Consulat - Premier Empire

Les Acteurs

 

Bon-Adrien Jannot de Moncey
duc de Canegliano

Robert Ouvrard

 


Bon-Adrien Jannot de Moncey naît le 31 juillet 1754, à Moncey (ou à Palise ?), prés de Besançon. C'est le fils d'un avocat au parlement de Besançon, qui, ayant acquis le domaine de Moncey, en porte le nom, sans pour autant être noble !. 

Le père de Bon-Adrien aurait bien souhaité que son fils suive la même voie que lui, et lui fit, très jeune, étudier le droit. Ce n'est pas vraiment le souhait du jeune garçon et, à l'âge de 15 ans il quitte la maison paternelle et rejoint l'armée, s'enrôlant dans le régiment de Champagne-Infanterie. Les parents se lancent à la recherche de leur fils et achètent bientôt son congé. Pour peu de temps. Dix mois à peine se sont écoulés que le jeune Moncey s'enfuit de nouveau, et s'engage une nouvelle fois dans l'armée, cette fois dans la compagnie des gendarmes anglais, unité bien plus attirante que la simple infanterie.

Compte tenu de son ardeur pour le service armé, on s'étonne qu'il ait pu en être écarté, sur l'accusation de mauvaise conduite : "A quitté le service pour ignorance et inconstance; avait bon aspect, mais ne sera pas vraiment regretté; ne pas enrôler de nouveau." 

Bon Adrien Jannot de Moncey en uniforme de capitaine au 7e régiment de ligne en 1792 (1754-1842)  - Pierre Joseph Dedreux-Dorcy (1789-1874) - RMNEn 1779, le voilà de nouveau sous l'uniforme, cette fois dans le corps d'infanterie de Nasssau-Siegen, où il est sous-lieutenant. En 1785, Moncey devient lieutenant. Le 1er juin, il est transféré au 5e bataillon de chasseurs, et est promu capitaine en 1791. 

Le 30 septembre 1790, il épouse Charlotte Prospère Remillet (1761 - 1842), dont il aura quatre enfants (trois filles et un garçon).

On est alors en pleine Révolution, dont Moncey approuve les idées. De 1793 à 1795, il sert sur les Pyrénées, avec bravoure. 

En juin 1793 il avait été chargé de commander la 5e demi-brigade légère, où il attire l'attention de l'un des représentants aux Armées. Il est alors promu général de brigade, en février 1794, et, quatre mois plus tard, général de division. Cette année culmine pour lui avec la prise de San Sebastian, en août. Cela lui vaut de prendre le commandement de l'Armée des Pyrénées.

Celle-ci est désarmée à la fin des hostilités, en juillet 1795, mais Moncey refuse alors le commandement de l'Armée des Côtes, à Brest, allégeant des raisons de santé. Il se retrouve à la tête d'une division, à Bayonne.

Les évènements se précipitent alors. Dénoncé, après le 18 Fructidor, comme royaliste (il avait, il est vrai, de bonnes relations avec Pichegru et Carnot), en septembre 1797, il est démis de son poste et mis à la réforme, le 26 octobre.

Il restera sur la liste de non-activité jusqu'au 20 septembre 1799, c'est à dire 14 jours avant le coup d'État de Brumaire, auquel il applaudi, en grande partie à cause de son ressentiment vis-à-vis du Directoire, qu'il rend responsable de la ruine de sa carrière.

Il reprend rapidement du service, est nommé commandant la 19e division militaire de Lypn et se retrouve commandant en second de Moreau, à l'Armée du Rhin, en mars 1800.

Il se conduit honorablement dans des rôles secondaires, au moment où l'armée traverse la Suisse pour se rendre en Italie. Il se fait jouer par le général autrichien Laudon, qui lui fait croire à un armistice, ce qui permet aux autrichiens d'éviter de tomber dans un piège.  Brune demande son rappel, mais c'est Moncey qui, deux mois plus tard, le remplace. Le 2 juin, il est nommé commandant les troupes en Cisalpine, mais refusant de servir sous Murat, il quitte l'Italie, le 28 août 1801.

Bonaparte le nomme alors, à compter de décembre, inspecteur général de la gendarmerie, commandement qu'il gardera pendant six années. A ce titre il accompagne Napoléon lors de son voyage en Hollande, en 1803. C'est peut-être cette proximité de l'empereur qui lui vaut sa promotion au maréchalat, le 19 mai 1804.

En 1808, Moncey conduit le corps d'observation d'Espagne, en route pour Madrid.. Après l'insurrection de mai, il est envoyé pour s'emparer de Valence et Carthagène, Sans succès, ce qui n'empêche pas Napoléon de faire Moncey duc de Conegliano, le 2 juillet.

Il sert ensuite sous les ordres de Lannes à Tudela (, et se trouve au siège de Tolède aux cotés de Ney. La faveur impériale s'effrite, et Moncey est rappelé, le 2 janvier 1809.

La Barrière de Clichy, défense de Paris le 30 mars 1814 . Horace Vernet - RMN

Moncey voit l'ennemi menacer l'enceinte de Paris. Lui vivant, il n'y entrera pas sans combat. Le maréchal organise la défense, il fait rassembler les hommes, avancer les canons, il distribue les postes, harangue les officiers et les gardes dont le départ du roi Joseph, déjà connu, et les progrès visibles de l'armée alliée ont ébranlé les courages. « Il faut nous défendre » dit le vieux soldat « Même si nous sommes réduits à céder, à la fin, aux forces énormes de l'ennemi, du moins devons-nous lui imposer par une énergique résistance pour obtenir une capitulation honorable » Les chaleureuses paroles de Moncey, leur accent de sincérité, raniment les miliciens. Les volontaires se présentent en foule pour aller prendre position à la tête de Batignolles. Telle est leur exaltation qu'ils refusent de s'embusquer dans les maisons, selon les ordres de Moncey. « Nous n'avons pas peur disent-ils «nous ne voulons pas nous cacher Paroles d'hommes qui n'ont jamais fait la guerre, mais qui sont capables de la bien faire « Croyez-vous », s'écrie Allent, « que le doyen des maréchaux puisse vous conseiller une lâcheté ! » Alors ils se mettent à l'abri des balles. (in H. Houssaye, 1814, p. 511)

Il se voit alors donné différentes tâches, en Belgique et en France, la plus importante étant le commandement de la Garde Nationale de Paris. A ce moment, la capitale se retrouve sur la ligne de front et Moncey participe, le 30 mars, à sa défense avec vaillance, à la barrière de Clichy. En avril, il fait partie de ceux qui, avec Ney, incite Napoléon à abdiquer, selon le vœu des  autres grands officiers.

Il sert les Bourbons, comme beaucoup d'autres, sous la première restauration, et rallie Napoléon pendant les Cent-Jours, sans toutefois, du fait de son âge (61 ans), jouer un rôle actif.

Il est chargé de présider le conseil de guerre devant juger Michel Ney. Il refuse avec honneur. Ce qui lui vaut d'être destitué par Louis XVIII, avec une condamnation de trois mois à la prison, au fort de Ham. La forteresse est commandée alors par un général prussien, lequel refuse d'accueillir un ancien maréchal français ! Moncey fera sa "prison" dans une chambre d'hôtel !

Le 3 juillet 1816, Moncey retrouve sa dignité de maréchal. Il est nommé pair de France en 1819, Gouverneur de la 9e division militaire en 1820, poste qu'il occupe jusqu'en 1830. Entre temps, il conquiert Barcelone, Tarragone et Hostalrich, en 1823.

Le 17 décembre 1833, il est nommé Gouverneur des Invalides. En décembre 1840, au moment du Retour de Cendres, il se fait porter, bien que malade, sur le passage du cortège. Après quoi, il prononce ces mots restés célèbres :"A présent, rentrons mourir !"

Il meurt le 20 avril 1842, à Paris, à l'âge de 88 ans.


A Moncey (22 km de Besançon), aucune plaque commémorative ne signale la maison natale du maréchal. Mais un monument a été érigé à sa mémoire. Le château, propriété du maréchal, existe toujours.

Le maréchal Moncey repose aux Invalides, dans la crypte des maréchaux. Une plaque rappelle son souvenir sur un des piliers de l'église Saint-Louis des Invalides.

A Melun, dans la cour d'Honneur de l'École des officiers de la Gendarmerie Nationale, une stèle, au pied du mat, porte un médaillon en bronze à l'effigie du maréchal.

Enfin, à Paris, place de Clichy, un monument célèbre le souvenir de la défense de la barrière de Clichy, par le maréchal Moncey, le 30 mars 1814.


Repères bibliographiques