Jacques, Etienne, Joseph, Alexandre Macdonald

(1765-1840)

Maréchal de France
Duc de Tarente
Pair de France
Grand-chancelier de la Légion d'Honneur

L'armée a choisi Oudinot, l'amitié a choisi Marmont, et la France a choisi Macdonald

Robert Ouvrard

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La jeunesse

Jacques, Etienne, Joseph, Alexandre Macdonald naît à Sedan (1), le 17 novembre 1765. Il est le fils d'une famille écossaise jacobite. Le père, Neil Macdonald, avait combattu pour le prince Charles en 1745, comme l'avait fait son père en 1715. Lorsque la cause avait été perdue, Neil avait suivie son prince en France. Là, il avait rejoint le régiment écossais Ogilvie. Lorsqu'il avait quitté ce régiment, il avait épousé une jeune française et s'était établi à Sedan, où il semble qu'il ait donné des cours. Puis il s'était installé à Sancerre, où se trouvaient de nombreux écossais exilés.

Le jeune Etienne commence son éducation à Sancerre, avant d'être envoyé à Paris, où il suit des études... religieuses.  Il semble que plusieurs concitoyens du père d'Etienne étaient opposés à cette décision, exerçant des pressions sur son père, et obtenant en 1784 pour Etienne, par leur relations, un brevet de lieutenant dans le régiment irlandais de Dillon, alors commandé par le général Maillebois, en Hollande.

Lorsque le régiment est dissous, le jeune Macdonald retourne en France, où il entre comme cadet au régiment Dillon, passant de ganisons en garnisons, jusqu'à Saint-Omer, où la Révolution le surprend.

C'est à cette même époque qu'il épouse une jeune créole, une mademoiselle Jacob, contre la volonté du père de la jeune-fille, qui a fait sa fortune dans les Caraïbes, et souhaite sans doute un meilleur parti pour sa fille.  Mais Etienne reçoit l'appui d'un certain colonel Beurnonville et le mariage a bien lieu, en mai 1791. Lorsque, l'année suivante, la guerre éclate, Beurnonville prend Macdonald comme aide de camp, poste qu'il quitte ensuite pour être transféré, avec le grade de capitaine, dans l'état-major de Dumouriez. C'est dans ces conditions qu'il participe à la bataille de Valmy, le 20 septembre 1792.

 

Aux Pays-Bas - 1793-1797

Macdonald s'est particulièrement bien conduit à Valmy, et cela lui vaut une promotion au grade de lieutenant-colonel, à l'âge de 27 ans. Il retourne alors à Paris, avec Dumouriez. A cette époque, Beurnonville est devenu ministre de la guerre, et Macdonald est alors nommé colonel au régiment Picardie (2e d'infanterie), qu'il va rejoindre au moment de la bataille de Neerwinden, le 18 mars 1793, qui oblige Dumouriez à évacuer la Belgique.

Lorsque Dumouriez passe à l'ennemi, Macdonald reçoit l'ordre de marcher sur Lille. Il a là des ennuis avec les représentants de la Convention, mais l'arrivée de Dupont, qui prend le commandement lui évite une catastrophe probable. Le répit est de courte durée : il est de nouveau suspecté. Il s'en sort encore, grâce à l'intervention du général Lamarlière, qui avait noté sa bonne conduite, en avril 1792, au Pas de Baisieux. (2)

Il est promu général de brigade, le 26 août 1793, à titre provisoire. Il est sur la frontière flamande, entre Menin et Armentières. Il mène là, avec des soldats peu expérimentés, une série d'actions qui lui permettent de les aguerrir. Mais le voilà de nouveau suspecté par la Convention, et cette fois-ci la chose parait beaucoup plus sérieuse. Souham, le nouveau commandant en chef de l'armée du Nord, lui conseille même de fuir à l'étranger. Il refuse de faire comme beaucoup d'autres avant lui. Cela lui porte chance, car, rapidement, les yeux des Représentants se portent ailleurs, et, retournant à Paris, ils l'oublient.

A cette époque, les armées françaises sont concentrées, et sous les ordres de Pichegru. Macdonald participe activement à la campagne de 1794, prenant part à de très nombreuses actions : Tourcoing - en juin - Hoolède, Lannoy, Roubaix, Turnhout, Courtrai, Ostende, Anvers, Nimeguen, pour n'en citer que quelques-unes. Une année brillante, à la fin de laquelle, il est nommé général de division.

 

En Italie - 1798-1800

Macdonald espérait bien participer à l'expédition d'Egypte. A la place, il est envoyé, le 11 juillet 1798, en Italie, pour prendre la succession de Gouvion Saint-Cyr à Rome. Pas vraiment un poste enviable, car le pays est alors en pleine fermentation, et le général autrichien Mack vient juste d'être envoyé  pour prendre le commandement de l'armée napolitaine, destinée à combattre les Français. Macdonald dispose alors de 12.000 hommes, dont 6.000 à Rome. C'est le moment que choisi le Directoire pour créer l'armée de Rome et la placer sous le commandement de Championnet, auréolé de sa réputation récemment acquise sur le Rhin. A l'instigation de Anglais, le roi de Naples ambitionne de chasser les Français de tout le sud de la Péninsule. Il met en marche 70.000 hommes en direction de Rome. Laissant à Macdonald le soin de régler les détails des opérations, Championnet quitte Rome pour une position plus centrale.

Dans la Ville Eternelle la révolte éclate bientôt, et Macdonald, après avoir approvisionné le Château Saint-Ange, doit se frayer un passage pour rejoindre son armée, promettant à ses partisans de revenir rapidement. Il se retire ensuite entre Monterosi et Civita Castellana. C'est là que Mack décide de passer à l'attaque. La victoire reste du coté des Français, qui forcent Mack à la retraite. Macdonald retrouve Rome, le 14 décembre 1798, dix-sept jours après l'avoir quitté. Championnet décerne des compliments et des récompenses à ses officiers et aux unités qui ont si bien combattu, mais il ignore la division commandée par Macdonald. For justement, Macdonald est exaspéré : il écrit au Directoire pour manifester son mécontentement et offrir sa démission. Puis il se dirige en hâte, avec son avant-garde, vers Naples (3). Les habitants de la ville se révoltent et les Français ont fort à faire pour conserver leurs lignes de communication. Bientôt la ville est aux mains des révoltés. Le gouverneur décide de rejoindre le roi en Sicile, et Mack demande à se réfugier dans les lignes françaises ! (4) Ce n'est que lorsque le fort Saint-Elme aura été pris que la ville retrouvera son calme. Championnet doit, au même moment, rentrer à Paris pour répondre d'accusations de pillage, et Macdonald est nommé commandant de l'armée de Naples, le 13 février 1799. (5)

A la même époque, la Deuxième Coalition a pris corps.  La Russie a formé une armée de 60.000 hommes, qui se dirige vers le sud. De son coté, l'Autriche a mobilisé environ 300.000 hommes sur le Rhin et dans le nord de l'Italie.  En avril Schérer est mis en échec par Kray, à Magnano. Peu après, c'est au tour de Moreau d'être sévèrement battu par Souvorov, à Cassano. Macdonald reçoit l'ordre d'abandonner le royaume de Naples, de remonter vers le nord, afin de rejoindre la division Victor, que Moreau envoie à sa rencontre. La nouvelle des défaites françaises déclenche un nouveau soulèvement de la Calabre (6). Avant de partir, Macdonald (de non propre chef ou sur ordre du Directoire) fait occuper et approvisionner les places de Saint-Elme, Capoue, Gaète et Saint-Angelo. Décision peu heureuse, car ces places tomberont bientôt aux mains des Anglais.

Macdonald effectue une marche digne d'éloges, passant par les États Papaux, la Toscane, pour arriver aux débouchés des Apennins. (7) Il bat les Autrichiens à Sarzana et Pontremoli, ce qui lui ouvre les communications vers Gênes, puis se retranche dans Pistoja, pour attendre Moreau, qui s'est retiré, de son coté, dans le Piémont. Il écrit au Directoire pour offrir sa démission et suggérer un regroupement des deux armées sous les ordres de Moreau. En absence de réponse de Paris, Macdonald prépare un plan d'opérations combinées, espérant que Moreau s'avancera, et coupera les lignes de communications de Souvorov. Mais Moreau reste entre Gêne et la Scrivia, ce qui amène Macdonald à opérer seul. De leur coté, les Russes marchent sur la Trebbia.

La bataille de la Trebbia va durer trois jours (17 - 19 juin 1799). Elle se termine à l'avantage des austro-russes. Macdonald perd près de 16.000 hommes: 2.000 tués, 7.500 blessés et 7.000 prisonniers, les austro-russes environ 900 tués et 2.500 blessés ou prisonniers.  Dans la nuit du 20, Macdonald commence sa retraite vers Gênes, une retraite qui lui vaudra l'admiration de Soult (8)

Malade et mal remis de blessures reçues le 12 juin à Modena, Macdonald quitte Gênes et se rend à Paris. Il y reçoit un accueil plutôt froid du Directoire, mais chaleureux de la part e la population. Il semble qu'il ait été alors contacté pour rendre la tête d'un mouvement contre le Directoire, ce qu'il aurait refusé. Mais il se range aux cotés de Bonaparte, rentré d'Égypte, et le 18 Brumaire, c'est lui qui commandera les troupes à Versailles, et fermera le club des Jacobins.

 

Splügen et la retraite provisoire (1800-1809)

Après la prise de pouvoir de Bonaparte, Macdonald, après un bref passage à l'armée du Rhin, sous Moreau, reçoit, le 24 août 1800, le commandement de la seconde armée de réserve, à Dijon, renommée en août 1800 l'armée des Grisons, et devant servir de point de jonction entre les armées d'Italie et du Rhin.

Le col de Splügen ajuourd'huiEn Italie, Brune opère alors sur le Mincio, contre les Autrichiens, et Macdonald reçoit l'ordre de franchir le col de Splügen (c'est, avec le Grand Saint-Bernard et le col de Julier, une des routes les plus importantes des Alpes à cette époque), pour tomber sur leurs arrières. Malgré la difficulté de l'opération (9) Macdonald se met en marche le 27 novembre 1800. Il atteindra l'Adige, le 7 décembre, après avoir eu à affronter des conditions climatiques déplorables (une avalanche emporte 50 de ses soldats, qui périssent sous la neige). Son arrivée précipite le retrait des Autrichiens, du Vorarlberg au Tyrol et sera un des éléments décisifs conduisant à la paix de Lunéville (9 février 1801) (10)

De retour à Paris, Macdonald est nommé, en mars 1801, ministre plénipotentiaire au Danemark. Une nomination à caractère essentiellement militaire. Mais la bataille de Copenhague et l'alliance anglo-russe annulent les projets de guerre dans cette région, de sorte que, six mois après sa nomination, Macdonald est de nouveau rappelé à Paris. C'est à cette époque qu'il est pris dans la tourmente autour de Moreau, et soupçonné de complicité avec ce dernier.

La première nomination de maréchaux est une déception pour Macdonald, dont le nom ne figure pas sur la liste. Bien qu'il ait été nommé, peut-être en compensation, Grand Officier de la Légion d'honneur, il se sent rejeté par la nouvelle Cour. Très affecté par ailleurs par le décès de sa femme,  survenue quelques mois plus tôt, il se retire, avec ses deux filles, dans sa propriété de Courcelles-le-Roi, qu'il a récemment acquise. Il y restera cinq ans.

 

La campagne de 1809

Au début du mois d'avril 1809, Macdonald reçoit l'ordre de se rendre en Italie.  Lorsqu'il arrive à Milan. il apprend qu'Eugène de Beauharnais vient, le 16 avril) d'essuyer un sévère revers à Sacile. Peu de temps après, il prend une grande part au sursaut victorieux de l'armée d'Italie, sur la Piave (8 mai). La suite de la campagne en Italie est ponctuée de victoires, à la poursuite de l 'armée de l'archiduc Jean. Le 22 mai, il s'empare de Laybach, faisant prisonnier 4.000 Autrichiens et le général Merveldt. Le 14 juin, c'est la bataille de Raab.  Pendant qu'Eugène rejoint Napoléon près de Vienne, Macdonald suit les Autrichiens à Komorn, puis, par une marche forcée de 14 kilomètres, rejoint la Grande Armée, le 4 juillet, juste à temps pour participer à la bataille de Wagram.

L'attaque prématurée, le 5 juillet, sur l'ordre de Napoléon, du plateau de Wagram, est un demi-échec et la bataille doit être reprise le 6. C'et l'archiduc Charles qui prend en fait l'offensive, sur la gauche française, forçant Napoléon à envoyer Masséna au sud du champ de bataille, pour éviter de se faire couper du Danube. Pour rétablir la situation, il envoie Macdonald, dont il a renforcé le Ve corps de 5.000 hommes supplémentaires, attaquer le centre autrichien (c'est la "grande colonne"). Cette attaque, un moment indécise, et surtout très meurtrière, décide finalement de la victoire. 

Napoléon lui en est reconnaissant, et le fait, honneur unique parmi ses semblables, maréchal de l'Empire sur le champ même de la bataille.

Après l'armistice de Znaïm, Macdonald retourne en Styrie et reçoit la reddition de la forteresse du Schlossberg, à Graz. Le 15 août, il est fait duc de Tarente, reçoit le Grand Cordon de la Légion d'honneur et 60.000 francs.

Peu après, une partie du corps d'armée de Macdonald est envoyée dans le Tyrol, tandis qu'il emmène l'autre en Italie. Puis il se rend à Paris et, cette fois-ci, apparaît à la Cour.

 

L'Espagne - 1810-1811

Dès le mois d'avril 1810, Macdonald est nommé commandant en chef de l'Armée de Catalogne et Gouverneur de cette Province. Ce sera l'épisode le moins brillant de sa carrière. Il prend la succession d'Augereau à la tête d'une armée rongée par l'indiscipline et les pillages, dans un pays fortement hostile, hérissé de forteresses et d'obstacles naturels et artificiels, défendus par des habitants fanatisés. Une tâche inhabituelle pour lui. Les Anglais dominant les mers, Macdonald passe une grande partie de son temps à organiser des convis de ravitaillement pour Barcelone, à essayer de discipliner son armée et à calmer la population. Il ne réussi hélas qu'à énerver ses propres soldats, sans réels résultats face à l'ennemi.  

En avril 1811, cependant, un semblant d'ordre est revenu dans les armées. Suchet est alors en Aragon, se préparant à mettre le siège  devant Tarragone. Macdonald, avec Baraguey d'Hilliers, maintien les communications avec la France. Mais les espagnols s'emparent de la forteresse de Figueras, clé des Pyrénées.  Macdonald doit abandonner ses opérations pour mettre le siège devant cette ville. La ville est reprise, au prix d'un grand effort, en août. Macdonald paie cette victoire de sa santé et doit rentrer en France et Napoléon ne le renverra pas dans la Péninsule. (11)

 

La Russie - 1812

Il faudra six bons mois à Macdonald pour recouvrer la santé. Il est alors mis à a tête du Xe corps d'armée, composé de Prussiens, de Polonais et de Bavarois, avec lesquels il va participer à la campagne de Russie.

La campagne commence pour Macdonald à Samogitia, puis il se dirige sur Dwina.  Il 'empare ensuite de Dunaberg et bat les Russes à Mittau, avant de mettre le siège devant Riga.  L'expérience qu'il a acquise, dans les Alpes, lui permettent de se comporter avec aisance dans la neige et la glace.. En fait, son corps d'armée va vivre dans un relatif confort, comparé aux conditions extrêmes rencontrées par les autres corps de la Grande Armée. Lorsqu'il doit effectuer sa retraite, il rejoint Murat à Wilna, et ce dernier li donne l'ordre de se rendre à Tilsitt. Mais cet ordre ne parvient à Macdonald qu'au bout de huit jours. Ce retard aura des conséquences. Toutefois, Macdonald a compris la situation, et  lancé son avant-garde en direction de Taurogen, forcé le Niemen, et s'est approché de Königsberg. Mais alors qu'il attend son arrière-garde, le contingent prussien, 17.000 hommes sous les ordres du général York, passe à l'ennemi, abandonnant Macdonald avec seulement 8.000 Polonais et Bavarois, un quartier-général français, à moitié entourés par les Russes, pratiquement isolés du reste de l'armée française. Au prix d'une marche forcée de 24 heures ans la pluie, Macdonald rejoint la forêt de Bömerwald. Il amène finalement, après de nombreuses escarmouches, ses soldats jusque su la Vistule. Après les avoir transférés sous le commandement de Rapp, à Dantzig, il retourne à Paris. Avec la Garde Impériale, c'est le seul corps d'armée qui revient de Russie à peu près complet et en bon ordre. (12)

 

La campagne de 1813.

Peu après son arrivée à Paris, Macdonald reçoit le commandement du XIe corps d'armée. Il passe deux mois à formé convenablement les conscrits.  A la fin du mois d'avril, il rejoint Napoléon, qui vient de faire sa jonction avec le prince Eugène, sur l'Elster. Le jour suivant, il s'empare de Mersebourg, défendus par les Prussiens de York, ses alliés d'il y a quelques mois.

Le 2 mai, il commande la gauche française à Lützen, puis prend une part active à la victoire de Bautzen et aux combats de Würschen, Bischofswerda et  Löwenberg. C'est là que l'atteint l'armistice.

Lorsque les hostilités reprennent, les Autrichiens ont désormais rejoint la coalition, et se concentrent en Bohême.  L'armée de Silésie attaque Macdonald et force la Bober, mais l'arrivée de Napoléon permet de la repousser derrière la Katzbach. L'Empereur, après ces évènements, laisse Macdonald et Ney, appuyés par la cavalerie de Sebastiani, face à Blücher. Ils doivent prendre l'offensive et masquer son départ. Le 26 août, c'est la bataille de la Katzbach, qui voit la défaite des Français face aux forces russo-prussiennes, en supériorité numérique. (13) 

Macdonald ramène son armée à Dresde. Après un combat victorieux à Bischofswerda, il se retire de nouveau derrière la Partha, lorsque les Autrichiens débouchent de Bohême.

Durant la bataille de Leipzig, Macdonald, aux cotés de Augereau, Lauriston et Poniatowski, combat contre l'armée de Bohême. Lorsque la retraite est décidée par Napoléon, il forme l'arrière-garde, avec Poniatowski. C'est à la nage qu'il réussi à franchir l'Elster. Le 30 octobre, il va encore combattre à Hanau, avant d'arriver au Rhin

 

La campagne de France - 1814

Macdonald avait reçu le commandement de la division chargée de défendre le fleuve entre Cologne et Amheim. Il installe son quartier-général à Nimeguen, où il se trouvait 20 ans plus tôt, alors qu'il n'était que général de brigade. Il continue la retraite sur Mezières, renforçant, contre son gré, mais obéissant aux ordres reçus, au passage les places de Wesel, Venloo et Maestricht.

Durant la campagne de 1814, à la tête de la gauche de l'armée française, il sera à Vitry-sur-Marne, Châlons (14), La-Ferté-sous-Jouarre, Campaubert, Montereau. Puis, c'est Arcis-sur-Aube, Sain-Dizier. Macdonal suggère à Napoléon d'abandonner Paris et de marcher sur l'est, vers l'Alsace et la Lorraine. Napoléon refuse, on le sait.

Duc de Tarente, je vous ai mal connu: on m'avait prévenu contre vous. J'ai comblé de faveurs tant d'autres qui m'ont délaissé, abandonné; vous qui ne me deviez rien, m'êtes resté fidèle. J'apprécie trop tard votre loyauté et je regrette sincèrement d'être dans une situation à ne pouvoir vous en témoigner ma reconnaissance que par des mots: j'étais autrefois riche et puissant, maintenant je suis pauvre.

Après la chute de Paris, Macdonald est, avec Ney et Caulaincourt, chargé de négocier avec les Alliés. Son attitude durant ces jours est pleine de dignité, mais aussi de diplomatie, alors que Marmont déserte et Ney hésite. Il refuse de faire acte d'allégeance au nouveau gouvernement tant que l'abdication n'est pas signée. Napoléon lui en sait gré : après lui avoir adressé des mots pleins d'émotion, il fait don au duc de Tarente  de l'épée de Mourad Bey (15), qu'il portait au Mont Thabor. Les deux hommes ne se reverront plus.

 

Au service de la Monarchie

L'année suivante, Macdonald est fait Pair de France par Louis XVIII et entre au Conseil de Guerre. Mais ce n'est pas pour longtemps : suite à des désaccords regardant l'administration de l'armée, il démissionne, et prend le commandement de la 21e division militaire (Bourges). Il est ensuite nommé sénateur et décoré de l'Ordre de Saint-Louis.

Durant les Cent-Jours, il ne se rallie pas à Napoléon, et essaye de défendre Lyon.  Mais les troupes ne le suivent pas. Il fuit alors vers Paris, avec le duc d'Angoulême et le duc d'Orléans, où il arrive le 13 mars 1815. Puis il suit le roi, qui a lui aussi fuit la capitale, essaye vainement de le faire attendre à Lille, puis passe avec lui la frontière. Ceci fait, il retourne à Paris, où, malade, il reste cloîtré dans son hotel durant toute la période des Cent-Jours.  Napoléon essaye de l'amener à lui, lui envoie Davout et Mathieu Dumas pour l'en persuader, mais Macdonald persiste dans son refus.  Il le dit à Davout : il a prêté serment au roi, et puis il sait que l'Autriche se joint à la Coalition, et considère que la guerre est sans espoir et ne peut qu'amener de nouveaux malheurs sur la France.

Après Waterloo, Macdonald se voit offrir le ministère de la Guerre, mais il refuse. Mais il accepte la charge d'Archi-Chancelier de la Légion d'honneur (16).  Puis il prend le commandement de l'Armée de la Loire, formée des débris de l'armée vaincue à Waterloo, favorise la fuite d'un certain nombre d'officiers de l'empire (17) mais doit finalement obéir aux ordres et dissoudre, à son coeur défendant, cette armée. Puis il se retire dans son château de Courcelles-le-Roi

Macdonald épouse, à la fin d'une carrière militaire intense, la veuve du général Joubert. Celle-ci décède juste après lui avoir donné une fille.  En 1821, toujours sans héritier mâle, pour hériter de son titre, se marie pour la troisième fois, avec une demoiselle Bourgoing. Elle lui donnera deux enfants, dont un fils, qui deviendra duc de Tarente à son tour. Elle décède en 1825.

 

La tombe du maréchal Macdonald, au cimetière du Père Lachaise, à ParisLes dernières années.

Macdonald va voyager, d'abord en Angleterre, où il est reçu avec une très grande courtoisie, puis dans le nord , au Danemark notamment, pays d'où est originaire le père de son épouse, puis vite le pays de ses ancêtres. 

Il va passer très retiré les dernières années de sa vie. Il noue une amitié avec l'ex reine de Naples, Caroline Murat, ce qui fera naître les ragots concernant un possible mariage entre le maréchal et la soeur de Napoléon.

Jacques, Etienne, Joseph, Alexandre Macdonald meurt le 25 septembre 1840, à Courcelles-le-Roi, à l'âge de 75 ans.

Il est enterré au cimetière du Père Lachaise de Paris (37e division).


LES LIEUX DE MÉMOIRE

La maison natale de Macdonald à Sedan se trouve au 18 rue du Ménil.

La maison où Macdonald passa son enfance, à Sancerre, se trouve 3 rue Macdonald.

Le château de Macdonald à Courcelles-le-Roi, se trouve à Beaulieu sur Loire (23 km au sud-est de Giens). Construit sous le règne d’Henri IV et le début du règne de Louis XII, sur les bases du château féodal (douves), il est de style Renaissance française. Il est de nos jours une propriété privée. Une plaque commémorative a été apposée dans l'église paroissiale. Le choeur de cette église est entouré d'une grille, qui fut offerte par Macdonald (après le vol de celle existant alors, par les révolutionnaires de 1794) et qui porte ses initiales : A.M. (Alexandre Macdonald)


NOTES

(1) Curieusement, un certain nombre de ses biographes font naître Macdonald à Sancerre !

(2) Lamarlière sera lui-même victime de la Convention peu de tems après.

(3) Le roi de Naples, aidé par Nelson et Lady Hamilton, s'enfuit en Sicile

(4) Reçu courtoisement, il sera tout de même envoyé en France et emprisonné à Dijon., d'où il s'échappera en 1800, pour être de nouveau capturé, cinq années plus tard, à Ulm !

(5) Championnet ne sera pas condamné, mais mourra peu après.

(6) C'est la division Duhesme qui contrôle alors la région

(7) Parti avec 20.000 hommes, il récupère en Toscane la division Gauthier, la division Montrichard à Bologne, et est rejoint par Victor à San Domino, de sorte que ses forces sont alors d'environ 30.00 hommes.

(8) "Je ne sais pas si cette retraite de la Trebbia vers la Toscane n'a pas plus fait pour l'honneur de Macdonald que sa marche de Naples à la Trebbia"

(9) Macdonald enverra Mathieu Dumas s'en expliquer  à Paris avec Bonaparte. Ce dernier répondra qu'une armée peut aller où un homme le peut, et qu'un homme peut aller où ses deux pieds le peuvent

(10) Certains auteurs n'hésitent pas à considérer ce passage des Alpes comme étant plus valeureux que celui du Grand Saint-Bernard par Bonaparte (le col de Splügen se trouve à 2113 m d'altitude)

(11) Alors qu'il fit preuve d'une extrême sévérité 'a l'encontre de Dupont, pour la perte de Baylen, Napoléon pardonna au général Guillot, pourtant responsable de la prise de Figueras - mais ne lui donna cependant plus de commandement.

(12) Il n'a toutefois pas eu à souffrir les mêmes conditions, ni à marcher jusqu'à Moscou. Mais Macdonald a été capable de maintenir une certaine cohésion au sein de troupes certainement traumatisées par la défection des Prussiens.

(13) Macdonald aligne environ 35.000 hommes, Blücher 86.000, dont 39.000 Prussiens. 

(14) Il résiste là à son ancien subordonné, le prussien York, en nombre largement supérieur.

(15) Le commandant des Mameluks à la bataille des Pyramides.

(16) Il occupera ce poste jusqu'en 1831

(17) Il témoigne en faveur du général Drouot, lors du procès de celui-ci.