1 - 15 novembre 1808


Bayonne, 3 novembre 1808, trois heures du matin

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Vittoria

Mon Frère, j'arrive au moment même à Bayonne. Toutes vos troupes sont disséminées. Je vous recommande de nous écrire au moins une ou deux fois par jour, pour que je sache où sont les corps.

Ayant couru à franc étrier une partie des Landes, je suis un peu fatigué.


Bayonne, 4 novembre 1808, quatre heures du matin

Au général Walther, commandant la Garde Impériale, à Bayonne

J'ai donné l'ordre au général Lefebvre de se rendre sur-le-champ à Saint-Jean-de-Luz avec son réogiment. Faites partir les grenadiers à six heures du matin, afin qu'ils puissent se trouver avant onze heures à Irun et pousser alors quelques escortes entre Irun et Hernani.

Les dragons devront se reposer aujourd'hui et partiront demain. Faites partir sur-le-champ les deux compagnies de fusiliers qui sont au camp, de manière qu'ils soient vers dix heures à Irun.

Je suppose que vous avez fait distribuer quatre jours de vivres à la Garde. Faites mettre en marche, à six heures du matin, les régiments de la Garde. Ils continueront leur route et iront aussi loin qu'ils pourront. Les grenadiers et chasseurs de la Garde partiront à six heures environ et iront aussi loin qu'ils pourront. Le régiment qui est à Hernani ira plus loin.


Bayonne, 4 novembre 1808

Au général Junot, duc d'Abrantès, commandant le 8e corps de l'armée d'Espagne, à la Rochelle

Vous trouverez ci-joint une lettre du ministre de la guerre. Je vois avec plaisir que le régiment provisoire de Rennes sera arrivé à l'heure qu'il est à Saintes et incorporé dans les régiments dont il fait partie. Quant au régiment provisoire que Dufour a laissé à Beaupreau, faites-le revenir, et seulement désignez, pour rester à Beaupreau , une compagnie de voltigeurs et une de grenadiers, des corps qui sont arrivés des plus entiers.

Le maréchal Lefebvre a attaqué les Espagnols en avant de Bilbao , les a battus et poursuivis l'épée dans les reins. Sur la gauche on les a battus et poursuivis également. Les prisonniers sont dirigés sur Bordeaux.

Vous devez avoir déjà reçu l'ordre de faire partir pour cette ville la 1e brigade de la division Laborde. Je vous écris, par la présente, que je désire que vous y envoyiez toute la division Laborde; elle sera bien à Bordeaux. Vous ferez occuper Saintes par les troupes qui sont plus éloignées. J'ai promu les colonels Foy, de l'artillerie, et Maransin, de la légion du Midi, au grade de général de brigade.

Envoyez-moi l'état des récompensés que vous croyez avoir été méritées par votre corps d'armée.

Je porte ce soir mon quartier général à Tolosa, et de là je continuerai. Je vous manderai bientôt de porter votre quartier général à Bordeaux. Je désire également que le général Dufresse se dirige sur Bayonne; il fera toujours partie de votre corps d'armée, mais , en attendant, il pourra être utile à Bayonne.

Deux compagnies du 6e régiment d'artillerie, appartenant au corps de la Gironde, étaient, à Bayonne, un effectif de 120 hommes environ pour les deux compagnies. J'ai ordonné qu'une des deux fùt complétée par l'autre à 120 et dirigée sur Pampelune. Vous ne devez plus compter sur cette compagnie. Le cadre de l'autre est dirigé sur la Rochelle, où il sera complété. On vous fournira une autre compagnie d'artillerie.

Mandez-moi si les officiers réformés vous arrivent.


Bayonne, 4 novembre 1808

A Joachim Napoléon, roi des Deux-Sicles, à Naples

Mon Frère, je suis arrivé à Bayonne. Je porte demain mon quartier général à Vitoria.

Les prisonniers que vous faites à Capri ne doivent pas être échangés. Il est nécessaire que vous en envoyiez l'état au ministre de la guerre et que vous placiez ces prisonniers dans un lieu sûr de votre royaume. Ils doivent être considérés comme prisonniers français, l'armée française étant la principale dans cette expédition. Une note de votre ministre des relations extérieures m'a appris la prise de Capri officiellement; cela est ridicule. Capri ayant été prise par mes troupes, je dois apprendre cet événement par mon ministre de la guerre, à qui vous devez en rendre compte. Il faut avoir soin de ne rien faire qui puisse, sous ce point de vue, blesser moi et l'armée française.


Bayonne, 4 novembre 1808.

Au maréchal Lefebvre, duc de Dantzig, commandant le 4e corps de l'armée d'Espagne, à Bilbao

L'Empereur, Monsieur le Maréchal, a vu avec peine que, sans ordre, vous aviez engagé une affaire avec le corps du général Blake qui , s'il fût encore quarante-huit heures dans cette position était dans le cas d'être pris ou du moins d'être attaqué plus avantageusement.


Bayonne 4 novembre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, donnez l'ordre à tout ce qu'il y a de disponible dans le dépôt du régiment hollandais à Saint-Denis de partir pour Bayonne; il doit y avoir une centaine d'hommes.

Les subsistances ne manquent pas ici, mais ce qui concerne les objets d'habillement va très-mal. Je ne découvre que vols et dilapidations. M. Dejean est horriblement trompé.

Différents événements ont eu lieu. Le maréchal duc de Danzig avec son corps a attaqué le général la Romana, qui, avec les meilleures troupes de ligne espagnoles, avait poussé jusqu'à trois lieues en avant de Bilbao, les a battues le 31, les a poussées l'épée dans les reins, est entré dans Bilbao et a continué sa poursuite. Le 26, le maréchal Moncey avait attaqué tout ce que l'ennemi avait sur la gauche de l'Ebre, leur a fait 1.200 prisonniers de ligne, parmi lesquels on compte 40 officiers.

Je porte aujourd'hui mon quartier général à Tolosa.


Bayonne, 4 novembre 1808

A M. Gaudin, ministre des finances, à Paris

Le service des postes va horriblement mal. Ma suite n'est pas arrivée; j'ai été moi-même obligé de courir à franc étrier. Il faut que le directeur général des postes ne distribue pas les gratifications à tort et à travers, mais donne aux fonds une destination mieux raisonnée. Tout le monde se plaint de ce que cette administration des postes ne prend jamais aucune mesure appropriée aux circonstances. Il faudrait vingt-cinq chevaux à chaque relais sur la route de Bayonne, surtout pendant tout le temps que les affaires d'Espagne peuvent durer. Donnez donc un ordre positif pour que ces vingt-cinq chevaux existent à chaque relais, et que le service marche avec activité.


Bayonne, 4 novembre 1808

A M. de Montalivet, directeur des ponts et chaussées, à Paris

Monsieur Montalivet, la route depuis Vendôme jusqu'auprès de Château-Renault, c'est-à-dire aux confins du département d'Indre-et-Loire, est horrible. Les convois d'artillerie y ont perdu plusieurs chevaux. Je vous avais prévenu, l'année dernière, que le préfet de Loir-et-Cher, par esprit de localité, ne faisait pas réparer cette route, mon intention est que vous reteniez tous les fonds de 1808 et 1809 affectés aux routes du département de Loir-et-Cher, et que vous les employiez à la route de Vendôme à Chàteau-Renault, enfin que dans le budget de l'année prochaine vous me proposiez ce qui sera nécessaire pour l'achever. Cette dépense ne peut pas être considérable. En même temps, vous témoignerez mon mécontentement au préfet sur cette vexation publique.


Bayonne, 4 novembre 1808

Au prince Cambacérès, archichancelier de l'Empire, à Paris

Mon Cousin , je suis arrivé à Bayonne le 3, à deux heures après minuit. Je pars dans ce moment pour porter mon quartier général à Tolosa. Les opérations sont commencées; l'ennemi est déjà battu de tous côtés; les prisonniers arrivent. Le temps est assez mauvais.


Bayonne, 4 novembre 1808

DÉCISION

Le major général, prince de Neuchâtel, met sous les yeux de l'Empereur un rapport du sous-inspecteur aux revues sur la confection de capotes et de 20,000 habils militaires, à Bordeaux. Il résulte de ce rapport que, par suite de l'extrême avidité de l'entrepreneur et de ses sous-traitants, 1° les salaires des ouvriers sont insuffisants ; 2° les capotes sont trop étroites, l'entrepreneur ne livrant pas aux ouvriers la quantité de drap accordée par le gouvernement, 3° l'installation des atetiers de confection est défectueuse; 4° qu'enfin une tentative de corruption, faite auprès des fabricants de drap de Lodève, a été rejetée par eux et portée à la connaissance de l'administration. Renvoyé au grand juge, pour faire arrêter, traduire devant les tribunaux et poursuivre selon la rigueur des lois les coupables, non-seulement comme voleurs et dilapidateurs des fonds publics, mais encore comme compromettant le service de l'armée. Le major général cassera, comme frauduleux, tous les marchés faits avec ces individus. Il chargera le préfet de la Gironde et le commissaire ordonnateur à Bordeaux de se concerter pour que le service n'en souffre pas et qu'il y soit pourvu.

Bayonne, 4 novembre 1808

Mon fils, j’arrive à Bayonne, je porte aujourd'hui mon quartier général à Tolosa. Les Espagnols ont été battus par le maréchal duc de Dantzig en avant de Bilbao; on les a mis en déroute, on a pris cette ville, et on les a poursuivis l’épée dans les reins. Cette action a eu lieu le 31 ; le 26, on a fait 1,260 prisonniers dans différents combats, qui ont eu lieu dans la Navarre. J’ai envoyé chercher par deux frégates le 6e régiment italien, qui était à l’ile d’Elbe ; il doit être actuellement à Perpignan.

(prince Eugène)


Tolosa, 4 novembre 1808, minuit.

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Vitoria

Mon Frère, je suis arrivé à six heures du soir à Tolosa. Je partirai demain à cinq heures, et j'arriverai à Vitoria dans la nuit. Je désire être logé hors la ville. Je pense que vous m'avez envoyé des escortes et surtout des relais de chevaux de selle jusqu'à mi-chemin de Mondragon à Villafranca. Je ferai sans doute toute la route à cheval; cependant des relais, chacun de quatre chevaux de voiture, peuvent m'être utiles. Je désire ne pas faire plus de quatre à cinq lieues sur le même cheval. Je désire arriver à Vitoria incognito et sans qu'on s'en doute. C'est pourquoi j'arriverai la nuit; on ne le saura que le lendemain. A neuf heures du natin, on pourra tirer soixante coups de canon.

Je viens de dicter tous les ordres de l'armée pour le maréchal Moncey, le maréchal Ney, au prince de Neuchâtel, qui les expédie; ce qui ne sera probablement fait que dans deux heures. C'est pourquoi je vous expédie un courrier dès à présent , de crainte qu'il n'éprouve un retard de deux heures.


Tolosa, 5 novembre 1808

A l'impératrice Joséphine, à Paris

Je suis à Tolosa; je pars pour Vitoria , où je serai dans peu d'heures. Je me porte assez bien , et j'espère que tout cela sera bientôt fini.


Tolosa, 5 novembre 1808

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny,je reçois votre lettre. J'approuve le parti que vous avez pris de renvoyer le courrier anglais. Je monte à cheval pour me rendre à Vitoria où je coucherai ce soir. Demain ou après, je vous enverrai ma réponse au monistère anglais. L'ennemi est poussé de tous côtés.

(Brotonne)


Vitoria, 6 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Vitoria

Mon Cousin, la route de Saint-Jean-Pied-de-Port à Pampelune sera organisée; il sera placé à l'étape un commandant d'armes, une garnison de 2 ou 300 hommes et un magasin de subsistances pour le passage; la route sera tenue en bon état et ouverte toute l'année; les mesures seront prises pour que les neiges soient déblayées Un des officiers du génie qui sont à Pampelune parcourra cette route, en fera le croquis, fera connaître les travaux qu'il sera utile de faire pour la facilité des transports d'artillerie, et les différentes mesures à prendre pour que, pendant l'hiver, les neiges n'en empêchent pas la communication. Le préfet des Basses-Pyrénées donnera des ordres et proposera spécialement un ingénieur des ponts et chaussées pour tenir en état la route de Saint-Jean-Pied-de-Port à Bayonne. Vous prendrez toutes les mesures pour l'exécution du présent ordre. Mon intention est, aussitôt que faire se pourra, d'établir la communication de l'armée par Saint-Jean-Pied-de-Port et Pampelune.


Vitoria, 6 novembre 1808

Au maréchal Bessières, duc d'Istrie, commandant le 2e corps de l'armée d'Espagne, à Pancorro.

Mon Cousin, le major général m'a mis sous les yeux vos dépêches du 5 novembre sur l'existence d'un corps de 24.000 hommes à Burgos. Si cela est, ce ne peut être que 12,000 hommes de l'armée de Castille qui ont évacué Logrono, et qui ne sont pas dans le cas de faire tête à 3 ou 4,000 de vos gens.

Je suppose que vous avez 5,000 hommes de cavalerie , 15,000 hommes d'infanterie et 40 pièces de canon. Le général Lapisse, avec 5,000 hommes d'infanterie, 12 pièces d'artillerie, deux régiments de cavalerie du corps du maréchal Victor formant 1,000 hommes, doit se trouver avec son infanterie à Miranda, avec sa cavalerie au débouché de la plaine. Le maréchal Victor occupe Orduna. J'attends de nouveaux renseignements pour lui envoyer des ordres.

Je suppose que, demain, vous aurez fait battre toute la plaine de Burgos, culbuté l'infanterie qui s'y trouve, occupé cette ville, et que vous m'aurez envoyé des renseignements sur toute l'Espagne.

Je désire que vous envoyiez de forts partis de cavalerie et d'infanterie sur Villarcayo pour avoir des nouvelles de ce qui se passe sur les derrières du général Blake.

Immédiatement après que vous aurez fini la mission que je vous ai donnée, en occupant Burgos, j'enverrai le maréchal Soult pour prendre le commandement de votre corps, et je vous donnerai celui de la cavalerie.

----

P. S. - Mon intention est de rappeler près de moi les chevau-légers polonais de ma Garde. Cependant je les laisserai encore pour quatre ou cinq jours.


Vitoria, 6 novembre 1808

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Vitoria

Je désire que vous me fassiez donner des renseignements, le plus tôt possible, sur les routes: 1° de Bilbao à Valmaseda; 2° de Valmaseda à Villarcayo; quelles sont les villes qu'on rencontre; quelle espèce de hauteurs l'artillerie peut-elle passer ? 3° de Villarcayo à Burgos; 4° de Villarcayo à Orduna; 5° de Villarcayo à Miranda ou tout autre point longeant l'Èbre; 6° de Villarcayo à Santander; 7° de Villarcayo à Reinosa. Dans chacune de ces sept routes, l'artillerie peut-elle passer ? Des détails sur chacune de ces sept routes.

Faites faire ces notes soit par le ministre de la guerre espagnol, soit par des gens pratiques du pays, et aussi par des officiers français qui aient vu et qui aient été dans le pays.

Faites-moi tracer sur une carte la grande route de Tolosa à Pampelune, la grande route de Vitoria à Pampelune. J'aurais besoin de ces renseignements avant dix heures du matin. J'ai besoin aussi des renseignements suivants, mais pourvu que je les aie demain, cela est suffisant ; déterminer les routes, depuis Pampelune jusqu'à Madrid; est-ce une chaussée faite ? On fera connaître quelles villes on trouve leur population; quelles rivières, quelles gorges, quels obstacles naturels. Même description pour la route de Saragosse à Madrid par Daroca. Ces trois routes doivent être faites très en détail. On pourra y mettre le temps; pourvu qu'on les ait demain, dans la journée, c'est suffisant. Recommandez, pour toutes ces routes, qu'on établisse les distances en lieues de France, ou du moins qu'on fasse connaître combien de toises contiennent les lieues dont on parlera.


Vitoria, 6 novembre 1808, minuit

Au maréchal Victor, duc de Bellune, commandant le 1er corps de l'armée d'Espagne, à Osma.

J'ai mis sous les yeux de l'Empereur votre lettre du 6, que votre aide de camp a dit avoir été écrite à midi. Sa Majesté, Monsieur le Maréchal, a été de ce que, au lieu d'avoir soutenu le général Villatte, vous l'ayez laissé aux prises avec l'ennemi, faute d'autant plus grave que vous saviez que le maréchal Lefebvre avait commis celle de laisser exposée une division de votre corps d'armée en reployant ses deux autres divisions sur Bilbao. Vous saviez, Monsieur le Maréchal, que cette division était exposée à Valinaseda, puisque le général la Bruyère avait communiqué avec elle le 5 au matin. Comment, au lieu de vous porter en personne, à la tête de vos troupes, secourir une de vos divisions, avez-vous laissé cette opération importante à un général de brigade, qui n'avait pas votre confiance et qui n'avait avec lui que le tiers de vos forces ? Comment, après que vous avez eu la nouvelle que pendant la journée du 5 la division Villatte se fusillait, avez-vous pu, au lieu de marcher à son secours, supposer gratuitement que ce général était victorieux ? Sa Majesté demande depuis quand la fusillade et l'attaque sont une preuve de la retraite de l'ennemi. Cependant, Monsieur le Duc , les instructions de M. le maréchal Jourdan étaient précises, de ne vous porter sur Miranda que quand vous seriez assuré que l'ennemi était en retraite; au lieu de cela, Monsieur le Maréchal , vous êtes parti lorsque vous aviez la preuve certaine que l'ennemi se battait. Vous savez que le premier principe de la guerre veut que dans le doute du succès on se porte au secours d'un de ses corps attaqués, puisque de là peut dépendre son salut. Dans l'autre supposition , votre mouvement ne pouvait avoir d'inconvénient, puisque votre instruction de vous porter sur Miranda n'était qu'hypothétique, et qu'ainsi sa non-exécution ne pouvait influer sur aucun projet du général en chef. Voici ce qui est arrivé , Monsieur le Maréchal : la colonne devant laquelle le général la Bruyère s'est ployé a trouvé le général Villatte, qui, attaqué de front et en queue, n'a dù son salut qu'à son intrépidité et après avoir fait un grand carnage de l'ennemi; de son côté , il a peu perdu , et s'est retiré sur Bilbao, deux lieues en avant de cette ville, le 5 au soir.

La volonté de l'Empereur, Monsieur le Maréchal, est que vous partiez sans délai pour vous porter sur Orduna, que vous marchiez à la tête de vos troupes, que vous teniez votre corps d'armée réuni et que vous manoeuvriez pour vous mettre en communication avec la gauche du maréchal Lefebvre, qui doit être à Bilbao. N'ayant aucune connaissance ici de ce que l'ennemi peut avoir fait dans la journée du 6, ni de ce qu'il fera dans la journée du 7, vous devez vous conduire selon les circonstances. Dans tous les évènements, les débouchés d'Orduna, d'Amurrio et d'Areta assureront vos communications avec Vitoria. Je donne ordre au général Lapisse de se porter sur les hauteurs d'Orduna pour assurer votre mouvement. Vous pourrez le réunir à votre corps d'armée, aussitôt qu'il sera remplacé sur les hauteurs d'Orduna par les troupes du maréchal Bessières. Si cependant vous acquériez la certitude que l'ennemi ait évacué Valmaseda et Nava, et se fût, comme cela est possible, mis en retraite, vous pouvez arrêter votre mouvement, toutefois après vous être mis en communication, par vos coureurs, avec le maréchal Lefebvre, et avoir concerté ensemble vos mouvements.


Vitoria, 7 novembre 1808

A l'impératrice Joséphine, à Paris

Mon amie , je suis depuis deux jours à Vitoria; je me porte bien. Mes troupes arrivent tous les jours; la Garde est arrivée aujourd'hui. Le Roi est fort bien portant. Ma vie est fort occupée. Je sais que tu es à Paris. Ne doute pas de mes sentiments.


Vitoria, 7 notembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major général, à Vitoria

Mon Cousin, mon intention est que tous les hôpitaux entre Tolosa et Vitoria soient évacués, afin de donner place aux blessés qui seront le résultat des batailles qui vont avoir lieu. A cet effet , l'hôpital d'Escoriaza et celui de Vergara seront évacués sur Tolosa et, de là, sur Saint-Sébastien, et ces deux hôpitaux seront mis en état de recevoir chacun 300 blessés. L'hôpital de Vitoria sera évacué sur Pampelune, et cet hôpital sera mis en état de recevoir 1,500 blessés. Il sera établi un hôpital dans le fort de Pancorbo, ainsi qu'un magasin de vivres et d'effets militaires; on y transportera tout ce qui serait inutile à Vitoria.

J'ai fait réitérer les défenses les plus positives qu'aucun caisson des équipages militaires soit employés à porter des bagages. Faites-moi connaître ce qu'il y en a ici. Ils doivent tous être employés à transporter le biscuit à la suite de l'armée et, après les affaires, à aider à évacuer les blessées. Le magasin de 300,000 rations de biscuit, qui avait été ordonné pour Vitoria, sera transféré dans le fort de Pancorbo , à mesure que les envois arriveront de Bayonne. On accélérera la fabrique de pain à Vitoria, de manière à avoir toujours 40,000 rations de confectionnées, d'en avoir sous peu de jours 80,000 rations confectionnées, et de pouvoir donner quatre jours à tous les corps.


Tolosa, 5 novembre 1808

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Paris

Monsieur de Champagny, je reçois votre lettre du 1er. Je pense qu'il est convenable que vous restiez encore quelque temps à Paris

(Brotonne)


Vitoria, 8 novembre 1808, trois heures du matin

Monsieur le maréchal Bessièress, duc d'Istrie, commandant le 2e corps de l'armée d'Espagne, en marche sur Burgos

Mon Cousin, je n'ai point de nouvelles de vous depuis le 7, à midi. J'attends avec impatience toutes les nouvelles de la plaine. Si vous pouvez occuper Burgos et sa citadelle sans une grande affaire d'infanterie, vous pouvez l'occuper. La division de dragons Latour- Maubourg est prête à déboucher dans la plaine, ainsi que les deux autres régiments de cavalerie légère du général Beaumont , qui se rend aujourd'hui à Miranda ; ce qui vous fera un renfort de 6,000 hommes de cavalerie. Le général Mermet, avec le 3le d'infanterie légère, sera ce soir à Miranda.

Toute la Garde à pied et à cheval est arrivée hier ici. La division Marchand y arrive aujourd'hui. La division Bisson arrive aujourd'hui à Logrono. Ainsi voilà l'armée qui arrive tout entière.


Vitoria, 8 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major-général, à Vitoria

Mon Cousin, le général Bisson prendra le commandement de toute la Navarre et portera son quartier général à Pampelune. Le général de division Lagrange se portera sur-le-champ à Logrono pour prendre le commandement de la division Bisson. Le général de division Verdier se portera sur-le-champ au quartier général du maréchal Bessières pour prendre le commandement de la division Mouton. Le général Mouton reprendra son service près de moi. Le général Frère prendra à Vitoria le commandement de la province , en remplacement du général Lagrange. Le maréchal Soult partira demain pour Burgos et ira prendre le commandement du corps du maréchal Bessières. Aussitôt que le général Ricard, son chef d'état-major, sera arrivé , le général Guilleminot rejoindra le quartier général.

Quand le 118e sera réuni à Vitoria et aura été passé en revue, il se rendra à la division Bouet, à laquelle mon intention est qu'il soit attaché. Donnez ordre que le détachement du 15e de ligne qui est à Bilbao rejoigne son corps à Burgos. Le général Darmagnac se rendra à Burgos pour prendre le commandement de la Vieille-Castille.


Vitoria, 8 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major-général, à Vitoria.

Le général Lery se rendra ce soir au quartier général du maréchal Bessières pour entrer avec lui dans Burgos, faire armer sur-le-champ la citadelle. On doit commencer dès demain, pour faire tout ce qui est nécessaire pour la mettre à l'abri d'un coup de main, et me présenter un plan pour la mettre dans une situation où elle puisse être abandonnée deux mois à ses propres forces.

Le général la Riboisière enverra aujourd'hui un chef de bataillon d'artillerie au quartier général du maréchal Bessières, avec une compagnie d'artillerie. Il pourra prendre la compagnie d'artillerie qui est à Pancorbo, qu'il fera remplacer par une autre. Il donnera des ordres pour que cette compagnie entre dans la citadelle de Burgos, s'occupe sans relâche à la mettre dans le meilleur état de défense. Il dirigera sur cette citadelle dix pièces de campagne, de celles qui ne sont pas attelées, qui resteront là en dépôt, et qui, en attendant, serviront à la défense de la citadelle. On relèvera toutes les pièces, et on fera partir de Pancorbo des pièces en fonte de 16, pour les placer à la citadelle. Il fera venir sur-le-champ de Bayonne douze pièces de 24 légères, qui seront transportées par des boeufs et qui seront déposées à Burgos, si, au moment de leur arrivée, elles ne sont pas déjà nécessaires pour marcher sur Madrid ou toute autre place. Il est nécessaire que toutes les grosses pièces qui sont à Pancorbo soient mises en état. Le général la Riboisièie fera transporter à Burgos 500,000 cartouches et 2,000 coups de canon. La citadelle de Burgos doit être armée, approvisionnée et en état de se défendre le 11 au soir. Les pièces de 24 courtes qui sont à Bayonne, destinées pour le siège de Saragosse, sont inutiles pour ce siège : c'est ce qui me porte à donner l'ordre de les faire venir sur Burgos. Il faudrait faire également venir de Bayonne six mortiers avec les bombes nécessaires, tant pour armer Burgos que pour servir par la suite pour la prise ou l'armement de toute autre place, de sorte qu'on aura deux équipages de siège, l'un à Burgos, et l'autre servira contre Saragosse.

Il y a à Saint-Jean-Pied-de-Port 20,000 kilogrammes de poudres; donnez des ordres pour qu'ils soient expédiés sur-le-champ à Pampelune; ils seront remplacés par l'intérieur.


Vitoria, 8 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major-général, à Vitoria

Donnez des ordres et ordonnez les mesures que j'ai prises dans différentes circonstances pour que les armes des malades soient soignées et ne soient point perdues. Rendez-moi compte si les armes des 3,000 malades qui sont à Pampelune et des 1,100 qui sont ici sont soignées et déposées en lieu sûr. Il faut qu'il soit établi des salles d'armes et des garde-magasins dans chaque hôpital, pour que le commandant puisse visiter si les armes sont en bon état.


Vitoria, 8 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major-général, à Vitoria

Donnez l'ordre au général Marchand de faire partir la 1e brigade de son infanterie, aujourd'hui 8, pour arriver dans les villages près Vitoria. Elle prendra position dans les villages au débouché de la plaine, à une lieue de Vitoria. La moitié de son artillerie suivra le même mouvement, ainsi que l'artillerie de la division Bisson.


Vitoria, 8 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major-général, à Vitoria

Les régiments de cavalerie légère du général Beaumont se sont rendus à Miranda. Ils sont passés ici sans prendre mes ordres. Je ne puis qu'être mécontent de la manière dont se fait le service depuis que je suis arrivé. Vous prendrez des mesures pour que cela cesse. Aucun corps ne doit passer dans l'endroit où je suis, sans que vous donniez des ordres sur son placement. Il me semble que rien de tout cela ne se fait. Il y a des ordres donnés par d'autres généraux, cela ne doit pas être. Je vous rends responsable désormais de tout ce qui arrivera contre le service.

On a dissous le corps du maréchal Ney, on a fait différents changements sans mes ordres.

Mettez-moi sous les yeux les états de situation des commandants de place. Donnez enfin au service la direction qu'il doit avoir.


Vitoria, 8 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major-général, à Vitoria

Mon Cousin, je désirerais que tout ce que l'adjudant commandant Loinet et le général Wouillemont peuvent réunir, soit des chasseurs de la montagne, soit des troupes qui composent leurs colonnes, désormais inutiles pour la garde du département des Hautes-Pyrénées, de la Haute-Garonne, du Tarn et du Gers, pouvant former 3 à 4,000 hommes, se réunît et, sous les ordres de ces deux généraux, se portât sur Jaca, pour soumettre la vallée et se mettre en communication avec le corps qui fera le siège de Saragosse. Écrivez au général Wouillemont et à l'adjudant commandant Lomet pour savoir ce qu'ils peuvent fournir.


Vitoria , 8 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major-général, à Vitoria

Écrivez au maréchal Victor la lettre suivante :

L'Empereur suppose que, hier 7, le maréchal Lefebvre, à quatre heures après midi, a dû occuper Guenes, marchant sur Valmaseda. Par ce moyen, vos reconnaissances le rencontreront probablement dans la journée du 8. Vous pourrez concerter vos opérations.

Le général Merlin, qui est parti hier 7 , à midi , de chez le maréchal Lefebvre, y retourne et y sera le 8 , à deux heures après midi.

Aussitôt qu'on aura occupé Valmaseda et Nava, et que les forces de l'ennemi ne seront plus de ce côté, il est à désirer que vous reveniez , soit sur Miranda, soit sur Villarcayo.

Vous pourrez correspondre fréquemment par Amurrio et recevoir des ordres. Douze heures de retard, qui sont douze heures de repos pour la troupe, vous donnent plus de sûreté d'aller juste où veut l'Empereur.

Si vous rencontrez l'ennemi , de concert avec le maréchal Lefebvre, frappez-le ferme.

Faîtes désarmer les villages et casser les armes partout où vous passerez.


Vitoria, 8 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major-général, à Vitoria

Mon Cousin, envoyez l'ordre au maréchal Moncey de placer les deux bataillons du 116e dans la division Morlot, afin de porter cette division à 4,000 hommes. La division du général Mathieu doit être diminuée du ler régiment de la Vistule; ce régiment fait partie de la division Musnier. Par ce moyen, la division Mathieu sera diminuée de 1,000 hommes, qui lui sont compensés par le nouveau bataillon du 44e qu'elle a reçu; d'ailleurs, cette division sera toujours de 7,000 hommes, sans compter la cavalerie, et cela portera la division Musuier à 5,500 hommes. La division Morlot , augmentée du 116e, sera de plus de 4,000 hommes, et celle du général Grandjean, augmentée d'un bataillon de réserve et d'un bataillon supplémentaire, sera de 5,000 hommes. Ainsi le maréchal Moncey aura de disponibles, 1° la division Mathieu, avec les généraux de brigade Duget et Habert, 7,000 hommes d'infanterie; 2° la division Musnier, avec les généraux Brun et Razout, 5,500 hommes; 3° la division Morlot, avec le général Augereau, 4,000 hommes; 4° la division Grandjean , avec les généraux Laval et Rostollant, 5,000 hommes ; total de l'infanterie du corps du maréchal Moncey, 21,500 hommes.

La cavalerie commandée par le général Watier forme 1,600 hommes. Le général d'artillerie Couin reprendra le commandement de l'artillerie de la Garde; mais il ne quittera le corps du maréchal Moncey que quand il aura été remplacé par un autre général de brigade que désignera le général la Riboisière.

Une compagnie de sapeurs sera attachée au corps du maréchal Moncey, et, s'il est possible, une autre compagnie de pontonniers.

Quant à l'artillerie, chacune de ces divisions doit avoir 10 pièces de canon : il me semble qu'il n'y en a aujourd'hui que 36, c'est donc 4 pièces de canon qu'il faut tâcher de fournir. Il faut également fournir à ce corps trois compagnies d'un bataillon d'équipages militaires formant 108 voitures, dont 12 serviront pour le service de l'ambulance et le reste pour le transport du pain.

Vous donnerez des ordres positifs pour que le 119e et le 47e aillent rejoindre le corps du maréchal Bessières. La garnison de Pampelune restera forte du 7e bataillon de marche (jusqu'à ce que vous m'ayez présenté le travail d'incorporation), d'un bataillon irlandais, du ler bataillon de marche de Portugal, des grenadiers et des chasseurs des gardes nationales, des sapeurs et artilleurs destinés au siège de Saragosse et du dépôt, formé en quatre compagnies, des hommes écloppés et convalescents de tout le corps d'armée, qui sera réuni dans la citadelle; chaque compagnie se composera des hommes de la même division; elles seront spécialement chargées de la garde de la citadelle, et ne peuvent pas être évaluées à moins de 800 hommes ; ce qui portera la force de cette garnison à plus de 3,000 hommes. Ainsi le maréchal Moncey doit être prêt , avec 21,000 hommes d'infanterie, 36 ou 40 pièces de canon et 1,500 hommes de cavalerie, formant un corps de 24,000 hommes , à agir offensivement. Le général Bisson aura pour Pampelune et la Navarre ce que j'ai désigné pour la place de Pampelune, et la garnison de cette place dépendra de l'état-major et sera portée comme place. Donnez des ordres à Bayonne pour que tous les hommes des trois régiments de la Vistule, des lanciers polonais, et tous les hommes écloppés du corps du maréchal Moncey, soient dirigés sur-le-champ sur Pampelune. Faites-moi connaître de combien de compagnies se trouve composé le 70e, qui est de la division Mathieu. Il doit y avoir des détachements de ce corps à Bayonne et des conscrits qui ont été destinés pour compléter ses bataillons. Recommandez au général Drouet de faire faire des visites dans les hôpitaux de la 10e et de la 11e division pour rassembler les hommes en état de servir, les faire armer et habiller, et d'envoyer à Pampelune ceux qui appartiennent au corps du maréchal Moncey, à Saint-Sébastien ceux qui appartiennent aux autres corps, et à raison de 150 hommes par compagnie.

Le corps du maréchal Bessières sera composé de la division Merle, ayant les généraux de brigade Lefebvre et Gaulois, augmentée de quatre compagnies du 86e, du 1e bataillon du 119e et d'un bataillon supplémentaire, et formant 6,000 hommes ; de la division Bonet, augmentée du 118e, qui se trouvera être de 4,500 hommes, et de la division Verdier de 7,000 hommes; total , 18,000 hommes d'infanterie; de la division Lasalle composée du 10e et du 22e de chasseurs et du 9e de dragons , formant avec les Polonais de la Garde 3,000 hommes. Les Polonais resteront jusqu'à nouvel ordre. La division de dragons du général Milhaud, formant 9,500 hommes, sera attachée au même corps jusqu'à nouvel ordre. Ce corps aura donc 5,500 hommes de cavalerie. Chaque division devra avoir 12 pièces de canon ; la division Milhaud doit en avoir 6; ce qui portera sa force à 42 pièces de canon. Il doit y avoir une compagnie de pontonniers et une de sapeurs avec une division d'outils. Ainsi le maréchal Soult, qui va commander ce corps, aura 24,000 hommes.

Le maréchal Ney gardera jusqu'à nouvel ordre la division Dessolle, ce qui lui fera 23,000 hommes d'infanterie, 2,500 de cavalerie et 40 pièces de canon.

Le corps du maréchal Lefebvre restera comme il est.

La division Latour-Maubourg sera attachée à la réserve, ainsi que la division Milhaud, pour en être disposé selon les événements.


Vitoria, 9 novembre 1808

Au général Clarke, ministre de la guerre, à Paris

Moinieur le Général Clarke, je reçois l'état de situation de l'armée de Portugal au 26 octobre. J'ai vu avec plaisir que 14,300 hommes étaient déjà débarqués. Je suppose qu'il y a dans ces hommes des malades, des blessés et des hommes à réformer. Je vois qu'il y en aura encore 11,000 à débarquer; je suppose qu'ils le sont dans ce moment-ci.

Le 15e de ligne n'avait qu'un bataillon en Portugal; ce bataillon ne doit être que de six compagnies. S'il a 600 hommes présents, avec les hommes qu'il a au régiment provisoire de Rennes, il sera facilement porté au grand complet.

Le 70e doit avoir trois bataillons ; ce qui existe, avec ce qu'il y a au régiment provisoire de Rennes, formera 2,400 hommes. Il faut voir quand son dépôt pourra lui envoyer 200 hommes de renfort ; mais il faut que ce soient des conscrits bien habillés, bien armés et déjà décrassés. Il reste toujours au dépôt une centaine de vieux soldats sortant des hôpitaux qu'on peut envoyer.   

Le 47e, je crois, un bataillon et demi ; 1,200 hommes qu'il aura présents et 200 du régiment provisoire de Rennes feront 1,400 hommes; il lui manquera peu de chose pour le compléter.

Le 86e, qui a trois bataillons, a perdu 300 hommes par le naufrage; il n'aura que 1,600 hommes et, avec les 200 hommes du régiment provisoire de Rennes, 1,800 hommes. Il faudra, si son dépôt ne peut compléter ses trois bataillons, n'en garder que deux et envoyer au dépôt le cadre du 3e, en ôtant les sous-officiers et soldats pour compléter les deux premiers. Pour le bataillon suisse, il faut faire partir de son dépôt tout ce qu'il y a de disponible pour le compléter.

Ainsi je vois que la 1e division sera forte de plus de 9,000 hommes. Le général Laborde la commandera. Le général Foy et un autre général que vous me proposerez , en choisissant des hommes de guerre, seront employés dans cette division.

La 2e division n'est composée que de 4e bataillons. Il faut envoyer aux 2e, 4e, 12e, 15e, 39e et 58e des détachements des dépôts de Paris pour compléter chaque bataillon à 840 hommes. Passez vous-même la revue de ces dépôts, et ayez soin que ces hommes partent habillés, armés et avec de bonnes capotes. Ainsi cette 2e division sera portée au moins à 5,000 hommes.

La 38 division, en y incorporant la brigade Dufresse et le ler bataillon de l'armée de Portugal et ce que les dépôts de ces régiments peuvent encore fournir, sera facilement portée à 6,000 hommes.

Ce corps d'armée sera donc promptement porté à 20,000 hommes d'infanterie.

Quant à la cavalerie, toutes les mesures ont été prises pour la monter. Faites-y envoyer des officiers des dépôts. Je vois qu'il y a 118 hommes du bataillon du train et 107 du bataillon des équipages. Le reste aura sûrement débarqué.

Donnez des ordres pour que la 1e division soit rendue à Bordeaux le 20 novembre, qu'elle ait ses douze pièces d'artillerie, que les soldats aient leurs capotes et leurs souliers, et se trouvent en état.

Faites-moi connaître si la 2e et la 3e division pourront être rendues à Bordeaux le ler décembre.

Le général Loison commandera la 2e division; le général Heudelet la 3e. Le général Travot commandera la 13e division militaire. Le général Fuzier sera employé dans une division militaire. Vous me présenterez deux généraux de brigade pour chacune des deux dernières divisions.


Vitoria, 9 novembre 1808, à neuf heures du matin

Au maréchal Bessières, duc d'Istrie, commandant le 2e corps de l'armée d'Espagne

J'ai vu avec peine qu'au lieu d'ambitionner la gloire d'entrer à Burgos, vous préfériez la céder à un autre. Votre résultat du 8 n'a pas rempli mon attente. Vous ne me donnez aucun renseignement; et comment pourriez-vous m'en donner ? Vous étiez à dix lieues de votre avant-garde; le général Lasalle, qui la commande, était à cinq lieues de Burgos, de sorte que tout finissait par un colonel qui ne sait pas ce que l'on veut faire. Est-ce ainsi, monsieur le maréchal, que vous m'avez vu faire la guerre ? Si vous aviez été à trois heures du matin aux avant-postes avec votre infanterie en échelons pour tenter une affaire d'avant-garde, votre cavalerie pour pousser des reconnaissances dans toute la plaine, vous auriez su positivement ce qu'il y avait à Burgos, et vous auriez rempli mon but. Tout me porte à penser qu'il n'y a dans Burgos que 8 à 10,000 coquins de l'armée de Castille, qui ne sont pas dignes d'être nommés et qui osent faire des sorties de 3 à 4000 hommes dans la plaine devant mes troupes. Il faut plus d'activité et de vigueur que cela. Est-il possible, qu'avec 5,000 hommes de cavalerie vous n'ayez pas pu inonder la plaine de Burgos de tous côtés, et savoir ce qu'il y a ?

Vous restez avec le maréchal Soult pour commander la cavalerie. J'ai besoin de renseignements précis pour régler mon mouvement et former mon plan. Si vous commandez ma cavalerie et que vous suiviez la même méthode, je ne saurai jamais rien. Avec une pareille manière de se conduire, il est impossible que les troupes gardent du moral. Quant au général Lasalle, il est inconcevable qu'il ne couche pas à ses avant-postes ? Comment les deux bataillons de Zalduendo ne devaient-ils pas être enlevés ?

(Lecestre)


Arminon, 10 novembre 1808

Au général Lauriston, aide de camp de l'Empereur

Le général Lauriston prendra le commandement de l'artillerie de la Garde. Il y a ici 14 pièces de canon, mon intention est qu'il y en ait 36; il en manque donc 22. Il prendra donc ces 22 pièces dans l'artillerie du ler corps, dont l'infanterie est dans les montagnes.

L'artillerie du ler corps est composée de trois divisions dont un parc; le parc est près de Vitoria; les deux autres sont dans les environs de Miranda.

Vous prendrez 22 pièces, de préférence l'artillerie à cheval, et, s'il y en a, quatre pièces de 12, afin qu'en les réunissant à celles de . . . . . il y ait une batterie de six pièces de 12.

Les 36 pièces de la Garde seront distribuées de la manière suivante : 6 pièces avec les dragons et 6 pièces avec les grenadiers, 12 pièces avec les fusiliers, 12 pièces avec les chasseurs à cheval. Des 12 pièces avec les fusiliers, 6 pièces seront à chaque régiment.

Il fera en sorte qu'à la suite de l'artillerie de la Garde il y ait 400,000 cartouches d'infanterie.


Cubo, 10 novembre 1808

NOTE POUR LE SERVICE DU GÉNIE

L'Espagne est grande; l'Empereur ne veut point disséminer ses troupes. Il veut donc avoir tous ses magasins dans des points fortifiés. Saint-Sébastien est si près de Bayonne qu'à peine est-il de quelque avantage. Pampelune est extrêmement utile. Il n'y a rien à faire pour cette place; tout y est fait. Miranda est extrêmement important; il l'est tellement que l'Empereur veut le fortifier et y avoir une place ; de sorte que, depuis Bayonne et Pampelune, il soit le premier entrepôt où il puisse avoir ses magasins d'artillerie, de vivres, d'habillement ou autres objets précieux. La hauteur de Miranda est faite exprès pour cela. Il faut d'abord tracer une enceinte de 5 à 600 toises sur la hauteur même, en bonnes fortifications de campagne avec fortes et belles palissades. Cet ouvrage ne demande que des bras et de l'argent, et doit être fait en quinze jours. Mais 600 hommes ne pourront pas être en sûreté dans un si faible ouvrage; il faut, sur la hauteur, établir un deuxième rang de feux ou un réduit. En Pologne, un réduit eût été fait en bois, et l'opinion générale de l'armée a été qu'un tel réduit exigeait les procédés d'un siège. Ici, il est plus court d'employer la maçonnerie; une contrescarpe en pierres sèches, ou même en maçonnerie; un réduit qui n'aurait pas 120 toises de développement, en forme de redoute, ne peut être un grand ouvrage.

Sous la protection de ce réduit, on établira trois baraques en bois, une pour l'artillerie, une pour le service des vivres et l'autre pour la garnison. Il faut que Bertrand aille sur les lieux avec un ingénieur et trace un ouvrage comme je l'entends. Les pierres sont rendues sur les lieux.

A Pancorbo, je désire qu'on achève des barrières et plusieurs ouvrages qui sont indispensables, et surtout qu'on ferme la gorge, qu'on achève la communication du fort avec la batterie basse. Tout se réduit à achever cette batterie, ou on peut placer quatre pièces de canon, et à fermer la gorge.

L'intention de l'Empereur est qu'on travaille à Miranda avec activité et dans peu de jours. Ce fort doit servir en même temps de tête de pont; mais ce ne doit pas être le but principal. Une tête de pont est nulle quand on a passé la rivière. Il faut qu'il batte la route de Vitoria, et se défende contre l'ennemi qui viendrait de Vitoria et contre celui qui viendrait de Burgos. Il faut que tous les paysans d'Espagne réunis ne puissent pas le prendre en plusieurs mois ; il faut même qu'une division de troupes de ligne ne puisse pas le prendre avec du canon de campagne.

Il serait à désirer que , de la citadelle établie sur la hauteur, on pût s'appuyer de droite et de gauche à l'Èbre, de manière à fermer entièrement Miranda et en former une place. Peut-être pourrait-on avoir de l'eau dans la partie basse. Il faut aussi savoir si, dans l'été, il y a suffisamment de l'eau dans l'Èbre, si c'est une barrière, et si on peut facilement se fermer le long du fleuve.

Après Miranda, il faudra voir quel parti on pourra tirer du château de Burgos , et ainsi de suite. Toutes les trente lieues , c'est-à-dire toutes les trois marches, il faut qu'il y ait un pareil fort, où 4 à 500 hommes puissent être à l'abri de l'insulte et où on puisse renfermer les effets les plus précieux de l'administration, vivres, habillement et surtout des milliers de cartouches et de coups de canon, tout cela dans des baraques, quand on ne peut pas trouver des églises et des bâtiments déjà faits.


Cubo, 10 novembre 1808, trois heures du soir

A Joseph Napoléon, roi d'Espagne, à Briviesca

Mon Frère, je partirai à une heure du matin pour être rendu avant le jour à Burgos, où je ferai mes dispositions pour la journée, car vaincre n'est rien, il faut profiter du succès

Je crois que vous devez vous rendre à Briviesca demain.

Autant je pense devoir faire peu de cérémonies pour moi, autant je crois qu'il faut en faire pour vous. Pour moi, cela ne marche pas avec le métier de la guerre; d'ailleurs je n'en veux pas. Il me semble que des députations de Burgos doivent venir au-devant de vous et vous recevoir au mieux.

A mon arrivée, je donnerai tous les ordres pour le désarmement et pour brûler l'étendard qui a servi à la publication de Ferdinand. Donnez l'impulsion pour j'aime sentir que cela n'est pas pour rire.

On me mande que l'armée de l'Estramadure est détruite.

Si vous savez quelque chose du côté d'Orduna ou des maréchaux Lefebvre ou Victor, écrivez-le-moi. J'ai besoin de quelques nouvelles de ce côté-là pour agir.

Le général Dejean, qui commande 1,000 chevaux, est à Miranda pour protéger le passage des Espagnols qui vous accompagnent, celui du trésor, etc. , et des parcs que je dirige sur Burgos.


Burgos, 11 novembre 1808

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre, à Paris

Monsieur le général Dejean, j'ai passé aujourd'hui la revue du 118e et du 119e régiment d'infanterie. Ces régiments, qui ont leurs dépôts près de Bayonne, n'ont aucune comptabilité. Accordez-leur les fonds nécessaires pour confectionner des souliers, et des draps pour faire des habits et des capotes, qu'on enverra à Bayonne. Ordonnez aux majors de former en France la musique et tout ce qui est nécessaire à ces régiments, et de le leur envoyer. Tous les sept nouveaux corps sont dans ce cas.

Nous avons trouvé à Burgos des magasins de vivres de toute espèce; jamais je n'ai vu l'armée mieux nourrie. M. Denniée est un alarmiste lorsqu'il donne des craintes sur la subsistance. Mais les capotes et souliers vont mal; les caissons et les transports militaires sont restés en arrière. Il faudrait le major Thévenin, ou que vous envoyassiez un autre major à Bordeaux et, de là, à Bayonne, pour faire avancer tous ces équipages. Je vous recommande surtout le corps du duc d'Abrantès. Mon intention est qu'il vienne à Bayonne à la fin de novembre, et qu'il entre en Espagne immédiatement. Il est urgent que vous envoyiez aux corps ce qui leur est nécessaire pour qu'ils se fournissent de souliers, de capotes, et pour qu'ils entrent en bon état.


Burgos, 11 novembre 1808

A Eugène Napoléon, vice-roi d'Italie

Mon Fils, j'ai ordonné que les deux bataillons de ma garde italienne qui sont en Dalmatie rentrassent dans le royaume. J'ai reçu également votre lettre du . Le parti qu'a pris le général Saint-Cyr de mettre les dragons à pied n'a pas le sens commun. Je lui ai fait donner l'ordre de les faire remonter sur-le-champ.

(prince Eugène)


Burgos, 12 novembre 1808

Au comte de Fontanes, président du corps législatif, à Paris

Monsieur le Président du Corps législatif, mes troupes ayant, au combat de Burgos, pris 12 drapeaux de l'armée d'Estramadure, parmi lesquels se trouvent ceux des gardes wallonnes et espagnoles, j'ai voulu profiter de cette circonstance et donner une marque de ma considération aux députés des départements au Corps législatif, en leur envoyant les drapeaux pris dans la même quinzaine où j'ai présidé à l'ouverture de leur session. Que les députés des départements et des colléges électoraux dont ils font partie y voient le désir que j'ai de leur donner une preuve de mon estime.


Burgos, 12 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major-général, à Burgos

Mon Cousin, donnez l'ordre au général Junot, commandant le 8e corps de l'armée d'Espagne, de faire partir sa 1e division, le 20, de Bordeaux pour Bayonne, où elle sera le 27, et à la 2e et à la 3e d'être rendues à Bordeaux le 22. Donnez l'ordre au quartier général de ce corps d'être rendu à Bordeaux le 20. Faites connaître au duc d'Abrantès que je lui enverrai probablement l'ordre de porter son quartier général à Bayonne le 25, et de là en Espagne, sinon pour entrer en ligne, au moins pour garder mes derrières; qu'il accélère donc l'organisation de son corps d'armée. Je crois vous avoir mandé que le général Heudelet commanderait la 3e division de ce corps. Vous donnerez l'ordre au colonel du génie Vincent, qui doit être arrivé à Bayonne, de se rendre au quartier général, ainsi qu'au colonel espagnol qui est envoyé par le duc d'Abrantès.


Burgos, 12 novembre 1808

NOTE SUR LE FORT DE BURGOS

Le fort de Burgos consiste positivement dans le réduit. Le réduit n'est vraiment attaquable que du côté de la hauteur. Je voudrais contre cette hauteur deux cavaliers, l'un, de la hauteur actuelle du rempart, qu'on arme de huit pièces de canon, l'autre, de tours qu'on remplirait ou qu'on armerait, ou qu'on arrangerait de manière à pouvoir contenir deux petites pièces de canon. Ces tours, quoi qu'on en dise, ne s'abattent pas si vite qu'on croit; je me souviens qu'au siège de Milan on ne put abattre celles du réduit.

Que fera l'ennemi ? Il placera six pièces de 24 sur la hauteur pour battre en brèche, et emploiera six pièces de 12 pour répondre au feu du fort. En 48 ou 72 heures il culbutera les murailles; il fera deux effets : il détruira les batteries et fera la brèche, sans ouvrir de tranchée, sans sape. Mais il faut, après cela, monter à l'assaut en descendant un vallon et en le remontant. Si on lui présente un obstacle quelconque, et qu'on donne au fort une autre fermeture de ce côté, il est évident qu'il faudra qu'il détruise cette nouvelle enceinte avant que de monter à l'assaut. Je propose donc de fermer le fort, du côté dont il est question, par une contrescarpe, un fossé, un rempart et un glacis et un chemin couvert. Tout cela n'aura pas 50 toises de long. L'escarpe ni la contrescarpe ne seraient point apercues des batteries de 24 placées sur la hauteur. Il faudra que l'ennemi chemine et vienne se placer sur le glacis pour abattre cette escarpe, ce qui alors est un siège, et assez considérable. Cela doit-il être, en ligne droite, une espèce de flèche ou de demi-lune ? C'est le détail de l'ingénieur.

Le tout est d'avoir un point de fortification permanente que l'ennemi ne puisse pas détruire de la hauteur. Il doit être facile de défiler cette pièce de la hauteur. Il ne m'a pas paru qu'elle dominât à un point que cela fût difficile. On pourrait placer huit pièces de canon ; ce qui serait très-redoutable. On convient cependant que l'ennemi finira par renverser le cavalier, mais il n'aura rien fait.

Partout où on suppose que l'ennemi peut faire brèche, on fera un second fossé , de manière que je ne considère l'ouvrage actuel que comme un cavalier. Il n'a pas 200 toises de tour; c'est donc un fossé de 200 toises, un chemin couvert et une escarpe de 200 toises revêtue en maçonnerie dans les parties les plus importantes et saillantes, dans les autres renforcée par des palissades et les moyens ordinaires. On raserait ensuite tout ce qui s'élève inutilement, et, hormis le cavalier du côté de la hauteur, tout le reste serait rasé à 20 pieds d'escarpe ; et même on découvrirait avec prudence les parties enterrées, de sorte que, quand on supposerait que d'un coup de baguette on culbuterait tout le réduit maçonné, il resterait tout autour une enceinte, en partie de campagne, qui ne serait dominée que d'un seul côté.

Quant à la hauteur de l'église devant le fort, il y a beaucoup de choses à faire; d'abord un nouveau rang de palissades; ensuite il faut construire quelques redans qui flanquent tout et découvrent mieux le pied du côté opposé à la hauteur. Il ne peut y avoir aucune objection du côté de la hauteur.

Quant à l'eau, s'il y en a dans le fond, ce n'est pas une objection. On fera une caponnière bien couverte, un bon puits, et le diable n'attaquera pas cette redoute lorsqu'on sera maître de la hauteur. S'il est nécessaire de faire quelques blindages ou ouvrages de cette espèce, rien n'empêcherait de le faire.

Si dans le bâtiment neuf de la citadelle, ou pouvait faire en blindage un grand hangar couvert, ce serait suffisant. Cela ne doit pas coûter 300,000 francs, en prenant les bois dans le pays. Si, au contraire, on veut finir le bâtiment, c'est un ouvrage long, inutile pour nous.

Il faudra voir si, en mettant l'église à l'abri de la bombe, ce qui est nécessaire, on pourrait sur la plate-forme avoir un cavalier contre la hauteur, ce qui ferait deux cavaliers. Il serait possible que de la hauteur on ne pût pas voir le pied de ce deuxième cavalier, qui flanquerait l'ouvrage bas.

Tout cela en forme de fortifications permanentes, qui puissent soutenir un siège, mais cependant en ouvrages de campagne, en ce sens que cela ne durerait que trois ou quatre ans, ce qui suffit pour les circonstances et ce qui permet de faire plus vite.


Burgos, 12 novembre 1808

A Joachim Napoléon, roi des Deux-Siciles, à Naples

J'ai vu des décrets de votre part qui n'ont pas de sens. Vous ne cherchez qu'à réagir. Pourquoi rappeler des exilés et rendre les biens à des hommes qui ont les armes à la main et conspirent contre moi ? Je vous déclare qu'il faut prendre des mesures pour rapporter ce décret, parce que je ne puis souffrir que ceux qui ourdissent des complots contre mes troupes soient accueillis et protégés dans vos États.

La mesure pour les pêcheurs n'est pas plus prudente. C'est un moyen que les Anglai sachent plus tôt ce qui se passe.

Vous sacrifiez à une fausse popularité. Le moyen de la perdre est de mal marcher. Il est ridicule de lever le séquestre de dessus les biens, pour que cela aille alimenter ceux qui sont en Sicile. Il faut, en vérité, que vous ayez perdu la tête !

(Brotonne)


Burgos, 12 novembre 1808

ORDRE

Le colonel et les grenadiers à pied de ma Garde sont chargés de la garde de ma grosse voiture. Un officier et trois sentinelles seront tous les jours commandés pour la garder. Cette voiture, contenant les portefeuilles d'État, ne doit jamais tomber entre les mains de l'ennemi; et, en cas d'événement, le colonel doit y faire mettre le feu, en brûlant tout ce qui est dedans, sans permettre que quoi que ce soit en soit retiré.


Burgas, 13 novembre 1808, deux heures du matin

Au maréchal Bessières, duc d'Istrie, commandant la réserve de cavalerie, à Burgos

Mon Cousin, écrivez au général Milhaud que je crois qu'il sera arrivé à midi à Palencia; que j'attends avec impatience des nouvelles de ce qui se sera passé de ce côté-là, et surtout des renseignements sur ce qui se passe à Valladolid et dans le reste de la plaine; que je désire qu'il intercepte les courriers que le général Blake envoie en Galice et en recoit; que j'espère qu'il aura arrêté la poste qui va en Galice; qu'il faudra envoyer des partis au point où le chemin de Reinosa entre dans la plaine, parce qu'il est probable que les bagages et le parc du général Blake, sur la marche du maréchal Soult, auront évacué et se seront dirigés sur la Galice. S'il a de l'activité et du savoir-faire, il doit prendre tout cela. Recommandez-lui de nouveau une bonne discipline, et faites-lui comprendre qu'il serait fâcheux que la terreur précédât de huit jours la marche de l'armée.

Faites, dans la nuit, une proclamation aux habitants de Palencia et Valladolid; annoncez-leur que les habitants des villages qui ne seront pas évacués seront bien traités; qu'il n'est pas possible d'empêcher le désordre dans ceux qui ne sont pas habités.


Burgos, 13 novembre 1808, deux heures du matin

Au maréchal Bessières, duc d'Istrie, commandant la réserve de cavalerie, à Burgos

Mon Cousin, vous trouverez ci-joint une lettre du général Lasalle, que votre ordonnance a apportée au quartier général. Répondez-lui sur-le-champ que j'ai lu avec plaisir le rapport et les renseignements qu'il a donnés; que je suis fâché que les 400 hommes qui étaient égarés sur la droite n'aient pas été faits prisonniers; de maintenir la meilleure discipline et de faire réorganiser la poste de Lerma; d'avoir des renseignements sur les 24,000 hommes qui arrivent de Madrid; comment étaient-ils à Madrid ? Qu'il tâche de savoir ce que fait l'armée de Castanos. Qu'il envoie de petites patrouilles sur les chemins de traverse pour arrêter les courriers. J'espère aussi qu'il m'enverra plus de prisonniers; je n'en ai pas encore reçu. Cependant, en fouillant les villages, envoyant beaucoup de patrouilles sur les traverses, on aurait trouvé beaucoup d'hommes égarés. Il est bien fâcheux que le courrier expédié par le général de l'Estremadure au général Blake n'ait pas été pris.


Burgos, 13 novembre 1808

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Dejean, renvoyez la réserve de boeufs et proposez-moi des mesures pour réduire la dépense à Bayonne. Je n'ai pas besoin de vivres ; je suis dans l'abondance de tout. Il ne manque que les caissons et transports militaires, qui sont bien derrière, des capotes et des souliers. L'intendant est un homme inepte. Je n'ai jamais vu un pays où l'armée fût mieux et plus abondamment nourrie. Mais des souliers et capotes, voilà ce qui nous a manqué. Aucune des dispositions que j'avais ordonnées n'a été exécutée.


Burgos, 13 novembre 1808

A Alexandre, prince de Neuchatel, major-général, à Burgos

J'avais ordonné que le 118e fût réuni à Tolosa; cependant je vois encore des détachements dans l'état de Tolosa, du 8.

Avez-vous nommé des commandants d'armes, et organisé les routes et les postes d'ici à Miranda ? Que font 9 hommes du 119e dans la place de Vergara ? Avez-vous donné des ordres pour que les dépôts de cavalerie soient réunis à Vitoria ? Que font 21 hommes d'infanterie légère à Mondragon ? Que font 82 hommes du 118e à lrun ?

Écrivez au général Drouet de compléter le plus possible le 43e et le 5le à Saint-Sébastien, de manière que ces bataillons aient 800 hommes.

Pourquoi le bataillon du 86e n'est-il pas déjà ici ?

Donnez ordre, à Bayonne, que les détachements du 10e et du 22e de chasseurs, en état de faire la guerre, soient dirigés sur Burgos.

Je ne trouve pas dans l'état de Bayonne la situation des dépôts de conscrits, dépôt par dépôt. Il est nécessaire que cela me soit remis tous les jours.

Il doit être arrivé à Vitoria un bataillon de marche pour le 1er corps; faites-le diriger sur Burgos.

Donnez ordre, à Bayonne, que tout officier dirigé sur Burgos, soit d'état-major, d'artillerie et du génie, se rende au quartier général.

Dirigez toutes les compagnies de sapeurs arrivées à Bayonne sur Burgos, hormis six compagnies de sapeurs et trois compagnies de mineurs que vous dirigerez sur Pampelune, pour le siège de Saragosse.

Je trouve que vous avez, en général , peu de renseignements; mettez à l'ordre qu'ils soient plus exacts.

Présentez-moi les décrets pour la formation du 46e et du régiment supplémentaire.


Burgos, 13 novembre 1808, huit heures du matin

Au maréchal Soult, duc de Dalmatie, commandant le 2e coorps d'armée d'Espagne, à Huermeces

Mon Cousin, le major général me met sous les yeux votre lettre d'aujourd'hui, à minuit. La canonnade de Villarcayo est évidemment une attaque du maréchal Lefebvre contre le corps ennemi qui s'est porté là, dans le dessein de protéger Burgos.   Tâchez de communiquer, à l'Escudo, avec le maréchal Victor. Portez-vous hardiment sur Reinosa, avec la seule précaution de tenir votre corps réuni.

Le général Milhaud est arrivé à Palencia hier, à midi. Je lui ai ordonné d'envoyer un fort détachement sur Reinosa, en passant par Torquemeida, Melgar de Yuso, Herrera, Aguitar de Campo. Nous serons bien malheureux si nous n'avons pas un morceau de tout cela.

P. S. Quand je dis Reinosa, j'entends s'emparer de la ville, pousser des reconnaissances sur Santander, sur le chemin de Léon, à la rencontre des patrouilles du général Milhaud, et marcher à la rencontre de l'ennemi, s'il se retirait par Villarcayo.


Burgos, 13 novembre 1808

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à paris

Monsieur de Champagny, je reçois votre lettre du 6. J'emploierai volontiers le régiment de Wurtzbourg. Demandez à ce qu'il soit à cet effete dirigé sur Metz.

(Brotonne)


Burgos, 13 novembre 1808

ORDRE

La lettre ci-jointe du général Belliard et les pièces qu'elle renferme sont de nature à être soumises à Votre Majesté. Il est impossible de tolérer une telle absence de formes et d'égards. Je prie Votre Majesté de m'indiquer la conduite qu'elle veut que je tienne dans cette occasion.

Le comte d'Hunebourg, 29 octobre 1808.

Le major général me fera un rapport sur cette lettre et me fera connaître les raisons du général Belliart pour prendre ce ton avec le ministre.

Burgos, 13 novembre 1808.

Au prince Cambacérès, Archichancelier de l'Empire, à Paris

Je vous envoie une lettre pour le président du Corps législatif. Vous pourriez insinuer l'idée que le Corps législatif décrétât un monument sur les hauteurs de Mars (Montmartre), dans lequel serait conservée la mémoire de cette preuve d'estime que je donne au Corps législatif. Les collèges électoraux feraient les frais de ce monument. Tous les membres feraient à cet effet, une somme de 1,000 francs chacun dans l'espace de dix ans, c'est-à-dire de 100 francs par an : ce qui ferait 15 millions, on 1,500,000 francs par an. Une députation du Corps législatif serait chargée de me porter le voeu que le monument fût décrété avant la fin de la présente session. Il sera nommé une commission du Corps législatif, pour suivre les plans et devis et les détails de l'exécution. Qu'on mêle dans tout cela des idées du code de commerce, du code Napoléon, du code criminel, etc. C'est un moyen d'avoir un beau monument que la position de Paris réclame, et de le faire faire aux frais de personnes que cela ne gênera pas.

(Lecestre)


Burgos, 14 novembre 1808.

A M. Gaudin, ministre des finances, à Paris

J'ai signé le décret sur la division du territoire du grand-duché de Berg. Je vous renvoie le tableau des communes , ne sachant pas s'il marche avec le décret. J'ai gardé la division en trois départements.

Je vous renvoie le décret relatif à l'administration. Vous le discuterez dans un conseil composé des sieurs Regnaud, Pelet et Treilhard. Vous y ferez les changements convenables, et vous le presenterez à ma signature.

Quant aux affaires militaires, il y a une erreur dans les régiments de chasseurs. Les hommes qui sont en Espagne ne doivent plus être considérés comme faisant partie de la Garde, ce qui serait un abus. Je les payerai sur mon trésor de France à dater du 1er décembre. Il faut qu'on les remplace aux régiments , et qu'ils n'y comptent pas plus que ceux qui sont à Naples.

Il faut faire marcher les deux premiers régiments d'infanterie, ce qui fera 3,200 hommes. Un troisième régiment restera à Düsseldorf pour se former. Je vois que le régiment de chasseurs, a déjà 800 hommes et seulement 300 chevaux; qu'on se dépêche de l'organiser. Ces deux régiments se rendront à Paris, avec des capotes, deux paires de souliers dans le sac, une aux pieds, des chirurgiens-majors, des ambulances; enfin qu'ils soient en règle. Écrivez pour qu'on fasse partir avec ces régiments une escouade d'artillerie de 30 hommes. S'il n'y a pas de canons dans le duché, on enverra seulement des chevaux, les canons seront fournis à Paris. Il faut faire former à Maestricht un escadron de 250 hommes. De sorte que j'aurai à Paris, au 1er décembre, deux régiments d'infanterie de 3,200 hommes, à 800 hommes par bataillon, un escadron de 250 chevaux et une escouade d'artillerie de 30 hommes total, 3,500 hommes.

Envoyez à la vice-reine le décret qui concerne la landgrave de Hesse-Darmstadt. Mettez dans votre lettre que c'est un décret de faveur, car cela n'était pas dû.

Témoignez mon extrême mécontentement au sieur Beugnot de ce qu'il a signé une convention avec le sieur Agar sans mon ordre et sans avoir un plein pouvoir. Je n'entends pas payer les meubles que le roi des Deux-Siciles a laissés à Düsseldorf, et donner 600, 000 francs pour cela. J'espère que je lui ai donné un assez bel équivalent. L'arriéré m'appartient, et, sous la responsabilité du sieur Beugnot, pas un sou de l'arriéré ne doit aller à Naples. Il ne faut pas qu'il fasse de tapage contre le grand-duc; mon intention, comme je le lui ai exprimé plusieurs fois, n'est pas de réagir, mais qu'il soigne mieux mes intérêts.

Je ne trouve pas le décret pour la levée de la conscription de 1809. Il faut me l'envoyer tout rédigé; je n'ai pas le temps de le faire.

J'ai mis des décisions en marge de différentes demandes du ministre de la guerre. Entendez-vous là-dessus avec le général Clarke.


Burgos, 14 novembre 1808

Au général Dejean, ministre directeur de l'administration de la guerre, à Paris

Je recois votre rapport du 2 novembre avec l'état qui y était joint. Il en résulte que j'aurais à Bayonne 83,000 paires de souliers, 140,000 chemises, 23,000 havre-sacs, 39,000 shakos, et des capotes en quantité. Tout cela sont des contes pour les enfants. Je n'ai rien, je suis nu; mon armée est dans le besoin, et vos bureaux se moquent de moi. Les fournisseurs sont des voleurs qui seront payés, et je n'aurai rien. Tout votre service habillement va mal. Ceux qui sont à la tête sont des sots ou des fripons. Jamais on n'a été plus indignement servi et trahi.


Burgos, 14 notembre 1808

A Alexandre, prince de neuchatel, major-général, à Burgos

Mon Cousin, donnez ordre au maréchal Bessières de partir demain à quatre heures du matin pour avoir de bonne heure son quartier général à Lerma et prendre le commandement de la cavalerie de l'armée. Vous chargerez le maréchal Bessières de donner les ordres suivants. Il ordonnera à la brigade de dragons de Latour-Maubourg, qui est sur le chemin de Lerma, de continuer sa marche sur cette ville; il donnera le même ordre au général Latour-Maubourg, à son artillerie et à la brigade qui est avec ce général; il donnera le même ordre à la 3e brigade, qui est à Miranda. Le maréchal Bessières donnera également l'ordre au général Beaumont de se rendre sur Lerma. Donnez-lui deux commandants d'armes et deux commissaires des guerres, les uns pour Lerma, les autres pour Aranda, pour organiser le service dans ces deux points. Le maréchal Bessières mènera avec lui un escadron de ma Garde, qui ne sera employé à aucun service et qui marchera toujours avec un service de ma maison.

Le maréchal Bessières laissera à Lerma mes chevau-légers polonais, désirant les réunir à ma Garde en passant.

Le ministre de l'intérieur d'Espagne a fait une proclamation ; vous chargerez le maréchal Bessières d'en emporter quelques milliers pour les répandre partout.


Burgos, 14 novembre 18ß8

A Joachim Napoléon, Roi des Deux-Siciles

Je reçois votre lettre. Je vois avec plaisir ce que vous dites de la disposition des esprits à Rome. Il faut de votre côté y contribuer et ne pas répandre de bruits aussi ridicules que ceux accrédités par la lettre de Gallo où il déclare que vous n'étiez pour rien dans ce que je faisais. On sent bien que vous n'avez pas d'influence dans un pays qui n'est pas sous votre domination. Ce désaveu n'a pas de sens.

J'ai appris avec peine que vous aviez fait des singeries pour Saint-Janvier. Faire trop de ces choses là n'en impose à personne et fait du mal.

(Brotonne)


Burgos, 14 novembre 18ß8

Au comte Marescalchi, ministre des affaires étrangères du royaume d'Italie, réisdant à Paris

Il faut dire aux députés des trois départements que j'ai reçu leurs lettres, que j'agrée leurs sentiments, qu'ils peuvent retourner dans leurs départements. Vous leur ferez des cadeaux de portraits, de la valeur de 600 francs. Je crois leur avoir donné la couronne de fer.

(Brotonne)


 15 - 30 novembre 1808