Consulat
Premier Empire

Les combats d'Hollabrunn

16 novembre 1805


Les combats du 16 novembre.

Dans la campagne au nord d'Hollabrunn, les 8000 hommes de Bagration font face aux 30000 soldats de Murat. Le terrain est relativement plat, et offre peu de possibilités d'abri, si ce ne sont ces ondulations qui courent d'ouest en est. Le général russe a son quartier général entre Schöngrabern et Grund. Il a disposé son centre le long de la route qui vient de Suttenbrunn (grenadiers Kiev et fusiliers Azov), son artillerie étant positionnée derrière Grund. Sa droite est protégée par les dragons Tchirikov, sa gauche par les hussards Pavlograd et le 6e régiment de chasseurs à pied. En réserve, à Grund (que les russes ont à la hâte fortifié) des éléments des fusiliers Narva et Novgorod. En avant de Grund, à la ferme Nexenhof, Nostitz a installé un point d'appui avec ses hussards et des cosaques.

De son coté, Murat a pris position entre Hollabrunn et Suttenbrunn, avec sa cavalerie et des éléments des corps d'armée de Soult et Lannes. Au mépris des accords passés, il a envoyé des troupes de chaque coté de la route qui mène à Schöngrabern, de manière à pouvoir éventuellement prendre l'adversaire de flanc. On est en hiver déjà: ces mouvements ne peuvent passer inaperçus de l'ennemi, mais Bagration laisse faire.

Aux premières heures de la matinée du 16, Nostizt, Winzingerode et Dolgorouki en personne se rendent à Schöngrabern, pour poursuivre les négociations d'armistice. Qu'elle n'est pas leur surprise de s'apercevoir que leurs propres avant-postes sont déjà entourés de troupes ennemies !. Dolgorouki prend le parti de retourner dans ses lignes, mais les deux autres poursuivent vers Suttenbrunn, où ils rencontrent les généraux français. Comme ils s'étonnent de voir les troupes ennemies en marche, ils apprennent que le cessez-le-feu est rompu, et que   l'attaque est même imminente. Et d'être emmenés à Hollabrunn, pour qu'ils ne puissent participer aux combats. Comme ils ne seront pas considérer comme prisonniers de guerre, ils rejoindront quelques jours plus tard leur armée, en passant par Brünn.

A quatre heures de l'après-midi (la nuit commence à tomber) les combats éclatent.

Dumas: "A quatre heures après-midi, on donne l'ordre d'attaquer l'ennemi. La division formée en trois brigades..(la première) fait son mouvement par la gauche du village de Schöngrabern pour tâcher de tourner le flanc droit de l'ennemi"

Murat lance ses troupes depuis les hauteurs qui dominent Schöngrabern. L'artillerie russe, depuis Grund, bombarde le village. L'église et une soixantaine de maisons sont bientôt en flammes, de sorte qu'Oudinot et la cavalerie ne peuvent atteindre le centre du village.

Dumas: "(...) le village de Schöngrabern qui, pendant le combat, était en proie aux flammes, répandait par moment une grande clarté à la faveur de laquelle on rechargea à coup sûr l'ennemi qui se repliait dans le plus grand désordre du coté de Junstersdorf"

Les troupes de Soult attaquent la droite russe, celles de Lannes sa gauche. Les combats sont particulièrement violents. Mais bientôt Oudinot parvient à traverser le village et a atteindre le Nexenhof, puis Schöngrabern, forçant les russes à évacuer le village et à se retirer vers Guntersdorf.

Les français sont restés maîtres du terrain, mais Bagration a rempli son contrat: la retraite des troupes russes ne peut plus être menacée.

Dumas: "C'était le prince Bagration qui commandait ce corps russe; il avait reçu l'ordre de tenir autant qu'il pourrait ou d'obtenir de la part des français une (sic) armistice de 24 heures pour donner le temps au corps d'armée de Koutousov d'effectuer sa retraite par la Bohême pour se rendre en Moravie."

Les pertes ont été importantes des deux cotés: les russes perdent environ 3000 hommes, dont 1800 prisonniers

Pouget: "Là (à Hollabrunn) il y eut un combat qui eut pu être qualifié de bataille; nos ennemis furent battus, laissant deux mille morts sur le champ de bataille, qu'ils nous abandonnèrent pour se retirer sur Brünn et Olmutz."

Langeron: "De huit mille hommes dont se composait ce détachement (l'arrière-garde russe) quatre mille restèrent sur le champ de bataille. Les régiments d'Azov et de Podolie furent réduits à trois cents hommes"

Du coté français, on déplore la perte de 2000 hommes. Oudinot est gravement blessé: il est ramené à Vienne, où il s'installe dans le Neubergerhof, et ne participera pas à la bataille d'Austerlitz.

Dumas: "(...) le brave Oudinot qui, avec le plus grand sang-froid, parcourait le front de la ligne ennemie à portée de pistolet, aussi fût-il atteint d'un coup de feu à la cuisse ainsi que ses deux fidèles compagnons de gloire, MM. Demeugeot et Lamothe ses aides de camps, le premier grièvement blessé à la tête et le deuxième, la main traversée d'une balle."

Napoléon était arrivé dans la matinée du 16 à Hollabrunn. Le lendemain il traverse le champ de bataille en se rendant à Guntersdorf; le soir même il est à Znaim.

Dumas: "L'Empereur passa à coté de nous; [il] a demandé des détails sur le combat d'hier à plusieurs chefs de corps; la division ayant perdu son général ne pouvait trouver quelque adoucissement à cette perte qu'en voyant à sa tête le général Duroc, qui jouit pleinement de la confiance de Sa Majesté l'Empereur. M. le général fut nommé au commandement provisoire de la division"

FIN