Charles Philippe Schwarzenberg

Feldmarschall

1771 - 1820


 Charles Philippe Schwarzenberg naît le 15 avril 1771. Il est le fils du prince Johann Nepomuk Anton Schwarzenberg - premier chef du deuxième majorat de la maison princière Schwarzenberg - et de son épouse Maria Éléonore comtesse Oettingen-Wallerstein. Il est tout de suite destiné à la carrière militaire, et reçoit dès l'enfance l'éducation appropriée, sous la direction de Franz Joseph von Haßlinger. Dès l'âge de 16 ans, il entre comme sous-lieutenant au régiment Wolfenbütel (Brunswick), rang dans lequel il sert auprès du FM Lacy, puis du général de cavalerie Kinsky, enfin du FM Loudon et participe à la guerre contre les Turcs en 1786. Il se montre un officier particulièrement courageux et téméraire. Il côtoie alors le prince Poniatowski, futur maréchal de Napoléon, mais également le prince Dietrichstein, le jeune prince de Ligne, qui fait également honneur au nom de son célébrissime père.

Il est bientôt promu capitaine. Il a l'occasion de rencontrer l'empereur Joseph et gardera toute sa vie l'impression faite sur lui par l'humanité de ce monarque. 

A sa demande, Schwarzenberg - il n'a que 18 ans - obtient en 1789 un poste au quartier-général du FM Loudon. Il participe, bien que malade, à la prise de Belgrade.

C'est à cette époque que survient la mort de son père, puis, alors qu'il se trouve, avec l'armée autrichienne, à Krumau, face aux Prussiens, la disparition de son mentor. 

En 1790, Schwarzenberg est nommé Major. Il assiste au couronnement de l'empereur Leopold II à Francfort, avec le régiment des Gardes d'Arcier. Il est ensuite à Vienne, où il parfait sa formation militaire et scientifique.

En août 1791 - après la déclaration de Pillnitz - Schwarzenberg est versé au célèbre régiment de dragons Latour (plus tard chevau-légers Windisch-Grätz), au sein duquel il reçoit un accueil plutôt froid, ce que son courage va rapidement corriger. Il participe à la pise des défenses extérieures de Philippeville et se fait remarquer au combat de Estreuf.

En 1793, il est Oberlieutenant au corps franc de Uhlans Blank, qui se trouve alors en Galicie. C'est alors Blücher qui commande l'avant-garde prussienne. C'est à cette occasion que Schwarzenberg fait une chute de cheval, qui, selon certain, serait à l'origine des vertiges dont il souffrira plus tard. Schwarzenberg est maintenant dans l'avant-garde du prince de Cobourg, qui, cette année là commande aux Pays-Bas. Il est à Neerwinden, le 18 mars.

Au début de 1794, il est promu colonel au régiment de cuirassiers Wallis. Mais le régiment se trouve alors à Vienne, et il répugne à quitter le champ des opérations militaires. il est alors nommé au régiment de cuirassiers Zeschwitz. Le 26 avril, au Cateau, il emmène avec son régiment et 12 escadrons de cavalerie lourde anglaise, des charges de cavalerie sur la droite de l'armée alliée, qui décide de la victoire pour ces derniers. Les Français sont forcés à la retraite et abandonnent la place de Landrecies Ils perdent 7000 hommes, tués, blessés ou manquants, 40 canons, 50 caissons de munitions. Le général Chappuis est parmi les prisonniers tombés aux mains des cavaliers de Schwarzenberg. L'empereur François le décore lui-même, sur le champ de bataille, de la Croix de Chevalier de l'Ordre de Marie-Thérèse.

Schwarzenberg passe la première moitié de l'année 1795 dans sa famille puis rejoint et combat avec l'armée autrichienne, en deuxième ligne sur le Main, puis à Heidelberg et Frankental. Le cessez-le-feu le ramène à Vienne.

Au printemps 1796, les hostilités reprennent et Schwarzenberg se distingue de nouveau au combat de la Nidda, durant la retraite sur la Raab et dans les combats d'Amberg (24 août) , Würzburg (3 septembre) et Limburg (16 septembre). C'est après ce dernier combat qu'il est promu General-Major. 

Les affectations se succèdent ensuite : il rejoint, pour commencer, le Haut-Rhin, avec l'Archiduc, puis il rejoint le FML von Hoße pendant le siège de Kehl. Mais il est appelé en Italie, y fait un court séjour puis revient sur le Rhin, où il commande, jusqu'en novembre 1797 les avant-postes de Mannheim.

Lorsque la guerre reprend, en 1799, Schwarzenberg commande l'avant-garde  de l'armée autrichienne en Allemagne. Il est à Ostrach (victoire autrichienne - 21 mars 1799), Stockach (victoire française - 25-26 mars 1799), et s'empare de Donaueschingen. Pendant que l'Archiduc opère en Suisse, il surveille le Rhin. Retiré lui-même en Suisse, il combat sur l'Ave et la Limmat. Lorsque l'Archiduc se retrouve sur le Rhin, il reforme l'avant-garde, repousse Baraguey d'Hilliers d'Heilbronn, chasse les Français de Sinsheim et participe de façon exemplaire à la prise de Mannheim (18 septembre 1799). Il est encore, face à Ney, à Heidelberg. Mais il est malade et doit se retirer des opérations. Il passe sa convalescence près de sa femme (il a épousé la veuve du prince Esterhazy, née comtesse Hehenfeld).

Schwarzenberg, qui a été promu FML, retourne à l'armée pour la campagne de 1800. Il est à Hohenlinden (3 décembre 1800). Lorsque, le 18 octobre, l'Archiduc Charles prend le commandement de l'armée autrichienne en déroute, il donne à Schwarzenberg le commandement de l'arrière-garde et permet à l'armée principale de se reprendre, jusqu'à la signature du cessez-le-feu. Peu de jours après celui-ci, l'empereur nomme Schwarzenberg "Propriétaire" (Inhaber) du 2e régiment de Uhlans (dont il a été dans le passé le colonel).

La paix de Lunéville interrompt pour un temps sa carrière militaire. Mais il n'est pas pour autant inactif. L'empereur François le choisi en effet pour aller porter ses voeux au nouveau tsar de Russie, Alexandre Ier, tout en essayant de renouer les liens entre les deux empires. Puis il se retire sur ses terres de Bohême.

La guerre semblant se rapprocher, Schwarzenberg  prend le commandement des troupes rassemblées dans le Innviertel. En mars 1805, il est nommé vice-président du conseil aulique de la guerre. Durant la campagne d'Allemagne, il commande un corps d'armée en Allemagne, sous les ordres de Mack.  Il avance jusqu'à Ulm, combat à Günzburg (9 octobre 1805 - victoire française), puis à Haslach (aussi appelé Jungingen, ou Albeck - victoire française - Schwarzenberg reçoit la Croix de Commandeur de l'Ordre de Marie-Thérèse). Aux cotés des autres généraux, il essaye, en vain, de persuader Mack de quitter Ulm. Avec l'Archiduc Ferdinand, il réussi à faire s'échapper de la ville tombée aux mains de Napoléon, 1.800 cavaliers, malgré la poursuite acharnée de Murat et de ses 6.000 cavaliers. Cette action d'éclat altère un temps sa santé. A peine remis, il rejoint Vienne, à l'appel de l'empereur François, puis rejoint en Moravie les deux empereurs. Il conseille, en bain, d'éviter la bataille.

A la fin de 1805, Schwarzenberg est nommé ambassafeur d'Autriche à Saint-Petersbourg. Il vient d'être nommé Chevalier dans l'Ordre de la Toison d'Or.

Il retrouve Vienne deux jours seulement avant la bataille de Wagram, rejoignant l'empereur François à son quartier général de Wolkersdorf. Il prend le commandement d'une division (6.600 cavaliers) de la cavalerie de réserve, sous les ordres de Liechtenstein. Il n'a pas vraiment l'occasion d'influer sur le cours de la bataille, mais il permet à la retraite de l'armée autrichienne de s'opérer dans de bonnes conditions.

Le 22 septembre 1809, les hostilités terminées, Schwarzenberg est promu général de cavalerie (général de corps d'armée) et nommé ambassadeur à Paris. C'est à ce poste qu'il négocie le mariage de Napoléon avec l'archiduchesse Marie-Louise. Le 1er juillet 1810, alors qu'il offre une grande réception à l'ambassade, un incendie se déclare. Il y a de nombreuses victimes, parmi lesquelles la princesse Pauline Schwarzenberg, sa belle-soeur. 

Lorsque s'ouvre la campagne de Russie, Schwarzenberg reçoit le commandement du corps autrichien, fort de 30.000 hommes, qui doit soutenir la Grande Armée. Un peu plus tard il prend également le commandement du VIIe corps d'armée (saxons). En juin, à Lublin, il se met en route à la tête de ses troupes. Le 12 août, à Gorodeczna (Podobna) il défait les russes de Tormasov. Par des manoeuvres intelligentes, il met en échec le corps d'armée de Tschichakow et lui inflige des pertes substantielles. 

Après le passage de la Berezina, il couvre Varsovie et permet ainsi l'organisation des troupes polonaises de Poniatowski. Il se retire ensiote à Cracovie, puis transmet son commandement à Frimont. Il rejoint ensuite son poste diplomatique à Paris.

Il y arrive le 17 avril 1813, essaye en vain d'amener Napoléon à un compromis et à la paix. Ses efforts étant sans résultat, Schwarzenberg retourne à Vienne. L'Autriche se prépare déjà à reprendre les armes contre la France. A la mi-juin, elle sera en mesure d'aligner en Bohême une armée de 120.000 soldats. Pour la commander, l'opinion publique réclame le retour de l'Archiduc Charles. Mais ce dernier a de nombreux ennemis à la cour, qui influencent l'empereur François contre son frère. Celui-ci décide finalement d'écarter tous les membres de sa famille  de n'importe quel commandement à l'armée (Ferdinand, qui commande en Moravie,doit lui aussi se retirer) et il porte son choix, le 8 mai 1813 sur Schwarzenberg pour la charge de commandant en chef de l'armée autrichienne. A sa demande et sur les conseils de Metternich, c'est le comte Radetzky qui est nommé chef d'état-major général. A ses cotés, le général Friedrich Langenau et le colonel Trapp.

Le 23 mai, Schwarzenberg et Radetzky se rencontrent, à Prague, point central des préparations militaires et diplomatiques des évènements qui se préparent. Le plan d'opération, et la répartition des troupes, sont définis à Trachenberg. En Bohême, Schwarzenberg va commander 237.000 hommes, Blücher, sur la Katzbach, à 65.000 et Bernadotte, sur la Spree et la Havel, à 150.000.

La tâche de Schwarzenberg n'est pas réellement aisée, car les armées qu'il commande sont différentes dans  leur composition, leurs méthodes, leur formation. Il a sous la main une énorme quantité de cavalerie, qui, sans lui apporter toute l'aide qu'il souhaiterait, lui entraîne des difficultés énormes de ravitaillement. A ceci s'joute la présence, á son quartier général, de trois souverains, qui entendent donner leur accord à toutes ses décisions stratégiques. Il lui faut être, quelquefois sur le champ de bataille même, être homme de guerre et homme de cour ! 

 

L'attaque des Alliés a été fixée au 25 août 1813. Mais le russe Barclay de Tolly déclare qu'il n'est pas prêt, de sorte que cette attaque est repoussée au lendemain. Ce retard a donné le temps à Napoléon de se concentrer à Dresde. Schwarzenberg, cependant, connaît son adversaire, qui a le gros avantage d'être le seul à commander. Il est bien décidé à ne l'attaquer que lorsqu'il sera en position d'avantage.  numérique, et, surtout, il va choisir de rester concentré pour éviter que Napoléon ne rencontre les armées alliées séparément et ne les batte.

La suite - du 26 août au 16 octobre - ressort de l'histoire de la campagne de 1813. A Leipzig, Schwarzenberg, qui a lui-même préparé le plan de la bataille, va diriger lui-même une décisive charge de cavalerie, contre les cavaliers de Murat. Le troisième jour, en particulier, il se dépense sans compter, sous les yeux des monarques alliés.

Le 19 octobre, les troupes alliées entrent à Leipzig, conduites par Schwarzenberg. Sur le champ de bataille, l'empereur François a lui-même remis la Grande Croix de l'Ordre de Marie-Thérèse à son maréchal. Le tsar et le roi de Prusse ont suivi son exemple et décoré le vainqueur.

Je met à tes pieds, ma Nannerl, les lauriers célestes, que le tout puissant m'a réservés. Dieu a béni nos armes, la défaite de l'ennemi est sans exemple. Je n'ai jamais vu un champ de bataille si terrible ! Colloredo, Louis Liechtenstein, Bianchi, Hardegg, Nostitz ont combattu tels des héros; nos pertes sont grandes, mais on peut dire que l'ennemi a tout perdu... L'Empereur, mon Maître, m'a donné la Grande Croix, le russe la grande de l'Ordre de Saint-Georges et le roi de Prusse l'Aigle Noir. 

Schwarzenberg annoncant la victoire de Leipzig - Krafft.

Schwarzenberg va ensuite diriger la poursuite, pour ne pas donner le temps aux français de se réorganiser. Son but : Paris ! Dans la nuit du 20 au 21 décembre, le prince franchi le Rhin.

La campagne de 1814 se termine, pour Schwarzenberg par l'entrée triomphale des Alliés à Paris, le 31 mars. La tâche du maréchal est terminée et il souhaite alors retrouver sa famille. Avant cela, il est l'objet des plus grands honneurs de la part de tous les pays ayant contribué à la chute de Napoléon. L'empereur François le nomme également président du conseil aulique de la guerre. Finalement, le 5 mai 1814, Schwarzenberg remet son commandement et s'en retourne en Bohême. En passant par Vienne, il est là aussi l'objet de toutes les ovations.

Il ne prend pas part aux travaux du Congrès de Vienne. Lorsque survient le retour de l'île d'Elbe, il se rend à Heilbronn, où il a son quartier général. Le plan de campagne contre les Français a été mis au point à Vienne, avec Wellington et Blücher. Mais Schwarzenberg a tout juste le temps d'arriver sur le Rhin que Waterloo sonne le glas de l'aventure des Cent-Jours. Les troupes autrichiennes entrent une seconde fois à Paris, le17 juillet.

La statue équestre du maréchal Schwarzenberg, à Vienne.Schwarzenberg reste plusieurs semaines en France, puis retrouve de nouveau la Bohême, à Orlik, où le tsar Alexandre lui fera l'honneur d'une visite. Lorsqu'il retourne à Vienne, il est accueilli avec enthousiasme par le peuple. En 1816 il fait un séjour à Milan, mais l'année suivante il est victime d'une attaque cérébrale. Il se remet à Karlsbad. Sa santé, pourtant, va se dégrader au cours de l'année 1819.

Pourtant, en 1820, il effectue encore, en 1820, un voyage à Leipzig, par Kulm et Dresde, où il arrive le 19 avril. Mais son état s'aggrave, il n'est plus question qu'il retourne en Bohême. Selon le souhait du roi de Saxe, le prince demeure désormais chez ce dernier, dans son appartement de Am Markte. 

C'est là que Charles Philippe Schwarzenberg décède, le 15 octobre 1820, âgé tout juste de 50 ans (une plaque commémorative rappelle cet évènement)

Sa dépouille sera ramenée, escortée de soldats saxons, jusqu'à la frontière de Bohême, où des soldats autrichiens l'attendent, pour l'emmener à sa dernière demeure, à Orlik (le château se trouve à 100 km au sud de Prague dans la vallée de la Vltava). Les souverains qu'il a si bien servi sont alors au Congrès de Troppau. François Ier ordonne à ses troupes un deuil de trois jours et l'érection d'un monument à la gloire du maréchal.