|
|
Promenades Impériales |
Les 21 et 22 juin
1809 se déroula, aux portes de Vienne, la sanglante bataille d'Essling, connue
des autrichiens comme la victoire d'Aspern.
A cette époque, le Danube, juste après avoir quitté
Klosterneuburg, se partageait en de nombreux bras, entre lesquels
s'étaient formées de nombreuses îles, dont les plus importantes, au niveau de
Vienne, avaient pour nom : Schwarze Lacken Au, Tabor, Prater et Lobau, cette dernière, à
hauteur de Kaiser-Ebersdorf et de Groß-Enzersdorf, était séparée de la rive
droite par deux bras, de la rive gauche par un seul.
Cette année là, en mai, les pluies ont été importantes et
la fonte prématurée des neiges a fait soudainement monter les eaux du Danube de
façon dramatique : le fleuve est alors large de 450 m de la rive droite
aux bancs de sables du Schneidergrund, de là au Lobgrund, 225 m, enfin, de la Lobau jusqu'à la rive gauche,
130 m.
C'est à cet endroit que Napoléon va faire installer les
ponts qui permettront de passer dans le Marchfeld (les ponts de Tabor,
contrairement à 1805, n'ont pas été sauvés par les français, mais brûlés à leur
arrivée, par les autrichiens.) De l'autre coté du fleuve, deux villages, qui
vont jouer un rôle si importants, à gauche, Aspern, à droite, Essling. Plus à
droite, Groß-Enzersdorf, qui ne jouera qu'un rôle effacé durant ces deux
journées.
Île de Lobau
Notre
visite commence par l'île de Lobau
Nous partons, en voiture (mais, si l'on a beaucoup de
temps, on peut aussi utiliser les transports en commun) du Prater et empruntons
la Lassalle Strasse (dont le nom n'a rien à voir avec le général Lasalle, qui
se fera tuer au soir de la bataille de Wagram, mais avec l'homme de loi et
écrivain, fondateur du mouvement social-démocrate international, mort en duel à
Genève en 1864). Nous traversons le Danube sur le Reichsbrücke,
à la sortie duquel nous tournons à droite, pour emprunter l'autoroute, en
direction de Brno-Linz.
Nous continuons toujours tout droit, en direction de la
grande raffinerie de l'ÖMV, sur le parking de
laquelle nous garons notre véhicule. Ici commence le parcours dans la Lobau,
que nous ferons à pied. En effet, l'île de Lobau étant classée parc national,
toute circulation automobile y est formellement interdite.
La "route Napoléon" ("Napoleonstrasse")
parcourt l'île de Lobau et est longue d'environ 11 kilomètres,
nécessitant environ 3 heures de marche En 1909, six stèles (toutes
récemment rénovées) ont été placées le long de cette route, commémorant la
présence du Grande Armée sur l'île entre le 10 mai et le 6 juillet 1809. En
fait, elles se réfèrent davantage aux opérations de juillet qu'à celles de mai.
Sur le parking où nous sommes, la première stèle marque
l'emplacement de la tête de pont française, les troupes arrivant de
Kaiser-Ebersdorf. Traversant la route ainsi que la voix du chemin de fer,
on tourne immédiatement à gauche, le long des champs. On arrive bientôt à la
deuxième stèle marquant la position du quartier-général de Napoléon en mai
1809. De là, on suit la " route Napoléon ", qui conduit bientôt au
petit bras du Danube (aujourd'hui Stadtlauer Arm), où l'on trouve une autre stèle. D'ici, les soldats
français passèrent dans le Marchfeld, en mai 1809. Des redoutes avaient été
construites pour protéger le passage, dont quelques unes restent sont encore
visibles. De là, nous continuons en direction de Gross-Enzersdorf
(suivre les panneaux), passant devant une maison forestière (qui accueille un
petit musée écologique, avec quelques allusions aux jours de 1809), atteignant
bientôt deux stèles; l'une marque l'emplacement du cimetière français qui,
selon la tradition, recueillit, dans une fosse commune, 2-3000 soldats français
tués à Aspern et Essling (les blessés étant transportés dans les hôpitaux de
Vienne); l'autre marque l'emplacement du dépôt français de munitions, où se
trouvait la réserve principale de poudre et de munitions, durant la bataille
d'Essling.
Nous terminons notre promenade en continuant vers la
"Ufer Haus" (où on trouve un agréable
Gasthaus), et repassant un vieux bras du Danube, nous trouve la dernière stèle
(" Übergangsstelle der Franzosen"
- passage des français), à l'endroit où, dans la nuit du 4 au 5 juillet, 1809,
par un terrible orage, les Français franchirent une deuxième fois le Danube et
sont entrèrent dans le Marchfeld, avant la bataille de Wagram.
De là, retrouver sa voiture en prenant la direction Ölhafen.
De là, nous retournons jusqu'au Reichsbrücke
et empruntons la Wagramerstrasse. Peu après avoir
franchi le vieux Danube, nous tournons à droite dans la Erzherzog Karl-Strasse, que nous continuons, sans nous arrêter,
jusqu'à Aspern.
Aspern
En 1809, le village, où vivent environ 700 habitants,
regroupe 106 maisons, la plupart en briques et généralement en bon état: après
un incendie deux ans auparavant, il a fallu les reconstruire ou les rénover. Chacune
de ces habitations a son jardinet. Pour se mettre à l'abri des inondations,
fréquentes (les déplacements se font alors en barques), des emplacements sont
prévus, situés à près de deux mètres au-dessus du niveau des rues. Précaution
héritée du passé: en 1568 les habitants ont du tout simplement fuir la montée
des eaux.
On est alors à environ une heure et demie de Vienne, que
l’on atteint le plus facilement par Augarten et Brigittenau. Les habitants sont
des gens aisés, à la tête d’une agriculture importante, à laquelle s’ajoute
l’industrie du bois et la pêche. Le paysage s’orne également de nombreux
moulins.
Peu avant l’entrée du village, lorsque l’on vient de
Vienne, se trouve la petite église et son cimetière, entouré d’un mur qui offre
une protection jusqu’à hauteur de poitrine.
Au sud de cet emplacement s’élève la massive maison
paroissiale, un jardin jouxte le cimetière. Il est également entouré d’un mur.
L’église et la maison paroissiale sont alors sur une hauteur d’environ 4
mètres, (disparue de nos jours), d’où l’intérêt stratégique de la position, qui
domine la grande rue du village.
Le village est coupé par deux rues: au sud la rue
principale (Hauptstrasse), qui se partage en deux à
hauteur de la forge. Ces deux rues sont réunies par de nombreuses ruelles. Vers
la sortie sud-est se trouve la Maison des Chasseurs (Jägerhaus),
et, encore plus à l’est, isolée, la Tuilerie, tous les deux ayant disparus. A
l’ouest et au sud se trouvent des fossés (Hirschstettner
graben, Pfarrerlacke, Gemeindeaugraben)
ce dernier reliant le village au Gemeindeau,
s’incurvant ensuite vers le Mühlau. Un autre fossé
(appelé le Ravin), artificiel, court au nord jusqu’à Essling. Ceci montre
qu'Aspern a , par son aspect compact et ses limites
naturelles, presque l'aspect d'un village fortifié.
Du village de 1809, il ne reste que peu de chose,
d'autant qu'Aspern (tout comme Essling), est maintenant intégré au XXIIème arrondissement de Vienne (Leopoldau).
L'intérêt du visiteur se concentre autour de l'église (qui brûla presque entièrement mais fût reconstruite à
l'identique) et du cimetière, témoins des violents combats des 21 et 22 mai 1809.
Sur la place, c'est l'imposant Lion d'Aspern, (oeuvre d'Anton-Dominik von Fernkorn)
qui attire les regards.
Sur les murs de l'église, une plaque commémore le
souvenir de la Grande Armée et du Maréchal Lannes, mortellement blessé en se
rendant à la Lobau, lors de la retraite l'après-midi du 22. Mais les
combattants autrichiens sont bien sûr également à l'honneur: les noms des
généraux des Corps d'Armée de Hiller et Bellegarde figurent sur une dalle, et
la vaillance du Maréchal Klebek est rappelée sur autre plaque apposée sur un
des murs de l'église.
Grâce à la ténacité de passionnés, de nombreux souvenirs
de la bataille ont été rassemblés dans un petit musée, installé dans la chapelle Saint Sébastien voisine (ouvert seulement le
dimanche matin).
Sur la route qui mène à Essling, sur la droite, une
colonne élevée à la gloire des artilleurs autrichiens, porte sur un coté la
date: 1809.
Essling
Laissant Aspern, nous nous reprenons notre route en
direction d'Essling, que nous atteignons rapidement. Au passage, nous avons
laissé sur notre gauche l'usine de construction d'automobiles........ C'est à
cet emplacement que se déroulèrent les charges de la cavalerie de Bessières
Essling doit sans doute son nom à une famille portant le
nom d’Eslarn, dont les biens passèrent, dans la
première moitié du 15e siècle dans d’autres mains. En 1579, l’endroit devient
la propriété du baron Georg von Teufel, puis, après des transferts successifs,
celle de l’empereur François Ier (1760). En 1797, Essling est incorporé au
domaine familial impérial.
En 1809, Essling est composé, de 55 maisons, habitées par
environ 280 personnes, qui ont, pour la plupart, fuit avant le début des
combats. Dans la partie nord se trouve un énorme bâtiment, que l’on appellerait
aujourd’hui grenier d’abondance (et qui va passer dans l'histoire sous le nom
de "Grange d’Essling" ), et utilisé
essentiellement pour conserver les grains destinés aux semailles, ainsi qu’au
stockage, pour les besoins du village, de différentes denrées ou marchandises
périssables.
Ce bâtiment haut de trois étages en pierre, revêtu d'un
toit de tuile et mesurant environ 20m x 45m, avait des murs de près d'un mètre
d'épaisseur, percés de 38 fenêtres. Le poutrage était alors en partie fait
d'une seule pièce, et avait par endroits un diamètre de plus d'un demi-mètre. On pouvait placer dans ce bâtiment environs 300
défenseurs, et chaque fenêtre accommodait deux tireurs. Il était également
possible de faire feu par les fenêtres du toit. Sur les portes en fer on
distingue encore des trous de boulets et des traces de mitraille. L'ensemble
très massif fait comprendre pourquoi ce bâtiment devint une véritable
forteresse, que les autrichiens ne parvinrent pas à occuper, malgré de
nombreuses et violentes attaques.
A l’ouest du village, un remblai de terrain, restes d’un
barrage de protection contre les inondations, est bordée d’une allée. Le long
de la grange, se trouvent les jardins seigneuriaux, s’étendant loin dans les
champs, et qui sont entourés d’un mur. C’est dans cette partie également que se
trouve la métairie impériale, dont l’entrée donne sur la seule route quittant
le village vers l’ouest. Elle est également entourée d’un mur.
La partie est est légèrement en
contre-bas, et ne possède pas de bâtiments
importants. Le sol autour de la partie nord est parcouru de petits fossés qui
vont jusqu’au cimetière et s’étirent ensuite vers Groß-Enzersdorf. Enfin, la
partie sud est constituée d’une grande clairière, avec fossés et arbres, et
traversée par le milieu par une grande allée.
Du village de 1809, il ne reste que peu de chose,
d'autant qu'Essling, est également intégré (depuis 1938) au XXIIème
arrondissement de Vienne (Leopoldau). Toutefois, la rue principale emprunte le
même tracé qu'autrefois.
L'église, au sommet du clocher de laquelle Masséna et
Berthier observèrent les positions autrichiennes, ne date pas de cette époque,
car elle fut entièrement détruite pendant les combats, mais reconstruite à
l'identique. Presqu'en face, de l'autre coté de la
rue, se trouvait le "château", à l'emplacement duquel se trouve
aujourd'hui un restaurant.
Mais c'est au grenier d'abondance que le souvenir des
combats est surtout vivace.
Point central de la défense française, la Grange
d'Essling se trouve (demander la "Schüttkaste")
dans la Simongasse, une petite rue parallèle à la Eßlinger Hauptstrasse (la rue
principale). Joliment récemment rénovée, elle abrite aussi un petit musée
(ouvert le dimanche matin seulement) présentant, notamment, un diorama de la
bataille. Le bâtiment lui-même est toujours imposant. Les portes de fer ont
encore les empreintes des balles qu'elles reçurent.