1 – 14 juin 1809


Ebersdorf, ler juin 1809

QUATORZIÈME BULLETIN DE L'ARMÉE D’ALLMAGNE.

Les ponts sur le Danube sont entièrement rétablis. On y a joint un pont volant, et l'on prépare tous les matériaux nécessaires pour jeter un autre pont de radeaux. Sept sonnettes battent des pilotis; mais, le Danube ayant dans plusieurs endroits 24 et 26 pieds de profondeur, on emploie toujours beaucoup de temps pour faire tenir les ancres, lorsqu'on déplace les sonnettes. Cependant les travaux avancent et seront terminés sous peu.

Le général de brigade du génie Lazowski fait travailler, sur la rive gauche, à une fête de pont qui aura l,600 toises de développe­ment et qui sera couverte par un bon fossé plein d'eau courante.

Le 44e équipage de la flottille de Boulogne, commandé par le capitaine de vaisseau Baste, est arrivé. Un grand nombre de bateaux en croisière battent les îles, couvrent le pont et rendent beaucoup de services. Le bataillon des ouvriers de la marine travaille à la construction de péniches armées, qui serviront à maîtriser parfaitement le fleuve.

Après la défaite du corps du général Jellachich, M. Mathieu, capitaine adjoint à l'état-major de l'armée d'Italie, fut envoyé avec un dragon d'ordonnance sur la route de Salzbourg. Ayant rencontré successivement une colonne de 650 hommes de troupes de ligne et une colonne de 2,000 landwehr, qui l'une et l'autre étaient coupées et égarées, il les somma de se rendre, et elles mirent bas les armes.

Le général de division Lauriston est arrive à OEdenburg, premier comitat de Hongrie, avec une forte avant-garde. Il paraît qu'il y a de la fermentation en Hongrie, que les esprits y sont très-divisés et que la majorité n'est pas favorable à l'Autriche.

Le général de division Lasalle a son quartier général vis-à-vis Presbourg, et pousse ses postes jusqu'à Altenburg et jusqu'auprès de Raab.

Trois divisions de l'armée d'Italie sont arrivées à Neustadt. Le vice-roi est depuis deux jours au quartier général de l'Empereur.

Le général Macdonald, commandant un des corps de l'armée d'Italie, est entré à Graz. On a trouvé dans cette capitale de la Styrie d'immenses magasins de vivres et d'effets d'habillement et d'équipement de toute espèce.

Le duc de Danzig est à Linz. Le prince de Ponte-Corvo marche sur Vienne. Le général de division Vandamme, avec les Wurtembergeois, est à Saint-Pölten, Mautern et Krems.

La tranquillité règne dans le Tyrol. Coupés par les mouvements du duc de Danzig et de l'armée d'Italie, tous les Autrichiens qui s'étaient imprudemment engagés dans cette pointe ont été détruits, les uns par le duc de Danzig, les autres, tels que le corps de Jellachich, par l'armée d'Italie. Ceux qui étaient en Souabe n'ont eu d'autre ressource que de tâcher de traverser en partisans l'Allema­gne, en se portant sur le Haut-Palatinat. Ils formaient une petite colonne d'infanterie el de cavalerie, qui s'était échappée de Lindau et qui a été rencontrée par le colonel Reizet du corps d'observation du général Beaumont. Elle a été coupée à Neumarkt, et la colonne entière, officiers et soldats, a mis bas les armes.

Vienne est tranquille. Le pain et le vin sont en abondance; mais la viande, que cette capitale tirait du fond de la Hongrie, commence à devenir rare. Contre toutes les raisons politiques et tous les motifs d'humanité, les ennemis font l'impossible pour affamer leurs compatriotes et cette capitale, qui renferme cependant leurs femmes et leurs enfants. Il y a loin de cette conduite à celle de notre Henri IV, nourrissant lui-même une ville qui était alors ennemie et qu'il assiégeait.

Le duc de Montebello est mort hier à cinq heures du matin. Quel­ que temps auparavant l'Empereur s'était entretenu pendant une heure avec lui. Sa Majesté avait envoyé chercher par le général Rapp, son aide de camp, M. le docteur Franck, l'un des médecins les plus célèbres de l'Europe. Ses blessures étaient en bon état, mais une fièvre pernicieuse avait fait en peu d'heures les plus funestes progrès. Tous les secours de l'art étaient devenus inutiles. Sa Majesté a ordonné que le corps du duc de Montebello fût embaumé et transporté en France, pour y recevoir les honneurs qui sont dus à un rang élevé et à d'éminents services. Ainsi a fini l'un des militaires les plus distingués qu'ait eus la France. Dans les nombreuses batailles où il s'est trouvé, il avait reçu treize blessures. L'Empereur a été extrême­ment sensible à cette perte, qui sera ressentie par tous les Français.


Ebersdorf, 1er juin 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris.

Empêchez qu'on ne mette dans les journaux tant de choses sur la grande-duchesse de Toscane. Quels sont ceux de ses officiers qui lui rendent ce mauvais service ? Faites-lui connaître que ce n’est point mon intention.

(Brotonne)


Ebersdorf, 2 juin 1809.

A M. Cretet, comte de Champmol, ministre de l’intérieur, à Paris

Monsieur Cretet, je suis mécontent de la situation dans laquelle vous laissez Parme et Plaisance. Faites nommer sur-le-champ les conseils généraux, les conseils municipaux et les maires, et organisez le département du Taro à l'instar des autres départements.

On me porte des plaintes sur le sous-préfet de Plaisance. Faites­ moi un rapport à cet égard, et présentez-moi un homme sûr.


Ebersdorf, 2 juin 1809, dix heures du matin.

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant le 3e corps de l’armée d’Allemagne, à Hainburg

Mon Cousin, je reçois votre lettre de deux heures après minuit.

Nous avons reçu hier soir l'agréable nouvelle de l'arrivée de l'ar­mée de Dalmatie à Laybach, qui a culbuté tout ce qui s'opposait à son débouchement et a pris le général en chef autrichien qui lui était opposé. Le général Macdonald était arrivé à Graz el s'était emparé de la ville; quelques bataillons de milice s'étaient renfermés dans le fort.


Ebersdorf, 3 juin 1809, onze heures du matin

Au maréchal Lefebvre, duc de Danzig, commandant le 7e corps de l’armée d’Allemagne, à Linz

Vous avez eu l'ordre, Monsieur le Duc, de faire occuper le poste de Wallsee, notamment celui d'Ips, et d'y relever les troupes saxonnes. Ces points sont particulièrement sous votre surveillance. On ne sait comment l'ennemi a pu faire un débarquement de quelques centaines d'hommes qui sont allés à Amstetten égorger quelques hommes. L'intention de l'Empereur est que vous teniez toujours à Amstetten une colonne mobile formée de deux pièces de canon, de 500 chevaux et de la valeur d'un bataillon. Cette colonne mobile sera en communication avec les postes d'Ips, de Wallsee, Enns et Melk.

Le prince de Neuchâtel, major général (voir la note du 15 mai à Andreossy)


Ebersdorf, 3 juin 1809.

Au général Clarke, comte d’Hubebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, la conscription doit déjà commencer à rendre. Faites-moi un rapport sur l'organisation de mes réserves. Voici comment j’entends qu'elles soient organisées.

Le commandant de ma réserve en Allemagne sera le duc d'Abrantès.

La 1e division, commandée par le général de division Rivaud, sera composée de la brigade Charles Lameth (1e brigade), ayant les 4e bataillons des 19e, 25e et 28e de ligne, de la brigade Taupin (2e brigade), ayant les 4e bataillons des 36e, 50e et 75e, et de la brigade Brouard (3e brigade), ayant les 4e bataillons des 13e léger, 48e et 108e. La division Rivaud aurait  donc 7,200 hommes. La brigade Brouard pourrait se réunir à Gand ou à Louvain, pour ne se porter au corps de réserve qu'en cas de nécessité et lorsque les régiments qui sont destinés à protéger les côtes seraient en état. Les brigades Taupin et Lameth resteraient à Hanau. La division Rivaud devrait avoir un adjudant commandant, un officier d'artillerie, un officier du génie et douze pièces de canon.

La 2e division, qu'on peut provisoirement laisser commander par le général Despeaux, quoique je ne le connaisse pas, serait compo­sée des brigades Clément et Vergès, des 5e et 9e et des 10e et 13e demi-brigades provisoires, que je calcule devoir être, à la fin de juin ou dans le courant de juillet, fortes, chacune, de 2,000 hom­mes. Remettez-moi les états de service du général Despeaux, et faites-moi connaître où il a fait la guerre.

La 3e division serait commandée par le général de division Lagrange et composée des trois bataillons du 65e de ligne, du 11e et du 12e provisoires, qui formeraient également 6,000 hommes. Cette division pourrait se réunir d'abord à Augsburg. Donnez ordre au général Lagrange d'aller en passer la revue, et de correspondre avec vous pour en accélérer la formation.

La cavalerie serait composée des six régiments provisoires de dragons, commandés par le général sénateur Beaumont et par les généraux de brigade Lamotte et Picard; elle aurait six pièces de canon. Je suppose que dans le courant de juillet elle serait à 5,000 hommes.

J'aurais donc dans le courant de juillet trois divisions bien organisées, ayant 21,000 hommes d'infanterie, 5,000 hommes de cavalerie, quarante-deux pièces de canon, une ou deux compagnies de sapeurs, un commandant d'artillerie, un commandant du génie et un commissaire ordonnateur. En y joignant la division hollandaise que commande le général Gratien, on porterait ce corps à plus de 30,000 hommes.

Aussitôt que le duc d'Abrantès sera arrivé à Paris, vous lui ferez connaître mes intentions et vous lui ordonnerez de commencer la revue et l'inspection de son corps, pour assurer et accélérer par tous les moyens sa formation.

Aussitôt que cela sera possible, on remplacera le 22e de ligne, qui est dans les places de Prusse, par une brigade provisoire.

Proposez-moi de retirer quelques régiments d'infanterie, quelques bataillons du train, des équipages, etc., et des officiers d'artillerie et du génie de l'armée d'Espagne, où il y a trop de tout cela. Rappelez aussi d'Espagne tous les colonels, majors el chefs de bataillon à la suite, et tous les officiers à la suite des corps et de l'état-major, et dirigez-les tous sur le quartier général de l'armée d'Allemagne.

Portez attention aux 82e, 66e et 26e de ligne, qui sont dans la 12e division militaire. Il y a dans ces régiments un excellent fond; ils peuvent très-bien fournir douze bataillons, qui, maintenus au complet, seraient une ressource. Portez également attention aux 86e, 70e, 47e et 15e, qui sont au camp de Pontivy. On doit pouvoir tirer de là huit bons bataillons bien complets, dans le courant de l'été.

Faites passer la revue du 103e ainsi que du régiment des chasseurs toscans, et organisez ces corps.

Recommandez au duc de Valmy, qui jusqu'à ce moment commande la réserve, de bien la faire exercer.


Ebersdorf, 3 juin 1809.

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Écrivez au roi d'Espagne que je ne conçois rien à l'inactivité dans laquelle restent mes forces pendant que l'ennemi cherche à écraser le duc de Dalmatie; que cependant je n'ai cessé de lui répéter qu'il fallait rouvrir, à quelque prix que ce soit, les communications avec le Nord; qu'il y a longtemps que le duc de Bellune aurait du faire des mouvements ; que, au lieu de cela, je vois avec une vive peine qu'on reste dans la plus grande inaction et qu'on laisse l'ennemi ma­nœuvrer à son aise contre le duc de Dalmatie; que, si ce maréchal essuie des échecs, la perte de l'Espagne s'ensuivra. Vous aurez sans doute envoyé au roi les papiers anglais à mesure qu'ils vous parviennent, et vous aurez ordonné des mouvements pour faire diver­sion et secourir le duc de Dalmatie.


Ebersdorf, 4 juin 1809, dix heures du soir.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Ebersdorf (erreur dans l’édition originale : Eugène est à OEdenburg)

Mon Fils, le général Lauriston mande que l’avant-garde du prince Jean paraît se diriger sur OEdenburg, ou du moins qu'au lieu de passer par Körmönd, il s'est dirigé entre Körmönd et OEdenburg par Rechnitz; ce qui ferait supposer que ce corps veut se rallier sur Raab, el qu'alors, voulant prendre la roule de Körmönd, il se fait éclairer sur sa gauche à sept ou huit lieues de Körmönd. Il n'y a rien d'impossible même que, instruit par les habitants du pays du peu de troupes qu'il y a à OEdenburg, il veuille tenter un coup de main sur cette ville. Je ne vois pas d'inconvénient que vous portiez votre quartier général à OEdenburg (le général Grouchy peut s'y porter sans passer par Neustadt), et que vous vous mettiez à la poursuite du prince Jean pour lui couper la retraite, avec la seule condition de veiller à ce qu'il ne passe pas sur votre droite, c'est-à-dire entre vous et Bruck, ou entre OEdenburg et Neustadt. Le général Lau riston, qui a trois beaux régiments de cavalerie, pourra rester avec vous, et le général Montbrun, qui est à Bruck, avec une division de cavalerie, pourra combiner son mouvement avec le vôtre. Je vous laisse le maître de vous porter à OEdenburg, sans vous donner d'ordre précis, parce que je suppose que vous avez reçu de Graz, par le général Grouchy, et des postes que vous avez sur la droite, des nouvelles qui vous mettent à même d'agir selon mes intentions, qui sont renfermées dans cette idée: que vous tâchiez de faire du mal au prince Jean. Vous le pouvez, s'il se retire sur Raab; vous ne pouvez rien, sans être obligé à de trop grands mouvements qui vous éloigneraient de l'armée, s'il se retire sur Pest. Enfin à OEdenburg vous ne serez pas plus éloigné de l'armée que de Neustadt. Encore un coup, il suffit que rien ne passe sur votre droite et ne vous coupe d'avec Bruck et le général Macdonald. Vous devez savoir ce qu'il y a à Friedberg et à Hartberg.


Ebersdorf, 4 juin 1809, six heures du soir.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à OEdenburg

Mon Fils, un individu est arrivé à Vienne, se disant congédié par l’archiduc Jean; il faisait partie de son imprimerie; voici ce qu’il dit : « L’archiduc

Jean, ayant appris qu’un corps de Français allait  au-devant de lui, sur Graz, a fait un mouvement rétrograde vers Körmönd, où il était le 1er juin. Ce jour-là, il nous a tous licenciés. Un garçon imprimeur, venant hier de Trieste, a fait une description de l’armée autrichienne, qu’il présente comme étant dans l’état le plus pitoyable. »

 

(Eugène)


Ebersdorf, 4 juin 1809, six heures du soir.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à OEdenburg

Mon Fils, je vois par votre lettre du 4 que vous êtes arrivé de bonne heure à OEdenburg. Votre corps sera beaucoup mieux établi là, étant dans un pays de ressources. Prenez vos mesures pour avoir huit jours de pain en réserve. Faites construire des fours à OEdenburg, si cela est nécessaire, pour faire faire du pain biscuité, afin que, lorsque vous rejoindrez l'armée, vous n'ayez pas besoin de nos magasins.

Faites-moi connaître où vous avez placé votre grand parc.

Vous trouverez ci-joint une lettre du général Montbrun, qui vous fera connaître le lieu où il est. Je lui ai laissé carte blanche pour faire du mal à l'ennemi.

Faites replier les postes de cavalerie de la brigade Colbert et les postes d'infanterie du général Lauriston sur OEdenburg; mon intention étant de rappeler cette division, il suffit que ce repliement soit terminé le 6. Je préfère que le 6e et le 9e régiment de chasseurs forment une brigade de cavalerie légère. Je vous enverrai un général de brigade pour la commander. Par ce moyen, vous aurez deux brigades de cavalerie légère et une division de dragons. En cas de réu­nion, le général Grouchy peut commander tout cela. Cette organisation est celle de l'armée pour la cavalerie; les divisions n'en ont jamais.


Ebersdorf, 4 juin 1809, six heures du soir.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à OEdenburg

Mon fils, envoyez vos caissons de 6, vos 8 d’obusiers et vos caissons vides d’infanterie à Vienne, pour les remplir, à moins que vous ne les fassiez remplir à Neustadt, où il y avait un établissement d’artillerie; vous n’avez pas assez de deux caissons de 12, car vos deux pièces de 12, n’ont que 50 coups à tirer ; il vous faudrait au moins quatre caissons.

(Eugène)


Schönbrunn, 5 juin 1809, neuf heures du matin.

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant le 3e corps de l’armée d’Allemagne, à Wolfsthal.

Mon Cousin, puisque l'ennemi occupe l'île et sa tête de pont, il ne faut pas tirer sur la ville, mais concentrer le feu sur la tête de pont. Je désirerais avoir des éclaircissements sur la position qu'oc­cupe l'ennemi. Il me semble qu'il y a trois îles : l'une du côté du haut, qui se trouve opposée à notre gauche, nous faisant face à Presbourg; une seconde serait opposée à notre centre; ce sera là principalement que l'ennemi aura fait ses ouvrages et sa tête de pont, qui aurait 500 toises de développement, parce que c'est là qu'aborde le bac; cette île n'en serait réellement pas une, et l'ennemi y aurait mis de l'eau par le moyen de la rupture d'une digue ou par l'effet d'une écluse ; la troisième île enfin serait opposée à notre droite et ne serait pas occupée. Je désire que vous rectifiiez mes idées là­ dessus. Je pense que les canonniers, les officiers du génie et les voltigeurs doivent avoir des idées précises. Toutefois il me paraît difficile que six bataillons puissent tenir cette position, et s'ils s'y obstinent, ce doit être six bataillons pris. Le parti que vous avez pris de faire des épaulements épargnera nos chevaux et nos hommes. Je donne des ordres pour qu'on vous envoie 50 marins, une compagnie de pon­tonniers et une de sapeurs. Vous trouverez quelques bateaux dans les différents bras de la rivière. Faites bien reconnaître la position de l'ennemi; faites-en faire un tracé, et, s'il y a quelque possibilité, enlevez-la en attendant. Aussitôt que vos batteries seront faites, il faudra nourrir la canonnade, qui doit être funeste à l'ennemi; je ne doute pas que la canonnade n'ait déjà tué beaucoup de monde. On m'assure que les ouvrages qu'il a faits ne sont pas palissadés; mais je crois comme vous que, du moment que les retranchements qu'il occupe sont couverts par un filet d'eau, il ne peut être attaqué que par un plan suivi et bien conçu, sans rien donner au hasard. Il me paraît bien difficile que les officiers d'artillerie ne trouvent pas moyen d'enfiler les retranchements ennemis.

Je vous ai mandé hier que l'armée d'Italie est à OEdenburg, et Montbrun marchant pour rosser les insurgés.

Si l'ennemi avait évacué l'île pour se reporter sur la rive gauche, il serait nécessaire que vous fissiez rétrograder les sapeurs et les pontonniers.

Envoyez-moi la note des distinctions que vous demandez pour les Hessois qui se sont distingués.


Schönbrunn, 5 juin 1809, neuf heures du matin.

Au général comte Bertrand, commandant le génie de l’armée d’Allemagne, à Ebersdorf

Monsieur le Général Bertrand, Chambarlhiac est rendu à Linz, Je ne sais pas s'il a des officiers de génie pour diriger les travaux; je crois qu'il n'a pas non plus d'argent. Donnez-lui l'instruction positive de faire de bonne besogne. On a perdu un mois à Linz, ce qui a été funeste; on a voulu raccommodailler (sic) des maisons, et on a fait de mauvaise besogne. Prescrivez qu'on rase le village, qu'on y fasse un bon réduit dans le genre de celui de Praga, en le faisant soutenir par trois, quatre ou cinq flèches, et qu'on fasse des redoutes fermées, palissadées, d'un bon relief et défendues par l'enceinte. Les fortifi­cations de la montagne de gauche pourront servir à une de ces redoutes, de sorte que 2 ou 3,000 hommes mettent ce poste si important à l'abri de toute espèce d'insulte.


Schönbrunn, 5 juin 1809, onze heures du matin.

Au maréchal Bernadotte, prince de Ponte-Corvo, commandant le e corps de l’armée d’Allemagne, à Saint-Pölten

L'Empereur, Prince, ordonne que votre corps reste tout entier à Saint-Pölten. Faites relever tous les postes que vous occupez par le duc de Danzig, pour ceux depuis Linz jusqu'à Melk, et par les troupes du général Vandamme, depuis et compris Melk jusqu'à Vienne. L'intention de l'Empereur est que votre corps soit tout réuni et prenne quelques jours de repos, pour ensuite lui donner une destination particulière; il faut donc que tous les postes que vous pou­vez avoir du côté de Krems et de Melk soient relevés dans le jour.


Schönbrunn, 5 juin 1809, midi.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à OEdenburg

Mon Fils, je reçois votre lettre du 4 à neuf heures du soir. J'approuve le mouvement que vous avez fait sur Körmönd; mais la cavalerie n'aurait pas pu y aller sans l'infanterie. Je crains que ce bataillon badois, si loin des forces, ne soit compromis. Comme il paraît par la lettre du général Macdonald que l'ennemi est toujours vis-à-vis Wildon et que le corps du Gyulai est du côté de Radkersburg, une forte division de cavalerie sur Körmönd, poussée sur les derrières de l'ennemi, pourrait protéger nos communications, surtout si elle est soutenue par un fort détachement du général Macdonald sur le même point. Écrivez-lui dans ce sens. Il ne faut pas que le général Macdonald envoie seulement une reconnaissance, mais une forte avant-garde sur Fürstenfeld, et de là sur Körmönd.


Schönbrunn, 5 juin 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à OEdenburg

Mon Fils, le Tyrol s’étant de nouveau insurgé et le général bavarois ne se croyant pas assez fort à Innsbruck, s’étant retiré sur Kufstein, il est nécessaire d’en prévenir le général Rusca, pour qu’il se tienne en force au débouché de Spital, et que vos derrières ne soient pas occupés par ces brigands

(Eugène)


Schönbrunn, 5 juin 1809.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à OEdenburg

Mon fils, il faut punir les principaux auteurs de l’attentat de Mühlhof, et, en cas qu’on ne veuille pas vous les livrer, faites brûler le village. Il est  tout simple que le général Lariboisière ait écrit pour demander des munitions, mais nous n’en sommes pas à ce point de pénurie. Nos pièces ont 450 coups à tirer, et les vôtres n’en ont que 60. Vous demandez quelle doit être votre conduite envers le pays : elle est très simple : celle d’amis ou d’ennemis. Ou le Comtat s’insurge, rappelle sa noblesse et s’abstient de toute hostilité contre moi, ou il est ennemi; alors il faut le traiter comme tel, mais en, le ménageant.

Voilà la manière de traiter le pays. Qu’ils déclarent donc que l’insurrection qui s’est levée était pour se défendre, mais non pour me faire la guerre, que la première  diète qui a été tenue est nulle, et qu’ils en demandent une seconde: OEdenburg est une ville de 12,000 âmes; si vous ne vous y procurez pas des vivres, et tout ce dont vous avez besoin, c’est que vous ne savez pas prendre des mesures rigoureuses. Quant aux gardes nationales, il faut faire prendre des otages et faire prendre des otages et faire quelques exemples, s’ils se comportent mal. Maintenez la discipline parmi vos troupes, et faites fusiller quelques pillards, car le désordre ne sert à rien. Faites construire des fours. Je me suis rendu ici pour passer la revue de ma garde qui est superbe : elle a 60 pièces de canon, 4,000 hommes de cavalerie, et 12,000 hommes de la meilleure infanterie de 1’Europe.

 


 

P. S. Réunissez tout votre corps d’armée à OEdenburg, afin que, si, comme on le dit, l’ennemi était entre Körmönd et Raab, vous l’empêchiez de se porter sur Presbourg, devant lequel est le maréchal Davout.. J’ai nommé pour commander le 6e et le 9e de chasseurs le général de brigade Gérard, qui est un excellent officier de cavalerie légère.

 

(Eugène)


Schönbrunn, 5 juin 1809.

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, vous donnerez ordre que les princes de Colloredo, de Metternich père, Frédéric de Hardeck, de Pergen, soient arrêtés dans cette nuit et transférés, dans deux voitures et en poste, France. On leur montrera l'ordre du jour de l'Empereur François et votre lettre (voir plus loin, 28 juin, 23e Bulletin), et on leur fera connaître qu'ils doivent répondre de la vie des généraux français prisonniers.


Schönbrunn, 5 juin 1809.

Au maréchal Masséna, duc de Rivoli, commandant le 4e corps de l’armée d’Allemagne, dans l’île Lobau

Mon Cousin, le général du génie Rogniat et le général d'artillerie Foucher ont dû se porter près de vous pour concerter toutes les mesures préparatoires pour l'opération du passage. Ces mesures consistent à désigner une compagnie de pontonniers pour préparer trois ou quatre ponts de radeaux, savoir: un sur l'île que nous avons été visiter, un autre sur l'île qui voit dans la plaine et flanque notre ancien pont, et deux sur la grande île dont l'ennemi est maître, vis-à-vis Enzersdorf. Une autre compagnie de pontonniers doit être, depuis ce matin, chargée de réunir les bateaux, poutrelles, cordages et tout ce qui est nécessaire pour jeter notre ancien pont. Une autre compagnie de pontonniers doit être chargée de réunir et de placer sur les haquets vingt-cinq pontons avec tout le bois nécessaire pour jeter un pont du côté de la Maison-Blanche. Une autre compagnie doit réunir des bateaux et ce qui est nécessaire pour jeter un pont à l'embouchure du canal, sur la partie droite de l'île. Le génie doit faire combler, sans cependant que l'ennemi puisse s'en apercevoir, les marais qui se trouvent de ce côté-ci de l'île, et jeter une chaussée. En général on doit remplacer par des chaussées tous les petits ponts existant dans l'île sur des bras morts. Un autre pont doit être préparé pour être jeté plus haut que la Maison-Blanche, afin de débou­cher de là sur le continent. Plusieurs batteries de 18 doivent être préparées pour être jetées dans l'île que nous avons visitée l'autre jour, et de là balayer la plaine depuis Enzersdorf jusqu'au bois. D'autres bouches à feu doivent être placées dans l'île qui est à portée d'Enzersdorf, pour raser cette ville. Les gabions, les fascines, etc., doivent être préparés dès aujourd'hui, afin que cette opération puisse se faire avec rapidité. Envoyez chercher les généraux, et tenez-moi au courant de la manière dont cela avance. On me fait espérer que sous quatre ou cinq jours tout cela doit être terminé.


Schönbrunn, 5 juin 1809.

Au général Marmont, duc de Raguse, commandant l’armée de Dalmatie, à Laybach

Je suppose que vous êtes arrivé à Laybach ; que là vous recevrez votre artillerie et un régiment de cavalerie, et qu'en même temps vous veillerez sur toule la frontière et sur la ligne de communication.

J'ai nomme généraux de brigade les colonels Bertrand, Bachelu et Plauzonne. Présentez-moi des chefs de bataillon pour les rem­placer. Vous pouvez garder un de ces nouveaux généraux de brigade. Envoyez-moi les deux autres ici.


Schönbrunn, 5 juin 1809.

Au général Vandamme, commandant les troupes wurtembergeoises (8e corps), à Judenau

Mon intention est de mettre l'abbaye de Melk à l'abri d'un coup de main, de manière que 5 à 600 hommes et cinq à six pièces de canon puissent défendre longtemps ce poste important. Faites, je vous prie, cette reconnaissance, et mandez-moi vos idées là-dessus. Faîtes-en faire le plan par un officier du génie, si vous en avez dans votre corps.

Vous devez continuer à être chargé de toute la défense du Danube, depuis Melk jusqu'auprès de Vienne, et vous devez porter votre quartier général à Saint-Pölten et à Sieghatskirchen, selon les circonstances et les mouvements de l'ennemi.


Schönbrunn, 5 juin 1809.

Au général comte Bertrand, commandant le génie de l’armée d’Allemagne, à Ebersdorf

Monsieur le Général Bertrand, envoyez au duc d'Auerstaedt une compagnie de 50 marins avec un bon officier, une compagnie de pontonniers et une compagnie de sapeurs avec des outils. Tout cela lui est nécessaire pour l'attaque du pont en avant de Presbourg.

Chargez spécialement un officier intelligent, avec 50 on 60 marins bien armés, de faire des patrouilles jusqu'à cinq lieues d'Ebersdorf, en suivant toujours la rive droite, franchissant tous les bras d'eau qui s'y trouvent, fouillant ces espèces d'îles, reconnaissant les bateaux et envoyant des corvées pour les prendre. Le but principal de cette expédition n'est pas seulement de prendre des bateaux, mais aussi de bien reconnaître que l'ennemi n'y a aucun poste.


Schönbrunn, 5 juin 1809.

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Il parait évident que le rapport fait au duc de Trévise est envoyé par les Anglais pour ralentir la marche des troupes et l'empêcher de se parler au secours du duc de Dalmatie. On ne comprend plus rien aux affaires d'Espagne; témoignez-en mon mécontentement au major général de celle armée.


Schönbrunn, 6 juin 1809, neuf heures du matin.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à OEdenburg

Mon Fils, je reçois votre lettre du 5 à dix heures du soir, où je vois que Colbert a enfin rencontré l'archiduc Jean. La première de toutes les choses que vous avez à faire est de marcher ensemble et réunis. Je n'estime pas que les divisions Seras et Durutte et les cinq régiments de cavalerie du général Grouchy soient suffisants; il faut que le corps de Baraguey d'Hilliers el la garde soient avec vous, de sorte que vous ayez dans la main 30,000 hommes, qui marchent réunis de manière à donner ensemble et à se trouver sur le même champ de bataille en trois heures de temps. Je laisse à votre disposition le corps de Lauriston; ce qui vous renforcera de 3,000 hommes d'infanterie et de trois régiments de cavalerie de Colbert. Je laisse à votre disposition également la division Montbrun, qui est de quatre régiments de cavalerie. Par ce moyen, vous aurez onze régiments de cavalerie légère et trois régiments de dragons et un corps de près de 36,000 hommes. Envoyez la moitié au moins de ces 36,000 hommes en avant-garde pour marcher sur Körmönd. Le duc d'Auerstaedt est vis-à-vis Presbourg avec la division Gudin et la division de cavalerie légère du général Lasalle. Vous ne recevrez pas cette lettre avant midi; il est impossible que vous n'ayez pas alors des nouvelles du général Lauriston, du général Montbrun, du général Colbert et même du général Macdonald, qui vous donneront des notions claires sur la situation du prince Jean.

Dans des plaines comme la Hongrie, il faut manœuvrer d'une autre manière que dans les gorges de la Carinthie et de la Styrie. Dans les gorges de la Styrie et de la Carinthie, si l'on gagne l'ennemi de vitesse sur un point d'intersection, comme Saint-Michel par exemple, on coupe une colonne ennemie; mais dans la Hongrie, au contraire, l'ennemi, aussitôt qu'il sera gagné de vitesse sur un point, se portera sur un autre. Ainsi je suppose que l'ennemi se dirige sur Raab, et que vous arriviez avant lui dans cette ville: l'ennemi, l'apprenant en route, changera de direction et se portera sur Pest.

Dans la situation où se trouve l'ennemi, que doit-il faire ? Doit-il abandonner la Styrie, la Carinthie, le corps de Gyulai et tout le midi de la Hongrie, mettre à découvert Pest des mouvements de Macdonald et de Marmont, pour passer sur la rive gauche du Danube ? Ou doit-il, au contraire, servir de noyau pour réunir toute l'insurrection hongroise, rallier les troupes qui ont fui devant le général Marmont, inquiéter votre ligne de communication de Graz à Laybach et couvrir Pest, qui après tout est la capitale de la Hongrie ! Dans ce dernier cas, il serait possible que l'ennemi manœuvrât sur Körmönd, derrière la Raab, inquiétât la communication de Graz à Laybach et se tînt toujours en mesure de couvrir Pest; alors votre mouvement sur Raab vous éloignerait de lui, et pourrait même lui faire naître l'idée (car l'ennemi n'est pas comme nous, étant chez lui il est bien informé) d'attaquer Macdonald et de le culbuter. Je pense donc que le mouvement, d'abord sur Güns (actuellement : Köszeg, en Hongrie, près de la frontière austro-hongroise), ensuite sur Stein am Anger, ensuite sur Körmönd, ou de Güns sur Sárvár (située à mi-chemin entre Raab/Györ et Szombathely), est le mouvement le plus sage, si toutefois vous n'avez pas d'autres renseignements que ceux que j'ai dans ce moment-ci. Ce soir, vous pourrez marcher sur Güns avec la brigade Colbert, les sept régiments de la division Grouchy et beaucoup d'artillerie (il faut mettre votre artillerie légère, au moins douze pièces, avec votre cavalerie), et les divisions Seras et Durutte. Le corps de Baraguey d'Hilliers peut arriver ce soir à OEdenburg, ou même arriver jusqu'à Güns, ou marcher à l'intersection de la route de Sárvár et de Raab sur Zinkendorf. Selon les renseignements que vous recevrez, vous pouvez combiner demain le mouvement de vos deux colonnes sur Sárvár ou sur Körmönd. Le général Montbrun a dû être hier au soir, 5, à Gols, et, comme il doit se lier avec le général Lauriston, vous ne manquerez pas d'avoir des nouvelles.

Pour moi, il ne me paraît pas encore prouvé que l'ennemi se retire sur Raab ni sur Körmönd. Je pense qu'il restera en observation et qu'il se conduira selon ce qu'il verra des manœuvres qu'on fait contre lui, en se ménageant toujours la retraite de Pest, et que, s'il se retirait sur Raab, il vaut mieux le déborder par son flanc gauche que par son flanc droit, puisque par ce moyen vous passeriez la rivière du côté de Sárvár et le jetteriez dans le Danube ; car, à Raab et à Körmönd, il lui faut au moins trois jours pour passer le Danube; et enfin dans cette manœuvre vous protégez le général Macdonald et le général Marmont, et vous pouvez vous faire réunir par ceux-ci. Quant à la crainte qu'il puisse marcher sur Presbourg, le duc d'Auerstaedt est vis-à-vis. Il suffit que, si vous vous aperceviez de ce mou­vement, vous le poussiez vivement. La simple précaution à prendre serait de laisser le général Montbrun reculer devant lui sur Bruck, tandis que vous le poursuivrez vivement; mais cette combinaison me paraît extravagante.


Schönbrunn, 6 juin 1809, dix heures du matin,

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant 3e corps de l’armée d’Allemagne, à Wolfstahl (sur la rive droite du Danube, en face de Presbourg/Bratislava)

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 5 juin à minuit. La division Demont s'est mise en marche et sera ce soir où vous désirez. Je lui fais recommander de faire marcher au trot son artillerie légère. Comme vous le remarquez fort bien, c'est surtout de l'artillerie qu'il faut; vous ne sauriez en avoir trop.

Si vous pouviez jeter un pont dans l’île de gauche et placer des batteries à l'extrémité, alors il ne restera plus qu'à attaquer l'ennemi et le prendre, car, enfilé ainsi, il ne tiendra pas contre des colonnes d'attaque.

Envoyez-moi l’état, des places vacantes dans la 3e division et proposez-moi les remplacements.

Vous avez sans doute des nouvelles de Montbrun, qui doit être aujourd'hui sur Raab. Le général Colbert a rencontré hier la cavalerie du prince Jean entre Körmönd et Stein am Anger. Le vice-roi part d'OEdenburg avec 35,000 hommes pour se mettre à sa poursuite. Le général Lauriston, doit être aujourd'hui à Moriczhida sur la Raab, Ainsi vous êtes suffisamment couvert. Indépendamment de toutes ces précautions, Lasalle doit vous éclairer très au loin, et en peu d'heures Nansouty et la plus grande partie de ma grosse cavalerie seraient sur vous.

J'ai peine à concevoir l'entêtement de l'ennemi de tenir dans une si mauvaise position. Vous savez qu'il y a sur la droite une autre grande île, presque aussi grande que celle de Lobau; est-ce que l'ennemi se serait assuré une retraite par sa gauche dans celte île ? Au reste, son obstination s'explique par ce que m'a dit le major prisonnier, qu'ils avaient eu ordre de s'y défendre jusqu'à l'extrémité. Ce major m'a assuré que les ouvrages n'étaient pas palissadés. Tout porte à penser qu'une fois que vous aurez huit pièces de canon dans l'île l'ennemi sera battu.


Schönbrunn, 6 juin 1809, midi.

Au général comte de La Riboisière, commandant l’artillerie de l’armée d’Allemagne, à Vienne

Monsieur le Général la Riboisière, le duc d'Auerstaedt, qui a vingt pièces de canon vis-à-vis Presbourg, a usé beaucoup de munitions et va en user encore. Ayez soin que les caissons soient remplis à fur et mesure.

Faites-moi connaître quand les cinquante pièces de canon, mortiers et obusiers de siége destinés pour l'île seront embarqués ici et débarqués dans l'île.

Faites-moi connaître quand vous aurez trois mille cartouches à balles ou à boulet de 12, cinq mille de 8, dix-huit mille de 6, quatre mille de 4, trois mille de 3, trois mille d'obusier de 6 pouces, quatre mille cinq cents d'obusier de 5 pouces 4 lignes; au total, 10,000 coups de canon et un ou deux millions de cartouches. Ceci est indépendant de tout ce qui sera porté sur les caissons.

Faites- moi connaître quand l'embarquement de tous ces objets commencera, combien de bateaux il faudra pour les transporter et quelles mesures ont été prises pour mettre dans l'île ces munitions à l'abri de la pluie.


Schönbrunn, 6 juin 1809.

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn

Envoyez ordre sur-le-champ au général Puthod (4e division du 3e corps) de se mettre en marche avec sa division et de marcher tant qu'il pourra dans la direction de Presbourg. Il enverra un aide de camp prendre les ordres du duc d'Auerstaedt. Il fera marcher plus vite toute son artillerie légère. Il est indispensable que son infanterie arrive de bonne heure à Petronel et son avant-garde à Hainburg.


Schönbrunn, 6 juin 1809.

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, je trouve que le corps du prince de Ponte-Corvo, le corps du duc de Rivoli, le corps du duc d' Auerstaedt, celui du général Oudinot, la Garde, toute la cavalerie de l'armée et l'armée d'Ita­lie, sans comprendre les corps de Macdonald et de Marmont, doivent me faire un présent sous les armes de 11 0,000 hommes d'infanterie française, de 20,000 alliés, de 24,000 hommes de cavalerie et de quatre cents pièces de canon; total, 155,000 à 160,000 hommes. Le corps du général Vandamme et celui du duc de Danzig ne sont pas compris dans le calcul. Vérifiez, je vous prie, ces calculs.


Schönbrunn, 7 juin 1809, deux heures et demie du matin.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Güns

Mon Fils, je reçois votre lettre du 5 à six heures du soir. Je suis surpris que vous n'ayez point reçu celle que je vous ai écrite à neuf heures du matin. Vous y verrez que j'avais pressenti les nouveaux renseignements que vous venez d'obtenir sur les projets de l'archiduc Jean; ce qui confirme surtout dans ces idées, c'est le renseignement que donne Macdonald, que des hommes battus par le général Mar­mont s'étaient laissé voir par ses avant-postes, ce qui suppose une concentration sur Saint-Gotthard. Le général Macdonald doit marcher sur le prince Jean avec toutes ses forces, en ne laissant que ce qui est strictement nécessaire pour bloquer la citadelle, qui tombera par la bataille que perdra le prince Jean. Il faut manœuvrer de manière que la brigade Colbert et Lauriston soient tout entiers à la bataille. Écrivez au général Montbrun pour qu'il s'y trouve aussi; ce n'est point une chose à dédaigner que cinq à six régiments de cavalerie légère de plus. Faites suivre votre parc; sans quoi vous manquerez de munitions. Aussitôt que j'aurai de vos nouvelles, je ferai occuper OEdenburg par un autre corps d'observation.

Je voulais vous faire connaître ce matin que, dans votre poursuite du prince Jean depuis le Tagliamento, vous n'aviez pas marché assez réuni, et il pouvait vous arriver des malheurs. En effet, si le prince Jean avait concentré ses forces à Tarvis, il était possible que vous ne pussiez le battre. Vous étiez partagé en trois corps : Macdonald, Seras et vous. Le mouvement de Seras était une vraie faute militaire; la position que l'ennemi avait retranchée à la Chiusa di Pletz devait retarder le général Seras, et c'était une division perdue pour une affaire. J'estime que la colonne du général Macdonald était trop forte, et qu'enfin vous étiez trop faible. Vous sentez que je fais ces observations pour votre règle. Il faut donc marcher tous bien réunis, et point de petits paquets. Voici le principe général à la guerre: un corps de 25 à 30,000 hommes peut être isolé; bien conduit, il peut se battre ou éviter la bataille, et manœuvrer selon les circonstances sans qu'il lui arrive malheur, parce qu'on ne peut le forcer à un en­gagement, et qu'enfin il doit se battre longtemps. Une division de 9 à 12,000 hommes peut être sans inconvénient laissée pendant une heure isolée; elle contiendra l'ennemi, quelque nombreux qu'il soit, et donnera le temps à l'armée d'arriver; aussi est-il d'usage de ne pas former une avant-garde de moins de 9,000 hommes, d'en faire cam­per l'infanterie bien réunie, et de la placer au plus à une heure de distance de l'armée. Vous avez perdu le 35e parce que vous avez méconnu ce principe: vous avez formé une arrière-garde composée d'un seul régiment, qui a été tourné; s'il y avait eu quatre régiments, ils auraient formé une masse de résistance telle, que l'armée serait arrivée à temps à leur secours. Sans doute que dans des corps d'observation, comme était Lauriston, on peut mettre un détachement d'infanterie avec beaucoup de cavalerie; mais c'est qu'alors on suppose que l'ennemi n'est point en opération réglée, qu'on va à sa découverte, et qu'enfin cette infanterie formée pourra imposer à la cavalerie ennemie, aux paysans et à quelques compagnies de chasseurs ennemis. En général, dans les pays de plaine, la cavalerie doit être seule, parce que seule, à moins qu'il ne soit question d'un pont, d'un défilé ou d'une position donnée, elle pourra se retirer avant que l'infanterie ennemie puisse arriver.

Aujourd'hui, vous allez entrer en opérations réglées; vous devez marcher avec une avant-garde composée de beaucoup de cavalerie, d'une douzaine de pièces d'artillerie et d'une bonne division d'infan­terie. Tout le reste de vos corps doit bivouaquer à une heure der­rière, la cavalerie légère couvrant, comme de raison, autant que possible. Vous devez penser qu'il est dans l'esprit du colonel Nugent, qui dirige le prince Jean, qu'aussitôt qu'il verra que vous marchez à lui d'un côté, et Macdonald de l'autre, il marchera sur l'un de vous, et, comme il a l'avantage d'avoir les gens du pays, il marchera réuni, sans se faire éclairer par sa cavalerie légère, et peut tomber sur vous sans que vous vous en doutiez. n faut par conséquent bien organiser votre marche; que l'artillerie soit dans les divisions et que chacun soit à son poste, en marche comme au bivouac; que l'on bivouaque comme en temps de guerre et de manière à prendre les armes et se battre au point du jour. Il ne serait pas impossible que le prince Jean eût choisi une bonne position et vous attende ; dans ce cas, je vous recommande de la bien reconnaître et de bien établir votre système avant de l'attaque!. Un mouvement en avant, sans fortes combinaisons, peut réussir quand l'ennemi est en retraite ; mais il ne réussit jamais quand l'ennemi est en position et décidé à se défendre; alors c'est un système ou une combinaison qui font gagner une bataille. Je suppose qu'avec Macdonald, Lauriston et Montbrun vous aurez 45,000 hommes. Si Marmont était arrivé à Marburg, comme on veut me le faire croire, faites-le marcher à l'ennemi; il peut alors marcher en se réunissant par sa gauche au général Macdonald. Je crois vous avoir mandé qu'il fallait ordonner au général Rusca de se renforcer à Klagenfurt et Villach, d'observer le Tyrol, qui s'est de nouveau insurgé, et de protéger votre ligne de communication.

Faites-moi connaître combien vous aurez de pièces de canon et de coups à tirer. De votre avant-garde à la queue de votre parc il ne doit pas y avoir plus de trois à quatre lieues. Quant à l'artillerie, voici l'attention qu'il faut avoir : aussitôt que vous aurez décidé votre attaque, faites-la soutenir par une batterie de trente à trente-six pièces de canon, rien ne résistera ; tandis que le même nombre de canons disséminés sur la ligne ne donnerait pas les mêmes résultats.


Schönbrunn, 7 juin 1809, huit heures du matin

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant 3e corps de l’armée d’Allemagne, à Wolfstahl

Mon Cousin, je reçois votre lettre du 6 juin à minuit. Je suis bien aise que vos nageurs n'aient pas passé. Je préfère que vous organisiez des moyens de passer de vive force dans l'île avec des bateaux et des radeaux. Vous avez bien fait d'éclairer le général Montbrun sur la situation des choses. Écrivez-lui d'appuyer sa droite au général  Colbert et au vice-roi; je désire qu'il aide et soit à la bataille que le vice­ roi va donner au prince .Jean. Le vice-roi a aujourd'hui son quartier général et toute son armée à Güns, et son avant-garde probablement à Stein am Anger. Le général Montbrun pourrait se grouper avec le général Lauriston; il ne faut pas qu'il néglige de contenir l'ennemi du côté de Raab, mais il faut qu'au moment de la bataille que livrera le vice-roi il appuie sur lui pour y être. Je vais donner ordre au général Marulaz de se porter sur Bruck; ce qui renforcera le général Lasalle d'autant et le rendra suffisamment fort pour seconder vos dispositions.


Schönbrunn, 7 juin 1809, huit heures du matin

Au général Marmont, duc de Raguse, commandant l’armée de Dalmatie, à Laybach

Monsieur le Duc de Raguse, je vous réexpédie votre aide de camp.

Marchez sur Chasteler pour rétablir nos communications. Chasteler veut, ou simplement passer, ou maintenir un foyer d'insurrection dans ces provinces. Dans le second cas, vous l'exterminerez; dans le premier, vous le suivrez et vous règlerez, selon les circonstances, de manière à vous porter sur Graz ou Marburg.

Le prince Jean paraît vouloir tenir derrière la Raab; le vice-roi marche à lui.

Si, en poursuivant Chasteler, vous êtes conduit près de Spital, enlevez le fort de Sachsenburg.

Faites bien armer et mettre en état Klagenfurt.


P. S. Les dernières nouvelles qu’on avait du prince Jean portent qu'il était à Saint-Gotthard, derrière les sources de la Raab. Le vice­ roi est aujourd'hui à Günz, et le 8 ou le 9 l'attaquera. Le généra! Macdonald marchera à lui par Graz. C'est à vous,d’après les ren­seignements généraux, à vous conduire de manière à être le plus utile possible. Il ne serait pas impossible que le prince Jean descendit encore.


Schönbrunn, 7 juin 1809, onze heures du soir.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Guns

Mon Fils, je vous ai expédié ce matin l'officier d'ordonnance Mar­beuf. Vous devez avoir eu dans la journée des renseignements positifs sur la position de l'ennemi. Il est impossible que vous n'ayez pas déjà fait un certain nombre de prisonniers. Il faut pour cela que la cavalerie légère perde l'usage de s'éparpiller, mais fasse de bonnes reconnaissances en force; c'est le moyen d'empêcher qu'elle ne soit ramenée, et d'avoir des nouvelles. Lauriston est en communication avec Montbrun. Ainsi votre gauche s'étend jusqu'au Danube, et votre communication de droite avec Macdonald embrasse tout le cercle; le pays est donc bien éclairé. Il faut que le prince Jean soit bien faible, puisqu'il n'a pas osé attaquer Macdonald, qu'il a su être seul. Il n'a pu ignorer que vous étiez sur Neustadt avec une partie de l'armée. Je n'entreprends rien de ce côté que le débordement du Danube ne soit passé; on attend un débordement dans trois ou quatre jours; il dure trois jours. J'espère que dans cet intervalle vous me déferez entière­ment de l'archiduc Jean.


P. S. J'ai nommé le colonel Pellegrin directeur du parc d'artillerie de ma Garde. Donnez-lui l'ordre de se rendre ici.


Schönbrunn, 7 juin 1809, onze heures du soir.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Guns

Mon Fils, les intendants que vous avez nommés ne valent rien.

Les intendants sont chargés non-seulement de la perception des con­tributions, mais encore de l'administration des provinces. Il faut donc pour cela des hommes d'un caractère reconnu, tels que des auditeurs au Conseil d'État et des inspecteurs aux revues. Si dans mon Conseil d'État du royaume d'Italie il y a des auditeurs qui soient capables de remplir ces fonctions, je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous les fassiez venir; mais des contrôleurs des vivres, que vous avez mis dans ces places, ne me conviennent pas.

Boinod (Jean-Daniel-Mathiu Boinod, 1765-1842) portera le titre d'ordonnateur en chef de l'armée d'Italie, et Joubert, celui d'intendant des provinces de Trieste, de Carniole et du Frioul autrichien.

Il ne faut plus faire venir aucun argent de Milan, et mon ordre du jour du 28, dont copie est ci-jointe, doit être suivi à l'armée d'Italie comme à l'armée d'Allemagne. Les villes de Trieste, de Laybach, de Klagenfurt et de Graz doivent vous fournir quelque argent; mais, si vous en avez besoin, l'intendant général vous en enverra de Vienne. Il faut dépenser ici leur papier et épargner nos écus.


Schönbrunn, 7 juin 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Guns

Mon Fils, je vous envoie la copie d’un rapport du général Montbrun. Le duc d’Auerstaedt, qui connaît mes intentions, lui a écrit de ne faire aucun mouvement  rétrograde, mais, au contraire, qu’il ait à s’appuyer sur vous. L’aide de camp du général Marmont est parti : j’ordonne à ce général de poursuivre Chasteler, qui peut-être voudrait établir un foyer d’insurrection à Villach. Il faut que vous écriviez en double à Marmont par Macdonald. Marmont, doit marcher sur Chasteler, s’il séjourne sur mes derrières; et, s’il est passé, s’éloigner en marchant sur Saint-Gotthard, se liant avec Macdonald. Il n’est pas impossible que le prince Jean descende encore en se rapprochant de Macdonald. Il faut faire connaître les événements par des officiers que vous instruirez d’avance, plutôt que par des lettres qui peuvent être interceptées et donner des renseignements utiles à l’ennemi. Je suppose que vous préviendrez votre cavalerie et votre infanterie qu’il est possible qu’ils voient beaucoup d’hommes à cheval, mais que c’est la levée hongroise, qu’il ne faut pas confondre avec des troupes réglées. Vous trouverez ci-joint un décret qui ordonne le séquestre des biens de la maison d’Autriche dans le royaume d’Italie. Veillez à ce qu’il soit bien exécuté.

 

Napoléon, Empereur des Français, roi d’Italie, protecteur de la confédération du Rhin, etc., etc.,

Nous avons décrété ce qui suit :

Tous les biens et domaines appartenant à des princes et princesses de la maison d’Autriche dans notre royaume d’Italie, dans nos départements français, et notamment dans ceux formés des Etats de Toscane, seront mis sans délai dans le séquestre.

 

Nos ministres d’Italie et de France sont chargés de l’exécution du présent décret.

(Eugène)


Schönbrunn, 7 juin 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Guns

Mon Fils, le 15, il arrive 500 cuirassiers et 300 hommes de cavalerie à Vérone. Donnez ordre qu’ils soient dirigés sur Osopo, et que de là ils partent ensemble avec l’infanterie, l’artillerie et la cavalerie qu’on pourra réunir. Ecrivez au général Bisson (Baptiste-Pierre-François-Jean-Gaspard Bisson, 1767 – 1811. Connu pour ses capacités digestives étonnantes !), qui, je crois, commande dans le Frioul, de former de tout cela une bonne colonne, et de la mettre en marche, sous un bon commandement, pour Klagenfurt, d’où elle viendra vous rejoindre.

(Eugène)


Schönbrunn, 8 juin 1809

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn

Donnez ordre au général la Riboisière de faire partir demain une partie des quarante-huit pièces d'artillerie pour l'île, pour armer les batteries.


Vienne. 8 juin 1809.

DIX-SEPTIÈME BULLETIN DE L’ARMÉE D’ALLEMAGNE

Le colonel Gorgoli, aide de camp de l'empereur de Russie, est arrivé au quartier impérial avec une lettre de ce souverain pour Sa Majesté. Il a annoncé que l'armée russe, se dirigeant sur Olmutz, avait passé la frontière le 24 mai.

L'Empereur a passé avant-hier la revue de sa Garde, infanterie, cavalerie et artillerie, Les habitants de Vienne ont admiré le nombre, la belle tenue et le bon état de ces troupes.

Le vice-roi s'est porté avec l'armée d'Italie à OEdenburg en Hongrie.

Il paraît que l'archiduc Jean cherche à rallier son armée sur la Raab, Le duc de Raguse est arrivé avec l'armée de Dalmatie le 3 de ce mois à Laybach.

Les chaleurs sont très-fortes, et les gens pratiques du Danube annoncent qu'il y aura un débordement d'ici à peu de jours. On pro­fite de ce temps pour, indépendamment des ponts de bateaux et de radeaux, achever de planter les pilotis.

Tous les renseignements qu'on reçoit du côté de l'ennemi annoncent que les villes de Presbourg, Brünn et Znaim sont remplies de blessés. Les Autrichiens évaluent eux-mêmes leur perte à 18,000 hommes.

Le prince Poniatowski, avec l'armée du grand-duché de Varsovie, poursuit ses succès. Après la prise de Sandomir, il s'est emparé de la forteresse de Zamosc, où il a fait éprouver à l'ennemi une perte de 8,000 hommes et pris trente pièces de canon. Tous les Polonais qui sont à l'armée autrichienne désertent. L'ennemi, après avoir échoué devant Thorn, a été vivement poursuivi par le général Dom­browski. L'archiduc Ferdinand ne retirera que de la honte de son ex­pédition. Il doit être arrivé dans la Silésie autrichienne, réduit au tiers de ses forces.

Le sénateur Wybicki s'est distingué par ses sentiments patriotiques et son activité.

M. le comte de Metternich est arrivé à Vienne. Il va être échangé aux avant-postes avec la légation française, à qui les Autrichiens avaient, contre le droit des gens, refusé des passeports, et qu'ils avaient emmenée à Pest.


Schönbrunn, 9 juin 1809, trois heures après midi.

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant 3e corps de l’armée d’Allemagne, à Wolfstahl

Mon Cousin, je vous envoie copie d'une lettre que je reçois du vice-roi. Il paraît qu'il sera aujourd'hui à Sarvar, où il se trouvera réuni avec le général Montbrun et le général Lauriston. J'ai donne ordre au général Marulaz d'être rendu cette nuit à Bruck, où il sera sous les ordres du général Lasalle. J'ai fait donner l'ordre au général Lasalle d’être sous vos ordres tout le temps que vous resterez devant Presbourg ; ce qui ne t'empêchera pas de correspondre avec le duc d'Istrie. L'archiduc Jean se retire-t-il sur Raab, comme le pense le vice-roi, ou se retire-t-il sur Bude ? Toutefois le vice-roi le poursuivra vivement. S'il s'est retiré sur Raab, le général Lasalle se trouvera en communication et pourra faire passer des nouvelles. Le cas arrivant, il ne serait pas hors de propos que ce général éclairât de fort loin tout ce qui se passe à Raab. Le Danube se divise en deux bras du côté de Rajka, et un bras va jusqu'à Raab. Je suppose que les postes du général Lasalle ont passé ce bras pour éclairer cette immense île (il s’agit de l’île Schütt), qui a dix ou douze lieues de long sur trois ou quatre de large. S'il ne l'avait pas fait, ce serait une très-grande faute, à laquelle il fau­drait sur-le-champ remédier.

Espérez-vous quelque chose de votre attaque ? Quand aurez-vous les matériaux pour jeter un pont ? Faites-moi connaître où vous placez le général Demont. Faites-moi connaître l'état de situation de ce corps, et les places vacantes dans les régiments.


P. S. J'ai passé avant-hier la revue de la division Friant; je l'ai trouvée fort belle.


Schönbrunn, 9 juin 1809, trois heures après midi.

Au général Lasalle, commandant la cavalerie légère de réserve, à Karlburg

Je vous préviens, Monsieur le Général Lasalle, que j'ai communiqué votre lettre à l'Empereur. Sa Majesté m'a autorisé à donner l'ordre au général Marulaz de partir ce soir pour se rendre à Bruck, afin de vous renforcer et de vous mettre à même d'éloigner toute incursion de la part de l'insurrection hongroise, et enfin de vous lier, s'il est possible, avec le général Montbrun.

Le prince de Neuchâtel, major général.


Schönbrunn, 9 juin 1809, trois heures après midi.

Au général Pajol, commandant la cavalerie légère du 3e corps, à Grinzing

Ordre au général Pajol de prendre ses cantonnements autour de Vienne et de Schönbrunn, et de faire les patrouilles nécessaires, depuis Tulln jusqu'à Vienne.


Schönbrunn, 9 juin 1809.

Au maréchal Bessières, duc d’Istrie, commandant la cavalerie de réserve de l’armée d’Allemagne, à Penzing

Le duc d'Istrie répondra que je ne vois pas s'il (il s’agit du général Lasalle) a passé le bras du Danube qui se divise près de Ragendorf et se réunit près de Raab, sur une longueur de neuf lieues et deux de large vis-à-vis Altenburg. Dans l'île est le village de Halászi, et plus bas le village de Hedervár. Cette île doit nécessairement être fouillée, car c'est au gros Danube qu'il faut s'appuyer, et non à une branche qui forme une rivière mé­diocre. S'il ne l'a pas fait, qu'il se dépêche de le faire et de réunir son infanterie sur un point, pour protéger le passage. C'est un point de la plus grande importance et très-urgent.


Schönbrunn, 9 juin 1809, cinq heures du soir.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Sárvár

Mon Fils, Marbeuf m'apporte votre lettre du 8 à onze heures du soir. Le général Lasalle est à Altenburg poussant des postes jusque près de Raab. Vous trouverez ci-joint une lettre du général Montbrun; vous verrez qu'il doit se trouver sur Szany.

Le prince Jean se retire-t-il sur Raab ou sur Pest ? C'est ce qui me paraît douteux. S'il se retire sur Raab, il est évident que vous arriverez sur ses flancs. Il paraît que l'embranchement de la route de Raab et de Pest est à Sümegh, où vous supposez que le prince Jean sera rendu le 9. Toutefois je pense que le parti que vous avez pris d'aller sur Sárvár est fort raisonnable, puisque de Sárvár à Sümegh il n'y a guère plus loin que de Körmönd à Sümegh. S'il se retire sur Pápa vous arriverez avant lui à cette position. Si vous vous battez à Pápa ou à Raab , vous aurez le général Lauriston, le général Mont­ brun, et vous pourrez appeler à vous une partie de la division Lasalle, qui est du côté d'Altenburg.

Je suppose que vous aurez fait prendre les lettres à Körmönd, et que vous aurez fait venir le maître de poste et le bailli, pour avoir des renseignements. Si le général Lauriston a envoyé de Sárvár, non pas seulement le 20e régiment de chasseurs, mais toute la brigade Colbert, il aura atteint la queue de l'ennemi et aura fait un bon nombre de prisonniers qui éclaireront tous les mouvements. J'attends avec intérêt les nouvelles que vous aurez eues dans la nuit.


P. S. Si le prince Jean se retire réellement sur Raab, le général Montbrun pourra longer son flanc gauche, l'inquiéter et lui faire bon nombre de prisonniers.


Schönbrunn, 9 juin 1809.

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, commandant le 10e corps de l’armée d’Allemagne, à Cassel

Mon Frère, j'ai reçu votre lettre du 4 juin. J'avais déjà reçu des lettres de Stettin du général Liébert (Jean-Jacques Liébert, 1758-1814). Rien ne constate les intentions ni la force des Anglais. Pour s'emparer de l'île de Rügen , il ne leur faut que 1,200 hommes; toutes leurs forces sont en Espagne et en Portugal; ils ne feront rien, ils ne pourront rien faire en Allemagne; d'ailleurs, alors comme alors.

Je suis bien loin d'adhérer à votre vœu et de faire marcher une de mes divisions en Hanovre; je ne puis également vous donner aucune espèce d'instructions. Vous avez 3 à 4,000 hommes de vos troupes; le roi de Saxe en a à peu près autant; la division hollandaise est aussi du même nombre; cela fait 12,000 hommes; bientôt j'en aurai 18,000 à Hanau; cela fera donc en tout 30,000 hommes, Ce n'est pas en les disséminant et en les éparpillant au moindre bruit qu'on arrivera à un résultat. Schill est peu de chose et s'est déjà mis hors de procès en se retirant du côté de Stralsund; le général Gratien et les Danois en feront probablement justice. Le duc de Brunswick n'a pas 800 hommes; l'ancien électeur de Cassel n'en a pas 600. Avant de faire un mouvement, il faut voir clair, et c'est parce que je me suis aperçu que vous agissiez trop promptement et avant d'avoir vu se développer les projets des ennemis, que j'ai défendu que mes troupes sortissent de Hanau. L'expérience vous apprendra la différence qu'il y a entre les bruits que l'ennemi répand et la réalité. Jamais, depuis seize ans que je commande, je n'ai donné de contre­ ordre à un régiment, parce que j'attends toujours qu'une affaire soit mûre et que je la connaisse bien avant de faire manœuvrer. Mes troupes ne sortiront de Hanau que lorsque je connaîtrai ce qu'elles auront à faire. Vous supposez qu'une grande expédition anglaise vienne à débarquer; comment dans ce cas pouvez-vous désirer qu'une faible division de mes troupes s'engage dans le centre de l'Allemagne ?

Exercez vos troupes; faites-vous aimer par de l'économie, de l'ordre et une certaine bonhomie, qui est le caractère des Allemands. Inquiétez-vous moins, vous n'avez rien à craindre; tout cela n'est que du bruit.


Schönbrunn, 9 juin 1809.

A l’Impératrice, à Strasbourg

J’ai reçu ta lettre ; je vois avec plaisir que tu vas aller aux eaux de Plombières ; elles te feront du bien.

Eugène est en Hongrie avec son armée.

Je me porte bien ; le temps est fort beau.

J’ai vu avec plaisir Hortense et le duc de Berg en France.

Adieu mon Amie

Tout à toi.

(Joséphine)


Schönbrunn, 10 juin 1809, onze heures du matin.

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant 3e corps de l’armée d’Allemagne, à Wolfstahl

Mon Cousin, j'ai reçu votre lettre du 9 et celle du 10 à quatre heures du malin. Le général Marulaz a reçu l'ordre hier à cinq heures du soir; il a dû partir à sept heures et arriver à minuit. .Ie ne mets pas en doute qu'il n'y soit (A Bruck) ce matin. Sa présence vous rendra inutile l'arrivée de Pajol. Le général Piré a très-légèrement fait une très-importante reconnaissance. Je pense qu'il faut savoir à quoi s'en tenir sur les mouvements que l'ennemi fuit dan s la grande île (île Schutt) , que j'appellerai l'île de Raab. Vous y aurez sans doute déjà envoyé une avant-garde d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie qui ramassera des moulins et des barques et se mettra à même de faire une forte reconnaissance dans cette île.

Le vice-roi a dû être le 9 à Sárvár. Je n'ai point de nouvelles qui me fassent connaître où il sera aujourd'hui, mais j'en attends à cha­que instant.

Si vous occupez aujourd'hui l'île de notre gauche, c'est-à-dire celle qui est sur la droite de la tête de pont de l'ennemi, vous aurez quelques prisonniers qui vous donneront des renseignements précieux. Vous m'avez annoncé l'interrogatoire des dix prisonniers que vous avez faits en dernier lieu et parmi lesquels se trouve un lieutenant­-colonel; je n'ai encore rien reçu. Il me semble qu'une fois que vous serez maître de l'île de gauche, l'ennemi ne pourra pas tenir dans sa tête de pont.


P. S. Si le vice-roi rejetait l'archiduc Jean sur Raab, il devien­drait encore plus important que vous eussiez un pont pour déboucher dans l'île et ôter cette retraite à l'archiduc.


Schönbrunn., 10 juin 1809,  cinq heures après midi.

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant 3e corps de l’armée d’Allemagne, à Wolfstahl

Mon Cousin, je reçois une lettre du vice-roi du 9, à dix heures du soir. Le général Grouchy était à Vasvár et avait poursuivi la cavalerie du prince Jean jusqu'à Türgye. Le vice-roi était à Sárvár, le général Lauriston à Jánosháva et à Kis Czell, et le général Montbrun à Pápocz. Le général Grouchy avait fait une vingtaine de prisonniers de cavalerie. Une avant-garde de Macdonald était à Fürstenfeld. On n'avait pas de nouvelles précises du prince Jean. On avait envoyé de fortes reconnaissances sur Papa. Le général Marulaz doit être actuellement arrivé à Bruck.


Schönbrunn, 10 juin 1809, six heures après midi.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Sárvár

Mon Fils, je reçois votre lettre datée de Sárvár le 9 juin à neuf heures du soir. Il faut bien recommander au général Grouchy et à vos généraux de cavalerie de vous faire connaître quelle cavalerie ils suivent: si c'est de la cavalerie de l'insurrection, de la cavalerie du prince Jean ou des régiments de ligne qui ne feraient point partie du corps du prince Jean. Tout porte à penser que vous ne devez pas tarder à avoir des nouvelles positives de l'ennemi. Si vous vous appro­chez de Raab, vous prendrez cette ville. II n'y a pas d'inconvénient que l'ennemi soit entre vous et moi: le général Montbrun assure votre communication de gauche. Le général Lasalle a ses avant-postes à Wieselburg; je lui envoie Marulaz pour le renforcer. Le duc d'Auerstaedt est avec un bon corps d'armée devant Presbourg. Au point de Rajka, à trois lieues de Presbourg, le Danube détache un bras qui va jusqu'à Raab, et forme une île de huit à dix lieues de long sur trois de large. Ce matin, l'ennemi avait des postes à l'extrémité du village de Ragendorf; j'ai ordonné au duc d'Auerstaedt de l'attaquer. Lorsque vous marcherez sur Raab, le général Montbrun peut maintenir votre communication avec le général Lasalle, lequel se rapprochera de Raab, et, par ce moyen, nous ne serons jamais séparés. Je ne sais pas ce qui se passe sur vos derrières; il n'y a pas de nouvelles du général Rusca. J'ai fait dire au général Marmont de se porter sur Klagenfurt pour chasser Chasteler. Comme il est possible que les courriers n'arrivent pas, il est nécessaire de ne pas trop engager Macdonald, afin que, lorsqu'on aura des nouvelles positives de l'ennemi, s'il y a des craintes pour Klagenfurt et pour les derrières de l'armée d'Italie, le général Macdonald puisse s'y porter pour rétablir l'ordre. J'ai envoyé un escadron de chevau-légers polonais sur le Semmering, pour avoir des nouvelles. Il faut obliger les gens à parler; il faut faire enfermer les maîtres de poste et ceux dont on croit pouvoir tirer des nouvelles, s’ils ne veulent prien dire, et, quand on les a forcés à dire ce qu’ils savent, les retenir jusqu’à ce que leurs avis soient vérifiés.

Répandez les proclamations que je vous envoie.


PS. Il ne faut cependant pas se presser de donner une autre direction à Macdonald ; mais il ne faut pas trop l’engager, si on continue à avoir des inquiétudes pour les derrières.


Schönbrunn, 10 juin 1809, neuf heures du soir.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Sárvár

Mon Fils, un officier qui arrive de Neustadt rend compte qu'un aide de camp du général Rusca a passé ce soir se rendant à votre quartier général avec la nouvelle que Rusca a fait 600 prisonniers, et que Chasteler, après les avoir investis deux jours à Klagenfurt, s'était retiré le 7 du côté de Marburg. Il paraîtrait donc que les com­munications sont rétablies avec l'Italie. Mais, comme Macdonald a dû partir le 9 pour se rendre du côté de Körmönd, il serait convenable de s'assurer qu'il a laissé assez de monde devant Graz pour résister à ce qui pourrait se porter contre lui du côté de Marburg ou de Pettau.

Les dernières nouvelles que j'ai de vous sont du 9 à dix heures du soir. Il me tarde de savoir ce que vous avez fait aujourd'hui et d'avoir des nouvelles de l'ennemi. Je verrai aussi avec plaisir la relation que vous a portée l'aide de camp du général Rusca. Écrivez à Marmont, comme instruction générale, de s'approcher de Graz, et de balayer tout ce qui inquiéterait la communication de Marburg, Instruisez-le que Chasteler n'a avec lui que 4 à 5,000 landwehre, qui ne peuvent pas soutenir les regards d'un corps organisé.


Schönbrunn, 10 juin 1809

Au général Vandamme, commandant les troupes wurtembergeoises (8e corps), à Judenau

J'ai reçu le croquis que vous m'avez envoyé sur Melk; mais, comme il n'y avait pas d'échelle, je désire que vous en fassiez faire un plus étendu et qui ait une échelle, de manière que je puisse voir les distances.

La partie qui regarde le Danube paraît n'avoir besoin que d'être escarpée et que de quelques créneaux dans les flancs. La partie qui regarde le village n'a, je crois, besoin de rien. Je ne sais s'il y a moyen de la flanquer de manière qu'on en voie le pied.

Le vrai point d'attaque paraît être le long du mur du jardin, du côté de l'entrée; c'est donc là qu'il faut élever un ouvrage solide. Je ne pense pas qu'il y ait plus de 150 toises d'étendue. Il faudrait donc tracer là un beau front qu'on revêtirait en bois, en considérant ce mur actuel comme un second obstacle et portant le tracé à quelques toises en avant. Alors il me semble que l'abbaye de Melk serait un poste important. Quant aux pièces de canon, il en faut au moins huit pour défendre le front d'attaque, deux ou trois pour le côté du Danube et quatre ou cinq pour les autres parties de l'enceinte. Comme il y a ici, à Vienne, beaucoup d'artillerie de fer, on en enverra ce qui sera nécessaire.

Ayez soin que l'hôpital, les magasins d'artillerie et des vivres soient placés dans l'abbaye.

Faites faire une reconnaissance de l'abbaye de Göttweig, car, si elle était aussi facile à fortifier que Melk, ce pourrait être très­ avantageux.

Le major général vous enverra des ordres que je viens de donner pour que l'abbaye de Göttweig soit mise à l'abri d'un coup de main et que les murs de Mautern soient démolis.


Schönbrunn, 10 juin 1809.

Au général Walther, commandant la garde impériale, à l’armée d’Allemagne

Donnez l'ordre au chef d'escadron Lubienski de partir avec 100 chevau-légers polonais, ses meilleurs coureurs. Il se rendra cette nuit à Neustadt, où il restera en position; il aura de cette ville tous les renseignements venant d'Italie, et, comme la communication de l'armée d'Italie passe par cette ville et OEdenburg, il prendra des renseignements de tous les passants et visitera les lettres de la poste pour être instruit s'il y a des partis sur les derrières de l'armée. Il rendra compte s'il y a un commandant d'armes et une garnison, et comment sont les subsistances; s'il n'y a point de garnison, il laissera 20 hommes et filera sur Neunkirchen avec les 80 hommes restants, s'il n'y a pas de nouvelles précises. Si, au contraire, il a des nouvelles de Leoben et que les courriers passent, il placera son quartier à Neustadt ou Neunkirchen, et enverra 20 hommes sur Semmering pour questionner et rendre compte. Il est autorisé, s'il n'a pas de nouvelles à Neustadt, d'aller avec sa troupe jusqu'à Bruck pour en avoir.

Il enverra des renseignements deux fois par jour.


Camp impérial de Schönbrunn, 10 juin 1809.

ORDRE.

1° Il sera armé six bateaux. Chaque bateau sera armé de deux à trois pièces de canon et de douze jusqu'à trente avirons. Deux de ces bateaux, les plus légers, seront armés de pièces de 3; deux seront armés de pièces de 6, un d'un obusier et un d'une pièce de 12.

2° Il sera construit une petite batterie flottante, ayant un parapet ou un bordage à l'abri de la mitraille et des petits canons. Elle sera armée de trois pièces de 18. Cette batterie aura ses ancres et tous ses agrès pour pouvoir s'embosser où il sera nécessaire.

3° Le général du génie fera armer ces bateaux. Le général d'artil­lerie donnera l'artillerie nécessaire.

Le capitaine commandant la marine donnera des noms à ces ba­teaux, et à chacun un commandant et un équipage fixe. Ces bateaux auront toujours des vivres pour six jours.


Schönbrunn, 10 juin 1809.

NOTE POUR M. DARU, INTENDANT DE L’ARMÉE D’ALLEMAGNE, A VIENNE

L'intention de l'Empereur est qu'il ne soit accordé aucune indemnité à MM. Les officiers pour perte de cuirasses. La cuirasse est une arme ; comme l'épée, elle ne peut jamais être prise qu'avec l'officier qui la porte, Ce n'est donc que dans le cas où un officier aurait été fait prisonnier sur le champ de bataille qu'il pourrait réclamer une indemnité pour perte de sa cuirasse; mais, dans ce cas ,l'Empereur décide qu'il ne sera point accordé d'indemnité et qu'il sera fourni des magasins de l'État un casque et une cuirasse de simple cuirassier , que l'officier fera arranger ensuite à ses frais dans l'uniforme d'officier. M. l'intendant général est invité à envoyer ampliation de cette décision an ministre qu'elle concerne.

Le prince de Neuchâtel, major général.


Schönbrunn, 10 juin 1809.

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Vienne

Monsieur de Champagny, je vous prie de me rédiger de nouveau le décret ci-joint. Mon intention est de l'envoyer à Paris pour avoir un rapport du ministre des finances et du directeur général des douanes. Écrivez au sieur d'Hauterive de causer avec M. Armstrong, de lui dire que j'ai demandé un rapport sur cette question et de lui demander des explications sur cette déclaration du président des États-Unis que nous voyons dans les journaux.

PROJET DE DÉCRET.

Considérant que les Etats-Unis, par leur ferme résistance à des mesures arbitraires prises par le gouvernement anglais, ont obtenu la révocation des actes du roi d'Angleterre du 11 novembre 1807, et que, par les nouveaux ordres émanés du conseil du 26 avril 1809, les Américains sont affranchis de l'obligation de relâcher en Angleterre et de payer une taxe au gouvernement britannique;

Considérant que, par l'article 4 de notre décret du 17 décembre 1807, nous avons promis de rapporter ledit décret aussitôt que l'Angleterre, reconnaissant l'injustice et la violence de ces mesures, les révoquerait,

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

ARTICLE 1er. - Nos relations avec les Américains sont rétablies sur le même pied où elles étaient avant l'exécution des mesures ordon­nées par notre décret du 17 décembre 1807.

ART. 2. - Notre décret du 21 novembre 1806, sur l'état du blocus, sera maintenu en vigueur et continuera d'être exécuté jus­qu'à ce que le gouvernement anglais revienne, sur les règles du blocus, au droit commun et aux principes de la justice et de l'honneur.

ART. 3. - Nos ministres, etc.


Schönbrunn, 11 juin 1809.

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

J'ai reçu votre lettre du 4 juin, avec les dernières nouvelles d'Espagne.

Vous ferez connaître au maréchal Jourdan que je trouve les affaires d'Espagne mal conduites, et si mal conduites que je prévois des catastrophes si l'on ne donne pas plus d'activité et une impulsion plus vigoureuse aux mouvements des colonnes. On a laissé le temps aux Anglais de reformer une armée à Lisbonne. On a eu la coupable négligence de laisser le duc de Dalmatie trois mois sans communica­tion .Je n'ai cependant pas cessé d'ordonner qu'on rouvrît les com­munications avec ce maréchal. Avec les forces qu'on a en Espagne, elles n'auraient pas dû être interrompues huit jours. On a laisse du côté de ..... et de Calatayud se former des rassemblements consi­dérables, et, parce qu'on a dit qu'il ne fallait pas entreprendre l'ex­pédition d'Andalousie que le Nord ne fût éclairé, on a laissé inactives les troupes destinées à cette expédition, tandis qu'il fallait justement profiter du délai pour balayer tous les corps ennemis à douze ou quinze marches autour d'elles. Pourquoi ne pas marcher contre Cuesta et rejeter au delà de la Carolina les troupes qui sont de ce côté ? L'indolence de l'état-major de l'armée d'Espagne est telle, qu'il est resté plusieurs mois sans communication avec le duc d'Elchingen et qu'il a fallu, je crois, envoyer de Paris l'ordre au général Kellermann de marcher à lui. On a peine à concevoir de pareilles inepties, Dans cet état de choses, proposer des conquêtes est assez difficile. Une armée n'est rien que par la tête, et il faut avouer ici qu'il n'y en a aucune. Recommandez que l'on attaque l'ennemi partout où on le rencontrera; qu'on rouvre la communication avec le duc de Dalmatie, qu'on l'appuie sur le Minho, Les Anglais seuls sont redoutables. Seuls, si l'armée n'est pas différemment dirigée, ils la conduiront avant peu de mois à une catastrophe. Il ne faut donc pas agir sur tous les points de la circonférence quand on n'a pas de communication; mais il faut former un gros corps contre les Anglais, ne pas les laisser respirer et tomber dessus du moment qu'ils se désuniraient.


Schönbrunn, 11 juin 1809.

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

J'ai crée trois compagnies d'artillerie de la Garde, comme vous l'aurez vu par mon décret : une pour les fusiliers, une pour les tirailleurs et une pour les conscrits; la formation doit avoir lieu à Strasbourg.

Je désire que vous attachiez à chacune de ces compagnies une division de huit pièces de canon, quatre de 6, deux obusiers·et deux de 12, avec double approvisionnement, forge de campagne et tout ce qui est nécessaire; ce qui augmentera l'artillerie de ma Garde de vingt-quatre pièces de canon et la portera à quatre-vingt-quatre.

J'ai déjà à la Garde douze pièces de 12; avec cette augmentation, j'en aurai dix-huit; mais je les considère moins comme appartenant à la Garde que comme formant le parc de réserve de l'armée.

Par ces augmentations, ma Garde va se trouver formée de vingt­ quatre bataillons et de huit régiments de cavalerie; ainsi vous voyez que les quatre-vingt-quatre pièces ne sont que le nécessaire.

Prenez des mesures pour que les chevaux, harnais et train se trouvent organisés à Strasbourg.


Schönbrunn, 11 juin 1809.

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, donnez ordre au général Clément (Gabriel-Joseph Clément, 1766-1812. Il sera tué dans uns un duel !) de se rendre à Melk, où il prendra le commandement de cette abbaye qu'on arme, et où j'ai ordonné l'établissement d'un hôpital de 2,000 malades et la formation de magasins d'artillerie et de vivres. On travaille aux fortifications, où il doit y avoir seize pièces de canon. Le général Clément correspondra tous les jours avec vous, vous fera connaître tout ce qui viendra à sa connaissance et vous enverra des rapports sur l'armement et l'approvisionnement de la place.


Schönbrunn, 11 juin 1809.

Au maréchal Bessières, duc d’Istrie, commandant la cavalerie de réserve de l’armée d’Allemagne, à Penzing

On a mal fait de brûler les barques; il fallait les tenir de l'autre côté. Tout cela paraît conduit avec une timidité qui n'est conforme ni à la position ni à la supériorité de nos troupes .

Comme officier d'avant-garde, le général Lasalle a eu tort de dépasser Rajka sans avoir des postes dans l'île et sans avoir établi un va-et-vient sur un des bras vis-à-vis Rajka. Ce n'est pas à un petit bras du Danube qu'il devait s'appuyer, mais au grand bras, et les rapports du général Lasalle m'auraient trompé, le croyant à Alten­burg, appuyé au Danube lorsqu'il ne l'était qu'à un filet d'eau; et si, dans ce moment, l'ennemi eût fait un grand mouvement dans l'île et eûl passé le Danube, je l'eusse appris trop tard.

En général, lorsqu'un général d'avant-garde est chargé d'éclairer la rive d'une rivière, il doit éclairer jusqu'au thalweg, et le général en chef doit pouvoir calculer que, ses avant-postes étant à une telle distance, rien ne doit passer entre ses avant-postes et lui. Cela doit servir de règle, et le duc d'Istrie doit donner des ordres en conséquence.

Quant à l'ordre d'éclairer l'île, j'ai cru qu'on avait éclairé ce bras; sans ce compte, cet ordre ne me serait jamais venu dans l'idée. Il faut éclairer fort loin dans l'île.


Schönbrunn. 11 juin 1809, six heures du soir.

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Sárvár

Mon Fils, je reçois votre lettre du 10 à six heures du soir, datée de Sárvár. Si le prince Jean se retire décidemment sur Pest, il faut vous emparer de Raab. L'occupation de cette place sera d'un bon effet. Vous couvrirez d'ailleurs toute la ligne depuis Raab jusqu'au lac Balaton, et vous serez à Raab à mi-chemin de Bude à Vienne.

Donnez ordre au général Marmont de battre le corps qui est du côté de Pettau et de le jeter sur vous. Réitérez vos ordres pour l'armement de Klagenfurt; cette enceinte nous a déjà été très-utile et le sera encore plus dans cette guerre ; qu'on y fasse passer tous les canons nécessaires. Il faut redoubler d'efforts pour prendre la citadelle de Graz . J'attends avec intérêt de vos nouvelles de ce matin.


Schönbrunn, 12 juin 1809.

Au comte de Champagny, ministre des relations extérieures, à Vienne

Monsieur de Champagny, écrivez au sieur Bourgoing que je donne ordre au prince de Ponte-Corvo de faire réarmer et fortifier Dresde; que désormais cette capitale n'a plus rien à craindre que l'incursion de quelques partisans; qu'il serait bizarre en effet qu'un corps de partisans vînt piller et rançonner cette grande ville; que je désire que le Roi y concentre ses dépôts et ses troupes, et que, en cas qu'un corps d'aventuriers vînt forcer ses frontières, tout cela se réunisse pour défendre Dresde; qu'il est nécessaire de créer dans les différents quartiers huit bataillons de garde bourgeoise, chacun de 7 à 800 hommes , ce qui ferait un petit corps de 5 à 6,000 hommes; qu'il eût été ridicule qu'un bandit comme Schill, ou le duc de Bruns­wick, ou l'électeur de Cassel, ou tout autre, eût fait contribuer une ville comme Dresde; qu'elle est à l'abri maintenant d'une grande attaque; que j'ai donné ordre au prince de Ponte-Corvo de renvoyer les officiers inutiles et les seconds bataillons sur Dresde en resserrant les cadres; qu'il faut presser le Roi de remonter sa cavalerie, pour avoir bientôt 2,000 hommes à cheval et 10 à 12,000 hommes d'infanterie, avec vingt pièces de canon attelées; que cela formera un corps qui servira à la défense de ses frontières et concourra à main­tenir la tranquillité dans le nord de r Allemagne.


Schönbrunn, 12 juin 1809.

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, par ma lettre du 3 juin, je vous ai fait connaître l'organisation que je désirais donner au corps d'observa­tion de l'Elbe. Je suppose que le général Brouard est déjà rendu à Gand pour y réunir sa brigade; que le duc d'Abrantès est rendu à Hanau; que le général Lagrange est arrivé à Strasbourg et va se rendre à Augsbourg, et que vous avez nommé un officier du génie pour commander le génie de ce corps de réserve.

J'ai joint à cette réserve le régiment du grand-duché de Berg, que j'ai donné ordre au roi de Westphalie de diriger d'abord sur Hanau, où il recevra de nouveaux ordres.

Dès que le duc d'Abrantès sera arrivé à Hanau, il m'enverra de là des notes sur les différents généraux de division, de brigade. Occupez­ vous de pourvoir à toutes les places vacantes.

Les 4e bataillons de la division Saint-Hilaire ont été renvoyés aux dépôts. Il faudrait prendre des moyens pour les compléter.


Schönbrunn, 12 juin 1809.

Au général Clarke, comte d’Hunebourg, ministre de la guerre, à Paris

Monsieur le Général Clarke, vous enverrez un officier d'état-major en Espagne, avec l'ordre que les corps du duc d'Elchingen, du duc de Trévise et du duc de Dalmatie ne forment qu'une armée, qui sera sous le commandement du duc de Dalmatie. Ces trois corps ne doivent manœuvrer qu'ensemble, marcher sur les Anglais, les pour­suivre sans relâche, les battre et les jeter dans la mer. Mettant toute considération de côté, je donne le commandement au duc de Dalmatie, comme au plus ancien. Ces trois corps doivent former 50 à 60,000 hommes. Si cette réunion a lieu promptement, les Anglais doivent être détruits et les affaires d'Espagne terminées; mais il faut se réunir et ne pas marcher par petits paquets; cela est de principe général pour tous les pays, mais surtout pour un pays où l'on ne peut avoir de communication. Je ne puis désigner le lieu de réunion, puisque je ne connais pas les événements qui se sont passés.

Expédiez le présent ordre au Roi, au duc de Dalmatie et aux deux autres maréchaux par quatre voies différentes.


Schönbrunn, 12 juin 1809.

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne

Donnez ordre que le 1er régiment provisoire de dragons, le régiment du grand-duché de Berg et les deux régiments provisoires de dragons les mieux organisés, ce qui formera quatre régiments de cavalerie, partent d'Augsbourg et se dirigent sur Linz. Il restera au général Beaumont trois régiments provisoires de dragons, ce qui est suffisant. Il paraît qu'il est inutile de garder de la cavalerie à Ratisbonne et à Straubing, vu que l'ennemi ne fait aucun mouvement de ce côté. Les trois régiments qui lui restent, étant successivement aug­mentés par les détachements qui rejoignent, seront portés bientôt au même nombre; d'ailleurs le 65e doit avoir reçu beaucoup de conscrits.

Témoignez au général Deroy mon mécontentement de ce qu'il a fait un mouvement sans mon ordre. Il ne devait pas quitter Kufstein, sans raison. Mais enfin, puisqu’il est en Bavière, il faut qu'il réunisse le plus de forces qu'il pourra et batte les Tyroliens en les jetant dans les montagnes.

Mandez aussi au général Beaumont qu'il serait bien urgent de renvoyer ici les neuf hommes des compagnies isolées, qui ne peuvent être d'aucune utilité à Augsbourg.


Schönbrunn, 12 juin 1809.

A Jérôme Napoléon, roi de Westphalie, commandant le 10 corps de l’armée d’Allemagne, à Cassel

Mon Frère, je n'ai pas encore reçu la relation de la mort de Schill et de la prise de sa bande, qui a eu lieu le 31 mai; je suis surpris que vous ne me l'ayez pas encore envoyée. Faites arrêter les officiers qui se trouvent parmi les prisonniers, et faites-les conduire sous bonne garde en France, pour faire une justice éclatante de ces misé­rables. Rappelez la division Gratien à Magdeburg et aux environs; elle sera là à portée de se diriger où elle serait nécessaire. Faites-moi connaître le jour où elle arrivera. Maintenez en état cette division. Les renseignements les plus positifs me convainquent que le duc de Brunswick n'a pas plus d'un millier d'hommes, et l'ancien électeur de Cassel, pas plus de 500. Le roi de Saxe a 4 ou 5,000 hommes; c'est plus qu'il ne faut pour garder ses États. Envoyez-moi la situa­tion de vos troupes et de la division hollandaise. Laissez cette dernière sous le commandement du général Gratien. Je vous réitère l'ordre de faire partir sans délai mon régiment du grand-duché de Berg pour Hanau. Faites également filer tout ce qui appartiendrait au 4e escadron des chasseurs du grand-duché de Berg.


Schönbrunn, 13 juin 1809.

A Alexandre, prince de Neuchâtel, major général de l’armée d’Allemagne, à Schönbrunn

Mon Cousin, témoignez mon mécontentement au général Frère de ce qu'il n'envoie pas des rapports tous les jours sur ce que fait l'ennemi dans les îles, depuis Nussdorf jusqu'à Ebersdorf. Ce service n'est pas convenablement monté. Il faut dans la grande île, dite Tabor, un bataillon, un autre bataillon en réserve à l'île du faubourg où sont les pièces de 18, avec un colonel commandant le tout. Tous les jours, à la pointe du jour, le général de brigade et même le général de division, le commandant du génie, doivent s'y rendre et reconnaître la position de l'ennemi. Faites-moi connaître les ordres qui ont été donnés en cas que l'ennemi attaque et veuille pénétrer dans les îles.

Je n'ai point trouvé ce matin les canonniers à leur poste, et en général il n'y a rien de prévu dans le service. Faîtes-vous remettre par le général de division une note qui fasse connaître les dispositions qu'il a faites pour la défense du pays dont il est chargé. Faites mettre à l'ordre qu'en visitant les avant-postes je n'ai point trouvé les canonniers à leur poste; que les soldats du train étaient déshabillés et couchés; qu'il n'y avait point de garde aux pièces; que j'ai fait mettre en prison le sergent qui commandait ce poste; que je recom­mande de porter une attention particulière à cette artillerie, et qu'il y ait constamment des gardes et des plantons aux pièces.


Schönbrunn, 13 juin 1809.

NOTE POUR LE MAJOR GÉNÉRAL SUR LA DÉFENSE DE L'ILE TABOR.

L'île Tabor doit avoir un bataillon de 4 à 500 hommes de garde. On fera placer deux pièces de 6 en fer sur affûts, dont l'une sera placée près des maisons, vis-à-vis le grand pont brûlé, battant le village de Spitz; on tirera cette pièce toutes les fois que l'ennemi mettrait des bateaux pour communiquer dans les îles; l'autre pièce de 6  sera mobile; on la promènera selon les circonstances, mais on la tiendra le plus souvent battant le courant de Nussdorf, dans le lieu où l'on travaille actuellement pour placer les deux pièces de 18. Il y aura des bricoles pour conduire ces pièces, de manière que, si l'ennemi tentait quelque chose, on put porter ces deux pièces du même côte ou les retirer en cas d'événement.

Il y aura, outre cela, dans l'île un lieutenant et 15 hommes de cavalerie, sous les ordres du chef de bataillon, qui seront chargés de faire des patrouilles. Ce piquet sera fourni par un régiment wurtembergeois qui est à Vienne.

Il y aura sur la rive droite, près du faubourg, un second bataillon de service, lequel fournira 50 hommes de garde à la tête du pont dans l'île Tabor et 50 hommes de garde à la tête du pont dans la petite île, et veillera au service des batteries qui sont là.

Il y aura un colonel en second commandant les deux bataillons, qui sera chargé de la défense de l'île Tabor et des petites îles.

Fortification. - Les quatre pièces de 18 seront placées de manière qu'elles battent non-seulement le premier pont, mais encore le second, et qu'elles flanquent la tête de pont dans la grande île. On abattra des arbres, si cela est nécessaire, dans les îles intermédiaires.

On placera deux pièces de 6 dans le bonnet de prêtre de la grande île et deux autres dans le second. Dans la petite île on établira deux batteries qui flanquent la tête de pont de l'île Tabor.

Le bonnet de prêtre de l'île Tabor est trop petit. On le finira comme réduit, et on établira trois redoutes en avant, telles que le bataillon qui est dans l'île puisse s'y réfugier et faire une bonne défense. On m'en soumettra le plan.

NOTA. La batterie de deux pièces de canon qui devait être établie pour battre le canal de Nussdorf sera placée sur la droite du Danube.

Un général de brigade sera chargé de la défense de l'île Tabor, des deux petites îles qui arrivent à Vienne et de tout le Prater; il lui sera donné, indépendamment de quatre à cinq bataillons d'infan­terie, une centaine de chevaux.

DES PONTS. - Les deux petits ponts qui sont sur radeaux seront établis en pilotis.

SERVICE DU GÉNIE. - Un officier du génie sera affecté à cette défense. Il aura le plan de toutes les îles, il le rectifiera; il fera avec le général des visites tous les matins, depuis trois heures jusqu'à six, aux postes avancés, et reconnaîtra les travaux que l'ennemi aurait faits la nuit. Il fera travailler et pressera les ouvrages. Les travailleurs seront payés. La tôle de pont qui fait le réduit du Tabor doit être à l'abri de toute insulte, bien palissadée, fraisée et mise en état.

Le gouverneur lui-même fera souvent des reconnaissances.


Schönbrunn, 13 juin 1809.

Au général comte Bertrand, commandant le génie de l’armée d’Allemagne, à Ebersdorf

Monsieur le Général Bertrand, j'avais demandé l'officier du génie chargé des travaux des îles; j'ai trouvé un pauvre diable qui n'avait ni carte ni plan de ces îles. Cela est pitoyable ; il n'y a pas un officier d'infanterie qui ne les ait.

Le génie ne sert pas aussi bien qu'il devrait. Le colonel du génie chargé de la défense des abords de Vienne devrait avoir les plans de toutes les îles, les rectifier par ses observations, suivre les mouvements de l'ennemi, faire tous les jours des rapports sur ce que l'ennemi fait, être à la pointe du jour sur les points importants pour les reconnaître. Au lieu de cela, votre officier du génie n'a rien vu, rien fait, et croyait avoir réponse à tout parce qu'il avait le croquis de deux mauvais bonnets de prêtre qu'il a faits.

Il faut que vous chargiez un officier actif et intelligent de l'observation des îles depuis Klosterneuburg jusqu'à Ebersdorf, qui observe les mouvements de l'ennemi et propose les moyens de s'y opposer. Le colonel que vous avez mis là me paraît peu actif et peu propre à cet important ouvrage.


Schönbrunn, 13 juin 1809.

Au général comte Bertrand, commandant le génie de l’armée d’Allemagne, à Ebersdorf

Monsieur le Général Bertrand, je viens de voir les deux ponts et les ouvrages en avant de Vienne. On ne paye pas les travailleurs. Donnez ordre qu'on les paye à compter de demain, de manière qu'ils puissent gagner 25 à 30 sous par jour en papier. Donnez ordre à l'officier qui dirige ces travaux de venir prendre mes ordres. Voici ceux que vous lui donnerez:

Faire remplacer les deux ponts sur radeaux par deux ponts sur pilotis; les ingénieurs de la ville pourraient être chargés de cette besogne;

2° Placer les deux batteries de 18 de manière qu'elles restent sur le continent, mais battent toutes les îles;

3° Établir dans la petite île deux redoutes qui flanquent la tête de pont de la grande île, indépendamment de ce que les batteries de 18 qui sont sur le continent la flanqueront encore;

4° Considérer le bonnet de prêtre qui a été fait dans la grande île comme réduit; cela n'a que cent toises, c'est bien petit; mais enfin il faut s'en servir. Le bien palissader et fraiser, et établir trois redoutes fermées tout autour, de manière que le bataillon qui est dans l'île puisse se réfugier derrière ces ouvrages et donner le temps à l'armée de passer les deux ponts pour culbuter ce qui serait passé dans la grande île.

Au reste, j'expliquerai cela plus en détail à l'officier chargé de diriger ces travaux. Donnez-lui l'ordre de se rendre ce soir auprès de moi.


Schönbrunn, 13 juin 1809, neuf heures du soir

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie, à Szemere

Mon Fils, je reçois votre lettre du 12 à huit heures du soir, datée de Papa. J'ai fait connaître votre position au duc d’Auerstaedt, pour qu'il donne l'ordre à Lasalle et Marulaz d'appuyer votre gauche, et pour que, lorsque vous serez du côté de Raab, les communications soient sur-le-champ établies par Szent-Mikl6s et Wieselburg. Ce mouvement, au lieu de vous éloigner d'ici, vous en rapprochera. La ville de Raab est une ancienne place forte, mais je la crois démolie; je pense qu'on y a fait des travaux depuis quelques jours de ce côté-ci. Si vous la prenez, ce sera une chose utile. Je ne comprends pas bien encore quel est le projet de l'archiduc Jean; je ne crois pas qu'il y ait de pont à Komorn, il n'y en a qu'à Pest, et il ne se risquera pas à passer le Danube et à s'affaiblir devant vous, à moins d'avoir un pont ou une place forte. Au reste, lui faire le plus de mal que vous pourrez, l'acculer au Danube, le couper de ses communi­cations avec Chasteler et Gyulai, qui paraissent avoir le projet de le joindre, faire tomber la citadelle de Graz par son isolement et maintenir vos communications par votre gauche avec le duc d'Auerstaedt, faire construire des ponts sur la Raab, tel doit être votre but. Vous verrez, par la lettre que vous a écrite le major général, que je fais donner l'ordre au général Marmont de marcher sur Gyulai et Chasteler, et d'avancer même sur Graz.


 

Schönbrunn, 13 juin 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

Si le propos d’Izquierdo (Don Eugenio Izquierdo – 1745 – 1813. Il est alors secrétaire particulier du roi détrôné Charles IV)  à M. de Stroganoff (au salon des étrangers est vrai, faîtes arrêter ce coquin et faîtes mettre le scellé sur ses papiers.

Il ne serait pas impossible que M. de Starhemberg fût dans les environs de la Hollande, pour tâcher de s’embarquer pour l’Angleterre. Il faudrait le faire arrêter.

(Lecestre)


Schönbrunn, 14 juin 1809, minuit.

Au maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, commandant le 3e corps de l’armée d’Allemagne, à Wolfstahl

Dans la dernière lettre que vous avez écrite à l'Empereur, Monsieur le Duc, vous lui dites que le général Hiller est à Presbourg, sans faire connaître sur quoi est fondée cette opinion. Sa Majesté est portée à penser que le général Hiller n'a que trois régiments à Presbourg, que ces trois régiments sont dans les îles devant vous, et qu'il a en outre quelques régiments de landwehre. Il paraît certain que les dix autres régiments d'Hiller sont à leur poste, à Enzersdorf.

L'Empereur désire avoir un rapport sur tout ce que vous avez fait.

Les jours perdus sont des jours où l'ennemi se fortifie. Sa Majesté croit qu'avec une canonnade fortement soutenue l'île eût été le tombeau de l'ennemi. La tête de pont qu'il occupe n'a que 500 toises de long. Si l'ennemi y a 4 ou 5,000 hommes, il ne peut y rester sans perdre beaucoup de monde. Si votre commandant d'artillerie s'était attaché à  bien placer les batteries, chacun de nos coups de canon devait tuer beaucoup de monde à l'ennemi, tandis que les siens ne pouvaient nous tuer que quelques canonniers.

Il est minuit: l'Empereur n'a pas encore de nouvelles du vice-roi; voilà donc quarante-huit heures, et c'est une nouvelle raison pour que vous avanciez une avant-garde sur Raab et que vous vous mettiez en communication avec le vice-roi, Sa Majesté espère avoir par vous des nouvelles de ce qui se sera passe le 13 et le 14 du côté de Raab. Si quelques indices vous font croire qu'un renfort soit néces­saire au vice-roi, vous pouvez diriger sur lui le général Gudin avec douze pièces de canon et 6,000 hommes, et tout le corps du général Marulaz. Quant ù la division Friant, l'Empereur ne juge pas convenable de lui faire faire aucun mouvement.

Envoyez-moi l'état de tous les commandants d'armes que vous pouvez avoir laissés sur nos derrières. Il y en a un à Ratisbonne qui fait des proclamations ridicules.

Le prince de Neuchâtel, major général.


Schönbrunn, 14 juin 1809, minuit.

Au général Marmont, duc de Raguse, commandant l’armée de Dalmatie, à Villach

Je vous ai écrit hier, Général, et il tarde à l'Empereur d'apprendre que vous avez été sur Graz pour déjouer ce que les généraux Chasteler et Gyulai avaient fait entreprendre contre le corps français du général Broussier.

Sa Majesté ne comprend pas comment vous êtes resté sans agir à Laybach, tandis que l'ennemi qui vous était opposé se dirigeait sur Pettau et le Danube. L'opinion de l'Empereur est que, si vous aviez été plus actif dans vos mouvements, vous auriez pris Chasteler. Vous ne pouviez recevoir de renseignements du général Rusca, puisqu'il était aux mains avec l'ennemi, et n'en pas recevoir devait vous faire présumer ce qui se passait. Il était facile de penser que Chasteler cherchait à se joindre à l'archiduc Jean, et avait le projet de passer entre Laybach et Graz.

En vous portant du côté de Graz, ayez soin de prévenir le général qui commande dans le Frioul, afin que la forteresse de Palmanova soit sur ses gardes. Prévenez également le commandant à Trieste pour qu'il ne se laisse pas surprendre.

Le vice-roi est actuellement aux prises sur le Danube, du côté de Raab, avec le prince Jean. Correspondez fréquemment avec lui, afin que vous puissiez être utile dans les grands coups qui vont se porter dans quelques jours.


Schönbrunn, 14 juin 1809

A Eugène Napoléon, vice-roi d’Italie.

Mon Fils, donnez ordre que le chef de brigands, comte de Mascarelli, qui a été pris en Dalmatie, soit traduit à une commission militaire.

(Eugène)


Schönbrunn, 14 juin 1809

Au comte Fouché, ministre de la police générale, à Paris

J’ai reçu un mauvais galimatias de ce scélérat de Palafox (José de Rebolledo Palafox y Melci, 1780 – 1847, le héros espagnol du siège de Saragosse. Il a en effet adressé à Napoléon un longue lettre dans laquelle il cherche à jsutifier sa tenace résistance). Je suis mécontent que vous l'ayez accepté, fait traduire, et par là fait con­naître qu'il était à Vincennes, tandis qu'il devait y être ignoré. Ce scélérat est couvert du sang de plus de 4,000 Français qu'il a eu la barbarie de faire égorger à Saragosse. Qu'il reste à Vincennes, oublié, sans plumes ni papier, et sans moyen d'intéresser à son sort les ennemis acharnés de la France.

Vous n'avez pas rempli mes intentions. Vous deviez ignorer qu'il était à Vincennes. Je vous réitère que mon intention est qu'il y vive séquestré du monde, sans moyen d'écrire ni de se faire con­naître. C'est à cette condition que j'ai bien voulu ignorer ses crimes et ne pas le traduire à une commission militaire.

Il n'aurait pas fallu laisser venir Mlle de Stein jusqu'à Paris.

Écrivez en Westphalie qu'on n'envoie personne en France sans votre autorisation. Cette manière de faire est un peu légère. Il faut toute­fois l'enfermer dans une maison de femmes à Paris, et demander les charges qu'il y a contre elle.

(Lecestre)

 


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