16 - 31 mars 1809


 Rambouillet, 16 mars 1809

Au comte Maret, ministre secrétaire d’État, à paris

Je suppose que vous donnez quelquefois à dîner aux officiers du grand-duché de Berg qui sont à Versailles, et que vous vous ferez présenter le colonel à son arrivée. Donnez ordre que le 8e régiment d'infanterie soit prêt à entrer en campagne au 15 avril, avec douze pièces attelées et les 8e et 4e escadrons du régiment de cavalerie, qui sont forts de 500 hommes. Il faudra donc que ler et  2e escadron ne partent point de Düsseldorf sans ordre. Les 3e et 4e partiront de Versailles, de sorte que je pourrai avoir à l'armée du Rhin 1,600 hommes d'infanterie, 1,000 chevaux et douze pièces du grand·duché de Berg. Ces douze pièces seront servies par la compagnie du train. On les composera de deux divisions, chacune de quatre pièces de 6 et deux obusiers, total huit pièces de 6 et quatre obusiers.

Il faudra donc que la compagnie du train ait des chevaux suffisants pour les attelages suivants, savoir : 40 voitures d'artillerie à 5 chevaux, compris le haut le pied, total 110 hommes et 200 chevaux. Faites-en la demande au ministre de la guerre. L'artillerie sera prête à Mayence et la prendra à son passage. Prenez des mesures pour l'exécution de ceci. Recommandez que le régiment ait un caisson d'ambulance.


Paris, 16 mars 1809

A M. Cretet, comte de Champmol, ministre de l’intérieur, à Paris

Monsieur Cretet, je désire que vous fassiez achever sans délai la ligne télégraphique d'ici à Milan, et que dans quinze jours on puisse communiquer avec cette capitale.


Paris, 16 mars 1809

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Donnez des ordres sans délai pour qu'il soit mis en construction à Livourne une frégate et un brick. Mon principal but est de donner de l'occupation aux ouvriers du pays, qui sont très-malheureux.

Donnez ordre également qu'il y ait toujours en rade, ou dans le port de Livourne, une frégate ou une grosse corvette comme la Victorieuse, deux bricks et quatre petits bâtiments comme la Flèche ou le Cerf, on autres bâtiments de même espèce; ce qui fera sept bâtiments, Donnez ordre sans délai que cette division se réunisse à Livourne; qu’un commandant du grade au moins de capitaine de frégate la prenne sous ses ordres et soit chargé de la garde et de la police du port, corresponde avec l'île d'Elbe et l'île de Corse, et surveille la côte autant que faire se pourra; il interceptera et saisira les bâtiments qui correspondent avec les Anglais. Les équipages de cette division formeront d'ailleurs un nombre d'hommes qui pourra être utile au maintien de la police à Livourne.


Paris, 16 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, le 23e léger, qui était en Toscane, a dû y arriver fort de 600 hommes; il doit avoir reçu 300 hommes; 300 hommes par­tant vers la fin de mars du Piémont pour le joindre; ce qui portera ces deux bataillons à 1,200 hommes. Le 22e léger, qui est à Ancône, a dû recevoir 800 hommes; 200 hommes vont partir pour le rejoindre; ces deux bataillons seront donc au complet de 1,600 hommes. Ainsi, au premier événement, ils pourront entrer en ligne. Le 52e va recevoir 300 hommes qui partent de Gênes, le 102e recevra 200 hommes; le 29e de ligne, 100 hommes. Mon intention est donc que la division Miollis vienne à être composée: de quatre bataillons du 62e, 3,000 hommes; de quatre bataillons du 23e léger, 3,000 hommes; de deux bataillons du 22e léger, 1,500 hommes; du 4e bataillon du 101e, 700 hommes; du bataillon du 11e léger, 1,100 hommes, et du bataillon du 6e de ligne, l,200 hommes; ce qui formerait une division de 10 à 11,000 hommes de très bonnes troupes; et le château Saint-Ange serait occupé par le bataillon de la Tour d'Auvergne ou d’Isembourg, par le régiment napolitain, en attendant l'arrivée des autres troupes de Naples. Vous avez mal compris mon intention en réduisant les régiments italiens dont les 3e bataillons sont en Espagne. Je n’ai pas entendu que l’on dut attendre l’arrivée des cadres des 3e bataillons pour former ces bataillons, mais que vous les formeriez dès aujourd’hui, en prenant des sous-lieutenants dans les collèges, des officiers plus avancés, dans votre garde et dans les vélites qui ont fait campagne, quelques-uns même, dans les troupes françaises. Mais il faut, sans délai, exécuter mon ordre, et vous occuper de porter l'armée au grand complet, considérant les cadres des bataillons qui sont en Espagne comme s'ils n'existaient plus. Ainsi je compte qu'au mois de mai, au lieu de la division Severoli, vous me présenterez deux divisions italiennes, chacune de dix ou douze bataillons, et formant au moins l8,000 hommes sous les armes, c'est-à-dire 9,000 hommes chacune, et ayant chacune ses sapeurs, ses outils attelés et ses douze pièces de canon. Levez la conscription, et ne perdez pas un moment pour remplir toutes les places vacantes. Revoyez avec attention les dépôts, et faites partir tout ce qu'il y a de disponible pour les bataillons de guerre.

Je compte qu'au ler avril la division Seras aura 10,000 hommes, y compris ses douze pièces d'artillerie, et un escadron de 200 chevaux; que la division Broussier aura la même force; qu'elles seront, l'une au camp d'Udine, l'autre au camp d'Osoppo, ayant des avant­ postes, celle du général Broussier, sur la Pontebana, celle du général Seras, sur les confins, du côté de Caporetto. Vous mettrez sous les ordres du général Seras une brigade de cavalerie légère de deux régiments, qui couvrira le cours de l'Isonzo, du côté de la Chiusa vénitienne. L'escadron de dragons de la division Broussier, qui sera alors à 200 chevaux, sera suffisant. Vous mettrez dans Palmanova, pour garnison, 1,200 hommes de troupes italiennes, les compagnies d'artillerie el le nombre de sapeurs français qui seront nécessaires, en recommandant la plus grande surveillance. Je suppose que le service de la place de Palmanova se fait avec vigilance, et que les portes ne s'ouvrent pas la nuit. La division Grenier sera le 1er avril à Conegliano, Pordenone et Sacile, ayant ses douze pièces de canon, et s'étendant dans les pays sains, de la gauche, pour y vivre plus commodément. .Je suppose qu'alors tous les détachements auront rejoint, et que cette division m'offrira au moins 9,000 hom­mes. La division Barbou, qui sera de 10,000 hommes et de vingt­ quatre pièces de canon, occupera Trévise et tous les villages le long de la Piave, en remontant du côté de Feltre et de Bassano. La divi­sion Lamarque, hormis le 112e, qui est encore nécessaire en Toscane, et qui sera complétée à 6,000 hommes, douze pièces de canon, sera placée à Vérone et le long de l'Adige. Les Italiens, qui seront à la division italienne composée de 12,000 hommes, seront à Vicence, Padoue, etc. Vous aurez donc sur la gauche de l'Adige 60,000 hommes d'infanterie, 10,000 hommes de cavalerie, 708 pièces d'artil­lerie attelées, formant un fonds d'armée de plus de 80,000 hommes. Vous manderez, dans une lettre chiffrée et par un officier intelligent, ces dispositions au général Marmont. Vous lui ferez connaître que le duc de Danzig commande 49,000 Bavarois réunis entre Munich et Passau; que le prince Poniatowski commande 30,000 Polonais qui sont campés sur la Vistule, menaçant Cracovie; que le prince de Ponte-Corvo commande l'armée saxonne devant Dresde; que le duc d'Auerstaedt est à Bayreuth avec un corps de 80,000 Français; que le duc de Rivoli est à Ulm et à Donauwoerth avec un corps de 60,000 hommes; que le général Oudinot a un corps d'élite de 40,000 hommes à Augsbourg et sur le Lech; que les Russes marchent sur l'Autriche, qui parait avoir fait des armements considérables, qui, fière des grands rassemblements qu'elle a armés, semble courir à sa perte; que je compte sur son activité, sans lui rien prescrire de positif, pour battre ce qu'il a devant lui et ne pas se laisser masquer par une poignée de (mots manquants) et, comme il est probable que les armées resteront en présence pendant tout le mois d'avril, je compte que l'armée d'Italie sera renforcée alors de 6,000 Italiens et de la division Miollis; ce qui portera l'armée sous vos ordres à 90,000 hommes.

J'ai ordonné que le briquet fût supprimé dans la compagnie de grenadiers et de voltigeurs et qu'on y substituât des outils; que les sapeurs et canonniers portassent au baudrier, en guise de sabre, la 1e escouade de chaque compagnie, des haches; la 2e, des pics­-boyaux; la 3e, des pioches, et la 4e, des pelles. Mon intention est d'étendre cette mesure à toute l'armée et de supprimer ainsi une arme aussi inutile que le briquet.


Paris, 16 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, par la lettre que je vous ai écrite ce matin, je vous ai fait connaître que je pensais qu’il fallait, dans les premiers jours d’avril, faire prendre position aux divisions Seras et Broussier, avec deux régiments de cavalerie légère, dans le Frioul ; à la division Grenier, à Conegliano, Sacile et Pordenone ; à la division Barbou, à Trévise, en s’étendant jusqu’à Bassano ; aux divisions italiennes, à Padoue et à Vicence. Et au corps de la division Lamarque à Vérone, hormis le 112e, qui est encore nécessaire en Toscane. Vous rapprocherez également la cavalerie ; cependant il ne faudrait pas trop tôt faire renchérir les fourrages. Mon intention est bien de ne faire aucun mouvement pendant avril, el tout me porte à penser que les Autrichiens, de leur côté, réfléchiront au précipice où ils vont s'engouffrer; la Russie marche contre eux. Toutefois il faut se tenir prêt et parler haut. Il ne serait pas hors des choses bien possibles (mais ceci est pour vous seul) que, dans le courant d'avril, je ne partisse comme un trait pour aller passer huit jours dans le Frioul voir toutes ces troupes qui doivent être belles, et m'en revenir ensuite à Paris.

Vous pourrez déroger à la lettre de cet ordre en laissant, si vous le jugez convenable, une partie des divisions italiennes à Montecchiaro.

Je crois vous avoir ordonné, il y a quelques années, d'aller faire une reconnaissance jusqu'à la Chiusa vénitienne, et d'y bien voir les routes qui débouchent de là par la gauche sur le Tyrol, et par la droite sur la vallée de l'Isonzo. Si vous n'avez pas encore fait cette reconnaissance, il serait peut-être convenable de la faire. Je vous ai ordonné des fortifications de campagne sur le Tagliamento. Peut-être faudrait-il faire aussi quelques petits ouvrages sur les hauteurs du côté de la Carinthie; par exemple, si la Chiusa vénitienne pouvait, en très-peu de temps et à peu de frais, être mise à l'abri d'un coup de main, ce serait une chose utile à faire.

Il faut penser à l'administration; la méthode de se nourrir par des marchés devient impraticable lorsque beaucoup de troupes se con­centrent. Il faut alors avoir recours à des réquisitions dans le pays, et faire venir en même temps des pays voisins une grande quantité de subsistances, à un prix fait et par des réquisitions légalement imposées; c'est le meilleur moyen. Padoue, Venise, Bassano et Vérone sont des pays riches; les transports devront se faire facilement du et de l'Adige jusqu'à Palmanova. Dans ces circonstances, il faut aider au trésor en faisant des réquisitions à un prix modéré. C'est ainsi qu'on en use dans tous les pays du monde. Moi-même, j'ai été obligé d'employer ce moyen en Alsace quand toute mon armée y était rassemblée; je requérais alors une certaine quantité d'approvisionnements par préfecture, et je fixais le payement à un prix raisonnable.

Je désire que vous pensiez aussi à organiser l'espionnage; il doit se faire à la fois par la Valteline, par Venise et Trieste, et par la Carinthie. Mettez quelqu'un à la tête de cette partie; ayez un homme intelligent et adroit qui suive constamment tous les rapports, et qui accompagne partout et se procure partout des espions.


Paris, 16 mars 1809

A Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Madrid

Mon Frère, je reçois votre lettre du 7 mars. Je ne conçois pas comment la solde est arriérée. J'ai cependant beaucoup d'argent à Bayonne; comment le payeur général ne le fait-il pas passer ? Il faut que ce payeur soit un imbécile.

Je donne des ordres. Tout est à la guerre. La Russie est avec moi contre l'Angleterre, l'Espagne (soi-disant), l'Autriche et la Turquie.


Paris, 16 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, donnez ordre au roi de Naples de faire partir de Naples le général de brigade Valentin avec les demi bataillons du 23e léger, forts de 1,500 hommes; les trois bataillons du 62e de ligne, forts de 2,200 hommes; six pièces d'artillerie servies par une compagnie d'artillerie française, et attelées, s'il n'y a pas assez d'attelages français, par des attelages napolitains; et un bataillon entier du régiment de la Tour d'Auvergne ou d'Isembourg, fort de 800 hommes; total de la brigade française, 4,600 hommes, en recommandant que les compagnies de grenadiers et voltigeurs et les chefs de bataillon se trouvent à tous ces régiments. Un des deux régiments d'infanterie napolitains et deux escadrons de cavalerie napolitains, formant 300 hommes à cheval, partiront avec cette brigade sous les ordres d'un adjudant commandant et en feront partie. Un officier supérieur et un capitaine d'artillerie, deux officiers du génie et deux commissaires des guerres y seront attachés. Cette brigade, forte de 6 à 7,000 hommes, devra être rendue à Rome cinq jours après la réception du présent ordre, c'est-à-dire dans les premiers jours d'avril.


La Malmaison, 16 mars 1809

Au général Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg

J'ai reçu votre lettre du 28 février avec les pièces qui y étaient jointes. Plusieurs courriers de M. de Champagny ont dû vous porter le résumé de la conversation de ce ministre avec M. de Metter­nich et la copie de la note qu'il lui a passée quelques jours après.

Voici la situation des choses dans ce moment. L'Autriche a reçu de l'argent par Trieste; cet argent ne peut venir que d'Angle­terre. L'Autriche fomente la Turquie; elle a couvert de ses troupes la Bohême, l'Inn, la Carinthie, la Carniole. Il est impossible que l'empereur ne soit pas instruit par Vienne de toutes les folies qu'on fait en Autriche. M. de Champagny vous envoie la copie en allemand de la proclamation du prince Charles, qui équivaut à une déclaration de guerre. Cependant le langage de M. de Metternich est toujours paisible, et il n'a encore fait aucune déclaration. Des agents subalternes ayant sondé le cabinet de Vienne, pour savoir s'il y aurait quelque chose à craindre pour la maison régnante de Saxe, la guerre venant à être déclarée, au lieu de répondre qu'il n'y avait pas de signe de guerre, on s'est empressé d'assurer que le roi de Saxe et sa famille n'avaient rien à redouter, et qu'ils seraient respectés. Vous voyez que, depuis le 28 février, les choses ont beaucoup empiré.

M. de Romanzoff doit être arrivé depuis longtemps à Saint­-Pétersbourg. Il y aura apporté une opinion conforme à la mienne. Je ne pense pas à attaquer; mais, dans la circonstance actuelle, je crois qu'il est important de prendre des mesures pour que les troupes russes fassent un mouvement et que le chargé d'affaires russe à Vienne soit rappelé, si les Autrichiens dépassent leurs fron­tières. Il faut que cet ordre soit connu de M. de Schwartzenberg, et qu'il soit notifié à Vienne. Le ministère autrichien est persuadé que la Russie ne fera rien et qu'elle restera neutre dans cette guerre, quand même elle la déclarerait. Vous sentez combien cela serait contraire à l'honneur de la Russie et funeste à la cause commune.

Voici ma position militaire. L'armée saxonne est réunie autour de Dresde, et le prince de Ponte-Corvo doit y être rendu pour en prendre le commandement; le duc d'Auerstaedt a son quartier général à Würzburg, et son corps d'armée occupe Bayreuth, Nuremberg, Bamberg; le corps d'Oudinot est sur le Lech; le duc de Rivoli a son corps cantonné autour d'Ulm. Les Wurtembergeois sont à Neresheim ; les Bavarois sont à Munich, Straubing et Landshut; le général du génie Chambarlhac est à Passau, où il fait une tête de pont pour assurer le passage de l'Inn; on travaille à fortifier les places de Kufstein, Kronach, Forchheim ; les Polonais doivent se réunir sous Varsovie et le long de la Pilica; les dépôts se rem­ plissent de tous côtés.

Aucune communication officielle n'est faite ici, et il n'y à encore rien de raisonnable d'imprimé, parce qu'on se tait jusqu'au dernier moment. L'opinion du sieur Dodun, mon chargé d'affaires à Vienne, et de la plupart des personnes qui sont dans cette ville, est que l'Autriche sera entraînée outre mesure, et qu'il n'est plus en son pouvoir de s'arrêter, et que, si la guerre peut être évitée, ce n'est que par l'aspect formidable des forces de la Russie, qui ôte à ces gens-là jusques à l'idée de la possibilité d'une chance en leur faveur. Un général autrichien s'est embarqué à Trieste pour aller à Londres concerter les opérations.

Dans cette situation de choses, il faut prévoir deux cas : Si l'Autriche attaque,il n'y a pas de note à faire; le chargé d'affaires russe doit quitter Vienne et les troupes russes entrer sur-le-champ en Galicie et menacer d'attaquer la Hongrie, pour contenir ce côté-là. S'il fallait juger par sa raison, tout porte à penser que l'Autriche n'attaquera pas légèrement, voyant le nombre de troupes françaises qui inondent l'Allemagne et qu'elle ne croyait pas voir revenir si promptement. Cependant, ce cas, il faut le prévoir, et envoyer des instructions aux agents respectifs à Vienne. L'idée que la légation russe partira sur-le-champ peut être une raison de retenir l'humeur guerrière de la faction qui domine. Le second cas, c'est que les choses restent dans la situation actuelle pendant les mois d'avril et mai, et qu'on puisse, pendant cet intervalle, négocier. Dans ce cas, la note que propose de remettre l'empereur de Russie me paraît bonne.

(Lecestre)


Paris, 16 mars 1809

NOTE POUR M. DE CHAMPAGNY
Ministre des relations extérieures

L'Empereur désire que M. de Champagny lui fasse con­naître de quelle date est la publication de la brochure de Collin intitulée: « Chants patriotiques pour les défenseurs de l'Autriche ».

(Brotonne)


Paris, 17 mars 1809

Au général comte Dejean, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur Dejean, il ne faut garder aucun prisonnier espagnol à Bayonne, ni à Bordeaux. Donnez ordre que tous ceux qui s'y trouvent se rendent à Saintes et à Angoulême. Prenez des mesures pour qu’aucun prisonnier espagnol ne passe par Bordeaux.


Paris, 17 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Espagne, à Paris

Mon Cousin, donnez ordre par l'estafette de ce soir au duc de Valmy de faire évacuer sans délai tous les prison­niers espagnols qui se trouvaient à Bayonne, Bordeaux, Pau sur Angoulême et Saintes. Surtout que 24 heures après la réception de votre ordre, il n'y en ait pas un seul à Bordeaux. Ils empestent la ville sans raison.

(Brotonne)


Paris, 17 mars 1809

Au vice-amiral comte Decrès, ministre de la marine, à Paris

Les marins de ma Garde, dans la dernière campagne, ont fait le service que doit faire le 1er corps. Je désire un rapport sur les officiers des marins de ma Garde, et sur les lieux où se trouvent les différents détachements; ils ont l'habitude de ce service; il faut en mettre le plus qu'il sera possible dans le bataillon de la flottille, et réduire le bataillon de matelots de la Garde à 140 hommes. Pour le service de ma Garde une compagnie est suffisante.

Il est un autre point où la marine est nécessaire, c'est à Venise. Si cette place venait à être assiégée, il me faudrait un contre-amiral et un certain nombre d'officiers, canonniers, ingénieurs et contremaîtres, pour les employer à la défense de cette place importante. Vous connaissez Venise; vous savez que sa défense consiste principalement dans le mouvement de chaloupes canonnières, radeaux et autres petits bâtiments armés : sans doute que la marine italienne servirait très-bien dans cette circonstance; cependant, comme il y aura beaucoup de troupes françaises, je ne puis lui abandonner une partie si importante de la défense.

Il me faudrait à peu près le cadre d'un équipage de la flottille, en officiers et sous-officiers, quelques compagnies de canonniers de la flottille, dont on compléterait le cadre par des patrons et matelots du pays. Faites-moi un rapport sur cette idée.

Supposez-vous chargé de la défense de Venise. Dans mes dernières campagnes d'Italie, j'ai eu toujours un officier français et 100 marins sur le lac de Garda, qui est bien moins important que Venise, et ils m'ont été assez utiles.


Paris, 17 mars 1809

A Alexandre, pince de Neuchâtel, major-général, à Paris

Mon Cousin, écrivez au maréchal Jourdan et au duc de Valmy et aux différents officiers généraux qu'ils doivent correspondre désormais avec le ministre de la guerre, puisque vous êtes nommé major-général des armées d'Allemagne. Réitérez l'ordre que tout ce qui est à Santander et à Bilbao, appartenant au ler et au 2e régiment provisoire de Bayonne, rejoigne ses corps respectifs.


Paris, 17 mars 1809

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant l’armée du Rhin, à Erfurt

Mon, je reçois votre lettre du 12; je donne ordre au ministre du trésor public d'assurer les fonds, non-seulement pour le remplacement des valeurs qui ont été protestées, mais encore, d'avance, pour le service de mars, d'avril et de mai. Cette exactitude est nécessaire afin que, si quelque valeur était protestée ou s'il survenait quelque embarras, on eût toujours le temps de remplacer. Je suppose que vous pourvoyez à la solde du corps d'Oudinot; il est très-important que ce service ne manque pas d'un jour. Le corps du duc de Rivoli s'appelle Corps d'observation de l'armée du Rhin ; il sera réuni le 20 à Ulm. Le ministre du trésor pourvoira directement à la solde de ce corps; l'armée du Rhin n'a rien à voir là. Faites armer et approvisionner les forts de Kronach, Forchheim et de Bamberg. Je suppose que votre quartier général sera déjà rendu à Würzburg. Faites approvisionner cette citadelle. Le duc de Danzig doit être arrivé le 20 à Munich. Le 105e de ligne et le 8e de hussards  arrivent, à ce qu'il me semble, vers les premiers jours d'avril. Suivez la direction de ces troupes, afin que, s'il survenait quelques changements, vous puissiez les détourner de leur route, et qu'il ne puisse pas leur arriver de malheurs. Envoyez, par un courrier extraordinaire, ordre au 72e de changer de route à Wittenberg, où il arrivera le 23, et de se diriger sur Würzburg. Tout ce qui vient derrière, sapeurs, canonniers, escadrons du 7e, qui suivent cette route, changeront également de direction à Wittenberg, et, au lieu d’aller sur Magdeburg, viendront sur Würzburg. Donnez ordre à tout ce qui appartient à la division Saint-Hilaire, cavalerie, infanterie, sapeurs et artillerie, qui le 18 seront à Magdeburg, de se mettre en marche pour Würzburg. Le 10e d'infanterie légère, le 3e de ligne, le 72e, le 57e et le 105e, le 8e de hussards, le 16e et le 12e de chasseurs, le matériel d'artillerie, auront tous leur mouvement sur Würzburg. Vous ne leur donnerez pas de séjours, et vous ferez faire à toutes ces troupes des marches raisonnables, afin d'activer­ leur réunion. Je préfère que cette réunion se fasse plutôt sur Würzburg que sur Bamberg, parce que la route est plus à droite et plus éloignée des frontières. Je désire donc que vous ayez une division à Bayreuth, une à Nuremberg, une à Bamberg; que la cavalerie légère de votre ancien corps d'armée garde les débouchés de la Bohême; que la division Saint-Hilaire se réunisse d'abord à Würzburg, d'où on pourra l'envoyer entre Nuremberg el Ratisbonne, ainsi la cavalerie du général Montbrun et la grosse cavalerie de Nansouty; tout cela sur la droite, de sorte que, s'il ne survient pas de changements, la gauche de votre armée soit sur Bayreuth et la droite le Danube. En cas d'évènement, c'est sur la droite qu'il faut se porter pour se joindre aux Bavarois, aux Wurtembergeois, au corps général Oudinot et à celui du duc de Rivoli. Faites-moi connaître quand la division Saint-Hilaire sera arrivée. Le parc général sera réuni à Würzburg. Ne tenez à Bayreuth que peu de malades. A tout évènement, les places de Forchheim, de Bamberg el de Würzburg peuvent contenir les embarras de l'armée. Je désire que vous fassiez établir un hôpital à Forchheim et que le général qui est à Bayreuth y envoie sans affectation ses malades. Je désire également un hôpital à Bamberg. Écrivez au général Saint-Hilaire qu'il abrége la marche de ses troupes; qu'il n'est plus question de se porter sur Magdeburg, mais bien de se diriger tous sur les positions que je vous ai indiquées. Donnez ordre que tout ce qu'il y a des transports militaires en Hanovre soit dirigé sur Würzburg. Envoyez savoir quand la division Dupas arrivera à Hanovre. J’ai donné ordre au prince de Ponte-Corvo de se rendre à Dresde. Vous donnerez ordre aux grenadiers et voltigeurs du 22e de se rendre à Magdeburg. Vous ordonnerez également à tous les détachements du 22e, faisant partie des quatre bataillons de marche, ou des bataillons de marche des 40e bataillons, de se rendre aussi à Magdeburg, de sorte qu'il y ait dans cette place un bataillon de 500 à 600 Français. Écrivez au roi de Westphalie pour que, de son côté, il mette dans cette garnison ses troupes les plus sûres. Le 19e d'infanterie de ligne a 700 hommes qui arrivent le 22 mars à Mayence. J'ai donné ordre que cette troupe fût dirigée sur Würzburg. A son arrivée, placez-la en garnison dans la citadelle, où elle restera jusqu'à ce que je donne des ordres pour qu'elle rejoigne son corps.


Paris, 17 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, vous savez qu'on manque toujours de souliers à la guerre. Il est convenable que vous preniez des mesures pour avoir vingt-cinq mille paires de souliers à Palmanova, vingt-cinq milles paires à Mantoue, vingt-cinq mille paires à Venise, et vingt-cinq milles paires à Milan. Vous ferez faire l'avance de ces cent mille paires de souliers par le ministre de la guerre d'Italie, et vous prendrez toutes les mesures pour qu'elles soient de très-bonne qualité; car il vaut autant ne rien avoir que d'avoir de mauvais souliers, et vous aurez soin que ces souliers soient placés aux dépôts et ne soient distribués que sur votre ordre et dans les revues que vous passerez. Dans les distributions que vous en ferez, les corps devront toujours les payer. Lorsque vous passerez la revue des corps, si les hommes n'ont qu'une paire de souliers dans le sac et une aux pieds,  vous leur en ferez donner une troisième paire, dont vous ordonnerez la retenue sur la masse de linge et chaussure. Moi-même, si je vais en Italie, j'accorderai aux corps une paire de souliers en gratification, et je la ferai payer par le trésor de France. Ainsi le trésor italien ne supportera aucune charge pour cet objet. Indépendamment de cela, écrivez aux dépôts qui sont dans la 27e et la 28e division militaire et dans les 7e et 8e, pour qu'ils aient à envoyer à leurs corps, en Italie, une certaine quantité de souliers, pour entretenir la chaussure.


Paris, 17 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, dans le premier état de situation que vous m'enverrez, faîtes mettre à la division Barbou le nom des majors qui commandent les régiments. Il manque là un général de brigade. Cette division doit avoir vingt-quatre pièces de canon, six par brigade; vous en savez la raison, c'est pour que, si elle se réunissait à l'armée de Dalmatie, elle pût lui en fournir. La le brigade, composée des 8e et 18e légers, doit avoir plus de 3,200 hommes sous les armes; il faut avoir soin que les régiments aient leur major, commandant deux bataillons. La 2e brigade ne sera que de 2,700 hommes. La 3e, composée des 23e et 60e, doit être de 3,000 hommes; la 4e, de 3,000 hommes; ce qui fera, pour la division, 12,000 hommes. Indépendamment de tout ce qui était parti, beaucoup d'hommes partent dans le courant de mars. La division Miollis, composée de quinze bataillons, sera de plus de 10,000 hommes. Ainsi, vers le 1er mai, vous aurez plus de 60,000 hommes français sur la gauche de l'Adige, deux divisions italiennes, fortes de 20,000 hommes, 13,000 hommes de l'armée de Dalmatie; en tout, 93,000 hommes d'infanterie. Alors il faudra partager la division italienne. Faites-moi connaître à qui l'on pourra confier la 2e division. 2,000 hommes de la Garde, que l'on pourra mettre en ligne, porteront l'infanterie de l'armée d'Italie à 95,000 hommes. La cavalerie sera composée de cinq régiments de cavalerie légère, formant 4,500 hommes, de cinq régiments de dragons, formant 500 hommes, total, 9,000 hommes; ce qui, avec 1,000 hommes de cavalerie italienne, 200 hommes du 24e de dragons et 600 chevaux de la Garde, fera 11,000 chevaux. Les régiments français, au lieu de 9,000 hommes, devraient m'offrir 10,000 hommes. Il me semble que les hommes ne manquent pas. Pressez de tous vos moyens la remonte et l'équipement.

En comptant 6,000 hommes d'artillerie, de sapeurs français et italiens, j'aurai donc 112,000 hommes sur cette frontière. Indépendamment de cela, j'ai ordonné qu'on formât cinq régiments de réserve : un, composé de deux compagnies des 5e bataillons de neuf régiments qui ont leurs dépôts en Italie, formant dix-huit compagnies, de 2,500 hommes; le 2e, composé des compagnies des neuf régiments italiens; ce qui formerait une brigade de 5,000 hommes, qui sera prête vers la fin d'avril. Ces régiments seront composés de conscrits de 1810. Ils pourront très-bien se former au camp de Montecchiaro. Cette brigade aurait pour principal but de pouvoir être portée sur Venise et sur les places, pendant que l'armée irait en avant. Trois autres régiments provisoires seront composés des 5e bataillons des régiments de l'armée de Dalmatie et de Naples; ils formeront, sur la fin d'avril, à Alexandrie, une réserve qui sera destinée, à se porter sur la Piave pendant que l'armée marcherait en avant.

Il faut s'occuper sérieusement de l'armement de Venise, en faisant d'abord armer les forts en bois que les Autrichiens avaient faits, en demandant aux constructeurs le genre de bâtiment qui convient à la défense de la ville. J'attends votre réponse pour envoyer à Venise le contre-amiral français avec quelques officiers de marine, pour être maître de la police et organiser la défense de la place, qui doit consister principalement en canonniers, en radeaux armés et autres bâtiments de cette espèce. Il faut surtout penser à l'armement de Brandolo et de Malghera. Voyez dans quelle situation se trouvent les barques de Peschiera, afin d'en avoir une qui navigue dans le lac, et s'il n’y en a pas, en faire passer de Venise, pour être maître de ce lac; ce qui importe essentiellement si l'on était acculé sur l'Adige.


Paris, 17 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, j’avais destiné sur les fonds du jeu des sommes assez considérables pour l’embellissement de Milan et de Venise. Je désire faire des changements au budget de cette année, ayant mis de fortes sommes à votre disposition pour les frais d’espionnage.

(prince Eugène)


Paris, 17 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, j’ai ordonné que le général de brigade Valentin partit de Naples pour se rendre à Rome avec les 2 bataillons du 23e léger, forts de 1,500 hommes; les 3 bataillons du 62e de ligne, forts de2,200 hommes; un bataillon d’Isambourg ou de la Tour d’Auvergne, fort de 800 hommes; 6 pièce d’artillerie, servies par une compagnie d’artillerie française; un régiment napolitain de 1,500 à 1,800 hommes; un escadron napolitain de 300 chevaux; ce qui fera une brigade de prés de 7,000 hommes. Cette brigade devra être rendue à Rome le 1er avril et sera sous les ordres du général Miollis. Vous ordonnerez au 4e bataillon du 62e, qui doit être à Rome, de se réunir aux trois premiers bataillons; ce qui fera un beau régiment de 4 bataillons et au complet de près de 3,000 hommes.

 

(prince Eugène)

 


 

Paris, 17 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon fils, je reçois vos notes sur les différents généraux qui commandent mon armée d’Italie. Je désire que vous envoyiez le général de brigade Pouchin à Ancône, où il sera sous les ordres du général Lemarois jusqu’a ce que je dispose de celui-ci, soit que je le rappelle en France, soit que je le rappelle à Rome, comme vous l’y destinez; mais il est nécessaire que le général Pouchin reste quelque temps à Ancône pour avoir les moyens de connaître le pays. Il faut, à Venise deus généraux de brigade. Chargez le général Jalras, qui est à Rome, du commandement du château Saint-Ange. Le général Page n’est pas dans le cas de commander une brigade de dragons; il faut le  charger des dépôts de cavalerie. Il est bon d’avoir ainsi quelques vieux généraux qui sont très-bons pour ces commandements. Lorsque l’armée aura passé le Tagliamento, je suppose que vous placerez vos dépôts sur la Piave. J’ai donné au général Scalfort sa retraite, puisqu’il l’a demandé. Si le général Herbin la demande aussi, faîtes-m’en le rapport, et je la lui enverrai. Laissez le général Baraguay-d’Hilliers à Venise, car Pascalis est un homme bon à avoir aux dépôts pour correspondre sur les derrières d’une armée. Vous avez du recevoir différents décrets pour organiser le service à la place de Palmanova et nommer un commandant en second des officiers d’artillerie et du génie, etc. Il faut s’occuper de Venise; la prudence veut qu’on prévoie les choses de loin et qu’on ne laisse aucun embarras pour les derniers moments. Il me semble que vous pouvez donner le commandement de l’artillerie de cette place au général Boucher, qui, étant peu propre à un service actif, sera mieux placé là. Il faut à Venise un général de division-gouverneur (le général Baraguay-d’Hilliers pourra rester si je n’envoie personne); deux généraux de brigade, un chargé spécialement de la défense du littoral du côté de la mer, un autre de Brandolo, et un troisième chargé de tout le littoral du côté de la mer; un adjudant-commandant chef d’état-major; un officier supérieur directeur d’artillerie, avec le nombre d’officiers d’artillerie nécessaire, italiens ou français, pour le service

de cette immense artillerie, et un chef de bataillon chargé du matériel; un officier supérieur du génie et un directeur du parc; de manière que ces officiers et les gardes-magasins soient établis et ne changent plus, et qu’ils aient plusieurs mois pour préparer l’organisation du siège. Je vous ai donné deux généraux de brigade de plus, le colonel Roussel, du 106e, que j’ai nommé général de brigade, et le général Valentin, qui arrive de Rome. J’ai fait donner l’ordre au général de brigade Pouget, qui commande à Parme, de se rendre à Milan. C’est un ancien général qui doit avoir le désir d’être général de division, et que vous pourrez employer à la division Barbou. Donnez l’ordre au général e brigade Pouget, qui commande à Parme, de se rendre `Milan. C’est un ancien général qui doit avoir le désir d’être général de division, et que vous pourrez employer à la division Barbou. Donnez l’ordre au général Quétard de rendre à Parme pour les remplacer.

(prince Eugène)


Paris, 17 mars 1809

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Mon Frère, toutes mes troupes doivent évacuer Magdeburg, hormis quelques dépôts et le 4e bataillon du 22e. Envoyez là de vos troupes; les plus sûres, afin que vous soyez tranquille sur la possession de ce poste important. J’attends un état de situation de vos troupes, afin de vous indiquer la manière de les placer pour contenir les pays entre l' l'Elbe et le Rhin.


Paris, 17 mars 1809

A Louis X, Grand-Duc de Hesse-Darmstadt, à Darmstadt

Mon Frère, j'ai reçu la lettre de Votre Altesse Royale en date du 16 février. Vous connaissez mes sentiments pour vous, et ils vous sont garants du prix que j'attache aux témoignages d'intérêt que vous me donnez à l'occasion du succès de mes armes en Espagne. J’accepte avec plaisir l'offre que vous me faites de mettre sur pied la totalité de votre contingent en Allemagne, et je vous invite à donner des ordres pour qu’il soit réuni à Mergentheim, avant la fin mars, au nombre de 4,000 hommes présents sous les armes. J’aime à vous rappeler, dans cette circonstances, l'expression des sentiments d’estime et d'affection que je vous ai voués.


Paris, 17 mars 1809

A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart

Mon Frère, j'ai destiné le corps d'armée de Votre Majesté à former une réserve particulière. J'ai nommé pour le commander le général Vandamme, que vos troupes ont déjà connu en Silésie dans la dernière guerre. Il sera le seul Français, et il recevra directement les ordres du major général. Je suppose qu'il ne sera pas désagréable au général auquel Votre Majesté a destiné le commandement de ses troupes de servir sous les ordres de cet officier, qui est un très-ancien général et un homme d'expérience. Les troupes de Votre Majesté ne pourraient pas rendre tons les services qu'elles sont appelées à rendre, si elles n'étaient: pas sous les ordres d'un général français, devant se trouver souvent dans le cas d'agir de concert avec les divisions françaises ; et, pour leur avantage même, soit pour les quartiers, soit pour la nourriture, soit pour les autres détails de cette espèce, il est convenable qu'elles aient un chef français.


P. S. Je reçois, au moment même, la lettre de Votre Majesté du 13. J'ai peine à croire que l'Autriche se décide à attaquer. Le cas échéant, je ne pense pas qu'elle puisse être prête avant la fin du mois d’avril. Quelques troupes se remuent facilement, mais le mouvement de 15 à 20,000 chevaux, d'artillerie, de transport, etc., ne peut pas se faire dans un jour. Au 1er avril, j'aurai 80,000 Français réunis à Würzburg, Bamberg et Bayreuth, 60,000 entre Ulm et Augsbourg; les contingents de la Confédération, qui seront réunis au 20 mars, recevront sur-le-champ l'ordre de marcher; ce qui fera une armée de 200,000 hommes qui se réunit sur un seul point, indépendamment du corps du prince de Ponte-Corvo et de l'armée saxonne qui campe autour de Dresde, et du corps polonais qui menace Cracovie, indépendamment enfin de mes armées d'Italie et de Dalmatie, fortes de 120,000 hommes présents sous les armes, et composées de troupes qui ne se sont pas battues depuis 1805 et qui, même alors, ont eu peu l'occasion de se battre, qui campent sur les frontières de la Carinthie et sur l'Isonzo.

L'Autriche aura donc affaire à 400,000 hommes. Que Votre Majesté ajoute à cela 60,000 Russes campés sur les frontières de la Galicie, et que l'empereur Alexandre, par sa lettre du 1er mars, me renouvelle l'assurance qu'à la première attaque de l'Autriche il partira pour venir à ma rencontre à la tête de ses troupes. Il l'a dit aux Autrichiens; il l'a déclaré à M. de Schwarzemberg. Cependant, pour mettre Votre Majesté au fait de tout ce qui se passe, je lui envoie, mais pour elle seule, la lettre que j'ai écrite d'Erfurt à l'empereur d'Autriche. Elle doit avoir sous les yeux le récit de la conférence qui a eu lieu entre mon ministre des relations extérieures et M. de Metternich et la note que le premier a adressée à cet ambassadeur. Mon histoire avec la Maison d'Autriche est celle du Loup et de l'Agneau, et Votre Majesté trouvera qu'il serait par trop plaisant qu'on voulût, dans tout ceci, nous faire jouer le rôle de l'Agneau. Après cela, on ne peut plus faire usage de sa raison; il faut s'attendre à toutes les folies et à toutes les extravagances imaginables. Je pense que l'erreur de la Maison d'Autriche vient de ce qu'ils se sont imaginé que, pour lutter contre eux, j'avais besoin de faire revenir mes armées d'Espagne, me regardant sans doute comme assez imprévoyant pour livrer l'existence de mes alliés à leur bonne foi. Indépendamment de ces ressources, j'ai 80,000 hommes de la dernière levée qui, à la fin d'avril, pourront entrer en campagne, et je n'attends que de voir les choses se décider pour faire publier les pièces de cette affaire, convaincre mes peuples de tout mon bon droit, et en profiter pour appeler 150,000 hommes des conscriptions des années arriérées. Je prie Votre Majesté de m'instruire, directement et par courrier, de tout ce qu'elle apprendrait.


Paris, 18 mars 1809

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny, pressez le sieur Bacher pour que le régiment de Nassau et la compagnie d'artillerie et de sapeurs que doit fournir cette Maison, la compagnie de sapeurs que doit fournir le grand-duc de WÜrzburg, le régiment n° 4 des Maisons ducales de Saxe, les compagnies d’artillerie et de sapeurs qu’elles doivent fournir, le régiment n° 5 des Maisons de Lippe et d’Anhalt, et le régiment n° 6 des Maisons de Schwarzburg, Reuss et Waldeck, se réunissent le plus tôt possible à Würzburg, où le général de division Rouyer, qui parle allemand, se rend pour en prendre le commandement. Engagez le grand-duc de Hesse-Darmstadt à presser le départ et la parfaite organisation de son contingent.


Paris, 18 mars 1809

Au comte Maret, ministre secrétaire d’État, à Paris

Monsieur Maret, j’avais demandé un avis au Conseil d’Éat sur la vente des canaux. ; écrivez à M. Treilhard qu’il fasse passer cette affaire à la séance de mardi prochain.

Dans mon voyage du retour de Bayonne, j'ai passé par Blois et Tours.  J'avais projeté plusieurs choses à faire dans ces villes; vous ne m'avez jamais remis cela sous les yeux.

Faites insérer successivement dans le Moniteur tous les décrets que je prends pour l'établissement de dépôts de mendicité.


Paris, 18 mars 1809

Au comte de Montalivet, conseiller d’état, directeur général des Ponts et Chaussées, à Paris

La route de la Spezia à Parme est très-importante, puisque c'est la seule pour communiquer avec la Toscane sans quitter le territoire français. Les projets devaient m'être remis avant le 1er octobre 1808. Vous n'en avez encore rien fait. Rendez-moi compte de l'exécution de mon décret du 5 juillet 1808, et faîtes-moi connaître quand cette route sera commencée et terminée.


Paris, 18 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Paris

Mon Cousin, vous connaissez l'organisation de l'armée bavaroise, l'armée saxonne, de l'armée westphalienne, de l'armée polonaise, du corps de Wurtemberg et des divisions de Bade et de Hesse-Darmstadt. Voici l'organisation de la 3e division du corps d'armée des Princes réunis. Le sieur Fain, qui a fait pour moi un état de l'armée de la Confédération, vous en fera une copie; faites-la lui demander. Vous la rectifierez, et, d’ici à quelques jours, vous me remettrez ce livret, corrigé et mis en ordre. Écrivez, en attendant, au duc d'Auerstaedt que le corps des Princes réunis se rassemble à Würzburg, et que j'ai nommé le général de division Rouyer pour les commander. Ce corps sera composé : d'une brigade de Nassau, formée du régiment n° 1 , qui est en Espagne; du régiment n° 2, qui sera de deux bataillons de six compagnies chacun, et de 1,680 hommes; du régiment n° 3 de Würzburg, qui est en Espagne; du régiment n° 4 des Maisons ducales de Saxe, de trois bataillons chacun de six compagnies, chaque compagnie de 140 hommes, total 2,520 hommes; du régiment n° 5 des Maisons de Lippe el d'Anhalt, de 1,680 hommes; d'un régiment n° 6 des Maisons de Schwarzburg, Reuss et Waldeck, formant deux bataillons de 1,500 hommes. Cette division aura donc de 7 à 8,000 hommes d'infanterie. Je vais y envoyer deux généraux de brigade français, parlant allemand. Mais, en attendant, le général Rouyer doit la former. A cette division seront jointes deux compagnies d'artillerie, l'une de Nassau et l'autre des Maisons ducales, trois compagnies de sapeurs, l'une de Nassau, de 140 hommes, une de Würzburg, de 130 hommes, et l'autre des Maisons ducales, de 150 hommes; ce qui portera cette division à 9,000 hommes. Donnez des ordres au duc d'Auerstaedt pour qu'il presse l'arrivée et l'organisation de tous ces corps.


Paris, 18 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Marin

Mon Fils, je vous envoie un croquis qui vous fera connaître comment je pense que devrait être arrangée la tête de pont du Tagliamento. Les quatre redoutes seront faîtes après. Il faut s'occuper actuellement de la tête de pont proprement dite, et y faire travailler avec la plus grande activité. II est nécessaire d'avoir dans les fossés de cette espèce de pentagone un bon filet d'eau; c'est l'important. Avec quelques palissades on mettra cet ouvrage à l'abri d'un coup de main. Aussitôt que cet ouvrage sera avancé, faites construire quatre baraques en bois pour les vivres, l'artillerie, et pour loger la troupe.

Un ouvrage comme celui-ci doit être terminé en un mois, et 400 hommes doivent y être à l’abri de toute attaque, en admettant la possibilité de dériver du Tagliamento un bon filet d’eau.

On fera immédiatement après la lunette de la rive droite du Tagliamento, et on fera successivement les quatre lunettes de camp retranché. Il ne vous échappera pas que, dans un pareil camp retranché, soixante bataillons peuvent se trouver à l’aise et y sont inattaquables. Pendant le temps qu’on emploiera à tracer le réduit, on aura le temps de lever le pays. Il n’y a pas de doute que les ouvrages les plus importants sont ceux qui sont à l’aval et à l’amont de la rivière, puisqu’ils défendent le pont.


Paris, 18 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, je pense convenable qu'au 1er avril vous portiez votre quartier général à Strà. La Princesse et votre Maison pourront s'y trouver avec vous. Faites-y envoyer les meubles et tout ce qui est nécessaire pour rendre cette habitation commode. Vous serez à même, à Strà, de veiller à l'armement de Venise, aux travaux de Malghera, et de passer la revue des corps qui sont aux camps d'Udine, d’Osoppo, à Trévise et même dans le Frioul. Prenez des mesures pour que l'estafette de Milan aille à Strà avec la plus grande rapidité. Ordonnez des travaux pour mettre dans le meilleur état la route de Mantoue à Legnago, de Legnago à Padoue et de Padoue à Trévise; ce sera désormais la route de l'armée, qui, lorsque ces chemins seront réparés, ne passera plus par Brescia ni Vérone. J'ai ordonné que le télégraphe fût disposé pour communiquer au 1er avril de Paris à Milan. Je ne sais point s'il y a des stations à établir sur le territoire du royaume d'Italie; s'il y en a à faire, faîtes-y travailler; faîtes-les même continuer jusqu'à Mantoue; on verra ensuite à les prolonger jusqu'à Venise. Vous devez annoncer votre séjour à Strà comme un voyage d'agrément à une de vos maisons de plaisance. Il faudra cependant, si rien ne presse, installer avant le sénat.


Paris, 18 mars 1809.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, donnez ordre que toutes les batteries en bois que les Autrichiens avaient faites, et qui sont nécessaires pour la défense des différents canaux de Venise, et les batteries établies dans les différentes îles qui concourent à la défense des canaux, soient armés. Cet armement doit se faire progressivement, en commençant du côté de Mestre et de la Piave, mais de manière à être terminé au 30 avril. Si le réduit de Malghera peut être armé, ordonnez qu'il le soit. Une tête de pont sur la Piave me paraît nécessaire. Je désire également que, lorsque le général Chasseloup sera arrivé, il trace l'ouvrage d'Arcole et les redoutes qui coupent les chaussées, de sorte que, lorsque l'armée aura passé l'Adige, on ait le temps de continuer les travaux et de se maintenir dans ce poste important. La tête de pont du Tagliamento doit d'abord être bien tracée; je la ferai revêtir avec le temps. Une petite place là est nécessaire pour observer Palmanova.


Paris, 18 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

J'ai ordonné que l'autel qui existait aux Invalides fût restauré convenablement. Faites-moi un rapport sur l'exécution de cet ordre.

(Brotonne)


Paris, 19 mars 1809

A M. Cretet, comte de Champmol, ministre de l’intérieur, à Paris

Monsieur Cretet, faîtes finir promptement l'affaire du canal du Midi.

Le 16 juin, j'avais ordonné qu'une somme de 80,000 francs serait accordée pour la restauration de Notre-Dame de Reims; faites-moi connaître si cette dépense a été faite.

J'ai pris, le 3 août dernier, un décret pour une route de Maldeghem à Breskens; cette route a-t-elle été faite ?

Le décret du 3 août, relatif à l'île de Noirmoutier, a-t-il été exécuté ?

J'ai à vous faire la même question pour le décret du 8 août, qui ordonne divers travaux dans la Vendée.


Paris, 19 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Il sera réuni à Plaisance, pour se porter partout où cela sera nécessaire, quatre compagnies de gendarmerie à cheval et une à pied, sous les ordres immédiats du général de gendarmerie Radet.

La 1e compagnie à cheval sera composée de cinq brigades fournies par la 23e légion de gendarmerie et de cinq brigades fournies par la 24e légion ; chaque brigade de six hommes; ce qui fera 60 hommes pour la compagnie. La 23e légion fournira un sous-lieutenant, qui commandera les cinq brigades de cette légion; la 21e légion fournira un sous-lieutenant, qui commandera la compagnie. Cette compagnie se rendra à Nice, d'où elle sera sans délai dirigée sur Plaisance.

La 2e compagnie sera formée de cinq brigades de la 22e région et de cinq brigades de la 12e; une de ces deux légions fournira un lieutenant et l'autre un sous-lieutenant. Cette compagnie se rendra par le Mont-Cenis à Plaisance.

La 3° compagnie sera composée de cinq brigades de la 21e légion et de cinq brigades de la 20e, lesquelles se réuniront à Genève, d'où elles se rendront à Plaisance par le mont Cenis.

La 4e compagnie sera composée de cinq brigades de la 27e légion et de cinq brigades de la 28e, qui se rendront également sans délai à Plaisance.

Ainsi ces quatre compagnies de gendarmerie à cheval feront une force de 240 hommes, commandés par quatre sous-lieutenants et par quatre lieutenants.

La 5° compagnie sera composée d'hommes à pied et de quinze brigades commandées par un lieutenant et un sous-lieutenant, et fournies par la 26e légion de gendarmerie. Cette compagnie s'embarquera Bastia aussitôt votre ordre reçu et débarquera à Livourne.

Ainsi le général Radet aura sous ses ordres une colonne de 240  gendarmes à cheval et de 100 à pied, qui se portera partout où il sera nécessaire pour rétablir l'ordre. Cette colonne, ainsi organisée, portera le titre de Colonne mobile de gendarmerie. Vingt-quatre heures près la réception de votre ordre, les colonels de légion feront partir les brigades qu'ils doivent fournir, et aussitôt que celles de la 27e et de la 28e division militaire seront arrivées à Plaisance, elles seront dirigées sur la Toscane. Ces brigades seront seulement détachées de leurs corps et n'y seront pas remplacées. Vous nommerez un chef l'escadron pour commander cette colonne. Il sera sous les ordres du général Radet, qui pourra le diriger sur les points de la Toscane où la présence d'une force armée serait nécessaire pour rétablir l'ordre d’arrêter les brigands.


Paris, 19 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Min fils, faîtes-moi connaître ce qu’on a fait, en Italie, de cette grande quantité de sbires qui nous incommodait tant il y a quelques années, afin que cela serve de règle pour la Toscane

(prince Eugène)


La Malmaison, 20 mars 1809

Au général Bertrand, aide de camp de l’Empereur, à PaRIS

Monsieur le Général Bertrand, je vous envoie une lettre du général Chambarlhiac et différentes pièces sur les têtes de pont du Lech. Suivez la correspondance relative à Passau, et donnez les ordres nécessaires pour que les têtes de pont du Lech soient fraisées, palissadées et qu'on fasse passer de l'eau dans les fossés; qu'elles soient également armées de l'artillerie nécessaire, en y mettant, non de l’artillerie de campagne, mais des pièces de position qui seront servies par des Bavarois. Ayez un plan d'Augsburg, et prenez toutes les mesures pour qu'on fortifie cette place, afin que dans tout évènement elle soit à l'abri d'un coup de main. Présentez-moi un projet sur cette place. Donnez également des ordres pour que la place d'Ingolstadt soit mise à l'abri d'un coup de main et qu'elle serve de tête de pont, pour pouvoir manœuvrer sur les deux rives du Danube. Suivez la correspondance relative à l'armement de Kronach, de Würzburg et autres places entre Forchheim et le Danube, et remettez-moi l'état de ces places. Prenez des renseignements sur toutes les forteresses que la Maison d'Autriche et en Bohème et dans le pays de Salzburg. J'avais réuni dans mes campagnes d'Italie beaucoup de renseignements sur la situation de Klagenfurt et sur cette partie. Les Autrichiens y avaient fait et y ont fait depuis des fortifications de campagne. Vous devez trouver beaucoup de ces documents dans mon bureau topographique. Mettez-moi cela sur la carte avec des mémoires.


La Malmaison, 20 mars 1809

A M. Barbier, bibliothécaire de l’Empereur.

L'Empereur demande si sa bibliothèque de voyage est prête. Je recommande à M . Barbier de la choisir avec attention et d'y mettre d'excellents livres; car Sa Majesté tient à avoir quelque chose de très-distingué et par le choix des livres et par la beauté des éditions; et par l'élégance des reliures. Si les Épiques ne s'y trouvaient pas, il faut ne pas perdre un moment à les mettre.


La Malmaison, 21 mars 1809

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny, je pense qu'il est bon que vous laissiez prendre lecture aux ministres des princes de la Confédération qui sont à Paris et aux ministres de Hollande, d'Espagne et de Naples, de ma lette à l'empereur d'Autriche, de votre conversation avec M. de Metternich et de votre note à cet ambassadeur, afin de bien constater que je n'ai pas voulu attaquer l'Autriche, et que je lui ai, au contraire, offert une garantie; que c'est l'Autriche qui s'est laissé gagner par l'Angleterre et qui commet une agression. Vous laisserez lire et relire ces pièces à ces différents ministres, assez pour que ce soit un sujet de dépêches chez eux, et que cela fixe leur langage, tant ici qu'ailleurs. Il est également convenable que la folie et l'injustice de l'Autriche soient le texte perpétuel de vos conversations.


La Malmaison, 21 mars 1809

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny, il faut expédier un courrier à Saint-Pétersbourg. Vous accuserez à M. de Romanzof la réception de son courrier, en lui faisant connaître que vous prenez mes ordres pour y répondre. Vous écrirez à M. de Caulaincourt pour me faire connaître le véritable état des choses. Vous lui enverrez la proclamation du prince Charles, qui est une espèce de déclaration de guerre, et vous y joindrez les quatre dernières dépêches que vous avez reçues de Munich et de Vienne, pour lui faire voir à quel point on est entraîné à Vienne. Vous ferez connaître à M. de Caulaincourt que le chargé d'affaires de Russie à Vienne doit recevoir l'ordre de quitter la capitale, si jamais les troupes autrichiennes sortent de leur territoire; que je trouve bien le projet de note que J'Empereur veut faire présenter au cabinet de Vienne; que dans quelques jours vous lui enverrez le projet de note que je pense qu'on doit remettre de part et d'autre; qu'il ne faut pas se dissimuler que la folie de la cour de Vienne est telle que cette note a besoin d'être appuyée par des forces menaçantes qui la fassent revenir à la raison; que je reste constant dans ma manière de voir; que si à Erfurt on avait menacé, l'Autriche aurait désarmé, et que ce serait une question finie; que, lorsque les troupes russes s'avanceront sur le bas Danube, que la Galicie sera menacée par la présence d'une armée russe, si l'on commence à donner une direction à l'opinion de ces troupes, il pourra se faire une réaction dans les sentiments de ceux qui ont pris le dessus à Vienne. Vous manderez donc, en résumé, à M. de Caulaincourt que vous lui expédiez ce courrier, 10 pour lui donner des nouvelles de ce qui se passe; 2° pour accuser réception de la lettre que vous avez reçue de M. de Romanzof; 30 pour lui faire comprendre qu'il est de toute nécessité que le chargé d'affaires de Russie à Vienne sache positivement qu'il doit quitter Vienne si l'Autriche fait un pas au delà de son territoire; et cette démarche doit être faite de manière que non-seulement la cour sache cela, mais encore le public, et il est même plus nécessaire que le public en soit imbu que la cour, qui est entraînée. Ce courrier pourra partir demain avant minuit. Apportez­ moi demain avant midi vos dépêches. Parlez un peu de tout cela au prince Kourakine, afin qu'il se trouve moins étranger à la question et qu'il puisse en écrire quelque chose.

Rédigez-moi aussi un projet de note qui pourrait être présenté en mon nom, calqué sur celui de l'empereur de Russie, et que je ferai partir par un courrier, à la fin de la semaine. Vous me le présenterez mercredi ou jeudi. La note pourrait être envoyée à Saint-Pétersbourg toute signée de vous; de sorte que M. de Caulaincourt la ferait partir en ligne droite pour Vienne.


La Malmaison, 21 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Allemagne, à Paris

Mon Cousin, donnez ordre an général sénateur Demont de se rendre à Würzburg pour être employé au corps du duc d'Auerstaedt. Faites connaître au duc d'Auerstaedt que je désire qu'il mette sous les ordres de ce général une réserve qui serait composée des 4e bataillons du 30e, du 61e, du 65e, du 33e, du 111e, du 12e et du 85e de ligne; ce qui fait sept bataillons. Ces sept bataillons ne sont encore qu'à 500 hommes ; ils ne forment donc qu'une force de 3,500 hommes; mais ils vont bientôt recevoir une compagnie qui leur produira une augmentation de 1,100 hommes. Les 4e bataillons des 48e, 108e, 25e de ligne et 13e léger ne doivent pas tarder à partir de Boulogne; ce qui portera le nombre des 4e bataillons à onze; on pourrait y joindre ceux des 7e léger, 17e et 21e de ligne; ce qui ferait quatorze bataillons. Cette réserve paraît nécessaire; les divisions restant com­posées de cinq régiments, et chaque régiment ayant un complet de 2,500 hommes, les divisions seraient de plus de 12,000 hommes; si l'on y laissait les 4e bataillons, elles seraient de 14 à 15,000 hommes; ce qui est beaucoup trop fort pour une division. La formation des 4e bataillons n'est pas encore terminée ; il sera bon de les avoir sous la main et en dépôt pour être réunis. Il y a aussi un avantage à cette mesure, c'est qu'un régiment qui a trois bataillons en ligne et un bataillon à la division de réserve, qui peut ne pas se trouver compromis le même jour, peut trouver dans ce bataillon des ressources pour réparer ses pertes. Je désire donc que le corps du duc d’Auerstaedt soit composé de la manière suivante: des divisions Morand, Gudin, Friant et d'une quatrième division formée de 4e bataillons de chacune des trois premières divisions. Chacune de ces trois premières divisions doit avoir trois généraux de brigade, un pour l’infanterie légère, et les deux autres commandant deux régiments de ligne ou six bataillons. La division du général Demont devra avoir trois généraux de brigade : un, commandant les 4e bataillons de la 1e division; un, commandant les 4e bataillons de la 2e division, et un, commandant les 4e bataillons de la 3e division. Deux ou trois bataillons de la même division seront réunis sous le commandement d'un major. Les 4e bataillons des 13e léger, 17e et 30e de ligne seront réunis sous un major de l'un de ces trois régiments. Les 4e bataillons des 61e et 65e seront commandés par un major de l'un de ces deux régiments. Par cette formation, tous les avantages se trouvent réunis; et le duc d'Auerstaedt aura quatre généraux de division, douze généraux de brigade, quatre adjudants commandants, et soixante pièces de canon, à raison de quinze pièces par division, indépendamment de l'artillerie attachée à la cavalerie, et des généraux et adjudants commandants attachés à son état-major.


La Malmaison, 21 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, je reçois votre lettre du 16 mars; vous devez inculquer de toutes les manières, soit pour des articles de journaux, soit autrement, l'idée que les Russes marchent sur l'Autriche. Vous pouvez citer les préparatifs de défense que les Autrichiens font du côté de la Hongrie et le mouvement des troupes russes sur le Danube. Comme la chose est réelle, peut-être serait-il mieux de laisser les Autrichiens faire courir les bruits qu'ils veulent; ils tomberaient d'autant plus haut lorsqu'on connaîtrait les dispositions de la Russie; mais cela aurait l'inconvénient d'influer défavorablement sur l'esprit public.

Je vois avec plaisir ce que vous me dites de Malghera. Le général Chasseloup est parti hier de Paris. J'attends de connaître le parti qu'il prendra sur Brandolo.

Il faut sans doute armer Mantoue, mais tout doucement. Faites­ moi connaître quelle est l'organisation de la place de Venise. Il est nécessaire d'y avoir un gouverneur , un général de brigade comman­dant d'armes, deux généraux de brigade commandant, l'un Brandolo, l'autre Malghera, deux ou trois colonels pour commander les forts ou batteries des principales passes, autant de capitaines et de lieutenants en qualité d'adjoints, qu'il y a de forts ou de batteries, un général de brigade commandant l'artillerie, un directeur du parc, un officier en résidence à Brandolo et un à Malghera ,plusieurs officiers en résidence le long du littoral, un certain nombre d'officiers d'artillerie pour l'arsenal, et à peu près la même organisation pour le génie. Indépendamment de ces officiers, il serait envoyé, au moment où la place serait investie, un général de division, plusieurs généraux de brigade et adjudants commandants et des officiers d'artillerie et du génie; mais les commandants de Brandolo et de Malghera, et les officiers qui doivent commander les petites batteries ou forts, doivent être désignés et envoyés sur-le-champ.


Malmaison, 21 mars 1809

A Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Madrid

Mon Frère, je reçois votre lettre du 11 mars. Tout ce qui arrive en Galice est la faute du duc d'Elchingen, qui a établi son quartier général à la Corogne au lieu de le placer dans une position plus centrale, à Lugo par exemple, ou même plus près de la frontière. La Corogne et le Ferrol n'auraient dû être occupés que par des têtes de colonne.

Je suppose que, dès que le maréchal duc de Bellune aura commencé son mouvement, vous l'aurez fait appuyer par tout ce que vous avez de disponible. Vous avez à Madrid la division Sebastiani, la division Dessolle, les Polonais. Il faut avoir soin que le duc de Bellune ait ses trois  divisions et celle du général Leval tout entières. Ce maréchal ­ aura besoin en Andalousie de beaucoup de cavalerie; elle lui sera d'autant plus nécessaire que l'ennemi en aura peu à lui opposer, et que, si les Anglais y ont quelque infanterie, ils ne peuvent y avoir de cavalerie.

Toutes mes troupes sont en Allemagne : le duc d'Auerstaedt est à Würzburg avec l'armée du Rhin; le prince de Ponte-Corvo est à Dresde; le maréchal duc de Rivoli est à Ulm avec l'armée d’observation du Rhin; le général Oudinot est avec son corps sur le Lech; les Bavarois occupent l'Inn; mon armée d'Italie est réunie sur le Tagliamento. Une fureur guerrière inconcevable s'est emparée de l'Autriche; ils ont touché les subsides de l'Angleterre, et, au milieu de ces préparatifs de guerre, les communications des deux cabinets continuent sur un pied pacifique, et l'on nous croirait les meilleurs amis du monde. La Russie prend fait et cause pour moi. Mais la cour de Vienne se trouve hors de ses mesures, et, comme celle d'Aranjuez, elle est entraînée par une faction plus puissante qu'elle-même; elle a cela de commun avec les autres. Mes équipages sont partis, et cependant je n'ai pas encore le projet déterminé de partir. Il a fallu que je remonte mes équipages d'artillerie, mes transports militaires, une partie de ma cavalerie, pour combler le déficit que les affaires l'Espagne m'ont causé. Tout cela me jette dans des dépenses énor­mes. Menez un peu vivement vos affaires, car les chaleurs vont bientôt commencer. Les fortifications de Madrid doivent bientôt être en état : ainsi, au pis aller, 2,000 hommes doivent bientôt n'avoir rien à craindre à Madrid.


La Malmaison, 21 mars 1809

A Louis Napoléon, roi de Hollande, à La Haye

Mon Frère, je reçois votre lettre du 6 mars. La guerre parait imminente. Ce que vous avez de mieux à faire est de réunir le plus de troupes possible, afin de pouvoir défendre votre pays et d'être de quelque utilité à la cause commune. C'est la première fois que vous me demandez mon avis. Si vous me l'eussiez demandé plus tôt, je ne vous aurais point conseillé de licencier vos troupes; je vous aurais répété que rien n'était fini en Europe, et que, tandis que vous désar­miez, je levais de nouvelles conscriptions et renforçais mes armées de 150,000 hommes. Vous sentirez facilement l'imprudence des mesures que vous avez prises et les résultats dangereux qu'elles peu­vent avoir pour votre pays et pour tout le monde. L'Autriche a reçu, depuis trois mois, des subsides de l'Angleterre; elle croit pouvoir m'attaquer lorsque mes troupes sont en Espagne. Je ne lui demande rien; elle n'articule aucun grief et veut revenir sur la honte de la campagne de 1805. Elle court à sa ruine. Cependant tenez vos troupes en état.


La Malmaison, 22 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Je ne puis approuver que le budget de l'artillerie monte à 24 millions; c'est impossible. Il ne s'agit pas de demander de l'argent, il faut se proportionner à l'état des choses. Je ne puis qu'ajouter aux 14 millions accordés un million d'extraordinaire. Dirigez en conséquence les commandes et autres dépenses.


La Malmaison, 22 mars 1809

Au général comte Dejean, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Dejean, les tirailleurs corses et les tirailleurs du Pô sont mal habillés. Faites-moi connaître d'où cela provient. Chargez un inspecteur aux revues de visiter leurs dépôts et de s'informer pourquoi ces corps sont si mal administrés.


La Malmaison, 22 mars 1809

Au général comte Dejean, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Je croyais que l'administration de la masse de linge et chaussure appartenait aux compagnies; c'était comme cela jadis. Comment veut-on qu'un dépôt qui est en Flandre fournisse des souliers à l'armée d'Espagne; qu'un dépôt qui est à Marseille fournisse à Chambéry, ext. ? Faîtes-moi un rapport sur tout cela et proposez-moi une décision, s'il y a lieu.


La Malmaison, 22 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Allemagne, à Paris

Mon Cousin, vous m’avez remis hier de nouveaux états de l’armée. J’ai cru, en conséquence, y trouver des renseignements récents ; je les trouve au contraire plein d’inexactitudes. Vous devez avoir les états des troupes polonaises, saxonnes, bavaroises et wurtembergeoises ; si vous ne les avez pas, faîtes-les demander à mon bureau, et mettez-les en détail. Vous devez avoir le détail de ce que j'ai envoyé au corps d'Oudinot pour compléter ce qui lui manque, les 13e et 14e bataillons de marche, le 3e bataillon de conscrits de la Garde, destinés au corps Oudinot, le 1er bataillon de marche des conscrits du corps d'observation du Rhin, la formation des six régiments provisoires de dragons, etc. Tout cela est plein d'erreurs. Faites refaire ces états avec la plus grande exactitude et avec les nouvelles additions.

Vous devez aussi connaître les mouvements de l'armée du Rhin sur Würzburg.


La Malmaison, 22 mars 1809

Au général Bertrand, commandant le génie de l’armée d’Allemagne, à Paris

Monsieur le Général Bertrand le bureau du génie à la guerre est composé d'hommes si médiocres que je ne comprends pas ce rapport. Voyez le bureau de la guerre, et faîtes-moi demain soir un rapport. Voici ce qu'il me faut: des outils pour les places et des outils pour la campagne. Les outils pour la campagne doivent être portés dans quarante-huit caissons attelés de six chevaux, ce qui fait 30,000 outils ; près de 300 chevaux et 180 à 200 hommes sont donc nécessaires. Comme j'ai ordonné que les compagnies de pionniers eussent un certain nombre de caissons, il faut voir si les compagnies qui sont à l'armée peuvent fournir ces quarante-huit caissons, afin de ne rien faire d'extraordinaire hors de l'organisation que j'ai arrêtée il y a quelques mois. Il faut ensuite des outils pour les places et sur les derrières. Il est de principe, et vous devez tenir la main à son exécution, que les outils de campagne ne peuvent dans aucun cas être employés pour les places; ce sont des ressources dont je veux pouvoir me servir la veille d'une bataille, ou dans les huit jours qui précèdent des événements importants. J'ai besoin d'outils sur les derrières, de 6,000 à Passau et de 6,000 à Augsbourg. Ceux-là n'ont pas besoin d'être attelés, et, à mesure qu'on marcherait, on ferait avancer ces outils, soit sur le Danube, soit ailleurs, par des voitures de réquisition. Assurez-vous donc que le colonel Blein, votre chef d'état-major, se rend à Strasbourg avec les officiers du génie qu'ou pourra se procurer en France. Établissez votre correspondance avec les généraux Tousard, Chambarlhiac, Andréossy et Lazowski, el préparez des mesures pour que, sans délai et sans compter sur les ressources de l'Espagne, vous ayez quarante-huit caissons attelés de six chevaux, 200 hommes du train et 30,000 outils, indépendamment de 12,000 outils pour Augsbourg et Passau. Il faut que demain mon décret soit pris et le service organisé. Je dois avoir à l'armée d'Allemagne (en blanc dans l’original)  ... compagnies de mineurs et quinze compagnies de sapeurs. Je crois avoir donné des ordres pour que toutes les compagnies de sapeurs qui étaient à Danzig, Stralsund et dans toutes les places de l'Oder, se repliassent sur Bamberg. Voyez cela chez le major-général et chez le ministre de la guerre, afin que ces ordres soient donnés sur-le-champ, s'ils ne l'avaient pas été. Ces quinze compagnies doivent être toutes disponibles pour l'armée active.


La Malmaison, 22 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, je vous ai mandé que je pensais que vous feriez bien de porter votre demeure à Strà, vers les premiers jours d'avril. D'abord, il faut installer le sénat; cette cérémonie faite, vous pourrez faire une tournée à Palmanova, Osoppo, pour bien observer les frontières, et après revenir à Milan; ce sera un voyage d'une quinzaine de jours, devant voir les troupes en détail. En partant vers le 6 ou 7 avril, vous seriez de retour à la fin du mois. Les circonstances décideront ce qu'il conviendra que vous fassiez. Voici comme je pense que vous devez arranger votre voyage. D'abord, vous irez à Brescia et à Montechiarro pour voir les troupes, si vous y en avez; de là vous irez à Mantoue, pour voir l’état de défense de cette place, la situation de tous les magasins d’artillerie, et ce qu’on peut tirer de la défense de Saint-Georges. Il est d’urgente nécessité de travailler à ce poste. De Mantoue vous continuerez sur Legnago ; de Legnago vous irez au pont d’Arcole, à cheval, par la rive gauche de l’Adige, en suivant la rivière´. Vous reviendrez par la petite rivière de l’Alpone jusqu’au confluent : de là, vous parcourrez les différents débouchés jusqu’à Villanova, et vous verrez comment, moyennant ces débouchés, on se trouve derrière la position de Caldiero et l’on empêche l’ennemi de passer outre et de s’enfoncer sur Vérone. Vous continuerez votre route  par la rive droite de l’Adige jusqu’à Brandolo, afin que vous connaissiez parfaitement ce local et ce qu’il y a à faire pour rendre le pays praticable entre la Brenta et l’Adige, et pour s’assurer des communications par la droite de l’Adige.  Entrant ainsi à Venise par Brandolo,  vous vous trouverez l'avoir vu parfaitement. De là vous pourrez vous diriger sur Trévise, Palmanova, Gradisca; de là, reconnaître toute la rive droite de l'Isonzo, depuis Gradisca jusqu'à la mer.

Je connais de belles positions entre Gradisca et Palmanova, qu'on peut occuper. Vous remonterez l'Isonzo jusqu'à Goritz et la frontière italienne; vous verrez de nouveau la limite depuis Caporetto et sui­vrez l'extrême frontière, des défilés de Caporetto aux défilés de la Pontebana. Il faut faire cette tournée avec de bonnes escortes et des ingénieurs géographes qui fassent des croquis, afin de bien vous mettre le local dans la tête. Vous déciderez là si l'on peut occuper la Chiusa vénitienne, et les ouvrages à faire entre Osoppo et Tarvis. Je vous recommande de faire une pointe dans la vallée de Tolmezzo , afin d'avoir une idée nette et précise de ce débouché dans le Cadorin.

Faites-vous voir à Cadore, et informez-vous si, en cas de guerre, il ne serait pas possible de former quelques bataillons de ces paysans pour éclairer les montagnes et maintenir la sûreté de leurs frontières. Faites faire des reconnaissances de détail du Tagliamento, de la Livenza et de la Piave, et reconnaître comment Conegliano, Portenone et Sacile se lient avec Feltre, et par quelle espèce de routes. De Bassano, vous pourrez aller à Trente incognito, pour bien connaître cette gorge. De Trente, vous irez reconnaître les lignes de Tarvis que je fis occuper autrefois, et la position de Segonzano. Après quoi vous viendrez reconnaître la vallée de Trente sur Vérone, par la Chiusa de l'Adige, en observant l'influence des hauteurs de Rivoli sur la rive gauche, les positions de Montebaldo el de la Corona, et les défilés de Mori qui débouchent au grand chemin sur Brescia. Il n'y a rien de tel que d'avoir vu soi-même, et cette partie est importante à connaître pour la défense du pays. Je n'ai pas besoin de vous dire pourquoi je vous fais aller incognito à Trente. Faîtes-vous accompagner par de bonnes escortes. Il y a d'ailleurs là des troupes bavaroises. Vous pouvez au reste n'y pas coucher, et même vous dispenser d'y aller si les circonstances ne sont pas urgentes. Vous passerez le mois d'avril à faire cette reconnaissance et à bien vous mettre le système du terrain dans la tête. Faites-vous montrer le lieu où je fis passer l'Isonzo à la division Sérurier pour tourner les hauteurs de Gradisca. J'approuve fort l'intention où vous êtes de ne pas manger le pays vénitien avec votre cavalerie et d'en laisser une partie sur les derrières; vous serez toujours à temps de la faire venir. Quant à moi, je reste stationnaire tout le mois d'avril, et je ne pense pas que les Autrichiens veuillent attaquer, surtout après la marche des troupes russes sur la Hongrie et la Galicie .

Je suppose que pendant votre voyage vous m'enverrez tous les soirs un long rapport sur tout ce que vous aurez vu et ordonné.

Il est très important d'être maître des lacs de Mantoue. II faut y avoir le nombre de bateaux nécessaire; si vous ne les y avez pas, faites-les venir de Venise. Faites presser les travaux des magasins à poudre, des casernes et des blindages à Palmanova.


P.S. Pendant votre tournée, la Princesse restera à Monza ou à Milan.


Malmaison, 22 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon fils, les 4,000 hommes du camp de Plaisance doivent être partis de Brescia. Faites-les passer par Lodrau et par Trente, cette route est plus courte que celle de Vérone. Faites leur faire de bonnes marches, afin qu’ils arrivent le plus tôt possible à Innsbruck. Mettez à la tête de ces 4,000 hommes un officier d’état-major intelligent, qui marche avec précaution. Il y a de la  cavalerie et de l’infanterie; joignez à cette colonne deux pièces de canon de 4. Puisque l’on dit qu’il y a du mouvement dans le Tyrol, cette colonne pourrait être employée utilement par les autorités bavaroises. Pendant son passage, si cela était nécessaire. Cette colonne, qui doit être composée de 4,000 hommes d’infanterie et de 600 chevaux, pourra être partagée en deux et marcher à une journée d’intervalle. Le général qui la commandera marchera avec la première partie. Il suffira que les deus pièces de canon aient chacune un caisson, et que les troupes aient deux cuissons de cartouches avec elles. Vous recommanderez que d’Innsbruck on vous envoie votre artillerie, si toutefois cette colonne n’en a plus besoin.

(prince Eugène)


La Malmaison, 22 mars 1809

A Joachim Napoléon, roi des Deux-Siciles, à Naples

Je reçois votre lettre du 13 mars, par laquelle vous m'instruisez que vous organisez des troupes. Ayez le plus grand discernement à n'armer que des gens sûrs. Il n'y a point de difficulté de vous envoyer les dépôts de Mantoue. II est impossible de vous envoyer les régiments qui sont en Espagne, sur les confins du royaume de Valence, avec le général Saint-Cyr, et où l'on reste un mois sans communiquer.


Paris, 22 mars 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale à Paris

Palafox est arrivé le 17 mars à Bayonne. Vous aurez donné des ordres pour qu'il soit mis à Vincennes, au secret, et qu'il n'en soit plus question.

(Brotonne)


Paris, 22 mars 1809

Au comte Maret, ministre secrétaire d’État, à Paris

Qu'est-ce que c'est que M. T..... nommé à la sous-préfecture de Bressuire, département des Deux-Sèvres ? On m'assure que c'est un ancien percepteur de Bruxelles dont un procès-verbal a constaté un déficit de 50.000 francs. Cependant, ce ne peut être que vous qui me l'avez fait nommer.

(Brotonne)


La Malmaison, 23 mars 1809

A Louis X, Grand-Duc de Hesse-Darmstadt, à Darmstadt

Mon Frère, j’ai reçu la lettre que Votre Altesse a écrite le 11 mars au duc de Rivoli. Je vous ai mandé que j’acceptais avec grand plaisir votre contingent porté à 4,700 hommes d’infanterie et à 560 chevaux. Je vous remercie du zèle que vous montrez pour la cause commune, et ne doutez pas que je ne vus en tienne compte lorsque les circonstances se présenteront. Il sera nécessaire actuellement de penser à se préoccuper des recrues, pour remplacer les malades, les déserteurs, et suppléer aux diminutions auxquelles les évènements donneront lieu.


La Malmaison, 23 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Allemagne, à Paris

Mon Cousin, je vous envoie un ordre que je viens de signer. Envoyez au maréchal duc d'Auerstaedt, au général Oudinot et au duc de Rivoli, les dispositions qui les concernent. Faites-leur connaître qu'ils vont recevoir de l'argent pour le service du génie; qu'ils ne perdent pas de temps pour faire les réquisitions qui leur sont ordonnées; qu'ils passent les marchés et qu'ils prennent toutes leurs dis­positions en conséquence.

Écrivez au duc de Rivoli qu'il doit demander au grand-duc de Hesse que son contingent soit de 4,736 hommes et de 564 chevaux, comme il le propose. Six pièces de canon seront suffisantes; mais il faut avoir soin que chaque pièce ait un approvisionnement et demi, et qu'il y ait un approvisionnement d'infanterie à raison au moins de 100 coups par homme. Vous écrirez aussi à mon ministre à Darmstadt pour lui faire ces observations.

Écrivez an général qui commande la 26e division militaire et à celui qui commande la 5e qu'ils aient à vous envoyer tous les jours la situation des places, surtout celles de Mayence et de Strasbourg. En général, tous les commandants d'armes sur le Rhin doivent vous envoyer leurs états de situation.

Donnez ordre au général Songis de diriger sur Ulm 6,000 fusils, 1,000 sabres de cuirassiers, 1,000 de cavalerie légère, 2,000 paires de pistolets, 6,000 baïonnettes et autres pièces de rechange, un million de cartouches d'infanterie, 20,000 épinglettes, quelques milliers de tire-bourre, 12,000 outils de pionniers, 5,000 cartouches à balles et à boulet. Le général Songis doit établir en résidence à Ulm un officier et un garde-magasin, qui prendront un emplacement près de la rivière.


Paris, 23 mars l809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Allemagne, à Paris

Mon Cousin, un officier français a été arrête à Braunau, et 15 dépêches dont il était porteur lui ont été enlevées de vive force par les Autrichiens, quoique scellées des armes de France. Écrivez au duc d'Auerstaedt, au duc de Rivoli et au général Oudinot, de tâcher de faire arrêter quelques courriers autrichiens. Vous leur recommanderez de  faire ces expéditions très-secrètement, d’accélérer la marche des troupes sans les fatiguer, de suivre ponctuellement mes instructions, de faire armer Würzburg et les autres forteresses bavaroises et d'être prêts à se porter sur le Danube. 800 cuirassiers doivent être arrivés à Donauwoerth, ainsi qu'un certain nombre de détachements d'artillerie et de sapeurs destinés à renforcer les compagnies quand ils les rencontreront. Que le duc d'Auerstaedt se tienne prêt à appuyer à droite, mais qu'on n'attaque pas sans mon ordre.


Paris, 23 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, le 28 février, il y a eu une bataille sur les confins du royaume de Valence, et le général Gouvion Saint-Cyr a complètement battu l'ennemi. Les Italiens se sont couverts de gloire. On le plus grand éloge de Pino.


Paris, 23 mars 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Tous les courriers venant d'Autriche ou partant de Paris pour Vienne, de M. de Metternich ou de sa cour, seront saisis. L'arresta­tion se fera à mi-chemin d'ici Strasbourg. Les dépêches vous seront apportées, et procès-verbal·sera dressé par l'agent que vous enverrez à cet effet. Le procès-verbal sera conçu en ces termes : " Vu la violation du droit des gens exercée sur un officier français porteur de dépêches·du ministre de France, auquel lesdites dépêches ont été enlevées de vive force et malgré ses protestations et les armes de France qui se trouvaient sur le paquet, à Braunau, toutes les dépêches venant du gouvernement autrichien et de ses agents seront saisies et resteront en dépôt jusqu'à ce que les dépêches ci-dessus soient remises. " Ces expéditions se feront sans éclat, de manière à les tenir cachées le plus longtemps possible et à en saisir un plus grand nombre.

(Lecestre)


Paris, 24 mars 1809

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures. A Paris

Monsieur de Champagny, je vous prie de travailler incessamment à la rédaction du manifeste contre l’Autriche, et de faire un choix des pièces qui devront accompagner votre rapport pour la communication au Sénat.


Paris, 24 mars 1809

Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris

Monsieur Mollien, les affaires deviennent sérieuses en Autriche.

Donnez des ordres pour qu'il y ait à Strasbourg quatre millions en or et en argent sous le plus court délai possible, Deux millions seront affectés aux dépenses des différents services de la guerre; les deux autres seront à ma disposition, Dans les deux premiers millions seront compris les cinq cent mille francs que j'ai mis à la disposition du major général par mon décret de ce jour. Si vous avez des traites sur Augsbourg, et que vous puissiez y réaliser de l'argent, je désire­rais avoir un million dans cette place.


Paris, 24 mars 1809

NOTE POUR M. REGNAUD, DE SAINT-JEAN D'ANGELY, PRESIDENT DE LA SECTION DE L INTERIEUR DU CONSEIL D’ÉTAT.

Il convient de prononcer sans délai sur la question des petits séminaires. Le rapport du ministre des cultes sera envoyé au Conseil d'État, section de l'intérieur. La section examinera si l'on ne pourrait pas adopter comme bases du règlement les vues et les dispositions suivantes:

Indépendamment des séminaires métropolitains, il y aura un séminaire par diocèse.

Ces séminaires seront des écoles spéciales de théologie. On ne pourra y admettre que des élèves ayant, dans la faculté des lettres, les grades qui garantissent que les personnes qui en sont pourvues savent parfaitement le latin.

On pourra admettre dans les séminaires des jeunes gens qui n'auront pas été élevés dans l'Université, pourvu qu'ils aient obtenu les grades de l'Université. Cette disposition aurait pour objet de faciliter l'admission des neveux des curés.

Tout évêque ou homme charitable qui voudra fonder des bourses dans les lycées ou dans les écoles secondaires, pour des jeunes gens destinés à l'état ecclésiastique, en sera le maître. On pourra même, par une sorte de contrat avec les parents, régler une espèce de remboursement, dans le cas où l'élève renoncerait à l'état ecclésiastique. Ce genre de convention est assez commun pour les jeunes gens qui entrent en apprentissage.

L'Université peut facilement établir son autorité sur les petits séminaires actuellement existants, en les constituant écoles secondaires. Il semble qu'on ne devrait pas trouver tant de difficultés dans une question qui présente un moyen de solution si simple. En effet, si les prêtres ne veulent des petits séminaires que pour que les jeunes gens qui se destinent à l'Église apprennent les humanités et pour qu'ils soient élevés dans les principes religieux avec un peu plus de sévérité, ce but est parfaitement rempli en constituant écoles secondaires les petits séminaires, à l'existence desquels le principe de l'Université ne s'oppose pas. Mais, si l'on considère l'Université comme incompatible avec des idées de religion, et que ce soit en conséquence qu'on veuille l'indépendance des petits séminaires, c'est déceler des vues qu'on doit bien se garder de favoriser.

En constituant les petits séminaires écoles secondaires, on ne change rien à leur existence réelle, et ceux qui veulent qu'elles existent doivent être satisfaits; on satisfait également ceux qui croient l'existence indépendante des petits séminaires contraire aux principes de l'organisation de l'Université.

Le règlement doit être rédigé de manière à ne pas donner l'ide d'une précaution prise contre le clergé. Il faut au contraire lui donner une couleur de protection, et rendre très-apparente l'intention où l'on est réellement de faire ce qui convient pour assurer au culte le nombre suffisant de ministres des autels.


Paris, 24 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, toute l'infanterie de ma Garde qui arrive d'Espagne se rendra à Paris en poste. Elle consiste en trois convois: 1° 1,000 hommes de chasseurs et de grenadiers, qui doivent être demain à Poitiers; 2° deux régiments de fusiliers et le reste des grenadiers et chasseurs, formant 5,000 hommes, qui doivent être actuellement à Bayonne; 3° trois bataillons d'arrière-garde de chasseurs, grenadiers et fusiliers, formant 1,200 hommes, qui seront dans peu de jours à Bayonne.

Voyez le général Walther pour qu'il envoie un officier de ma Garde pour faire exécuter cet ordre, faire faire aux troupes triple étape par jour, et accélérer leur marche de manière qu'elles soient à Paris le plus tôt possible.

Donnez ordre à la cavalerie, à l'artillerie et aux différents détachements de la Garde, d'activer leur marche de Bordeaux sur Paris, sans trop fatiguer les chevaux; je m'en rapporte sur cela aux chefs de corps.

Donnez ordre aux chirurgiens de ma Garde de venir à Paris en poste.


Paris, 24 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, un officier français, porteur de dépêches de mon chargé d'affaires à Vienne, a été arrêté par les Autrichiens à Braunau, quoique ces dépêches fussent cachetées et scellées des armes de France. J'ai ordonné en conséquence que les dépêches venant, soit du gouvernement autrichien, soit de ses agents, soient saisies et mises en dépôt, jusqu'à ce que les dépêches enlevées à l'officier fran­çais soient remises. Tâchez de faire arrêter des courriers autrichiens, et faites-vous apporter leurs dépêches. Ne laissez plus passer de Français sur le territoire autrichien pour aller en Dalmatie. Écrivez en chiffre au général Marmont d'accélérer ses dispositions conformément aux instructions que je lui ai données.


Paris, 24 mars 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Pourquoi le Journal des Débats donne-t-il des proclamations du prince Charles qui ne sont pas dans le Moniteur ? Il faut que ce M. Étienne soit un grand imbécile. Où a-t~il pris ces observations qu'il a faites, qui n'ont pas le sens commun, et qui peuvent déplaire à la Russie ?

(Lecestre)


Paris, 24 mars, 1809

Au général Caulaincourt, ambassadeur à Saint-Pétersbourg

Un courrier de M. de Champagny vous mira porté la nouvelle de l'attentat commis par l'Autriche. Vous aurez vu également la proclamation du prince Charles. Les mouvements à Trieste et partout sont les mêmes. On appelle à grands cris la guerre. Les événements marchent plus vite qu'on ne le croit à Saint-Pétersbourg. Vous ne me dites pas où sont les troupes russes. Si la Russie ne marche pas, j’aurai seul l’Autriche sous les bras et même les Bosniaques. Je l’ai dit suffisamment à M. de Romanzoff. Les Anglais ont compté sur l'Autriche et la Turquie et sur l'emploi de mes troupes en Espagne et de celles de l'empereur de Russie en Finlande et en Turquie pour nous braver. C'est le moment de faire voir le contraire.

Je considère le sieur Dodun comme prisonnier à Vienne; je n'ai appris qu'hier à quatre heures après midi l'arrestation de son courrier à Braunau. J'ai fait dire sur-le-champ à M. de Metternich que je n'avais pas (mot illisible). Il me serait impossible de le voir. J'ai ordonné des représailles contre les courriers autrichiens, et que leurs dépêches fussent arrêtées jusqu'à ce que les miennes soient rendues. Je n'avais pas cru à un attentat si imprévu, et je n'avais fait partir ni ma garde ni mes bagages. Mais ce matin je me suis hâté de faire partir la cavalerie et l'artillerie de ma garde et mes équipages de guerre. Il n'y a cependant rien de changé à la posi­tion de mes troupes.

Je ne veux point attaquer que je n'aie des nouvelles de vous ; mais tout me porte à penser que l'Autriche attaquera. Faudra-t-il que le résultat de notre alliance soit que j'aie seul toute l'Autriche à combattre, et de plus quelques milliers de Bosniaques ? L'empereur voudra-t-il que le résultat de son alliance soit de n'être d'aucun poids et d'aucune utilité pour la cause commune ? Quant aux moyens, il me semble que l'empereur a des troupes inutiles sur les confins de la Transylvanie, à Pétersbourg et du côté de la Galicie. Tout plan est bon, pourvu qu'il occupe une partie des forces autrichiennes. Je vous ai écrit il y a quelques jours là-dessus. L'empereur veut-il m'envoyer un corps auxiliaire ? Je me charge de le nourrir. Qu'il lui fasse passer la Vistule entre Varsovie et Thorn, et qu'il l'approche de Dresde. Veut-il entrer en Galicie ou en Transylvanie ? Qu'il fasse marcher les troupes qu'il a de ce côté. Pourquoi ne gênerait-il pas les communications avec l'Autriche, et ne soumettrait-il pas ce pays à l'état de malaise où nous sommes, l'Autriche et moi ? Cette disposition de la Russie pourrait l'effrayer.

La note de l'empereur me paraît bonne. S'il l'a fait remettre à M. de Schwartzenherg, vous pourrez en remettre une pareille. Que l'Autriche désarme, et je suis content; mais elle paraît décidée. La proclamation du prince Charles du 9 mars est postérieure de huit jours à la réception de M. de Schwartzenherg. Les nouvelles que j'ai d'Angleterre sont positives : on est à Londres dans la joie. Des agents autrichiens ont déjà insurgé quelques communes du Tyrol. Le ministre de la Porte à Paris a reçu ordre de correspondre avec la légation autrichienne et d'écrire par son canal. Les propos du public en Autriche doivent être connus à Saint-Pétersbourg comme ils le sont ici. Si quelque chose, je le répète, peut encore prévenir la guerre, ce dont je commence à douter, car les Autrichiens ont perdu la tête, c'est : que la Russie se mette en demi-état d'hostilité avec eux, c'est-à-dire marche sur les frontières de Transylvanie el de Galicie  et si elle veut mettre un corps à ma solde, qu'elle l’envoie dans le duché de Varsovie : dans ce cas vous ne le feriez pas passer par Varsovie ; 2° que quelques articles soient mis dans les journaux de Pétersbourg sur les proclamations du prince Charles et sur les articles de la Gazette de Pétersbourg relatifs à la Turquie; 3° que les Autrichiens commencent à être gênés et maltraités dans les États russes. Cela se répandra dans la monarchie et fera voir qu'on ne veut point de la guerre. Si quelque chose peut-être est capable d'empêcher un éclat, ce sont ces mesures.

Le langage des chargés d'affaires respectifs doit être qu'ils ont l'ordre de quitter Vienne, si l'Autriche commet la moindre hostilité; mais peut-être ces mesures sont-elles trop tardives. Vous pensez bien que je n'ai peur de rien. Cependant, après avoir perdu l'alliance de la Turquie, après m'être attiré cette guerre avec l'Autriche pour la conférence d'Erfurt, après que mon étroite alliance avec la Russie a détaché du parti de la France le prince Charles, ennemi déclaré des Russes, j'ai droit de m'attendre que, pour le bien de cette alliance et pour le repos du monde, la Russie agisse vertement.

Mes armées d'Italie seront toutes campées au 1er avril, et, à la même époque, mes armées d'Allemagne seront en mesure. Je vous laisse les plus grands pouvoirs. Si l'empereur veut m'envoyer quatre bonnes divisions formant 45 à 60,000 hommes, qu'il les mette en marche, et qu'il fasse connaître en même temps que, l'Autriche con­tinuant de menacer, il m'envoie ce secours. Cela glacera d'effroi l'Autriche et l'Angleterre. On verra que l'alliance est réelle et non simulée. Si l'empereur lui-même veut agir avec ses armées, il en a les moyens. En passant par la Galicie, il sera bientôt à Olmutz. Là, son armée vivra bien, se ravitaillera, et menacera de près l'Autriche en faisant une puissante diversion qui l'obligera à porter 60,000 hommes de ce côté. Par la Transylvanie, il peut menacer la Hongrie et tenir en échec l'insurrection hongroise. Si nous sommes sérieusement unis, nous ferons ce que nous voudrons. Vous êtes autorisé à signer toute espèce de traité ou convention qu'on voudra proposer. Si la Galicie est conquise, l'empereur peut en garder la moitié, et l'autre moitié peut être donnée au duché de Varsovie. Enfin je ne veux point d'agrandissement; je ne veux que la paix maritime, et l'Autriche armée est un obstacle à cette paix.

En résumé, tout est en apparence de guerre entre l'Autriche et moi, et cette apparence est publique ; la même apparence doit exister entre la Russie et l'Autriche. Mes armées sont prêtes à marcher; les armées russes doivent être également prêtes à marcher. La voix de M. de Romanzoff à Vienne ne produirait rien. On y dit avec le plus grand sang-froid que les Russes sont occupés en Turquie, en Finlande et en Suède, et que mes armées sont occupées en Espagne et à Corfou. C'est sur ces chimères qu'ils bâtissent des succès, égarement qui fait hausser les épaules aux hommes qui raisonnent. De notre côté aussi il faut nous remuer. Je ne puis rien vous dire de plus; vous comprenez aussi bien que moi la position des choses. Dites à M. de Romanzoff que vous êtes autorisé à signer une note et à la remettre de concert. Je partage le sentiment de l'empereur et suis de l'avis de la note qu'il veut faire présenter; mais rien n'est efficace, s'il ne prend une attitude haute et sérieuse. L'irritation par suite de l'arrestation du courrier est générale ici et ne peut s'exprimer.

(Lecestre)


Paris, 24 mars, 1809

A Alexandre Ier, Empereur de Russie

Je remercie Votre Majesté Impériale de l'envoi qu'elle m'a fait de son aide de camp le colonel Gorgoly. J'ai été fort aise de voir cet officier.

Tout change avec rapidité. L'Angleterre a réuni à sa cause l'Autriche et la Turquie. Elle ne garde aucune mesure ni dans son langage ni dans ses dispositions. Les dépêches de mon chargé d'affaires ont été prises de vive force sur un officier français à Braunau, ce  qui est l'indice ou le signal d'une déclaration de guerre. J'ai fait partir ce matin un officier de ma garde et mes équipages de guerre, Je n'ai cependant point le projet d'attaquer que je ne connaisse les dispositions de Votre Majesté ; je ne sais pas si je ne le serai point. Il n'y a pas un moment à perdre pour que Votre Majesté fasse camper ses troupes sur les frontières de nos ennemis com­muns. Les Bosniaques menacent d'attaquer mon armée de Dalmatie. L’Autriche triomphe dans toute la Turquie. J'ai compté sur l'alliance de Votre Majesté ; mais il faut agir, et je me confie en elle. J'ai fait écrire ce détail à Caulaincourt. Tout est bien, pourvu que l'Autriche désarme et ne donne plus d'inquiétude.

(Lecestre)


Paris, 24 mars 1809, 1 heure du matin

NOTE POUR M. DE CHAMPAGNY
Ministre des relations extérieures, à Paris

L'Empereur envoie à M. de Champagny une lettre qu'il est inutile de garder. C'est l'original de la dernière lettre du gazetier de Vienne à celui de Hambourg. Sa Majesté désire que M. de Champagny s'occupe de la réunion des pièces nécessaires pour la rédaction du manifeste. Il faut que les articles des gazettes de Vienne, Presbourg, etc., depuis la conférence d'Erfurt et la proclamation de l'archiduc relative à la levée de septembre puissent y entrer.

(Brotonne)


Paris, 25 mars 1809

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Mon Frère, je reçois votre lettre. Il ne faut pas songer à distraire aucun de mes régiments d'infanterie. Le duc d'Auerstaedt vous aura mandé que je n'en laisse aucun à Magdeburg, hormis un bataillon et une compagnie d'artillerie. Ayez une colonne qui soit prête à se porter en Hanovre et partout où sa présence serait nécessaire pour rétablir l'ordre.

Je voudrais avoir un état de situation détaillé des troupes qui vous restent; vous ne me l'avez pas encore envoyé. Par les états généraux que j'ai, il paraîtrait que vous avez 2,000 chevaux, 2,000 hommes d'infanterie de votre garde et 5,000 hommes d'infanterie de ligne; ce qui ferait une division de 9 à 10,000 hommes. Il faudrait y joindre trois batteries de canon, et avec cela vous pourriez vous porter sur Hambourg, Hanovre, et partout où il serait nécessaire.


Paris, 25 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, je reçois votre lettre du 20. Je vous ai envoyé le général Vial, qui est très-capable de commander à Venise. Gênez la communication de l’Autriche de toutes ls manières, surtout avec Trieste, et qu’aucun de mes bâtiments n’aille dans ce port, afin de n’être pas pris au moment de la guerre.

(prince Eugène)


Paris, 26 mars 1809

Au maréchal Jourdan, major-général de l’armée d’Espagne, à Madrid

Cette lettre, écrite par le ministre de la guerre, a été revue par l'Empereur et corrigée de sa main. On lit en tête de la minute la note suivante : « Renvoyé au ministre de la guerre pour expédier cette dépêche avec les changements.)

Monsieur le Maréchal, je réponds aux diverses lettres que le prince de Neuchâtel a reçues de Votre Excellence, qu'il m'a remises et dont j'ai fait part à S. M. l'Empereur.

La Romana, après avoir été battu par le maréchal duc de Dal­ matie, paraît, avec les débris de son corps, s'être porté sur les confins de la Galice et Zamora. La division Lapisse aurait dû marcher pour le culbuter. La Romana n'a, il est vrai, que 5,000 hommes; mais, si on lui laisse du temps, il aura bientôt recruté de nouvelles forces, qui inquiéteront le nord. Par suite de cet incident, les communications du duc d'Elchingen sont interrompues. Ce maréchal a porté trop de troupes sur la côte; il est peu probable que les instructions du major général lui soient parvenues.

Maintenant, avant tout et par-dessus tout, il faut rouvrir les com­munications avec le maréchal duc d'Elchingen, et s'attacher à main­tenir la tranquillité du nord.

L'Empereur n'a donné aucune destination aux troupes qui ont pris Saragosse.

Le plan de marche sur Séville par Mérida ne doit être exécuté qu’au préalable le maréchal duc de Bellune ne rouvre les communications avec le duc de Dalmatie, et tel doit être l'objet de la première instruction qu'il recevra; car il est essentiel de ne point s'avancer légèrement à l'extrémité de la Péninsule ou vers Gibraltar, en courant le risque de s'affaiblir sur tous les points. Il est convenable que l'expédition se fasse avec prudence et dans toutes les règles de l'état militaire; ce qui exige nécessairement le rétablissement préalable de la communication avec le maréchal duc de Dalmatie.

Dans aucun cas le 5e corps ne doit passer le Douro ni se porter dans le midi; c'est une réserve pour le nord et pour assurer tout événement. Il sera très-bien placé à Valladolid.

Je vous le répète, Monsieur le Maréchal, le premier besoin de l'armée est de détruire les restes du corps de la Romana, de l'empêcher de soulever le nord et d'y être le maître. Peut-être le maréchal duc d'Elchingen a-t-il déjà commencé ou même achevé cette opération.

Dans aucun cas le 5e corps ne marchera ni sur le midi ni sur Madrid.

L'importance du rétablissement des communications avec le duc de Dalmatie et le duc d'Elchingen est telle, que, dans le cas où il serait nécessaire d'y envoyer des troupes, même de Madrid, il faudrait se déterminer à le faire.

Le général Kellermann a sous ses ordres une cavalerie qui est d'une grande utilité dans les plaines de Castille. Il n'a pas assez d'infanterie, après le départ de la division Lapisse, pour marcher sur les Asturies ou opérer dans les montagnes de la Galice.

Je vous envoie, Monsieur le Maréchal, les dépêches qu'on a reçues du général Saint-Cyr. Ce général a battu, à la fin de février, Reding, qui a été blessé. Il paraît que l'insurrection est forte en Catalogne. La nouvelle de la prise de Saragosse, dissimulée par les chefs des insurgés, n'a pu encore y produire l'effet qu'on en doit attendre. Le 12, le général Saint-Cyr était à Valls, près de Tarragone. Barcelone s'approvisionnait.

Le général Reille va cerner Girone. La prise de cette place et celle de Jaca sont bien importantes.

Il paraît que les Anglais ont voulu occuper Cadix avec quatre régiments, et, d'après les nouvelles de Cadix même, sous la date du 15 février, venues de Londres, les Espagnols s'y étaient opposés.

Je prie Votre Excellence de faire part de la présente à S. M. Ca­tholique, en y joignant l'hommage de mon profond respect.

Le ministre de la guerre, comte d’Hunebourg.

P. S. Les dépêches du général Saint-Cyr, étant envoyées par mer, ont été détruites, parce que son aide de camp a été sur le point d'être pris. On les remplace, ci-joint, par le compte rendu par cet aide de camp. Je l'ai parafé.

J'apprends à l'instant que les 116e et 117e régiments ont été rappelés de Bayonne par S. Exc. le duc de Montebello, pour se porter sur Jaca. Je prendrai les ordres de l'Empereur à ce sujet. Je n'ai pas cru devoir différer d'envoyer la présente à Votre Excellence.


Paris, 26 mars 1809

A Joachim Napoléon, roi des Deux-Siciles, à Naples.

Je reçois votre lettre. Le départ de la colonne du général Valentin ne doit pas vous empêcher de garder la Calabre. Les Anglais ont bien d'autres choses à faire que d'aller en Sicile. Ils jettent l'alarme par­tout, mais ils ne sont pas à craindre.


Paris, 26 mars 1809

A Louis X, Grand-Duc de Hesse-Darmstadt, à Darmstadt

Mon Frère, j'ai reçu la lettre de Votre Altesse Royale, du 11 mars. Je verrai avec plaisir son fils auprès de moi. Que Son Altesse Royale fasse préparer ses équipages, et qu'elle lui donne un bon officier pour le guider. Il peut se tenir prêt à partir, et je lui ferai désigner le lieu où il devra se rendre.


Paris, 26 mars 1809

A Maximilien-Joseph, roi de Bavière, à Munich

Monsieur mon Frère, je reçois votre lettre. Je ne vois pas d'inconvénient que Votre Majesté donne le commandement d'une de ses trois divisions au Prince royal.

L'arrestation de l'officier français à Braunau ne laisse plus de doute sur les dispositions de l'Autriche. J'ai fait partir, après cela, mes chevaux et ma Garde. Le duc de Rivoli est arrivé à Ulm. Le général Oudinot sera bientôt complété à 30,000 hommes. Une colonne de 5 à 6000 hommes se dirige d'Italie, par Innsbruck, sur Augsbourg pour y rejoindre le corps d'armée du duc de Rivoli. Il est bon que le gou­verneur de Votre Majesté dans le Tyrol en soit instruit, afin que, s'il y avait un coup de main à faire pour les faire déloger, on profitât du passage de cette colonne.


Paris, 26 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, si le 25e léger, qui à ordre de se rendre en Toscane, est de l,600 hommes présents sous les armes, par l’incorporation des  différents conscrits qu’il a reçu, vous pouvez donner ordre au 112e de vous rejoindre, en se dirigeant d’abord par Bologne. Si le 23e n’a pas le nombre d’hommes, vous pourrez donner l’ordre à un bataillon de La Tour-d’Auvergne, qui doit être arrivé à Rome avec la colonne du général Valentin, au 1er avril, de se rendre en Toscane, et, moyennant ce, le 112e pourra se rendre à Bologne. Vous pourrez annoncer en Toscane que 6,000 hommes y arrivent de Rome, cette annonce sera toujours utile.

 

(prince Eugène)


Paris, 27 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Allemagne, à Paris

Mon Cousin, donnez ordre au général Oudinot de placer toute sa cavalerie et son infanterie sur la rive droite du Lech, et de n'occuper de la rive gauche que la ville d'Augsbourg, afin de laisser de la place au corps du duc de Rivoli; et d'ailleurs, à tout événement, il vaut mieux pour les fourrages ménager la rive droite que la rive gauche.


Paris, 27 mars 1809

A Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Madrid

Je ne sais ce que vous voulez me dire des correspondances du sieur Fréville; vous me supposez beaucoup trop occupé des détails. Je me suis réservé les biens des douze familles proscrites, et je ne prétends pas à autre chose.

J'ai lu aujourd'hui cinq numéros d'un courrier espagnol rédigé en français; je ne sais pas à quoi peut servir cette gazette. Si c'est pour agir sur l'armée, n'aurait-il pas été convenable que j'en connaisse le rédacteur et qu'il eût ma confiance ? Si c'est pour influer sur la France et sur l'Europe, il serait bien naturel qu'on me laissât ce soin, au moins pour ce qui regarde la France. On se permet dans ce journal des discussions littéraires sur Paris, et l'on s'y établit à l'égard de la France le Don Quichotte des Espagnols. Que cela s'écrive en espagnol et pour les Espagnols, ce n'est que ridicule; mais cela est très inconvenant en français. La France, engagée en Espagne dans une guerre si cruelle, doit espérer au moins l'avantage de régénérer ce pays et de le rendre à des idées plus libérales. On ne peut donc considérer que comme des malveillants ceux qui, dans ce moment, osent publier en français que l'Espagne était bien administrée sous Charles IV, et font l’éloge pompeux d’un Jovellanos que l'Europe ne connaît pas et qui est notre ennemi si acharné qu'il ne pardonne à personne. II faut supprimer cette gazette, ou la faire rédiger en espagnol. J’ai ordonné qu’on en arrêtât partout les exemplaires.

Le ministre de la guerre vous écrit sur les opérations militaires, qui me paraissent bien faibles. Il est urgent de rétablir, à quelque prix que ce soit, les communications entre le duc d’Elchingen et le duc de Dalmatie. Il me semble que voilà un mois qu’on n’a pas reçu de lettre du duc d’Elchingen, et qu’on laisse La Romana s’établir entre la Galice et les Castilles. Si cela continue, les affaires d’Espagne empireraient  d’une manière effrayante. Il faut beaucoup de soin et d’activité dans la conduite de ces opérations militaires.

Le prince de Neuchâtel part. On lui assure de tous côtés que les Autrichiens attaquent les Bavarois depuis deux jours.

(Lecestre)


Paris, 27 mars 1809

A Joseph Napoléon, roi d’Espagne, à Madrid

Mon Frère, la guerre paraît imminente. J’ai fait partir mes équipages. Un de mes courriers a été arrêté à Braunau, par la police autrichienne. Je désire avoir le général Lasalle. Les généraux de cavalerie, en Espagne, ont besoin de peu d’habitudes. Remplacez ce général comme vous voudrez et envoyez-le moi sans délai.

(du Casse)


Paris 27 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Il paraît à Madrid un Courrier d'Espagne rédigé en français par des intrigants, et qui peut être du plus mauvais effet. Écrivez au maréchal Jourdan pour qu'il n'y ait aucun journal français en Espagne, et qu'on ait à supprimer celui-là. Mon intention est de ne souffrir, partout où sont mes troupes; aucun journal français, à, moins qu'il ne soit publié par mes ordres. D'ailleurs les Français ne reçoivent-ils pas les gazettes de France ? Quant aux Espagnols, on doit leur parler dans leur langue. Il faut que votre lettre à ce sujet soit un ordre positif.

(Lecestre)


Paris, 27 mars 1809

Au comte Fouché. Ministre de la police générale, à Paris

La reine Marie-Louise (reine d’Étrurie) doit partir de Compiègne le 4 avril pour aller en Italie. Mon intention est qu'on la laisse aller jusqu'à Lyon et que, arrivée dans cette ville, elle change de direction et prenne la route de Nice. Il faudrait faire trouver un ou deux bâtiments prêts pour l'embarquer avec ses voitures et la conduire par eau jusqu'à Avignon, d'où elle se rendra, par terre, à Nice. Il ne faut pas qu'elle séjourne à Lyon, et les voitures de bagages qu'elle aurait fait partir en avant seront dirigées de Lyon pour se rendre à Nice par terre. La reine recevra à Lyon une lettre du grand maréchal de mon palais, qui lui fera connaître que je désire qu'elle se rende dans le Midi, et qu'elle pourra habiter celle des villes de la rivière de Gênes qu'elle préférera, depuis Nice jusqu'à Savone. Elle peut s'établir ou à Menton ou à San-Remo; elle peut même rester quelques mois à Nice; mais il faut la détourner de l'idée d'y fixer son séjour définitif. Vous donnerez des ordres dans ces villes pour qu'elle y soit bien traitée. La reine doit renvoyer tous les Toscans qui sont avec elle. Il serait bon de lui attacher un ancien officier, d'une quarantaine d'années, du grade de chef de bataillon ou de capitaine. Cet officier resterait près de sa personne; il se chargerait de ses affaires et de lui faire toucher sa pension.

(Lecestre)


Paris, 27 mars 1809

Au comte Fouché. Ministre de la police générale, à Paris

Je désire que vous écriviez à M. d'Arberg, à Valençay, pour qu'il en fasse partir tous les Espagnols attachés à la suite des princes, pour retourner en Espagne, parce que le gouvernement espagnol est dans l'intention de confisquer leurs biens s'ils ne reviennent pas. Il faut qu'ils exécutent l'ordre quarante-huit heures après l'avoir reçu. M. d'Arberg pourra en excepter les parents du cha­noine Escoïquiz et une dizaine de domestiques attachés au prince. Il faut même lui donner là-dessus une certaine latitude. Il dirigera ces Espagnols sur Auch, où ils recevront de nouveaux ordres de vous.

P. S. - On pourrait laisser le chanoine Escoïquiz avec le prince, et envoyer San-Carlos en surveillance à Liège ou à Bruxelles. Mais, avant, il faut que l'opération de se défaire de ces Espagnols soit faite.

(Lecestre)


Paris, 27 mars 1809

Monsieur le vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Monsieur le vice-amiral Decrès, je désire que vous fassiez partir ce soir un courrier pour l'amiral Ganteaume. Mes vaisseaux sont approvisionnés pour six mois de biscuit. L'a­miral Ganteaume sera maître, selon les cir­constances, d'embarquer 100,000 rations par vaisseau, au moins, si l'on était trop pressé. S'il en embarque 100,000 par vaisseau, il dé­barquera donc 400,000 rations de biscuit. Je me contente de 12,000 quintaux de blé ou de farine, ce qui fait 1,200,000 rations de pain, ou du pain pour 30,000 hommes pendant cin­quante jours. Si l'on a du riz, qu’il peut en mettre quelques milliers de quintaux. Quant à la poudre, je me contenterai de 100 milliers de poudre, poids de marc; 1 million de cartouches suffiront. Vous donnerez ordre à l'amiral Ganteaume de choisir ces 4 ou 5 vaisseaux et 2 frégates. On y embarquera : 10 30,000 quintaux pour le maximum, et 10,000 quintaux pour le minimum de farine, pour tout ce qu'on pourra se procurer, et de blé pour le reste; 2° 200 milliers de livres de 16 onces au maximum, et 100 milliers au minimum de poudre, 2 millions de cartouches au maximum et 1 million au minimum; mais surtout, il faut faire très promptement. Je laisse à l'amiral Ganteaume la faculté de mettre 1 millier de quintaux de riz, au lieu de 1 millier de quintaux de farine ou de blé. Il complétera ses vivres à trois mois, rations complètes de mer pour les équipages, aller et revenir; et en outre, il aura par vaisseau 80 ou 100,000 rations de biscuit sans autres vivres; et même, en cas d'embarras, il suppléera à ce biscuit par de la farine ou du blé. C'est 1 million 4 ou 500,000 rations de pain, biscuit, farine, blé ou riz que je désire faire entrer à Barcelone pour le minimum. Vous ordonnerez que le reste des bâtiments de l'ancienne expédition, et il y en a plusieurs restés à Roses et dans les ports de France, soient chargés entre eux de 10,000 quintaux de blé, afin qu'au moment où l'escadre anglaise serait chassée, ces petits bâtiments puissent entrer. Il en entrera ce qu'il pourra. Il faut avoir soin d'envoyer à l'amiral Ganteaume trois mois de Moniteur et de toute espèce de gazettes. Il sera bon qu'il y ait avec, l'escadre deux petits bâtiments qui puissent revenir à Roses et autres ports après l'expédition, pour balayer les cor­saires et protéger le départ des petits bâtiments. Il faudra même qu'un de ces bâtiments arri­vant sur les côtes de France, prévint tous ceux qui voudraient partir. La Catalogne manque de vivres; ce secours est très important, et fera que l'armée, à quinze ou vingt lieues aux environs, pourra attendre la récolte. Vous savez que le riz pèse moins que le blé. Les gens de vos bureaux doivent connaître ces détails. Je crois, si je ne me trompe, que lorsqu'on manque de pain, le soldat se contente de 5 onces de riz. S'il y a du riz à Toulon, ce sera une économie de moitié pour le transport. Il y a à Barcelone de très grands moyens de débarquement; et comme ce secours intéresse non seulement l'armée, mais aussi les habitants, on s'empressera d'aider le débarquement. Il faut avoir soin que la répartition soit faite entre les 4 ou 5 vaisseaux de l'escadre, deux frégates et deux petits bâtiments armés, ainsi que sur les bâtiments de commerce bons voiliers, susceptibles d'entrer à Barcelone.

Expédiez ce soir les ordres en conséquence à l'amiral Ganteaume. Il les recevra avant le 1er avril. Il faut que le 5 avril, tout soit parti.

Vous fournirez lei3 vivres. Vous pouvez puiser, si cela est nécessaire, dans les magasins de la guerre. La poudre et les cartouches de la guerre sont à votre disposition; qu'à l'arrivée de vos ordres on embarque. Le 29, vous expédierez un courrier qui sera porteur d'une lettre signée de moi, de journaux, instructions, etc. Le fort de Roses est à nous, et, en cas d'événements, on y trouverait protection.

Est-ce que des bâtiments comme la Glorieuse et le Mohawk n'entreraient pas à Barcelone ? Si la Nourrice et la Baleine ne peuvent pas y entrer, des flûtes comme la Durance et la Lamproie y entreraient-elles ?

Sur ce, etc.

(Lecestre)


Paris, 27 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, je reçois votre lettre du 22 à une heure du matin.  J’approuve toutes les dispositions que vous avez faites. Je vous ai fait connaître que je comptais que les choses resteraient dans le même état pendant tout le mois d’avril. Quoique les Autrichiens menacent beaucoup, ils n’ont cependant pas attaqué, et je reste constant dans mon opinion qu’ils ne le peuvent plus avant le milieu de mai. Vous n’aurez pas manqué d’écrire par tous les courriers au général  Marmont par terre et par mer. J’ai signé le décret qui nomme général de division Fontanelli, et général de brigade le colonel Bartholetti. J’ai nommé le major Jouanis du 81e colonel du 53e; faîtes-le-lui dire et qu’il rejoigne sur-le-champ.

P. S. Je n’ai pas encore reçu l’état de situation de l’armée d’Italie au 15 mars.

(prince Eugène)


Paris, 28 mars 1809

A M. Cretet, comte de Champmol, ministre de l’intérieur

Monsieur Cretet, en général, ce que j'ai ordonné à mon passage dans la Vendée ne s'exécute point. J'y ai nommé un préfet; pourquoi n'est-il pas à son poste ? Qu'il s'y rende sans délai.


Paris, 28 mars 1809

Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris

(Cette lettre a été écrite par le comte Mollien lui-même sous la dictée de l'Empereur)

Monsieur Mollien, je vous ai demandé 2 millions sur Strasbourg; j'en ai mis 500,000 francs à la disposition du major général; vous tiendrez 500 autres mille francs à la disposition de l'intendant général; vous y joindrez un autre million; ce qui forme trois millions, un à la disposition du major général, deux à la disposition de l'intendant général, qui ordonnancera tout, savoir : les dépenses du ministère de la guerre sur le million à la disposition du major général, et les dépenses de l'administration de la guerre sur les deux autres millions.

Il est indispensable que vous mettiez aujourd'hui un million à la disposition de l'intendant général, savoir: 200,000 francs en or et 800,000 en traites à vue sur Augsbourg, Ulm ou Stuttgart; vous ferez partir un payeur.

Les mesures que vous avez prises ne sont pas suffisantes; il faut, sur les deux millions qui restent à verser à Strasbourg, que vous en fassiez verser un le 1er du mois, et que le troisième million y soit le 10 avril. C'est par Strasbourg que tout doit passer; Mayence et Francfort sont trop loin. De l'argent sur Strasbourg et des lettres de change sur Augsbourg, Ulm et Stuttgart. Rendez-moi ce soir un compte dont le résultat soit que le commissaire des guerres partira ce soir avec un million; qu'il y ait à Strasbourg un million le 1er avril, et un troisième million le 10; et prenez des mesures pour que la solde passe par Strasbourg. L'argent ne peut donc pas manquer; j'ai, in­dépendamment de ces moyens, un million de la liste civile que M. Daru fait revenir en poste; on s'en servira, sauf à le faire rem­bourser à la liste civile.


Paris, 28 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, écrivez au général Kellermann, qui commande à Valladolid, que je vois avec peine que les hôpitaux de la Biscaye et de la Vieille-Castille manquent du nécessaire; que c'est à lui à leur fournir des matelas, couvertures, draps et autres objets dont ils ont besoin, en tenant la main à ce que les réquisitions qu'il fera au pays soient exécutées.

Donnez le même ordre aux commandants de Pampelune, Saint­ Sébastien, Burgos, Vitoria, Bilbao, Santander, et stimulez là-dessus leur zèle.


Paris, 28 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée Allemagne, à Paris

Mon Cousin, donnez l'ordre au duc de Rivoli de faire rejoindre par les troupes de Hesse-Darmstadt et de Bade leurs divisions respectives, et d'ordonner aux généraux des divisions de les faire manœuvrer tous les jours.

Faites connaître au duc de Rivoli que le général Oudinot a ordre de porter ses cantonnements sur la rive droite du Lech, à deux lieues autour d'Augsbourg; qu'il ne faut pas mettre de cavalerie près de la rive gauche du Lech, pour ménager le pays en cas que l'on fût obligé de tenir la ligne du Lech.

Ordonnez au duc de Rivoli d'avoir toujours dans ses cantonnements quatre jours de pain et quatre de biscuit, afin de pouvoir partir avec huit jours de biscuit. Donnez le même ordre au général Oudinot.


Paris, 28 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée Allemagne, à Paris

Mon Cousin, il y aura à l'armée d'Allemagne huit compagnies de pontonniers. Mon intention est que, de ces huit compagnies, il y en ait une attachée à chaque corps d'armée, une attachée à la Garde, indépendamment de celle de la Garde, une attachée à la cavalerie et trois attachées au parc général. Je vous ai fait connaître que la réserve du génie de l'armée d'Allemagne devait être composée d'un bataillon de marins de 1,200 hommes, d'un bataillon d'ouvriers de la marine de 800 hommes, total 2,000 marins sachant manier le fusil et manœuvrer, de 900 hommes des compagnies de sapeurs, de trois compagnies de mineurs, de quatre compagnies de pionniers formant 600 hommes, et de trois compagnies de pontonniers. On y joindra deux compagnies d'artillerie et six pièces de canon. Ainsi le personnel de la réserve du génie, qui sera commandée par un officier supérieur du génie ou de marine, sera de plus de 4,000 fusils, de 280 canonniers servant six pièces de canon et ayant 12,000 outils attelés; indépendamment de ces 12,000 outils, 6,000 seront attachés aux compagnies de sapeurs, mineurs, pontonniers et pionniers, et enfin des caissons portant à peu près 20,000 outils seront attachés aux deux bataillons de marins et d'ouvriers.


Paris, 28 mars 1809

ORDRES.

Écrire ce soir à l'ordonnateur de la 5e division et au préfet qu'ils prennent les mesures nécessaires pour faire partir, sous vingt-quatre heures, pour Stuttgart, une compagnie de constructeurs, dans laquelle il y ait 30 ou 40 hommes dont 3 ou 4 habiles à construire des fours. 150 boulangers, 50 au préfet de Strasbourg, 50 au préfet de Mayence, 50 à Colmar. Les préfets les engageront pour six mois. Ceux de Strasbourg se mettront en marche, par division de 25, sur Stuttgart.

Écrire à l'ordonnateur, à Ulm, que je suppose qu'il y a au moins dix mille quintaux de farine réunis à Ulm; qu'il se concerte avec les­ Bavarois pour les réunir sans délai; que, s'il n'a pas de boulangers, il en forme toujours quelques brigades : les circonstances sont urgentes; qu'il se procure des bateaux pour transporter les vivres d'Ulm sur Donauwoerth.

Écrire, à Augsbourg, au commissaire des guerres d'Oudinot d'augmenter les magasins et de faire 100,000 rations de biscuit et 100,000 rations de pain biscuité.

Expédier sur-le-champ un commissaire des guerres avec des lettres de crédit du trésor public pour 200,000 francs. Réunir un million de rations en blé ou farine, mais le plus possible de farine .

J'ai fait construire jadis des fours à Donauwoerth. Requérir les Bavarois et faire construire les fours à Donauwoerth. Il faut que, vingt-quatre heures après l'arrivée du commissaire des guerres, il y ait 100,000 rations de farine dans les magasins.

Voir les moyens de bateaux qu'on pourrait trouver à Donauwoerth pour transporter sur le Danube.

J'ai ordonné un million de rations de biscuit aux autorités bavaroises; j'en ai demandé 200,000 à Passau, 200,000 à Munich, 200,000 à Ulm, 200,000 à Augsbourg, 200,000 à Ingolstadt. Dire au commissaire des guerres que je les suppose confectionnées. En activer la confection si elles ne le sont pas, et avoir des moyens pour les faire filer par le Danube sur Donauwoerth.

Le commissaire des guerres qui ira à Donauwoerth enverra à Ingolstadt.

Les deux cent mille rations de Passau seront mises sous la protection du fort, si cela est nécessaire. Celles de Munich, en cas d'événement, se dirigeront sur Donauwoerth et sur Augsbourg.

Activer toutes ces fabrications.

Outre le commissaire des guerres envoyé à Donauwoerth, envoyer l'ordonnateur Joinville. L’intendant général lui fera connaître le secret de l'armée.

Si les Autrichiens attaquent avant le 10 avril, l'armée doit se concentrer derrière le Lech : la droite occupant Augsbourg, et la gauche la droite du Danube sur Ingolstadt, Donauwoerth.

Donauwoerth doit être le point le plus central de l'armée.

Ainsi donc recommander, si le cas arrivait, que le biscuit d'Ingolstadt et Munich soit dirigé derrière le Lech.

Établir des hôpitaux à Ulm, à Augsbourg, qui sera toujours gardé, et à Donauwoerth.

Le commissaire des guerres pourra porter les 200,000 francs en or dans sa voiture. Il portera des lettres de crédit sur Augsbourg, si le ministre en a.

Il doit y avoir, à Donauwoerth, le général Monthion au bureau d'état-major. Le major général écrira au maréchal Davout pour lui faire connaître l'existence de l'ordonnateur Joinville à l'armée, et qu'il corresponde avec lui. Le cas d'un mouvement rétrograde arrivant, le commissaire des guerres Joinville devra se concerter avec le gouvernement bavarois pour frapper des réquisitions sur Nordlingen, Donauwoerth, Ulm, en arrière du Lech et sur toute la rive droite du Danube; se procurer, en payant, des bateaux sur le Danube; 200,000 francs seront mis à sa disposition le 25 mai. J'aurai 1,000 marins.

Sans attendre les constructeurs, il fera construire par les Bavarois à Ulm et à Donauwoerth.

Demander à Augsbourg 20,000 quintaux de farine.

Il fera des marchés à Ulm pour une trentaine de bateaux montés du nombre d'hommes nécessaire; autant à Donauwoerth et autant dans l'intervalle. Il les louera à tant par mois à dater du plus tôt possible.

Le principal est d'avoir à Donauwoerth des fours et des boulangers. Le duc d'Auerstaedt m'a mandé que 700,000 rations de biscuit étaient dirigées sur Donauwoerth; mais Dieu sait quand il arrivera !

J'ai aussi ordonné à Ulm un magasin de souliers et un magasin d'artillerie.

L'intendant général partira demain. Arrivé à Strasbourg, il dirigera sur Ulm tous les souliers, tous les moyens d'hôpitaux et tous souliers qui appartiendraient aux corps.

Il favorisera les transports d'artillerie.

Il s'entendra avec les gouvernements de Bade et de Stuttgart pour établir des relais de Strasbourg à Ulm, afin de porter rapidement les vivres que, une fois ces relais établis, on ferait passer de Strasbourg.

Il ordonnera, à Strasbourg, la confection de 200,000 rations de biscuit. Il prendra des mesures pour qu'il y ait à Strasbourg un approvisionnement de farine.

Je vois que, l'année passée, on avait de Strasbourg à Ulm neuf relais; on sera à temps d'en mettre ensuite d'Ulm à Augsbourg ; 30 hommes par relais. Ce serait peu de chose; il faudrait en donner la moitié à l'artillerie.

L'intendant général fera les marchés et payera.

Si les mêmes voitures pouvaient aller de Strasbourg à Pforzheim, en ayant quatre relais de chevaux, et tirées par convois de trente et de Pforzheim à Ulm, on y gagnerait beaucoup de temps, parce que les mêmes voitures pourraient aller en six jours de Strasbourg à Ulm.

On avait…. (mots manquants dans la minute) pour l'État de Bade. Jusqu'à ce que ce soit organisé, on pourra requérir trois cents voitures en Alsace.

Si l'ennemi ne fait aucun mouvement, les troupes doivent continuer à vivre, sauf à liquider avec les Bavarois.

Les Bavarois doivent former les magasins d'Augsbourg. Ceux d'Ulm et de Donauwoerth à mes frais.

Quant aux souliers, on fera un marché de 100,000 paires à Strasbourg. Il faut les livrer par jour, à raison de tant, à 1,000 paires par jour, si cela est possible.

M. Daru prendra des renseignements pour savoir la route qu’ont prise les 40,000 paires de souliers qui se rendent à Augsbourg. Il est autorisé à les arrêter à Donauwoerth.

M. Daru est autorisé à commander 50,000 paires de souliers à Ulm et autant à Augsbourg, 100,000 paires à Strasbourg; cela ferait 200,000.

Je suppose que M. Daru trouvera au moins 50,000 paires souliers à Strasbourg.

S'il y en a 40,000 paires en route pour Augsbourg, qu'il fera arrêter sur le Danube, cela ferait environ 300,000. J'ordonne au ministre de faire envoyer à Strasbourg tous les souliers appartenant aux corps.

Le million que je demande à Strasbourg, pour le 1er avril, sera à la disposition du major général pour l'artillerie et le génie.

Comme renseignement pour la suite: former un atelier de confectionnement (sic) à Augsbourg el à Ulm.


Paris, 28 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, je suppose que vous avez pris des mesures et donné des ordres pour que, les Autrichiens venant à commencer les hostilités, il ne tombe rien en leur pouvoir en Istrie. Comme il n'y a aucun point à l'abri d'un coup de main, il serait à propos d'en retirer ce qui existe, en ne laissant que des gardes nationales et ce qui est indis­pensable pour leur défense.


Paris, 28 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, vous avez trop de compagnies d’artilleries à cheval en Italie. J’en manque en Allemagne. Faîtes partir avec la colonne qui traverse le Tyrol une compagnie d’artillerie légère. Je vois qu’il y a encore dans la 27e division militaire 200 sapeurs du 1er bataillon, 200 sapeurs du 3e, 60 pontonniers, et 97 hommes et chevaux du 6e bataillon du train d’artillerie, ce qui fait donc 600 hommes qui pourraient vous être utiles. Écrivez pour avoir des détails, et faîtes-moi connaître ce que l’on pourrait vous envoyer. Il y a aussi 400 canonniers du 4e régiment à pied

 

(prince Eugène)

 


 

Paris, 28 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, donnez l’ordre au 112e qui est à Florence de se rendre à Bologne, d’où vous le dirigerez sans délai sur sa division. Il partira douze heures après votre ordre reçu. Vous ferez connaître au général  Menou que le 23e léger doit être arrivé à Sienne fort de 600 hommes, qu’il a reçu deux convois de 800 conscrits, ce qui l’a porté à 3,400 hommes, que d’ailleurs le 9e chasseurs arrive à Florence, qu’un bataillon de 600 Corses doit y être arrivé de Bastia, et que 200  gendarmes à cheval formant 4 compagnies, et 100 gendarmes à pied, se rendent en Toscane. Donnez ordre au général de brigade Valentin de partir de Rome avec les 4 bataillons du 62e et les 2 bataillons du 25e léger, et de se rendre à Florence, où il y aura ainsi 8 bataillons. Donnez ordre au 22e léger qui est à Ancône de se tenir prêt à partir. Réunissez à Ancône, indépendamment des dépôts italiens qui s’y trouvent, un bataillon provisoire italien fort de 840 hommes ; avec les équipages de mes vaisseaux cette force sera suffisante pour Ancône. Il restera à Rome 2 bataillons napolitains, 1 bataillon d’Isembourg, 3 beaux bataillons français, l’un du 14e, léger, fort de 1,200 hommes, l’un du 6e de ligne, fort de 700 hommes, et l’autre du 101e, fort de 600 hommes, et 300 Napolitains à cheval, ce qui fera à peu près 3,000 hommes. Il me tarde de voir les 8 bataillons que commande le général Valentin, formant le fonds de 1a division Miollis, arriver sur 1’Adige. Donnez ordre qu’ils partent sans différer. Le ministre de la guerre donne ordre à 400 hommes disponibles du 37e, qui sont à Alexandrie, de se rendre à Milan. Vous ferez repartir ces 400 hommes, moitié dans le 1er de ligne, ce qui portera ces régiments à 3,000 hommes. Cette incorporation devra se par procès-verbal, que vous enverrez au ministre de la guerre. Je n’ai point reçu votre situation du 15 mars. J’attends l’état du 1er avril. Je suppose que vous avez les généraux de brigade nécessaires. Je viens d’ordonner au général de brigade Daumas, qui est en Toscane, de se rendre à l’armée d’Italie. Ce général n’a que quarante-six ans, il peut encore servir. Tout ce qui serait disponible des quatre années appartenant aux régiments français qui sont en Italie, ou dans les 27e, 28e, 7e et 8e divisions militaires, doit rejoindre les bataillons de guerre. Les régiments provisoires ne doivent être formés que par la conscription de 1810.

(prince Eugène)


Paris, 28 mars 1809

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, à Cassel

Mon Frère, je reçois votre lettre du 23 mars. La guerre paraît à peu près inévitable. Je fais réunir à Mayence, à Wesel et à Strasbourg des régiments de réserve, qui seront formés dans le courant de mai. Je pourrai vous envoyer un ou deux de ces régiments pour contenir le nord de l'Allemagne. Mon intention est de vous donner le commandement des Hollandais qui sont à Hambourg, des troupes qui sont à Magdeburg, et de vous charger de maintenir l'ordre dans tout le Hanovre. Avec votre corps de troupes et ce qui successivement vous rejoindra, vous pourrez vous porter partout où votre présence sera nécessaire. Organisez vos troupes le plus tôt possible, car je vais moi-même retirer la division Dupas du Hanovre. 600 hommes du 22e de ligne se rendent à Magdeburg, de sorte que j'aurai bientôt dans cette place un millier de Français. Faites un exemple sévère du premier qui bougera; établissez une commission militaire, et punissez la contrée qui se rendrait coupable.


Paris, 28 mars 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale

Faites faire une analyse de l'affaire du duc d'York, que personne ne comprend, et faites-la mettre dans le Journal de l'Empire en la dirigeant contre le duc d'York et en faisant ressortir aussi le peu d'égards que le Parlement a eu pour la famille.

(Lecestre)


Paris, 29 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, vous trouverez ci-joint un décret qui ordonne la formation de deux régiments de conscrits de ma Garde. Vous verrez qu'il est nécessaire de désigner trente-deux élèves de l'école militaire pour remplir les places de sous-lieutenants. Je désire que ces jeunes gens soient tous fils, frères ou neveux de membres de la Légion d'honneur.

Quant à la formation de ces régiments, vous donnerez l'ordre que la moitié soit prise dans les conscrits de la Garde, 400 hommes pour chaque bataillon et 1,600 pour les deux régiments. Ces 1,600 hommes seront choisis sur les 6,000 conscrits existants ou qui restent encore à recevoir. L'autre moitié sera prise sur les appels que je compte faire de 20,000 conscrits de la réserve de 1810.

Quant à la nomination des sous-officiers, donnez l'ordre au duc d'Istrie de désigner sur-le-champ 16 fusiliers pour sergents-majors, 16 fusiliers pour caporaux-fourriers, 64 pour sergents et 128 pour caporaux. Les sergents-majors, sergents et caporaux-fourriers devront être de la formation et savoir lire et écrire. Il suffira pour les autres de s'être trouvés seulement à la bataille de Friedland.

Quant aux élèves de l'école militaire de Saint-Cyr, sur les 32, le maréchal duc d'Istrie en désignera 16 de ceux attachés aux cohortes de la Garde, en prenant des jeunes gens dont les pères, frères ou oncles soient membres de la Légion d'honneur. Les 16 autres seront choisis parmi les élèves actuellement à l'École militaire. Les anciens, quoiqu'ils aient le titre de sous-lieutenants, feront les fonctions de lieutenants; les nouveaux, qui ne doivent sortir de l'École militaire que dans le courant de mai, feront les fonctions de sous-lieutenants.


Paris, 29 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Allemagne, à Paris

Mon Cousin, envoyez un courrier au duc d'Auerstaedt pour savoir si le général de division Rouyer est arrivé à Würzburg. Vous lui ferez connaître que le régiment de Nassau n° 1 est en Espagne; que le régiment n° 2 sera à Wiesbaden et en mesure de marcher le 12 avril; que le régiment de Würzburg est en Espagne; que le régiment n° 4 des Maisons ducales de Saxe doit être arrivé à Karlstadt près Würz­burg le 21 mars; que le régiment n° 5 de Lippe et d'Anhalt doit être arrivé le 25 mars; que le régiment n° 6 de Schwarzburg, Reuss et Waldeck doit être également arrivé le 25 mars. Ainsi des quatre régiments qui doivent composer la division, un sera prêt à Wiesbaden le 12 avril, les trois autres, formant 5,500 hommes, doivent déjà être à Würzburg. Le général Rouyer doit s'occuper d'exercer et de mettre en état cette division. Si ces trois régiments n'étaient pas arrivés, qu'il envoie à leur rencontre pour savoir pourquoi ils ne viennent pas. Il me tarde beaucoup d'avoir l'état de situation de cette division.


Palais impérial de l'Élysée, 29 mars 1809

Au vice-amiral Ganteaume, commandant l’escadre de la Méditerranée, à Toulon

Monsieur le Vice-Amiral Ganteaume, nous avons résolu de faire partir une division de 5 vaisseaux, 2 frégates et deux petits bricks de notre rade de Toulon, avec le nombre de bâtiments de transport nécessaires et appropriés pour porter sur les côtes de Catalogne et faire entrer dans Barcelone 30,000 quintaux de blé, farine et riz, 300 milliers de poudre et un million de cartouches. Mais, comme nous voulons que cette expédition parte sans délai, si cette grande quantité de denrées et de munitions doit retarder le départ de la divi­sion, vous la ferez partir du moment qu'elle pourra embarquer 12 milliers de quintaux de blé, farine et riz, en comptant 9 onces de riz pour une livre de 16 onces, 150 milliers de poudre et 500,000 cartouches. Tous ces objets seront portés sur des bâtiments d'un tirant d'eau tel qu'ils puissent entrer dans Barcelone sans diffi­culté. Indépendamment de cela, vous porterez à bord de chaque vaisseau le plus de poudre, de farine et de blé que vous pourrez.

Si la division de notre escadre a des temps calmes et favorables au débarquement, elle fera non-seulement entrer le convoi, mais elle profitera de l'arrivée de tous les alléges et petits bâtiments du port de Barcelone pour débarquer tout ce qu'elle aurait à bord. Si le temps était contraire et la communication avec la terre difficile, la division se contenterait de faire entrer le convoi, et, cette opération terminée, elle fera son retour en faisant à l'ennemi tout le mal possible.

Nous vous laissons maître de désigner les vaisseaux et le contre­ amiral qui doit les commander.

Vous aurez soin d'envoyer les dernières nouvelles que vous auriez à Toulon, au moment du départ de la division.


Paris, 29 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, je reçois votre lettre du 24, relative au général Baraguey d'Hilliers. Il n'est pas possible que vous puissiez commander sept divisions sans lieutenants généraux. L'armée d'Italie sera une et ne sera pas divisée en corps d'armée; il vous faut deux lieutenants géné­raux; sans quoi, s'il se trouve deux généraux de division ensemble, ils ne s'entendront pas, et il est impossible que vous soyez partout. D'ailleurs une seule division de 9,000 hommes se trouve trop faible étant isolée, car ces 9,000 hommes seront bientôt réduits à 6,000. Je pense donc qu'il est nécessaire que deux généraux de division soient lieutenants généraux et commandent chacun deux divisions; 18,000 hommes peuvent aller partout. Par exemple, en supposant que vous placiez sur les frontières de l'Isonzo, vis-à-vis Goritz, une division française de 9,000 hommes et une division italienne de 8,000 hommes, avec une brigade de cavalerie légère, cela ferait 18 à 19,000 hommes qui ont besoin d'un commandant. Si vous avez un pareil corps du côté de la Pontebana, il faudrait nécessairement à ce corps un commandant. Il vous resterait trois divisions françaises avec les divisions de cavalerie. Je conçois très-bien que ces trois divi­sions pourraient faire la campagne sans commandant particulier et être commandées directement par vous.

Il n'est pas dans mon intention de mettre Miollis à Venise; il a une trop belle division, et j'espère qu'elle sera en ligne avant le commencement des hostilités. En ayant deux lieutenants généraux, vous pouvez donner à l'un deux divisions, à l'autre trois, et en garder trois avec vous, sauf à les affaiblir selon les circonstances. Faites-moi connaître qui vous pourriez nommer vos lieutenants généraux.


Paris, 29 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, je reçois votre lettre du 24. Vous ne m’y parlez pas encore des mouvements du camp de Plaisance sur Brescia, et de Brescia sur Ausgbourg. Envoyez-m’en l’itinéraire, et faîtes-lui faire des marches raisonnables.

(prince Eugène)


Paris, 30 mars 1809

DÉCISION

M. Cretet, ministre de l'intérieur, demande un supplément de crédit pour le service des ponts et chaussées.

Les circonstances actuelles me portent à refuser tout supplément de crédit. Si d'ici au mois de juin elles changeaient, le ministre me remettrait ceci sous les yeux.


Paris, 30 mars 1809

Au comte Mollien, ministre du trésor public, à Paris

Monsieur Mollien, faites toucher 100,000 francs à la reine Marie­ Louise (infante d’Espagne, ex reine d’Étrurie) pour les frais de son voyage à Parme.


Paris, 30 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, faites donner l’ordre au général Morio de partir, au reçu de votre ordre, avec sa division pour Châlon. Donnez ordre qu'à Châlon il soit préparé des moyens de transport sur la Saône, pour conduire ces troupes jusqu'à Lyon, et de Lyon jusqu'à Avignon, par le Rhône. Elles ne s'arrêteront point à Lyon et resteront embarquées, allant jour et nuit. D'Avignon, elles se diri­geront sur Perpignan. Ainsi elles mettront pour aller de Metz à Châlon douze jours, et de Châlon à Avignon, cinq jours. Elles peuvent être rendues avant le 20 avril à Perpignan. Vous enverrez vos ordres en détail par l'estafette de ce soir. Surtout écrivez à Châlon et à Lyon pour que tous les moyens de transport soient prêts.


Paris, 30 mars 1809

INSTRUCTIONS POUR LE MAJOR GÉNÉRAL.

Les Autrichiens n'ont point déclaré la guerre. Croire qu'ils attaqueront sans rappeler leur ambassadeur ne paraît pas probable. C'est ce qu'ils firent cependant en 1805. Mais l'empereur, comme empereur d'Allemagne, avait un prétexte plausible, celui de prétendre avoir le droit d'entrer en Bavière et de pouvoir encore négocier à Ulm, jusqu'à l'arrivée des Russes. D'ailleurs, alors, l'armée fran­çaise était encore à Boulogne, et l'espoir de pouvoir s'emparer de l'armée bavaroise et de déterminer la cour de Stuttgart a pu motiver la marche qu'a tenue à cette époque le gouvernement autrichien. Aujourd'hui pourquoi attaqueraient-ils sans déclaration de guerre ? Les troupes françaises sont prêtes; les Autrichiens savent bien qu'ils ne prendront ni l'armée saxonne ni l'armée bavaroise, qui sont prêtes et réunies, et d'ailleurs ils s'exposeraient à s'attirer la guerre avec la Russie. Cependant la guerre est, sans doute, imminente avec l'Au triche, qui ne peut nourrir longtemps une si grande quantité de troupes réunies. Tout indique pourtant que vers le 15 avril leur armée sera prête à entrer en campagne. Il est donc convenable que nous le soyons aussi à cette époque, et, à la direction près, nous le sommes aussi.

Au 15 avril, 1,500 chevaux de la Garde, seize pièces d'artillerie, 6,000 hommes d'infanterie, mes chevaux et ma Garde seront à Strasbourg.

Le 1er avril, le duc d'Auerstaedt sera réuni avec ses vingt régiments d'infanterie entre Nuremberg, Bamberg et Bayreuth, et la division Saint-Hilaire entre Nuremberg et Ratisbonne.

L'armée bavaroise a une division à Straubing, une à Landshut et une à Munich.

An 1cr avril, le général Oudinot aura 18,000 hommes sous les armes entre Augsbourg et Donauwoerth.

Le maréchal duc de Rivoli se trouve réuni à Ulm avec plus de 25,000 Français.

Le contingent de Bade est réuni à Pforzheim à celui de Hesse-Darmstadt à Mergentheim; mais le duc de Rivoli est autorisé à faire venir ces contingents sur Ulm, aussitôt qu'il croirait les hostilités imminentes. Ainsi donc, du 1er au 15 avril, j'aurai trois corps d'armée qu'il faudra réunir sur le Danube, soit sur Ratisbonne, soit sur Ingolstadt, soit sur Donauwoerth.

Alors le corps du duc d'Auerstaedt composé de quinze régiments d'infanterie et de sept régiments de cavalerie, le corps du duc de Rivoli composé de douze régiments d'infanterie et de quatre régiments de cavalerie, le corps composé de la division Saint-Hilaire et du corps du général Oudinot, qui aura douze demi-brigades, six régiments d'infanterie et sept régiments de cavalerie, enfin la réserve de cavalerie composée de sept régiments de cavalerie légère, de six régiments de grosse cavalerie, présentent une force totale de plus de 130,000 Français et de 10,000 alliés; en tout, 140,000 hommes.

Il faut donc, 10 qu'Augsbourg soit à l'abri d'un coup de main, et que, au lieu de ralentir les travaux des fortifications, on redouble d'activité pour les rétablir; que cette place renferme les 200,000 rations de biscuit demandées; qu'il y ait des fours pour cuire 60,000 rations et des magasins de toute espèce.

20 Toutes les têtes de pont sur le Lech doivent être palissadées et armées avec de l'artillerie plus forte que celle de campagne.

Enfin Donauwoerth doit contenir beaucoup de magasins; car, si les Autrichiens attaquent, cette ville sera vraisemblablement le quartier général de l'armée.

Il faut ajouter à ces dispositions celle importante de faire bien armer et approvisionner la citadelle de Passau, de manière qu'elle puisse tenir deux ou trois mois.

On doit travailler à Ingolstadt de manière à avoir de bonnes tètes de pont sur le Danube, afin qu'on puisse déboucher quand on le voudra sur la rive gauche.

J'ai donné l'ordre à l'intendant général de faire partir aujourd'hui un commissaire des guerres avec 200,000 francs en or et 800,000 en lettres de change, pour réunir à mes frais un million de rations, qu'on ne touchera qu'en cas de réunion de l'armée. Il faut que les Bavarois aient à Augsbourg et à Ulm deux millions de rations. L'or­donnateur Joinville a dû partir avec l'ordre de louer à Donauwoerth et à Ulm un certain nombre de bateaux avec équipages, pour un mois, pour pouvoir transporter sur le Danube tout ce dont on aura besoin.

Enfin j'ai donné l'ordre au commandant du génie et à l'intendant général d'être rendus à Strasbourg le 1er avril et d'établir des relais de 60 voitures chacun entre Strasbourg et Ulm, afin de transporter sur Ulm tout ce dont l'armée aura besoin, et, entre autres objets, les 3 à 4 millions de cartouches, les 6,000 fusils, etc., que l'artillerie doit avoir à Ulm, les 12,000 outils que le génie doit y avoir, enfin les objets d'hôpitaux et les souliers que l'on trouverait à Strasbourg. J'ai ordonné à l'intendant général de faire confectionner à Strasbourg 100,000 paires de souliers, 50,000 à Ulm, 50,000 à Augsbourg. Prenez des mesures pour qu'ils soient bons et pour éviter les friponneries.

Tous les effets que les régiments voudront envoyer à leurs corps seront dirigés sur Ulm, et de là, par le Danube, sur Ratisbonne et Passau, suivant les mouvements de l'armée.

Enfin j'ai ordonné à mon ministre du trésor public de tenir trois millions à Strasbourg, dont un à votre disposition et deux à la disposition de l'intendant général. Vous pourvoirez aux dépenses qui sont du ressort du ministre de la guerre sur ordonnance de l'intendant général, à votre volonté. L'intendant général pourvoira à toutes les dépenses qui seront du ressort du ministre directeur de l'administration de la guerre.

Le major général partira pour être rendu à Strasbourg avec son état-major le…. de manière à pouvoir être, suivant les circonstances, le… soit à Donauwoerth, soit à Augsbourg; il verra à Metz la division westphalienne en détail.

S'il n'y a rien de nouveau, il séjournera à Strasbourg pour y activer l'organisation soit de l'artillerie, soit du génie, administration, etc.

Il expédiera un officier au duc d'Auerstaedt pou r le prévenir qu'il sera le . . . à Strasbourg. Il ordonnera au général Bertrand, com­mandant le génie, et à M. Daru, intendant général, d'y être rendus à la même époque, pour y organiser le service. Le général Songis s'y trouve déjà.

Le général Bertrand se rendra de Strasbourg à Augsbourg et Ingolstadt.

Comme il est probable que les Autrichiens ne feront aucun mouvement, le major général pourra aller à Ulm, où est le corps du maréchal duc de Rivoli, et à Augsbourg, où est le corps du général Oudinot; il y passera la revue des troupes, afin de me faire connaître les emplois vacants et de m'envoyer les promotions présentées. Il pourra également voir l'armée bavaroise et le corps de Wurtemberg. Au surplus, si rien ne presse, il ne quittera point Strasbourg sans attendre mes ordres, parce que, de là, il sera plus à même d'expé­dier le mouvement général de l'armée, que je lui adresserai; mais je vais lui faire connaître mes projets, afin qu'il puisse les faire exécuter sans attendre mes ordres, si les circonstances étaient pressantes.

Mon but est de porter mon quartier général à Ratisbonne et d'y centraliser toute mon armée.

Le quartier général de Donauwoerth et la ligne du Lech est (sic) une position à occuper dans le cas où l'ennemi me préviendrait; mais si les Autrichiens ne bougent pas, je désire que le général Oudinot et le général Saint-Hilaire se réunissent à Ratisbonne. D'Augsbourg à cette ville, il y a cinq marches ordinaires et quatre marches de guerre; eu faisant partir le général Oudinot d'Augsbourg le 5 avril, il serait le 10 à Ratisbonne, et, en supposant le général Saint-Hilaire rendu à Nuremberg le 5 avril, il serait le 8 ou le 9 à Ratisbonne, où je pourrai avoir, vers le 10 avril, 30,000 hommes d'infanterie et sept régiments de cavalerie.

Le duc d'Istrie y arriverait le même jour et réunirait toute sa réserve de cavalerie.

Le duc d'Auerstaedt porterait son quartier général à Nuremberg; il n'occuperait Bayreuth et les débouchés sur Egra que par l'extrémité de sa gauche. Son quartier général ne serait donc qu'à vingt­ quatre lieues de Ratisbonne, c'est-à-dire à trois marches.

Les trois divisions de l’armée bavaroise se trouveraient également autour de Ratisbonne à un, deux, trois jours de marche au plus.

Le duc de Rivoli porterait son quartier général à Augsbourg, et ne serait qu'à quatre ou cinq marches de Ratisbonne.

Ainsi le quartier général se trouverait à Ratisbonne, au milieu de 200,000 hommes, à cheval sur une grande rivière, gardant la rive droite du Danube depuis Ratisbonne jusqu'à Passau, et on serait alors dans une position à l'abri de toute inquiétude des mouvements de l'ennemi, avec l'avantage du Danube qui apporterait promptement à l'armée tout ce qui lui serait nécessaire.

Qu'est-ce que l'ennemi, qui est prêt, pourrait entreprendre, aujourd'hui contre l'armée ? Ce serait de se porter de Pilsen sur Ratisbonne par Waldmunchen  et Cham. De Pilsen à Ratisbonne, il y a cinq marches. Ce cas·arrivant, la division bavaroise qui est à Straubing se reploierait sur Ingolstadt, la division bavaroise qui est à Landshut ferait le même mouvement; le corps du duc d'Auerstaedt se por­terait sur Ingolstadt et Donauwoerth; et alors ce serait le cas de mettre le quartier général à Donauwoerth.

Une fois l'armée ainsi cantonnée autour de Ratisbonne, que fera l'ennemi ? Se portera-t-il sur Cham ?  On sera à même de réunir toutes ses forces contre lui, pour l'arrêter sur les positions qu'on aura reconnues sur la Regen.

Se portera-t-il sur Nuremberg ? Il se trouvera coupé de la Bohême.

Se portera-t-il sur Bamberg? Il sera également coupé.

Enfin prendra-t-il le parti de marcher sur Dresde ? Alors on entrera en Bohème et on le poursuivra en Allemagne.

Agira-t-il sur le Tyrol, en même temps qu'il débouchera par la Bohême ? Il arrivera sans doute à Innsbruck; mais les dix ou douze régiments qu'il aurait à Innsbruck ne se trouveraient pas en bataille sur les débouchés de la Bohême, et ces troupes qui seraient à Innsbruck apprendraient la défaite de leur armée en Bohème par notre arrivée sur Salzburg.

Enfin si l'ennemi paraît vouloir prendre les extrémités de la gauche et de la droite pour agir, il faut accepter le centre, ayant pour retraite le Lech et tenant comme garnison Augsbourg, pour être sûr d'avoir toujours cette ville à sa disposition.

Ainsi donc le service du génie se réduit à fortifier les têtes de pont sur le Lech, à fortifier Passau, Augsbourg, Ingolstadt.

Le service des vivres a pour objet la réunion de grands magasins à Augsbourg et à Donauwoerth, où il faut des fours pour cuire 30 à 40,000 rations. Les magasins d'Augsbourg seront faits par la Bavière. Ceux de Donauwoerth seront à mes dépens, afin de pouvoir les transporter où je voudrai marcher, soit par l'une ou l'autre rive. L'intendant général doit pourvoir à avoir de quoi confectionner à Donauwoerth deux millions de rations de pain. Il prendra donc les mesures pour avoir ce qui sera nécessaire; il en fera connaître la dépense .

J'ai demandé aux Bavarois un million de rations de biscuit.

Quant à tout le biscuit qui vient de la gauche, il pourra être dirigé sur Ratisbonne, quand nous y serons; mais, dans l'incertitude que nous ne puissions pas arriver à Ratisbonne avant l'ennemi, tout sera dirigé sur Donauwoerth, point que nous sommes aujourd'hui en état de défendre.

A l'égard des ingénieurs géographes, ils doivent faire la reconnais­sance des positions autour de Ratisbonne, des ponts sur le Danube, et le major général écrira au général de Wrede pour avoir des renseignements sur ces ponts et sur les positions. Par exemple, pourrait-il défendre le pont de Straubing dans le cas où l'ennemi arriverait par la rive gauche ?

L'intendant général doit s'assurer de tous les moyens possibles de transport sur le Danube. Il doit avoir une compagnie de constructeurs de fours et une compagnie de boulangers.

Aujourd'hui le duc d'Auerstaedt commande toute la première ligne : commandement illusoire, puisqu'il ne pourrait pas prévoir à temps ce qui arriverait sur l'Inn. Ainsi le major général ferait les organisations générales suivant les circonstances, telles que de mettre le général Oudinot sous les ordres du duc de Rivoli. Les vingt régiments d'infanterie qui sont sur la gauche du Danube resteraient sous les ordres du duc d'Auerstaedt.

Le général Oudinot, le corps du duc de Rivoli et tout ce qui serait sur la rive droite du Danube seraient aux ordres du duc de Rivoli. Mais, en résultat, mon intention est que, aussitôt que la division du général Saint-Hilaire et le général Oudinot pourront se réunir sur Ratisbonne, les deux corps réunis n'en forment plus qu'un, qui sera appelé 2e corps de la Grande Année, commandé par ..... Le corps du duc d'Auerstaedt s'appellera 3e corps de la Grande Armée; le corps du duc de Rivoli s'appellera le 4e corps de la Grande Armée ; enfin le corps du duc de Danzig s'appellera corps bavarois de la Grande Armée.

Quant au corps de cavalerie du duc d'Istrie, il sera composé de deux divisions de grosse cavalerie, chacune de trois régiments, de deux: divisions de cavalerie légère, chacune de quatre régiments, dont sept régiments français et un Wurtembergeois. Ainsi, le duc d'Istrie aura huit régiments de cavalerie légère formant 7,000 hommes, si régiments de grosse cavalerie formant 5,000 hommes; total 12,000 hommes. S'il est nécessaire, on pourra retirer un régiment de cavalerie légère bavarois.

J'ai pris des mesures pour que tous les régiments de cavalerie légère soient portés à 1,000 hommes, en faisant marcher tout ce qu'il y a de disponible aux dépôts en France des régiments qui son à l'armée d'Espagne.

Quant aux dragons de la division Beaumont, ils formeront six régiments provisoires dont la tête est déjà arrivée à Strasbourg et qui pourront partir de cette ville vers le 15 avril, forts d'environ 5,000 hommes.

J'ai aussi ordonné qu'il soit formé, des dépôts des régiments de hussards qui sont en Espagne, des compagnies chacune de 80 à 150 hommes, que je compte destiner à chacun des maréchaux pour leur garde et ordonnances. Chaque maréchal veillera à l'administration et à l'entretien de cette compagnie.

J'ai attaché au service du major général un régiment provisoire de chasseurs fort de 1,000 hommes, qui se forme à Versailles, composé de deux escadrons du 26e régiment de chasseurs, d'un escadron du 10e et d'un escadron du 22e; un bataillon de Neuchâtel, qui se rend à Paris, un bataillon suisse, une compagnie de 100 gendarmes, la compagnie des guides. Avec ces troupes, le major général fournira des postes sur les derrières de l'armée, pour assurer les communications et escorter les estafettes.

Le grand écuyer doit avoir avec lui des postillons des postes de France et 80 chevaux, pour faire toujours les soixante dernières lieues sur les derrières de l'armée.

Ainsi donc l'armée française en Allemagne sera composée de trois corps.

Le 2e corps, sous le commandement du duc de Montebello, s'il arrive à temps, ou sous celui du prince de Ponte-Corvo, sera composé des deux divisions du général Oudinot, formant douze demi-brigades commandées par le général Oudinot et six généraux de brigade; de la division Saint-Hilaire, composée de six régiments ayant sous ses ordres trois généraux de brigade; de trois régiment de cavalerie légère commandés par un général de brigade; de la division Espagne, composée de quatre régiments, commandés par un général, ayant sous ses ordres deux généraux de brigade.

Chaque division et chaque brigade de cavalerie légère auront chacune un adjudant commandant.

Chacune des divisions du corps du général Oudinot aura dix-huit pièces de canon; la division Saint-Hilaire en aura quinze; la division Espagne six; ce qui formera trente-neuf pièces en batterie.

Le 3e corps, aux ordres du duc d'Auerstaedt, sera composé de quinze régiments d'infanterie divisés en quatre divisions, chaque division commandée par un général de division ayant sous ses ordres trois généraux de brigade; la cavalerie légère, composée de .... régiments, commandée par un général de brigade; la division Saint­ Sulpice, composée de ..... régiments, commandée par deux généraux de brigade; chaque division d'infanterie ayant au moins quinze pièces de canon, et la division Saint-Sulpice six; total, soixante-six pièces en batterie; chaque division et la brigade de cavalerie légère ayant un adjudant commandant et deux adjoints.

Le 4e corps de la Grande Armée, commandé par le duc de Rivoli, sera composé de quatre divisions d'infanterie de ..... régiments; chaque division commandée par un général de division ayant à ses ordres deux généraux de brigade; une division de cavalerie légère, composée de quatre régiments français et de deux alliés, commandée par un général de division et deux généraux de brigade. A chaque division seront attachés un adjudant commandant et deux adjoints; chaque division d'infanterie ayant douze pièces d'artillerie française; ce qui, avec vingt-huit pièces d'artillerie des alliés, fera soixante et seize pièces.

Quant à la division des troupes des petits princes commandée par le général Rouyer, forte de 6 à 8,000 hommes, elle sera commandée par ce général et par deux généraux de brigade sachant parler allemand. Cette division restera provisoirement attachée au 3e corps, mais pourra être appelée au quartier général pour fournir des garnisons aux places et pour l'escorte des prisonniers.

La réserve de cavalerie commandée par le duc d'Istrie aura deux divisions de cavalerie légère, commandées par deux généraux de division et quatre généraux de brigade; deux divisions de grosse cavalerie, chacune de trois régiments, commandées par deux généraux de division et quatre généraux de brigade; la réserve de dragons, formant six régiments, commandée par un général de division et trois généraux de brigade. Chacune des divisions de grosse cavalerie de la réserve aura six pièces de canon; la division de dragons en aura six; total, dix-huit pièces pour la réserve.

Les troupes de Wurtemberg ne sont attachées à aucun corps d'armée. Je désire les tenir à la main. Suivant les circonstances, je pourrai les joindre au duc de Danzig ou à l'un des trois corps d'armée, si les opérations dont je les chargerais les rendaient utiles. Si le général Vandamme ne commande pas les troupes de Wurtemberg, on donnerait ce commandement au général Demont, qui parle allemand, et le général Vandamme remplacerait le général Demont.

Les troupes de Mecklenburg sont destinées à tenir position dans Poméranie suédoise.

Quant à la Saxe, en cas d'hostilités, on engagerait le Roi à se retirer soit à Erfurt ou à Leipzig. Si la ville de Dresde était à l'abri d'un coup de main, on y laisserait 3,000 hommes de garnison, et le reste de l'armée saxonne marcherait pour gagner le Danube.

Les troupes polonaises doivent garder Varsovie et inquiéter Cracovie. En cas d'hostilités, on préviendrait le prince Poniatowski commandant le duché de Varsovie, qu'il doit organiser les gardes nationales pour garder les places de Praga, Modlin, et, avec ces troupes, tâcher d'insurger la Galicie.

Le major général travaillera avec le général Bertrand pour tout ce qui regarde le génie, les sapeurs, et avec l'intendant général pour tout ce qui tient aux équipages militaires, ayant soin de consulter ce qui existe pour ne pas faire de faux mouvements.

GÉNIE.

Chacun des trois corps d'armée aura une compagnie de pontonniers, deux compagnies de sapeurs et 6,000 outils.

Le parc du génie aura un bataillon d'ouvriers de la marine de 800 hommes, un corps de marins de 1,200 hommes; le ministre de la marine leur fera fournir neuf chirurgiens; neuf compagnies de sapeurs, 900 hommes, deux chirurgiens; trois compagnies de mineurs, 300 hommes, un chirurgien; trois compagnies de pontonniers, 300 hommes, un chirurgien; quatre compagnies de pionniers, 600 hommes, un chirurgien ; deux compagnies d'artillerie et six pièces de canon. Les sapeurs et les mineurs formeront deux bataillons. Les pionniers formeront un bataillon. Les pontonniers formeront un bataillon. Ces quatre bataillons seront sous le commandement d'un major du génie.

Les 800 ouvriers de la marine et les 1,200 marins formeront trois bataillons commandés par le colonel Baste, capitaine de vais­seau; ce qui formera sept bataillons, dont quatre de l'armée de terre et trois de la marine.

Ce corps du parc du génie formera une réserve qui sera comman­dée par le général Hastrel, pour les marches et la police militaire. On y attachera un commissaire des guerres, un adjoint et quatre caissons d'ambulance. Cela formerait un corps de réserve qui serait utile un jour d'affaire. Le général Hastrel veillera à ce que ce corps marche toujours dans le plus grand ordre, soit pourvu de vivres et de munitions et bien armé.

Dès aujourd'hui les sapeurs de Würzburg, des quatre régiments des Maisons de Saxe, de Nassau, formeront un bataillon de 3 à 400 hommes, qui suivra la réserve du parc du génie; le major gé­néral fera expédier tous les ordres pour l'organisation de cette réserve.

Les magasins d'artillerie, du génie et des vivres, doivent d'abord être dirigés sur Ulm, où ils seront embarqués sur le Danube pour suivre les mouvements de l'armée.

J'ai donné l'ordre de diriger de Strasbourg sur Ulm 6,000 fusils, 6,000 baïonnettes, 6,000 pièces de rechange, 2,000 sabres des trois armes, 2,000 paires de pistolets, 20,000 épinglettes et 1,000 tire­ bourre.

L'intendant général préviendra les corps que les effets d'habille ment ou autres effets doivent être dirigés sur Ulm, où on les embarquera sur les bateaux conduits par les marins.

Quant aux bataillons des équipages militaires, le 2e bataillon et le 5e sont déjà à l'armée du Rhin; le 12e se forme à Commercy; 200 caissons des dépôts des bataillons qui sont à l'armée d'Espagne sont dirigés sur Joigny, où ils formeront deux bataillons destinés à la réserve. Ce sera donc cinq bataillons d'équipages militaires à l'armée formant 700 caissons; ce qui parait convenable.

Quant aux hôpitaux, ils doivent être concentrés à Amberg, Ingolstadt et Passau, en cas qu'on marchât en avant; ces trois points devant être approvisionnés et mis à l'abri d'un coup de main.

J'aurai, de ma Garde, à l'armée du Rhin : quatre régiments à cheval, quarante-huit pièces de canon, une compagnie de marins, une compagnie de pontonniers, deux régiments de tirailleurs, deux régiments de fusiliers, un régiment de chasseurs à pied, un régiment de grenadiers à pied.


ÉTAT DE LA COMPOSITION DES DIVISIONS ET BRIGADES DES DIFFERENTS CORPS DE LA GRANDE ARMÉE

(en préparation)

Corps d’armée

Divisions

Généraux

Brigades

Généraux

Régiments

A l’état-major général

 

1er régiment provisoire de chasseurs (des 10e, 22e  et 26e régiments)

Bataillon de Neuchâtel

1 bataillon suisse

1 compagnie de 100 gendarmes

IIe corps d’armée

Le maréchal duc de Montebello

ou

Le prince de Ponte-Corvo

1e

 

Claparède

1e

Conroux

1e demi-brigade d’infanterie légère

3e demi-brigade d’infanterie légère

2e

Albert

1e demi-brigade d’infanterie légère

2e demi-brigade d’infanterie légère

3e

Schramm

4e demi-brigade d’infanterie légère

Jarry

4e demi-brigade d’infanterie légère

2e

Tharreau

1e

Coehorn

2e demi-brigade d’infanterie légère

4e demi-brigade d’infanterie légère

2e

Lesuire

5e demi-brigade d’infanterie légère

6e demi-brigade d’infanterie légère

3e

Ficatier

7e demi-brigade d’infanterie légère

8e demi-brigade d’infanterie légère

3e

Saint-Hilaire

1e

Pouzet

10 léger

2e

Duppelin

3e demi-brigade d’infanterie légère

57e ligne

3e

Destabenrath

72e ligne

105e ligne

22e ligne (resté dans les places)

 

 

Cavalerie légère

Colbert

7e chasseurs

 

 

20e chasseurs

Division de cuirassiers

Espagne

1e

Reynaud

4e cuirassiers

6e cuirassiers

2e

Fouler

7e cuirassiers

8e cuirassiers

 

1e

Morand

1e

Barbanègre

13e léger

 

2e

Lacour

17e ligne

 

30e ligne

 

3e

L’Huillier

61e ligne

 

65e ligne  

 

2e

Friant

1e

Girard, dit Vieux

13e léger

 

2e

Grandeau

33e ligne

 

48e ligne

 

3e

Gauthier

108e ligne

 

111e ligne

 

3e

Gudin

1e

Petit

7e léger

 

2e

De Lorencez

12e ligne

 

21e ligne

 

3e

Gilly

25e ligne

 

85e ligne

IIIe corps d’armée

Le maréchal duc d’Auerstaedt

 

4e

Demont

1e

 

4e bataillon du 17e de ligne

4e bataillon du 30e de ligne

4e bataillon du 61e de ligne

4e bataillon du 65e de ligne

2e

 

4e bataillon du 33e de ligne

4e bataillon du 111e de ligne

3e

 

4e bataillon du 7e de ligne

4e bataillon du 12e de ligne

4e bataillon du 21e de ligne

4e bataillon du 85e de ligne

 

 

Cavalerie légère

Jacquinot

1er chasseur

 

 

2e chasseurs

 

 

12e chasseurs

Division de cuirassiers

Saint-Sulpice

1e

Clément

1er cuirassiers

5e cuirassiers

2e

Guiton

10e cuirassiers

11e cuirassiers

Division allemande

Rouyer

1e

 

N° 2 Nassau

N° 5 Lippe et Anhalt

2e

 

N° 6 Schwazburg, Reuss et Waldeck

N° 4 Cinq Maisons ducales

IVe corps d’armée

 

Le maréchal duc de Rivoli

1e

Legrand

1e

Ledru

26e léger

18e ligne

2e

Kister

Brigade de Bade (1er ligne – 2e ligne – 3e ligne – Bataillon de chasseurs à pied)

2e

Carra-Saint-Cyr

1e

Cesson

24e léger

2e

Dalesme

4e ligne

46e ligne

3e

Schiner

Brigade de Hesse (3e bataillon des gardes – 3e bataillon du corps)

3e

Molitor

1e

Leguay

37e ligne

2e ligne

2e

Viviez

16e ligne

67e ligne

4e

Boudet

1e

Fririon

3e léger

2e

Valory

56e ligne

93e

Division de cavalerie légère

 

1e

 

19e chasseurs

23e chasseurs

2e

 

3e chasseurs

14e chasseurs

3e

 

Dragons de Bade

Chevau-légers Hesse-Darmstadt

Réserve de cavalerie

La maréchal duc d’Istrie

1e division de cavalerie légère

Montbrun

1e

Pajol

5e hussards

11e chasseurs

2e

De Piré

8e hussards

16e chasseurs

2e division de cavalerie

 

1e

Bruyère

24e chasseurs

13e chasseurs

2e

 

7e hussards

1er rég. cav. légère Wurtemberg

Division de dragons

Beaumont

1e

 

1er rég. Prov. dragons

2e idem (se forme à Strasbourg)

2e

 

3e idem (se forme à Strasbourg)

4e idem (se forme à Strasbourg)

3e

 

5e idem (se forme à Strasbourg)

6e idem (se forme à Strasbourg)

Division de grosse cavalerie

 

1e

Defrance

1er carabiniers

2e carabiniers

2e

Doumerc

2e cuirassiers

Division de cuirassiers

 

1e

Saint-Germain

9e cuirassiers

1e

Davenay

3e cuirassiers

12e cuirassiers

Corps bavarois de la Grande Armée

 

Le maréchal duc de Dantzig

1e

Deroy

1e

Rechberg

1er ligne

2e ligne

1er bataillon léger

2e

Raglowich

4e ligne

8e ligne

3e bataillon léger

Cavalerie

Zandt

1er dragons

1er chevau-légers

2e

Wrede

1e

Minucci

3e ligne

13e ligne

6e bataillon léger

2e

Beckers

6e ligne

7e ligne

4e bataillon léger

Cavalerie

Praysing

2e chevau-légers

3e chevau-légers

3e

Sieben

1e

Vincenti

9e ligne

10e ligne

5e bataillon léger

2e

Schlossberg

5e ligne

14e ligne

7ebataillon léger

Cavalerie

Seydwitz

2e dragons

4e chevau-légers

 


Paris, 30 mars 1809

Au général comte Hulin, commandant la 1e division militaire, à Paris

Monsieur le Général Hulin, mon intention est qu'il soit sursis à l'exécution du jugement prononcé contre Bailly-Lucas fils, afin que je puisse avoir un rapport sur la conduite de ce jeune homme, que l'on m'assure avoir de la candeur et un sincère repentir.


Paris, 30 mars 1809

A Élisa, Grande-Duchesse de Toscane, à Livourne

Ma Sœur, j'accepte le monument que la ville de Livourne veut ériger; mais je désire qu'il ne soit exécuté qu'à la paix, et lorsque son commerce sera revenu et prospérera.

Il ne faut pas réagir, et ne voir ni amis ni ennemis de la France; ce serait réveiller des haines et des partis où il n'en faut point.

J'ai nommé directeur de la police à Florence le sieur Dubois, qui a été membre du tribunal de cassation et qui a rempli longtemps les fonctions de commissaire général de police à Lyon. On est content ici du conseiller d'État Giusti. Quant au marquis Corsi, je ne sais duquel vous voulez parler. Il faut être en garde contre les insinuations des Toscans.

Les lois sur les contributions sont générales en France; personne n'a le droit de les suspendre; vous n'avez à vous mêler en rien des finances.

J'ai nommé à Florence le préfet qui était à Bordeaux.

Il est nécessaire que vous vous rendiez le plus tôt possible à Florence.


Paris, 31 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, donnez ordre au duc de Valmy d'avoir une colonne sur les confins de l'Aragon, du côté de Pau, pour maintenir la communication avec Jaca. Vous lui ferez connaître que j'ordonne que l'adjudant commandant Lomet réunisse sa colonne mobile dans ce fort, qu'il soit approvisionné, qu'il  y soit mis une compagnie d'artillerie de ligne et deux officiers du génie, et qu'il soit en état de maintenir la communication ouverte entre Saragosse et la France.

Vous donnerez ordre au général commandant en Aragon de placer à Jaca un millier d'hommes, sous le commandement de l'adjudant-commandant Lomet, pour contenir la vallée, avec une compagnie d'artillerie, deux officiers du génie, un officier supérieur d'artillerie et un commissaire des guerres; d'approvisionner la place pour six mois, et de pourvoir non-seulement au maintien de la tranquillité dans la vallée, mais à ce que la communication soit directe et libre entre Pau et Sarragosse. Recommandez au commandant de l’Aragon d'établir par là une correspondance qui serait beaucoup plus brève.


Paris, 31 mars 1809

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, je réponds à votre lettre du 3 sur la formation des demi-brigades de réserve.

La 1e et la 2e qui se réunissent à Pontivy doivent l'être au 1er mai. Il faut attacher à l'une et à l'autre, indépendamment des colonels en second, les quatre majors des quatre régiments.

J'approuve que l'on commence à former les 3e et 4e demi-brigades, à Paris, au 3 avril; mais il faut que les majors aillent eux­-mêmes aux dépôts s'assurer que les compagnies que doivent fournir les 32e, 58e, 121e et 122e, sont armées, habillées et suffisamment munies de tout. Ces brigades seront alors réunies dans deux casernes, savoir : 1a 3e à Saint-Denis et la 4e à Paris. Si ces régiments ne pouvaient présenter au 3 avril que 200 hommes, on en formerait deux compagnies de 100 hommes chacune, et sauf à compléter successivement chacune de ces demi-brigades à 1,200 hommes. Les 4e compagnies doivent être fournies au 15 avril, ou au plus tard au 20. Il faut que les deux demi-brigades aient à cette époque 1,200 hommes. Jusqu'à ce que les 3e et 4e compagnies soient fournies, les 1er et 2e bataillons n'en feront qu'un, non plus que les 3e et 4e bataillons. Ainsi on pourra me présenter, le 5 avril, les 3e et 4e demi-brigades formées en deux bataillons et fortes de 1,200 hommes.

La 5e demi-brigade se réunit à Sedan. Il faut, avant de la former, que les quatre régiments qui concourent à sa formation fassent partir ce qu'ils doivent avoir au corps du général Oudinot. Aussitôt que les cadres des 5e bataillons seront arrivés, la Garde leur remettra 1,200 conscrits, qui me seront présentés. Aussitôt que les 12e, 14e, 14e et 88e pourront fournir une 3e compagnie, ils la dirigeront sur cette demi-brigade. Il est nécessaire qu'avant  le 20 avril ils aient expédié leurs quatre compagnies; avant de les envoyer à Sedan, on me présentera ces compagnies.

Les ordres sont donnés pour les 6e, 7e et 8e demi-brigades.

Pour la 9e demi-brigade, vous chargerez le général Mathieu­ Dumas de donner lui-même les ordres pour sa formation. Aussitôt que les 8e, 21e, 94e, 95e, 39e et 85e auront fourni ce qui leur a été demandé pour compléter leurs bataillons à l'armée du Rhin, ces régiments formeront cette 9e demi-brigade en réunissant à Wesel deux compagnies chacun, et, aussitôt qu'ils le pourront, ils fourniront la 3e. Le colonel en second qui s'y rendra aura l'autorisation d'aller lui-même dans les dépôts, et il ne fera partir les hommes que bien habillés, bien armés, ayant leurs livrets en règle, etc. Même ordre pour les 10e, 11e, 12e et 13e demi-brigades.

Vous pouvez charger le vice-roi de former la 14e, puisque ces dépôts se trouvent dans son commandement.

Vous chargerez le général de division Muller de former les 15e, 16e et 17e demi-brigades, de passer la revue des dépôts qui doivent leur fournir des compagnies, et, aussitôt qu'il trouvera qu'ils peuvent fournir 280 hommes bien équipés et bien armés, il les fera partir pour Alexandrie. Les colonels en second, aussitôt qu'ils seront nommés, se rendront aux dépôts pour passer la revue de ces hommes et s'assurer qu'ils sont dans un parfait état.

Indépendamment de la correspondance que vous tiendrez avec les généraux Dumas et Muller, chargez les colonels en second de vous rendre compte directement de la revue qu'ils passeront de la situation des dépôts. Ainsi, une fois nommés, les colonels en second doivent visiter les dépôts qui concourent à la formation des demi-brigades.

Il faut pourvoir à la nomination des chefs de bataillon et adjudants-majors. Les 1er et 2e bataillons de la 1e et de la 2e demi-brigade seront sous les ordres du major du 70e. Les 3e et 4e bataillons des mêmes demi-brigades seront sous les ordres du major du 47e. Cette méthode sera suivie pour les 3e, 4e et 5e demi-brigades, c'est-à-dire que vous choisirez parmi les quatre corps qui composent chacune de ces demi-brigades deux majors, qui commanderont deux bataillons

Ainsi chaque demi-brigade sera commandée par un colonel en second et deux majors.

La 6e demi-brigade et la 7e, qui ne sont composées que de trois bataillons, n'auront qu'un major, qui aidera le colonel en second. La 8e demi-brigade aura deux majors. Ainsi de suite pour toutes les autres. Il ne manquera donc plus que les adjudants-majors; un adjudant-major par bataillon me parait nécessaire. Vous y attacherez les officiers à la suite du corps.

Vous devrez réitérer l'ordre dans les 7e, 8e, 27e et 28e divisions militaires que tout ce qui appartient à la conscription des quatre années soit dirigé sur les bataillons de guerre qui sont en Italie. Il vous restera à désigner ce que chaque dépôt doit envoyer pour les porter au grand complet, avant de former les demi-brigades de réserve.


Paris, 31 mars 1809

Au général comte Dejean, ministre directeur de l’administration de la guerre, à Paris

Je vous envoie un projet qui m'est présenté par le sieur Daru. Je ne veux pas qu'il y ait de caissons pour le pain, pour la cavalerie, pour l'artillerie, ni pour le génie. Au lieu de deux pour l'infanterie, mon intention est qu'il n'y en ait qu'un, et il ne faut établir cela que pour l'armée d'Allemagne et celle d'Italie. Présentez-moi là-dessus un projet, et faites-moi connaître à quoi se montera la dépense.


Paris, 31 mars 1809

Au général Lacuée, comte de Cessac, directeur général des revues et de la conscription militaire, à Paris

Je désire appeler 30,000 hommes de la conscription de 1810, en prenant de préférence dans les bons départements. Je suis obligé de retarder la publicité du sénatus-consulte, qui ne peut avoir lieu qu'en publiant toutes les pièces. La levée des 30,000 hommes ne serait, pour la généralité des départements, qu'un quart de la con­scription de l'année. Les préfets pourraient la faire sans que le public s'en aperçût, puisqu'il n'y a lieu ni à réunion ni à tirage,

Je désire que le tiers de cette levée soit dirigé sur Paris. Le reste servira à porter au grand complet les régiments qui sont au Rhin, en Italie, à Naples, en Dalmatie, de sorte que non-seulement chaque régiment ait 840 hommes à ses bataillons de guerre, mais que le 5e bataillon soit complet; qu'il y ait encore tout ce qu'il faudrait pour combler le déficit des hommes inhabiles à la guerre qui se trouvent au régiment, et qu'il y ait aussi 200 hommes en sus. Ainsi, aussitôt que la campagne serait avancée, on pourrait faire partir les régiments provisoires comme bataillons de marche pour les incorporer, et cependant les dépôts seraient tels qu'on pourrait remplacer les régiments provisoires.

On prendra, comme de raison, sur les 30,000 hommes, deux hommes par département ordinaire, et quatre hommes par chaque grand département pour les fusiliers, de manière à avoir 300 fusiliers. Ce corps, aujourd'hui à l'effectif de 3,400 hommes, va perdre 200 hommes que je fais passer comme sous-officiers dans la ligne. Il y a d'ailleurs des malades, qu'on ne peut compter. Il faut recom­mander aux préfets de choisir des hommes qui aient reçu un peu d'éducation, qui sachent lire et écrire, et qui soient forts et robustes.

Il faut destiner un certain nombre d'hommes pour l'artillerie.

Il ne faudra, pour les dragons et la cavalerie, que ce qui est néces­saire pour l'objet que je me propose, attendu qu'on aura plus diffi­cilement des chevaux que des hommes.

Mon intention pour les régiments d'Italie est le complet ordonné, et pour les corps en Espagne qu'ils aient 500 hommes à leurs 3e et 4e bataillons en France, les cadres compris. On pourrait aussi comprendre dans la répartition ce qu'il faut aux deux régiments de Paris, qu'il est nécessaire de mettre au complet pour la police.


Paris, 31 mars 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Allemagne, à Paris

Mon Cousin, je reçois la lettre que le duc de Rivoli vous a écrite le 25 mars. Je vois avec peine que la division Saint-Cyr n'a aucune cartouche; cependant cette division a passé par Strasbourg. Témoi­gnez mon mécontentement, d'abord au général Saint-Cyr : ce n'est pas ainsi qu'on fait la guerre; quand on quitte une place pour aller à l'armée, on doit se munir de cartouches. Le général Songis a tort également de n'y avoir pas pourvu. Il parait que le corps du duc de Rivoli, fort d'à peu près 30,000 hommes, est parti de France sans cartouches. Pour en donner 50 à chaque homme, il en faut 1,500,000; indépendamment de ce nombre, il en faudrait 1,500,000 en dépôt à Ulm; c'est donc 3 millions de cartouches qu'il faut réitérer au général Son gis de faire partir de Strasbourg, soit sur des voitures du pays, soit par tout autre moyen. Rien au monde n'est plus pressé. Faites connaître au duc de Rivoli que je n'approuve pas qu'il ait renvoyé à Strasbourg les douze caissons attelés de la division Saint-Cyr; que, si son corps venait à faire un mouvement, il serait privé de ces caissons; que vous donnez ordre qu'ils en prennent au premier convoi qu'ils rencontreront en route, et qu'ils retournent; qu'il ne doit pas renvoyer le parc de la division Molitor; qu'il ne doit pas non plus prendre de cartouches au parc général; qu'il y en a à Würzburg et dans toutes les places de Ba­vière; qu'indépendamment de cela le général Songis en envoie 3 millions à Strasbourg. Cette opération du duc de Rivoli est mau­vaise; c'est ainsi qu'au moment d'aller en bataille on n'a rien. Recom­mandez au général Songis que tous les détachements qui passent à Strasbourg emportent 50 cartouches par homme. Écrivez au duc de Rivoli d'avoir soin que ses troupes aient 50 cartouches par homme dans les caissons, indépendamment des 50 que chaque homme doit avoir dans le sac. Donnez le même ordre aux généraux qui comman­dent les Badois, les Hessois et les Wurtembergeois. Écrivez la même chose au duc d'Auerstaedt; que ses troupes aient, indépendamment des caissons remplis, 50 cartouches par homme, dans le sac; qu'on lui envoie de Mayence un million de cartouches. Recommandez-leur de ne pas renvoyer leurs caissons, si ce n'est à une ou deux jour­nées, vu qu'on doit toujours être sur le qui-vive et prêt à marcher.


Paris, 31 mars 1809.

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général de l’armée d’Allemagne, à Paris

Si le roi de Wurtemberg persiste à ne pas vouloir du général Vandamme, mon intention est de lui donner le commandement de la division Morand; on pourrait donner au général Compans la division Demont, et au général Demont les Wurtembergeois.

Je ne vois pas d'inconvénient que Hervo soit chef d'état-major du duc d'Auerstaedt.


Paris, 31 mars 1809

Au chef de bataillon Constantin, officier d’ordonnance de l’Empereur

Vous vous rendrez à Innsbruck; de là vous irez jusqu'aux avant­ postes bavarois et avant-postes près des Autrichiens, sur les débou­chés qui, de Salzburg, arrivent sur Innsbruck. Vous m'enverrez l'itinéraire, le nombre des villages et villes qui se trouvent sur cette route, les forces qu'ils ont là vis-à-vis. Vous m'enverrez un mémoire dès votre arrivée à Innsbruck; adressez vos lettres à M. Otto, qui me les fera parvenir où je serai et par le canal du gouvernement bavarois.

Une colonne de 3,000 hommes a dû partir de Vérone pour Innsbruck et de là sur Augsbourg; si quelque chose devait contrarier sa marche, vous en instruiriez le commandant. Vous m'écrirez d'Innsbruck, et prendrez des renseignements sur les forces et les mou­vements de l'ennemi.


Paris, 31 mars 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Milan

Mon Fils, envoyez un officier intelligent à Brixen, qui de là ira aux avant-postes à Lienz, et le plus près possible de Spital; il vous écrira tous les jours, et même, quand cela sera nécessaire, vous enverra un courrier. Il se trouvera là très-près de Villach et à même de connaître les mouvements de l'ennemi et de vous instruire si les Autrichiens se dégarnissaient de ce côté pour se porter ailleurs. Vous lui recommanderez de vous envoyer un tracé de la route, avec des notes sur la nature des chemins, sur la population et les ressources en blé de la vallée de Trente, jusqu'aux frontières bavaroises, ainsi que sur l'esprit qui anime les habitants. Cet officier correspondra avec le chef de bataillon Constantin, que j'envoie à Innsbruck.


Paris, 31 mars 1809

A Frédéric, roi de Wurtemberg, à Stuttgart

Monsieur mon Frère, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté. Je vois avec peine ce qu'elle me dit du général Vandamme. La grande affaire, dans la circonstance où nous sommes, est de triompher. Les troupes de Votre Majesté connaissent et estiment la bravoure du général Vandamme, et ont eu des succès sous sa direction. Je ne me dissimule pas les défauts qu'il peut avoir, mais, dans le grand métier de la guerre, il faut supporter bien des choses. Je donnerai aux troupes de Votre Majesté un autre commandant, si elle le désire, mais elles auront perdu à mes yeux la moitié de leur valeur.


Paris, 31 mars 1809

A Marie-Louise de Bourbon, infante d’Espagne, à Nice

Ma Sœur, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté, qui m'a été apportée par son chambellan, le comte Guicciardini. J'ai donné les ordres nécessaires, et je désire que Votre Majesté soit agréablement dans le pays qu'elle va habiter. Aussitôt que les circonstances le permettront, je m'empresserai de statuer définitivement sur ce qui intéresse Votre Majesté et ses enfants.