3 mai 1809 - Ebelsberg

(Si l'ennemi veut défendre la Traun, il choisira sûrement   Ebelsberg, position qui lui est favorable - Napoléon à Masséna)


Les combats (suite)

13 h 30. Lorsque les tirailleurs de la brigade Coehorn apparaissent sur les hauteurs derrière Ebelsberg, les autrichiens sont à la popote. Ils ne s'attendent pas à une attaque: le bruit de combats qu'ils entendent ne sont sûrement que les bruits de combats d'arrière garde. Maintenant la situation devient critique. Le premier à s'en apercevoir est le colonel Küffel: en quelques minutes, il envoie le 5e bataillon des Volontaires Viennois à gauche, le 4e à gauche, le 6e au centre. Puis il ordonne l'attaque.

Les français se défendent âprement. Mais lorsque la cavalerie attaque, ils doivent reculer jusqu'à Ebelsberg. Les Volontaires obtiennent du renfort: le RI 29, le 3e bataillon du RI 18,enfin les 1er et 3e bataillon du RI 40. Il ne reste plus aux français qu'à évacuer les faubourgs d'Enns.

Les Volontaires Viennois au pont d'Ebelsberg (musée de Simmering - Vienne) - Photo: R. OuvrardPendant ce temps les combats font également rage dans les fossés du château. Après la défaite de Pirquet, le commandant von Siegler, du RI 7, attaque les français, mais ceux-ci sont plus rapides. Pourtant il réussi à les faire reculer: une partie des français saute dans la Traun, l'autre se rend. Siegler organise alors la défense, et tient bon, malgré trois attaques des français.

Au même moment, les Volontaires Viennois s'avance jusqu'à la place principale, que les français évacuent en catastrophe. Le 1er bataillon du RI 49 s'est joint aux Volontaires: les autrichiens pensent maintenant reprendre le pont.

À 14 heures, la contre-attaque autrichienne a donc réussi. La division Claparède a été repoussée, avec des pertes importantes en tués, blessés et prisonniers.. C'est l'instant où Hiller pourrait frapper. Pourtant, il temporise, et finalement ne se décide pas à engager de troupes supplémentaires pour ce combat: il lui importe seulement de conserver son corps d'armée et de continuer sa retraite en ordre. Par ailleurs, il a été informé que des forces ennemies arrivent de Wels.

Claparède et Coehorn, au contraire, ne démobilisent pas. Ils ont une marche de 30 kilomètres et un combat d'arrière-garde derrière eux, mais ils comptent sur l'aide de leurs maréchaux, et Masséna, effectivement, ne les abandonne pas. Malgré les batteries autrichiennes qui sont à la Ennser Tor, et en dépit des efforts du caporal Gabella pour mettre le feu aux maisons et enfumer les français, ceux-ci tiennent bon, et leur ténacité est récompensée: la division Legrand s'approche, venue de Linz au pas de charge ! Elle est composée de la brigade Ledru (26e léger et 18e de ligne) et des Badois de Kister. Au reçu de l'appel au secours de Masséna, ils ont accéléré le pas, faisant une partie du parcours en courant. Lorsqu'ils arrivent au pont, ils chargent leurs fusils tout en avançant.

Pouget (du 26e): "Je m'acheminais sur Ebelsberg en bon ordre et d'un bon pas, quand je vis arriver un cavalier de toute la vitesse de son cheval. C'était un aide de camp du maréchal Masséna qui venait m'apporter l'ordre d'accélérer la marche du régiment sur Ebelsberg, où l'ennemi était en force et dont nous étions encore à une demi-lieue. Je lui dis: <Monsieur, je ne puis mener mon infanterie au trot, je marche d'un bon pas et je serai bien aise d'arriver avec tout mon monde >.... Au bout de dix minutes, arriva un second aide de camp avec pareille mission que le premier..."

Les dragons de l'archiduc Jean au pont d'Ebelsberg (Musée de l'Armée - Vienne) Photo: R. OuvrardDeux heures et demie: Legrand et la brigade Ledru s'élance sur le pont. Les boulets sifflent au-dessus des têtes, un flot continu de blessés cherche sa route vers l'arrière. Qu'importe, tout ce qui se met en travers est bousculé, jeté dans la Traun (y compris un officier d'état-major français !).

Pouget: "Lorsque le 26e arriva au pont, il fut canonné par une batterie de douze pièces placée sur une élévation en arrière et à gauche du château, pouvant battre le pont en le prenant en écharpe. Je le fis passer au pas de course par le flanc, et les hommes à distance, précaution qui ne m'empêcha pas d'en perdre sept ou huit; une fois à couvert, nous marchâmes à rangs serrés et toujours sur le flanc sans rencontrer ni amis ni ennemis (sic)"

Les autrichiens ne peuvent pas résister à une telle attaque et les français atteignent rapidement la Ennser Tor, encombrée de canons hors d'usage, de voitures, de chevaux, de cadavres. Là, la résistance des autrichiens se durcit: un combat de rue recommence, qui tourne au désavantage des français, tout comme l'attaque du château.

Pouget: "Nous aboutîmes par une rue étroite et formant des sinuosités telles que nous n'étions plus qu'à vingt-cinq pas quand nous le vîmes (le château). Nous fûmes accueillis par une décharge de mousqueterie partie de dessous la voûte d'entrée."

Pourtant Masséna ne renonce pas. Il est au cœur des combats, au milieu de la grande place, qui est de plus en plus la proie des flammes (Pelet, son aide de camp, sera blessé au bras)

Masséna: Nous étions dans une situation extrêmement dangereuse. La plupart des officiers de mon commandement étaient blessés; mais il y allait du prestige, et nous espérions du renfort, bien que le pont sur la Traun, abîmé par les incendies, ne pouvait plus être utilisé que par l'infanterie."

Trois heures. Hiller apprend que Lannes se dirige sur Steyer et Enns, tandis que Molitor et Nansouty s'approche d'Ebelsberg par la rive droite de la Traun. Il donne alors de la retraite. 

C'est d'abord le château qui est évacué, occupé aussitôt par Ledru. Sur la grand place, Dedovich manque de peu d'être fait prisonnier, son cheval ayant chuté. À quinze heures trente, quelques autrichiens tiennent encore dans Ebelsberg, parmi lesquels un artilleur qui, à la Ennser Tor, bravant tous les dangers, continue de servir sa pièce et mitraille les français, les empêchant d'avancer.

La cavalerie de Marulaz voit son avancée ralentie par l'incendie, qui a atteint le pont.

A quatre heures de l'après-midi du 3 mai 1809, les combats d'Ebelsberg sont terminés.

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