Deux escadrons du 4e chasseurs ont glorieusement secondé l'infanterie (Général Brune - 1800)

Historique des régiments

Le 4e régiments de chasseurs à cheval

  Jérôme CROYET.

Docteur en Histoire, archiviste adjoint aux A.D. Ain

Conférencier à l'Université Lumière Lyon II


Le 4e régiment de chasseurs à cheval est formé le 11 décembre 1675 par Claude Antoine de Dreux, comte de Nancré, sous le nom de régiment de Franche-Comté. De 1675 à 1791, le régiment change 13 fois de colonel propriétaire (a), (b). C’est à l’origine un régiment de dragons. C’est en 1787 à Vesoul, qu’il devient 4e régiment de chasseurs à cheval et est augmenté d’un escadron tiré du régiment de cavalerie des Evêchés, supprimé. Cantonné à Besançon, il est attaché à l’armée du Rhin en 1791. Les débuts de campagnes face aux Autrichiens sont catastrophiques,

Les impériaux font des préparatifs extraordinaires sur cette frontière et quoique Huningue se mette de plus en plus en état de défense, elle ne pourra tenir longtemps contre le feu ennemi [1]  

écrit Antoine Monnier, dit Martin, né en 1770 à Bey, engagé au 4e régiment de chasseurs à cheval le 29 juillet 1791 à Bourg, à sa sœur de St Louis le 3 août 1793.

Colonels et Chef-de-Brigade

1791: Maumigny de Verneuil (Paul) - Colonel

1791: De Jobal (Joseph-François-Louis) - Colonel

1792: De Cadignan (Jean-Baptiste Dupleix) - Colonel

1792: De Rossi (Hyacinthe-Etienne-Antoine-Alexandre) - Colonel

1793: Bregeot (Claude-Hyacinthe) - Chef-de-Brigade

1794: Scalfort (Nicolas-Joseph) - 1752-1833 Chef-de-Brigade

1802: Bruguiere (Claude-Denis-Noel) - Chef-de-Brigade and Colonel in 1803

1806: Lambert (Urbain-François) 1773-1814 - Colonel

1807: Lapointe (Charles-Louis-Narcisse) - Colonel

1809: Boulnois (Louis-Jacques-François) - 1773-1833 - Colonel

1813: De Vence (Clement-Louis-Helion de Villeneuve) - Colonel

1815: Desmichels (Louis-Alexis) - Colonel

(source : Tonx Broughton)

Le régiment est presque entièrement capturé au Fort Vauban le 14 octobre 1793 et conduit en Autriche. Antoine Monnier fait parti des prisonniers de fort Vauban, mais aussi Philippe Verdet, de Mornay, un des premiers médaillés de la Légion d'Honneur du régiment [2]. Si beaucoup de chasseurs parviennent à s’échapper et à rallier les restes du régiment, ce n’est qu’en 1796 que la masse du régiment est échangée contre des prisonniers autrichiens fait en Italie. Alors que la majorité du régiment est captive, les restes du régiment qui ont échappé à la capture se font remarquer à l’armée du Rhin et Moselle, aux combats de Wantzenau, Kaiserslautern (28-30 novembre 1793), Rastadt (5 juillet 1796) et Naubourg. A la fin de 1796, les restes du régiment sont à l’armée d’Italie où les escadrons sont reformés avec ceux revenus de captivité. 

En 1797 et 1798, le régiment est en Vendée jusqu'à sa soumission puis à l’armée de Batavie en 1799. C’est durant cette campagne en Batavie, que le 16 ventôse an 8, Verdet signe son premier acte de bravoure, dans les environs d’Alkamaar (18 octobre 1799), où combat le régiment. Alors qu’il est en éclaireur sur les arrières de l’armée autrichienne, il approche, à 6 heures du matin, les portes du village de Alkemaer, où se trouvent des Autrichiens. Cinq soldats le repèrent et s’enfuient. Verdet les suit et débouche sur une place, où 30 adversaires s’avancent. Verdet ne désarme pas et charge le groupe ennemi, sabrant l’adversaire. Pensant être tombé sur une avant-garde, des Autrichiens s’enfuient tandis que d’autres, dont le commandant du détachement, se rendent au chasseur Verdet. Le 4e chasseurs combat avec rage à Kastricum.

Alors que le régiment se couvre de gloire, son dépôt est fixé, le 22 janvier 1800 à Bourg et son cantonnement à Pont d'Ain. Le commandement du dépôt est confié au chef d'escadron Bellon, qui fait aussi, suite aux demandes du préfet de l'Ain, office d'inspecteur aux revues pour la Légion Italique et officier de police militaire. Le séjour du 4e chasseurs à Bourg est marqué par la présence de la Légion Italique et de très nombreux réfugiés civils italiens qui engendre une crise frumentaire dans le département. Le 25 Floréal an VIII, afin de nourrir les 60 chevaux du dépôt du 4e régiment de chasseurs à cheval, il ordonne une réquisition de fourrage dans les communes des cantons de Bourg, Pont de Vaux, St Trivier de Courtes, Bâgé, Pont de Veyle, Coligny, Treffort, Chavannes, Ceyzériat et Montrevel. Alors qu’il fait part de son arrêté, le chef d’escadron Bellon vient lui “ annoncer qu’il attendait encore 400 chevaux de remonte [3]

Effrayé par le grand nombre de chevaux à venir, le préfet de l’Ain demande au commissaire des guerres Quinet et au garde magasin des fourrages militaires s’ils peuvent subvenir à l’approvisionnement en fourrages. Ces derniers répondent que cela leur est impossible. Sachant le département de l’Ain épuisé et ruiné, notamment à cause du passage des hommes de la Légion Italique et des réfugiés italiens, il prend le parti de faire partir le dépôt du 4e chasseurs. Le préfet de l’Ain invite le commissaire des guerres Quinet, le 25 floréal an VIII, à « vous réunir à moi pour demander et obtenir le départ du dépôt du 4e régiment de chasseurs » [4]

En effet, la crainte de voir arriver à Bourg les 400 chevaux de remonte du régiment font craindre la pénurie au préfet : 

il doit se réunir à Bourg quatre cents chevaux de remonte, il est en conséquence indispensable de prévenir une réunion de chevaux aussi considérable, puisqu’il n’est pas même possible d’assurer la subsistance du petit nombre de ceux qui existent actuellement au dépôt ”[5]

Batailles et combats

1793: Wissembourg, Fort Vauban, Brumpt, Vantzenau,Kaiserlautern, Gambsheim, Haguenau
1794: Schwegenheim, Trippstadt, Kaiserlautern, Mannheim
1796: Neustadt, Kehl, Renchen, Rastadt, Elttingen, Neubourg, Biberach
1797: Passage of the Piave and Tagliamento, Chissanto, Weng
1799: Bergen, Alkmaer, Kastricum, Harlem
1800: Passage du Mincio, siège de Mantoue
1801: Rivalto, Verone, Saint-Pierre
1805: Padoue, siège de Venise, Saint-Michel
1812: Passage du Niemen, Vitepsk, Krasnoe, Smolensk, Valoutina, La Moskowa,
Berezina
1813: Katzbach, Wachau, Leipzig, Glogau
1814: Montmirail, Arcis-sur-Aube
1815: Ligny, Waterloo

Le jour même, le préfet de l’Ain désireux de voir partir le 4e chasseurs, écrit au général Montigny, commandant militaire de la 6e division militaire, à Besançon, au commissaire ordonnateur de la même division militaire et au général Romand, commandant militaire de l’Ain afin de donner 

l’ordre au chef escadron d’escadron du 4e régiment de chasseurs de se rendre dans telle autre destination que vous lui indiquerez et à vous opposer formellement à tout autre envoie de troupe dans ce département ” [6]

Le 3 prairial an VIII, le général Romand, commandant l'Ain et le Jura, assure le préfet de l'Ain qu'il a insisté fortement pour que le dépôt du régiment soit retiré de Bourg. Les demandes du préfet de l'Ain aboutissent, puisque le départ du dépôt est fixé au 17 juillet 1800. Afin d'organiser correctement le départ du régiment, Bellon, le chef d'escadron du 4e régiment, responsable du dépôt, demande au préfet de l'Ain, le 13 juillet, à faire rentrer à Bourg les détachements du régiments présents à Pont d'Ain et Meximieux, afin de faire changer les chevaux et les harnachements. Pour ses 6 mois de présence dans l'Ain, le 4e régiment de chasseurs est créditeur de l'État de 13 053 francs, soit 5 décades de solde.

Le régiment prend part à la campagne d’Italie, en 1800, et c’est durant celle-ci que le 13 Frimaire An IX (4 décembre 1800), Verdet se couvre d’une gloire éternelle. Sans doute sous-officier, il part en patrouille avec 4 chasseurs en direction du village de Stellata. Là, les chasseurs essuient le feu d’une sentinelle autrichienne. Verdet la charge, la renverse d’un coup de sabre puis se dirige sur celle étant postée vers le faisceau de fusil, qu’il capture. Dans le feu de l’action, Verdet fond sur le poste de garde et fait 9 autres prisonniers [7].

Officiers tués et blessés (1805-1815)

Tués : 21

Morts de leurs blessures : 1

Blessés : 48

(Sources : Tony Broughton)

En 1804, le régiment reçoit 4 aigles et guidons modèle Challiot. Cette même année 1804, un escadron est détaché en Martinique jusqu’en 1812. En 1805, il est à l'armée de Naples (sous les ordres de Masséna, division Verdier - NDLR) et se bat à Padoue le 5 novembre, Venise et St Michel. De 1806 à 1812 il est attaché à la pacification de la Calabre et de la Puglia. Les combats sont remplacés par des escarmouches et son colonel, Bruguière, est même assassiné par des brigands le 28 octobre 1806 près de Gaète. 

En 1812, alors que l’escadron de Martinique rejoint le régiment, ce dernier reçoit 4 aigles avec guidons déchirés en service (3 sont renvoyées). L'étendard est du modèle 1812 sans inscription, c’est lui qui est porté pendant la campagne de Russie. Le régiment est à la Grande Armée, brigade Beurmann du IIIe corps et participe à la campagne de Russie. Il compte alors 34 officiers et 669 hommes. Il combat à Valoutina (19 août 1812), à la Moscowa ( 7 septembre 1812), à Vitbesk (7 novembre 1812) et Krasnoe (14-18 novembre 1812), à la Berezina (26 novembre 1812). 

Lors de la retraite, le 18 novembre 1812, l'aigle est prise par le régiment russe de Poltava. Les restes du 4e combattent à la Bérézina (26-28 novembre 1812), puis lors de la campagne de 1813 à Katzbach (26 août 1813), Wachau et Leipzig (16 et 18 octobre). 

En 1814 il combat à Montmirail (11 février) et Arcis sur Aube (20-21 mars). Lors de la Première Restauration, le régiment est renommé régiment des Chasseurs de Monsieur et récupère les débris du 19e chasseurs. En 1815, durant les Cent jours, il reçoit 1 aigle et étendard modèle 1815. Il est à l'Armée du Nord et combat à Ligny (16 juin) et Waterloo (18 juin - IIIe corps Vandamme, 3e division de cavalerie Domont). 

A la seconde abdication, il ne remet pas son aigle à Bourges et est supprimé en décembre 1815. Ses hommes sont alors versés au 21e chasseurs.


(a) Le 4e chasseurs à cheval a pour filiation  (de 1787 à 1815):

(source : Recueil d'Historiques de l'armée blindée et de la cavalerie - Général Andolenko - 1968 (NDLR)

(b) Un certain nombre de notes ont été ajoutées à cet article, basées essentiellement sur "Napoleon Wars Data Book - Digby Smith - Greenhill Books)

[1] A.C. Pont de Veyle, pièce 16062

[2] Philippe Verdet est né à Mornay le 28 avril 1771. Il entre comme chasseur à Cheval au 4e régiment le 13 mars 1792. Le régiment est à l’armée du Rhin jusqu’en 1794, quand il est capturé au fort de Vauban.

[3] Lettre du préfet de l’Ain aux généraux Montigny et Romand, 25 floréal an 8, A.D. Ain série R.

[4] Lettre du préfet de l’Ain au commissaire des guerres à Bourg, 25 floréal an 8. A.D. Ain série R.

[5] Lettre du préfet de l’Ain au commissaire des guerres ˆ Bourg, 25 floréal an 8. A.D. Ain série R.

[6] Lettre du préfet de l’Ain aux généraux Montigny et Romand, 25 floréal an 8, A.D. Ain série R.

[7] C’est couvert de ses actes de bravoure qu’il se retire en l’an 11, dans son village de Crépiat, où il exerce le métier d’agriculteur. Le 4 Pluviôse an 11, Bonaparte lui décerne un brevet d’honneur, “ en raison de divers actes de bravoure éclatants ”. Après la gloire, il vit dans le plus humble dénuement avec son frère Paul-Antoine. Verdet ne touchera jamais son mousqueton, car, l’arme transite jusqu’au 30 fructidor an 12 entre le Dépôt Central d’Artillerie de Paris et le colonel du régiment, personne ne sachant pas où trouver Verdet et le 3 Pluviôse an 12, suite à une rixe éclate entre Paul-Antoine et Jean-Marie Chaveyriat, conscrit déserteur de l'an 8, Philippe Verdet est assassiné.