1 - 15 Janvier 1804


Boulogne, ler janvier 1804

Au citoyen Lebrun, aide de camp du Premier Consul

Vous partirez sur-le-champ pour vous rendre à Saint-Valery-sur-Somme. Vous prendrez note de tous les bâtiments de la flottille de guerre, soit de transport, qui s'y trouvent en construction, armement ou en relâche. Vous vous assurerez si tous les objets d'armement, de gréement et de l'artillerie sont là. Vous prendrez la note des ouvriers employés à chaque chaloupe, et pourquoi on n'en a pas un plus grand nombre. On ne manque pas cependant, dans ce département, d'ouvriers bourgeois, et même d'ouvriers militaires des six régiments de dragons qui sont à Amiens et Abbeville.

Prenez note de tout cela; et, si on a besoin d'ouvriers militaires, vous vous rendrez à Amiens, auprès du général Klein, pour savoir le nombre d'ouvriers qui sont dans les régiments de dragons, et si on a à Saint-Valery les outils nécessaires. Vous ferez en sorte d'arriver ici dans la journée de mardi.


Boulogne, ler janvier 1804

Au contre-amiral Decrès

Je me suis aperçu aujourd'hui à l'arsenal, Citoyen Ministre, que les forgerons ne travaillaient pas, parce qu'ils manquaient de forges. J'ai donné l'ordre à l'artillerie d'en fournir quatre, qui seront rendues demain à l'arsenal, avant huit heures du matin. J'ai vu avec peine que, dans le temps où l'on avait employé une grande quantité de toiles pour 800 chevaux, on n'avait pas fait une simple tente mettre à couvert les ouvriers et établir un atelier de mâtures.

Je n'ai pu être que satisfait des travaux du port; je crains qu'il ait pas encore assez d'ordre dans la partie des travaux qui regarde le génie maritime. Je désire que l'état exact de tous les ouvriers soit fait, et qu'ils soient répartis entre les différents bâtiments, de manière qu'ils couchent et mangent à bord, sous la surveillance des officiers commandant les divisions; ainsi, par exemple, une chaloupe canonnière a besoin, pour être installée, d'avoir un caisson tout autour.  Il faut placer un nombre d'ouvriers tel que ce travail soit fait dans vingt jours; les ouvriers seront conséquemment à bord jusqu'a ce que les travaux soient finis. Quant à la demande du transport matières, il se fera par des matelots et hommes d'équipage, ce qui épargnera le nombre d'ouvriers. La même chose pour les bateaux canonniers; un grand nombre ont besoin d'être relevés sur le derrière. Les bâtiments qui sont en réparation peuvent être traités de même. Les officiers surveilleront et les matelots aideront.

Les ouvriers qui demeureront ainsi à bord auront la ration de bord, indépendamment de la paye, et vous prescrirez aux officiers de marine de veiller à ce qu'ils travaillent, soit au jour, soit à la lumière, quatorze heures entières.

Dans l'artillerie de la marine, j'ai vu avec peine qu'il n'y avait encore aucun artifice de monté; cela est très-important. Ordonnez qu'on établisse une salle d'artifice dans le bâtiment qui est sur le bord de l'eau, et qu'on y fasse de la roche à feu et des fusées pour boulets creux de 24.

On suivra, pour les ouvriers d'artillerie, la même méthode que pour les ouvriers de la marine. Ils logeront à bord des transports où ils travailleront. Ils travailleront quatorze heures par jour, et ils auront, moyennant cela, la ration de mer; bien entendu qu'ils n'auront pas alors la ration de terre.

Demain, à huit heures, je ferai l'inspection de toute la flottille; je la verrai par division. Un commissaire de marine fera l'appel de tous les officiers et soldats qui composent l'équipage. Tout le monde se tiendra à son poste de bataille, et avec le plus grand ordre. An moment où je mettrai le pied dans chaque bâtiment, on saluera de trois fois : Vive la République ! et trois fois Vive le Premier Consul ! Je serai accompagné, dans cette visite, de l'ingénieur en chef, du commissaire de l'armement, du colonel commandant l'artillerie.

Pendant tout le temps de l'inspection, les équipages et garnisons de toute la flottille resteront à leur poste, et on placera des sentinelles pour empêcher que personne ne passe sur le quai qui regarde la flottille.

Toutes les péniches qui ne sont pas armées, les caïques qui ne sont affectées à aucune division, prendront une place que leur assignera l'amiral; celles attachées à la division seront à côté des bâtiments commandant la division. Chaque bâtiment aura à ses côtés sa chaloupe.

Le vaisseau amiral, au moment où je mettrai le pied sur la première chaloupe, tirera soixante coups de canon; au défaut du vaisseau amiral, la batterie du musoir.

Officiers, matelots, et garnisons seront en grand uniforme.


Étaples , 2 janvier 1804

Au consul Cambacérès

Je reçois, Citoyen Consul, votre courrier.

J'écris au citoyen Fleurieu pour qu'il prenne le portefeuille. Je suis arrivé hier matin à Étaples, d'où je vous écris dans ma baraque. Il fait un vent de sud-ouest affreux. Ce pays ressemble beaucoup au pays d'Éole.

Je monte dans l'instant à cheval, pour me rendre à Boulogne par l'estran.


Boulogne, 3 janvier 1804

Au consul Cambacérès

J'ai reçu, Citoyen Consul, vos courriers des 9 et 10 nivôse. J'ai passé les journées d'hier et d'avant-hier en inspections et
courses dans le port.

Je vais partir pour faire une course à Ambleteuse, Wimereux; peut-être même irai-je jusqu'à Calais. Je me porte fort bien. Le temps commence à se mettre au beau.

Je vous fais mon compliment sur la présentation de votre frère cardinal; ce sera un très-beau sénateur.


Boulogne, 3 janvier 1804

Au citoyen Régnier, Grand-Juge, ministre de la justice

Si l'on a des soupçons que le Suisse nommé Verten soit à Turin chargé de recruter pour les Anglais, comme le dit le rapport du 9 nivôse, il faut sur-le-champ le faire arrêter.

Si le prétendu capitaine de vaisseau suédois, Sheridaw, tient des propos et paraît être un espion, le faire arrêter à Caen et l'y tenir jusqu'à nouvel ordre.

Je vous renvoie vos différentes lettres. Je désirerais que vous fissiez connaître au préfet d'Angers que je suis vraiment fatigué de la direction qu'il donne à l'esprit public de son département; qu'il est ridicule qu'il ne voie d'ennemis de l'État que dans les défenseurs de la patrie, dans la gendarmerie et les meilleurs citoyens; et que je commence à ne plus savoir que penser de cette manière de se comporter, qui devient évidemment trop ridicule pour qu'elle soit de bonne foi.

Je vous prie de donner la permission à M. Lainé de rester à Paris.


Boulogne, 3 janvier 1804

Je suis très bien portant, ma chère Joséphine. La pluie, le vent, le froid ne me font rien.

Je pars à l'instant pour continuer ma visite.

Je serai bientôt à Paris.

Je t'envoie des caricatures que j'ai reçues d'Angleterre.

Mille choses aimables à la petite cousine, à tout le monde.


Boulogne, 4 janvier 1804

Au consul Cambacérès

Je reçois, Citoyen Consul, votre courrier du 11 (2 janvier). Nul doute qu'il ne faille nommer l'orateur qui aura le plus tôt fait son discours pour faire l'ouverture du Corps législatif. On doit s'en tenir aux compliments d'usage, sans parler de mon voyage, ni d'autre chose. Comme l'exposé de la situation de la République ne doit être présenté qu'après l'organisation du Corps législatif et la nomination du président, ce qui occupera probablement dimanche et lundi, nous aurons le temps de le revoir.

Maret m'envoie les communications ci-jointes, pour savoir si elles peuvent paraître dans le Moniteur. Ce qui m'y frappe le plus, c'est le titre de commandant d'une division d'élite de l'armée d'Angleterre. Premièrement, toutes les divisions sont des divisions d'élite, et il m'en faudrait pas davantage pour mettre la mésintelligence dans les troupes; ensuite je connais une division de la réserve qui se réunit à Arras, mais je ne connais point d'armée d'Angleterre. Qu'il soit donné une épée au général Junot, il n'y a pas d'inconvénient; qu'on en fasse un récit simple pour l'annoncer, cela me paraît encore très- convenable. Hors cela, il n'y a plus que du ridicule. Ce serait ici le cas de demander ce que fera la ville de Paris pour le général qui mettra le premier le pied en Angleterre. La ville de Londres a donné une épée à Nelson après la bataille d'Aboukir. Ce n'est pas que je ne sois persuadé que le général Junot le mérite; mais, depuis qu'il commande Paris, il n'a rien fait d'extraordinaire. Comme cela est fait, il faut, pour éviter du ridicule au préfet, et au général, amoindrir autant que possible cette démarche. Je désirerais que l'épée fût donnée au nom du conseil municipal plutôt qu'au nom de la ville de Paris. Le conseil municipal peut vouloir effectivement donner une épée; mais, pour la ville de Paris, cela ne serait supportable qu'à quelqu'un qui aurait sauvé la ville.


Boulogne, 4 janvier 1804

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen général Davout, j'ai reçu les dépêches que vous m'avez expédiées par votre aide de camp. J'ai vu dans le journal anglais la plaisante proclamation des Écossais.

J'ai été hier à Calais; une vingtaine de matelots de Blankenberghe avaient déserté. On a dû vous en envoyer les noms. Faites-les arrêter et envoyer à Boulogne.

Je suis obligé de retourner à Paris sans voir votre armée. L'ouverture du Corps législatif nécessite mon retour. D'ailleurs je désire, étant à Ostende, aller jusqu'à Flessingue; mais je pense que la la flottille batave n'est point encore en état d'être vue, et je ne voudrais pas avoir quelque chose de désagréable à leur dire.

Il parait que ce général Sandos est un intrigant de bas étage; cependant je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous l'envoyez à Hambourg, d'où il passera en Angleterre, pour être envoyé à Jersey. Quand il aura quelque chose d'important à dire, il débarquera sur la côte, et il sera traité selon l'importance de l'avis qu'il donnera. Veillez surtout à ce qu'il ne voie point nos côtes.


Boulogne, 4 janvier 1804

NOTES POUR LE MINISTRE DE LA MARINE.

1° La note ci-jointe fera connaître au ministre les demandes que fait le citoyen Sganzin, pour pouvoir travailler avec 3,000 ouvriers au port d'Ambleteuse, et être en état de finir la première moitié le 15 pluviôse. Le génie militaire fournira les brouettes et les outils. Mais j'ai appris avec étonnement que 300 brouettes, que le citoyen Sganzin avait demandées au génie militaire et que celui-ci a accordées, n'ont pas encore été prises.

Quant aux ingénieurs, j'écris au ministre de l'intérieur pour qu'il en envoie. Mais, en attendant, il faut que le citoyen Sganzin fixe son séjour à Ambleteuse, car ce port est le grand intérêt du moment. Boulogne paraît bien marcher.

Les bois qu'il demande doivent être facilement fournis par Calais; deux ou trois chasse-marée arriveront par là à Ambleteuse. Boulogne doit avoir une grande quantité de ces bois. Je prie donc le ministre de régler définitivement cette affaire, et qu'à compter, au plus tard, du 15 nivôse, il y ait 3,000 ouvriers employés aux travaux d'Ambleteuse.

2° J'ai remis au ministre un rapport sur les constructions de Saint-Valery-sur-Somme. Les quatre chaloupes canonnières ne pourront être finies qu'à la fin de pluviôse. Il faut faire signifier aux entrepreneurs que si, au 15 pluviôse, elles ne sont pas à l'eau, on ne les prendra pas, et qu'ils seront tenus au remboursement de ce qu'ils auront reçu.

Il parait qu'il manque des affûts de 18; il yen a à Paris; en faire envoyer de cette place.

3° Donner ordre aux deux péniches qui sont à Abbeville, de se rendre, dans le plus court délai, à Boulogne.

4° Faire former tous les ouvriers de Paris et de Compiègne en autant de compagnies qu'il y a de 100 hommes, et les diriger graduellement, de huit jours en huit jours, sur Boulogne.

Faire diriger sur Boulogne les contre-maîtres et autres formant la maistrance de tous les ouvriers qui sont à Paris et Compiègne, et surtout tous les calfats.

5° Faire connaître à Calais, à Saint-Omer et autres endroits du Ier arrondissement, que tout ce qui n'aura pas été lancé à l'eau et en armement au 15 pluviôse ne sera point reçu.

6° Faire armer la prame qui est depuis longtemps à Boulogne en état de tenir la mer, compléter son équipage, la faire tenir dans un emplacement du port d'où elle puisse sortir quand les circonstances l'exigeront. Faire conduire l'Amiral, bâtiment de commerce rasé, au delà du pont.

7° Donner ordre que toutes les péniches qui sont à Boulogne soient armées sur-le-champ d'un obusier et d'une pièce de 4, avec les affûts arrivés de Paris.

8° S'informer si on a fait, à Paris ou ici, des affûts pour cent pièces de 24, courtes, de bronze, que la terre doit fournir à la marine, dont dix envoyées à Saint-Omer, douze placées à la laisse de basse mer, et neuf pièces déjà rendues à la marine.

Si ces affûts ne sont pas construits, les faire le plus tôt possible. 

Me faire connaître s'il y a une grande différence de ces affûts aux affûts ordinaires de 24.

9° Prendre des mesures pour les constructions de Boulogne, en partant du principe général, que rien ne sera pris au delà du 5 pluviôse.

10° Faire dresser l'état général de tous les bâtiments de la flottille de transport qui seront à midi dans le port, l'espèce de tonnelage, le nombre de tonneaux, ce qu'ils peuvent porter de chevaux et à quel usage on peut les destiner.


Boulogne, 5 janvier 1804

Au consul Cambacérès

Je reçois, Citoyen Consul, votre courrier du l2. Un convoi de cent voiles est entré à Boulogne venant de Hollande, d'Ostende et de Calais. Deux petits bateaux ayant trois hommes d'équipage ont été pris par un cutter anglais, et un bateau canonnier ayant à bord douze soldats de troupes, ayant été affalé par les courants, a soutenu un combat d'une heure contre une grosse corvette anglaise.


Boulogne, 5 janvier 1804

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, le 85e régiment se rend à Wimereux pour travailler au port. Il campera dans la division du général Suchet. Envoyez un des deux régiments que vous avez à Dunkerque pour remplacer ce régiment à Calais. Vous ferez mettre pour garnison, sur les deux premières prames qui seront lancées à Dunkerque ou à Ostende, 50 hommes du 1er régiment de chasseurs et 50 hommes du ler de hussards. Vous ordonnerez en conséquence que ces hommes commencent à s'exercer. Un équipage des matelots de la Garde se rend à Ostende. Le ministre de la marine donne ordre qu'il lui soit remis trois péniches et un canot.


Boulogne, 5 janvier 1804

Au général Savary, aide de camp du Premier Consul

Vous partirez dans la journée pour Flessingue. Vous verrez les constructions qui se font dans le port et tous les bâtiments armés en armement qui y sont.

Vous vous rendrez de là à Bruges. Vous remettrez à Flessingue la lettre ci-jointe à l'amiral Ver Huell. Vous visiterez la flottille batave dans le plus grand détail. Vous m'enverrez un rapport, de Flessingue.

Vous vous rendrez de là à Liège, de Liège à Mézières, et de Mézières à Paris. Vous visiterez la fonderie de Liège et les deux chantiers sur la Meuse de Liège et Mézières.


Boulogne, 5 janvier l804 

DÉCISION

D'Augier, desservant de Villiers-sur-Marne, offre au Premier Consul, comme un hommage de sa reconnaissance et de
son respect, une messe qu'il célébrera tous les mardis. 

Je prie le citoyen Portalis de remercier cet ecclésiastique et de me faire un rapport sur lui.


Boulogne, 7 janvier 1804

Le ministre de la marine à l'amiral Bruix

Le Premier Consul m'a fait connaître, Citoyen, que son intention était :

1° Que, dans le plus court délai, chaque bâtiment canonnier eût une ou deux pièces de 4 ou de 8 en belle, ce dernier calibre de préférence;
2° Que tous les bâtiments canonniers, qui sont à rames, eussent une pièce de 24 en belle, au lieu de l'avoir en coulisse;
3° Que les corvettes de pêche, outre la pièce de 24, portassent deux pièces de 4 ou de 8;
4° Qu'à bord de ceux de cette espèce de bâtiments qui n'auront pas eu leur artillerie installée, les canons fussent placés en belle, et que, si toutes les corvettes étaient prêtes, la coulisse d'une seule fût démolie pour être installée;
5° Que les caronades qu'un bâtiment neutre a apportées à Calais fussent essayées, et, si elles étaient bonnes, fussent achetées pour le compte du Gouvernement;
6° Que toutes les péniches d'Ostende et de Dunkerque se rendissent à Boulogne à mesure qu'elles seront prêtes;
7° Qu'il en fût de même de toutes les chaloupes canonnières qui sont dans chaque port;
Qu'une corvette de pêche fût expédiée de Dunkerque sur Boulogne;
8° Enfin qu'une canonnière batave fût dirigée de Flessingue sur Boulogne pour y être armée de Français.

Je vous prie donc de concourir en ce qui vous concerne, à l'exécution de cette mesure, pour laquelle je donne moi-même des ordres.


Paris, 8 janvier 1804

Au citoyen Champagny

Citoyen Champagny, Ambassadeur à Vienne, j'ai connaissance des raisons du voyage du ciloyen Devilliers à Vienne. Si les circonstances exigeaient qu'il eût besoin de vos secours, accordez-lui protection, et ajoutez foi à ce qu'il pourra vous dire sur les raisons de son voyage.


Paris, 8 janvier 1804

Au général Berthier, ministre de la guerre

Donnez l'ordre, Citoyen Ministre, au général Gouvion de faire partir de la Vendée les trois régiments de dragons composant la brigade du générai Fénerolz pour se rendre au camp d'Amiens.

Vous lui ordonnerez de réduire ses huit colonnes d'éclaireurs à cinq, qu'il placera, l'une à Machecoul, l'autre à Palluau, la troisième à la Roche-sur-Yon, la quatrième à Montaigu et la cinquième à Thouars ou à Bressuire.

Celle de Machecoul sera commandée par le général de brigade Devaux et composée de 25 gendarmes, d'un détachement du 20e régiment de chasseurs, et de trois compagnies du 3e bataillon du 12e régiment d'infanterie légère complétées à 70 hommes chacune.

Vous ordonnerez à cet effet que le détachement du 47e régiment qui faisait partie de cette colonne retourne à Rennes.

La colonne de Palluau sera commandés par le général de brigade Paulet, et sera composée d'un détachement de gendarmerie, d'un détachement du 4e régiment de chasseurs et de trois compagnies du 3e bataillon du 105e régiment d'infanterie de ligne. Les grenadiers ne seront point compris.

Le détachement du 12e régiment d'infanterie légère qui compose cette colonne retournera à Nantes.

La colonne de Montaigu sera commandés par le général de brigade Girardon, et sera composée d'un détachement de gendarmerie, d'un détachement de dragons, et de trois compagnies du 3e bataillon du 26e de ligne complétées à 70 hommes chaque.

La colonne de la Roche-sur-Yon sera commandée par le colonel Reynaud, adjudant du palais, et restera composée comme elle se trouve.

La colonne de Thouars ou de Bressuire restera organisée comme elle se trouve.

Le général Gouvion retiendra, pour sa garde, les compagnies du 93e d'infanterie de ligne et le détachement du 22e régiment de chasseurs, en renvoyant à Nantes tous les détachements du 12e d'infanterie légère. Par ce moyen, tout le 12e d'infanterie légère sera réuni à Nantes, hormis trois compagnies, et tout le bataillon du 82e régiment sera réuni aux Sables.


Paris, 8 janvier 1804

DÉCISION

Le ministre directeur de l'administration de la guerre transmet une lettre du secrétaire d'état du département de la guerre de la République batave, portant invitation de pourvoir à la subsistance des 48e, 50e et 84e régiments d'infanterie qui se rendent du Hanovre dans la République batave.

Écrire au ministre batave que ces troupes ne doivent pas rester en Hollande, mais que tout ce qui  passera 18,000 hommes sera exactement payé par vous; et que, comme vous n'avez pas dans ce  pays d'administration montée, vous l'engagez à en faire les avances, qui seront soldées tous les mois; que du reste vous ne pensez pas que ces troupes doivent rester longtemps en Hollande.


Paris, 8 janvier 1804

Au citoyen Fleurieu, conseiller d'État, chargé par intérim du portefeuille de la marine

Je vous envoie, Citoyen Ministre, une lettre de la Martinique, que je trouve, je ne sais comment, dans mes papiers. Vous y trouverez un état assez alarmant du peu de troupes qui se trouvent dans cette colonie. Il faut donc s'occuper sur-le-champ d'y envoyer des troupes. On m'a parlé d'un gros corsaire qui proposait de se rendre et d'y porter de la troupe. On pourrait y embarquer 100 ou 150 bommes.


Paris, 9 janvier 1804

DÉCISION

Le ministre de la guerre rend compte que le général Morand, commandant en Corse, pour prévenir les inconvénients qui pourraient résulter de la désertion dans les montagnes de plus de 100 conscrits réfractaires condamnés à l'amende les a admis à servir dans le bataillon de chasseurs corses. 

Faire connaître au général Morand que cet exemple est funeste; qu'on peut néanmoins le tolérer dans les circonstances actuelles; qu'il faut qu'il mette plus d'activité  à faire venir des conscrits du continent.


Paris, 9 janvier 1804

A l'amiral Bruix, commandant la flottille de Boulogne

Citoyen Amiral Bruix, j'ai reçu votre lettre du 16. Je vous recommande de porter la plus grande sévérité dans toutes les partie du service. Vous conviendrez qu'il est extraordinaire que ce ne soit trois jours après la rentrée d'un convoi que l'on sache ce que sont devenus deux paquebots. C'est que les officiers ne font pas tout ce que les règlements veulent, et les règlements sont les fruits de l'expérience du temps. Si, au moment de son entrée dans le port le commandant eût appelé à son bord tous les commandants des différents bâtiments pour recevoir leur rapport, se fût assuré lui-même de la situation de son convoi , et en eût rendu compte au commandant du port, on eût su à quoi s'en tenir. Personne mieux que vous ne connaît les règlements; mais il faut les faire exécuter, et punir, par de légères peines, toutes les fois qu'on y contrevient.

Je mettrais une grande importance à avoir un ou deux rapport par semaine, qui me fissent connaître le nombre des vaisseau de guerre ou frégates que les Anglais ont aux Dunes.


Paris, 11 janvier 1804

Au général Berthier

Je vous envoie, ci-joint, Citoyen Ministre, une lettre du ministre de la République à Gênes. Donnez ordre que Papaccini, Bruni et Cinni, espions des Anglais à Gênes, soient arrêtés, jugés par une commission militaire composée de cinq officiers, et condamnés à être fusillés. Ordonnez que leur sentence soit imprimée à un grand nombre d'exemplaires, et publiée dans tout le Piémont et l'Italie.

Écrivez au général Verdier, commandant à Livourne, que mon intention est que les Anglais n'aient aucune communication à Livourne, que leurs bâtiments doivent être saisis et confisquée, et qu'il doit faire arrêter les individus compromis dans la correspondance de Gênes comme agents des Anglais.

Le ministre de la marine a un courrier à envoyer à Gênes; vous pouvez profiter de cette occasion.


Paris, 11 janvier 1804

Au général Berthier

L'équipage de campagne du camp de l'Océan, Citoyen ministre, restera composé de cent soixante-huit pièces de canon, non compris les dix-huit pièces de l'artillerie de la Garde. Il est inutile qu'on le porte à plus de deux cents pièces, comme il paraît que c'était l'opinion du Citoyen Faultrier.


Paris, 11 janvier 1804

DÉCISION

Le ministre de la guerre propose de tirer de Gîvet et de Mézières les boulets nécessaires à la marine pour les bâtiments de la flottille.

Les transports nous ruineraient;  il ne faut point tirer de boulets de la Meuse. Que le Havre fournisse ce qu'il peut; la marine mettra le reste en lest.


Paris, 11 janvier 1804

DÉCISION

Le ministre directeur de l'administration de la guerre fait connaître les causes du dénuement où le général Baraguey d'Hilliers a trouvé le 6e de dragons. Ce corps, sous peu de jours, sera entièrement habillé à neuf.

Le ministre donnera l'ordre qu'un régiment qui ferait un grand voyage ne déplace désormais ses  magasins que sur l'ordre du Gouvernement. Lorsque l'ordre de marche sera donné, les corps donneront l'état de ce qui est dans leurs magasins.


Paris, 11 janvier 1804

Au citoyen Fleurieu, conseiller d'État, chargé par intérim du portefeuille de la marine

On complique beaucoup, Citoyen Ministre, ce qui est très-facile. Un simple petit affût marin, dont les dimensions seraient telles qu'il pourrait tirer l'obusier sur l'angle de 45 degrés et, en mettant des coussinets, de but en blanc, est tout ce qu'il nous faut.

Je demande donc qu'on fasse tout simplement, sans beaucoup de ferrures, un petit affût marin pour les obusiers; deux flasques, deux entretoises, il n'en faut pas davantage. Si cependant il y a beaucoup de coulisses ou de ferrures de faites, on pourrait continuer à installer une vingtaine de canonnières, comme il a été arrêté; car il y a toujours quelques chaloupes canonnières auxquelles on ne pourra pas ôter les coulisses. Mais qu'on se dépêche, et que ces cent petits affûts marins, comme je les demande, soient faits et expédiés à Boulogne avant le 10 pluviôse.


Paris, 11 janvier 1804

Au citoyen Fleurieu

On me rend compte, citoyen Ministre, que la fonderie de Liège a commencé à fondre des pièces de 24, le 15 nivôse. Je suis donc porté à penser qu'au 30 nivôse il y en aura au moins dix de coulées. Envoyez-y un officier d'artillerie pour les éprouver, et prenez les mesures pour que, sans délai, ces pièces soient envoyées à Calais.

Je donne ordre à l'artillerie de terre de diriger sur-le-champ seize pièces de 24 sur Calais; ainsi cette place ne manquera pas. Je préfère que les canons y soient dirigés plutôt que sur Boulogne, parce que si l'on en a besoin par la suite à Dunkerque, on pourra les y faire passer par les canaux.


Paris, 12 janvier 1804

Au citoyen Daugier (François-Henri, comte Daugier, 1764-1834. Il est alors membre du Tribunat et président d'une des commissions d'armement de la flottille de Boulogne, activant la construction des petits bâtiments. Il commandera les marins de la Garde aux siéges de Dantzig et de Stalsund. Il sera fait prisonnier à Baylen)

Citoyen Daugier, Capitaine de vaisseau, Commandant le bataillon des matelots de la Garde, je désire que vous partiez, dans la journée, de Paris pour vous rendre en droite ligne à Cherbourg. Vous y donnerez des ordres pour le départ des bâtiments de la flottille qui se trouvent dans ce port, et vous y resterez le temps nécessaire pour lever tous les obstacles et accélérer les expéditions. Vous m'enverrez un rapport détaillé de tout ce que vous aurez trouvé et de tout ce que vous aurez fait.

Vous vous rendrez dans tous les ports de la Déroute où vous saurez qu'il y a des bâtiments de la flottille; vous en presserez le départ, et vous donnerez des instructions pour que des bâtiments ne restent pas des mois entiers dans ces ports, notamment à Dielette.

Vous remplirez la même mission qu'à Cherbourg, à Granville et à Saint-Malo. Vous m'écrirez de ces deux ports.

Vous remplirez la même mission à Lorient, Nantes, Rochefort, Bordeaux et Bayonne.

La saison s'avance; tout ce qui ne serait pas rendu à Boulogne dans le courant de pluviôse ne pourrait plus nous servir. Il faut donc que vous activiez et disposiez les travaux en conséquence.

Vous vous assurerez que les dispositions qui ont été faites pour fournir des garnisons sont suffisantes dans chaque port.


Paris, 13 janvier 1804

Au citoyen Louis d'Affry

Citoyen Landamman Louis d'Affry, j'ai reçu votre lettre du 2 janvier. J'ai appris avec grande peine que votre magistrature était terminée. J'aurais fort désiré que, dans les circonstances actuelles, elle eût pu se continuer. J'espère que l'avoyer Watteville marchera sur vos traces.

Dans le travail sur la capitulation militaire, j'aurai égard à toutes vos recommandations et spécialement à tout ce qui vous touche de près. je désire que vous vous regardiez toujours comme un des principaux intéressés à maintenir l'accord entre la Suisse et la France, je verrai toujours avec plaisir ce que vous aurez à me marquer d'intéressant. J'ai vu avec plaisir tout ce que vous m'avez dit du général Ney, et je suis fort aise qu'il ait acquis votre confiance. Veuillez croire à l'estime et à la considération que je vous porte.


Paris, 13 janvier 1804

Au citoyen Melzi

Citoyen Melzi, Vice-Président de la République italienne, j'ai reçu vos lettres des 28 et 29 décembre. Comme vous, je ne conçois rien à toutes ces intrigues de Naples. J'ai vu avec plaisir le chef de brigade Fontanelli (Achille Fontanelli, 1775-1857. Il vient d'être nommé aide de camp italien de Bonaparte. Il commandera la Garde royale italienne en 1807, sera ministre de la guerre, en Italie, de 1811 à 1814). Je lui accorde ma confiance puisqu'il a la vôtre, mais, dans la place importante que je lui accorde en lui faisant faire le service-près de moi, je compte que vous me le garantissez. Il ne m'est point revenu de plaintes sur la division italienne; la première colonne arrive samedi; je ne pourrai la voir que dimanche prochain.


Paris, 13 janvier 1804

Au citoyen Tascher

Citoyen Tascher, Officier de la Garde, vous partirez dans la journée de demain pour Rome. Vous descendrez chez le cardinal Fesch, ambassadeur de la République, qui vous présentera au Pape, auquel vous remettrez en main propre la lettre ci-jointe. Vous resterez à Rome jusqu'à ce que Sa Sainteté vous ait remis sa réponse. Dans tous les cas, vous y resterez huit ou dix jours pour voir cette ville.


Paris, 13 janvier 1804

A S. S. Le Pape

Très-saint Père, j'ai fait communiquer à la diète de Ratisbonne le dernier bref que m'a adressé Votre Sainteté, et lui ai fait connaître le vif intérêt que je prenais à ce qu'il ne fût rien fait que de concert avec elle pour les affaires de religion, afin que Votre Sainteté n'eût, dans cette circonstance, à éprouver aucun sujet d'affliction ni de douleur. J'aurai soin de suivre cette première démarche, et elle peut compter sur tout mon appui et ma bonne volonté. Il suffira qu'elle fasse prévenir le cardinal Caprara, afin qu'il me fasse connaître l'état des choses et les démarches à faire.

J'ai éprouvé une grande consolation de voir terminé le concordat de la République italienne, et Votre Sainteté doit rester persuadée du désir que j'ai de chercher toutes les occasions de rendre heureux et prospère son pontificat.

Je n'ai qu'à me louer, en général, de la marche du clergé en France. Les évêques, les chapitres, les curés et les églises ont déjà un état décent, et mon intention est d'affecter le montant des pensions ecclésiastiques, qui est de 20 millions, à l'entretien du clergé, de sorte qu'à mesure des extinctions qui auront lieu par mort des pensionnaires, je me trouverai à même d'accroître l'aisance et le bien-être des ministres de la religion; et, indépendamment de ce fonds général, mon intention est de commencer, cette année, de faire donner un traitement aux succursaux et vicaires. Nous en avons ici 40,000. Les frais de casuel qui leur avaient été accordés ne sont pas d'un revenu assez considérable ni assez assuré.

J'ai pensé qu'il n'était pas possible, dans la situation actuelle des choses, d'établir un séminaire par diocèse; mais j'ai l'intention de faire établir d'abord un grand séminaire par archevêché; les frais seront moindres, et par là ils pourront être entretenus avec la décence convenable.

Je recommande le cardinal Caselli à Votre Sainteté; il a été honoré de sa confiance, et je ne puis oublier la bonhomie et la pureté des principes que je lui ai reconnus dans les discussions théologiques que j'ai eues avec lui.

Je prie Votre Sainteté d'avoir quelque bonté pour madame Paulette (Pauline Bonaparte !), et de lui donner quelquefois ses conseils.

J'ai dans ce moment un grand nombre de pétitions des catholiques d'Irlande, qui sont sous une oppression vraiment intolérable et bien incompatible avec ces principes de philosophie dont se targuent les Anglais. Je désirerais connaître si Votre Sainteté y a quelques renseignements et quelques fils, et de quelle manière elle influe sur les-dits catholiques. Je ne pense pas qu'ils soient tout à fait privés de correspondance avec le Saint-Siége.

Je charge de cette lettre le citoyen Tascher, officier de la Garde, créole de la Martinique. Je prie Votre Sainteté de le recevoir avec bonté.


Paris, 13 janvier 1804

Au cardinal Fesch

Monsieur le cardinal Fesch, Ambassadeur de la République, j'envoie à Rome le citoyen Tascher, parent de ma femme, pour que vous le présentiez au Pape. Il est chargé d'une lettre de moi à Sa Sainte. Je crois même qu'il lui en remettra une de ma femme, en réponse une qu'elle en a reçue l'année passée, ainsi qu'un rochet (rochet . surplis à manche étroites des évêques et de certains dignitaires ecclésiastiques) qu'elle a fait faire. Vous ne le présenterez pas comme parent de ma femme mais comme officier de la Garde, en en disant assez cependant pour qu'il soit bien traité. Je l'autorise à rester à Rome huit ou dix jours,  après quoi il s'en retournera ici.


Paris, 13 janvier 180Au cardinal Fesch

Monsieur le Cardinal Fesch, j'ai été satisfait d'apprendre l'arrestation de Vernègues. Il est convenable qu'il soit remis sans délai aux premiers postes français à Rimini et conduit, sous bonne et sûre escorte, à Paris. On ne doit attacher aucune importance à la démarche qui a été faite par les Russes; d'abord, parce qu'elle n'est pas approuvée par l'empereur; mais il sera possible que quelques intrigants de ce cabinet, gagnés par l'Angleterre, veuillent se mêler de ce qui ne les regarde pas. Le moyen d'éviter les discussions est de le faire partir sur-le-champ. La Russie est hors de la sphère de l'Europe, et, indépendamment que Vernègues est français, cette affaire ne peut rien la regarder.


Paris, 13 janvier 1804

Au général Berthier, ministre de la guerre

Faites venir MM. Emmet, Thompson et autres chefs irlandais-unis; faites-leur connaître, 1° que j'ai lu le mémoire ci-joint avec la plus grande attention; que je ne puis faire aucune proclamation avant d'avoir touché le territoire d'Irlande; mais que le général commandant l'expédition sera muni de lettres scellées, par lesquelles je déclarerai que je ne ferai point la paix avec l'Angleterre sans admettre l'indépendance de l'Irlande, toutefois que l'armée aura été jointe par un corps considérable d'Irlandais-unis; que l'Irlande sera en tout traitée comme l'Amérique dans la guerre passée;

2° Que tout individu qui s'embarquera avec l'armée française, faisant partie de l'expédition, sera commissionné Français; et s'il était arrêté et ne fût pas traité comme prisonnier de guerre, la représaille (sic) serait faite sur les prisonniers anglais;

3° Que tout corps formé au nom des Irlandais-unis sera considéré comme faisant partie de l'armée française; si l'expédition venait à ne pas réussir, la France entretiendrait un certain nombre de brigades irlandaises, et donnerait des pensions à tout individu qui aurait fait partie du gouvernement et des autorités du pays; ces pensions pourraient être réglées d'après les pensions données en France aux conditions équivalentes, lorsque les individus ne sont pas employés; que je désirerais qu'il se formât un comité d'Irlandais-unis, et que je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'ils fassent des proclamations et instruisent leurs compatriotes de l'état des choses. On ferait mettre ces proclamations dans l'Argus et dans les autres journaux d'Europe, afin d'éclairer les Irlandais sur le parti à tenir et sur les espérances à concevoir.

Si le comité voulait faire une narration de toutes les tyrannies exercées en Irlande, on l'insérerait dans le Moniteur.


Paris, 13 janvier 1804

NOTE POUR LE MINISTRE DES RELATIONS EXTÉRIEURES

Répondre que la lettre a été mise sous les yeux du ministre, qui a eu lien d'être surpris.

Le Gouvernement français ne peut reconnaître dans aucune puissance belligérante le droit de faire des modifications au droit des gens et de la guerre établi entre toutes les nations policées depuis tant de siècles. Les 25,000 sujets de Sa Majesté Britannique qui ont été pris les armes à la main dans les États de Hanovre, commandés par un de ses fils, et après avoir essayé de résister, et par suite de la proclamation de Sa Majesté le roi de la Grande-Bretagne, qui avait même ordonné une levée en masse, sont prisonniers de guerre et doivent être échangés. Le droit des gens et de la guerre ne connaît pas de distinction métaphysique, et il est tout à fait nouveau que dans le temps où Sa Majesté forme des soldats hanovriens qui ont passé en Angleterre, le roi veuille proposer un cartel d'échange tout en sa faveur et contraire au droit de la guerre. Le ministre ne peut que déplorer ces mesures arbitraires, qui aggravent pour l'humanité un état déjà trop déplorable. La faute n'en sera pas attribuée au Gouvernement français, mais à la violation du droit des gens et d'usages que veut établir Sa Majesté Britannique.


Paris, 13 janvier 1804

DÉCISION

Les Anglais refusent tout autre officier que le capitaine Brenton en échange du citoyen Jurien. Il faut donc ou renvoyer Brenton ou donner un passe-port à Jurien.

Échanger le capitaine Jurien pour le colonel Smith, qui s'est  sauvé. Si les Anglais n'y consentent pas, ils renverront le colonel Smith, et alors le citoyen Jurien retournera en Angleterre. Écrire en conséquence et dès à présent au citoyen Jurien qu'il est échangé.


DÉCISION

Le ministre de la guerre propose d'accorder aux citoyens Bastide, des lettres de marque pour deux corsaires, sur lesquels 160 hommes de troupes seraient portés gratuitement à la Martinique.

Le ministre de la guerre fournira deux compagnies, chacune  de 80 hommes, pris dans le bataillon colonial qui est dans  14e division militaire. Ils seront embarqués à Saint-Malo sur deux corsaires; chaque bâtiment sera aussi obligé de porter trois cent fusils.


Paris, 13 janvier 1804

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, j'ai reçu vos lettres. Je ferai remettre avant la fin du mois à madame Davout ce qui vous est nécessaire pour vous mettre à jour pour votre terre.

On a accordé aux convalescents tout ce qu'ils pouvaient désirer. J'ai reçu tous vos états, que je n'ai pu encore lire.

J'attendrai le retour du ministre de la marine pour savoir les mesures qu'il aura prises et qui resteraient à prendre pour se procurer des matelots. La saison s'avance.


 Paris, 13 janvier 1804

Au citoyen Fleurieu, conseiller d'État, chargé par intérim du portefeuille de la marine

Le Premier Consul, Citoyen Ministre, a lieu d'être surpris de ce que les bureaux du ministre ne peuvent pas rendre un compte aussi simple que celui qui avait été demandé. Il est persuadé que tous les états existent, mais qu'on ne prend pas la peine de les dépouiller.

Il désire que vous fassiez dresser un état des bâtiments qui ont été mis en construction pour la flottille, par arrondissement maritime et par port. Chaque bâtiment, avec son numéro, sera désigné dans la 1e colonne. La 2e colonne présentera l'état de la construction faite; la 3e, ce qui est dû aux constructeurs pour le travail fait; la 4e, ce qui a été payé sur ce travail; la 5e, ce qui restait à payer; la 6e, ce qui aurait été payé de trop.

On entend par payé de trop tout ce qui l'aurait été pour des bâtiments dont la quille ne serait qu'élongée ou dont la construction ne s'approcherait pas du quart payé d'avance à l'entrepreneur. On fera, à cet égard, les observations nécessaires Pour apprécier l'excédant de ce qu'on a payé sur le travail effectué.

Le ministre de la marine, dans sa tournée, a arrêté la construction d'un grand nombre de bâtiments , parce qu'il s'est aperçu qu'il y avait des malversations. Ces bâtiments seront compris dans la colonne du trop payé.

Une partie du gréement a été fournie par les entrepreneurs; l'autre l'a été par les ports. On notera ce que les entrepreneurs ont fourni; ce qui l'a été par les ports entrera dans la défense des ports.

Je me suis empressé, Citoyen Ministre, de vous adresser ces notes pour ne pas retarder la rédaction de ces états, qui iront jusqu ler nivôse.


Paris, 1er janvier 1804

DÉCISION

Le général Morand adresse au Premier Consul une carte de la Corse, avec l'indication des nouvelles routes projetées pour l'an XII.

Renvoyé au citoyen Cretet. Il faut, avant d'ordonner aucune espèce de travail, faire achever  la route d'Ajaccio à Bastia; les autres travaux se feront après.


15 - 31 Janvier 1804