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L'insurrection du Tyrol de 1809

"Je compte sur vous, Vous pouvez compter sur Moi, et avec le soutien de Dieu l’Autriche et le Tyrol resteront pour toujours aussi unis, comme ils l’ont été depuis un grand nombre d’années" - François Ier d'Autriche

Entrée en scène des tyroliens et première bataille d’Innsbruck (avril-mai)


 

Le 9 avril, donc, sous les ordres du Feldmarshal-Leutnant Johann marquis de Chasteler, les troupes autrichiennes (éléments du VIIIe corps) entrent en Tyrol, à marches accélérées (115 km du 9 au 12 !).

Du coté bavarois, les choses vont rapidement mal se passer. Dès le début des opérations, elles sont confrontées aux paysans tyroliens, mobilisés depuis le 11 avril, et qui se montrent maîtres dans l’art de défendre les ponts. C’est notamment le cas au pont de Ladritsch. Un moment, les uns espèrent, les autres s’affolent: une colonne de 2500 français, sous les ordres du général Bisson, remonte depuis Vérone, en marche vers l’Allemagne. Mais Bisson continue sa route sans s’arrêter, et les bavarois font retraite. Au reçu de ces nouvelles, la seconde colonne française (général Lemoine) fait demi-tour et retourne d’où elle était partie, Bozen.

En fait, les autrichiens ne participeront pas aux premiers combats d’Innsbruck, où ne se trouveront que les tyroliens, qui se sont mobilisés au nord comme au sud.

Portait d'Andreas Hofer au musée d'InnsbruckLe 11 avril, à Sterzing, Andreas Hofer apparaît pour la première fois à la tête de ses hommes de Passei. Ils obligent deux compagnies bavaroises à capituler.

Ce même jour, à Innsbruck, la garnison bavaroise se décide à prendre des mesures, qui sous-estiment pour autant le danger. Mais lorsque deux compagnies sont envoyées dans la vallée de l’Inn, en amont d’Innsbruck, on s’aperçoit bien vite que tous les bois du Bergisel sont déjà occupés par les insurgés. A Zirl, par ailleurs, les choses se passent également mal, et les bavarois, au comportement pour le moins peu guerrier (certains tuent le temps dans les cafés, pendant que leurs collègues artilleurs délivrent à rythme régulier leurs boulets…) doivent bientôt se replier sur Innsbruck.

Dans la nuit du 12, la ville est encerclée. Mais son défenseur, le général Kinkel semble ne pas avoir une idée claire du danger. Les habitants, dont le sentiment pro-bavarois est manifeste (Hofer a même renoncé à toute propagande dans la cité) voient sur les hauteurs qui entourent la ville une couronne de feux de bivouac, l’anxiété est grande. Pourtant, Kinkel ne pense même pas à une évacuation, encore possible, vers la vallée inférieure de l’Inn, vers Rattenberg.

6000 hommes entourent la ville, mais ils n’ont pour l’instant aucun commandement commun, aucun quartier général. Seule leur envie d’en découdre les unis.

Attaque d'Innsbruck, le 12 avril 1809 - Aquarelle de Jakob Altmutter - Musée du Tyrol à InnsbruckAu petit matin du 12 avril, l’attaque contre la capitale du Tyrol est déclenchée. Kinkel se rend rapidement compte qu’il n’a pas la moindre chance. Bientôt, le drapeau blanc est hissé au sommet de la tour de la ville. Mais les assiégeants profitent du temps nécessaire à la formation d’une députation pour franchirent les ponts. Plus question de parlementer. Kinkel (il n’est plus très jeune !) se met à l’abri, le colonel Ditfurth prend le commandement, et, à cheval, fait mettre ses troupes en carré, et parvient à arrêter les tyroliens, puis à prendre une position défensive derrière les murs du cimetière. Mais les assiégeants tournent la position, et tirent "à vue" sur les bavarois. Ditfurth se bat comme un lion, encourage ses hommes, est blessé plusieurs fois, et fini par tomber de cheval. Les bavarois capitulent. À dix heures, les combats prennent fin. La garnison est faite prisonnière, Kinkel et ses officiers doivent rendre leurs sabres.

Le pillage s’installe pour un temps (beaucoup de combattants tyroliens sont ivres), l’ordre n’est rétabli que par l’arrivée de Martin Teimers (l’un des premiers insurgés), qui a revêtu un uniforme de l’armée autrichienne pour se faire respecter.

Dans la nuit du 13, la nouvelle parvient de l’arrivée d’une colonne française. Il s’agit de nouveau des soldats du général Bisson. À Wilten, ce dernier est mis au courant des évènements survenus à Innsbruck. Il lui est même permis d’avoir un entretien avec le captif Kinken. Ce qu’il en apprend ne lui laisse autre choix…que de se rendre, lui et ses 3500 hommes !

Hall in Tyrol - La vieille ville. Photo : Ouvrard

Simultanément, les garnisons de Hall et Bozen sont tombées.

En quelques jours, 130 officiers et 8200 hommes ont été faits prisonniers.

Le 16 avril, les troupes autrichiennes commandées par Chasteler entrent à Innsbruck, au milieu de l’enthousiasme populaire, qui sera le même à Schwaz et à Wörgl. Chasteler va également chasser, le 23 avril, les troupes du vice-roi Eugène, commandées par Baraguay, du sud tyrolien.

Le 18, l’empereur François écrit à ses chers et fidèles tyroliens: "Je compte sur vous, Vous pouvez compter sur Moi, et avec le soutien de Dieu l’Autriche et le Tyrol resteront pour toujours aussi unis, comme ils l’ont été depuis un grand nombre d’années"

Seule, fière et dominant l’Inn, la forteresse de Kufstein ne sera pas conquise !

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