3 mai 1809 - Ebelsberg

(Si l'ennemi veut défendre la Traun, il choisira sûrement   Ebelsberg, position qui lui est favorable - Napoléon à Masséna)


Les combats

On a vu que c'est à 8 heures du matin que le gros des forces autrichiennes a traversé Kleinmünchen, la tête de colonne atteignant Ebelsberg. A ce moment, les premiers cavaliers français apparaissent vers Niedernhart. Du coté de Radetzky, qui protège vers Wels, de petits postes de cavalerie français sont observés.

L'autrichien Vincent, qui commande les positions, a disposé ses troupes de la façon suivante: à droite, derrière le bois de Scharlinz, la brigade Hofmeister (RI 31à droite, RI 51 à gauche); le 3e bataillon du 51e tient Kleinmünchen, le reste, avec le 31e observent à la lisière de la forêt des deux cotés de la route et dans Scharlinz. Ses arrières sont protégés par les chevau-légers de Rosenberg, renforcés par un demi escadron des hussards Stipsicz. Un peloton de chevau-légers a été envoyé sur la droite, sur le Danube, un demi-escadron assure la liaison, sur la route Linz Wels, avec Radetzky. Un escadron de uhlans et deux compagnies Grenzer attendent l'ennemi, à l'intersection de ce que sont aujourd'hui les Salzburgerstrasse et Dauphinestrasse.

Le village d'Ebelsberg, vu du château - Remarquer la densité des maisons, semblable à celle de 1809. Photo: R. OuvrradA 9 heures, il règne à Ebelsberg un chaos indescriptible: les cavaliers veulent impérativement faire soigner leurs montures à la forge, de nombreuses compagnies commencent à préparer la cuisine (on est en route depuis sept heures), et l'artillerie est en mouvement autour du château. Au même instant les français traversent Linz, sans s'arrêter.

A 9 heures et demi se produisent les premières escarmouches devant Kleinmünchen. Au même moment survient la colonne Schustekh, venant de Leonding par Oberhart: elle essaye de gagner le passage de la Traun. En même temps, les préparatifs sont faits pour la destruction du pont.

10 heures. Les positions autrichiennes semblent fixées: au marché d'Ebelsberg se trouvent les 1er et 2e bataillons des Grenzer de Walachie-Illyrie, renforcés d'une compagnie de tireurs d'élite de l'archiduc Ferdinand. Au château trois compagnies du 2e bataillon du RI 29 (von Pflüger). Non loin de là, les premières unités du Ve corps. Sur le Schildenberg, le gros des troupes marche sur de chaque coté de la route, de sorte que le Ve corps forme l'aile droite, le VIe la gauche. A l'extrême droite, les Volontaires Viennois. Au sud de la route se trouve Dedovich,  puis la brigade Weißenhoff, devant de nouveau des Volontaires Viennois. Le gros de l'artillerie se trouve déjà vers Pichling et les hussards de Liechtenstein protègent les ailes à Gottschalling. Le IIe corps de réserve est déjà à Asten, ses avant-postes sont à Saint-Florian et occupe le Tillysburg.

À ce moment, un escadron du 19e chasseurs à cheval de la division Marulaz entre en contact avec l'ennemi au bois de Scharlinz. Marulaz s'aperçoit qu'il n'arrivera à rien avec le peu de forces dont il dispose: il demande des renforts à Masséna.

A dix heures et demie, Marulaz lance l'ordre d'attaque sur tout le front: les 19e, 23e et 14e chasseurs à cheval en première ligne, la cavalerie de la confédération en deuxième ligne. Leur but est de tourner la droite autrichienne. Mais la colonne Schustekh, qui survient sur sa droite, paraît à Marulaz plus importante: il ordonne aux dragons badois Trenqualye de tourner sur sa droite. Pourtant, ils n'attaquent pas.

Il est maintenant 11 heures. La brigade Coehorn arrive de Linz sur la position de Marulaz, et se déploie. Mais l'autrichien Vincent ne veut pas se risquer à un véritable combat: il ordonne la retraite. Les français font pression et, malgré le soutien de leur artillerie, les autrichiens se retirent en désordre.

Ce retrait met Radetzky en difficulté. Mal informé, il n'apprend le retrait du centre autrichien que lorsque l'infanterie française approche de Kleinmünchen. Radetzky rassemble toutes ses troupes et se hâte vers le pont sur la Traun, laissant à son sort son avant-garde.

Les combats sur le pont - Courtoisie: Château d'Ebelsberg - Photo: R.OuvrardAu pont règne le tumulte. On essaye de repousser les français à la baïonnette et à la crosse, mais aux autrichiens qui passent la Traun se mêlent des français. Coehorn aperçoit la chance qui s'offre à lui: il se met lui-même à la tête des tirailleurs corses et les emmènent vers l'entrée du pont.

A 11 heures et demie, les combats font rage. L'infanterie et l'artillerie autrichiennes se défendent vaillamment. Mais les français atteignent les premières maisons et la Porte de la Tour d'Ebelsberg: les autrichiens n'ont d'autre ressource que de d'abandonner leurs positions. Pendant ce temps, des unités autrichiennes, mêlées aux français, essayent de gagner la rive gauche de la Traun. Après une courte pause, durant laquelle Coehorn réussi à rassembler ses troupes (il a réussi à éviter la destruction du pont), ce dernier attaque de nouveau: il forme un groupe central et deux groupes latéraux, un à gauche qui s'attaque aux batteries autrichiennes, l'autre à gauche sur le coté sud d'Ebelsberg. Il ne prête pas attention au château, ce qui va lui coûter cher.

En effet, bientôt, le groupe central subit un feu meurtrier à partir du château. Mais il continue son avance. Claparède a amené ici ses brigades Lesuire et Ficatier, ainsi que deux batteries. Son artillerie, par ailleurs, est amenée des deux cotés du pont et ouvre le feu sur les batteries autrichiennes. Marulaz essaye de lancer ses cavaliers: il doit leur faire tourner bride, devant la difficulté du terrain.

Midi et demie. La brigade Coehorn suit les brigades Lesuire et Ficatier. Arrivés à la Tour, ils reçoivent une mauvaise nouvelle: le groupe de gauche a bien réussi à faire retraiter les batteries autrichiennes, mais arrivé au fossé du château, il a été assailli par le RI 58 (Pirquet) et forcé de reculer.

Château d'Ebelsberg: la porte nord aujourd'hui - Photo: R. OuvrardEbelsberg: la cour du château aujourd'hui - Photo: R. OuvrardIl est 13 heures. La brigade Lesuire arrive sur la place du marché. Trouvant une entrée vers le château, elle essaye de repousser les autrichiens, mais n'y parvient pas. Claparède se rend compte maintenant que le château est la position clé; il ordonne à Ficatier de s'en saisir. Ce dernier forme trois colonnes: la première monte vers la Wassertor, la deuxième s'attaque à la pente et la troisième s'avance le long de la Traun, pour prendre le château à revers. Les deux premières sont repoussées sévèrement. La troisième est attaquée de flanc par Pirquet et doit reculer. Pourtant, Pirquet et la majorité de ses officiers étant mis hors de combat, cette colonne parvient dans les fossés du château. Les français pensent ainsi pouvoir entrer dans la place, ils arrivent cependant au marché, où la situation s'est profondément modifiée.

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