Schönbrunn, 14 mai 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne

Mon Cousin, donnez ordre au duc d'Istrie d'envoyer le général Montbrun avec la brigade Jacquinot et la brigade Piré à  Bruck, à  neuf lieues de Vienne, pour couper la route de Presbourg en Italie et couvrir tout le pays entre le lac de Neusiedl et le Danube, ce qui fait un espace de six lieues. Ces brigades auront sur leur gauche la brigade Marulaz, qui longe le Danube, laquelle pourra rester en seconde ligne pour se porter au secours des deux premières; de sorte que le duc de Rivoli pourra partir avec cette brigade sans découvrir l'm'mée d'aucun côté. Il est nécessaire que celte position soit prise demain. La brigade Colbert, qui est à  Neustadt, recevra l'ordre de couvrir depuis le lae jusqu'à  Neustadt et de se lier avec les partis du aimeraI Montbrun. En cas d'événement extraordinaire, le général Montbrun donnera des ordres à  ces quatre brigades. l,a division Nan­ souty sera cantonnée à  Laxenburg, et la division Espagne à  Himberg. Le général Montbrun correspondra avec ces deux généraux, dont il eouvrira les cantonnements, et par lesquels il pourra être soutenu à  tout événement. Par ee moyen, nous serons couverts de tous côtés. Ileeommandez au général Colbert de pousser des partis jusqu'au pied de la montagne qui va à  Leoben. Aussitôt que le général Bruyère sera arrivé, il sera placé au même lieu, à  Bruck, sous les ordres du gé­ néral Montbrun. Il doit venir par Altenmarkt. La brigade badoise, eommandée par le général Lauriston, se mettra en marche par Med­ ling, pour venir à  sa rencontre sur Altenmarkt et dissiper les attrou­ pements de paysans.


Quartier impérial de Schönbrunn, 14 mai 1809.

ORDRE DU JOUR.

L'Empereur voit avec peine les désordres qui se commettent en arrière de l'armée; ils deviennent tels, qu'ils doivent fixer toute son attention. De mauvais sujets cherchent à  déshonorer l'armée, et, au lieu de se trouver à  leurs drapeaux et devant l'ennemi, ils restent en arrière, où ils commettent toute espèce d'excès, et même des crimes.
Sa Majesté ordonne aux généraux-gouverneurs, commandant les provinces, de former sur-le-champ des colonnes mobiles, composées chacune d'un adjudant commandant ou colonel, d'un chef d'escadron, d'un capitaine d'infanterie, d'un officier de gendarmerie faisant fonc­ions de rapporteur, d'un magistrat du pays.

Ces officiers formeront autant de commissions militaires qu'il y a de colonnes mobiles.

La première de ces commissions étendra sa juridiction sur le cercle de Vienne; la deuxième, sur le cercle de Saint-Pölten; la troisième, sur le cercle de Steyr; la quatrième, sur le cercle de Linz; la cin­quième, sur le cercle d'Untermanhartsberg.

A la suite de ces commissions et sous les ordres de l'adjudant commandant, il Y aura trois brigades de gendarmerie, de 60 hommes à  cheval et 90 hommes d'infanterie. Chaque détachement de cavalerie sera commandé par un chef d’escadron et chaque détachement d'infanterie le sera par un capitaine. Chaque détachement a~ra le nombre d'officiers prescrit par les règlements militaires en raison de sa force.

Tout traîneur qui, sous prétexte de fatigue, se sera détaché de son corps pour marauder, sera arrêté, jugé par une commission militaire et exécuté sur l'heure.
L'adjudant commandant de chaque colonne mobile rendra compte tous les jours au major général du lieu où il se trouvera et des opérations de la commission.
Ces colonnes, qui seront fortes de plus de 150 hommes, se diviseront en autant de petites patrouilles que l'adjudant commandant jugera convenable, afin de se porter partout où besoin sera.

Auprès de chaque commission il y aura un magistrat de cercle.

Chaque commission se rendra sur tous les points où elle jugera sa présence nécessaire, dans l'arrondissement du cercle.

Le présent ordre du jour sera affiché dans toutes les villes et villages sur la route de Strasbourg à  Vienne, et lu aux différents régiments et détachements qui passeront. Il en sera remis un exemplaire à  chaque commandant de troupes de passage.


Camp impérial de Schönbrunn 14 mai 1809.

ORDRE.

1° La milice dite landwehr est dissoute.

2° Une amnistie générale est accordée à  tous ceux de ladite milice qui se retireront dans leurs foyers dans le délai de quinze jours, au plus tard, après l'entrée de nos troupes dans les pays auxquels ils appartiennent.

3° Faute par les officiers de rentrer dans ledit délai, leurs maisons seront brûlées, leurs meubles et leurs propriétés confisqués.

4° Les villages qui ont fourni des hommes à  la milice dite landwehr sont tenus de les rappeler et de livrer les armes qui leur ont été remises.

5° Les commandants des diverses provinces sont chargés de prendre les mesures pour l'exécution du présent ordre.


Quartier général de Schönbrunn, 14 mai 1809.

ORDRE POUR LES SUBSISTANCES DANS LES ETATS DE LA CONFEDERATION OCCUPES PAR LES ARMEES FRANCAISES

L'Empereur, voulant déterminer d'une manière précise les fournitures dues aux troupes, afin que les bourgmestres et autres agents des pays, préposés à  cet effet, puissent y pourvoir d'une manière régulière et uniforme;

Voulant, en outre, faire connaître aux militaires ce qu'ils ont droit de demander, et aux habitants ce qu'ils ont à  fournir, afin d'éviter des refus ou des demandes exagérées, d'où naissent souvent des plaintes et des mécontentements réciproques,

Ordonne:

ARTICLE 1er. - Les troupes seront nourries dans leurs logements, d'après l'ancien usage établi en Allemagne; l'officier à  la table de son hôte, ainsi qu'il a été ordonné dans les campagnes précédentes.

Les sous-officiers et soldats recevront, indépendamment de leurs rations de pain (de sept hectogrammes et demi ou vingt-quatre onces) :

Au déjeuner, la soupe et l'eau-de-vie (un seizième de pinte) ;

Au dîner, la soupe, dix onces de viande, légumes et un demi-pot de bière ou vin;

Au souper, des légumes et le demi-pot de bière ou vin.

Ainsi la ration du soldat se composera de vingt-quatre onces de pain de munition, quatre onces de pain de soupe, seize onces de viande, deux onces de riz ou quatre onces de légumes secs, un seizième de pinte d'eau-de-vie, une pinte de bière ou une bouteille de vin, selon le pays.

ART. 2. - MM. les officiers généraux surveilleront l'observation du régime prescrit ci-dessus, et puniront les contrevenants au présent ordre, lorsque les autorités locales dénonceront les abus.

ART. 3. - Les habitants fourniront aux troupes françaises des vivres et boissons de bonne qualité, afin de prévenir les contestations qui résulteraient de l'inobservation des règles prescrites pour la fixation de la nourriture de l'armée.

ART. 4. - MM. les officiers et les corps de toutes armes, ainsi que les administrateurs militaires, continueront à  recevoir le nombre de rations de fourrage fixé par le tarif arrêté le 15 prairial an XII par le ministre directeur de l'administration de la guerre.

La ration de fourrage sera composée ainsi qu'il est ordonné par l'arrêté du Gouvernement du 19 germinal an x.

Ces deux arrêtés relatifs aux fourrages seront rapportés à  la suite du présent ordre.

ART. 5. - Conformément à  la décision du 6 avril 1809, MM. les officiers généraux, adjudants commandants, aides de camp, officiers d'état-major, colonels et chefs d'escadron de cavalerie, recevront, dans les quartiers ou cantonnements fixes, et quand il y aura des magasins formés, les rations de fourrage pour le nombre de chevaux qu'ils auront et dont l'existence sera constatée par les revues de MM. les inspecteurs aux revues, pourvu toutefois que ce nombre de chevaux n'excède pas la moitié en sus de celui déterminé par la loi.

Ainsi celui à  qui il est attribué huit rations de fourrage et qui justifiera par revue avoir douze chevaux pourra recevoir douze rations, et celui qui a droit à  trois rations et qui justifiera, aussi par une revue, avoir cinq chevaux recevra un pareil nombre de rations, parce qu'il ne serait pas possible de nourrir le cinquième cheval avec une demi­ ration.

ART. 6. - Les chevaux de réquisition sont exclusivement affectés au transport des subsistances, munitions de guerre, effets d'habillement, équipages des corps, effets d'hôpitaux, à  l’évacuation de malades et convalescents.

ART. 7. - Il n'est dû ni voiture ni chevaux pour le service personnel des militaires, fonctionnaires militaires, officiers de santé et employés d'administration, auxquels il est accordé des rations de fourrage pour chevaux de selle et de fourgon. A l'égard des officiers, et autres, envoyés en mission ou porteurs d'ordres d'urgence, le Gouvernement leur allouant des frais de poste, ils ne peuvent plus prétendre à  aucune fourniture de chevaux de réquisition.

ART. 8. - Les commissaires des guerres qui auraient ordonné des fournitures au delà  des proportions indiquées, ou qui auraient fait fournir des moyens de transport dans les cas non prévus par le présent ordre, et ceux qui les auraient fait continuer, en demeure­ront personnellement responsables.


Schönbrunn, 14 mai 1809.

DÉCISION

M. de Stichaner, commissaire général du roi de Bavière au cercle du bas Danube, expose à l'Empereur que l'ordre de détruire le faubourg Saint-Nicolas à Passau entraîne la démolition des bâtiments des salines royales. M. de Stichaner supplie l'Empereur d'épargner ces bâtiments, dont la destruction serait une perte sensible pour le Gouvernement et pour les habitants de la ville.

Renvoyé au major général pour répondre que la sûreté de la place va avant tout. Passau doit être fortifié, non pour le moment, mais pour toujours, la Bavière ne pouvant avoir une place mieux située. Je suis mécontent des habitants; ce sont ceux de la Bavière les moins opposés aux Autrichiens. Ils n'auraient pas montré la vigueur nécessaire pour repousser les mauvais citoyens.


Schönbrunn, 14 mai 1809

A Barbier (Antoine Alexandre Barbier - 1765-1825. Bibliothécaire de Napoléon depuis 1807)

L'Empereur a trouvé sa bibliothèque mal organisée.

Il y a beaucoup de livres inutiles. De ce nombre sont les ouvrages suivants, que Sa Majesté a fait ôter de la bibliothèque: les Oeuvres de Parny, 5 volumes in-12; les Oeuvres de Bertin, 2 volumes in-12, petit format; le Théâtre des Auteurs du deuxième Ordre, 8 volumes in-12; les Discours sur Tacite et Salluste, 4 volumes in-12; les Vies des célèbres marins, 12 volumes in-12, petit format ; les Lettres de Dupaty sur l'Italie, 3 volumes in-12 ; Les trois règnes de la nature, de Delille, 2 volumes in-12; l'histoire de Jovien, 2 volumes in- 12 ; les Lettres de Madame de Sévigné, 11 volumes in-12 ; les Bucoliques, 1 volume in-12 ; les Morceaux choisis de Buffon, 1 volume in-12; les Mémoires de La Rochefoucauld, 1 volume in-12 ; les Souvenirs de Madame de Caylus, 1 volume in-12, petit format; la Bible de Cologne, 1 volume in-12; l'Iliade, 2 volumes in-12; le Tasse, 2 volumes in-12 ; le Camoëns, 3 volumes in-12 ; l'Enéide, 4 volumes in-12;  le Milton, 3 volumes in-12.

Les six derniers ouvrages sont à échanger contre une Bible de Sacy, in-12; une Iliade, petit in-12; un Tasse, petit in-12, italien et français; un Camoëns, petit in-12; une Enéide, en prose, petit in-12; un Milton, en prose, petit in-12.

L'Empereur veut qu'aucun des ouvrages de poésie et de littérature ne soit in-12. Ce format doit être réservé seulement pour l'histoire et pour les chroniques.

La collection des romans grecs est d'un trop grand format. La Bible de Cologne est d'un caractère illisible.

L'Enéide et le Milton sont en vers; Sa Majesté en désire des traductions en prose.

Onze volumes de Mme de Sévigné occupent trop de place; il faudrait trouver un choix de ses lettres en petit format.

Tous les autres livres sont rejetés comme inutiles.

Voici les livres que Sa Majesté désire que M. Barbier envoie pour les remplacer : un Tacite en français, in-12; un Gibbon, in-12 ; un Diodore de Sicile, in-12 ; le poème de La Pitié, petit in-12 ; un Gil Blas, petit in-12.

Les Mémoires de Retz sont d'un très-vilain papier et d'une mauvaise impression; il faudrait les changer contre quelque chose de mieux.

En résumé, il faut renvoyer les ouvrages suivants:

un Tacite en français; 2.- un Gibbon; 3.- un Diodore de Sicile ; 4.- les Mémoires de Retz; 5.- un choix de Lettres de Madame de Sévigné; 6.- une Bible de Sacy; ces six ouvrages in-12; 7.- une Iliade; 8.- une Enéide en prose; 9.- un Tasse, italien et français; 10.- un Camoëns; 11.- un Milton, en prose; 12.- un choix des romans grecs; 13.- un Gil Blas; 14.- le poème de La Pitié.

Tout cela (à partir du 7.-) dans le plus petit format possible.

Par ordre de l'Empereur, Méneval.


Schönbrunn, 14 mai 1809

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Vous recevrez le décret par lequel j'ai ordonné le séquestre et la confiscation, dans les États de la Confédération du Rhin, des biens des ci-devant princes et comtes de l'Empire qui ne se sont pas con­formes aux dispositions des articles 7 et 31 de l'acte de la Confédération, et spécialement de ceux qui sont restés au service d'Autriche. Je comprends dans cette mesure les Stadion, les Metternich, les Liechtenstein, les Sinzendorf, les Fürstenberg, etc.; ainsi elle doit produire des sommes considérables.

Il faut que tous mes ministres soient chargés de faire la recherche des individus et des propriétés auxquels cette mesure s'applique; qu'ils s'entendent avec les commissaires que les princes de la Con­fédération doivent nommer, et qu'ils veillent à mes intérêts, et sur­tout qu'ils correspondent exactement avec vous sur cet objet. Chargez quelqu'un dans vos bureaux de suivre spécialement cette affaire.

(Lecestre)


Schönbrunn, 14 mai 1809

Au comte Fouché, ministre de la police général, à Paris

Je reçois votre lettre du 7 mai. La nouvelle de la Prusse jusqu’à cette heure paraît controversée. Schill est un brigand ; au moins les apparences sont qu’il n’est pas approuvé.

(Brotonne)


Schönbrunn, 14 mai 1809

A Elisa Napoléon, Grnde-Duchesse de Tosacane, à Florence

Je vois dans une de vos lettres que vous envoyez des rapports au ministre d’État Regnaud, pour m’être remis. Je ne sais ce que veux dire cette marche. Regnaud ne travaille pas avec moi. Vous ne devez vous adresser qu’aux ministres qui me présenteront vos rapports dans leur travail et non aux conseillers d’État qui n’ont rien à y faire.

(Brotonne)


Schönbrunn, 15 mai 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l'armée d'Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, je ne sais ce que les 11e et 12e chasseurs font à Passau; donnez-leur l'ordre de rejoindre sans délai à Vienne.

Je ne sais pourquoi on a laissé à  Wels une compagnie de voltigeurs et une de fusiliers du 105e; donnez ordre qu'elles rentrent. Donnez ordre au général Saint-Hilaire de faire reformer les compagnies de voltigeurs du 72e et du 105e et les compagnies du 105e qui ont été perdues, de faire nommer à toutes les places vacantes d'officiers et de sous-officiers; tous ceux qui sont prisonniers seront portés à la suite. En réponse à son rapport, vous 1ui ferez connaître que je suis mécontent des dispositions qui ont été prises. D'abord, on n'a pas envoyé un chef élevé en grade pour diriger l'opération; secondement, une réserve de 100 hommes avec dix mille cartouches aurait dû être placée dans la maison et n'en jamais sortir; avec cette réserve, on n'aurait eu rien à craindre. Tout cela a été fort mal dirigé.

Ecrivez au duc de Valmy de ne pas détourner les différents détachements de chasseurs et de hussards de la route qu'a tracée le ministre de la guerre d'après mes ordres; qu'il ne doit composer le corps de Hanau que des troupes que j'y ai destinées; que du reste il conservera le commandement de ce corps de réserve, mais qu'il ne dérange en rien la marche de l'armée ; qu'il y a dans le Nord plus de troupes qu'il n'en faut; que tout ce qu'on dit des Prussiens est controuvé; que le principal est de faire beaucoup de tapage, et de faire croire qu'il y a un corps de 60,000 hommes; qu'il peut revenir à Strasbourg en laissant le général Rivaud, et après s'être assuré que toutes les mesures pour l'organisation du corps sont prises et s'exécutent; que l'inspecteur aux revues, l'ordonnateur et le payeur de la 26e division militaire rempliront les fonctions d'inspecteur aux revues, d'ordonnateur et de payeur du corps de Hanau, et le général Royer celles de chef d'état-major.

Donnez ordre que le général Grandjean remplace le général Tharreau dans le commandement de sa division.


Schönbrunn, 15 mai 1809, huit heures du matin

Au général comte Lauriston, commandant les troupes détachées du 4e corps, en route sur Altenmarkt (brigade de Bade et brigade de Hesse-Darmstadt)
Monsieur le Général Lauriston, vous trouverez ci-joint une lettre du général Bruyère. Il parait par cette lettre qu'il n'y a rien à  Altenmarkt. Envoyez un détachement pour désarmer le pays et le réduire à l'obéissance. N'étant plus obligé de vous porter en force sur Altenmarkt, le général Bruyère pourra profiter des services du duc d'Auerstaedt. Donnez-lui ordre de renvoyer par Altenmarkt sur Vienne la plus grande partie de sa cavalerie, qui est inutile dans ces montagnes, en gardant simplement 200 à 300 chevaux pour poursuivre l'ennemi. Portez-vous partout où vous saurez qu'il y aurait un corps ou rassemblement de landwehr, surtout dans la direction de Neustadt à Leoben. Mais aussitôt que Altenmarkt, la vallée de la Schwem seront purgés d'ennemis, que vous aurez désarmé Baden et les environs, rendez-vous à Neustadt, où vous pourrez recevoir mes ordres.

P. S. Vous trouverez ci-joint une lettre du général Colbert.

Comme vous deviez avoir trois régiments badois, il me semble que vous pourrez faire face à la fois aux deux expéditions. Envoyez un de vos trois régiments avec le détachement de cavalerie qu'a envoyé le général Colbert pour dissiper les rassemblements en avant d'Altenmarkt, dont parle le général Bruyère, et portez-vous avec vos deux autres régiments, pour soumettre le pays, sur les sommités des montagnes entre Leoben et Neustadt.


Schönbrunn, 15 mai 1809, dix heures du matin.

Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Saint-Pölten

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 14. Le général Lauriston, avec 6,000 Badois, marche sur Altenmarkt et se met en communication avec le général Bruyère, auquel il donnera ordre de renvoyer sa brigade à Vienne, en gardant seulement 200 chevaux pour son expédition de Maria-Zell, mais comme il est moins propre que tout autre à cette expédition, qui est une affaire d'infanterie, chargez-en 1a brigade de Bade et celle de Hesse-Darmstadt.

Chargez-vous de la faire faire. Envoyez quatre ou cinq bataillons avec deux pièces de canon, 200 chevaux et un officier intelligent, capable de dissiper tout ce qui se trouve à  Maria-Zell.

J'ai lu avec bien de la peine le rapport du major ..... Cet homme est un fou auquel il ne faut pas donner le commandement d'une expédition en chef. Ses expéditions n'ont pas le sens commun. C'est en jouant ainsi la vie des hommes qu'on perd la confiance des soldats. Je ne veux point de poste à  Mauthausen; je n'en veux nulle part qu'à  Linz et à  droite et à  gauche des routes, pour' former un système. Les autres postes doivent être sur la rive droite, vis-à-vis ceux-là.

L'opinion de ce pays-ci est que le prince Charles cherche à  donner une bataille; il faut donc tenir vos troupes reposées pour pouvoir vous porter partout où il serait nécessaire. Ayez toujours trois ou quatre jours de pain; ne harcelez pas vos troupes par des fatigues inutiles.

Le prince de Ponte-Corvo s'est mis en marche, le 14, de Passau pour Linz; il y arrive donc ce soir. J'ai joint à  son commandement la division Dupas, ce qui lui forme un corps assez considérable, et je lui donne l'ordre de faire une forte reconnaissance en Bohême.

Onze heures du matin.

P. S. Je suppose que le régiment français que vous aviez à  Linz et celui que vous aviez à  Enns sont tout réunis, et que votre corps d'armée se trouve tout entier dans votre main, entre Melk et Saint-­Pölten. Si l'ennemi tentait de passer le Danube à Krems, il faudrait en prévenir aussitôt le général Demont, qui est avec sa division à Klosterneuburg.


Schönbrunn, 15 mai 1809. Onze heures du matin.

Au maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, commandant le 9e corps de l'armée d'Allemagne, à Linz

Mon Cousin, je vois par votre dernière lettre de Passau qu'aujourd'hui 15, vous arrivez à Linz, et que votre corps d'armée y sera entièrement réuni demain, 16. Je vois que vous avez 3,000 hommes de cavalerie, 17,000 hommes d'infanterie et quarante-huit pièces de canon; ce qui fait un corps de 22,000 hommes. Le général Vandamme a à  Linz, ou en avant de cette ville, 1,000 hommes de cavalerie et 8,000 hommes d'infanterie avec une vingtaine de pièces de canon. Ainsi, réuni avec ce corps, vous auriez plus de 30,000 hommes. Le major général vous enverra ce soir des ordres de mouvement pour entrer en Bohême. Visitez les ouvrages de la tête de pont de Linz et veillez à  ce qu'ils soient dans le meilleur état possible.

Complétez votre approvisionnement de cartouches et de munitions de guerre. Je compte que dans la journée du 17 mon pont sera jeté sur le Danube, et que je pourrai passer sur la rive gauche. Votre mouvement va donc se coordonner avec celui des autres corps de l'armée.

Je suppose que vous avez laissé à Passau le général de division Rouyer avec une division de 6,000 hommes; cela est très-important. Passau est un centre d'opération, un dépôt de magasins et de parcs, et pour rien au monde je ne veux le perdre.

Aussitôt que nous serons réunis, j'augmenterai la division Dupas d'un ou deux régiments.


Schönbrunn, 15 mai 1809, onze heures du matin.

Au général comte Andréossy, gouverneur de Vienne

L'intention de Sa Majesté, Monsieur le Général Andréossy, est que la garde nationale de Vienne soit portée au nombre de 6,000 hommes, y compris un escadron de 200 hommes à cheval. On disposera pour le service de cette garde de 1,500 fusils et 1,500 piques. Il y aura moitié fusils et moitié piques pour armer les hommes de garde. Les armes seront mises en dépôt, où les hommes commandés de service les prendront.

L'Empereur ordonne que l'on procède sur-le-champ à former un corps de gendarmerie, tel qu'il a été formé en 1805 par l'ordre en date du ..... Quant aux fusils de chasse, les propriétaires sont tenus d'en faire la déclaration. Vous ferez un rapport pour en faire connaître la quantité, et Sa Majesté décidera.

A l'égard des armes de guerre commandées par le gouvernement autrichien, leur fabrication sera continuée d'après les ordres du commandant de l'artillerie française, non-seulement pour nous procurer des armes, mais encore pour faire travailler les ouvriers. Bien entendu que tous les marchés sont subrogés au commandant de l'artillerie.
L'ancienne régence sera sur-le-champ remise en place. L'intendant général nommera près d'elle un commissaire français.

Il sera formé sans délai une commission des États, qui sera en gouvernement et en permanence, pour pourvoir à tous les besoins de l'armée ainsi qu'à ceux du pays.
L'intendant général nommera près la commission des Etats un commissaire français. Vous ferez faire à cette commission une proclamation dont l'objet sera de faire rentrer dans leurs foyers les landwehr, et de faire connaître les intentions de l'Empereur et la protection qu'il accorde au peuple. Vous verrez l'archevêque, et vous lui ferez faire un mandement pour le même objet, et vous ferez répandre ces actes avec profusion.

Sa Majesté désire que vous formiez un comité de police composé de trois membres, un de l'ancienne police, un français et un autre qu'on nommera. Faites rétablir les anciens journaux, dans la même forme et avec les mêmes titres, en supprimant les armes et ce qui est personnel à la Maison d'Autriche. La première chose à  mettre dans les journaux ce sont les bulletins, proclamations, ordres du jour, moins les phrases de circonstance qui pourraient humilier la nation, mais en ayant soin d'y laisser démasquer la conduite des princes de la Maison d'Autriche.

Le prince de Neuchâtel, major général. (Pour ces importantes dispositions, on n'a pas trouvé l'ordre direct de l'Empereur.)


Quartier impérial de Schönbrunn, 15 mai 1809.

PROCLAMATION AUX HONGROIS.

Hongrois ! L'Empereur d'Autriche, infidèle à ses traités, méconnaissant la générosité dont j'avais usé envers lui après trois guerres consécutives, et notamment celle de 1800, a attaqué mes armées. J'ai repoussé cette injuste agression. Le Dieu qui donne la victoire et qui punit l'ingrat et le parjure a été favorable à mes armes : je suis entré dans la capitale de l'Autriche et je me trouve sur vos frontières. C'est l'empereur d'Autriche, et non le roi de Hongrie, qui m'a déclaré la guerre; par vos constitutions, il n'aurait pu le faire sans votre consentement. Votre système constamment défensif et les mesures prises par votre dernière diète ont fait assez connaître que votre voeu était pour le maintien de la paix.

Hongrois ! Le moment est venu de recouvrer votre indépendance.

Je vous offre la paix, l'intégrité de votre territoire, de votre liberté et de vos constitutions, soit telles qu'elles ont existé, soit modifiées par vous-mêmes, si vous jugez que l'esprit du temps et les intérêts de vos concitoyens l'exigent. Je ne veux rien de vous, je ne désire que vous voir nation libre et indépendante. Votre union avec l'Autriche a fait votre malheur. Votre sang a coulé pour elle dans des régions éloignées, et vos intérêts les plus chers ont été constamment sacrifiés à  ceux de ses états héréditaires. Vous formiez la plus belle partie de son empire, et vous n'étiez qu'une province toujours asservie à des passions qui vous étaient étrangères. Vous avez des moeurs nationales, une langue nationale; vous vous vantez d'une illustre et ancienne origine : reprenez donc votre existence comme nation. Ayez un roi de votre choix, qui ne règne que par vous, qui réside au milieu de vous, qui ne soit environné que de vos citoyens et de vos soldats. Hongrois ! Voilà  ce que vous demande l'Europe entière qui vous regarde; voilà  ce que je vous demande avec elle. Une paix éternelle, des relations de commerce, une indépendance assurée, tel est le prix qui vous attend, si vous voulez être dignes de vos ancêtres et de vous-mêmes.

Vous ne repousserez pas ces offres libérales et généreuses, et vous ne voudrez pas prodiguer votre sang pour des princes faibles, toujours asservis à des ministres corrompus et vendus à l'Angleterre, à cet ennemi du continent, qui a fondé ses prospérités sur le monopole et sur nos divisions.

Réunissez-vous en diète nationale dans les champs de Rakos, à la manière de vos aïeux, et faites-moi connaître vos résolutions.

NAPOLÉON.


Schönbrunn, 16 mai 1809

Au maréchal Masséna, duc de Rivoli, commandant le 4e corps de l'armée d'Allemagne

L'Empereur, Monsieur le duc de Rivoli, apprend que le Danube n'est pas gardé, et la position qu'occupe l'ennemi exige la plus grande surveillance. Il faut au moins un bataillon de service au pont brûlé sur la rive droite; il faut éclairer toute la rive avec des postes d'infanterie et de cavalerie; enfin il faut la plus grande surveillance, pour avoir connaissance de tout ce que fait l'ennemi et l'empêcher de rien entreprendre.

L'Empereur, Monsieur le Duc, désire que vous m'envoyiez par mon aide de camp des nouvelles de ce qui se passe. On dit que l'ennemi a des postes dans l'île en face de Leopoldstadt. Envoyez-moi également ce soir l'emplacement de tout votre corps d'armée.


Schönbrunn, 16 mai 1809, deux heures après midi.

Au général Vandamme, commandant les troupes wurtembergeoises (8e corps), à Linz

Du moment que les premières troupes du prince de Ponte-Corvo seront arrivées, Général, l'Empereur ordonne que vous partiez avec 6,000 hommes d'infanterie, un régiment de cavalerie et six pièces de canon, pour vous porter sur Steyr et dissiper les rassemblements qui se forment de ce côté. Vous êtes déjà  instruit de ces rassemblements par l'avant-garde que vous avez de ce côté et qui vous envoie ses rapports.


Schönbrunn, 17 mai 1809.

NOTE POUR LE COMTE DE CHAMPAGNY, MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES, A VIENNE.

L'intention de l'Empereur est de faire communiquer au Sénat, du 5 au 10 juin, avec un rapport du ministre des relations extérieures, les deux décrets ci-joints pris par Sa Majesté au sujet des Etats du Pape.

Sa Majesté désire que ce rapport développe les motifs établis dans les considérants; qu'il prouve que lorsque Charlemagne fit les papes souverains temporels, il voulut qu'ils restassent vassaux de l'Empire; qu'aujourd'hui, loin de se croire vassaux de l'Empire, ils ne veulent même pas en faire partie; que Charlemagne, dans sa générosité envers les papes, eut pour but le bien de la chrétienté, et qu'aujourd'hui ils prétendent s'allier avec les Protestants et les ennemis de la chrétienté; que le moindre inconvénient qui résulte de semblables dispositions est de voir le chef de la religion catholique en négociation avec les Protestants, lorsque, d'après les lois de l'Eglise, il devrait s'éloigner d'eux et les excommunier (il y a sur cet objet une prière qui se récite à Rome).

Les armées françaises sont à Naples et dans la haute Italie; elles se trouvent coupées par les États du Pape. La première pensée de Sa Majesté fut de laisser au Pape sa puissance temporelle, ainsi que l'avait fait Charlemagne, en lui demandant de contracter, comme souverain, une alliance offensive et défensive avec le royaume de Naples et celui d'Italie, pour l'intérêt de la presqu'île. Le Pape refusa. Il aurait alors fallu se résoudre à voir les Anglais se placer entre les armées françaises de Naples et d'Italie, couper leurs communications, établir à Rome le centre de leurs complots, et cette ville devenir le refuge des brigands suscités ou vomis par les ennemis de Sa Majesté dans le territoire de Naples. De là  vint la nécessité de l'occupation militaire de Rome.

Cette mesure indispensable excita des réclamations sans fin et des hostilités permanentes, contre le prince le plus puissant de la chrétienté, par le chef de la religion. Ce n'était pas comme chef de la religion que le Pape s'élevait contre les mesures de prudence adoptées par une nation catholique, c'était comme souverain; et on ne tarda pas à voir le pouvoir spirituel, influencé par les ennemis de l'Église romaine, soutenir l'autorité temporelle. Il en résulta une source d'inquiétudes et des germes de dissensions dans l'intérieur même des vastes états de Sa Majesté.

Pour couper court à ces discussions, si contraires au bien de la religion, si contraires au bien de l'Empire, Sa Majesté n'a qu'un seul moyen, c'est de révoquer la donation de Charlemagne et de réduire les papes à ce qu'ils doivent être, en mettant le pouvoir spirituel à l'abri des passions auxquelles l'autorité temporelle est sujette. Jésus-Christ, né du sang de David, ne voulut point être roi. Pendant des siècles les fondateurs de notre religion n'ont point été rois. Il n'est aucun docteur, aucun historien de bonne foi qui ne convienne que la puissance temporelle des papes a été funeste à  la religion. Si des dissensions ont si longtemps agité l'intérieur de la France, la cause en était, non dans le pouvoir spirituel, mais dans le pouvoir temporel de Rome. Si de grandes nations se sont séparées de l'Église, la cause en était encore dans l'abus du pouvoir de Rome. Lorsqu'un Jules donnait ses armées pour couper la retraite à Charles VIII, ce n'était pas pour l'intérêt des papes comme pontifes, mais pour l'intérêt des papes comme souverains. De cette confusion de l'un et l'autre pouvoir, de cet appui qu'ils se prêtaient réciproquement pour favoriser leurs usurpations mutuelles, naquit la nécessité où se trouvèrent nos ancêtres d'établir les libertés de l'Eglise gallicane, et naît aujourd'hui celle de séparer ces deux pouvoirs.

Dans le dernier siècle, le moyen, souvent employé, de mettre les papes à la raison, fut de s'emparer d'Avignon. On voyait sans cesse à Rome les intérêts de l'Église, ces intérêts qui devraient être immuables et indépendants de toute considération terrestre, négligés par des considérations d'intérêt temporel. Le pape, comme chef de la chrétienté, doit avoir dans tout le monde chrétien une égale influence, et cependant cette influence doit varier au gré des circonstances et de la politique des États. Aucun intérêt personnel ne devrait gêner les affaires spirituelles. Et comment ne les gênerait-il pas, lorsque le pape souverain et le pape pontife peuvent avoir des intérêts contraires ? "Mon empire n'est pas de ce monde " a dit Jésus-Christ, et par cette doctrine il condamnait à jamais tout mélange des intérêts de la religion et des affections mondaines.

L'intérêt de la religion et celui des peuples de France, d'Allemagne, d'Italie, ordonnent également à Sa Majesté de mettre un terme à cette ridicule puissance temporelle, faible reste des exagérations des Grégoire, etc., qui prétendaient régner sur les rois, donner des couronnes et avoir la direction des affaires de la terre comme de celles du ciel. Que, dans l'absence des conciles, les papes aient la direction des choses de l'Église, en tant qu'elles ne touchèrent pas aux libertés de l'Eglise gallicane, à  la bonne heure; mais ils ne doivent se mêler ni des armées ni de la police des Etats. S'ils sont les successeurs de Jésus-Christ, ils ne peuvent exercer d'autre empire que celui qu'ils tiennent de lui, et son empire n'était pas de ce monde.

Si Sa Majesté ne fait pas ce que seule elle pourrait faire, elle laissera à  l'Europe des semences de discussions et de discordes. La postérité, en la louant d'avoir rétabli le culte et relevé les autels, la blâmera d'avoir laissé l'Empire, c'est-à-dire la plus grande majorité de la chrétienté, exposé à l'influence de ce mélange bizarre, contraire à la religion et à la tranquillité de l'Empire. Cet obstacle ne peut être surmonté qu'en séparant l'autorité temporelle de l'autorité spirituelle, et en déclarant que les États du Pape font partie de l'Empire français.


DÉCRET.

NAPOLÉON, Empereur des Français, Roi d'Italie, Protecteur de la Confédération du Rhin, etc.

Considérant que lorsque Charlemagne, empereur des Français et notre auguste prédécesseur, fit donation de plusieurs comtés aux évêques de Rome, il ne les leur donna qu'à  titre de fiefs et pour le bien de ses États, et que par cette donation Rome ne cessa pas de faire partie de son empire;

Que, depuis, ce mélange d'un pouvoir spirituel avec une autorité temporelle a été, comme il l'est encore, une source de discussions, et a porté trop souvent les pontifes à  employer l'influence de l'un pour soutenir les prétentions de l'autre; qu'ainsi les intérêts spirituels et les affaires du ciel, qui sont immuables, se sont trouvés mêlés aux affaires terrestres, qui par leur nature changent selon les circonstances et la politique des temps;

Que tout ce que nous avons proposé pour concilier la sûreté de nos armées, la tranquillité et le bien-être de nos peuples, la dignité et l'intégrité de notre Empire avec les prétentions temporelles des papes, n'a pu se réaliser,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

ARTICLE 1er. - Les États du Pape sont réunis à  l'Empire français.

ART. 2. - La ville de Rome, si célèbre par les grands souvenirs dont elle est remplie, et premier siége de la chrétienté, est déclarée ville impériale et libre.
Le gouvernement et l'administration de ladite ville seront organisés par un statut spécial.

ART. 3. - Les restes des monuments élevés par les Romains seront entretenus et conservés aux frais de notre trésor.

ART. 4. - La dette publique est constituée dette impériale.

ART. 5. - Les terres et domaines du Pape seront augmentés jusqu'à  concurrence d'un revenu net, annuel, de deux millions.

ART. 6. - Les terres et domaines du Pape ainsi que ses palais seront exempts de toute imposition, juridiction et visite, et ils jouiront d'immunités particulières.

ART. 7. - Le ler juin de la présente année, une consulte extraordinaire prendra, en notre nom, possession des États du Pape, et fera les dispositions nécessaires pour que le régime constitutionnel soit organisé et puisse être mis en vigueur le 1er janvier 1810.

Donné, en notre camp impérial de Vienne, le 17 mai 1809.


Camp impérial de Vienne, 17 mai 1809.

DÉCRET.

NAPOLÉON, Empereur des Français, Roi d'Italie, protecteur de la Confédération du Rhin, etc., nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

ARTICLE Ier. - La consulte extraordinaire créée par notre décret de ce jour pour les États romains sera organisée et composée de la manière suivante, savoir :

Le général de division Miollis, gouverneur général, président; le sieur Saliceti, ministre du roi de Naples; les sieurs De Gerando, Janet et Del Pozzo, maîtres des requêtes en notre Conseil d'État, et Balbe, auditeur en notre Conseil d'État, secrétaire.

ART. 2. - La consulte extraordinaire est chargée de prendre possession des États du Pape en notre nom, et de faire les opérations préparatoires pour l'administration du pays, de manière que le passage de l'ordre actuel au régime constitutionnel eu lieu sans froissement, et qn'il soit pourvu à tous les intérêts.

ART. 3. - Des mesures seront présentées dans le plus bref délai possible pour l'exécution des articles 3, 4, 5 et 6 de notre décret de ce jour.

ART. 4. - La consulte extraordinaire correspondra avec notre ministre des finances.

ART. 5. - Notre ministre des finances est chargé de l'exécution du présent décret.


Schönbrunn, 17 mai 1809.

Au comte Gaudin, ministre des finances, à Paris.

Vous recevrez deux décrets pour la prise de possession, l'organisation et l'administration des Etats du Pape. Ces décrets doivent être tenus secrets à Paris.
Faites partir sur-le-champ pour Rome les membres de la consulte extraordinaire. Donnez-leur pour instructions d'éviter ce qui a blessé en Toscane, et de se conduire de manière que le passage de l'ancien ordre de choses au nouveau ait lieu sans secousse et avec régularité. Que l'on pourvoie à tous les intérêts et qu'il n'y ait point de froissement. La consulte commencera par la division du territoire en départements. Il ne paraît pas qu'il doive y en avoir plus de trois ou quatre. La consulte nommera provisoirement les préfets, les conseillers de procédure, les membres des conseils généraux, les commandants des départements et la gendarmerie, qui sera organisée par le général Radet. Quatre compagnies de gendarmerie, qui auront été formées à  Plaisance et dont le ministre de la guerre vous fera connaître l'emplacement et la situation, se rendront sur-le-champ à Rome pour composer les cadres. On formera autant de compagnies qu'il y aura de départements. Quant à  la ville de Rome, la consulte nommera un sénat de soixante membres, dont trente choisis parmi les princes et les familles de premier ordre et trente parmi les autres habitants les plus distingués. Ce sénat formera le corps municipal; il sera chargé de la police, etc. Vous recommanderez qu'on use envers le Pape de ménagements et d'égards. On lui laissera ses meubles, ses tableaux, ses bijoux, les palais qu'il voudra conserver et les biens qu'il choisira. Mais du reste on ne tolérera aucune opposition. Mon intention est de ne retirer, pour le trésor, aucun produit de la ville de Rome. Elle jouira de toutes les impositions qui se percevront sur ses habitants. J'y aurai un palais, qui fera partie de ma liste civile et qui doit être convenablement doté. Quant aux contributions des départements, mon intention n'est pas qu'on suive le système français; on n'y fera aucun changement pour cette année; mais on pourra proposer, pour les années suivantes, les modifications qui sont d'accord avec les habitudes du pays. Aujourd'hui la contribution foncière rapporte peu; et le maconato, ou droit de mouture, est le produit principal. Quoique cette imposition soit contraire aux principes que nous avons en France, on la laissera subsister. On n'augmentera pas la contribution foncière. Mon intention est que les peuples éprouvent plutôt diminution qu'augmentation. Le Code civil sera mis en activité, soit au 1er juillet, soit au 1er août, selon que la consulte le jugera praticable. Les tribunaux seront organisés sans retard. Il y aura à  Rome une cour d'appel. La marine de Cività-Vecchia et d'Ostie sera organisée sur un rapport que fera le ministre de la marine. Lorsque cette affaire sera finie, c'est-à-dire dans le courant de juin, vous vous entendrez avec le ministre de la guerre sur l'organisation de l'artillerie, du génie et de tout ce qui concerne le militaire.


Schönbrunn, 17 mai 1809, huit heures du matin.

Au maréchal Davout, duc d'Auerstaedt, commandant le 3e corps de l'armée d'Allemagne, à Saint-Pölten

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 16. J'ai donné ordre au général Vandamme de se porter sur Steyr, pour de là marcher sur Maria-Zell. Le général Lauriston s'est porté sur Altenmarkt et a dissipé tous les rassemblements. Le général Bruyère revient sur Vienne par Baden. Le général Lauriston a ordre de marcher entre Leoben et Neustadt. Je désire que le général Vandamme dissipe les rassemblements de Maria-Zell. Envoyez-lui des proclamations pour que cela porte le calme dans le pays.
P. S. Dirigez une de vos divisions à  une demi-marche de Saint-Pölten à Vienne, pour qu'elle puisse y être en une journée.


Schönbrunn, 17 mai 1809

Au maréchal Lannes, duc de Montebello, commandant le 2e corps de l'armée d'Allemagne, à Nussdorf.

Ordonnez qu'on continue à  faire à Nussdorf des démonstrations de passage, pour tenir en haleine l'ennemi.


Schönbrunn, 17 mai 1809

DÉCISION

Le ministre de la guerre prie Sa Majesté de vouloir bien régler le traitement qui doit être payé à S. A. I. le prince Felix, en sa qualité de général de division commandant les troupes du grand-duché de Toscane.

Aucun autre que son grade.

(Brotonne)


Suite