Lieutenant Général Emmanuel Saint-Priest

(1776 - 29 mars 1814)


Emmanuel Saint-Priest naît, en 1776, dans une famille noble. Son père, François Saint-Priest, est ambassadeur de France au Portugal et en Espagne, et ministre de la guerre de Louis XVI. La famille émigre en 1789, juste au début de la Révolution.

En 1790, l'enfant entre à l'Université de Heidelberg, et, après avoir obtenu ses diplômes, rejoint, en 1792, l'armée du prince de Condé. L'année suivante, son père l'aide à entrer au service de la Russie, où il entre dans le 2e corps de Cadets. En 1795, il est transféré, avec le grade de lieutenant, dans le régiment de la Garde Semyeonovsky. Il est peu après promu capitaine.

En 1799, il quitte la Russie et sert de nouveau dans l'armée du prince de Condé, comme aide de camp du duc d'Angoulême. En dépit de l'amnistie offerte à la plupart des émigrés, Saint-Priest est exclu de la liste, et retourne en Russie. Le tsar l'autorise à rejoindre le régiment Semyeonovsky.

En 1805 est nommé commandant du régiment de Chasseurs de la Garde, avec lequel il participe à la campagne contre la France. Il est à Austerlitz, où il reçoit l'Ordre de Saint Georges (4e Classe).

Durant la campagne de 1807, Saint-Priest se distingue à Lomitten, où il est sérieusement blessé et décoré de l'Ordre de Saint Vladimir (3e Classe). Il séjourne à Mittau (NDLR. C'est son père, le comte de Saint-Priest, qui a obtenu du tsar cet asile pour le prétendant au trône de France) avec le duc d'Angoulême, pour sa convalescence. Il est nommé, en 1809, commandant du 6e régiment de chasseurs. Il rejoint l'armée de Moldavie et combat à Bazardjik, Shumla, Batin, Sistov, et Lovech. Cela lui vaut une promotion au grade de général aide de camp, et l'Ordre de Sainte Anne (1e Classe) et de Saint Vladimir (2e Classe).

En 1812, il est nommé chef d'état major de la 2e Armée de l'Ouest, commandée par Bagration. Il participe à toutes les batailles durant la retraite de cette armée, et est blessé à la Moskova, le 7 septembre 1812. Il rejoint alors Kutuzov, comme aide de camp, puis sert dans le corps d'armée de Wittgenstein. Lorsque les Russes entrent à Wilna, Alexandre Ier charge Saint-Priest (NDLR. et son frère Louis, également présent) de prendre soin des prisonniers français (NDLR. Il s'agit des blessés et malades qui n'ont pu suivre la grande Armée fuyant Wilna. Les deux Français s'acquitteront avec beaucoup de dévouement et s'attireront la reconnaissance de leurs compatriotes, d'abord prévenus contre ces Français sous l'uniforme russe)

En 1813, Saint-Priest commande l'avant-garde du corps d'armée de Miloradovich. Il combat à Glogau, Lützen et Bautzen, est promu lieutenant général et reçoit le commandement du 8e corps d'infanterie, avec lequel il participe à différentes actions : Hochkirch, Lobau, Wartenburg, entre autres. Il se distingue à la bataille de Leipzig (1)et à Mayence.

Durant la campagne de 1814, il avance de Saint Dizier sur Reims, où il est surpris et sévèrement battu par Napoléon, les 13 et 14 mars.  Il est sérieusement blessé, par un boulet en pleine poitrine, durant la bataille. Transporté à Laon, il décède le 29 mars 1814.

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(NDLR. A Reims, à la sortie de la ville, sur la butte du Mont-Saint-Pierre, un obélisque commémore la bataille du 14 mars 1814.)

(1) A Lindenthal (au nord de Leipzig) la borne Apel n° 14, au croisement des Landsbergerstrasse et Breitenfelderstrasse, marque l'emplacement du corps de Saint-Priest (12.000 russes)