination de 11e.

Le général La Riboisière recevra l'ordre d'attacher à ce corps d'armée trente pièces d'artillerie. Expédier cet ordre et en prévenir le maréchal Marmont. S'assurer que les 3e et 4e bataillons appartenant au maréchal Marmont, et qui sont à l'armée d'Italie, lui ont été renvoyés.

Ordre à la brigade Thiry de se rendre auprès du maréchal Marmont pour faire partie de son corps d'armée. Lettre au vice-roi pour le prévenir que la brigade Thiry fait partie du corps du maréchal Marmont; qu'il doit donner l'ordre à cette brigade de quitter Presbourg pour se rendre à Krems, aussitôt qu'il l'aura remplacée par la cavalerie de l'armée d'Italie.

Prévenir le maréchal Oudinot que, le maréchal Marmont se rendant à Krems, le cercle de Kornneuburg est sous sa direction. Le prévenir que la brigade du général Colbert rentre sous ses ordres; qu'il doit la cantonner dans les deux cercles de son commandement; que l'intention de l'Empereur est qu'il emploie toutes les ressources que peut lui offrir le pays pour remonter sa cavalerie, son artillerie et ses transports, et enfin pour la réorganisation de son corps; qu'ainsi le cercle de Krems sera sous les ordres du duc de Raguse; le cercle de Znaym sous les ordres du duc de Rivoli; le cercle de Brünn sous ceux du duc d'Auerstaedt; Presbourg sous les ordres du général Reynier; le cercle de Kornneuburg sous ceux du maréchal Oudinot; la partie de la Hongrie que nous occupons sous les ordres du vice-roi, ainsi que la Styrie, l'Istrie et la Carniole. En prévenir l'intendant général, et lui demander quels sont les intendants qu'il a mis dans ces provinces.

Expédier l'ordre que les marins de la Garde et les autres marins venant de Paris s'arrêtent à Ulm, où ils s'embarqueront sur des bateaux chargés de vivres, de grains et de munitions de guerre et d'effets destinés pour l'armée.

Ordre au général Bertrand d'envoyer trois officiers de marine, savoir : un à Ulm, un à Ratisbonne, un à Linz; lesquels correspondront avec le général la Riboisière, commandant l'artillerie, et avec l'intendant général, pour activer et assurer la navigation du Danube, de manière que tout ce qui est nécessaire à l'armée puisse y arriver rapidement. Le général Bertrand gardera à Vienne et pour le service d'Ebersdorf la huitième partie des marins; il enverra le surplus à Passau pour y faire le service de la navigation de Passau à Vienne. Ils y gréeront une grande quantité de bateaux pour amener des blés, des biscuits, des objets d'artillerie et des effets d'habillement et d'équipement pour l'armée. Le colonel Baste restera à Vienne; il correspondra avec l'intendant général et le général la Riboisière pour activer la navigation, l'arrivage des subsistances, tant pour Vienne que pour l'armée, celle des munitions de guerre, etc.

Ordre pour que tous les bateaux armés restent à Ebersdorf, pour que le pont d'une pièce soit démoli, pour que les quatre bacs remontent à Vienne.

Ordre au général Bertrand pour que tous les bateaux qui peuvent se trouver sur le bras du Danube dit de Lobau soient remontés et amarrés à la tête de pont. Tous les autres seront brûlés, de sorte qu'à dater du 18 ou du 19, à midi au plus tard, il n'y ait pas un seul moulin ni un seul moyen de passage sur le bras de Lobau, excepté les bateaux remontés et amarrés à la tête de pont.

Ordre aux généraux Bertrand et la Riboisière de réorganiser les équipages de pont de la manière suivante. Le 2, le 3e, le 4e, le 11e corps et l'armée d'Italie auront chacun une compagnie de pontonniers, avec trois pontons sur trois haquets, munis de leurs poutrelles, madriers, ancres, cordages, etc. de manière à pouvoir jeter un pont de 20 toises, et qu'avec les moyens réunis des cinq corps on fasse un pont de 100 toises. A la suite de la Garde, il y aura un équipage de soixante pontons et de soixante haquets portant leurs poutres, madriers, ancres, et cordages, de sorte que les moyens de l'armée réunis offriront plus de quatre-vingts pontons. Il y aura, à la suite des soixante pontons de la Garde, le colonel directeur des ponts directeur des ponts  et quatre compagnies de pontonniers, les marins de la Garde, quand ils seront arrivés, et une ou deux compagnies des bataillons de la marine.

Ordre au général Bertrand de remettre, sous l'espace de trois jours, au général La Riboisière, quatre-vingt pontons avec leurs haquets, poutrelles, madriers, cordages, etc.
Ordre au général La Riboisière de pourvoir à la prompte organisation de cet équipage, qui suivra l'état-major l'artillerie.
Ordre au général Bertrand d'organiser sur-le-champ le service du génie ainsi qu'il suit: il sera attaché à chacun des cinq corps d'armée une compagnie de sapeurs et le nombre d'officiers du génie nécessaire, et 6,000 outils, sur des chariots attelés, pour les 2e, 3e,4e, 11e corps, ainsi que pour l'armée d'Italie.

Schönbrunn, 17 juillet 1809. 

Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Je vous envoie le rapport ci-joint du chef d'état-major du duc d'Abrantès. Vous y verrez comme l'artillerie de Mayence sert. Le directeur de l'artillerie de Mayence devrait être mis en jugement pour avoir fourni de si mauvaise artillerie. Compromettre ainsi les armées est un crime abominable.

Schönbrunn, 17 juin 1809. 

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, donnez l'ordre formel au roi de Westphalie de reprendre position à Dresde, d'y avoir son quartier général, de cantonner ses troupes aux environs de cette ville, et de tenir le corps du duc d'Abrantès à Bayreuth.

Schönbrunn, 17 juillet 1809. 

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Donnez l'ordre au maréchal Marmont de porter son quartier général à Krems et de faire camper son corps par deux divisions aux environs de Krems. Vous lui recommanderez de former des magasins et d'utiliser toutes les ressources du cercle dont Krems est le chef-lieu pour l'approvisionnement de son armée. Je verrais avec plaisir qu'il établit à Krems un atelier d'habillement pour reformer son habillement. Il mènera avec lui la division de cuirassiers du duc de Padoue, qu'il cantonnera dans tout le cercle, dans les lieux où elle sera le mieux, et il emploiera tout pour la mettre en état.

Donnez l'ordre au général Saint-Germain de porter son quartier général à Wolkersdorf et de placer un régiment à Wilfersdorf, un à Wolkersdorf, un à Marchegg, et l'autre le long de la March. Le général de brigade qui sera sur la March aura son quartier général à Marchegg. Vous lui recommanderez de surveiller tous les hôpitaux de blessés autrichiens qui sont dans ce cercle, et d'avoir soin qu'ils ne s'échappent pas. Donnez ordre au général Reynier de prendre le commandement de Presbourg et d'avoir la surveillance de toute la ligne de la March.

Donnez l'ordre au vice-roi de placer la division Severoli à Klagenfurt, le maréchal Macdonald avec deux divisions et une brigade de cavalerie légère à Graz, les deux divisions de dragons Pully et Grouchy et l'autre brigade de cavalerie légère dans les lieux les plus sains de la Hongrie depuis Raab jusqu'à OEdenburg, et de placer son quartier général à Eisenstadt ou OEdenburg; qu'il est inutile de construire un pont vis-à-vis de Presbourg, parce qu'il faut de grands moyens pour construire un pont, et que là il est inutile; qu'il doit se contenter de tenir un poste vis-à-vis de Presbourg, lequel sera chargé de détruire les ouvrages de l'ennemi, de protéger le bac qu'il faut remettre en activité. Cc bac était capable de passer 1,000 hommes. Faites-lui connaître que le général Reynier correspondra directement avec l' état-major général.

Faites connaître à tous les généraux qu'il faut qu'ils établissent des hôpitaux de convalescence dans les lieux où sont placées leurs divisions; que les divisions doivent camper; que les administrations doivent être avec elles; et qu'ils doivent s'occuper de remonter la cavalerie et de se mettre dans le meilleur état possible.

Schönbrunn, 17 juillet 1809. 

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Vienne

Monsieur de Champagny, vous trouverez ci-joint un décret du roi de  Hollande. Écrivez à M. la Rochefoucauld pour qu'il demande que ce décret soit sur-le-champ rapporté, et pour qu'il fasse connaître que la Hollande doit partager le sort de la France, sa bonne ou sa mauvaise fortune; que, si elle sépare sa cause de celle du continent, je me séparerai d'elle. Le sieur la Rochefoucauld doit parler avec la plus grande force, et, si la Hollande ne se remet pas sur le même pied que la France et ne rentre pas tout à fait dans son système, il doit déclarer qu'il ne peut pas garantir l'état de paix.


Schönbrunn, 17 juillet 1809.

A Eugène Napoléon, roi de Hollande, à La Haye

Mon Frère, je reçois votre lettre du 1er juillet. Vous vous plaignez d'un article de journal; c'est la France qui a sujet de se plaindre du mauvais esprit qui règne chez vous. Si vous voulez que je vous cite toutes les maisons hollandaises qui sont les trompettes de l'Angleterre, ce sera fort aisé. Vos règlements de douanes sont si mal exécutés, que toute la correspondance de l'Angleterre avec le continent se fait par la Hollande. Cela est si vrai, que M. de Stahremberg, envoyé d'Autriche, a passé par la Hollande pour se rendre à Londres. Il est possible que ce ne soit pas de votre faute; il n'en est pas moins vrai que la Hollande est une province anglaise.

Schönbrunn, 17 juillet 1809. 

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Presbourg

Mon Fils, le major général a dû vous envoyer des ordres de mouvement : ainsi vous devriez être ce soir ou demain à Vienne. Mais je désire qu'avant de revenir vous visitiez tout le cours de la March jusqu'à Nikolsburg. Vous êtes jeune, vous ne sauriez trop voir; on ne sait dans quelles circonstances on peut se trouver. Il est même bon que vous alliez jusqu'à Brünn , et que vous visitiez la citadelle, la ville et le champ de bataille d'Austerlitz. De Brünn , vous vous en reviendrez. Vous pourrez, dans un autre voyage aller voir Znaym, Krems et les débouchés de la Bohême.

La communication avec l'Italie va être enfin rouverte. J'ai écrit souvent à la vice-reine; je viens de lui envoyer encore un de mes officiers d'ordonnance. Vous devez avoir deux compagnies du 1er bataillon provisoire, des équipages militaires du train; ce qui fait soixante et douze voitures. Je désire bien que vous ayez les quatre compagnies complètes du 9e bataillon; ce qui ferait cent quarante-quatre voitures de plus. Faites venir les hommes du train que vous avez à Plaisance, et écrivez à Graz pour qu'on s'y procure des chevaux, des harnais, des voitures.


Schönbrunn, 17 juillet 1809.

A Auguste-Amélie de Bavière, vice-reine d'Italie, à Milan

Je vous ai expédié du champ de bataille mon officier d'ordonnance Watteville, qui aura passé par la Suisse. Aujourd'hui que les communications directes sont rétablies, je vous expédie de nouveau un officier pour que vous n'ayez pas d'inquiétude. Eugène est à Presbourg et sera demain ici, à Vienne. Il se porte fort bien.

Schönbrunn, 17 juillet 1809. 

Au prince Camille Borghèse, gouverneur général des départements au-delà des Alpes, à Turin

Mon Cousin, je suppose qu'au 1er juin vous aurez fait partir 1,500 hommes, cavaliers, cuirassiers et chasseurs, pour rejoindre l'armée. Faites partir encore ce que les dépôts peuvent fournir. 

Faites partir les 16e et 17e demi-brigades provisoires et tout ce qui se trouve disponible dans les dépôts des régiments d'infanterie qui ont leurs bataillons de guerre en Allemagne.

Je vous ai mandé de faire partir quatre compagnies d'artillerie du 4e régiment; envoyez-en deux autres du même régiment. Faites partir tous les sapeurs, tous les pontonniers que vous avez. Enfin profitez de ces trente jours de suspension d'armes pour faire passer à l'armée tout ce que vous pourrez.

Je donne ordre à Caffarelli de nous envoyer vingt mille obus de 5 pouces 6 lignes, qu'il trouvera probablement dans les places d'Italie; mais, s'il n'en avait pas et qu'il vous le mandât, faites-en partir sur-le-champ et en toute diligence de Turin et d'Alexandrie. S'il y a des dépôts des bataillons du train d'artillerie dans votre gouvernement, faites partir tout ce qu'il y a de disponible, avec les chevaux qu'ils ont; ne gardez même personne pour la navigation du Pô, et rendez-moi compte de tout ce que vous avez fait partir depuis le 1er juin.


Schönbrunn, 17 juillet 1809.

Au roi Jérôme

Mon Frère, le major-général m'a mis sous les yeux votre lettre du 7 juillet.  Je ne puis que vous répéter  que les troupes que vous commandez doivent être réunies à Dresde. Il n'y a l'armée ni frère de l'Empereur, ni roi de Westphalie, mais un général qui commande un corps

Dans les 18,000 hommes dont vous faites le compte, vous ne comprenez pas le général Laroche, qui a un millier de dragons. Vous pouvez, en outre, y joindre le 22e de ligne. Pendant l'armistice, les Saxons peuvent se recruter de quelques milliers d'hommes et remonter leur cavalerie. Vous pouvez attirer à vous tous les Hollandais; de sorte que vous pouvez vous présenter, à l'ouverture des hostilités avec 25 000 hommes en Bohême, ce qui obligera l'ennemi à vous présenter une pareille force et le théâtre de la guerre s'approchera nécessairement de votre côté. Nous serions en mesure de nous joindre par notre gauche et votre droite
(Napoléon pensait, à tort, que l'armistice qui avait suivi Wagram pouvait ne pas mener à la paix et que les hostilités pouvaient recommencer)

(Lecestre)

 Schönbrunn, 17 juillet 1809

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

J'ai vu de vous un ordre du jour qui vous rend la risée de l'Allemagne, de l'Autriche et de la France. N'avez-vous donc aucun ami autour de vous qui vous dise quelques vérités? Vous êtes roi et frère de l'Empereur: qualités ridicules à la guerre. Il faut être soldat, et puis soldat, et encore soldat; il ne faut avoir ni ministre, ni corps diplomatique, ni pompe; il faut bivouaquer à son avant-garde, être nuit et jour à cheval, marcher avec l'avant-garde pour avoir des nouvelles, ou bien rester dans son sérail.

Vous faites la guerre comme un satrape. Est-ce de moi, bon Dieu ! que vous avez appris cela ? De moi qui, avec une armée de 200 000 hommes, suis à la tête de mes tirailleurs, ne permettant pas même à Champagny de me suivre et le laissant à Munich ou à Vienne ?

Qu'est-il arrivé ? Qu'on est mécontent dr vous, que Kienmayer avec 12,000 hommes, s'est moqué de vous, de vos ridicules prétentions, vous a dérobé ses mouvements et est allé tomber sur Junot. Cela ne fut pas arrivé, si vous aviez été à votre  avant-garde et si vous aviez dirigé de là votre armée. Vous auriez connu son mouvement; vous l'auriez poursuivi, soit en entrant en Bohême, soit en le suivant en queue. Vous avez beaucoup de prétentions, quelque esprit, quelques bonnes qualités, mais gâtées par la fatuité, une extrême présomption, et vous n'avez aucune connaissance des choses. Si l'armistice n'est pas arrivé sur ces entrefaites, Kienmayer, après jeté hors du jeu Junot, se sera porté sur vous.

Cessez d'être ridicule; renvoyez le corps diplomatique à Cassel; n'ayez aucun bagages, aucun train; n'ayez pas d'autre table que la vôtre. Faites la guerre comme un jeune soldat qui a besoin de gloire et de réputation, et tâchez de mériter le rang où vous êtes arrivés, l'estime de la France et de l'Europe qui vous regardent, et, pardieu, ayez assez d'esprit pour écrire et parler convenablement !

(du Casse)

Schönbrunn, le 17 juillet 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris.

Je reçois votre lettre du 11 juillet. Retenez au secret et en sûreté ce misérable Argenton. C'est un traître vendu à nos ennemis et qui mérite une punition exemplaire. Je pense que vous feraz bien de lancer un mandat d'arrêt en espagne contre le colonel Lafitte et son frère. Ce sont des hommes que je connais pour braves hommes; mais enfin Argenton n'a pau s'absenter sans qu'ils le sussent. Mandez-les l'un et l'autre à votre ministère.

(Lecestre)

Schönbrunn, le 17 juillet 1809

Au comte Gaudin, minstre des finances, à Paris

Vous aurez eu connaissance du décret que vient de rendre le roi de Hollande. Il est indispensable de remettre sur-le-champ en vigueur mon ancien décret du 16 septembre et de défendre l'introduction de son commerce en France. J'écris au roi pour lui témoigner mon mécontentement. Je finirai par faire occuper les ports de Hollande par mes douanes.

(Lecestre)

Schönbrunn, 17 juillet 1809

A Louis Napoléon, roi de Hollande

Je ne peux qu'être affligé de votre décret. Mon premier mouvement a été de fermer toutes mes barrières à la Hollande, de la comprendre dans le blocus et de rappeler mon ambassadeur. Il y a de votre part peu de générosité à me rendre la risée de l'Europe et à exciter un si vif mécontentement en France, où le commerce supporterait seul toutes les charges et tous les sacrifices. J'exige que vous rapportiez sur-le-champ votre décret et que vous rentriez dans le système de la France. Si les Américains lèvent l'embargo pour les bâtiments français, à la bonne heure. La france et la Hollande doivent suivre le même système. Ne m'obligez pas à faire occuper vos ports par mes douanes. Je ne crains ni les (blanc dans la minute), ni les Hollandais malveillants. Je saurai les mettre à la raison chez vous.

(Lecestre)

Schönbrunn, 17 juillet 1809.

A l'Impératrice, à Plombières

Mon amie, je t'ai envoyé un page; tu auras appris l'issue de la bataille de Wagram, et, depuis, la suspension d'armes de Znaym.

Ma santé est bonne. Eugène se porte bien; et je désire te savoir bien, ainsi qu'Hortense.

Embrasse M. le grand duc de Berg pour moi.

(Joséphine)

Schönbrunn, 18 juillet 1809.

Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Je viens de jeter un coup d'œil sur mon armée d'Espagne; vous vous en apercevrez par quelques ordres que je vous envoie.

Je vois que j'ai là 200,000 hommes sous les armes ; c'est beaucoup plus qu'il ne faut pour finir les affaires d'Espagne. Aussitôt que j'aurai terminé ici, j'espère que l'Espagne ne nous arrêtera pas longtemps. Quant à présent, les chaleurs étant très-fortes, il faut s'occuper de prendre Girone, Hostalrich et Lerida. Mais il y a à craindre que les Anglais ne tentent quelque chose, et je vois bien peu de têtes pour mener tout cela. Il est fort important que le duc de Castiglione s'avance en avant de Barcelone et se mette en communication avec l'Aragon; ce qui couvrira l'Aragon et Madrid de ce côté.

Recommandez au roi d'Espagne que, si les Anglais débouchaient en Espagne, il ne leur livre point de bataille qu'il ne soit réuni. Il a le 4e corps, la garnison de Madrid, le 1er corps; ce qui fait plus de 50,000 hommes. Les 2e, 6e et 5e corps forment une soixantaine de mille hommes; il peut donc donner bataille aux Anglais avec 110,000 hommes. Ceux-ci seront suffisamment avertis et ne se hasarderont pas à une pareille aventure.

J'avais demandé ici des compagnies de pionniers, mais je préfère qu'elles aillent en Espagne. Envoyez un officier du génie visiter le fort de Burgos, et faites-vous faire un rapport, que vous me mettrez sous les yeux, pour savoir où cela en est. Le fort de l'Inquisition, près de Saragosse, et celui de Tudela sont également très-importants. 

Faites-moi connaître la marche que vous faites faire aux 3,600 hommes des 66e, 82e et 26e, afin que, si les affaires s'arrangent ici, je puisse les arrêter, puisque dans ma pensée je pourrai prendre dans ces trois régiments et dans les quatre qui sont en Bretagne, avec mes deux régiments de tirailleurs que j'organise à Paris et les 3e et 4e demi-brigades provisoires, de quoi me former une division, lorsque j'entrerai en Espagne; cela pourra me faire une force de 16 à 18,000 hommes. Je pourrai également prendre les trois demi-brigades provisoires qui sont à Boulogne et à Gand. Il me semble que tout cela réuni devrait me faire une force de 24,000 hommes; et, comme ces troupes n'auront pas fatigué, il sera plus simple de les envoyer en Espagne; elles seront remplacées dans les garnisons par des troupes venant d'Allemagne.

Faites-moi connaître quelle est la situation du magasin de Bayonne. J'estime qu'il est toujours nécessaire d'avoir là 500,000 rations de biscuit.

Si vous faites venir quelque chose d'Espagne, envoyez-m'en la route précise, pour que je puisse arrêter ces troupes à temps dans leur marche, si cela était nécessaire.

Faites-moi connaître quand les deux seconds régiments de conscrits seront formés à Strasbourg, et ordonnez qu'ils n'en partent pas sans mon ordre.


Schönbrunn, 18 juillet 1809.

Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Je désire que vous donniez l'ordre au duc de Castiglione et au général Suchet que, aussitôt que la place de Girone sera prise, on s'occupe de prendre le petit fort de Hostalrich, afin que la communication de Barcelone soit assurée, et de porter le siège devant Lerida.

L'équipage de siège sera fourni, moitié par Barcelone et moitié par Saragosse, et les deux armées concourront à cette importante opération. Le fort approvisionnement que j'ai fait jeter dans Barcelone, la récolte de cette année, l'abondance qui règne en général dans l'Aragon, doivent rendre cette opération facile.

Ordonnez que l'on travaille au fort de l'Inquisition à Saragosse, et au fort de Tudela. En conséquence de ces nouvelles dispositions, il sera peut-être convenable que vous donniez ordre qu'aucune compagnie d'artillerie ne revienne d'Espagne.

Il me semble que les sièges de Lerida et de Hostalrich peuvent se faire à la fois. Envoyez vos ordres au Roi et aux généraux Suchet et Augereau par des officiers différents. Demandez au général Suchet ce qu'il peut fournir de troupes pour investir Lerida du côté de l'Aragon, eu même temps que le duc de Castiglione le fera investir de l'autre côte, et qu'il fera prendre en avant une position qui contiendra Valence et protégera le siège.


Schönbrunn, 18 juillet 1809.

Au vice-amiral, comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Je désirerais que vous me fissiez connaître l'opinion de l'amiral Ganteaume sur une deuxième expédition à Barcelone. Je voudrais y envoyer 500,000 rations de biscuit, 200 milliers de poudre, 1 million de cartouches, 10,000 coups de canon de campagne, quelques milliers de quintaux de riz et une trentaine de milliers de blé ou de farine. Je ne suis point très-pressé sur l'époque; il me suffirait que cette opération se fit au mois de septembre.

Schönbrunn, 18 juillet 1809. 

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Je reçois en même temps les deux lettres ci-jointes du général Miollis et une troisième de la grande-duchesse. Je suis fâché qu'on ait arrêté le pape; c'est une grande folie. Il fallait arrêter le cardinal Pacca et laisser le Pape tranquille à Rome. Mais enfin, il n'y a point de remède; ce qui est fait est fait.

Je ne sais ce qu'aura fait le prince Borghèse, mais mon intention est que le Pape n'entre pas en France. S'il est encore dans la Rivière de Gênes, le meilleur endroit où l'on pourrait le placer serait Savone. Il y a là une assez grande maison, où il serait assez convenablement jusqu'à ce que l'on sache ce que cela doit devenir. Je ne m'oppose point, si sa démence finit, à ce qu'il soit renvoyé à Rome. S'il était entré en France, faites-le rétrograder sur Savone et sur San Remo. Faites surveiller sa correspondance.

Quant au cardinal Pacca, faites-le enfermer à Fenestrelle, et faites-lui connaître que, s'il y a un Français assassiné par l'effet de ses instigations, il sera le premier qui payera de sa tête.


Schönbrunn, 18 juillet 1809

A Gaudin 

Écrivez au général Miollis (Sextius Alexandre François Miollis, général, 1759-1828. Commandant de la division de Rome, c'est sous son autorité que fut arrêté le Pape) et à la consulte pour qu'ils dirigent sur Paris tous les généraux d'ordres monastiques, en ôtant tout cet état-major de Rome. Vous verrez le ministre de la police, pour que, lorsque ces individus seront arrivés en France, on les place dans de petites villes, comme Melun et les environs.


Schönbrunn, 18 juillet 1809

ORDRE AU CAPITAINE ZOEPFFEL, OFFICIER D'ORDONNANCE DE L'EMPEREUR, A SCHÖNBRUNN.

L'officier d'ordonnance Zœpffel se rendra demain, à la pointe du jour, dans l'île Napoléon. Il en fera le tour et s'assurera du lieu où se trouvent, 1° le pont d'une pièce; 2° les cinq bacs construits par la marine; 3° tous les radeaux; 4° tous les bateaux dans des points quelconques du canal; 5° de ce qu'il y a de fait à la tête de pont; 6° du nombre de pièces existant encore aux différentes batteries. A cet effet, il les parcourra toutes.


Schönbrunn, 18 juillet 1809.

A Alexandre, empereur de Russie, à Saint-Petersbourg

Monsieur mon Frère, l'aide de camp de Votre Majesté Impériale, le comte de Czernitchef, que je lui ai expédié du champ de bataille de Wagram, depuis, le duc de Vicence, auront instruit Votre Majesté des affaires des 5 et 6, du 11 et de la suspension d'armes de Znaym. Depuis, il n'y a aucune nouvelle. L'empereur d'Autriche se trouvant du côte de Bude, j'ignore encore ses dispositions et ses vues pour la paix. Les deux armées sont rentrées dans leurs quartiers.

Toutefois je n'ai pas voulu différer d'envoyer à Votre Majesté son aide de camp Gorgoli, dont je n'ai eu qu'à me louer ainsi que M. de Czernitchef, et auxquels je la prie de permettre que je donne la croix de la Légion. Je garde ici le prince de Gagarine, que j'expédierai à Votre Majesté aussitôt que je verrai clairement l'issue que les affaires doivent prendre. Je prie Votre Majesté de recevoir de nouveau mes remerciements pour les preuves d'amitié qu'elle m'a données dans ces circonstances, de ne jamais douter de la vérité et de la constance de mes sentiments et de l'inclination particulière qu'elle m'a inspirée, ainsi que de la très-haute considération que je lui porte.


Schönbrunn, 18 juillet 1809

A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart

Monsieur mon Frère, je reçois la lettre de Votre Majesté du 14 juillet. Si j'avais pensé qu'elle voulût elle-même faire la guerre, j'aurais mis sous ses ordres toutes les troupes que j'ai sur les derrières, certain qu'elles n'auraient pu être conduites avec plus d'activité, de vigueur et d'à-propos pour la cause commune; c'est ce que je compte faire, si les hostilités recommencent. J'apprendrai avec intérêt la prise de Bregenz; ce qui, d'après la lettre de Votre Majesté, aura été effectué aujourd'hui. Le général comte Beaumont a eu ordre d'envoyer à l'armée plusieurs détachements de troupes, mais il n'y a point de difficulté qu'elles restent dans le Vorarlberg tout le temps qu'elles y seront nécessaires. Je vais envoyer le duc de Danzig à Innsbruck avec le corps bavarois. Votre Majesté aura vu, par la suspension d'armes, que le fort de Sachsenburg m'a été remis. Je ferai pénétrer par là une division de 6,000 Italiens dans le Tyrol, sous les ordres du général Baraguey d'Hilliers. Une autre division italienne se dirigera par Trente. Il est nécessaire que toutes les troupes de Votre Majesté et celles sous les ordres du général Beaumont pénètrent d'un autre côté. Par ce moyen, le Tyrol sera attaqué de toutes parts. Des exemples sévères seront nécessaires, et nous serons débarrassés de toute inquiétude de ce côté, en cas que les hostilités recommencent.
Schönbrunn, 18 juillet 1809

Au comte Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice. à Paris

Je reçois votre lettre du 11 juillet, par laquelle vous m'instruisez du jugement que m cour criminelle de la Seine a porté contre le sieur Victor-Mériadec de Rohan, accusé d'avoir porté les armes contre la France depuis 1804. Je désire que vous fassiez faire la même chose pour les sieurs Chasteler et d'Argenteau, qui n'ont plus de domicile en France depuis dix ans, et contre un grand nombre de généraux au service D'Autriche, dont la police vous enverra les notes et dont il faut définitivement se débarasser. Ces hommes portent encore les armes contre nous.

(Lecestre)

Schönbrunn, 18 juillet 1809

Au comte Gaudin, ministre des finances, à Paris

Écrivez au général Miollis et à la consulte pour qu'ils dirigent sur Paris tous les généraux d'ordres monastiques, en ôtant tout cet état-major de Rome. Vous verrez le ministre de la police, pour que, lorsque ces individus seront arrivés en France, on les place dans de petites villes, comme Melun et les environs.

(Lecestre)


Schönbrunn, 20 juillet 1809

Au maréchal Lefebvre, duc de Danzig, commandant le 7e corps de l'armée d'Allemagne, à Linz

Le major général vous a fait connaître mon intention pour l'expédition du Tyrol. Je désire que vous soyez, le 1er août, à Innsbruck ; si vous y étiez deux jours plus tôt, vous me surprendriez agréablement. Pas de ridicules proclamations: soyez sévère; désarmez le pays; prenez un grand nombre d'otages, et faites des exemples qui contiennent. Mettez dans cette expédition le plus de célérité que vous pourrez.

Schönbrunn, 20 juillet 1809.

ORDRE AU CAPITAINE DE MONTESQUIOU, OFFICIER D'ORDONNANCE DE L'EMPEREUR, A SCHÖNBRUNN.

M. l'officier d'ordonnance Montesquiou se rendra demain matin, à huit heures, à la tête de pont de Spitz ;il prendra note des tracés, du nombre d'ouvriers qu'il y a à chaque ouvrage, ainsi que des travaux du pont, et m'en rendra compte.

Schönbrunn, 20 juillet 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

J'ai reçu les interrogatoires d'Argenton. Je suppose que vous tenez cet individu au secret, et que  vous avez pris toutes les précautions pour qu'il ne s'échappe pas. Ce qu'il dit des généraux Laborde et Loison n'a pas de sens; mais ce qu'il dit du colonel Donnadieu m'étonne. Lancez un mandat d'amener contre Donnadieu et Lafitte. Il y a là dedans quelque chose d'extraordinaire qui mérite d'être éclairci; non que je croie les généraux compromis dans cela; mais il doit y avoir complot de quelques mauvais sujets.

(Lecestre)


Schönbrunn, 21 juillet 1809.

 Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Voici la situation de mon artillerie. J'ai à ma Garde soixante bouches à feu. Quatre compagnies d'artillerie à pied, venant de l'armée d'Italie et qui sont en marche, doivent servir en outre à la Garde deux divisions formant douze pièces de 12 et une division de six obusiers; ce qui fait dix-huit bouches à feu. J'ai ici les obusiers qui ont été trouvés à Vienne; j'ai trois pièces de 12; il me manque neuf pièces de 12 pour compléter les douze pièces. Faites partir ces neuf pièces sans délai de Strasbourg. J'ai destiné deux compagnies d'artillerie à cheval du 1er régiment à être à la suite de la Garde et à servir deux divisions, composées chacune de quatre pièces de 6 et de deux obusiers. Ce matériel me manque; il est nécessaire que vous le fassiez partir de France. Ayant beaucoup d'obus de 6 pouces, je préfère que vous m'envoyiez des obusiers de ce calibre; cela usera d'ailleurs notre ancien matériel. J'ai ordonné qu'on formât à Strasbourg trois compagnies pour être attachées aux conscrits, tirailleurs et fusiliers de la Garde, et que chacune servît huit pièces de 3 ou de 4. Il est nécessaire que ces pièces soient d'un même calibre. Je préfère que vous m'envoyiez des pièces autrichiennes de 3, si vous en avez, sinon vous enverrez mes pièces de 4. Ainsi je désire que vous fassiez partir de Strasbourg, pour ma Garde, neuf pièces de 12 (il sera même bien d'en mettre douze), quatre obusiers de 6 pouces, huit pièces de 6 et quatorze pièces de 3 ou de 4.

J'ai attaché deux pièces de canon à chaque demi-brigade du corps d'Oudinot; il y en a douze et cinq régiments; c'est donc trente-quatre pièces dont ce corps a besoin. Il lui en a été donné dix-sept de 6; c'est encore dix-sept qu'il lui faut. Il est nécessaire que vous lui procuriez ces dix-sept pièces de 3 ou de 4, et que vous les dirigiez sans délai sur Vienne.

Le 4e corps a quatorze régiments français; ce qui fait vingt-huit pièces. Il en a reçu dix-sept; c'est encore onze qu'il lui faut. Dirigez sur Vienne ces onze pièces de 3 ou de 4.

Le 11e corps, c'est-à-dire le corps du maréchal Marmont, a dix pièces de 6. Je lui fais donner douze autres pièces de 6 que j'ai, et j'y ajoute six obusiers et deux pièces de 12. Les obusiers et les pièces de 6 existent. Les deux pièces de 12 manquent; envoyez-les-lui.

J'ai ordonné que la division de cuirassiers Nansouty ait vingt-quatre bouches à feu, et chacune des deux autres divisions de cuirassiers douze; ce qui fait quarante-huit. Elles en ont trente-deux; des seize qui manquent, la moitié sera fournie ici; mais il sera nécessaire que vous fassiez partir de Strasbourg quatre obusiers de 5 pouces 4 lignes et quatre pièces de 4.

C'est donc quatorze pièces de 12, quatre obusiers de 6 pouces, quatre obusiers de 5 pouces 4 lignes, huit pièces de 6 et cinquante-six pièces de 3 ou de 4, en tout quatre-vingt-six pièces de canon, que vous devez envoyer de France à l'armée. Moyennant cela, les trois compagnies d'artillerie que j'avais demandées pour la Garde, et qui devaient servir les vingt-quatre bouches à feu que l'on prépare à Strasbourg, ne sont plus utiles.

Je ne demande point de caissons; j'ai à l'armée plus de voitures qu'il n'en faut. J'en ai 600, outre celles de division, et plus de 1,600 aux parcs. Ces 1,600 voitures portent entre un approvisionnement et demi et deux approvisionnements. Si vous avez des munitions conditionnées qui vieillissent, envoyez-les, mais dans des caisses; si vous n'en avez pas, envoyez seulement les boulets, à raison de 800 par pièces. On confectionnera les munitions à Vienne. Vous pouvez y joindre quelques affûts de rechange. Le principal est d'envoyer les canons.

En munitions, nous sommes bien, puisque j'ai aujourd'hui 92,000 coups de canon attelés, 45,000 confectionnés et 65,000 projectiles; nous n'avons, il est vrai, que 40,000 livres de poudre, mais il en arrive 100 milliers.

Ainsi donc, au reçu de la présente, réitérez vos ordres pour qu'aucun caisson ne sorte de France; ils ne feraient que nous embarrasser inutilement et appauvriraient la France sans raison. Faites partir les bouches à feu que je demande, des munitions confectionnées, si vous en avez dans les arsenaux, sinon les projectiles seulement. Je suis fort content des obus depuis qu'on y met de la roche à feu; tous, contre l'ordinaire, éclatent, et jamais on n'en a tiré trois ou quatre dans un village sans y mettre le feu.


Schönbrunn, 21 juillet 1809.

Au général Clarke, comte de Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Il résulte de l'état de l'artillerie de l'armée, qui m'est remis aujourd'hui, que j'ai aux différents corps, sans y comprendre le corps du vice-roi ni celui du maréchal Marmont, 2,500 canonniers à pied, 900 à cheval, 200 ouvriers, 550 pontonniers, 4,600 soldats du train et 8,600 chevaux, soit de troupes, soit de selle, soit de train.

Le personnel ne se monte en tout qu'à 8,800 hommes; ce qui n'est pas beaucoup. Il est vrai qu'il y en a 2,000, malades ou blessés, qui sont portés comme absents. Du reste, nous avons des fers, des bois, et il y a à Vienne 400 ouvriers civils qui travaillent.


Schönbrunn, 21 juillet 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Je vois qu'il est question dans le bulletin du 13 juillet d'une cassette de diamants qui appartiendrait à don Antonio. Je désire que vous fassiez faire l'inventaire de cette cassette, afin de s'assurer si ce ne seraient pas les diamants de la couronne d'Espagne, qu'on ne retrouve plus. Le roi Charles jure les avoir laissés en Espagne, mais ils ne s'y sont pas trouvés. Ces diamants ont une valeur de 40 à 50 millions. Faites vérifier cela; c'est un objet très-important.


Schönbrunn, 21 juillet 1809.

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Mon Cousin, donnez l'ordre au général Vandamme que, aussitôt qu'il sera certain que le maréchal Macdonald est entré à Graz et que l'ennemi exécute l'armistice de bonne foi, il s'arrête et attende des ordres ultérieurs, étant destiné à revenir sur le Danube.


Schönbrunn, 21 juillet 1809

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Mon Cousin, donnez ordre qu'on travaille avec une nouvelle activité aux places de Passau, Linz, Melk, Göttweig, Raab, Klagenfurt, et donnez ordre aux généraux commandant l'artillerie et le génie de prendre des mesures pour qu'au 1er août ils me remettent l'état de l'armement et des travaux faits et à faire, ainsi que l'état des approvisionnements existants et de ceux à ajouter. J'attache une grande importance au fort de Klagenfurt. Je désire avoir les noms du commandant, des officiers du génie et de l'artillerie, du commissaire des guerres, et l'état de la garnison.


Schönbrunn, 21 juillet 1809

Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Brünn

Mon Cousin , vous pouvez placer vos postes à un quart de lieue autour de Göding, et repousser la force par la force, si les Autrichiens veulent passer au-delà. Je vous recommande de ménager les chasses du prince de Lichtenstein; c'est ce que le major général a voulu dire dans sa lettre. Donnez des sauvegardes, ce qui sera plus efficace qu'une simple neutralité.

Si Lusignan peut marcher, signifiez-lui d'évacuer les postes de l'armée française, sans quoi faites-le arrêter et envoyez-le en France.

Il est français; faites-lui donc connaître que, s'il ne se retire sur-le-champ, vous avez l'ordre de le prendre prisonnier.


Schönbrunn, 21 juillet 1809.

Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Brünn

Mon Cousin, faites faire par un officier du génie une reconnaissance du fort de Brünn, et faites-moi connaître l'état où il se trouve et ce qu'on y a fait ou défait depuis la campagne d'Austerlitz.



P. S. Si le château de Brünn est en bon état, je désire que vous commenciez son approvisionnement, car, aussitôt que j'aurai reçu sa reconnaissance, peut-être me déciderai-je à y envoyer trente pièces de canon pour l'armer.


Schönbrunn, 21 juillet 1809.

Au général Junot, duc d'Abrantès, commandant le corps de réserve de l'armée d'Allemagne, à Bayreuth

Le major général me met sous les yeux votre lettre du 18. Il n'est pas temps de s'apercevoir que son artillerie est mauvaise lorsqu'on est sur le champ de bataille, mais c'est moins votre faute que celle du duc de Valmy et du général Rivaud. Je suppose que vous l'aurez fait démonter, visiter et mettre dans le meilleur état.

Envoyez-moi, par le retour de l'officier que je vous expédie, l'état des places vacantes dans votre corps, cavalerie, infanterie et artillerie.

J'ai ordonné au général Beaumont de vous envoyer tous les détachements appartenant à vos trois régiments de dragons et au régiment du duché de Berg. Ces quatre régiments s'accroîtront de beaucoup pendant le temps de l'armistice, et j'espère qu'ils vous feront bientôt 3,000 chevaux.

Faites venir de Hanau les six pièces d'artillerie du duché de Berg qui doivent y être; ce qui, joint aux douze pièces françaises et aux six pièces bavaroises que vous avez, vous fera vingt-quatre pièces de canon.

La division Lagrange est composée de deux demi-brigades provisoires, que je fais venir à Vienne pour les fondre dans les corps. Le 65e, qui va avoir ses quatre bataillons et 3,000 hommes présents sous les armes, vous formera une ressource.

Aussitôt que je saurai le parti qu'a pris le roi de Westphalie, je donnerai des ordres définitifs pour la division hollandaise et les troupes de Berg. Je désire fort que vous ayez ces troupes dans la main, et vous voir ainsi une quinzaine de mille hommes.

Envoyez-moi l'état des troupes du corps de Kienmayer.

Tâchez d'utiliser Charles Lameth; il doit avoir bonne intention.

Vous n'avez à Hanau aucune troupes passables; ce sont trois demi-brigades provisoires que je fais venir de Vienne pour les incorporer. Elles seront utiles ici, et, séparées, elles ne seraient d'aucun service.

Je mande au grand-duc de Hesse-Darmstadt de vous donner deux bataillons. Épuisez vous-même les places du haut Palatinat; ôtez-en les Bavarois, n'y laissant que les recrues.

Il me semble que le roi de Westphalie s'est retiré sur Erfurt.

Jusqu'à ce que votre corps soit plus fort, votre but doit toujours être de défendre le Danube et les derrières de ma ligne.



Schönbrunn, 21 juillet 1809.

Au maréchal Macdonald, commandant les 1e et 2e divisions de l'armée d'Italie, à Graz

Le major général m'a mis sous les yeux votre lettre de Bruck du 19. J'approuve la conduite que vous avez tenue. Poussez vivement ces messieurs. S'ils ont ôté l'artillerie du fort de Graz, faites-la-leur rendre. Ils doivent livrer le fort dans l'état où il se trouvait.

Faites faire un croquis et une reconnaissance de ce fort par un officier du génie, et, aussitôt que vous l'occuperez, envoyez sur Vienne tous les boulets indépendants de l'approvisionnement de la citadelle.

La division Severoli doit être derrière vous, puisqu'elle se rend à Klagenfurt; si vous en avez besoin, disposez-en. L'empereur d'Autriche m'ayant écrit le 18, j'ai pensé qu'il avait donné les ordres nécessaires pour lever ces mauvaises difficultés.

J'envoie un officier d'ordonnance savoir ce qui s'est passé à Laybach et à Trieste pendant le temps que nous avons abandonné la communication de l'Italie.

Schönbrunn, 21 juillet 1809. 

Au général comte de La Riboisière, commandant l'artillerie de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Monsieur le Général la Riboisière, l'armée d'Italie a un grand nombre de pièces de 3 servies par l'artillerie. Comme je tiens au principe que l'artillerie n'ait ni pièces de 3 ni pièces de 4, mais que ces pièces soient données aux seuls régiments, je désire que vous fassiez des échanges, que vous retiriez de l'armée d'Italie les pièces de 3 pour les donner aux régiments qui en manquent, et que vous donniez en remplacement à l'armée d'Italie les pièces de 6 qu'ont les régiments. Je vois avec peine des pièces de 6 aux régiments ; elles sont trop lourdes, et un caisson n'est pas suffisant pour leur approvisionnement, au lieu qu'une pièce de 3 est suffisamment approvisionnée avec un caisson. Je désire que, lorsque vous me remettrez l'état de l'artillerie de l'armée commandée par le vice-roi, vous me proposiez les moyens d'opérer ces changements.

Schönbrunn, 21 juillet 1809

Au général comte Bertrand, commandant le génie de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Monsieur le Général Bertrand, je n'ai pas encore des plans des fortifications de Passau, de Linz, de Göttweig, qui me fassent bien connaître ce qu'il faut faire pour mettre ces points en état d'opposer une résistance convenable, non plus que de la place de Raab et des forts de Graz et de Klagenfurt. Donnez vos ordres au général Chambarlhac pour qu'il suive avec activité les travaux de Passau et de Linz, et envoyez des officiers du génie intelligents sur les autres points, et chargez-les de vous faire des rapports que vous me mettrez sous les yeux. Envoyez des officiers sur le Semmering, qui est la montagne qui sépare le versant des eaux de Vienne et de la Styrie, et donnez-leur des instructions pour profiter de quelque château où l'on pourrait mettre 3 à 400 hommes avec six à huit pièces de canon à l'abri d'un coup de main. J'attache une grande importance au fort de Klagenfurt. Il y a treize ans, j'y avais fait mettre six pieds d'eau dans les fossés. Faites abattre les maisons que j'avais moi-même fait détruire sur les remparts dans le même temps, si depuis on les avait fait reconstruire. Le fort de Sachsenburg doit m'être remis; faites-moi un rapport sur ce que je dois en faire, ainsi que sur les forts de Graz et de Klagenfurt, afin que je donne des ordres détaillés.

Schönbrunn, 21 juillet 1809

Au général comte Bertrand, commandant le génie de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Aussitôt qu'on aura assez de bateaux, faire un second pont de bateaux du côté de Kornneuburg. Me présenter, avant, l'emplacement.


Schönbrunn, 21 juillet 1809

ORDRES POUR LE CAPITAINE MARBEUF, OFFICIER D'ORDONNANCE DE L'EMPEREUR, A SCHÖNBRUNN.

M. l'officier d'ordonnance Marbeuf se rendra à Graz; il portera la lettre ci-jointe au maréchal Macdonald. Il attendra que la route soit libre; il se rendra à Laybach; de là il se rendra à Trieste, à Palmanova, à Milan, Alexandrie et Turin. Il reviendra par Udine, Ossopo et Klagenfurt. Il m'écrira de Graz, de Laybach, de Trieste, de Palmanova; l'objet de ses lettres sera le lieu où se trouve l'ennemi, la situation du fort de Graz, l'artillerie qu'on y a trouvée, la sûreté des routes, ponts, la garnison des forts, ce qui s'est passé à Laybach, les événements qui se sont passés à Trieste, la garnison de Palmanova, les magasins qui s'y trouvent, ce que le général Caffarelli fait partir, soit d'Italie, soit du Piémont, pour envoyer à l'armée, ce qu'il rencontrera en route à son retour de Klagenfurt, la situation de la ville, les travaux qu'on y fait.


Schönbrunn, 21 juillet 1809.

ORDRES

1°  Il y aura dix brigades de cavalerie légère, qui seront organisées de la manière suivante.
1e brigade. Le 31e, le 23e de chasseurs et les Hessois formeront la 1e brigade, qui sera commandée par le général Bordesoulle.

2e brigade. Le 14e, le 19e de chasseurs et les Badois formeront la 2e brigade, qui sera commandée par le général Bron.

3e brigade. Le 24e et le 13e de chasseurs formeront la 3e brigade, qui sera commandée par le général Castex.

4e brigade. Le 8e de hussards et le 16e de chasseurs formeront la 4e brigade, qui sera commandée par le général Piré.

5e brigade. Le 5e de hussards, le 11e et le 12e de chasseurs formeront la 5e brigade, qui sera commandée par le général Pajol.

6e brigade. Le 1er et le 2e de chasseurs et le 7e de hussards formeront la 6e brigade, qui sera commandée par le général Jacquinot.

7e brigade. Le 7e et le 20e de chasseurs et le 9e de hussards formeront la 7e brigade, qui sera commandée par le général Colbert.

8e brigade. Le ler provisoire, le 26e de chasseurs et un régiment de Wurtemberg formeront la 8e brigade, qui sera commandée par le général Thiry.

9e brigade. Le 6e et le 9e de chasseurs formeront la 9e brigade, qui sera commandée par le général Girard.

10e brigade. Enfin le 6e de hussards et le 8e de chasseurs formeront la 10e brigade, qui sera commandée par le général Berkeim.

2° Les généraux de division Marulaz, Bruyère et Montbrun seront spécialement attachés au commandement de la cavalerie légère.

3° Le général Reynaud (des cuirassiers) remplacera le général Bron dans le commandement du dépôt de cavalerie.

4° Le général Fouler se rendra à Bayreuth pour y prendre le commandement de la cavalerie du corps de réserve aux ordres du duc d'Abrantès.


Schönbrunn, 22 juillet 1809.

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, mon intention est que tous les hommes isolés ou en corps qui arrivent à Vienne me soient présentés tous les jours à la parade.


Schönbrunn, 22 juillet 1809

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Mon Cousin, écrivez au général Severoli, qui commande la division italienne qui se rend à Klagenfurt, qui doit être, aujourd'hui 22, entre Neustadt et Bruck, d'accélérer sa marche (la route qu'on lui a tracée est trop lente), et de faire connaître par un aide de camp au maréchal Macdonald le jour où il arrivera à Bruck, afin que, si ce maréchal en avait besoin, il pût lui envoyer des ordres.

Schönbrunn, 22 juillet 1809

A François II, empereur d'Autriche, à Dotis, en Hongrie

Monsieur mon Frère, le prince de Liechtenstein m'a remis la lettre de Votre Majesté, du 18, par laquelle elle me fait connaître qu'elle a nommé des plénipotentiaires pour négocier, conclure et signer un traité de paix entre nos États. J'ai de mon côté donné mes pleins pouvoirs et mes instructions à mon ministre des relations extérieures, le comte de Champagny, qui sera prêt à se rendre à Raab aussitôt que le ministre des affaires étrangères de Votre Majesté aura désigné le jour de l'ouverture des conférences. Si ce quatrième traité de paix, qui succédera à ceux de Campo-Formio, de Lunéville et de Presbourg, peut enfin être le dernier, rétablir d'une manière durable la tranquillité sur le continent et se trouver à l'abri des clameurs et des intrigues de l'Angleterre, je regarderai ce moment comme fort heureux; car, des quatre guerres que Votre Majesté a faites à la France, les trois dernières étaient superflues et n'ont été utiles et avantageuses qu'à l'Angleterre, tout comme elles n'ont été conseillées et suscitées que par ses partisans.
Schönbrunn, 22 juillet 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Je reçois votre lettre du 16. Vous verrez les exécrables dispositions de ce misérable ministre de Prusse. Il est facile de trouver cet homme dans de mauvaises affaires qui le compromettent et nous en défassent sans ostentation.

(Lecestre)



Schönbrunn, 23 juillet 1809. 

Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire, à Paris

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 17 juillet. C'est sans mes ordres et contre mon gré qu'on a fait sortir le Pape de Rome; c'est encore sans mes ordres et contre mon gré qu'on le fait entrer en France; mais je ne suis instruit de cela que dix ou douze jours après que c'est exécuté. Du moment que je saurai le Pape stationnaire quelque part, et que mes intentions pourront être connues à temps et exécutées, je verrai les mesures que j'aurai à prendre.

Schönbrunn, 23 juillet 1809

Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, je reçois votre lettre du 15. Il faut porter les compagnies de la légion de la Vistule, formant six bataillons ou trente-six compagnies, à 200 hommes; et j'estime que pour cela il faut au moins 3,000 hommes. Ensuite vous dirigerez ce que vous aurez au-dessus de ces 3,000 hommes sur les dépôts des trois régiments polonais qui sont en Espagne, afin de recruter ces régiments. Je viens d'organiser ici une seconde légion de la Vistule de six bataillons; j'ai déjà 3,000 hommes.
Schönbrunn, 23 juillet 1809.

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Mon Cousin, demandez au maréchal Oudinot s'il a pris des mesures pour arrêter tous les blessés autrichiens qui se trouvent dans les cercles qu'il a occupés, et s'il s'en est fait faire la déclaration par les autorités.

Mettez à l'ordre que la solde de juin et de juillet sera payée à l'armée.

Nommez un inspecteur aux revues pour vérifier l'emploi de l'argent qui a été donné aux demi-brigades du corps du maréchal Oudinot, soit pour les fourgons au commencement de la campagne, soit des 40,000 francs que j'ai accordés aux différents corps de l'armée.

Faites la même chose pour la légion portugaise.


Schönbrunn, 23 juillet 1809,

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, je vous ai fait connaître que je voulais avoir à ma parade les hommes qui arrivaient à Vienne. Cependant j'apprends qu'il est arrivé hier des hommes qui ne m'ont pas été présentés aujourd'hui. Faites-moi connaître ce qui sera arrivé aujourd'hui et pourra m'être présenté demain.

Faites connaître au duc de Rivoli que je suppose qu'il aura envoyé des postes de cavalerie sur la frontière de Bohème, qu'il est nécessaire qu'il envoie des espions pour se tenir instruit et me faire connaître tout ce qu'il apprendra de la Bohême et des mouvements de l'ennemi. Écrivez la même chose au général Reynier.


Schönbrunn, 23 juillet 1809

Au comte Daru, intendant général de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Monsieur Daru, je vois dans votre état qu'on a donné 58,000 francs au 17e régiment de ligne; je ne comprends pas cela: j'ai accordé 40,000 francs, mais non 53,000 francs; qu'on a donné 800,000 francs au 7e corps: je n'ai pas autorisé qu'on payât les étrangers; qu'on a donné 500,000 francs aux troupes saxonnes que commande le général Reynier, 400,000 francs aux troupes wurtembergeoises : je ne conçois rien à tout cela, donnez-m'en l'explication. Qui est-ce qui ordonnance les payements ? Sur quelles bases ? Pourquoi donne-t-on à des corps plus de 40,000 francs, quand j'ai fixé cette somme ?

Je vois qu'on l'a donnée aux régiments provisoires de dragons, qui n'en avaient pas besoin et que je n'avais pas compris dans cet état.

Il faut faire payer l'armée d'Italie et l'ancienne armée de Dalmatie, en comprenant tout ce qu'aurait fait payer le vice-roi.


Schönbrunn, 23 juillet 1809

A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart

Je reçois la lettre de Votre Majesté du 19. Le général Beaumont m'a rendu compte que les insurgés avaient échoué dans leur attaque sur Kempten et avaient été complètement battus. Le major général a fait connaître au général des troupes de Votre Majesté que j'avais ordonné au duc de Danzig d'entrer à Innsbruck, où il sera à la fin du mois, et que le général Beaumont, avec ce qu'il a et toutes les troupes que la Bavière a de disponibles, se dirigera sur le Tyrol par la Bavière, tandis que Votre Majesté, de son côté, avec ses troupes, qu'on m'as juré se monter à 7 ou 8,000 hommes, y entrera par le Vorarlberg.


Schönbrunn, 24 juillet 1809.

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Vienne

Monsieur de Champagny, le général Gyulai vient de déclarer que l'armistice serait exécuté dans sa teneur. Je vous envoie ma lettre; faites appeler l'aide de camp de l'Empereur et expédiez-le. Vous trouverez ci-joint le projet de Note que vous pouvez expédier; vous la daterez du 22. Vous pouvez également envoyer à Raab pour faire préparer vos logements, et écrire à M. de Narbonne, qui en est le gouverneur.

PROJET DE NOTE.

Le soussigné, ministre des relations extérieures, est chargé de faire la déclaration suivante.

La France a toujours voulu la paix du continent, comme l'Angleterre a toujours eu intérêt à y fomenter le trouble, les divisions et la guerre.

Après la paix de Presbourg, celle de Tilsit et les expéditions de Copenhague, l'Angleterre ne trouva d'autre expédient, pour porter le désordre dans le système continental qui s'était établi, que d'arracher l'Espagne à l'alliance de la France, bien certaine que la France considérerait un changement de système de la part de l'Espagne comme une déclaration de guerre. Tous les efforts faits par le cabinet de Londres échouèrent devant les principes et la constante amitié du roi Charles. Ce cabinet conçut et exécuta alors l'horrible projet d'armer le fils contre le père, et l'on vit le prince des Asturies porter la révolte jusqu'au sein des gardes du corps et s'asseoir sur le trône de son vieux père. Celui-ci eut recours à la puissance et à la protection de l'Empereur son allié; mais, depuis, voyant que l'agitation des esprits contre lui, la Reine et son principal ministre, avait gagné toutes les Espagnes, que tout le peuple de Madrid séduit avait brisé ses images et adopté toutes les calomnies que l'Angleterre est dans l'usage de répandre en pareille circonstance, il renonça au trône.

Le prince des Asturies lui-même, lorsqu'il vit que l'insurrection et les menées de l'Angleterre l'avaient placé sur un trône chancelant et environné de précipices, et que son pays serait le théâtre de la lutte des partisans du système anglais et français, renonça à ses droits à la couronne. Cependant toutes les Espagnes étaient en armes, et des armées françaises durent y être envoyées. Ce fut alors que la cour de Vienne jugea le moment favorable pour briser le traité de Presbourg, oublia la conduite que l'Empereur avait tenue dans Vienne et fit la guerre, comme il ressort de ses propres proclamations, par la seule raison que le moment favorable de la faire était venu. Le destin en a décidé autrement, de vains fantômes ont été dispersés; des espérances fallacieuses ne se sont pas réalisées; l'Empereur d'Autriche désire le rétablissement, de la paix; le prince de Liechtenstein en a fait les ouvertures directes à l'Empereur.

La France n'a jamais envié rien de ce que possède l'Autriche. Dans trois guerres successives, elle a restitué d'immenses territoires sans aucune compensation. Elle avait espéré qu'en échange cette modération lui aurait valu l'amitié et la reconnaissance du souverain de l'Autriche. La générosité  que la France a montrée à la paix de Presbourg, l'Empereur est prêt à la montrer encore. Mais Sa Majesté doit à ses sujets de s'assurer, avant, que le cabinet de Vienne veut sincèrement rester en paix, ne plus faire de diversion en faveur de l'Angleterre, et laisser enfin à la France la libre disposition de tous ses moyens cet ennemi du continent.

1° Le licenciement des landwehre;

2° La réduction de l'armée de ligne à la moitié de ses cadres actuels;

3° L'expulsion du service d'Autriche de tous les Français, soit Belges, soit de l'ancienne France, soit des pays qui depuis ont été réunis, ces hommes s'étant de tout temps montrés les plus enclins à semer la division entre les deux États :

Ces trois conditions préliminaires peuvent seules offrir à l'Empereur la sûreté et la tranquillité de l'avenir; car la France n'aurait aucun avantage à évacuer Vienne et les beaux pays qu'elle occupe, et où son armée a de bons cantonnements, si, à peine les Français hors de Vienne, on devait recommencer les armements, la formation de des camps et cette série d'hostilités passives qui, décelant les intentions du gouvernement et détournant une partie de nos efforts de nos côtes, sont de véritables diversions en faveur de l'Angleterre. La France perdrait ainsi le fruit de plusieurs évènements heureux sans obtenir de compensations.

Le soussigné a reçu les ordres et pouvoirs nécessaires pour négocier, conclure et signer un traité de paix avec l'Autriche, et est chargé de déclarer que ces principes sont la base et condition de toute négociation.

Quant aux autres conditions, soit qu'on veuille adopter la base de l'uti possidetis, soit qu'on veuille adopter un système de compensations, l'Empereur en agira avec la même modération et générosité qu'il en a agi à la paix de Presbourg. 

Schönbrunn, 24 juillet 1809.

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, je vous envoie un état que me remet le gouverneur de Vienne, d'où il résulterait qu'il y aurait aujourd'hui 36,000 soldats blessés ou malades à Vienne, soit Français, soit alliés, soit Autrichiens. Je désirerais que la répartition de ces 36,000 hommes soit faite par régiment. Chargez le commandant de la place et les officiers commandant les faubourgs de faire ce relevé.

Schönbrunn, 24 juillet 1809

Au maréchal Marmont, duc de Raguse, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Krems

Je ne conçois pas que vous fassiez dépendre la construction de vos camps de savoir si les 4e bataillons vous seront conservés ou non. C'est tout à fait de l'enfantillage. Faites camper vos troupes sans délai et faites-les exercer. C'est le seul moyen de maintenir l'ordre et la discipline. Elles gagneront beaucoup à camper pendant août et septembre. J'irai dans huit jours passer la revue de votre corps. Faites que je voie les camps en bon état.
Schönbrunn, 24 juillet 1809

Au maréchal Marmont , duc de Raguse, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Krems

Mon Cousin, le 25e régiment de chasseurs, qui fait partie de votre corps d'armée, a, au dépôt de cavalerie de Klosterneuburg, cent cinquante hommes à pied. Il vous est facile de faire acheter des chevaux à un prix raisonnable, sur les confins de la Bohême, pour monter ces hommes. Occupez-vous de cela, et tâchez de procurer à ce régiment, qui n'a que quatre cent chevaux à l'armée, une centaine de chevaux, ce qui, avec les deux cents qui lui viennent d'Italie, le porterait à sept cents chevaux.

Schönbrunn, 24 juillet 1809.

A Eugène Napoléon, vice roi d'Italie, à Vienne

Mon Fils, envoyez l'ordre au général Baraguey d'Hilliers de se rendre à laybach et de prendre le commandement de la Carniole, de l'Istrie et de la province de Goritz, en prenant les mesures convenables pour faire évacuer l'Istrie par les Anglais, et faire occuper toutes les limites de l'armistice. Le général Rusca restera commandant de la province de Carinthie, et sera chargé de surveilöler les mouvements du Tyrol.

(Eugène)
Schönbrunn, 24 juillet 1809.

A l'Impératrice, à Plombières

Je reçois ta lettre du 18. Je vois avec plaisir que les eaux te font du bien. Je ne vois aucun inconvénient qu'à la fin de tes eaux tu ailles à Malmaison.

Le chaleur est assez grande ici. Ma santé est fort bonne.

Adieu, mon amie.

Eugène est à Vienne, et très bien portant.

Tout á toi.

(Joséphine)

Schönbrunn, 24 juillet 1809

A Fouché

Les journaux sont extrêmement mal rédigés.

Vous verrez, dans le numéro de la Gazette de France que je vous envoie, qu'on y fait entendre que la Prusse veut nous déclarer la guerre, que la Russie est contre nous. Faites connaître au rédacteur de cette gazette que je la supprimerai, si elle continue à imprimer de pareils articles; que j'ai même été sur le point d'en signer le décret.

Donnez aussi des ordres positifs pour qu'aucune gazette ne fasse mention du Pape. (L'enlèvement du Pape a eu lieu dans la nuit du 5 au 6 juillet - Napoléon couchait à ce moment dans sa tente, à son QG de Raasdorf...)

Quel est le rédacteur de la Gazette de France ? Sur quelles données écrit-il de pareilles lettres de Berlin ? Donnez donc une meilleure direction aux journaux.

Pourquoi parlent-ils avec emphase d'une prétendue révolution arrivée à Bologne, en Italie ? Les journaux italiens peuvent en parler, cela les regarde; mais les journaux de Paris ne sont point insignifiants en Europe. Le journal des Débats pouvait se dispenser de donner de l'importance à cet événement.

En général, nos journaux sont toujours prêts à s'emparer de ce qui peut nuire à la tranquillité publique et donner de fausses idées sur notre position.



Schönbrunn, 25 juillet 1809. 

ORDRE POUR LE GÉNÉRAL BERTRAND, COMMANDANT LE GÉNIE DE L'ARMÉE D'ALLEMAGNE, A VIENNE.

Il ne faut pas détruire le pont sur pilotis de l'île Alexandre, non plus que le pont de l'île Saint-Hilaire.


Schönbrunn, 25 juillet 1809

Au roi Jérôme

Je reçois votre lettre du 20. Les lettres que vous avez reçues de moi depuis celle du 14 vous auront fait connaître mon opinion et mes intentions. Vous vous êtes parfaitement mal conduit à mes yeux dans cette campagne. Il n'a pas dépendu de vous que Junot ne fût bien rossé et que Kienmayer avec ses 25. 000 hommes ne se portât sur moi puisque sans l'armistice de Znaym j'eusse poursuivi le prince Charles sur Prague.

Vous avez commandé un vaisseau de guerre (il s'agit du Vétéran), vous avez abandonné la mer et votre amiral sans ordres. Vous avez fait des suppositions, sans que moi ou mon ministre en ayons été dupes. Mais un vaisseau était peu de chose et j'ai voulu ignorer ce fait. Je vois que vous persistez dans le même système.

Vous croyez faire prendre le change, vous ne trompez personne.

Vous avez été constamment dans cette campagne où l'ennemi n'était pas. Vous dites que la retraite du duc d'Abrantès sur le Danube vous a forcé à prendre position à Schleitz et à quitter l'offensive; la retraite du duc d'Abrantès a été occasionnée par vos ridicules manoeuvres. Si, comme je vous l'avais ordonné, vous vous étiez porté sur votre droite pour vous réunir au duc d'Abrantès, si, après avoir chassé l'ennemi de Bareuth (sic) pour garder le Danube qui était une grande affaire, vous eussiez marché sur Dresde, cela ne fût pas arrivé. Si au lieu de rester trois ou quatre jours dans le même endroit, au lieu d'être plus lent et plus irrésolu que les Autrichiens eux-mêmes, vous eussiez marché avec la vivacité et l'ardeur qui conviennent à votre âge, l'ennemi ne vous eût pas masqué et dérobé ses mouvements.

Voilà pour la première observation. Voici pour la seconde.

Vous étiez à Schleitz, lorsque vous avez appris la nouvelle de mes grandes victoires et vous ajoutez que dès lors vous n'aviez pas à craindre que l'ennemi vous attaquât; mais vous deviez craindre qu'il n'attaquât Junot, vous deviez craindre qu'il ne tombât sur moi et 15 000 hommes de plus ou de moins dans une bataille sont-ils de peu d'importance ? Vous aviez à craindre que ce corps ne réoccupât Dresde; au lieu de cela, vous dissolvez votre corps et vous vous contentez de déclarer que le corps de Kienmayer est dissous ! enfin vous vous sauvez honteusement et vous déshonorez mes armes, et votre jeune réputation.

Quant aux Anglais, votre marche savante sur la Baltique ne peut en imposer qu'aux sots. Vous saviez bien que les Anglais n'étaient pas débarqués et s'ils étaient réellement débarqués, qu'aviez-vous à faire autre chose que de vous réunir au duc d'Abrantès, aux Saxons, et non de dissoudre votre corps ? 3 000 Saxons,10 000 hommes de votre corps et 7 à 8 000 hommes du corps du duc d'Abrantès vous auraient mis à même de repousser les Anglais. Vous ne pouviez rien faire seul. Une victoire ne finit pas une guerre. Dans mes calculs je devais vous trouver à Dresde et suivant l'ennemi en Bohême; votre marche sur la Baltique était pour cacher votre retour à Cassel et votre honteux abandon de la Saxe.

D'ailleurs, dans vos lettres comme dans votre Moniteur de Cassel, vous faites de mauvaises suppositions. Vous dites que vous vous êtes retiré de Schleitz, lorsque l'ennemi s'est retiré en Bohême; mais non; l'ennemi était resté à Plauen. Vous deviez rester à Schleitz, garder les Saxons et réunir à vous le duc d'Abrantès. Vous supposez que l'ennemi n'était pas rentré à Dresde, mais vous savez qu'il y est rentré le 14, aussitôt qu'il a connu vos ridicules manoeuvres.

Je suis fâché pour vous que vous montriez dans la guerre aussi peu de talent et même de bon sens. Il y a loin du métier de
soldat au métier de satrape [de courtisan].

J'avais à peine votre âge que j'avais conquis toute l'Italie et battu les armées autrichiennes trois fois plus nombreuses que moi. Mais je n'avais pas de flatteurs, pas de corps diplomatique à ma suite. Je faisais la guerre en soldat. On ne la fait pas différemment. Je ne me prétendais ni frère de l'empereur, ni roi, je faisais tout ce qu'il fallait pour battre l'ennemi.

Vous retirez le 22e des places de l'Oder, vous avez tort si vous ne remplacez pas ce régiment, comme je vous l'ai ordonné, par les 1 200 Français que vous avez à Cassel. Le général Reubell (Le général Reubell, fils de l'ancien Directeur, ancien officier de marine, sera chassé de la cour de Westphalie et se réfugiera  à Baltimore) s'est permis de donner des ordres et contre-ordres à des détachements que je faisais venir à l'armée, comme sapeurs, mineurs, etc. S'il continue, je le ferai arrêter au milieu de votre camp et je le ferai juger par une commission militaire comme violant mes ordres et dérangeant mes combinaisons.

Quant à l'avenir, je ne veux pas vous déshonorer en vous enlevant le commandement, mais je ne veux pas non plus par de sottes condescendances de famille exposer la gloire de mes armes. Un vaisseau de plus ou de moins était peu de choses, 20 000 hommes plus ou moins bien employés peuvent changer le destin de l'Europe. Si donc vous voulez continuer comme vous avez commencé, à être entouré par des hommes qui n'ont pas fait la guerre comme les Dalbignac, les Reubell, les Furstenstein, n'avoir aucun homme de conseil, faire des romans, ne pas exécuter mes ordres, vous pouvez rester dans votre sérail.

Sachez bien que, soldat, je n'ai point de frère et que vous ne me cacherez pas les vrais motifs de votre conduite sous des prétextes frivoles et ridicules. Pour ne point vous exposer à de pareils résultats, je verrais avec plaisir que vous fassiez passer mes troupes sous le commandement du duc d'Abrantès.

Vous êtes un jeune homme gâté, quoique plein de belles qualités naturelles. Je crains fort qu'il n'y ait rien à attendre de vous.

Si vous continuez à conserver le commandement de mes troupes, portez-vous sans délai à Dresde. Je vous enverrai un chef d'état-major qui ait le sens commun. Réunissez à Dresde les troupes, saxonnes, hollandaises, du grand-duché de Berg et toutes celles qui sont sous vos ordres. Faites réarmer et mettre la place en défense. Les Saxons s'y réorganisent. Tirez le 22e des places de l'Oder, mais faites-le remplacer par les 1 200 conscrits français que vous avez à Cassel. Que le duc d'Abrantès occupe Bayreuth. Que l'état-major ait une fois tous les jours de vos nouvelles.

Supprimez votre train et votre cour et faites la guerre comme doit la faire un homme de mon nom qui a plus besoin de gloire que d'autre chose.

Si les hostilités recommencent, le théâtre de la guerre sera en Bohême et vous aurez un rôle actif à y jouer. Si la guerre ne doit pas avoir lieu, la réunion d'un grand nombre de troupes à Dresde et à Bayreuth peut faciliter les négociations.

Quant aux Anglais, vous êtes mieux placé à Dresde que dans tout autre endroit pour marcher contre eux. On ne peut les empêcher de débarquer. Mais j'ai peine à croire qu'ils viennent se placer entre le Danemark et la confédération. Ils ont bien assez à faire en Portugal. D'ailleurs, il faut qu'ils débarquent pour savoir ce qu'il faut faire.

La lettre du roi de Hollande ne signifie rien et je n'en crois pas un mot. Tous les jours, je reçois de pareilles nouvelles de mes côtes. Ce débarquement de 200 hommes qu'ils ont fait suppose aussi qu'ils ne veulent point débarquer, car ce serait une faute que d'indiquer qu'ils veulent descendre dans tel endroit. Si j'écoutais de pareilles idées, mes troupes ne feraient que des marches et des contremarches et devraient se porter sur tous les points de l'Océan, de la Méditerranée, de l'Adriatique.

Si vous ne saviez pas lire et évaluer la vérité des rapports, et que vous preniez des mouches pour des éléphants, vous auriez peu de jugement.

(de Brotonne)


Schönbrunn, 26 juillet 1809

NOTES POUR LE COMTE TREILHARD, PRÉSIDENT DE LA SECTION DE LÉGISLATION AU CONSEIL D'ÉTAT, A PARIS

Première observation. On convient qu'il y a eu un traité entre le gouvernement et le prince de Carignan; mais on dit que, par suite des évènements de la guerre et de la reprise des hostilités, c'est par le droit de conquête que le Piémont a passé entre les mains de la France. On n'examine pas si la conquête ou la reprise des hostilités, peuvent détruire les dispositions d'un traité, lorsque la guerre n'est pas le fait d'une des deux parties contractantes. Le prince de Carignan avait un droit au trône; il y a renoncé par le traité; en conséquence de sa renonciation on lui a assuré ses biens; il est venu à Paris, et, si la guerre a éclaté ensuite, elle lui a été étrangère, il n'y a pris aucune part, et l'on a de la peine à comprendre que les évènements de cette guerre aient annulé les engagements qu'on avait contractés avec lui. 

L'histoire est pleine de transactions faites par des gouvernements avec des princes qui stipulaient de leurs intérêts particuliers; et, dans les circonstances actuelles de l'Empire, les transactions de cette espèce ne peuvent être qu'avantageuses; c'est ainsi que des transactions ont été faites avec des princes de la Maison d'Espagne qui ne jouissaient pas d'une puissance réelle, qui n'étaient pas revêtus de la qualité de souverain, qui n'étaient pas en situation d'égalité avec le gouvernement français; s'ils en observent les conditions, elles doivent être sacrées. Ce point ne paraît donc pas éclairci, et ces réflexions sont si bien fondées que la question dont il s'agit influerait sur la nature des choses.

La Maison de Savoie était divisée en plusieurs branches. Les biens de toutes les branches, celle de Carignan seule exceptée, ont été vendus, parce qu'elles ont suivi les vicissitudes de la branche qui régnait. Toutes ces branches n'ont rien en France et ne peuvent rien réclamer; mais la branche de Carignan s'est séparée de la branche aînée; elle s'est établie en France; elle possède depuis douze ans.

Les vicissitudes de la branche aînée ne l'ont pas atteinte, parce qu'elle avait séparé sa cause. Si donc on la dépossédait demain, comme on pense que le Conseil d'État est en droit de le faire, il n'y a nul doute qu'après douze ans de possession cette mesure paraîtrait injuste. Si on chassait de Paris les individus de cette branche, si on les envoyait en Sardaigne, on ne pourrait prendre cette disposition sans éprouver un sentiment d'injustice. La branche de Carignan n'a rien de commun avec les autres branches, sa situation ne doit avoir rien de commun avec la leur. Les autres branches ne sont point en France, n'y possèdent rien; elle est en France, elle y possède.

Il paraît donc qu'on a passé trop légèrement sur les causes de cette différence de situation. On a traité la branche de Carignan comme faisant cause commune avec les autres; ce qui est le contraire de ce qui résulte tant des droits établis par les traites que de l'évidence des faits.

Deuxième observation. La possession de la branche de Carignan ne forme pas une propriété ordinaire; cela est prouve, puisqu'elle est considérée comme ne pouvant vendre les rentes inscrites au grand-livre, ni aucun de ses biens sur lesquels le Domaine 11 pris des inscriptions. Elle a elle-même demandé qu'on Lui accordât la faculté de disposer; elle a proposé de faire les sacrifices nécessaires pour l'obtenir.

Ici vient la question des droits de la branche cadette de Carignan, auxquels le traité' fait avec la branche aînée n'a pu porter aucune atteinte.

La branche cadette était en minorité; elle a suivi le sort de l'aînée; comme elle, elle a séparé sa cause de celle de la branche qui restait; comme elle, elle a cédé ses droits au trône; comme elle, elle a adhéré au traité; elle a droit à un dédommagement pour l'éventualité qu'elle perd.

Troisième observation. Ces deux questions éclaircies, il en resterait une troisième à examiner. Convient-il de laisser libres les biens de la branche de Carignan, de sorte que les membres de cette branche puissent les réaliser, se transporter en pays étranger et y réclamer des droits politiques quelconques ? Ne convient-il pas davantage de constituer tous ces biens en rentes sur l'État, en ayant soin de les frapper d'inscriptions, en s'arrangeant de manière à imposer à la jouissance des conditions et un serment, de manière qu'il en résulte une reconnaissance implicite et déguisée, et qu'en cas de manquement on puisse saisir les biens ? Ces conditions peuvent être de ne pas prendre de service à l'étranger, de ne pas sortir de l'Empire sans permission, etc. Le cas est particulier, il faut une organisation particulière.

Sa Majesté ordonne le renvoi de ces observations à la section de législation, à laquelle M. le conseiller d'État d'Hauterive sera adjoint.


Schönbrunn, 26 juillet 1809

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, donnez l'ordre au général Baraguey d'Hilliers de se rendre à Klagenfurt, à Laybach, de prendre le commandement des provinces de Trieste, de l'Istrie et de Goritz, et d'en chasser les Anglais. Vous donnerez l'ordre au général Rusca de prendre le commandement de la Carinthie, et le chargerez d'occuper le fort de Sachsenburg. Vous enverrez un officier porter ces ordres aux généraux Baraguey d'Hilliers et Rusca, pour vous assurer qu'ils sont exécutés. Vous enverrez également un officier au duc de Danzig pour lui réitérer qu'il ne se laisse arrêter par rien; que de gré ou de force il soit à Innsbruck avant le 1er août; qu'il fasse prisonniers et traite sévèrement les Autrichiens qui n'exécuteraient pas l'armistice et n'auraient pas évacué le pays avant son arrivée. Répondez au duc de Rivoli qu'il a raison; que j'avais ordonné que l'intendant général ne tirât rien de Znaym; qu'il suffit que ce cercle nourrisse son corps d'armée.

J'approuve que le colonel du 65e recrée des compagnies pour compléter son 4e bataillon.


Schönbrunn, 26 juillet 1809

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Je vous envoie des états de situation pris sur des courriers autrichiens. Envoyez-les au duc de Danzig, au vice-roi et au général Rusca. Le duc de Danzig reconnaîtra que le général Buol n'a sous ses ordres que 2,600 hommes; le général Rusca y verra que le colonel Leiningen n'a pas plus de 600 hommes dans le midi du Tyrol. Envoyez aussi ces états au roi de Wurtemberg et au général Beaumont, qui verront que dans le Vorarlberg les Autrichiens n'ont que 280 hommes.

En envoyant au général Rusca la lettre du général Gyulai pour prendre possession du fort de Sachsenburg, faites-lui connaître qu'il ait à signifier, soit aux 600 Autrichiens du colonel Leiningen qui sont dans le midi du Tyrol, soit à ceux de la colonne du général Schmidt, que vous leur donnez tant de temps pour se retirer conformément l'armistice; que, passé ce temps, ils seront considérés comme ayant désobéi aux ordres de leur gouvernement. La moitié de la division Severoli, qui doit rester au général Rusca, lui fournira suffisamment de monde pour occuper avec 2,000 hommes le fort de Sachsenburg, inquiéter les Tyroliens du côte de Brixen et du Pusther Thal, procéder au désarmement, prendre des otages et rétablir la tranquillité.

Vous aurez soin de recommander au général Rusca d'exiger qu'on lui laisse toutes les pièces qui composent l'armement du fort de Sachsenburg et de ne laisser emporter du Tyrol aucune arme, fusils ni munitions. Les Autrichiens doivent avoir à Sachsenburg un amas de fusils dont il faut s'emparer.


Schönbrunn, 26 juillet 1809

A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart

Monsieur mon Frère, j'envoie à Votre Majesté l'état des troupes autrichiennes qui sont dans le Vorarlberg. Elle y verra que l'ennemi n'y a jamais eu plus de 600 hommes, dans le haut Tyrol plus de 2,500 hommes, et dans le bas Tyrol 800. Le duc de Danzig se porte à Innsbruck, où il sera déjà arrivé quand Votre Majesté recevra cette lettre. Il s'y porte avec 18,000 hommes. Le général Rusca, qui est à Klagenfurt et qui a pris possession du fort de Sachsenburg, se porte de là dans le bas Tyrol. Le général Beaumont et tout ce que la Bavière a réuni doivent s'y porter par Scharnitz et par les débouchés.

Si les 2,500 Autrichiens qui sont dans le Tyrol veulent profiter de l'armistice, on les laissera sortir; sans quoi, on les fera prisonniers de guerre. Je compte sur les 8 ou 9,000 hommes que Votre Majesté a sous ses ordres; le général Beaumont y joindra un millier de dragons, pour déboucher par le Vorarlberg. Il est probable que le peu d'Autrichiens qui s'y trouvent, apprenant la prise d'Innsbruck, l'évacueront; sans quoi, Vôtre Majesté doit les faire prisonniers. Je serais fâché que Votre Majesté écoutât de petites raisons de rivalité et prêtât l'oreille aux propos qui lui reviennent de la Bavière. Elle doit donner ordre à ses troupes de se porter sur Bregenz aussitôt qu'on saura l'entrée à Innsbruck. J'espère qu'elle m'apprendra qu'avant le 4, ou le 6 août, elle est maîtresse de Bregenz et du Vorarlberg.


Schönbrunn, 26 juillet 1809

À Fouché

Je vous envoie un numéro de la Gazette de France, où vous verrez un nouvel article de Berlin. Donnez ordre, au reçu de cette lettre, que le rédacteur soit arrêté et mis en prison, pour avoir mis dans son journal plusieurs articles de Berlin dont le but est de mettre du doute dans l'alliance de la France et de la Russie et d'injurier nos alliés. Vous retiendrez ce rédacteur pendant un mois en prison, et vous en nommerez un autre à sa place.

Vous me ferez connaître de quelles sources proviennent ces articles. En général, on dirige horriblement les journaux. On effraye, depuis deux mois, le continent de la grande expédition anglaise.

On dirait, en vérité, qu'à la police on ne sait pas lire; on n'y pourvoit à rien.

Schönbrunn, 26 juillet 1809.

Au maréchal Lefebvre, duc de Danzig, commandant le 7e corps de l'armée d'Allemagne

Je vous envoie des lettres interceptées qui vous feront connaître la situation des ennemis dans le Tyrol. Vous y verrez que le général Buol n'a que 2,000 hommes; que, dans le Vorarlberg, il n'y a que 600 hommes et que le reste est du côté de Sachsenburg; que les Tyroliens n'ont jamais eu plus de 12,000 paysans armés. La division du prince royal, celle du roi, celle de Rouyer et celle du colonel d'Arco, enfin celle de Beaumont, doivent vous faire 18 à 20,000 hommes. J'espère donc que vous m'apprendrez bientôt que vous avez battu, dispersé et désarmé le pays. Il faut que tout ce qui a été chef soit otage et envoyé à la citadelle de Strasbourg; enfin que vous fassiez des exemples des meneurs et brûliez les principaux villages. Quant aux Autrichiens qui sont dans le Tyrol, vous leur donnerez tant d'heures pour déclarer s'ils veulent profiter de l'armistice et évacuer le TyroL S'ils s'y refusent, vous en ferez sévère justice, comme d'hommes qui ont désobéi à leur gouvernement.

(Lecestre)


Schönbrunn, 27 juillet 1809.

A Alexandre 1er, empereur de Russie, à Saint-Petersbourg

Monsieur mon Frère, j'envoie à Votre Majesté Impériale la copie d'une lettre que m'a écrite l'empereur d'Autriche et ma réponse (voir 22 juillet).

Champagny envoie à Caulaincourt une note (voir 24 juillet) que j'ai cru devoir faire remettre en même temps. Il me paraît y avoir des divisions entre le cabinet et la cour; les princes de la Maison ne sont pas d'accord. J'ignore donc où tout ceci nous conduira. Si les hostilités doivent recommencer, il serait à désirer que l'armée de Votre Majesté pût agir activement et d'une manière plus immédiate. Jusqu'à cette heure j'ignore où elle est, sa force et les intentions précises de Votre Majesté sur elle. Aussitôt que je connaîtrai l'intention du cabinet d'Autriche, j'en ferai part à Votre Majesté. Je charge spécialement le prince Gagarine de réitérer à Votre Majesté l'assurance de mes sentiments pour elle et de mon inviolable amitié.


Schönbrunn, 28 juillet 1809

Au général comte de La Riboisière, commandant l'artillerie de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Monsieur le Général La Riboisière, je vois qu'il y a à Laybach trente-six bouches à feu de 12 et de 18. On peut en envoyer huit au château de Graz et douze à Klagenfurt. Il en restera encore seize pour Laybach, ce qui est plus que suffisant. Des huit obusiers qui se trouvent à Laybach, il faut en retirer deux et en laisser six. Je pense qu'il faut retirer de Passau les quatre pièces de 12, les dix-neuf pièces de 6, les trois pièces de 3, et, sur les quatorze obusiers qui s'y trouvent, au moins six; ce qui fera trente-deux pièces à tirer de Passau, et, avec les dix-huit pièces tirées de Graz, et les six obusiers qu'on retire de Laybach, cinquante-six pièces de canon. Ce sera autant de moins à envoyer de France sur les quatre-vingt-six que j'ai demandées. Les cent dix-huit pièces qui sont à Vienne me paraissent nécessaires pour la tête de pont de Spitz, les îles environnantes et pour la place de Vienne, surtout vu les dix pièces de 6 que l'on devra retirer de Graz et ce qu'on sera obligé d'envoyer encore pour compléter l'armement de Raab. Peut-être même aura-t-on besoin de douze ou quinze pièces pour le fort de Brünn. Ainsi il n'y a pas lieu d'envoyer des pièces de Vienne à Passau. Il faut faire venir à Passau des pièces de Kronach, Forchheim, Würzburg, et des places du haut Palatinat qui appartiennent à la Bavière, où il y a plus de pièces qu'il n'en faut.

On pourrait faire venir de ces places une trentaine de pièces de 24, de 16, des mortiers et un grand nombre d'autres pièces. Écrivez dans ce sens, que tout ce qui est strictement inutile à l'armement de ces différents forts soit dirigé sur Passau, qu'il faut armer fortement et de pièces de gros calibre.


Schönbrunn, 28 juillet 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

J'ai reçu un fatras que vous m'avez envoyé sur le commerce des blés et qui est tout à fait ridicule. Je ne sais pourquoi on a commencé par là; il fallait commencer par me montrer l'alphabet.

C'est un bavardage d'économiste. Qui est-ce qui s'oppose en France au commerce des blés ? Qui est-ce qui s'oppose à l'exportation ? Ce n'est pas la loi du pays; ce sont les Anglais qui empêchent les neutres de venir dans nos ports et d'enlever nos bâtiments. Ces raisonnements sont pitoyables, mais ont un grand inconvénient: c'est d'encourager le commerce et régenter le gouvernement, de relever les discussions et de mettre de l'agitation dans les esprits. L'administration n'est point économiste.

Les principes sur le commerce des blés sont invariables: il y a exportation aussitôt qu'il y a des débouchés; il: n'y a pas d'exportation sans commerce avec l'étranger. Ces moyens de commerce, c'est l'Angleterre qui les empêche. J'ai tâché d'y suppléer par des licences, et, si l'on s'en sert, cela pourra remédier au mal.

Pour ce qui me regarde, je vous prie de ne pas m'envoyer de pareilles balivernes, je n'ai pas besoin du radotage ni des leçons de M. Dupont de Nemours (Pierre Samuel Dupont de Nemours, 1739-1817, économiste, disciple de Turgot, dont le Mémoire sur la Banque de France fut interdit en 1806) et de quelques négociants.

J'ai lu les lettres de la Chambre de commerce. Vous avez eu tort de la recevoir, et je suis fâché de voir la direction que vous donnez à l'intérieur. Nous n'avons pas besoin de leçons des chambres de commerce; et, si nous en avions besoin, ce n'est pas M. de Nemours qui nous en donnerait. Des conversations avec quelques négociants instruits peuvent être utiles; mais les déli- bérés des chambres sont toujours inutiles et ont de graves inconvénients.

Il faut que la chambre de commerce soit bien ignorante, si elle ne sait pas:

1. - que les Américains n'ont pas levé leur embargo pour la France ;

2. -  que je ne me suis jamais opposé à ce que les Américains vinssent dans mes ports; ce sont les Anglais qui s'y opposent.

L'acte d'empêchement a été levé pour la Hollande. Le roi a cru devoir le recevoir. J'ai cessé de permettre l'introduction des marchandises de Hollande en France, et je l'ai sommé de rapporter la mesure qu'il a prise, voulant que la France et la Hollande suivent le même principe; et certainement, si l'Angleterre veut laisser venir les bâtiments américains en France, je serai le premier à l'approuver.

La chambre de commerce ne sait rien et ne bavarde que préceptes.

Je vous prie de ne pas m'exposer à l'inconvénient de recevoir de pareils mémoires. Je vois que vous n'avez aucune expérience des affaires de l'intérieur: nous n'avons besoin d'aucune nouvelle législation en fait de commerce. La France souffre beaucoup, je le sais, non par la législation, mais par le blocus de l'Angleterre. Cela vient de ce que les pavillons danois, russes, prussiens, etc., comme ennemis, ne peuvent circuler, que les Américains ont mis l'embargo chez eux, puis après ont rendu un acte d'empêchement. Il n'y a pas de canal d'écoulement; on a cherché à y suppléer par des patentes ou des licences.

Faites-moi connaître l'effet de ces mesures, et n'agitez pas l'esprit du commerce par de folles et intempestives discussions. Ils bavarderont beaucoup et ne diront rien qui vaille: ils n'ont pas même les premières notions de la question

Schönbrunn, 28 juillet 1809

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Vienne

Notre intention étant que le sieur Pellenc, du département des Bouches-du-Rhône, passé au service d'Autriche par les événements de la Révolution, rentre en France, et l'ayant en conséquence rayé de la liste des émigrés, et voulant rattacher à notre service, nous désirons que vous lui donniez dans votre ministère une place de secrétaire-interprète avec un traitement de 9,000 francs, et ce à compter de ce jour.

(Lecestre)

Schönbrunn, 28 juillet 1809

Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire


Je reçois votre lettre du 22 juillet. Je suis fort aise que le conseiller d'État Jaubert ait été nommé subrogé tuteur des enfants du duc de Montebello. Ainsi tout se trouve arrangé conformément à mes désirs.


(Lecestre)

Schönbrunn, 28 juillet 1809

Au comte Fouché, ministre de la police général, à Paris

Je vois dans le Publiciste du 22 une relation de la bataille de Wagram dans lequel on donne de grands éloges au prince de PonteCorvo, qui n'a rien moins que bien fait. D'où viennent donc ces nouvelles, et. ne pourrait-on pas s'en tenir aux renseignements officiels ?

Faites arrêter et conduire à Fénestrelle le cardinal Pacca; c'est un homme qui ne mérite aucun ménagement; faites aussi arrêter son neveu. Faites venir à Vincennes le nommé Cosme Pedicini, son secrétaire, afin d'avoir des renseignements.

(Lecestre)


Schönbrunn, 29 juillet 1809.

Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris 

Monsieur le Général Clarke, il est nécessaire que le général Gouvion Saint-Cyr ne quitte point l'armée avant qu'il ait été remplacé par le duc de Castiglione.

Écrivez en Espagne qu'on n'entreprenne rien contre le Portugal pendant le mois d'août; cette saison est beaucoup trop chaude; mais qu'on se prépare à faire cette expédition en février.

Demandez un mémoire au Roi et au duc de Dalmatie sur l'ouverture de la campagne au mois de septembre; ils auront le temps de recevoir un ordre d'ici à cette époque.


P. S. Si cependant la maladie du général Gouvion Saint-Cyr était telle qu'il dût quitter, il rétablira, avant, la communication avec Barcelone, et laissera le commandement du corps d'année au général Duhesme.


Schönbrunn, 29 juillet 1809.

Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Si vous avez occasion de voir le prince de Ponte-Corvo, témoignez-lui mon mécontentement du ridicule ordre du jour qu'il a fait imprimer dans tous les journaux, d'autant plus déplacé qu'il m'a porté pendant toute la journée des plaintes sur les Saxons. Cet ordre du jour contient d'ailleurs des faussetés. C'est le général Oudinot qui a pris Wagram le 6 à midi; le prince de Ponte-Corvo n'a donc pas pu le prendre. Il n'est pas plus vrai que les Saxons aient enfoncé le centre de l'ennemi le 5; ils n'ont pas tiré un coup de fusil. En général, je suis bien aise que vous sachiez que le prince de Ponte-Corvo n'a pas toujours bien fait dans cette campagne. C'est un homme usé, qui veut de l'argent, des plaisirs, des grandeurs, mais ne veut pas les acheter par les dangers et les fatigues de la guerre. La vérité est que cette "colonne de granit" a constamment été en déroute.

Schönbrunn, 29 juillet 1809.

Au général Clarke, comte d'Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Je reçois votre lettre du 22 relative à l'envoi des compagnies d'artillerie. Il en résulte que vous faites partir de suite la 10e compagnie du 8e régiment, qui est à Calais; les 13e et 15e compagnies du même régiment, qui sont à Boulogne; les 17e et 18e du 6e régiment, qui sont à Brest; la 6e du 3e, qui est à l'île de Groix; les 3e, 7e et 16e du 3e régiment, qui sont à l'île d'Aix; ce qui fait neuf compagnies qui partent de suite des côtes de l'Océan; que vous en faites partir des côtes de la Méditerranée quatre, de l'île d'Elbe une, de Toulouse deux, et d'Alexandrie deux; ce qui fait dix-huit compagnies. C'est plus qu'il ne m'en faut. Il faut donner contre-ordre aux compagnies qui restent à Flessingue, à Terneuse, à Cadzand, à Cherbourg, à Boulogne, à l'île d'Yeu et partout ailleurs. Dix-huit compagnies me suffisent, puisque, indépendamment de celles-là, il m'en est arrivé plusieurs depuis la bataille, qu'il m'en arrive quatre d'Italie et deux d'Espagne; ce qui me fera vingt-quatre; je n'ai pas besoin d'un plus grand nombre.

Ce dont j'ai besoin, c'est de compléter les officiers. Faites rejoindre tous les capitaines en second, et tirez de l'école de Metz quarante ou cinquante jeunes gens pour compléter les lieutenants en second.

Faites partir des dépôts tout ce qu'il y a de disponible pour compléter les compagnies à 100 et à 120 hommes. Mon intention est qu'il ne reste à Magdeburg qu'une compagnie française, une à Stettin, une à Küstrin et une à Glogau, et qu'il n'y en ait ni à Danzig ni à Stralsund; ce qui rendra encore quatre compagnies disponibles. Quant au train, envoyez à Strasbourg deux milliers d'hommes, qui y prendront des chevaux et rejoindront de là l'armée. Au moyen de ces précautions, je serai bien en personnel d'artillerie et je n'aurai rien à désirer. L'extraction de France d'un plus grand nombre de compagnies d'artillerie affaiblirait sans raison des points importants de la côte.


Schönbrunn, 30 juillet 1809

A Alexandre, prince de Neufchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn 

Mon Cousin, donnez l'ordre au duc d'Abrantès de prendre le commandement des pays compris entre le Rhin, la Bohême et la Saxe. Les provinces de Hanau, de Würzburg, de Bamberg, de Bayreuth, de Fulde, d'Erfurt, seront sous ses ordres, ainsi que les forteresses de Würzburg, de Forchheim, de Kronach, de Bamberg et d'Erfurt.

Vous lui ferez connaître que je consens que le bataillon du 14e de ligne qui fait partie de la 5e demi-brigade provisoire et le bataillon du 84e qui fait partie de la même demi-brigade, et qui ont leur régiment en Espagne, soient joints à la division Rivaud, en en attachant un à la brigade Lameth et un à la brigade Taupin. Vous donnerez l'ordre au duc de Valmy de diriger sur Bayreuth tous les détachements appartenant aux 14e et 34e qui feraient partie du bataillon de marche de la 2e division militaire, qui sont destinés pour Vienne; ces détachements serviront à compléter ces deux bataillons. Vous ferez connaître également au duc d'Abrantès que, aussitôt que le Tyrol sera soumis, la brigade bavaroise qui est sous ses ordres sera portée à 4,000 hommes d'infanterie et à douze pièces de canon. Vous lui donnerez l'ordre qu'aussitôt que l'expédition anglaise, qui a dû partir le 25 juillet des Dunes, se sera dirigée sur l'Espagne, comme cela est probable, et non sur le Nord, il dirige sur Ratisbonne les 5e, 10e et 18e demi-brigades provisoires. Vous me ferez connaître le jour où elles y arriveront, afin que je donne des ordres pour leur direction sur Vienne. Vous lui donnerez l'ordre d'échanger le matériel et le personnel de son artillerie contre le matériel et le personnel d'artillerie qu'il trouvera à Würzburg. Vous l'autoriserez à employer le général Menard dans la division Rivaud et à le remplacer dans le commandement de la citadelle de Würzburg par le général Lameth.

Vous l'autoriserez à parcourir toutes les places bavaroises du haut Palatinat, pour en tirer des détachements pour renforcer sa brigade bavaroise ou la composer d'anciens soldats. Vous l'autoriserez à tirer de Hanau les six pièces d'artillerie du duché de Berg. Au moyen de ces dispositions, le duc d'Abrantès aura sous ses ordres onze bataillons français, formant 6 à 7,000 hommes, quatre bataillons bavarois formant 4,000 hommes, trois régiments provisoires de dragons français, le régiment de chasseurs du duché de Berg et trente pièces de canon. La division Lagrange reste composée du 65e, qui sera bientôt à 4,000 hommes, et du 4e bataillon du 46e. J'enverrai cette division le joindre, aussitôt que j'apprendrai l'issue de l'expédition du Tyrol. J'attends, pour disposer de la division hollandaise, du régiment d'infanterie du grand-duché de Berg, des troupes saxonnes et du contingent de Westphalie, que je connaisse la direction qu'aura prise l'expédition anglaise; et si, comme je le pense, elle s'est dirigée sur le Midi, je renforcerai le corps du duc d'Abrantès de 5,000 Hollandais, de 3,000 Saxons et de 3 à 4,000 Westphaliens; de sorte que, si les hostilités recommencent, il pourra entrer en Bohême avec 25 à 30,000 hommes et manœuvrer selon les circonstances. Vous lui écrirez que je demande au grand-duc de Hesse-Darmstadt deux bataillons et quatre pièces de canon. Il pourra réunir ces deux bataillons à la division Lagrange, aussitôt qu'elle l'aura rejoint. Vous écrirez à cet effet à Darmstadt pour que le grand-duc complète son contingent et pour qu'il envoie à Bayreuth deux bataillons. Vous laisserez, au duc d'Abrantès la facilité de retirer de la citadelle d'Erfurt le bataillon du prince Primat, en y laissant une garnison suffisante pour être maître de la citadelle. Enfin, les affaires du Tyrol étant finies, je verrai si l'on ne pourrait pas lui donner une brigade wurtembergeoise pour renforcer d'autant son corps d'armée.



P. S. Le major général expédiera ces ordres par un officier qui rapportera des nouvelles de ce qui se passe. Il mandera au duc d'Abrantès qu'il est très-important qu'il envoie fréquemment des courriers pour donner des nouvelles de la Bohême et de Dresde.

Camp impérial de Schönbrunn, 30 juillet 1809

ORDRES

1° - Les inspecteurs, sous-inspecteurs et commissaires des guerres de la Garde impériale seront cantonnés dans les villages avoisinant les camps.

2° - Avant le 4 août, les livrets des soldats seront arrêtés jusqu'au 1er juillet. Tous les objets qui auront été donnés au soldat y seront portés, même ceux donnés en gratification, qui y seront portés pour mémoire.
Les colonels et les majors commandant les différents régiments feront l'inspection des livrets et vérifieront les chiffres de plusieurs.

A dater du 5 août, tous les soldats qui viendront défiler la parade porteront leurs livrets, Sa Majesté voulant les vérifier elle-même. 

3° Des mesures seront prises pour qu'avant le 5 août la solde soit payée jusqu'au 1er juillet.

4° Sa Majesté autorise qu'il soit fait une retenue de trois sous en faveur de la masse de linge et chaussure pour les régiments de tirailleurs et conscrits; ce qui, avec la retenue d'un sou de masse de linge et chaussure, la portera à quatre sous pour les régiments de conscrits de la Garde, et ce, pendant tout le temps qu'ils auront les vivres de campagne et jusqu'à ce que les masses soient complètes.


Vienne, 30 juillet 1809

TRENTIÈME BULLETIN DE L'ARMÉE D'ALLEMAGNE.

Le 9e corps que commandait le prince de Ponte-Corvo a été dissous le 8. Les Saxons qui en faisaient partie sont sous les ordres du général Reynier. Le prince de Ponte-Corvo est allé prendre les eaux.

Dans la bataille de Wagram, le village de Wagram a été enlevé le 6, entre dix et onze heures du malin, et la gloire en appartient tout entière au maréchal Oudinot et à son corps.

D'après tous les renseignements qui ont été pris, la Maison d'Autriche se préparait à la guerre depuis près de quatre ans, c'est-à-dire depuis la paix de Presbourg. Son état militaire lui a coûté, pendant trois années, 500 millions de francs chaque année. Aussi son papier monnaie, qui ne se montait qu'à un milliard de francs lors de la paix de Presbourg, passe-t-il aujourd'hui deux milliards.

La Maison d'Autriche est entrée en campagne avec soixante-deux régiments de ligne, dix-huit régiments des frontières, quatre corps francs ou légions, ayant ensemble un présent sous les armes de 310,000 hommes; cent cinquante bataillons de landwehre, commandés par d'anciens officiers et exercés pendant dix mois, formant 150,000 hommes; 40,000 hommes de l'insurrection hongroise, et 60,000 hommes de cavalerie, d'artillerie et de sapeurs; ce qui a porté ses forces réelles de 5 à 600,000 hommes. Aussi la Maison d'Autriche se croyait-elle sûre de la victoire. Elle espérait balancer les destins de la France, lors même que toutes nos forces auraient été réunies, et elle ne doutait pas qu'elle ne s'avançât sur le Rhin, sachant que la majeure partie de nos troupes et nos plus beaux régiments étaient en Espagne. Cependant ses armées sont aujourd'hui réduites à moins du quart, tandis que l'armée française est double de ce qu'elle était à Ratisbonne.

Ces efforts, la Maison d'Autriche n'a pu les faire qu'une fois. C'est un miracle attaché au papier-monnaie. Le numéraire est si rare, que l'on ne croit pas qu'il y ait dans les États de cette monarchie 60 millions de francs en espèces. C'est ce qui soutient le papier-monnaie, puisque près de deux milliards, qui, moyennant la réduction au tiers, ne valent que 6 à 700 millions, ne sont que le signe nécessaire à la circulation.

On a trouvé dans la citadelle de Graz vingt-deux pièces de canon.

La forteresse de Sachsenburg, située aux débouchés du Tyrol, a été remise au général Rusca.

Le duc de Danzig est entré en Tyrol avec 25,000 hommes. Il a occupé, le 28, Lofer, et il a partout désarmé les habitants. Il doit en ce moment être à Innsbruck.

Le général Thielmann est entré à Dresde.

Le duc d'Abrantès est à Bayreuth. Il a établi ses postes sur la frontière de la Bohême.

Schönbrunn, 30 juillet 1809

Au maréchal Lefebvre, duc de Danzig, commandant le 7e corps de l'armée d'Allemagne

Je reçois au moment même votre lettre du 28 à cinq heures et demie du matin. Je vois que les communes du Taufers se sont soumises; je suis fâché que vous ne les ayez pas punies. Mon intention est que, au reçu de la présente, vous exigiez qu'on vous livre 150 otages pris dans tous les cantons du Tyrol, que vous fassiez piller et brûler au moins six gros villages dans tout le Tyrol et les maisons des chefs, et que vous déclariez que je mettrai le pays à feu et à sang, si l'on ne me rapporte pas tous les fusils, et au moins 18,000, et autant de paires de pistolets que je sais y exister. Vous ferez conduire les 150 otages, sous bonne et sûre escorte, dans la citadelle de Strasbourg. Lorsque j'ai fait mon armistice, ç'a été principalement pour soumettre le Tyrol. Je crains, après ce qui est arrivé à Taufers, que vous vous laissiez duper par cette canaille, qui, lorsque vous aurez le dos tourné, recommencera de plus belle. On a massacré dans le Tyrol des Français et des Bavarois; il faut en tirer vengeance et faire des exemples sévères. Quant aux Autrichiens, je vous ai fait connaître mes intentions. Ils doivent avoir connaissance de l'armistice; ce sont des gens d'une insigne mauvaise foi; ils n'ont que trop de relations avec le quartier général autrichien. Pas de parlementage ! S'ils n'évacuent pas promptement le pays, faites-les arrêter. Ce sont des espèces de brigands; ils ont autorisé les massacres. Ordonnez donc que 150 otages vous soient remis, qu'on vous livre les plus méchants et tous les fusils, au moins jusqu'à la concurrence de 18,000. Faites la loi que toute maison dans laquelle un fusil sera trouvé sera rasée; que tout Tyrolien sur lequel un fusil sera trouvé sera passé par les armes. La clémence et la miséricorde ne sont pas de saison avec ces brigands. Vous avez des forces dans les mains, soyez terrible, et agissez de manière qu'on puisse retirer du Tyrol une partie de vos troupes, sans avoir à craindre qu'ils recommencent de plus belle. Il faut qu'il y ait six gros villages pillés et brûlés, mais de manière qu'il n'en reste pas de vestiges et qu'ils soient un monument de la vengeance envers ces montagnards. Mon officier d'ordonnance l'Espinay vous a porté mes ordres. Il me tarde d'apprendre que vous ne vous êtes pas laissé attraper et que vous n'avez pas rendu nul mon armistice; car, le principal avantage que j'ai voulu en tirer, c'est de profiter des six semaines qu'il me donne pour soumettre le Tyrol. Envoyez des colonnes sur Brixen.

(Lecestre)


Schönbrunn, 31 juillet 1809.

Au général comte Bertrand, commandant le génie militaire de l'armée d'Allemagne, à Vienne

Monsieur le Général Bertrand, vous ne me rendez pas compte de la place de Klagenfurt. Cependant la communication est ouverte depuis longtemps. Le temps se passe et rien ne se fait pour la mise en état de défense de cette place que je regarde comme importante.

(même lettre au général comte de La Riboisière, commandant l'artillerie de l'armée)