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Eylau
7 février 1807
Le gros des forces de Bennigsen arrive à Eylau le matin du 7 février, traverse la ville, et prend position sur les pentes à l'est de celle-ci, formant une ligne allant de Serpalen, au sud-est, à Schloditten, au nord. Bennigsen dispose ses troupes de la façon suivante (voir la carte)
Colonne de gauche (Ostermann-Tolstoy), à Klein-Sausgarten. Devant lui, Bagavout est à Serpallen, ayant derrière lui, sur sa droite, autour de Klein-Sausgarten, la 2e division, et la 3e division (Sacken) à droite de cette dernière
Saken commande le centre et la réserve, la 7e division étant positionnée à peu près à mi-chemin entre Eylau et Anklappen.
Tuchkov est à la tête de la droite, la 5e division à son extrémité. La 4e division de Somov, en arrière de la 5e, et la 14e, derrière la 2e division d'Ostermann, forment la réserve, qui possède également 50 pièces d'artillerie attelée. Cette résrve est sous les ordres de Dokhtourov.
L'infanterie russe est ainsi positionnée sur deux lignes, chaque division ayant deux régiments déployés frontalement, le troisième, derrière, en colonne.
La cavalerie est disposée en trois formations : Gallitzin est à l'extrême gauche, près de Klein-Sausgarten, un autre groupe est au centre, les cavaliers de Pahlen étant loin à droite, vers Schloditten.
Pour servir de rideau à ce déploiement, et pour permettre à son artillerie, qui doit arriver par une autre route, de prendre position, Bennigsen déploie une forte avant-garde, sous les ordres de Bagration, à l'ouest et au sud-ouest d'Eylau. Bagration lui-même se tient dans le village, et il dispose ses troupes en quatre formations:
Markov est le plus avancé, sur une petite hauteur qui coupe la route de Landsberg, et s'étend du lac Tenknitten jusqu'au lac Vashkeiten. Une batterie d'artillerie à cheval est sur la route de Landsberg. De son coté, Essen III est dans l'angle formé par les routes de Landsberg et de Heilsberg. Il dispose également d'un peu d'artillerie. Barclay de Tolly occupe Eylau et le sud-est du village. Il a disposé son artillerie sur la hauteur où se trouve l'église. (voir carte). Enfin, des éléments commandent, au sud du village, la route d'Heilsberg entre les deux lacs, avec 14 canons sur la berge du lac Vashkeiten, tandis que les dragons Saint-Petersbourg se tiennent, à droite, derrière le village de Tenknitten.
Dans l'après-midi du 7, vers 2 heures, Murat arrive, venant de Grünhöfschen (cf la carte ci-dessous), suivi peu après du IVe corps de Soult. Les combats de la veille l'ont suffisamment éprouvé pour l'inciter à attendre le déploiement de l'infanterie de ce dernier. D'ailleurs, les dragons de Picard et la cavalerie légère de Lasalle lui font, à ce moment, défaut . Rapidement (carte), le 18e de ligne, de la brigade Levasseur (à gauche) et le 26e léger, de la brigade Essards (à droite) se forment en bataille.
L'attaque du 7 février 1807
Les brigades Schinner (24e léger) et Vivies(46e et 57e de ligne) s'engagent à droite, au travers des bois, pour tourner la gauche russe près de la ferme Grünberg. Augereau, qui arrive peu après, se voit assigner la tâche de tourner la droite ennemie, par Tenknitten.
Le 18e, sans attendre de renfort, placé légèrement en avant du 26e, traverse le lac gelé, sous un feu roulant d'artillerie, et est rapidement repoussé par l'infanterie russe, baïonnette au canon. Les dragons de Saint-Petersbourg le poursuivent avant qu'il ne puisse se reformer. De son coté, le 26e résiste également à plusieurs assauts, avant de reculer lui aussi.
Soult déploie son artillerie sur les hauteurs de Scheweken, tout en attendant que les russes soient enveloppés, par Augereau et la division Leval. Bientôt, le tir des pièces, joints à un assaut renouvelé sur toute la ligne, les force à reculer vers Eylau, au travers des position de Barclay. Au crépuscule, le gros des troupes française et russes sont sur des hauteurs qui se font face, tandis que Barclay se trouve entre eux. Les combats, très violents, éclatent aux approches du village, dans une extraordinaire confusion, où se mêlent la cavalerie de Murat, puis bientôt les divisions de Leval et Legrand, opposées aux forces et à l'artillerie de Barclay.
Au début de la soirée, les français investissent Eylau, la division Legrand se plaçant en avant du village, entre les routes de Könisgberg et de Friedland (voir carte). Leval est à gauche, à gauche de l'église. Au sud, depuis l'église jusqu'à Rothenen, se tient la division Saint-Hilaire, ayant à sa droite la cavalerie de Milhaud, en avant de Rothenen et Zehsen. Derrière Eylau, en avant de Storchnest et Tenknitten, Augereau, tandis que la Garde reste près de la crête qui était occupée la veille par les russes.
Barres : "À la sortie du bois, nous trouvâmes une plaine, et puis une hauteur que nous gravîmes. C'était pour enlever cette position que les fortes détonations, que nous avions entendues quelques heures auparavant, avaient eues lieu. Le IVe corps l'enleva et jeta l'ennemi de l'autre coté d'Eylau, mais il y eut de grandes pertes à déplorer. Le terrain était jonché de cadavres de nos gens; c'est là qu'on nous établit pour passer la nuit. On se battait encore, quoiqu'il fit déjà noir depuis longtemps."
La cavalerie légère est à l'extrême gauche, les dragons et Murat se tenant en arrière de Saint-Hilaire.
Guyot : " 7 (février) à Preusse Eylau - Petite jolie ville au Nord, sur Königsberg. Il y a eu un assez fort engagement avec l'ennemi qui paraît s'obstiner à vouloir rester maître de la ville que cependant on lui a prise"
Le VIIe corps bivouaque non loin d'Eylau.
De leur coté, les russes restent à peu près sur les positions qu'ils occupaient la veille. Markov s'est retiré vers Schloditten, Barclay ayant rejoint Bagavout, dans et devant Serpallen, sur la gauche de leur dispositif. La 4e division a fait retraite durant la nuit, et s'est arrêtée devant le centre. L'artillerie russe, arrivée à midi le 7, est massée en trois grandes batteries : une de 70 pièces face à Eylau, une de 60 sur la droite, la troisième, forte de 40 pièces, entre la batterie centrale et Klein-Sausgarten. L'artillerie légère est dispersée le long de la ligne d'infanterie. Les prussiens ont également trois batteries, sous les ordres du major Huguenin. Enfin, près d'Anklappen, un parc de 60 pièces d'artillerie attelée.
A onze heures du soir, Napoléon entre dans Eylau, accompagné de Soult et Murat, épuisé comme ses soldats, après sept jours de poursuite. Dans la maison de poste, il réfléchi et analyse rapidement la situation. Devant lui sont rangés, d'après ses renseignements, environ 80.000 russes, renforcés par près de 400 pièces d'artillerie. Il n'a, pour l'instant que 46.000 hommes et 300 canons à leur opposer. Il est bien décidé, si, une nouvelle fois, l'ennemi ne se dérobe pas, à livrer bataille. Le plus urgent est de ramener à lui Davout (pour l'instant à 18 kilomètres plus au sud) et Ney (à 30 kilomètres vers le nord), voire Bernadotte, encore que celui-ci soit relativement éloigné.
Des aides de camp partent immédiatement porteurs des ordres correspondants. Si tout se passe comme il le prévoit, Napoléon prendra Bennigsen en tenaille.
Dans la maison de poste, il peut enfin prendre du repos.
L'adversaire va-t-il enfin accepter la bataille ?