Michel, baron de Kienmayer 
(général de cavalerie)

1755-1828. 

Guerrier en Orient

Michael Kienmayer naît le 17 janvier 1755, à Vienne. Il entre, en tant que Cadet, le 1er octobre 1774, dans le 26e régiment d'infanterie Puebla. En mars de l'année qui suit, il est déjà lieutenant dans le régiment de dragons Jung-Modena, puis, en janvier 1778, deuxième capitaine au 10e hussards Barco. C'est dans ce régiment qu'il participe aux campagnes de 1778 et 1779 contre la Prusse. C'est après la prise des fortifications de Oberschweldeldorf, le 18 janvier de cette dernière année, qu'il est promu, sur le champ de bataille, premier capitaine.

Au cours de la guerre contre les turcs, en 1788, Kienmayer a l'occasion de montrer sa bravoure et ses talents militaires. Alors que les turcs s'avancent depuis Chotym et sont sur le point de s'emparer d'un piquet de 40 hommes, Kienmayer, à la tête d'une poignée de hussards, parvient à, à plusieurs reprises, à les repousser. Ce n'est que lorsque, sous la pression du nombre, ils sont sur le point d'être encerclés, que Kienmayer donne l'ordre de la retraite, qui sera menée avec un extraordinaire courage, et ramène ses hommes dans les rangs de deux compagnies du régiment d'infanterie n°12 (Khevenhüller), venues à leur rencontre. Les cavaliers, dont tous les chevaux sont tués, entrent dans le carré aussitôt formé, et combattent à pied, sabre au clair. Ils combattent si bravement qu'au bout de deux heures, les turcs battent retraite, et renoncent à entrer dans la Bukowina.

Pendant l'encerclement de Chotym, Kienmayer est envoyé, avec 50 hussards et 50 chasseurs sur la rive gauche du Dniepr, pour empêcher les turcs de se ravitailler, comme ils l'ont fait jusqu'à présent, à partir de l'État libre de Pologne. Pour ce faire, Kienmayer remonte le fleuve jusqu'à Hrinczok, détruit toutes les embarcations qu'il peut trouver, et prend position dans les bois de Raskow, derrière le village de Braha. Là, un pont avait été jeté par le prince de Coburg, pour assurer la liaison avec les troupes se trouvant sur la rive gauche, près de Préhodorek. La fonte des neiges fait cependant se gonfler brusquement le niveau des eaux. Le 14 juin au matin, des débris flottants heurtent le pont, et le brisent en deux. Le capitaine Hohenbruck parvient, avec ses pontonniers, à sécuriser la plus petite partie, mais les trucs s'emparent de l'autre et veulent la sécuriser près de Chotym. L'apprenant, Kienmayer, à la tête de 15 chasseurs et 19 hussards, se rend sur la rive et, entrant dans l'eau jusqu'à mis corps, empêche, par un feu violant, cette opération, et les restes du pont sont emportés par le courant. Kienmayer, sur une rive, les turcs sur l'autre, les suivent, jusqu'á ce que ces derniers finalement abandonnent et retournent à Chotym. Et les restes du pont seront finalement récupérés par Kienmayer, à Malinofeze.

Durant le siége de Chotym, Kienmayer livrera quelques escarmouches contre les turcs, les empêchant de faire passer des vivres sur la rive gauche du Dniepr.

En reconnaissance des services rendus, Kienmayer est nommer major, en novembre 1788. Lorsque l'armée austro-russe s'avance, en 1789, pour la bataille de Fokshan, il se fait remarquer le 31 juillet à la prise du camp  turc et leur poursuite jusqu'à la rivière Putna, et récolte encore des lauriers lors de la bataille du 1er août. Il est alors nommé lieutenant-colonel. Il contribue ensuite largement à la victoire de Martinestje : c'est lui que le prince de Coburg envoie à Vienne, pour informer l'empereur de cette victoire..

De retour à l'armée le 26 octobre, Kienmayer dirige l'avant-garde qui entre en  Valachie, et occupe, le 9 novembre, Bucarest, que les turcs ont livrée sans combats. Pour reconnaître la région de Gyurgewo, où les Turcs se sont retirés, Kienmayer se voit donner le commandement de 300 hussards, 500 "Arnautes" et 2 canons. En route, il apprend que le pacha Raja Jussuff se trouve dans le village d'Onyak, où il rassemble du ravitaillement. Il organise un assaut habile, qui lui permet de s'emparer du pacha lui-même, de quelques turcs et de plus de 2000 têtes de bétail et de chevaux.

Sa témérité dans les deux dernières campagnes est récompensées, en novembre, par sa nomination au grade de colonel des chevau-légers Leveneur (4e dragons) et l'attribution de, le 21 décembre, de la croix de Marie-Thérèse.

 

Les guerres de la Révolution

En octobre 1793 Kienmayer est transféré au 10e régiments de hussards. Il combat l'année suivante aux Pays-Bas dans le corps d'armée du Maréchal Kaunitz. Il s'illustre, le 23 avril, à la tête de l'avant-garde, à Solre le Château, puis, le 13 mai, à Rouvroy, où sa téméraire attaque à la tête de six escadrons force les 6.000 hommes de la colonne française à retraiter derrière la Sambre.

Le 28 avril 1794, Kienmayer est nommé général-major, au tour extraordinaire et combat avec ce grade durant la campagne qui suit sur le Rhin et en Allemagne. Le 17 août il est à  Augsburg in der Oberplaz, le 4 septembre 1796 à Wertheim, à Osterach et Stockach. Le 22 mai 1799, il défend, en infériorité numérique flagrante, le village de Hettlingen, en Suisse, infligeant aux français des pertes importantes en blessés et tués. Il s'illustre un peu plus tard à Andelfingen.

Le 4 septembre 1799, Kienmayer est nommé Feld-Marschall Leutnant, et prend le commandement d'une division à l'armée de l'Allemagne. Durant la campagne de 1800, cette division (8843 hommes, 3289 chevaux) doit observer le corps d'observation français qui se trouve à Kehl, pendant que le gros de lÄarmée autrichienne se trouve encore dans ses cantonnements de l'arrière.. Le 25 avril le corps d'armée du général Sainte-Suzanne passe à lÄattaque.. Les ordres de Kienmayer est de ne pas s'engager et de risquer une défaite. Il recule donc des positions sur le Rhin, jusqu'aux hauteurs de Bühl. Il faut aux français douze heures de combats acharnés pour faire plier les autrichiens., à Offenburg. Kienmayer permet ainsi au maréchal Kray de se replier sur le Danube, à Donau-Elschingen. Il participe ensuite, avec son talent et son courage habituels à la campagne, à la fin de laquelle, après la paix de Lunéville, il reçoit le commandement de Troppau. En janvier 1802, il devient propriétaire ("Inhaber") du 8e régiment de hussards.

 

Guerres napoléoniennes

Pendant la campagne de 1805, Kiennmayer commande, sur le Lech, un corps indépendant de 6.200 hommes, puis l'avant-garde de Buxhöwden à Austerlitz. Après la paix de Presbourg, il est à Olmutz, puis à Fünfkirchen, où il reste jusqu'à la fin de 1808.

Lorsque la guerre reprend avec la France, en 1809,  il reçoit le commandement du 2e corps de réserve. Il est à Aspern, puis, le 18 juin, il prend le commandement  du 11e corps d'armée (9.000 hommes - 800 chevaux) qui doit couvrir la Bohème. Pour ce faire, le général Am Ende pénètre en Saxe avec 5.000 hommes et 600 chevaux, s'empare de Dresde et s'avance sur Leipzig.; le général Radivojevich, de son coté, avec 4.000 hommes et entre dans la région de Bayreuth. Kienmayer s#avance vers la Saxe, et rencontre, le 27 juin, le général Am Ende, à Stanchwitz, en pleine retraite devant le roi de Wetsphalie, Jérôme Bonaparte, qui, avec 14.000 hommes et 3.000 chevaux, entend bien libérer la Saxe et entrer en Bohème. Il prend, le 28 une positon avantageuse sur les hauteurs entre Nösse et Celler Walde, et attaque les troupes de Jérôme, qui a pourtant l'avantage du nombre, d'une façon suffisamment déterminée pour  arrêter, provisoirement, son avance.

Mais la Bohème est aussi menacée depuis Bamberg, où se trouve un corps d'armée français sous les ordres du général Junot. Kienmayer fait alors retourner à Dresde le général Am Ende, avec 3 bataillons et 2 escadrons, avec instruction, dans le cas d'une attaque, de contrôler les montagnes de Bohème, à Giesbuhel ou Peterswalde, et de couvrir la route de Theresienstadt. Pendant ce temps, il s'avance, avec 4 bataillons et un escadron, renforcés par les troupes de Brunswick et de Hesse, sus le commandement du duc de Brunswick-Öls (au total 3.5000 hommes, 500 chevaux), par Chemnitz, en direction de Plauen. C'est là que, le 4 juillet, il reçoit la nouvelle, que Junot, avec 8.000 hommes et 1.200 chevaux, arrive de Bamberg, et que Jérôme Bonaparte, trompé par le mouvement de Kienmayer sur Plauen, s'est contenté de repousser Am Ende hors de Dresde, et avance maintenant, par Freiburg et Chemnitz, sur Zwickau, pour se joindre à Junot, et d'entrer en Bohème.

Face à cette jonction, Kienmayer est trop faible pour pouvoir protéger la Bohême d'une invasion ennemie. Il décide donc, d'occuper le terrain entre les deux corps d'armée ennemis, en liaison avec les troupes du général Radivojevich, si possible de les battre séparément et d'empêcher leur jonction.

Le 6, il commence sa marche par Hof et Helmbrecht, rejoignant Radivojevich à Gefreed, qui fait à ce moment là face à Junot. Sans se soucier de l'avantage numérique de ce dernier, en cavalerie et en artillerie, Kienmayer se lance aussitôt à l'attaque; Junot, repoussé après trois heures d'un sévère combat, retraite, par Bayreuth, sur Bamberg. Kienmayer le fait suivre jusqu'à Bayreuth, et fait réoccuper la ville. Cette victoire, outre une centaine de prisonniers, permet de reprendre possession de la province de Bayreuth et d'une partie importante de la Franconie, et de se mettre, sans opposition, en travers de la route ru roi de Westphalie, qui avance à l'arrière de Kienmayer, de Dresde à Schleiz. Le 9 juillet, arrive la nouvelle que Jérôme se trouve en marche de Plauen à Hof. Kienmayer laisse une faible garnison à Bayreuth, envoie l'ordre à Am Ende de se diriger de nouveau sur Dresde, marche avec son corps d'armée sur Hof, et, le 12, attaque le roi de Westphalie à Plauen. Ce denier, choqué par l'annonce de la défaite de Junot, et aussi parce qu'il n'a pas grande confiance dans les troupes westphaliennes, retraite, après un combat sans importance, en toute hâte sur Iéna, en passant par Schleiz et Kalla. 

La nouvelle du cessez-le-feu conclut à Znaïm met un terme aux opérations. Kienmayer avait réussi, avec peu de troupes, non seulement à protéger La Bohême de la guerre, mais aussi pris possession d'une grande partie des provinces de Bayreuth et de Saxe, de Lausitz, Dresde et Voigtland. Ce sera aussi les derniers combats pour lesquels il eut à tirer son épée.

En récompense de ses services, Kienmayer est nommé , le 31 juillet 1809, général de cavalerie, et est décoré, par le prince de Hesse, de la Grande Croix des Lions et de l'ordre du Mérite militaire (Militär-Verdienst-Orden) 

En juin 1813, Kienmayer est nommé commandant par intérim, en Galicie, puis, en 1814, commandant en titre en Transylvanie. 

 

Dernières années

En 1820, Kienmayer est nommé commandant général en Moravie et en Schleswig; il se rend à Brünn, où il fête, le 16 novembre 1824, ses 50 ans de service.

Sa santé se dégrade rapidement : le 1er décembre, il doit quitter le service actif et prendre sa retraite.

Michael Kienmayer meurt à Vienne, le 28 octobre 1828, âgé de 73 ans.