15 - 31 décembre 1808


Chamartin, 15 décembre 1808  

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny, je vous envoie la lettre du conseiller d'Etat Beugnot. Il ne faut pas prendre 3,000 mètres pour limites du territoire de Wesel, mais tout ce qui est nécessaire pour les fortifications, trois lieues, quatre lieues , cinq lieues , si cela est nécessaire. Ayez là-dessus une conférence avec M. Dejeau, qui s'en fera rendre compte.


Madrid, 15 décembre 1808.

A M. Gaudin, ministre des finances, à Paris

Monsieur Gaudin , j'ai fait connaître mon intention qu'au 1er janvier prochain la Toscane fût régie par la constitution. Mais pour cela il est nécessaire, 1° qu'elle ait des sénateurs, des colléges électoraux et des députés au Corps législatif; 2° que le système des impositions soit le même que pour le reste de la France ; 3° que le code Napoléon et le code criminel soient en activité, et que les tribunaux soient établis et en exercice. Où en est tout cela ?


Madrid, 15 décembre 1808

A M. Gaudin, ministre des finances, à Paris

Vous trouverez ci-joint un rapport du général Menou. Prenez les renseignements nécessaires pour me faire un rapport sur cet objet. Je pense qu'il faut supprimer l'Ordre de Saint-Etienne. 1° A quoi se montent les pensions et autres bénéfices que les particuliers et autres individus ont sur cet Ordre ? En avoir l'état. 2° Convient-il de continuer les mêmes pensions ou de les réduire ? 3° Les commanderies qui appartiennent aux familles, à qui faut-il en donner la jouissance ? aux commandeurs ou aux frères actuellement existants de la famille ? 4° Serait-ce trop prendre que de demander que le quart de la valeur fût remboursable au trésor, en le considérant comme domaines engagés ? Cela ferait une somme de 5 ou 6 millions qui pourraient être employés à des travaux publics dans la Toscane même, ou à éteindre la partie de la dette que ces provinces auraient sur les Luoghi. Enfin, à combien se monte le restant net des biens ? Ne pourrait-on point donner tous ces biens à la Légion d'honneur ?


Madrid, 15 décembre 1808.

A M. Mollien, minsitre du trésor public, à Paris

Monsieur Mollien, j'ai reçu votre rapport du 29 novembre. Je suis bien loin de consentir à la suppression de mon payeur à Naples. Recommandez-lui au contraire d'être ferme et sévère, et de vous rendre compte si mes troupes sont exactement payées. Vous ferez connaître au ministre de la guerre que je n'approuve pas cette mesure, et vous lui ferez voir ma lettre pour qu'il écrive dans ce sens au général qui commande mon armée à Naples.

Je n'approuve pas que le sieur Roguin revienne à Paris. Il restera à l'armée du Rhin jusqu'au 1er janvier 1809. A cette époque, vous le remplacerez par un autre payeur, mais il restera encore en Allemagne jusqu'au mois de mars pour être chargé du payement de l'arriéré de 1808, voulant, au ler janvier 1809, commencer là un nouvel exercice. Le sieur Poullain que vous proposez pour les villes hanséatiques ne commencera ses fonctions qu'au ler janvier 1809 ; le reste de l'année sera continué par le sieur Roguin.


Chamartin, 15 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Charmartin

Mon Cousin, envoyez l'ingénieur Guilleminot pour faire un croquis de la route d'ici à Tolède, et, s'il y a plusieurs routes, pourlÎes tracer toutes, en indiquant la nature des chemins, les villages, la population, etc. Chargez d'autres ingénieurs de lever les environs de Madrid jusqu'à Buitrago, Ségovie, l'Escurial, Tolède, Aranjuez, sur une grande carte, avec les routes et les reconnaissances des différentes routes, en mettant le détail à cinq lieues aux environs de Madrid.


Chamartin, 15 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Charmartin

Donnez ordre que le séquestre soit mis sur les biens du comte de Noblejas et qu'on le fasse prévenir que, si d'ici à un mois il n'est pas revenu, tout sera confisqué. Quant à la duchesse douairière d'Osune, non seulement on doit mettre le séquestre sur tous ses biens, mais encore faire prendre tous ses bijoux, argenterie, etc., et les faire porter au Trésor. Donnez connaissance de cette décision au gouverneur de Madrid et au général Savary.

(Lecestre)


Chamartin, 15 décembre 1808

A M. Mollien, ministre du trésor public

J'ai reçu votre lettre du 2. Je vois avec plaisir que le cours de 5 pour cent n'a pas été en-dessous de 80. Je ne regrette pas les 30 millions que vous y avez employés. Dût-il en coûter autant, je désire que vous teniez la main à ce que le cour soit maintenu. 6 fr. 25 pour 100, dans l'état de nos affaires, c'est de l'argent bien placé. La Banque peut prendre une bonne partie de ces rentes, ainsi que la caisse de service, et la caisse d'amortissement peut en prendre encore. Ce n'est qu'ainsi que mes 5 pour cent prendront de la valeur. Chacun sera sûr de ce qu'il a dans sa pochem, lorsqu'il ne craindra pas que les 5 pour cent baissent au-dessous de 80. Je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous donniez 5 pour cent, si vous pensez que cela puisse les attirer; il ne peut y en avoir à donner un intérêt de 5 pour cent lorsque de la même main vous trouvez 6 fr. 25.

Je n'admets aucune excuse; que les 5 pour 100 ne tombent pas au-dessous de 80 francs.

(Lecestre)


Madrid, 15 décembre 1808

ORDRE

TITRE ler.

GARDE NATIONALE DE MADRID

ARTICLE ler. - Il sera formé à Madrid quatre bataillons de garde nationale. A cet effet , la ville sera divisée en quatre quartiers, dans chacun desquels un bataillon sera organisé.

ART. 2. - Chaque bataillon sera composé de quatre compagnies.

ART. 3. -Chaque bataillon sera commandé par un chef de batailon et un adjudant-major. Chaque compagnie sera composée de : 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal-fourrier, 8 caporaux, 2 tambours et 81 soldats ; total, 100. Ce qui fera 400 hommes par bataillon, et un total de 1,600 gardes nationaux pour Madrid.

ART. 4. - La municipalié désignera les volontaires gardes nationaux qui seront admis à entrer dans les compagnies , lesquelles ne seront composées que de propriétaires ayant maison, magasin ou boutique dans Madrid. Les individus désignés pour former chaque compagnie se réuniront dans une église et nommeront six candidats pour les trois places de capitaine, lieutenant et sous-lieutenant. Sur cette liste de six candidats , le gouverneur nommera les trois officiers de la compagnie. Les douze officiers du bataillon, ainsi nommés, se réuniront et présenteront deux candidats pour la place de chef de bataillon, et deux autres pour celle d'adjudant-major. Sur cette présentation , le gouverneur nommera également aux deux places.

ART. 5. - Immédiatement après la formation de ces bataillons, il leur sera donné un drapeau et des armes tirées de l'arsenal.

ART. 6. - Les volontaires s'habilleront à leurs frais. Les officiers porteront l'épaulette de leur grade.

ART. 7. - Chaque bataillon aura un aumônier.

ART. 8. - Ces bataillons fourniront des gardes à la municipalité , aux différents ministères, aux différents marchés et aux églises.

TITRE II.

VOLONTAIRES A CHEVAL A MADRID.

ART. 9.- Il sera formé à Madrid une compagnie de 100 hommes à cheval, composée ainsi qu'il suit : 1 chef d'escadron, 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 maréchal des logis chef, 4 maréchaux des logis, 8 brigadiers et 100 cavaliers; total, 117 hommes à cheval.

ART. 10. - Ces volontaires à cheval, choisis par la municipalité et organisés ainsi qu'il a été dit ci-dessus pour l'infanterie, s'habilleront et se monteront à leurs frais.

ART. 11. - Cette troupe à cheval sera spécialement chargée de la police des routes, conjointement avec la cavalerie française, et de la protection des arrivages des subsistances.

TITRE III.

GARDES NATIONALES DAINS LES PROVINCES.

ART. 12. - Il sera également formé pour Tolède un bataillon de garde nationale composé par un chef de bataillon et un adjudant-major, et composé de quatre compagnies organisées ainsi qu'il suit : 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 2 sergents, 4 caporaux, 2 tambours et 50 volontaires ; total, 62 hommes; pour le bataillon, 248 hommes.

ART. 13. - Il sera organisé un bataillon de même force à Ségovie, à Talavera de la Reina, à Alcala, à Guadalajara et à Valladolid.

ART. 14. - Une compagnie ainsi qu'il suit : 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 4 sergents, 1 caporal-fourrier, 8 caporaux, 2 tambours et 101 volontaires, total 120 hommes, sera formée dans les villes d'Aranjuez , d'Avila , Palencia, Castrojeriz, Reinosa, Santander, Aguilar de Campo, Aranda, Burgos, Vitoria, Bilbao, Logrono, Santo-Domingo de la Calzada, Soria , Sigueuza, Calatayud, Almanza, Orduùa, Calahorra, Tudela, Ciudad-Real, Manzanares, Ocana, Olita, Tafalla, Estella et Caparroso.

ART. 1 5. - Les commandants des provinces et les maréchaux commandant les corps d'armée , les corrégidors, intendants de provinces ou alcades de villes, qui croiront nécessaire de demander de semblables organisations pour la sûreté des villes de leur ressort, devront adresser leur demande à l'état-major général.

ART. 16. - Ces gardes nationales seront employées à la police des villes et à donner main-forte aux corrégidors et aux alcades ; elles fourniront les postes de garde qui seraient nécessaires aux églises et veilleront à la sûreté des routes.


Madrid, 15 décembre 1808

A Joachim Napoleon, roi des Deux-Siciles

Mon Frère, je recois votre lettre et les mémoires de vos ministres. J'ai garanti la dette publique, c'est-à-dire celle inscrite au moment de la constitution. J'entends que celle-là n'éprouve aucune diminution, et j'exige que vous rapportiez votre décret comme contraire aux stipulations dont je suis garant.

Vous ne me secondez pas dans la guerre contre l'Angleterre. Cette puissance fait chez vous un commerce public. Le résultat en sera que vous n'aurez pas la Sicile.

Je dois aussi vous observer que je suis extrêmement blessé des déclamations perpétuelles dont vos édits sont remplis contre le roi votre prédécesseur, qui a eu toutes les épines, tandis que vous recueillez les fruits, et auquel vous devez une reconnaissance éternelle. Je suis fàché de voir que vous sachiez si peu ce que vous me devez , et que vous manquiez ainsi aux convenances. Je désire que cette popularité que vous cherchez n'ait pas de résultats désagréables pour vous; la présence d'Agar et d'autres gens de cette espèce m'en fait douter. Quant aux individus qui sont à la cour de Sicile et qui me font la guerre, si vous ne confisquez pas leurs biens, je les prendrai à mon profit pour m'indemniser de ce que me coûte le royaume de Naples ; il me coûte déjà bien des millions. Il eût mieux valu affecter le produit de la vente de ces biens au payement de la dette publique que de réduire les rentes. Ce n'est pas avec des niaiseries et des phrases ridicules qu'on change la face des empires.

Je n'irai point scruter l'intérieur de vos finances; il me suffit que l'arriéré de mes troupes soit payé et qu'elles soient bien entretenues; que la constitution soit en activité, que les dispositions du code Napoléon soient exécutées sans aucune modifleation, et que la partie de la dette publique que j'ai garantie reste intégrale, je n'entrerai point dans le détail du reste. Si vous m'en croyez, vous fermerez l'oreille et fuirez comme la peste les conseillers qui tous portent à mettre de l'argent de côté.


Madrid, 15 décembre 1808

A Frédéric-Auguste, roi de Saxe, Grand-Duc de Varsovie, à Dresde

J'ai reçu la lettre de Votre Majesté, du. - - riovenibre. Je la remercie des détails qu'elle a voulu m'envoyer. J'ai appris avec intérêt tout ce qu'elle fait à Varsovie et l'amour qu'elle inspire à ses nouveaux sujets. Je la prie d'être persuadée de la constance de mes sentiments, et de ne jamais douter de mon estime et de ma sincère amitié.


Madrid, 16 décembre 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny, vous préviendrez mon ministre à Naples qu'il ait à veiller à ce qu'aucun Français ne passe au service de Naples sans mon ordre, et que, toutes les fois que cela arriverait, il ait à s'y opposer par une note.


Madrid, 16 décembre 1808

A M. Cretet, ministre de l'intérieur, à Paris

Monsieur Cretet, vous ne m'avez pas rendu compte si l'eau du canal de l'Ourcq est arrivée à Paris et si elle jaillit dans la fontaine des Innocents. Vous ne m'avez pas fait connaître si ce que j'ai désiré pour conduire l'eau de l'Ourcq sur les Tuileries peut s'entreprendre cette année. Autant que j'ai pu comprendre par les journaux, vous avez dû poser la première pierre de la première tuerie. Je suppose que les travaux de la Madeleine sont en train, et que vous vous préparez à pousser avec activité les travaux de la campagne prochaine. Il ne faut pas attendre au dernier moment pour lever les différents obstacles qui s'opposeraient à la marche des travaux. J'attache toujours la plus grande importance à la promenade couverte et d'hiver pour Paris. Faites-moi un rapport sur ce monument, et sur l'emplacement et le genre de bâtiment qui conviendraient à cet effet.


Chamartin, 16 décembre 1808

A M. Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Vous trouverez ci-joint le budget de l'année (dépenses secrètes pour l'exercice 1809, décret du 15 décembre). Je n'ai accordé que 60,000 francs pour le gouverneur de Paris; plus, c'est de l'argent jeté par les fenêtres. Il est convenable que ce traitement soit donné à celui qui est à Paris; vous ferez donc payer cette somme au général Hulin, puisqu'il est à Paris; ce supplément lui est nécessaire pour ses frais de police, et aussi pour ses frais de représentation. Vous ferez payer de même au général Buquet le traitement extraordinaire que j'accorde à l'inspecteur général de la gendarmerie. Ayant assuré l'existence de mes principaux officiers, il faut revenir au principe de n'accorder pour dépenses secrètes que ce qui est seulement nécessaire pour cet objet. Je suppose que, moyennant cela, je pourrai disposer à peu près d'un million pour les travaux publics.


Chamartin, 16 décembre 1808

DÉCISION

Le général la Riboisière annonce que, d'après les ordres du maréchal Lefebvre, il a adjoint à la division polonaise des canonniers badois et hessois, et que les canonniers polonais restés à Madrid , seront attachés à la division Leval. Je n'approuve pas ces dispositions. Les Polonais doivent être avec les Polonais , etc. , les Allemands avec les Allemands.

Madrid, 16 décembre 1808.

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie, à Milan

Mon Fils, vous trouverez ci-joint une lettre que vous adresserez à tous les évêques de mon royaume d'Italie. Vous annoncerez par une salve de trente coups de canon la prise de Rosas , comme étant due particulièrement au courage et à la bonne conduite de mes troupes italiennes.

AUX ÉVÊQUES D'ITALIE

Monsieur l'Évèque de. . les succès obtenu par nos armes au combat de Burgos, aux batailles d'Espinosa et de Tudela, au combat de Somo-Sierra, l'occupation de la ville de Madrid, et la Grâce spéciale que Dieu nous a faite de pouvoir sauver cette capitale de la fureur des factieux, la prise de Rosas, qui est due spécialement au courage et à la bonne conduite de nos troupes italiennes , nous portent à vous écrire cette lettre, pour que, immédiatement après que vous l'aurez reçue, nous reposant sur votre piété, qui nous est bien connue, vous appeliez nos peuples d'Italie dans les saintes églises pour y chanter le Te Deum et y faire les autres prières appropriées aux circonstances, et pour demander à Dieu, de qui tout émane , qu'il continue à bénir nos armes et écarte du continent la maligne influence des Anglais, aussi ennemis de toute religion que du repos et de la tranquillité de tous les peuples.


Madrid, 16 décembre 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Envoyez l'ordre ci-joint à tous mes ministres près les princes de la Confédération du Rhin, en leur faisant connaître que le sieur de Stein continuer à manigancer avec les Anglais de chimériques complots contre la Confédération du Rhin. Vous demanderez que les princes de Nassau fassent mettre le séquestre sur ses biens. Vous ferez connaître à la cour de Prusse que mon ministre n'ira pas à Berlin, si Steiin n'est pas éloigné de cette capitale et de toute la Prusse. Vous irez plus loin : vous demanderez, par une lettre au ministre de Prusse, que cet individu soit livré comme traître et employé par les Anglais pour brouiller les deux cours. Parlez-en fortement au ministre de la Prusse à Paris; écrivez à mon consul à Königsberg pour qu'il en parle au roi, et laissez entendre que, si mes troupes prennent Stein, il sera passé par les armes.

(Lecestre)


Chamartin, 17 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin, écrivez au maréchal duc de Danzig que mon avant-garde est arrivée à Talavera de la Reina. Ordonnez au général de division Milhaud de se porter à Oropesa, et au général Lasalle de se porter à Almaraz et de tâcher de s'emparer du pont sur le Tage. Faites connaître au général Lasalle , au général Milhaud et au duc de Danzig que le général Lahoussaye est à Avila, et dites-leur que le conte fait que la Romana devait arriver sur Almaraz par Puerto del Pico est une absurdité. Que le général Lasalle envoie sur Plasencia pour délivrer des prisonniers que nous y avons et enlever les dépôts d'armes qui s'y trouvent. A Plasencia, il y aura des nouvelles plus positives des Anglais.


Chamartin, 17 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon cousin, donnez ordre que l'estafette porteur de mes dépêches soit escortée désormais par un officier et au moins 25 hommes d'infanterie ou de cavalerie. Ainsi d'Irun à Hernani elle sera escortée par un détachement de 25 à 30 hommes; d'Hernani à Tolosa, par un détachement pareil, et ainsi de suite jusqu'à Burgos. Vous recommanderez aux commandants de place de retarder l'estafette le moins possible. Le postillon ou un homme de l'escorte précédera toujours le courrier, afin que le détachement soit prêt à l'arrivée de celui-ci. Vous donnerez les mêmes ordres pour l'escorte de Burgos à Madrid , et pour le retour sur Iruu. Vous ajouterez que je me repose sur le zèle des commandants de place, qui doivent sentir l'importance de ne pas exposer les dépêches de l'Empereur à être prises.


Chamartin, 17 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin, envoyez l'ordre au général Dessolle de laisser un régiment et trois pièces de canon à Sigueriza. Faites-lui connaître qu'une division du corps du maréchal Mortier sera du 19 au 20 à Calatayud; que mon intention est que cette division mette une avant-garde à Medina Celi, de sorte que par ce moyen les officiers qui passeront de Madrid à Saragosse et de Saragosse à Madrid pourront faire cette route rapidement. De Madrid à Siguenza, il y aura des chevaux à tous les relais par les soins du général Dessolle, et de Medina Celi à Saragosse par les soins du général qui commande à Calatayud, et enfin, entre Sigueuza et Medina Ceti, il sera fourni des escortes, si cela est nécessaire. On arrangera les choses de manière qu'en trois jours je puisse envoyer des ordres à Saragosse. Envoyez ces dispositions à Calatayud par le général Dessolle, qui les fera passer, et envoyez le duplicata par la route ordinaire.

Écrivez au maréchal Mortier que le général Saint-Cyr, ayant pris Rosas le 6, est parti le 8 pour Barcelone, où il a dû arriver le 12 ou le 13 et se réunir au général Duhesme ; que cette réunion du général Saint-Cyr avec Duhesme lui fera plus de 30,000 hommes ; que sans doute ce général, après avoir dispersé tout ce qu'il aura devant lui, viendra à Lerida , pour se mettre en communication avec le corps qui assiège Saragosse, et que la division qui couvre le siége du côté de Barcelone aidera à cette communication.

Vous ferez également connaître au générai Dessolle que j'attache la plus grande importance à la communication de Madrid avec Saragosse, mais qu'il ne fasse pas de petits paquets; que le général Saint-Cyr, après la prise de Rosas, s'est mis en marche sur Barcelone, où il sera le 12 et ou le 13 réuni au général Duhesme, il aura sous ses ordres un corps de 35 à 40,000 hommes.

 


Chamartin, 17 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Il y a des chevaux morts dans les rues et aux portes de Madrid. Donnez ordre que demain, tous les chevaux et cadavres qui se trouveraient dans la ville et à une lieue aux environs soient enterrés. Il sera commandé à cet effet un détachement d'habitants.


Chamartin, 17 décembre 1808 

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin, écrivez au duc de Dalmatie qu'il commande depuis le Douero jusqu'à la mer; que la brigade Franceschi est sous ses ordres et doit avoir reçu l'autorisation de se porter sur Léon; qu'il ne doit avoir aucune difficulté d'attaquer avec les divisions Merle et Mermet; qu'aussitôt que la division de dragons Millet sera arrivée, je la lui enverrai ; mais qu'elle est encore beaucoup en arrière et tardera probablement plus de quinze jours à être à Burgos.


18 décembre 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny, j'ai recu votre lettre du 9. Je suis fâché vous ne m'ayez pas envoyé les originaux des journaux anglais, puisqu'ils contiennent des renseignements sur leur position.


Chamartin, 18 décembre 1808

A M. de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny, je vous ai déjà mandé de ne plus m'envoyer le portefeuille et de m'écrire en chiffre ce qui'il y aurait d'important dans votre correspondance, en vous servant d'abord du chiffre du sieur Laforest. Le courrier porteur des lettres de Paris du 8 vient d'être pris; cela ne m'intéresse que pour votre portefeuille. Ainsi, désormais, je n'aurai plus de sollicitude à avoir, puisque les dépêches les plus importantes seront en chiffre. Cependant, lorsque vous aurez à me mander quelque chose d'une très haute importance, vous me rexpédierez par un commis de vos bureaux ou par un officier, et vous m'en préviendrez le maréchal Kellermann, pour qu'il fasse fournir à cet officier, sur toute sa route, une escorte de 30 ou 40 hommes d'infanterie.


Chamartin, 18 décembre 1808.

A M. Cretet, ministre de l'intérieur, à Paris

Monsieur Cretet, vos lettres du 7 et du 8 me font connaître que vous avez nommé M. Le Roy pour présider à la vente des laines à Bayonne. Je ne sais pas si cet ancien consul général a les connaissances nécessaires pour cette opération importante; Coquebert-Montbret eût été préférable. Mais puisque M. Le Roy est nommé, faites-lui connaître que mon intention est qu'on ne mette en vente au ler janvier que mille et au plus deux mille quintaux. Mon intention est aussi que mon commissaire mette une mise à prix aux laines avant l'ouverture des enchères, sans quoi les gens de commerce s'entendront pour avoir les laines pour rien. La mise à prix doit être de la valeur des laines en ce moment et avant que mon décret fût connu. Comme mon commissaire n'aura pas le temps de recevoir vos instructions à cet égard, je lui fais donner l'ordre de suspendre la vente jusqu'au 15 janvier, c'est-à-dire jusqu'à l'époque où vos instructions sur la mise à prix et sur les ventes lui seront parvenues. A la réception de ma lettre, réunissez les gens experts en cette matière, et , après les avoir consultés, réglez la mise à prix et expédiez vos instructions pour mon commissaire. N'oubliez-pas que toutes les laines qui sortaient d'Espagne payaient 5 pour 100 au roi; que celles-ci n'ont pas payé ce droit, et que, sur la mise à prix, il faut compter les 5 pour 100. La première mise à prix réglée, mon intention est qu'on vende mille quintaux par mois. Je ne serais pas éloigné d'approuver qu'on acceptât en payement des traites, comme pour les douanes, de manière qu'on payât un douzième tous les mois, et que la totalité fût payée en un an. On prendrait les mêmes précautions que prennent les douanes, qui éprouvent, je crois, peu de pertes par cette méthode. Concertez encore ces mesures avec des gens experts dans cette partie.


Chamartin, 18 décembre 1808

A M. Gaudin, ministre des finances, à Paris

Je proroge le conseil de liquidation jusqu'au ler janvier 1810. Ce conseil n'a pas rempli mes intentions et n'a pas mis l'énergie nécessaire pour faire rentrer les deniers; qu'il en mette donc davantage, et qu'il emploie mieux l'année que je lui donne encore.


Chamartin, 18 décembre 1808.

A M. Fouché, ministre de police générale, à Paris

Je ne conçois pas trop pourquoi vous avez interdit le territoire français à la femme du commissaire de Bade, qui avait des réclamations à faire. Cela est contraire au droit des gens et à la franchise du territoire. Cette conduite me paraît extraordinaire.


Chamartin, 18 décembre 1808

NOTE POUR LE GÈNÉRAL MENOU, GOUVERNEUR GÉNÉRAL DE LA TOSCANE.

Il y a à statuer en Toscane sur quatre objets importants -. 1° la dette publique; 2° l'ordre de Saint-Etienne; 3° les moines ; 4° la liste civile.

1° La dette publique. Sa Majesté désirerait qu'on se mît dans le cas de n'avoir point à inscrire la dette publique de Toscane sur le grand-livre de la dette publique de France, et qu'à cet effet on remboursât en mandats territoriaux payables en domaines nationaux. Sa Majesté demande qu'on lui fasse connaître à combien s'élève la dette, quelle est la valeur des domaines nationaux, la marche à suivre pour opérer le remboursement de la dette en mandats territoriaux. Un projet de décret contenant l'organisation de toute cette opération doit être proposé par la junte, qui y joindra les états du domaine et de la dette.

L'Ordre de Saint-Étienne. Cet ordre doit être supprimé; mais il convient de combiner sa suppression de manière à faire le moins de tort possible aux membres existants. Combien y a-t-il de membres de l'Ordre de Saint-Étienne ayant des commanderies ou des pensions ? A combien s'élèvent ces commanderies ou pensions ? Ces commanderies ou pensions imposent-elles des obligations à ceux qui en sont pourvus ? Sont-elles susceptibles de réduction ? A combien se montent les commanderies patronales appartenant aux familles ? Qui y nomme ? Qui en jouit ? Les possesseurs actuels sont-ils célibataires ou gens mariés ? Convient-il de laisser la propriété des commanderies aux familles ? Dans ce cas, sur la tête de qui passeront-elles ? Quel sera l'ordre de succession ? Si ces commanderies sont possédées par des hommes non mariés, il n'est pas convenable de leur en laisser la propriété ; si les possesseurs sont pères de famille, il y aurait moins d'inconvénient. Mais il se pourrait qu'ils fussent des enfants de famille dont le père vit encore. Ne conviendrait-il pas qu'à la mort du père la commanderie fût considérée comme entrant dans la succession et précomptée à celui qui s'en trouverait possesseur ? Les commanderies ont des rentes sur les fonds publics ; ne serait-il pas possible de retenir le quart soit de ces rentes, soit même des propriétés, au profit de l'état ? On traiterait ainsi les possesseurs de commanderies comme on a traité en France les possessopns de domaines engagés. Les familles trouveraient-elles de l'avantage à faire ce sacrifice, au moyen duquel elles obtiendraient les trois quarts des biens des commanderies en toute propriété ? Sa Majesté, désire que la junte s'explique sur tous ces points, qu'elle propose un projet de décret en conséquence de son opinion, et qu'elle y jogne les états nécessaires.

3° Les moines. L'intention de Sa Majesté serait de mettre sur-le-champ les moines de la Toscane dans la même position où sont les moines du Piémont. Sa Majesté désire que la junte propose un projet de décret en conséquence. Elle désire aussi un mémoire qui fasse connaître quelle est la différence qui existe entre le sort des moines du Piémont et celui des moines qui étaient en France; quelle est la différence de la situation des moines du Piémont avec celle des moines de Gênes, avec celle des moines de Parme; quelle est la différence enfin de la situation des moines de Parme avec celle de ceux qui sont en Toscane, et de ceux-ci avec celle de ceux du royaume d'Italie. A ce mémoire doivent être joints tous les décrets qui ont réglé le sort des moines en Piémont, à Gênes, à Parme, dans le royaume d'Italie et même en France, ainsi que le détail de ce qui aurait été fait en Toscane sur cet objet. Ces renseignements feront connaître en même temps si les moines en Piémont (à supposer qu'il y en ait encore) , à Gênes, à Parme , à Plaisance et en Toscane, possèdent des biens, et quelle est la quantité de biens qu'ils possèdent.

La liste civile. Sa Majesté désire connaître quelles sont les maisons, les meubles et les revenus qui dépendent de la liste civile. Il faut attacher à la liste civile au moins douze cent mille livres de rente. La junte remettra des renseignements et rédigera un projet de constitution définitive de la liste civile.

La junte joindra à tous ces travaux des mémoires sur l'état actuel de l'administration, de la justice civile et criminelle et des contributions. Elle dressera et remettra l'état des pensions et des rentes viagères, avec les observations qu'elle jugera à propos de faire. Elle présentera un projet pour la constitution et la dotation d'une sénatorerie en Toscane. Un des membres de la junte sera chargé par elle de présenter tous ces travaux et renseignements à Sa Majesté. Il s'arrêtera à Parme, à Gênes et à Turin , pour y recueillir toutes les notions sur la situation des moines dans ces pays. Il se rendra ensuite à Bayonne. Il préviendra le ministre secrétaire d'État du moment où il pourra arriver dans cette ville, afin qu'il y reçoive les ordres de Sa Majesté.


Chamartin, 18 décembre 1808

ORDRE

Sa Majesté, instruite que dans les pays occupés par ses Troupes les caisses sont dilapidées par des autorités locales, ordonne aux commandants français de prévenir les corrégidors qu'ils en seront responsables envers le Roi ; ordonne pareillement que, partout où des agents nommés depuis peu par le Roi n'auraient pas dressé des Procès-verbaux de la situation des caisses, les commandants français prennent ces mesures et en rendent compte au major général.


Chamartin, 18 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin, envoyez à Talavera de la Reina cinq cents exemplaires de mes proclamations, pour être distribués aux habitants et aux avant-postes.

Écrivez au duc de Danzig qu'il fasse construire à Talavera quatre fours.


Chamartin, 18 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin , les membres du tribunal de l'inquisition peuvent sans inconvénient rester chez eux, dès l'instant qu'ils auront remis tous leurs papiers et renseignements sur leur administration.

Consultez le Roi pour savoir les couvents à supprimer et ceux à conserver. Il y en a un près du palais qu'il serait nécessaire de supprimer.


Chamartin, 18 décembre1808

Au maréchal Bessières, duc d'Istrie, commandant la cavalerie de l'armée d'Espagne

Mon Cousin, écrivez au général Latour-Maubourg que la ville d'Alcazar de San-Juan est composée de mauvaises têtes qui se conduisent mal. Ils doivent avoir au moins 500 fusils cachés. On y a égorgé trois Francais domiciliés depuis longtemps. Il faut qu'on y prenne des otages et des informations, pour arrêter, s'il est possible, une douzaine des meneurs de cette ville.


Chamartin, 18 décembre 1808

Au maréchal Bessières, duc d'Istrie, commandant la réserve de cavalerie de l'armée d'Espagne

Mon Cousin, donnez ordre au général Latour-Maubourg d'envoyer le général Perreimond se porter, avec sa brigade tout entière, s'il le faut, sur Huete, car il faut que cette ville soit occupée par nos troupes, et ne pas souffrir que l'ennemi s'y établisse. Donnez également l'ordre au général Latour-Maubourq d'envoyer la brigade d'Oullenbourg, qui est à Madridejos , à Mauzanares; elle battra le pays, désarmera les habitants et s'emparera des caisses, enfin prendra les mesures nécessaires pour soumettre le pays. Le général d'Oullenbourg restera, de sa personne, à Mauzanares, et enverra, après l'occupation de cette ville, deux escadrons à Madridejos; ou le général Latour-Maubourg laissera la brigade tout entière à Manzanares, et enverra à Madridejos un autre régiment pour maintenir la communication.


Chamartin, 18 décembre 1808

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, au Pardo

Je vous envoie le mémoire de M ......... C'est un bavardage qui n'est que ridicule. Pour vivre dans un an, il faut vivre aujourd'hui; pour vivre aujourd'hui, il faut de l'argent; M ......... déclame et ne propose aucun moyen. Je ne vois que 13 millions dans les caisses publiques et 11 millions dans la caisse de consolidation, ce qui fait 24, millions, et 8 que vous avez rapportés, 32 millions. Il faut les réaliser, soit en les donnant comme nantissement à des capitalistes de la capitale, soit par tout autre moyen. C'est au ministre des finances à les proposer. Voilà déjà quinze jours de passés, et ce sont les moments les plus précieux, puisque ce sont ceux de la force. Il n'y a donc pas un moment à perdre pour se procurer une ressource d'une trentaine de millions de réaux en argent.


Chamartin, 19 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin, je suis étonné que le 17e régiment de dragons soit à Tolède. Ce régiment fait probablement partie d'une brigade de la division Lahoussaye. Cette brigade doit continuer sa route sur Talavera de la Reina. Je suis surpris que le maréchal Victor l'ait retenue. Faites-lui connaître qu'il a eu tort de la diriger sur Ciudad-Real, etqu'il ait à l'envoyer sur-le-champ à Talavera de la Reina. Envoyez directement l'ordre au général qui commande cette brigade de partir sans délai pour Talavera.


Chamartin, 19 décembre 1808

Au maréchal Bessières, duc d'Istrie, commandant la réserve de cavalerie de l'armée d'Espagne

Mon Cousin, je vous avais mandé d'envoyer des proclamations ainsi que des journaux au général Latour-Maubourg, pour qu'il les répandît partout. Il paraît que vous ne l'avez point fait; il est indispensable que vous lui en envoyiez avant midi, pour qu'il les répande partout du côté de Cuenca, de Valence et d'Andalousie. Je suppose que vous avez donné des ordres pour qu'il pousse jusqu'à Manzanares.


Chamartin, 19 décembre 1808

Au général Junot, duc d'Abrantès, commandant le 8e corps de l'armée d'Espagne

Je vous prie de faire des recherches et de m'envoyer l'état des régiments anglais qui étaient en Portugal de votre temps

(Brotonne)


Chamartin, 21 décembre 1808

Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire, à Paris

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 11. J'attache une grande importance à l'affaire de la compagnie Lafarge, et j'attends la décision du Conseil d'Etat, qui, j'espère, sera juste et sévère.


Madrid, 21 décembre 1808

A M. Cretet, ministre de l'intérieur, à Paris

Monsieur Cretet, nous avons ordonné que 300 quintaux de quinquina d'Espagne soient réunis à Bayonne et distribués à nos quarante-deux bonnes villes, conformément à l'état ci-joint. Notre volonté est que les officiers municipaux, les membres du conseil municipal et les citoyens desdites villes, voient dans ce souvenir de notre part un témoignage de notre satisfaction et de l'amour que nous leur portons.

ÉTAT DE DISTRINUTION DE 300 QUINTAUX OU 30.000 KILOGRAMMES DE QUINQUINA ENTRE LES 42 BONNES VILLES DE L'EMPIRE

NOMS DES VILLES POPULATION DISTRIBUTION
Alexandrie
Aix-la-Chapelle
Amiens
Angers
Anvers
Besançon
Bordeaux
Bourges
Bruxelles
Caen
Clermont
Dijon
Gand
Gênes
Genève
Grenoble
La Rochelle
Liège
Lille
Marseille
Mayenne
Metz
Montauban
Montpellier
Nancy
Nantes
Nice
Orléans
Paris
Reims
Rennes
Rouen
Strasbourg
Toulouse
Tours
Turin
Versailles
Parme
Plaisance
Florence
Livourne
Lyon
30.000
24.419
41.279
33.000
56.318
28.436
90.990
16.330
66.297
30.923
30.000
18.888
55.161
80.000
22.759
20.664
17.512
50.000
54-756
96.413
22.325
33.099
21.950
32.723
28.227
77.162
18.473
41.937
547.756
30.225
25.904
87.000
49.056
50.171
29.240
79.000
27.574
35.000
30.000
80.000
45.000
88.919
400
300
500
400
700
400
1.100
200
800
400
400
300
600
1.000
300
300
300
600
600
1.100
300
400
300
400
300
1.000
300
500
8.000
300
300
1.000
600
600
300
1.000
300
400
400
1.000
500
1.100
Total   30.000

Madrid, 21 décembre 1808

A M. Cretet, ministre de l'intérieur, à paris

Monsieur Cretet, j'ai ordonné à mon architecte de faire faire un relief du plan des Tuileries et du Louvre, et de l'exposer en public. Mon intention est que vous nommiez une commission pour examiner et critiquer ce plan. Vous ferez tenir note, non-seulement de ses observations, mais encore de celles qui seront faites par le public, afin de m'en rendre compte.


Madrid, 21 décembre 1808.

A M. Cretet, ministre de l'intérieur, à Paris

Monsieur Cretet, j'ai voit par les journaux que vous avez posé la première pierre de la fontaine de la Bastille. Je suppose que l'éléphant sera au milieu d'un vaste bassin rempli d'eau; qu'il sera très-beau et dans de telles dimensions qu'on puisse entrer dans la tour qu'il portera. Qu'on voie comme les anciens les placaient et de quelle manière ils se servaient des éléphants. Envoyez-moi le plan de cette fontaine. Faites faire le projet d'une fontaine qui représentera une belle galère trirème, celle de Dernetrius par exemple, qui aura les mêmes dimensions que les trirèmes des anciens. On la placerait au milieu d'une place publique ou dans tout autre endroit pour l'embellissement de la capitale; l'eau jaillirait tout autour. Vous sentez qu'il faut non-seulement que les architectes fassent des recherches pour la construction de ces deux fontaines, mais qu'ils se mettent d'accord avec les antiquaires et les savants, afin que l'éléphant et la galère donnent une représentation exacte de l'usage qu'en faisaient les anciens.

Mon intention est de me servir de l'eau de l'Ourcq pour embellir le jardin des Tuileries par des cours d'eau et des cascades, et les Champs-Élysées et leurs environs par d'immenses pièces d'eau, qui soient aussi grandes que le jardin des Tuileries, et sur lesquelles il puisse y avoir des bateaux de toutes les espèces.


Madrid, 21 décembre 1808.

A M. Gaudin, ministre des finances, à Paris

Mon intention est que le Louvre soit terminée et que toutes les maisons qui se trouvent entre le Louvre et les Tuileries soient démolies. Je désirerais qu'il y eût moyen de faire des arrangements avec les principaux propriétaires de ces maisons, dont je crois que l'estimation s'élève à 15 millions. Je voudrais que ces propriétaires reçussent en payement, ou des terres en Piérnont et en Toscane, ou des bons de la caisse d'amortissement portant intérêt à 5 pour 100 et remboursables chaque année, par quinzième, en billets de 10,000 francs. Les bons de la caisse d'amortissement seraient immobilisés, de manière que le payement dût être fait au propriétaire, ou à son représentant, selon les règles ordinaires du droit civil, et non au porteur.

Si vous pouvez parvenir à arranger ainsi les deux tiers des individus, ou faire tout autre arrangement qui donnerait des facilités pour le payement, cela pourrait me convenir; et alors, au lieu d'acheter et de démolir graduellement, je ferais acheter par une seule opération et en démolissant la totalité dans l'espace d'un ou deux ans. Ces propriétaires paraissent éprouver des pertes par l'effet de l'incertitude dans laquelle ils se trouvent; ces arrangements remédieraient à tout. Voyez ce qu'il y a moyen de faire. J'affecterais également à ce remboursement les terrains des Capucines et les autres terrains qui environnent la Bourse et qui sont à ma disposition. Je crois qu'ils sont estimés à 3 ou 4 millions. Enfin je puis aussi faire payer quelques-unes des maisons, jusqu'à concurrence de 3 ou 4 millions, avec l'emprunt que vient d'ouvrir la ville de Paris. Ces effets seraient également immobilisés.


Madrid, 21 décembre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Il résulte d'un grand état que m'a envoyé M. Lacuée qu'il manque au grand complet de mon armée 148,000 hommes ; en ôtant les légions que mon intention n'est pas de compléter, c'est-à-dire 13,000 hommes, il restera un déficit de 135,000 hommes. Sur ces 135,000 hommes, 70,000 hommes ont été fournis des levées extraordinaires. Il faut donc appeler 63,000 hommes sur 1810, pour porter mon armée au grand complet. Je vais appeler à la Garde 6,000 conscrits de 1810; en y appelant encore dix fusiliers par département, ce qui ferait 1,000 hommes, total, 7,000 hommes conscrits pour la Garde, il faudrait donc 70,000 hommes. 10,000 hommes de plus me paraissent nécessaires pour équivaloir aux pertes qui auront lieu à toutes les armées par les réformes de cette année.

Je désire donc que vous me présentiez un projet de décret pour appeler 80,000 conscrits de 1810 sous mes drapeaux, les répartir entre tous les corps, selon les besoins, pour porter les cadres au complet.

L'état ci-joint vous fera connaître que, pour les armées d'Italie, de Naples, de Dalmatie, il faudra 13,000 hommes; il vous sera facile de faire un état pareil pour toutes les autres armées. Je vais faire des légions des régiments ; mais je pense qu'il y aura assez de quoi les recruter. Mon intention est que les régiments soient portés tous au complet de 3,900 hommes, c'est-à-dire de cinq bataillons.

Quant à la formation des 5e bataillons, pour ceux qui n'en ont pas, je serai toujours à temps de me décider dans le courant de mars. Mon intention est que les premières opérations pour la conscription commencent au 15 janvier, et que les conscrits soient en pleine marche au 15 février. On aura soin que tous les conscrits d'au-delà des Alpes soient envoyés dans le Nord, dans l'Ouest et sur le Rhin, et spécialement au 31e léger, au 111e de ligne, au 26e de chasseurs, au 21e de dragons et aux tirailleurs du Pô; que les Corses soient envoyés aux tirailleurs corses, les Belges au 112e. Du reste, vous ferez dresser des états pareils à celui que vous m'avez envoyé pour les armées d'Italie, de Dalmatie et de Naples. Parlez de cela à M. Lacuée, qui pourra préparer ses circulaires aux préfets, et au ministre Dejean, pour que l'habillement de 1810 soit de bonne heure envoyé aux corps.

Je suppose que, moyennant cette levée, l'armée du Rhin aura ses bataillons au complet; que le corps d'Oudinot aura ses 36 bataillons complets, comme je l'ai ordonné. Que les armées d'Italie, de Naples et de Dalmatie soient toutes à leur grand complet.

Les conscrits seront tous envoyés à leurs dépôts. Il ne sera dirigé sur Bayonne et Perpignan que ceux des régiments qui ont leur grand dépôt dans ces villes. On conçoit fuileinent pourquoi je désire que les conscrits aillent à leurs dépôts, au lieu d'aller tous à Bayonne, puisque Dion intention est de m'en servir de préférence pour garder mes places, par des combinaisons qti'il sera temps de faire an mois de mars. Comme j'ai un grand nombre de dépôts dans le Nord, il me semble qu'il serait facile d'en tirer une vingtaine de mille hommes pour mes camps de Boulogne et de Flessingue. La Bretagne est aussi un objet important. Les dépôts qui s'y trouvent fourniront aussi une ressource. Il s'agit aujourd'hui de fournir des hommes, et j'aurai le temps de les disposer pour la défense de rues côtes, au mois de mai. Il n'y a donc pas un moment à perdre pour rue présenter les étais de distribution entre les différents corps. Moyennant que je compte compléter tous les régiments à l'effectif de cinq bataillons, il me faudra les 80,000 hommes.


Madrid, 21 décembre 1808.

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre, à Paris

Monsieur le général Dejean, le roi d'Espagne a expédié de Vitoria à Bayonne, il y a quatre mois, pour un million de francs de quinquina. Il en a été envoyé de Santander une quantité très-considérable ; il en a été envoyé un million de Madrid. Faites envoyer dans les hôpitaux la plus grande partie de ce quinquina, puisque nous en manquons en France.


Madrid, 21 décembre 1808

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Dejean, je reçois votre lettre du 10. Il est inutile d'employer des transports pour 419,000 rations de biscuit de Bordeaux à Bayonne; il faut les laisser en magasin où elles se trouvent : à Bayonne, les 350, 000 rations qui y sont, et à Bordeaux, les 58,000 rations qui y sont. Je vois avec peine que 200 boeufs aient été envoyés à l'armée; ils n'arrivent pas. D'ailleurs, ce n'est pas de viande que je manque, c'est de souliers, de capotes et de chemises, et c'est justement ce dont on ne m'envoie rien. Je n'ai reçu, en souliers, que 16,000 paires d'un convoi et 19,000 paires d'un autre, et ce sont ceux qui venaient de Berlin. Ceux de Paris et d'ailleurs , je n'en ai pas entendu parler. Si vous les aviez expédiés par convoi sous l'escorte d'un officier de gendarmerie, comme je vous l'ai mandé plusieurs fois, j'aurais de tout en abondance. Mes hôpitaux se remplissent de malades, parce que je n'ai ni capotes ni souliers. J'ai été cruellement trompé dans tout ceci. J'aurai des capotes au mois d'août, et c'est justement le temps où il faudrait les brûler.

Je vous ai donné des ordres pour que les six nouveaux régiments confectionnassent leur habillement pour 1809, pour que les cinq dépôts des légions expédiassent à l'armée ce qu'ils ont en magasin, et envoyassent autant de paires de souliers qu'ils ont d'hommes, aux bataillons de guerre. Réitérez l'ordre, à Bayonne, d'expédier tous les souliers que les dépôts y ont envoyés pour leurs corps.


Madrid, 21 décembre 1808

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre, à Paris

Monsieur le général Dejean, voici ce que m'écrit M. de Tournon que j'ai laissé à Burgos pour presser l'envoi des objets nécessaires à l'armée. Vous verrz qu'on envoie de Bayonne du biscuit dont je n'ai pas besoin, parce qu'il n'y a pas d'effets d'habillement à charger sur les caissons. Envoyez donc sur Bayonne un chef de bureau de l'habillement pour surveiller et faire arriver tout cela. Entend-on me voler et me faire payer comme si l'on avait fourni ? C'est l'ordinaire des administrations en France.

(Brotonne)


Madrid, 21 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin donnez ordre au commandant d'Aranda de retenir les premiers détachements de dragons qui passeront, et de placer, jusqu'à Somo-Sierra, trente hommes à chaque relais de poste; de faire connaître aux villages voisins que je ferai brûler le premier village où un courrier sera arrêté; que c'est aux habitants à dénoncer les partisans et à les faire arrêter. Donnez ordre au commandant de Buitrago de faire marcher une colonne mobile de 150 chevaux polonais sur Somo-Sierra. A Somo-Sierra 150 autres se réuniront à ceux-là, et ces 300 hommes, sous le commandement d'un chef d'escadron, se formeront en colonne mobile et éclaireront la route.

Un détachement de 400 dragons se rend à Madrid sous le commandement d'un général ; vous pouvez le réunir au premier détachement et charger ce général de cette opération. Faites-moi un rapport là-dessus , et faites-moi connaître où ce détachement de dragons sera demain soir.


Madrid, 21 décembre 1808

Au maréchal Kellermann, duc de Valmy, commandant la réserve de l'armée d'Espagne, à Bayonne

Mon Cousin, je suppose que vous êtes arrivé à Bayonne et que les choses vont prendre une autre tournure. Réunissez tous les petits dépôts dans la ville, et mettez dans tout cela votre activité ordinaire. Des magasins considérables ont été établis à Bayonne ; faites-en faire l'inventaire et faites-moi connaître ce qui reste. Je n'ai pas besoin de viande ni même de la plus grande partie de ces vivres. Veillez à ce que rien ne se gâte.

Équipages militaires. Il est resté à Bayonne ou Bordeaux des caissons des 4e, 7e, 8e, 10e, 11e, ler et 3e bataillons d'équipages militaires. Vous savez que chacun de ces bataillons est de quatre compagnies, chaque compagnie de 36 caissons, ce qui fait 144 caissons par bataillon. Je n'ai ici aucun de ces bataillons qui ait plus de 90 caissons ; le reste est à Bayonne. Portez votre oeil attentif sur cette partie ; prenez toutes les mesures pour lever les obstacles, et que tous ces caissons partent.

Habillement. Depuis le mois d'août, j'ai prescrit des mesures pour réunir à Bayonne des magasins considérables d'effets d'habillement.

Mes intentions ne sont pas remplies, et je n'ai rien. Faites-vous remettre sous les yeux les ordres qu'a donnés l'ordonnateur; faites-vous rendre compte de ce qui est arrivé, et sachez pourquoi le reste n'arrive pas. Pressez les ouvriers de Bordeaux, activez les confections, et concertez-vous avec le préfet des Landes et les préfets voisins sur les moyens de presser les arrivages. Je n'ai besoin de biscuit ni de vivres , mais de souliers , capotes, chemises.

Administration des corps. Les corps ont des souliers à Bayonne; ils en ont tous 3 ou 4,000 paires envoyées de leurs dépôts. Prenez les mesures nécessaires pour les faire arriver ici. Faites les partir par gros convois, en profitant des escortes et avec des feuilles de route des endroits où ils sont. Il faut que les escortes soient composées de compagnies de marche de 120 conscrits.

20,000 hommes doivent être réunis à Bayonne des dernières levées ; plus de 17,000 sont déjà présents. J'ai demandé qu'on fit partir, 1° cinq bataillons de marche composés de conscrits appartenant aux ler, 2e, 3e, 4e et 6e corps, formés de quatre compagnies chacun, ce qui fait près de 4,000 hommes; 2° trois bataillons de marche composés, le premier, de tous les conscrits habillés appartenant au 1er, au 6e et au 4e corps, et fort de 800 à 1,100 hommes; le deuxième, des conscrits disponibles des 3e et 5e corps, fort de 800 à 1,000 hommes; et le troisième, de conscrits disponibles des 2e et 8e corps, fort de 800 hommes; 3° un régiment provisoire de Bayonne formé de compagnies des 114e, 115e, 116e, 117e, 118e et 120e régiments d'infanterie de ligne, fort de 1,696 hommes. Il est fort important de diriger tous ces détachements, bien armés, bien habillés et bien équipés, sur les lieux que j'ai désignés. Il ne faut pas confondre avec ces bataillons de marche et ce régiment provisoire, les hommes isolés venant de la Grande Armée ou sortant des hôpitaux. Ces derniers devront être dirigés sur leurs régiments, à mesure qu'on en aura formé une compagnie de 120 hommes d'un même corps d'armée.

Dépôts de cavalerie. Le dépôt de cavalerie est à Pau, celui des équipages militaires est, je crois, à Auch. Le général Bourcier vient de passer la revue de celui de Pau. Prenez des mesures pour qu'il y ait des selles, et que tout ce qui est disponible parte. Profitez des estafettes pour écrire là-dessus aux ministres Dejean et Clarke.

Faites passer la revue des équipages du train. Ils ont laissé beaucoup de caissons à Bordeaux. Prenez des mesures pour que ces caissons soient attelés de mulets et qu'ils partent pour l'armée. J'ai assez de pièces ; indépendamment de celles que j'ai amenées de France , j'en ai pris un grand nombre à l'ennemi. J'ai besoin de boulets de 24 et, par-dessus tout, de caissons d'obus et de 12 ; s'il n'y a pas de caissons, envoyez-moi des munitions confectionnées d'obus et de 12. Expédiez-moi, par les premiers chevaux d'artillerie qui passeront, 3,000 obus et 3,000 coups de 12.

J'ai donné ordre qu'il fût mis 100,000 francs à votre disposition. Faites-moi connaître ce qu'il faut que j'ordonne pour lever tous les obstacles, et pour que je sois abondamment pourvu de souliers ; ce pays n'en fournit pas du tout. J'attends de votre zèle qu'avant le ler février les 16,000 conscrits qui sont à Bayonne seront en Espagne, où ils serviront merveilleusement sur mes derrières pour les garder; mais il faut qu'ils soient en bon état et qu'il ne leur manque rien.


Madrid, 21 décembre 1808

A l'Impératrice, à Paris

Tu dois être entrée aux Tuileries le 12. J'espère que tu auras été contente de ters appartements.

J'ai autorisé la présentation, à toi et à la famille, de Kourakine (Alexandre Kourakine - 1752-1818 - ambassadeur de Russie à Paris); reçois-le bien, et fais-le jouer avec toi.

Adieu mon amie; je me porte bien; le temps est pluvieux; il fait un peu froid.

Napolén

(Lettres à Joséphine)


Madrid, 22 décembre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

On se plaint du sieur Herman qui tient des propos à Paris. Pourquoi cet individu a-t-il ´rt´r à Paris, puisqu'il faisait partie de l'armée de Portugal ? C'est votre faute.Donnez-lui l'ordre d'en partir sur-le-champ pour se rendre à Bayonne. Témoignz-lui mon mécontentement de ses déclamations. S'il avait des rapports à faire sur de prétendues voleries de généraux, il ne les devait qu'à vous et ne devait pas en étourdir la société.

(Brotonne)


Madrid, 22 décembre 1808

A l'impératrice Joséphine, à Paris

Je pars à l'instant pour manoeuvrer les Anglais, qui paraissent avoir reçu leurs renforts, et vouloir faire les crânes. Le temps est beau; ma santé parfaite; sois sans inquiétude.


Madrid, 22 décembre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le général Clarke, vous donnerez l'ordre au prince de Ponte-Corvo d'évacuer tout le Danemark et de rendre les forteresses aux troupes du Roi. Je croyais avoir donné déjà cet ordre. Je l'autorise cependant à laisser garnison à Altona.


Madrid, 22 décembre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, donnez ordre au régiment du grand-duc de Würzburg, qui est arrivé à Metz, de continuer sa route sur Bordeaux.

Aussitôt que la division de 5 à 6,000 hommes, composée des bataillons des 75e, 28e et 58e de ligne et des détachements des 2e, 12e, 4e et 15e légers, sera prête et fournie de ses capotes, de ses deux paires de souliers dans le sac, etc. , vous la ferez partir pour Bayonne. Chargez un général de brigade du commandement de cette colonne, et qu'elle ait un séjour au moins tous les quatre jours de marche.


Chamartin, 22 décembre 1808

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, au Pardo

Mon Frère, le major général a dû vous envoyer vos ordres et vous faire connaître l'emplacement et la force des différents corps qui restent dans votre commandement pour la ville de Madrid.

Je vous envoie différentes notes que je désire que vous lisiez avec attention pour vous servir de règle.

Envoyez un général de brigade de votre suite à Guadalajara, pour prendre le commandement du corps qui s'y trouve et vous instruire directement de ce qui se passe. Si la division Ruffin n'était pas arrivée ce soir, envoyez sur le chemin de Tolède pour savoir pourquoi elle n'arrive pas.

NOTES.

L'Empereur est parti avec une force égale à celle qu'il laisse sous le commandement du Roi, mais un peu inférieure en cavalerie, pour se porter sur Valladolid.

Les coureurs doivent être aujourd'hui à Medina del Campo , et le maréchal Ney doit avoir son quartier général à Arevalo.

L'Empereur sera probablement cette nuit à Villacastin.

La manoeuçre des Anglais est extraordinaire. Il est prouvé qu'ils ont évacué Salamanque. Il est probable qu'ils ont fait venir leurs bâtiments de transport au Ferrol, pensant qu'il n'y avait pas de sûreté pour eux à se retirer sur Lisbonne, vu que de Talavera nous pouvons nous porter sur la rive gauche du Tage et leur fermer ce fleuve. Peniche d'ailleurs n'a pas de rade. Avec toute la cavalerie qu'ils ont, ils pensent ne pouvoir s'embarquer que dans un bon port et sous la protection d'une place forte. Tout porte donc à penser qu'ils évacuent le Portugal et qu'ils portent leur ligne d'opération sur le Ferrol, qui leur offre ces avantages.

Mais, en faisant ce mouvement de retraite, ils peuvent espérer de faire essuyer un échec au corps du maréchal Soult, et ils ne se sont décidés que lorsqu'ils se sont assuré une bonne retraite et pris leur direction sur la droite du Duero. 1° Ils peuvent ainsi avoir fait ce raisonnement : si les Français s'engagent dans Lisbonne, nous évacuerons sur Oporto et nous serons encore dans notre ligne d'opération du Ferrol. 2° Ils peuvent avoir l'espoir de recevoir de nouveaux renforts. Mais, quel que soit le projet des Anglais, il va donner lieu à des événements qui auront une grande influence sur la finale de toutes les affaires.

Le seul but réel du Roi doit être de garder Madrid. Tout le reste est de peu d'importance. Tous les débris des armées espagnoles même ne peuvent faire face devant les 8,000 hommes de cavalerie qui sont laissés au Roi.

Dans la position qu'occupe l'armée qui couvre Madrid, elle garde le Tage, la droite appuyée à Talavera et la gauche du côté de sa source, en avant de Guadalajara. L'ennemi ne peut venir que par l'Estrémadure ; et le duc de Danzig a le double de forces qu'il lui faut contre lui. Si, selon l'ordre que j'ai donné, il le bat dans la journée du 24 et l'éparpille bien , son corps deviendra entièrement disponible. Après l'affaire, il doit faire une tête de pont à Aimaraz , y laisser la division Lasalle et quelques compagnies de voltigeurs, et revenir avec son infanterie sur Talavera, pour aider aux manoeuvres générales que commandera l'Empereur à Avila et Ciudad-Rodrigo, ou bien se porter sur Tolède et Madrid, par les ordres du Roi, pour venir au secours de la capitale.

L'ennemi peut venir d'Andalousie. Nos postes ont été au Manzanares. La plaine est nue, et tout peut se borner de ce côté à repasser la Sierra-Morena. Au pis aller, le maréchal Victor, avec la division Latour-Maubourg, les divisions Ruffin et Villatte, aurait de quoi faire face à ce qui pourrait venir, soit du côté de l'Andalousie, soit du côté de Tarancon par Cuenca. Il paraît y avoir de ce côté plus de troupes, et il y a là une division qui couvre Valence et qui est dans les montagnes de Cuenca. On pense que le maréchal Victor doit donner quelques compagnies de voltigeurs à la brigade de cavalerie qui est à Tarancon. La position d'Aranjuez est très-bonne. C'est le vrai point pour s'opposer à ce qui viendrait, soit du côté de Cuenca, soit du côté d'Andalousie.

Il ne serait pas prudent de laisser Madrid avec la division Leval et la division Ruffin se portant pour soutenir le maréchal Victor, il faudrait que le corps du duc de Danzig rétrogradât de deux marches sur Madrid; et même, après le combat qu'il va livrer, on lui aurait donné cet ordre, si d'un côté on n'avait pensé qu'on serait assez à temps et que les événements qui vont se passer d'ici à peu de jours changeraient la face des affaires, et de l'autre si un mouvement rétrograde n'était pas toujours d'un mauvais effet. Si Talavera était évacué et que l'ennemi y rentrât, ce serait sans doute d'un mauvais effet. Cependant cette considération ne devrait pas arrêter, s'il y avait nécessité, mais elle n'existera pas tant que l'Empereur laissera ces forces à Madrid.

Quant à Madrid, il y a cinq pièces courtes avec affût; il faut les mettre en batterie. On a travaillé aux fortifications ; il est essentiel d'y travailler avec activité. Il faut placer les établissements et magasins dans la Porcelaine, activer la confection de l'habillement et veiller à ce que le Retiro soit prêt pour 4 à 5,000 hommes pour un mois. Si le génie fait son devoir et est secondé, dans dix jours les 3,000 Allemands, avec un commandant ferme, doivent pouvoir s'enfermer dans la Porcelaine et être en état d'y tenir dix jours contre toutes les forces de l'Espagne réunies, jusqu'à ce qu'ils aient été dégagés.

Le Roi , en passant du Pardo par le dehors de la ville, fera bien d'aller voir les magasins ; et, dans deux ou trois jours, il pourra aller voir le palais, toujours en passant par le dehors de la ville.

Il faut faire continuer la signature du registre comme à l'ordinaire, poursuivre l'exécution des mesures ordonnées par l'Empereur avec la plus grande activité, telles que le placement des meubles provenant des maisons des condamnés, dans le Retiro, et la recherche de leurs biens, presser les confections d'habillements et organiser des magasins au Retiro.

Quant à l'habillement des troupes du Roi, l'Empereur a ordonné que 1,200 vestes et culottes rouges , chapeaux, etc., fussent mis à la disposition du général Salligny pour habiller le bataillon espagnol étranger ; que 400 vestes blanches, 400 culottes bleues, chapeaux, etc. , fussent remis à l'Escurial pour les recrues de la garde royale. On peut les prendre dès aujourd'hui et en habiller ces recrues, afin que ce corps de l'Escurial ait une tournure. On suppose qu'ils sont déjà habillés et armés. Si cela est ainsi, ils pourraient déjà rendre des services au moins pour les communications, surtout s'ils ont des officiers et des sous-officiers de la Garde. On pourrait donc mettre 150 hommes au Puerto de Guadarrama, 150 à la poste, où est le piquet de gendarmerie, 150 à moitié chemin de Guadarrama à Villacastin et 150 à Villacastin; ce qui ferait 600 hommes. Le Roi pourrait encore faire mettre 150 hommes et une demi-compagnie de cavalerie à mi-chemin entre Guadarrama et Ségovie, afin d'avoir fréquemment des nouvelles de cette ville, où doivent être conduits nos blessés et les prisonniers que nous ferons. Il y a dans ces différents postes 6 gendarmes d'élite auxquels ils prêteront main-forte. Il faudrait mettre dans leur uniforme un signe qui les distinguât des Espagnols, tel qu'une raie bleue au bras, par exemple. Le reste pourra garder l'Escurial, et, sur l'état de situation qui en sera envoyé au major général, on pourrait en faire venir 400 pour réunir à la garde du Roi. Il est nécessaire que le Roi ait au Pardo la moitié de sa garde à pied, sa cavalerie et son artillerie à pied; s'il peut y joindre 400 hommes du régiment dont il est fait mention ci-dessus, cela formera au Pardo une petite réserve de 2,000 hommes, qui ne peut qu'être utile.

Administration. Il faut prendre des mesures pour approvisionner les magasins de Madrid, y avoir 12,000 quintaux de farine, y diriger, lorsqu'on sera sur que nous sommes à Valladolid, 20,000 rations de pain, et après cela 20,000 rations de biscuit pour renfermer dans la Porcelaine. Le Roi enverra un de ses officiers à Ségovie, avec ordre de faire partir pour l'armée, en les dirigeant sur Villacastin, tous les jours, 5,000 rations de pain et 20,000 rations de vin ou d'eau-de-vie. Il sera nécessaire que demain le Roi envoie un de ses aides de camp au maréchal Victor à Aranjuez, et au général Latour-Maubourg, et un à Talavera au duc de Danzig. Il sera convenable de tenir un poste d'observation de 25 chevaux et de 50 hommes à pied entre Alcala et Madrid.

Il y a un dépôt de cavalerie à Leganes; il faut y réunir tous les détachements de cavalerie qui arrivent à l'armée. En moins de huit jours, il y arrivera plus de 1,000 chevaux, appartenant aux divisions Latour-Maubourg, Milhaud, Lasalle et Lahoussaye ; on les fera reposer, on en passera la revue, et on prendra mes ordres pour leur destination, sans en laisser partir aucun sans mon ordre. Si le Roi place là un de ses aides de camp pour les retenir et les réunir dans ce dépôt, il se procurera en peu de jours une ressource de 1,200 chevaux.

Quant aux hommes isolés, il y en a cinq dépôts au Retiro. Tout ce qui appartient au maréchal Soult, soit infanterie, soit cavalerie, sera dirigé sur Ségovie. Beaucoup de généraux arrivent, leur destination est ci-jointe.

Il faut avoir soin qu'aucun détachement ne parte, ni pour le corps du duc de Danzig, ni pour Aranjuez, ni pour aucun autre corps. On aura par ce moyen deux milliers d'hommes au Retiro en peu de temps. L'état en sera envoyé au major général, et, sur l'ordre de l'Empereur, on les fera partir, hormis ceux appartenant à la division Ruffin, en ayant soin qu'ils soient bien habillés, armés, équipés, et qu'ils aient leurs cinquante cartouches par homme.


Madrid, 22 décembre 1808

Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire, à Paris

Sa Majesté part, en ce moment, pour suivre la direction de Valladolid et se rapprocher du point où il peut y avoir encore des opérations intéressantes. Elle m'ordonne de vous écrire les détails ci-après, sans faire connaître cependant s'ils sont destinés à être rendus publics textuellement. Elle s'en remet à la prudence de Votre Altesse Sérénissime, qui jugera ce qu'il convient de dire pour satisfaire l'impatience du public et dissiper des inquiétudes qui seraient extrêmement mal fondées.

Les Anglais ont enfin donné signe de vie; il paraît qu'ils abandonnent le Portugal et qu'ils prennent une autre ligne d'opération. Ils ont marché sur Valladolid. On est en mouvement, depuis trois jours pour les manoeuvrer et se porter sur leurs derrières. Des événements intéressants peuvent bientôt avoir lieu. Si les Anglais ne se dirigent pas vers la mer et ne nous gagnent pas de vitesse, il sera difficile qu'ils échappent, et ils payeront cher l'entreprise qu'ils ont osé former sur le continent.

Le secrétaire d'État, H. B. Maret


Chamartin, 22 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Chamartin

L'artillerie de la division Dessolle et sa 1e brigade se mettront en marche pour se rendre sur la route de Guadarrama; la 2e, aussitôt que la tête de la division Ruffin sera arrivée. Cette division couchera demain entre Guadarrama et Villacastin. Le général Dessolle fera connaître, par un aide de camp, l'endroit où il couchera ce soir, le lieu où sera sa 2e brigade, et où il couchera demain. S'il ne reçoit pas d'ordres, il continuera sa route à grandes marches sur l'armée qui se réunit à Medina del Campo, le général Dessolle pourra partir dès qu'il saura que la tête de la division Ruffin est à une lieue de Madrid.

Donnez ordre au régiment de hussards hollandais de partir avec tout ce qu'il a de disponible. Il fera partie de la brigade d'Avenay, ce qui fera 700 chevaux. Il joindra à las Rozas.


Chamartin, 22 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin, donnez ordre au général d'Avenay de prendre le commandement de trois escadrons de dragons, savoir : un escadron du 12e de dragons, fort de 180 chevaux, un du 16e, fort de 116 chevaux, et un du 21e, fort de 130. Le général d'Avenay se rendra à cet effet au dépôt de Leganes. Il y a à ce dépôt d'assez forts détachernents des 15e et 22e de chasseurs et du 2e de hussards. S'il peut y réunir des chevaux en bon état et former une cinquantaine d'hommes, il les réunira sous son commandement; mais il faut que les chevaux soient en bon état et puissent marcher. Il passera la revue de cette troupe aujourd'hui et partira à quatre heures après midi, pour aller coucher au village de las Rozas sur la route de Guadarrama ; il aura soin que ses dragons aient du pain pour deux jours, qu'ils aient des cartouches et leurs fusils en bon état. Demain il partira à la pointe du jour pour passer la montagne, suivra la route de Villacastin et le mouvement de la Garde impériale.

Le général Paris aura le commandement supérieur du Retiro.


Chamartin, 22 décembre 1808

A Alexandrer, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin, donnez ordre au général Dessolle qu'il donne ordre au bataillon du 43e, à l'obusier et à une pièce de canon, de rejoindre à marche forcée sa division, deux bataillons du 55e étant suffisants à Guadalajara. Ainsi le bataillon qu'il a avec lui suivra sa division. Par ce moyen, sa division sera entière, hormis deux bataillons du 55e.


Chamartin, 22 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Chamartin

Mon Cousin, écrivez au général Mathieu Dumas que le maréchal Ney a eu son quartier général à Villacastin hier, qu'il sera demain à Medina, que moi-même j'y seri de ma personne; que toute la Garde est partie; que probablement le 24 ou le 25 au plus tard nous serons à Valladolid ; que le générai Tilly commande à Ségovie, où il a une forte garnison ; qu'il faut faire connaître ces nouvelles au maréchal Soult, pour qu'il se règle en conséquence; que, si le général Delaborde, qui doit avoir été rejoint par sa 2e division, a reçu des ordres du maréchal Soult et les a exécutés, il a bien fait; que s'il n'a pas reçu d'ordres de ce maréchal, il doit marcher sur Palencia, se réunir au général Lorge et faire sa jonction sur moi, soit par Valladolid, soit par la gauche, si les Anglais veulent tenir à Valladolid ; que le principal est que le général Delaborde ne reste pas à Burgos, point trop éloigné de l'ennemi et du théâtre des événements; il devinera par les mouvements de l'ennemi ce qui se passera. Nous serons probablement le 25 à Valladolid ; qu'il fasse faire du pain à Burgos; qu'il le se dirige sur Valladolid ; que, jusqu'à ce que les communications soient ouvertes avec Valladolid, il retienne à Burgos tout ce qui arriverait pour l'armée : estafettes, courriers, caissons, convois, officiers d'ordonnance des maréchaux Mortier, Moncey, etc. On n'écrit pas au maréchal Soult, ni au général Lorge, ni au général Delaborde; mais cette lettre leur est commune. En cas de réunion du général Lorge avec le général Delaborde, du général Millet, du général Loison avec le général Delaborde, c'est le général Delaborde qui commandera.


Chamartin, 22 décembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général, à Chamartin

Mon Cousin, faites connaître aux corps des maréchaux Victor et duc de Danzig, aux divisions Lasalle, Milhaud, Latour-Maubourg et à la garnison de Madrid, que j'ai nommé le roi d'Espagne mon lieutenant, et que, jusqu'à mon retour à Madrid, les corps désignés ci-dessus recevront ses ordres. Le maréchal Jourdan expédiera les ordres du Roi, comme chef de son état-major. Vous ferez connaître au Roi que le corps du duc de Danzig est à Talavera de la Reina; qu'il est composé de la division Sebastiani de quatre régiments francais, formant 6,000 hommes; de la division Valence de trois régiments polonais, formant 4,000 hommes; du 5e régiment de dragons et d'un régiment de chevau-légers westphaliens de 800 hommes, et de vingt-quatre pièces de canon; que la division Milhaud est en avant de Talavera, composée de trois régiments de dragons et de six pièces de canon; que la division Lasalle est à Almaraz (l'ennemi occupant le pont sur la rive gauche du Tage), composée du 10e régiment de chasseurs, du 9e de dragons, des lanciers polonais et du 5e de chasseurs, formant deux brigades; que j'ai donné l'ordre au duc de Danzig d'attaquer les 10 ou 12,000 hommes qui sont derrière Almaraz dans la journée du 24, de leur prendre leurs canons, de les faire poursuivre par sa cavalerie et de les éparpiller; ce qui produira deux effets : le premier, d'avoir des nouvelles positives de ce qui se passe en Portugal, ensuite d'être à même de marcher sur Madrid, Ciudad-Rodrigo ou Tolède, selon que les circonstances l'exigeront.

Vous ferez connaître au Roi que le corps du maréchal Victor est à Tolède composé des deux divisions Ruffin et Villatte; que la division Ruffin a eu ordre de se rendre à Madrid, où elle doit arriver ce soir; que le corps du maréchal Victor avec la division Villatte a ordre de se rendre le 24 à Aranjuez en laissant un bataillon, le 26e de chasseurs et deux pièces de canon à Tolède; que ce maréchal aura sous ses ordres la division Latour-Maubourg, composée de six régiments de dragons partagés en trois brigades, avec six pièces de canon; qu'une de ces brigades est à Madridejos, ayant des reconnaissances sur Manzanares; qu'une autre brigade est à Tarancon, et la 3e brigade à Aranjuez, observant la route de San-Clemente; que le 55e de ligne et deux pièces de canon se trouvent à Guadalajara; que ce régiment, qui est là en observation, est également sous les ordres du maréchal Victor; que le général Latour-Maubourg a dû lui envoyer 150 chevaux; qu'il est convenable que le Roi envoie le général Merlin ou un de ses généraux de brigade, intelligents, qui puisse sans difficulté commander, et un colonel pour éclairer les routes de Valence et de Saragosse, avec l'instruction de ne jamais se laisser couper de Madrid; que la ville de Madrid a pour garnison la division Leval, composée de deux régiments allemands, avec huit pièces de canon, un régiment de hussards hollandais, et la division Ruffin qui arrive ce soir; et que la division Dessolle laisse une brigade à Madrid, jusqu'à ce que la division Ruffin soit arrivée.

RÉCAPITULATION. Corps du duc de Danzig : 10,000 hommes d'infanterie, 700 de cavalerie, 24 pièces d'artillerie; division Milhaud, 1,300 hommes de cavalerie et 6 pièces d'artillerie; division Lasalle, 2,000 hommes de cavalerie; total, 10,000 hommes d'infanterie, 4,000 de cavalerie, 30 pièces d'artillerie.

Corps du maréchal Victor : division Villatte, 5,000 hommes; division Ruffin , 6,000 , 400 pièces d'artillerie; division Leval, 3,000 hommes et 8 pièces d'artillerie; 55e régiment, 3,000 hommes; total, 17,000 hommes et 48 pièces d'artillerie.

Division Latour-Maubourg : 3,000 hommes de cavalerie et 6 pièces de canon; 300 du 26e de chasseurs; 300 hommes des chevau-légers hollandais; total, 3,600 hommes de cavalerie et 6 pièces de canon.

Garde royale : infanterie, 2,000 hommes; cavalerie, 300; artillerie, 6 pièces.

Il y aura donc sous les ordres du Roi : infanterie, 28,000 hommes; cavalerie, 8,000; artillerie, avec les sapeurs , les dépôts, etc., 4,000 hommes; soit 40,000 hommes et 90 pièces de canon.


Villacastin, 23 décembre 1808

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, au Pardo

Mon Frère, j'ai passé le Guadarrama avec une partie de ma Garde et par un temps assez désagréable. Ma Garde couchera ce soir à Villacastin. Le maréchal Ney est à Medina. Les Anglais paraissent être à Valladolid, probablement avec une avant-garde, et être en position à Zamora, Benavente avec le reste de leur armée. Il paraît qu'ils ont établi leur ligne d'opération sur la Coragne.

Dans vos instructions, vous aurez vu que la principale affaire est Madrid. La division Ruffin doit être arrivée. Faites mettre dans les journaux de Madrid que 20,000 Anglais sont cernés et perdus. Faites aussi mettre dans les journaux la lettre ci-jointe, qui fera voir aux Espagnols comment ils sont traités par leurs chers alliés, avec des observations sur ceux qui ont appelé les Anglais en Espagne, qui est ainsi dévastée par ses ennemis et ses alliés.

J'ai ordonné que, de Boceguillas, les hommes isolés, les convois et tout fût dirigé sur Ségovie, qui devient le centre des opérations de l'armée.

Je suppose que le maréchal duc de Danzig attaquera demain l'ennemi qui est devant lui, prendra son canon et le fera poursuivre par la cavalerie. Dès lors il deviendra disponible pour se porter sur quelque point que ce soit.

Le 2e de dragons doit être arrivé à Madrid. Les deux bataillons du 55e qui sont à Guadalajara ont besoin d'être conduits par un officier intelligent. S'ils étaient menacés d'être attaqués, ils pourraient se replier sur Alcala.

Le temps est assez froid.

Prenez des mesures pour que les postes de las Rozas et de Guadarrama soient bien organisés, afin de pouvoir communiquer.

Cette petite ville-ci s'est bien comportée; la plupart des habitants sont restés.


Arevalo, 24 décembre 1808

ORDRE POUR LE GÉNÉRAL LAHOUSSAYE.

Le général Lahoussaye se rendra avec sa brigade au premier village sur la route d'Olmedo. Il enverra 50 ou 60 hommes à Olmedo enlever les lettres de la poste et savoir des nouvelles de Valladolid. Il enverra ici un aide de camp prendre des ordres. Il fera faire du pain à Olmedo.


Tordesillas, 25 décembre 1808

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, au Pardo

Sire, l'Empereur me charge d'expédier un homme du pays à Votre Majesté. Nous sommes à Toro, à Tordesillas où est le quartier général impérial, à Valladolid, et notre cavalerie légère à Medina de Rio Seco. Nous avons pris quelques Anglais égarés. Rien n'est encore clair sur leur position ; tout porte à croire qu'ils se retireront sur la Corogne.

Nous espérons les joindre. Tout va bien ; nous sommes dans un pays abondant en pain et en vin.


Tordesillas, 26 décembre 1808, trois heures après midi

Au maréchal Ney, duc d'Elchingen, commandant le 6e corps, à Medina de Rio Secp

Je reçois, au moment même, des lettres du maréchal Soult datées de Carrion, ce matin à trois heures. L'officier n'a mis que douze heures pour venir. Voici sa position : il est à Carrion avec deux de ses divisions; la division Delaborde est à Paredes; le général Lorge, avec sa division de cavalerie, est à Frechilla; le général Franceschi est à Cardefiosa. Les Anglais étaient la droite à Villalon, la gauche à Sahagun. La Romana, de Léon, marchait pour se réunir aux Anglais. Le maréchal Soult croyait être attaqué demain 27 , et , dans cette hypothèse, il était incertain s'il n'attaquerait pas. Je lui ai mandé de n'en rien faire ; mais il devient urgent de concentrer vos troupes sur Medina de Rio Seco, afin de pouvoir marcher par Villalon ou Valderas. Je lui ai donné l'ordre, dès qu'il verrait l'ennemi en retraite, de le poursuivre l'épée dans les reins. Le maréchal Soult a 20,000 hommes d'infanterie et 3,000 hommes de cavalerie. Si vous entendiez le feu demain matin, il faudrait marcher droit sur le feu. Nous nous mettrons tous en marche demain, à la pointe du jour, pour Medina de Rio Seco.


Tordesillas, 27 décembre 1808, trois heures de matin.

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, au Pardo

Mon Frère, je reçois votre lettre du 24. Berthier vous écrit. Si l'ennemi entreprend un mouvement, ce sera probablement par Cuenca. On peut l'arrêter autant de temps que l'on veut au passage du Tage, qui est sans pont dans sa partie supérieure. L'ennemi n'a rien qui puisse résister à la division Latour-Maubourg et aux divisions Villatte et Ruffin. Je pense que vous aurez bientôt 2,000 hommes isolés appartenant à différents corps arrivant à Madrid. Il faut les organiser en régiments provisoires, et vous en servir pour garder le Retiro. Je suppose que le duc de Danzig a battu l'ennerni le 24, et qu'il sera de retour le 26 à Talavera. Donnez-lui ordre de revenir avec la division Sebastiani et la division Milhaud à Tolède; alors, en cas de mouvement de l'ennemi, vous pouvez réunir à Aranjuez les divisions Sebastiani, Villatte et Ruffin, les divisions Latour-Maubourg et Milhaud, le 26e de chasseurs et le 2e de hussards : c'est plus qu'il ne faut. Pendant que ces troupes se réuniraient sur Aranjuez , en cas de besoin la division Valence s'approcherait de Madrid, et le général Lasalle, soutenu de quatre compagnies de voltigeurs, garderait le pont d'Almaraz. Je crois que c'est là la position la plus naturelle. Je pense que le général Lucotte doit avoir des postes d'observation le long du Tage, aux différents bacs.

Le général Lahoussaye est entré à Valladolid. L'ennemi n'y a pas paru depuis huit jours, qu'il y a envoyé un parti de 100 hommes pour enlever l'intendant et prendre 300,000 réaux; il y a depuis renvoyé l'intendant. Le maréchal Soult est à Carrion. Les Anglais sont vis-à-vis de lui. Je suis, avec ce qui arrive de Madrid, sur la droite des Anglais. Les Anglais paraissent être au nombre de 36,000. Aujourd'hui je serai à Medina de Rio Seco, et probablement qu'aujourd'hui ou demain de grands événements auront lieu. Si les Anglais n'ont pas déjà battu en retraite, ils sont perdus; et, s'ils se retirent, ils seront poursuivis jusqu'à leur embarquement, de manière que la moitié certainement ne se rembarquera pas. J'ai déjà mandé qu'on ne nous envoie plus de pain. Il faut faire un peu de biscuit et en charger les charrois pour les autres divisions. Surtout qu'on approvisionne la Porcelaine.

Faites mettre dans les journaux et répandre partout que 36,000 Anglais sont cernés; que je suis à Benavente, sur leurs derrières, tandis que le maréchal Soult est devant eux. Et, si l'ennemi faisait un mouvement sur Aranjuez, faites des cérémonies pour célébrer ces succès. Cette nouvelle ne tardera pas à vous arriver. Envoyez-moi un millier d'exemplaires de la proclamation que j'ai faite, et un millier de journaux qui ont paru à Madrid depuis votre entrée.

P. S. Donnez le commandement du corps d'observation du général Lucotte au maréchal Victor.


IlMedina de Rio Seco

Au mar´chal Bessières, duc d'Istrie, commandant de la réserve de cavalerie

Le maréchal Bessières fera monter à cheval toute la cavalerie sous ses ordres, à six heures, et se portera à Aguilar de Campo, où se rend l'Ernpereur. Un aide de camp sera rendu à sept heures à Aguilar pour porter l'état de situation de toute la cavalerie; ne pas oublier si elle a son artillerie. Il enverra également un officier d'état-major pour faire avancer l'artillerie, si elle n'y est pas, et toute la cavalerie, soit celle du général d'Avenay, soit celle du général Maupetit.


Valderas, 29 décembre 1808

Au général Lefebvre-Desnouettes, commandant les chasseurs de la Garde impériale

Je reçois votre lettre. Je suppose que vous avez appelé à vous les Polonais qui étaient à Villafrechos. Le général Durosnel était arrivé ici. Il part à la pointe du jour pour vous rejoindre; il part pour vous rejoindre si l'ennemi occupe le pont avec l'infanterie. S'il n'est pas possible de le forcer, ne compromettez point ma Garde. Ce qu'il m'importe de savoir, c'est si l'ennemi prend sa retraite sur la route de Zamora ou sur celle d'Astorga. La route de Benavente à Zamora fait un angle très-aigu avec la route de Rio Seco à Benavente. Ainsi, en jetant des partis sur votre gauche, on devrait avoir des nouvelles, quoique je suppose que l'ennemi aura abandonné le pont, le maréchal Ney passant le gué à Villafer.


Benavente, 30 décembre 1808

Au général de Caulaincourt, duc de Vicence, ambassadeur de l'Empereur près l'Empereur de toutes les Russies, à Saint-Pétersbourg

J'ai partagé votre douleur de la mort d votre père. Vous savez que je lui étais sincèrement attaché. Il me semble qu'il était encore jeune. Ne doutez pas que je ne sois toujours le même pour votre famille.

(Brotonne)


Benavente, 31 décembre 1808

A l'Impératrice Joséphine, à Paris

Mon amie, je suis à la poursuite des Anglais depuis quelques jours mais ils fuient épouvantés. Ils ont abandonné les débris de l'armée de la Romana, pour ne pas retarder leur retraite d'une demi-journée. Plus de cent chariots de bagages sont déjà pris. Le temps est bien mauvais.

Lefebvre (Lefebvre-Desnouettes) a été pris. Il m'a fait une échauffourée avec 300 chasseurs; ces crânes ont passé une rivière à la nage , et ont été se jeter au milieu de la cavalerie anglaise. Ils en ont beaucoup tué; mais, au retour, Lefebvre a eu son cheval blessé : il se noyait; le courant l'a conduit sur la rive où étaient les Anglais, il a été pris. Console sa femme.

Adieu, mon amie. Bessières, avec 10,000 chevaux, est sur Astorga.

Bonne année à tout le monde.


Benavente, 31 décembre 1808

Au prince de Cambacérès, Archichancelier de l'Empire, à Paris

Mon Cousin, je reçois vos lettres des 20 et 21 décembre, où je vois qu'il a fait à Paris le même temps qu'en Espagne du 18 au 21. Les projets de lois auront sans doute été pris, car je ne les ai pas reçus. Vous aurez dû recevoir mon décret pour fermer le Corps législatif au 30 décembre.


Benavente, 31 décembre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Vous recevrez un décret pour la levée de la conscription de 1809. Il est nécessaire que vous arrêtiez avec M. Dejean un projet qui me fasse connaître ce qu'il faut pour les remontes, selles, attelages d'artillerie et équipages militaires, pour que les deux armées ne manquent de rien. Il est indispensable que nous nous tenions prêts au mois de mars, si l'Autriche voulait bouger, et il paraît que cette puissance est vivement intriguée par l'Angleterre. Il sera difficile, si le ministère anglais dure et que la nouvelle de la soumission de l'Espagne n'amène pas de changement, que les Autrichiens ne fassent pas quelque sottise.


Benavente, 31 décembre 1808

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, au Pardo

Mon Frère, mon avant-garde est sur Astorga. Les Anglais fuient, à toutes jambes et abandonnent munitions de guerre , caisses , bagages, etc. Il y a plus de deux cents voitures sur la route d'Astorga.

Le maréchal Soult a battu 3,000 hommes de la Romana à Mansilla, en a pris 1,500 et deux drapeaux. C'est Franceschi qui a battu ces 3,000 hommes avec sa cavalerie. Il doit être entré hier à Léon et marcher sur Astorga.

Les Anglais ont non-seulement coupé les ponts, mais même ils ont fait sauter les arches avec des mines, conduite barbare et inusitée à la guerre, et qui ruine le pays en pure perte. Aussi sont-ils en horreur à tout le pays. Ils ont tout enlevé, boeufs, matelas, couvertures, et, par-dessus cela, maltraité et bâtonné tout le monde. Il n'y avait pas de meilleur calmant pour l'Espagne que d'y envoyer une armée anglaise. Il faut faire relever cela dans les journaux. Urquijo peut y insérer des lettres écrites de Valderas, de Benavente, de Léon, etc., où ils ont chassé les moines, qui peindraient leurs brigandages. Leur force réelle est de 20 à 21,000 hommes d'infanterie et de 4 à 5,000 hommes de cavalerie, avec une quarantaine de pièces de canon. Ils doivent de la reconnaissance aux obstacles qu'a opposés le passage de la montagne de Guadarrama et aux infâmes boues que nous avons rencontrées.

La brigade hollandaise doit être à Madrid; si elle était encore à Aranda, envoyez-lui l'ordre de s'y rendre. Un bataillon hessois doit être à Ségovie : réitérez-lui l'ordre de s'y rendre. Vous avez bien fait de retenir le bataillon du 43e. Le commandant de Tolède a perdu la tête d'évacuer cette ville sans raison. Ce qu'il a vu sur ses derrières est un rassemblement de paysans, qui ont profité de la faute qu'a faite le duc de Danzig de ne pas laisser de postes à Talavera, pour faire une échauffourée.

La division Dessolle rentre à Madrid. Si vous n'êtes pas pressé de l'avoir, laissez-la deux on trois jours à Villacastin pour rallier son monde et se reposer un peu.

Je n'ai point de nouvelles de Saragosse.

Le général Lefebvre, commandant les chasseurs de ma Garde, s'est fait prendre. Je l'avais envoyé en reconnaissance avec un détachement de chasseurs de ma Garde, en lui recommandant de ne pas se compromettre. Il a passé la rivière vis-à-vis de Benavente et a rencontré 3,000 hommes de cavalerie anglaise qu'il a chargés ; il en a tué beaucoup; il a été obligé de céder au nombre; mais, en repassant la rivière, son cheval étant blessé, il se noyait, lorsque deux Anglais l'ont sauvé. Cette affaire m'a coûté une soixantaine de mes chasseurs, blessés, tués ou pris. Vous sentez combien cela m'a été désagréable. Le soir, j'avais 8,000 hommes de cavalerie au même endroit; mais les Anglais étaient déjà loin.

On s'aperçoit dans les campagnes que mes proclamations font du bien. Il faut en envoyer plusieurs milliers à Léon, à Salamanque, à Valladolid. Il faut faire faire des pamphlets espagnols qui peignent la mauvaise situation de l'Espagne, livrée à la mauvaise foi des Anglais. On peut en dire beaucoup de mal, car tout le monde en est mécontent. Il faut faire grand bruit des adresses de la ville de Madrid. Je pense que Madrid doit envoyer des députations à Valladolid, Salamanque, Léon, Guadalajara, Ségovie, Tolède, etc., pour inviter ces villes à faire la même chose. Il faut qu'elle fasse une adresse à toutes les provinces et qu'elle envoie des députations à Séville et à Valence, lorsque surtout cette première démarche des autres villes aura fait effet.

Vingt-deux compagnies de marche, faisant 3,000 hommes, doivent être arrivées à Madrid.


Benavente, 31 décembre 1808.

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Le bruit court à l'armée que j'ai nommé le sieur Coigny, aide de camp du général Sebastiani, capitaine, tandis qu'il n'est que lieutenant. Je suppose que vous n'aurez pas expédié mon décret, et que vous en aurez appelé de l'Empereur mal instruit à l'Empereur mieux informé; du moins tel était votre devoir. Vous me présenterez un décret pour le nommer lieutenant. J'ai voulu l'avancer d'un grade et non de deux. Si le décret disait : " Le sieur Coigny, lieutenant., est nommé capitaine ", ce qui serait une erreur de copiste, vous ne devriez pas l'expédier; mais s'il dit : "Le sieur Coigny, sous-lieutenant, est nommé capitaine ", il est clair qu'il est fait sur une fausse supposition.


Benavente, 31 décembre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Je crois vous avoir écrit qu'il n'y avait pas de difficulté à permettre aux généraux impliqués dans l'affaire de Bailen de voir leurs femmes et à mettre en liberté tous les officiers, hormis les quatre généraux qui ont eu la principale part dans cette affaire.


Benavente, 31 décembre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Faites partir des mouches et autres bâtiments pour porter les bulletins d'Espagne à Santo-Domingo. Faites préparer à Brest neuf vaisseaux et quatre frégates, avec le plus de vivres possible, lesquels se rendront tous devant Santo-Domingo et porteront 3,000 hommes. Il faudra partir à la fin de janvier. Santo-Domingo tiendra probablement plusieurs mois, et ces hommes débarqueront. S'il est pris, ces hommes iront à la Martinique.


Benavente, 31 décembre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Vous verrez que j'approuve les propositions que vous m'avez faites. L'opinion de tout le monde est que l'escadre de Flessingue pouvait sortir, surtout ayant la faculté de passer par le nord ; qu'elle pouvait même prendre des vaisseaux anglais. J'espère, moyennant ces dispositions, avoir bientôt à Toulon seize vaisseaux de ligne. Cette escadre de la Méditerranée m'intéresse au delà de ce que vous pouvez penser. C'est là surtout qu'une escadre peut m'être de la plus grande utilité.


Benavente, 31 décembre 1808

Au vice-amiral Decrès, ministre de la marine, à Paris

Faire partir deux frégates de Toulon pour Corfou, en les chargeant de poudre, de biscuit, de bombes et de boulets qu'on mettra en forme de lest. La guerre fournira ce qu'il sera nécessaire d'embarquer pour Corfou. Il ne faudra pas oublier une vingtaine d'affûts, des morceaux de fer et des rechanges. Ces frégates passeront l'été à Corfou ; cela est absolument nécessaire pour la défense de l'ile. Les bricks et la frégate qui sont à Corfou se rendront à Venise, où la frégate sera réparée, et l'équipage montera une frégate neuve que j'ai fait faire à Venise. Les bricks feront le service à Ancône et Venise, Si lafrégate ne pouvait pas entrer à Venise, elle pourrait aller à Venise.


Benavente, 31 décembre 1808

A M. Fouché, ministre de la polica générale, à Paris

J'ai lu avec intérêt l'Histoire du règne de Louis XV, par Lacretelle. Elle m'a paru, en général, bien écrite et faite dans un bon esürit.

Il n'y aurait pas de mal de tourner en ridicule le style pitoyable et larmoyant des ministres de Hollande. Cela demande à être fait avec un peu de tact.


Benavente, 31 décembre 1808

A M. Fouché, ministre de la polica générale, à Paris

Je suis instruit que des familles d'émigrés sous traient leurs enfants à la conscription et ls retiennent dans une fâcheuse et coupable oisiveté. Il est de fait que les familles anciennes et riches qui ne sont pas dans le système sont évidemment contre. Je d´sire que vous fassiez dresser une liste de dix de ces principales familles par département et de cinquante pour Paris, en faisant connaître l'âge, la fortune et la qualité de chaque membre. Mon intention est de prendre un décret pour envoyer à l'École militaire de Saint-Cyr tous les jeunes gens appartenant à ces familles, âgés de plus de seize ans et de moins de dix-huit. Si l'on fait quelque objection, il n'y a d'autre réponse à faire, sinon que cela est mon bon plaisir. La génération future ne doit point souffrir des haines et des petites passions de la génération présente. Si vous demandez aux préfets des renseignements, faîtes-le dans ce sens.

(Lecestre)


1 - 14 décembre 1808